• L’infirmière alla décrocher le téléphone mural et composa un numéro. Allo. Ah c’est toi, Ally ! Dis-moi. J’ai ici la petite amie du Dr Shepherd et elle aimerait savoir s’il est encore au bloc. Elle sourit d'une façon qui fit comprendre à Meredith que sa collègue était en train de faire un commentaire, très certainement désobligeant, à son égard. OK, reprit l’infirmière après un moment. Je lui dis. Merci, Ally. Oui, à plus. Elle raccrocha avant de se tourner vers Meredith. Oui, il est toujours au bloc.

    Oh ! murmura Meredith, déçue de ne pas avoir plus de renseignements. Et vous ne savez pas si ça se passe bien ? s’enhardit-elle à demander. Il est en train d’opérer une petite fille, alors… L’infirmière marqua sa compréhension en hochant la tête. Meredith soupira. Tant pis. Excusez-moi de vous avoir dérangée. Et merci en tout cas. Elle sortit de la pièce en ayant l’air de porter le poids du monde sur ses épaules.

    L’infirmière fut prise d’un remords de conscience. Après tout, celle fille paraissait réellement gentille et elle semblait vraiment inquiète pour l'enfant qui se faisait opérer. Et surtout, si jamais elle allait se plaindre à son copain de l'accueil qu'elle avait reçu, les conséquences pourraient être terribles. L’infirmière sortit à son tour du bureau. Mademoiselle… Meredith se retourna, pleine d’espoir. On ne peut pas savoir ce qui se passe en salle d’op’ avant qu’ils en sortent mais… vous savez, c’est plutôt bon signe quand ça dure longtemps.

    Ah ! Tant mieux alors, se réjouit timidement Meredith. Tout ça est tellement… nouveau pour moi.

    L’infirmière souleva légèrement les épaules avec un petit sourire. Bah ! Vous vous y ferez à la longue. Quelques mois avec le Dr Shepherd et vous aurez compris que si vous savez quand il entre au bloc, vous ne savez jamais quand il va en sortir. Elle réalisa soudain à quel point ce qu’elle venait de dire était personnel et à la limite de la bienséance. Elle regarda Meredith avec un air un peu gêné. Je ne voudrais pas avoir l'air de me mêler de ce qui ne me regarde pas.

    Hmm… Non. Je trouve que c’est plutôt un bon conseil, déclara Meredith avec un petit sourire. Mais soyez tranquille, je le garderai pour moi. Les deux femmes échangèrent un regard complice. Bonne journée, souhaita Meredith en s’éloignant. Tandis qu’elle regagnait la salle d’attente, elle songea au contraste qui existait entre le Derek qu’elle connaissait, un homme adorable et tendre, et celui qu’il était dans le cadre de son travail, un chirurgien autoritaire qui, de toute évidence, terrorisait son personnel. Pour tout dire, elle n’était pas mécontente d’être la seule à connaitre la face cachée du monstre. C’était un privilège qu’elle ne désirait pas partager. Elle alla se rasseoir, légèrement rassurée par les paroles de l’infirmière. Si Derek n’était pas encore là, cela signifiait sans doute qu’il avait réussi à réanimer Tiffany et que l’opération suivait son cours normal. Cependant, au fur et à mesure que le temps s’égrenait, Meredith sentit renaitre son stress. Et Mark qui ne revenait toujours pas ! Lui au moins aurait pu l’informer. Elle envisagea un instant de retourner dans la galerie mais, outre le fait qu'elle n'était pas certaine de pouvoir en retrouver le chemin, la peur de contrarier ou de perturber Derek la retint. Elle n’osa pas non plus s’adresser de nouveau à l’infirmière, pour ne pas apparaitre à ses yeux comme une pauvre fille faible et ridicule. 

    Elle commençait à désespérer lorsqu’elle aperçut Mark qui arrivait à grandes enjambées. Impatiente, elle alla à sa rencontre. Désolé, mais j’ai eu un imprévu, se justifia-t-il quand elle l’eut rejoint. Derek n’est toujours pas là ? Elle secoua la tête et il devina à son expression qu’elle était rongée par l’inquiétude. Tu veux que j’aille me renseigner ? lui proposa-t-il avec un sourire attendri.

    Oh tu veux bien ? s’écria-t-elle. J’ai l’impression d’être là depuis une éternité et je n’en peux plus de ne pas ne pas savoir. Elle avait beau essayer de se raisonner en se disant que la vie de Derek n’était aucunement en danger, que même si Tiffany ne survivait pas à l’intervention, cela ne changerait pas grand-chose pour lui et pour leur couple, elle ressentait une angoisse semblable à celle que les familles qui l’entouraient devaient, selon elle, éprouver pour leurs proches.  

    Pas de problème ! claironna Mark. T’inquiète, j’arrive ! Il fit volte-face mais fut coupé dans son élan par le cri de Meredith.

    Mark, regarde, il est là ! Mark se retourna encore une fois et aperçut son ami qui marchait en leur direction. Ils n’étaient pas les seuls à l’avoir vu car un couple d’une trentaine d’années s’était levé et le regardait venir avec appréhension. Ce sont les parents de la petite ? demanda Meredith.

    Certainement, répondit Mark.

    Oh mon dieu ! murmura son amie dont l’anxiété monta d’un cran. Les pauvres gens étaient blêmes et elle eut l’impression que la femme pouvait s’écrouler à tout moment. En revanche, Derek était imperturbable. Impossible de deviner, en le voyant, quelle avait été l’issue de l’intervention. Il a changé de tenue, remarqua Meredith.

    On a l’habitude de se changer en sortant du bloc, lui apprit Mark. C’est mieux pour les familles. Ça les rassure de nous voir arriver dans des tenues impeccables.

    Ils observèrent Derek alors qu’il s’arrêtait devant le couple. Il ne fallut que quelques secondes pour que la mère de Tiffany éclate en sanglots avant de se blottir contre son mari. Si Meredith avait prêté attention à celui-ci, elle aurait vu qu’il poussait un soupir de soulagement, détail qui n’échappa pas à Mark. La jeune fille happa la main de ce dernier et la serra à l’en broyer. Ça veut dire que…


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  • Ça veut dire que cet enfant de salaud a encore réussi son coup, dit Mark avec un petit sourire.

    Meredith le regarda, incrédule. Il a réussi ? La petite est sauvée ?

    Oui. Regarde-les.

    Le père, tout sourire, avait pris sa femme par la taille et elle riait tout en pleurant. Ils avaient l’air tellement soulagés, tellement heureux. Meredith sentit son cœur se dilater de fierté, surtout lorsque la femme prit Derek dans ses bras pour le serrer contre elle et lui donner un baiser sur la joue. Oh c’est trop génial ! s’exclama Meredith en réfrénant son envie d’applaudir. Si elle l’avait osé, elle aurait crié à tous les occupants de la salle d'attente que cet homme, son homme, était un des chirurgiens les plus talentueux de sa génération, un génie. Ça, c’est autre chose que de refaire des poitrines, hein ! plaisanta-t-elle en levant un regard moqueur vers son ami.

    Ouais. Arrête de te la péter, grommela-t-il, un peu vexé tout de même qu’elle assimile sa spécialité à quelque chose de facile et d’anodin. Et puis, je ne fais pas que les poitrines. Je fais des tas d'autres trucs qui… Il n’alla pas plus loin car Meredith ne l’écoutait déjà plus.

    Le sourire béat, elle regardait le père de Tiffany serrer vigoureusement la main de Derek, avant que la mère ne l’embrasse une fois encore. Enfin, le chirurgien se retourna et elle put découvrir son visage, fatigué mais heureux. Il marcha vers eux avec un grand sourire comblé. Il était à deux mètres lorsqu’elle ne put plus résister à la tentation de courir vers lui. Tu as réussi ! chuchota-t-elle, pleine d’admiration, en se jetant dans ses bras.

    Il la serra étroitement contre lui. Oui, j’ai réussi. J’ai retiré cette putain de tumeur. Il prit la jeune fille par la taille pour rejoindre leur ami. Elle était énorme, encore plus que ce que je pensais, précisa-t-il à l’intention de Mark. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre que la petite se réveille.

    Oui, espérons que tout se passe bien, dit simplement Mark.  

    Le regard de Meredith alla de l’un à l’autre. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Il y a un problème ?

    Derek prit un air grave. J'espère que non mais on ne le saura que quand la petite se réveillera. Cette saleté était vraiment mal placée. J’ai fait très attention en la retirant mais c’est le cerveau et… Il est possible que Tiffany garde des séquelles, comme des pertes de mémoire ou de l’aphasie.

    Tu l’as dit à ses parents, ça ?

    Derek opina de la tête. Oui, bien sûr. Mais je ne suis pas certain qu’ils aient vraiment bien compris. Pour le moment, ils ne réalisent qu’une seule chose, c’est que leur fille est vivante.

    Moi, je suis sûre que tout se passera bien, affirma Meredith, réellement très convaincue. Tu es le meilleur de toute façon !

    Derek la regarda avec à la fois de la tendresse et de l’amusement. Vraiment ? Elle fit un signe de tête affirmatif. T’entends ça, mec ? lança Derek, goguenard, en toisant Mark. Je suis le meilleur.

    Ouais, et moi, je suis le demeuré de service, je sais, je sais, maugréa Mark, la mine boudeuse.  

    Derek éclata de rire tandis que Meredith prenait un air faussement apitoyé. Oh pauvre chou ! minauda-t-elle. Mais non, t’es pas un demeuré. Je suis même certaine que tu es excellent dans ton domaine, affirma-t-elle avec une conviction qui était clairement contredite par son sourire moqueur. C’est pas simple de construire une poitrine, les seins de la même grosseur, les tétons au même niveau, tout ça… Elle gloussa en voyant le regard noir que lui lançait Mark. Non, franchement, je suis impressionnée. Elle hocha la tête avec une expression faussement admirative. Mais bon, comparé à Derek… Elle se tourna vers ce dernier et en une seconde, toute trace d’espièglerie disparut de son visage. Elle glissa sa main dans celle de son petit ami. Tu as été génial aujourd’hui. L’admiration qu’elle ressentait pour lui fit trembloter sa voix. Touché en plein cœur, Derek se retrouva incapable d’articuler le moindre mot. Il noua étroitement ses doigts à ceux de Meredith, faisant passer dans cette étreinte et dans ses yeux aussi, tout l’amour qu’il ressentait pour elle

    Les voir ainsi, littéralement illuminés par leur passion, serra le cœur de Mark. Même s’il était heureux pour eux, sincèrement, il ne pouvait s’empêcher d’être un peu jaloux. Il avait l’impression de perdre non seulement la femme qu’il aimait mais aussi son meilleur ami. Il se sentit de trop, exclu même. Il était temps de mettre fin au supplice. Ben, c’est pas tout ça, mais j’ai du boulot qui m’attend, baragouina-t-il.

    Et nous un pique-nique ! clama Derek, en commençant à avancer. J’espère que tout ça ne t’a pas coupé l’appétit, demanda-t-il à Meredith. Elle lui fit un immense sourire en même temps qu’elle secouait la tête. Tant mieux parce que j’ai une faim de loup, moi ! Le ton de sa voix et la façon dont il regardait son amie firent comprendre à Mark que son appétit ne concernait pas que les nourritures terrestres.


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  • Derek ouvrit la porte du vestiaire qu’il partageait avec Mark et poussa délicatement Meredith à l’intérieur. A peine la porte était-elle refermée qu’il prit la jeune fille dans ses bras. Tu as aimé, dis-moi ? lui demanda-t-il d’une voix fébrile. L’intervention, tu as aimé ?

    J’ai eu peur surtout ! s’exclama-t-elle en se serrant contre lui.

    Moi aussi, mais c’était génial. La petite… Encore sous le coup de l’excitation, il s’arracha des bras de Meredith pour faire quelques pas dans la pièce. Tu vois, quand son cœur s’est arrêté… Il s’immobilisa brusquement. Nom de dieu, je crois bien que j’ai paniqué, avoua-t-il dans un souffle. Mais tout de suite après… Il commença à arpenter son vestiaire. J’ai senti… c’est étrange, tu sais… Son cœur avait cessé de battre mais j’ai senti qu’elle était en train de lutter pour vivre, affirma-t-il, les yeux brillants. Alors, j’ai lutté avec elle. Et je l’ai ramenée. Il poussa un soupir de soulagement, comme s’il venait de sauver la fillette à la seconde. Et puis, il y avait la tumeur. Une saleté comme c’est pas possible. Enorme et terriblement mal placée mais… Son visage s’éclaira subitement et il s’arrêta devant Meredith, qui s’était adossée à la porte. Je l’ai eue, bébé ! Les yeux de Meredith étincelaient de tant d’admiration et d’adoration qu’il eut l’impression d’être un dieu. Il se jeta sur elle. Je t’aime, murmura-t-il, les yeux plongés dans ceux de son amie. Il lui prit le visage entre ses mains et fondit sur ses lèvres, les embrassant avec passion, chacun de ses baisers étant ponctué par de petits gémissements de béatitude. Très vite, ses mains vinrent se poser sur la peau de la jeune fille, à la naissance des hanches que ni le jean taille basse, ni le tee-shirt ne couvrait. Ce contact électrisa Derek. Ses doigts remontèrent lentement dans le dos tandis que sa bouche parcourait le chemin qui la menait au cou. Quand il commença à y planter délicatement ses dents, Meredith renversa sa tête en arrière avec un petit rire comblé. C’était si bon de le retrouver. Il se redressa. Tu es belle, lui susurra-t-il à l’oreille. Et terriblement sexy. Tu sais que tu es très excitante en blouse blanche ? Elle gloussa. Tu viens prendre une douche avec moi ? proposa-t-il d’une voix suave où le désir transparaissait. Toujours souriante, elle refusa l’invitation d’un signe de tête. Il s’attendait à cette réponse. Il ne fut donc pas déçu. Il lui appartenait maintenant d’essayer de la faire changer d’avis. Il recula de quelques pas et commença par ôter sa blouse blanche qu’il jeta sur le banc, avant de retirer sa tunique. Une fois torse nu, sans quitter Meredith des yeux, il enleva, avec une lenteur étudiée, son pantalon, faisant apparaître son corps délié et musclé, mais surtout son sexe en érection. Il apprécia de voir Meredith rougir mais éprouva quelque dépit lorsqu’elle tourna la tête. L’affaire était loin d’être gagnée. Cependant, cette résistance, dont il n’avait pas pensé qu’elle serait aussi déterminée, l’émoustilla plus qu’elle ne le contraria. Il aimait relever les défis. Il se campa, bien droit, devant la jeune fille, en affichant fièrement son désir pour elle. Toujours pas tentée ? Il sourit en la voyant rougir de plus belle. Par la douche bien sûr.

    Incapable d’articuler un seul mot, Meredith hocha encore une fois la tête. Pour la première fois depuis leur réconciliation, elle venait de ressentir un désir fou pour Derek. Il était beau, si beau. Et son sexe. Oh mon dieu qu’il était tentant, ainsi superbement dressé ! A cette pensée, elle sentit sa peau devenir écarlate. A nouveau, elle détourna le regard. Rassuré par son trouble évident, Derek disparut par la porte qui se trouvait au fond de la pièce. Le bruit de l’eau qui coulait parvint assez vite à Meredith. Pour s’occuper les mains et l’esprit, elle ramassa les vêtements que Derek avait jetés à terre et les plia soigneusement. Mais il aurait fallu qu’elle ait quelque chose de bien plus intéressant à faire pour empêcher son esprit de vagabonder. Le petit striptease de Derek avait fait son effet et elle sentait des fourmillements dans le bas de son ventre. Une image surtout revenait l’assaillir, celle du pénis turgescent faisant des allers et retours dans sa bouche. La vision était tellement précise qu’elle eut l’impression de sentir le membre contre son palais. Un gémissement lui échappa. Tu es tombée bien bas, ma pauvre fille, se gourmanda-t-elle intérieurement en secouant la tête, comme pour chasser ses pensées. Elle s’assit sur le banc, la blouse de Derek étroitement serrée sur son cœur.

    Elle était toujours plongée dans ses pensées lorsque la voix du chirurgien lui parvint depuis la salle de bains. Bébé… Elle sursauta en l’entendant. Tu peux m’apporter une serviette s’il te plait ? Dans l’armoire à côté de la porte.

    J’arrive. La serviette sur le bras, elle emprunta le même chemin que Derek quelques minutes plus tôt et arriva dans une salle de douche, qui lui fit penser à celle de la péniche. Pas de cabine mais une grande pièce carrelée avec des jets d’eau au plafond. Le corps ruisselant d’eau, Derek était en train de refermer le flacon de savon. Il releva la tête à l’entrée de sa petite amie et lui décocha un sourire reconnaissant. Elle lui apporta la serviette, en évitant que son regard ne se pose trop sur lui. Derek nu et qui plus est mouillé était synonyme de danger pour elle. Elle s’arrêta à un mètre de lui et lui tendit le rectangle de tissu éponge à bout de bras. Il le saisit et commença à se sécher énergiquement les cheveux, avant de la passer sommairement sur le corps. Meredith allait repartir quand elle fut happée par une main et plaquée contre le mur. Où tu vas ? lui murmura Derek.   

    Nulle part, je…

    Il lui coupa la parole avec un baiser, ses lèvres pinçant celles de la jeune fille avant de lui fouiller fougueusement la bouche avec sa langue. Je t’aime, chuchota-t-il entre deux baisers. Il n’obtint comme réponse qu’un gémissement. Il enfouit brusquement son nez dans le cou de Meredith qu’il mordilla légèrement, avec de descendre plus bas, jusqu’au décolleté, et enfin à la naissance des seins. Dans le même temps, ses mains reprirent leur place à la taille mais l’abandonnèrent presque tout de suite pour s’infiltrer sous le petit haut fuchsia et remonter jusqu’au soutien-gorge qu’elles ouvrirent d’une simple pression. Tandis que sa bouche bécotait un sein par-dessus le tee-shirt, Derek fit passer une main devant et l’insinua sous le bonnet de dentelle. Le contact du globe le fit gémir. Il le palpa délicatement tout en pressant son bassin contre celui de son amie, afin de lui faire sentir son érection.

    Meredith fut prise d’un vertige. Non, non, haleta-t-elle en le repoussant.


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  • Pourquoi ? geignit Derek, lui aussi à bout de souffle, en se laissant aller contre elle.

    Pas maintenant, pas encore, se justifia Meredith, la paume de ses mains contre le torse encore humide de son amant, prêt à le repousser encore une fois.

    Pourquoi ? répéta-t-il avec plus de force. Tu en as envie. Je le sais. Je le sens.

    Oui, j’en ai envie, avoua-t-elle enfin. Résister à l’appel du sexe bandé qu’elle sentait contre son ventre était certainement une des choses les plus difficiles qu’elle avait jamais faite. J’ai envie de toi mais je ne veux pas. Pas tout de suite.

    Derek la scruta de ses yeux bleus que la contrariété avait assombris. Tu veux me punir par où j’ai pêché, c’est ça ?

    Non, pas du tout, protesta Meredith avec véhémence, choquée qu’il puisse lui prêter de telles intentions. Je n’ai aucune envie de te punir ou de me venger. Ça n’a vraiment rien à voir avec ça.

    Alors pourquoi ? insista Derek, sincèrement étonné par cette attitude qu’il ne comprenait pas. Explique-moi.

    Meredith lui passa une main tendre dans les cheveux, s’amusant à remettre en place quelques mèches qui lui tombaient sur le front. Quand on était ensemble… avant… on faisait l’amour mais on ne se parlait pas ou alors juste de sexe. Derek fronça les sourcils, prêt à rectifier ce qui lui semblait être une exagération. Elle le devina et s’empressa d’enchainer. Tu me disais que tu avais envie de moi, que tu aimais faire l’amour avec moi, que je te donnais du plaisir, beaucoup de plaisir, enfin tout ça, et c’est bien, ajouta-t-elle précipitamment en le voyant ouvrir la bouche pour se défendre. J’aime bien que tu me dises tout ça mais… je veux autre chose. Elle suivit du bout des doigts chaque courbe du visage de son petit ami, s’attardant un peu plus longtemps sur ses joues. Je veux que tu me parles. De toi, de tes sentiments. Je veux que tu me parles d’amour, parce que tu ne l’as pas encore fait, enfin pas beaucoup. Et j’en ai besoin, confessa-t-elle avec un air contrit, comme si elle voulait s’excuser d’être aussi exigeante. Le sexe, je sais que c’est bien, mais l’amour… Sa voix s’enroua sous l’effet de l’émotion. J’ai besoin que tu me dises encore que tu m’aimes. Que tu m’aimes pour ce que je suis et pas parce que je te donne du plaisir. J’ai besoin que tu me rassures, Derek.

    Il plissa légèrement les yeux. Que je te rassure ? Ça veut dire que tu as encore peur ? Ou que tu n’as toujours pas confiance en moi ? La tête baissée, Meredith ne répondit pas et son silence fit mal à son compagnon. D’accord, d’accord. Je comprends. Même si ce n’était pas facile à admettre, il était conscient qu'elle avait toutes les raisons de rester méfiante. Ce qu’il lui avait fait subir l’avait si profondément blessée qu’il lui faudrait du temps, et certainement beaucoup de preuves, pour être pleinement convaincue de la sincérité de son amour. Il mit deux doigts en-dessous du menton de la jeune fille pour l’obliger à relever la tête vers lui. Regarde-moi. Pourquoi tu ne m’as pas dit tout ça plus tôt ? Elle haussa légèrement les épaules tandis que les larmes envahissaient ses yeux. Si tu attends de moi que je te dise ce que je ressens, le contraire est vrai aussi, Meredith. S’il y a quelque chose qui ne va pas et que tu ne me le dis pas, je ne suis pas certain de toujours le deviner, parce que la psychologie et moi… Et pour le reste… Il l’enveloppa d’un regard tendre. Je te parlerai d’amour, lui promit-il. Pas parce que tu me l’as demandé mais parce que j’en ai envie. Je t’aime, bébé. Il lui déposa un sage baiser sur les lèvres. Mais seulement je te désire aussi, autant que je t’aime. Je ne peux pas dissocier les deux, lui expliqua-t-il en la reprenant contre lui. Et quand on fait l’amour tous les deux… Il soupira. C’est comme si on ne faisait plus qu’un. C’est merveilleux comme sensation. Je ne l’avais jamais connue avant, jamais. Il fléchit un peu les jambes pour que son visage se retrouve au même niveau que celui de Meredith, qu’il prit entre ses mains. Alors quand je dis que j’ai envie de toi, ça ne veut pas seulement dire que j’ai envie de faire l’amour, ça veut dire aussi que je t’aime et que je ne veux faire qu’un avec toi, parce que ça me rend vraiment heureux. Cet aveu toucha Meredith au plus profond d’elle-même, si bien qu’elle se mit à pleurer. Derek la réprimanda gentiment. Oh qu’est-ce que tu me fais là ? Emu lui aussi, il le cacha sous des dehors un peu bourrus. Si tu pleures à chaque fois que je te parle d’amour, je ne vais pas le faire souvent. Elle émit un petit rire à travers ses larmes. Attends… Derek repartit en direction du vestiaire et, quand il en revint, il avait passé un peignoir de bain et il amenait une petite serviette propre avec laquelle il entreprit d’essuyer le visage de la jeune fille. Elle lui sourit et il sentit une énorme bouffée de tendresse l’envahir. Tu sais, je suis plutôt doué dans mon genre, plaisanta-t-il. Je suis tout à fait capable de parler et de faire l’amour en même temps.

    A nouveau, le petit rire frais et mutin de Meredith résonna dans la pièce. Oh ça, je n’en doute pas. Je sais, dit-elle avec plus de sérieux. Mais quand on refera l’amour, ce ne sera pas ici. Son regard critique fit le tour de la pièce. C’est trop laid et surtout, je suis certaine que tu as sauté une bonne partie des filles de cette clinique, dans cette salle de bains. Elle le dévisagea avec une sévérité qui n’était pas réelle. Pour sa tranquillité d’esprit, elle avait décrété que tout ce qu’il avait pu faire avec d’autres avant elle ne la concernait pas. C’était tout ce qui s’était passé pendant, qui lui posait encore un problème.

    Derek ne songea pas à réfuter son accusation. Elle avait pleinement raison. Cette pièce avait été le théâtre de trop de ses errements. Il s’en voulut d’avoir envisagé qu’ils pourraient s’y retrouver. Je suis désolé, je n’avais pas pensé à ça, reconnut-il avec un air penaud. Tu as raison, quand on refera l’amour, ce sera dans un endroit tout neuf, sans souvenir, et ça deviendra notre endroit rien qu’à nous. Comme le motel de Cloverdale, ajouta-t-il avec un sourire à la fois moqueur et tendre. Le motel était minable mais la nuit était magique. Meredith approuva d’un signe de tête, les yeux brillant de bonheur, avant de se jeter dans ses bras. Il la souleva légèrement de terre et elle enfouit ses doigts dans l’épaisse chevelure brune. Ils s’embrassèrent avec passion, se léchant mutuellement les lèvres, les mordillant, les pinçant avant de faire lutter leurs langues avides de se retrouver. Il n’en fallut pas plus pour que le pénis de Derek se raidisse à nouveau. Le chirurgien émit un grognement sourd en reposant délicatement Meredith sur le sol. Je crois que j’ai besoin d’une autre douche, grommela-t-il en retirant son peignoir. Froide. Très froide, précisa-t-il avec un regard tellement désespéré que Meredith éclata de rire. Cette fois, elle ne détourna pas le regard quand il présenta son sexe bandé sous le jet d’eau.


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  • Lorsque Derek gara la Porsche sur le parking de Baker Beach, les yeux de Meredith se mirent à briller. Devant elle, s’étendait une plage de sable fin brun qui offrait une vue splendide sur le Golden Gate à droite, et sur les falaises du Lincoln Park à gauche.

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    Oh c’est génial ! s’exclama la jeune fille en tournant un visage rayonnant vers Derek. Elle avait l’impression de découvrir l’océan pour la première fois. Ce n’était pas vrai bien sûr. Il était impossible de vivre à San Francisco en ignorant l’eau qui baignait la ville de toute part. Mais Meredith n’y avait jamais vraiment fait attention. Dès son arrivée, elle avait été prise dans le tourbillon infernal que lui avait imposé Cristina et elle n’avait que peu profité de tout ce que la ville avait à proposer. Alors, maintenant, elle se rassasiait du spectacle des grosses vagues et des surfeurs qui se jouaient de celles-ci. Je n’étais jamais venue ici, précisa-t-elle en prenant la main de Derek.

    Il lui sourit, heureux du succès que remportait son initiative. Pourtant, c’est la plage la plus connue de San Francisco, lui indiqua-t-il.

    Tu sais, avec Cristina, on n’avait pas tellement le temps d’avoir des loisirs, lui rappela-t-elle avec une grimace. Après avoir échangé un regard complice, ils sortirent de la voiture. Et il y a beaucoup de monde ! se réjouit Meredith tandis que Derek allait prendre la glacière contenant leur pique-nique, dans le coffre. On se croirait en vacances.

    Il vint se mettre à côté d’elle et la prit par les épaules. Oui, il fait très beau aujourd’hui alors, les gens sont venus en profiter avec leur famille ou leurs amis.

    Et nous, on vient en amoureux, dit-elle en levant vers lui un regard caressant. Transporté par ce dernier mot, pourtant des plus simples, il se pencha pour lui prendre la bouche. Elle noua ses bras autour de son cou et lui rendit son baiser avec passion. Au fur et à mesure des heures passées avec lui, elle retrouvait petit à petit la confiance qu’elle avait ressentie au début de leur relation, l’envie de s’abandonner aussi. Ce constat la rendit optimiste. Bientôt, oui, très bientôt, elle le savait, ils se retrouveraient sans plus aucune réserve. Merci, murmura-t-elle, ses lèvres encore collées à celles du chirurgien. Il se recula légèrement, les sourcils froncés. Merci de m’avoir amenée ici et merci d’être patient et de ne pas…

    Il l’interrompit d’une voix tendre. Ne me dis pas merci. C’est moi qui… Ce fut au tour de la jeune fille de lui couper la parole avec un nouveau baiser, franchissant la première, cette fois, la barrière de ses lèvres pour explorer sa bouche avec sa langue, tandis que ses mains se livraient à leur action favorite, se promener dans la merveilleuse et épaisse chevelure de Derek. Celui-ci déposa la glacière par terre, à l’aveugle, pour pouvoir serrer étroitement Meredith contre lui, en la soulevant légèrement. C’était tellement bon de la sentir à nouveau amoureuse et passionnée, même si ce n’était encore qu’à travers quelques baisers.

    Chéri, chuchota-t-elle en cachant son visage dans son cou. Il fut surpris autant que touché par ce petit nom qu’elle venait de lui donner, surtout qu’elle en était plutôt avare, même dans les moments les plus intimes. Je sais que ce n’est pas très romantique, déclara-t-elle en relevant la tête pour lui décocher un sourire mutin, mais j’ai faim maintenant, très faim.

    Il la déposa à terre en riant. Alors, on va manger. Il reprit la glacière et de l’autre bras, enlaça de près son amie, pour l’emmener dans la direction opposée à la plage.

    Elle le suivit en regardant derrière elle, vers l’océan. Hé où tu vas ? s’écria-t-elle. C’est par là que ça se passe.

    Non, l’aire de pique-nique est là-bas. Derek leva la glacière à bout de bras pour lui indiquer une étendue de sable bordée par un petit bois, où étaient disposés quelques tables et bancs en bois.

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    Meredith s’esclaffa. Oh je vois. Pique-nique tout confort.

    Tu me connais ! Ça ne me dit rien de manger du sable. Derek posa la glacière sur une table et l’ouvrit pour déballer ce que Bailey avait préparé, à commencer par la vaisselle. Alors, on a… des assiettes et des couverts. De très jolies serviettes roses. Il brandit le paquet de serviettes et le déposa devant Meredith qui venait de s’asseoir. Ensuite… des crevettes grises avec de la salade et de la sauce cocktail. Du saumon fumé… Meredith sourit. Il n’y avait que lui pour apporter des mets aussi fins à un pique-nique. Des pilons de poulet rôti, continua-t-il à énumérer. Tu verras, ils sont délicieux. Du roastbeef. De la salade de chou blanc et de carottes, des pommes de terre… Il sortit une bouteille et deux verres. Du vin rosé et pour finir… le dessert, conclut-il avec un air triomphant, en faisant apparaitre deux raviers remplis à ras bord de mousse au chocolat. Certain de l’effet qu’il avait fait, il se tourna vers sa petite amie.

    Tu attends d’autres personnes ? demanda-t-elle en regardant la table avec un air narquois.  

    Son ironie et un rapide coup d’œil sur la table chargée de victuailles firent prendre conscience à Derek de ses excès. J’ai vu trop grand, constata-t-il, dépité.

    Meredith eut mal au cœur. Il avait fait tout cela pour lui faire plaisir et elle lui donnait l’impression de s’en moquer. Oh un peu, mais ce n’est pas grave, s’empressa-t-elle de dire. Comme ça, il nous en restera pour ce soir. On pourra continuer le pique-nique à la péniche.

    Le fait qu’elle veuille venir chez lui ravit Derek qui afficha un grand sourire. Allez, je fais le service.

    Meredith regarda Derek répartir le saumon et les crevettes dans les assiettes. Après avoir servi le vin, il s’assit en face d’elle et ils commencèrent à manger, les yeux dans les yeux et le bonheur inscrit sur leurs visages. Ils restèrent un long moment silencieux jusqu’à ce que Derek se décide à rompre le silence pour poser la question qui le tracassait depuis le matin. Qu’est-ce qu’elle t’a dit, ta mère ?


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