• EPILOGUE – 1e PARTIE

    Appuyé sur la balustrade de la terrasse de sa chambre, Derek afficha un large sourire quand il vit son fils ainé sauter dans la piscine en faisant la bombe, éclaboussant ainsi tous ceux qui étaient dedans et même sa grand-mère qui était confortablement installée dans un fauteuil, au bord du bassin. Nathan ! s’écria Anne. Fais un peu attention ! Mon magazine est tout mouillé maintenant.

    Dans un mouvement élégant, le jeune homme sortit aussitôt de la piscine pour aller prendre sa grand-mère dans ses bras. Oh Granny, je te demande pardon ! Je vais faire attention à ne plus te mouiller, promit-il avec un air espiègle.

    Et qu’est-ce que tu crois que tu es en train de faire, là ? ronchonna Anne. Non mais tu as quel âge, mon garçon ? Dix-neuf ans ou cinq ? Elle jeta à son petit-fils un regard empreint d’une sévérité qui n’était pas réelle, car elle avait des trésors de bienveillance pour ses petits-enfants à qui elle ne trouvait aucun défaut. C’est pour être plus proche d’eux qu’elle avait décidé de quitter le Kentucky et tout ce qui la retenait là-bas pour vivre à San Francisco.

    Dégoulinant d’eau, Nathan se redressa tout sourire. Ça dépend des jours, Granny, mais aujourd’hui, je penche plutôt vers les cinq. Sept maximum. Après s’être secoué un peu à la manière d’un chien, ce qui eut pour effet d’envoyer de nouvelles gouttes d’eau sur son aïeule, il se retourna et courut en diagonale pour sauter à nouveau dans la piscine, en prenant ses genoux dans ses bras. Whaouuuuuu ! hurla-t-il en aspergeant à nouveau tous ceux qui étaient à proximité. Du haut de sa terrasse, Derek pouffa de rire en voyant Anne plier bagage en maugréant pour se retirer dans le pool house, tandis que les jeunes qui étaient dans l’eau se vengeaient de leur tortionnaire en lui envoyant de grandes giclées avec leurs mains. Quatre jeunes filles se précipitèrent sur lui pour tenter de lui enfoncer la tête sous l’eau mais il les repoussa sans mal, en saisissant même deux par la taille pour les rejeter au loin. Hé frangin, amène-toi, cria-t-il à son cadet qui sortait de la maison en compagnie de sa petite amie. C’est la guerre ici, j’ai besoin de renfort.

    Bradley lâcha la main de sa copine pour répondre à l’appel de son frère. Banzaiiii ! beugla-t-il avant de plonger dans l’eau en créant un grand splash.

    Les frères Shepherd à l’attaque ! brailla Nathan.

    C’est avec fierté que Derek regarda ses fils se jeter sur leurs prétendus opposants en feignant de vouloir les noyer. C’étaient vraiment de beaux garçons, avec une stature athlétique due à une pratique intensive du sport, en particulier Nathan qui jouait dans l’équipe universitaire de football et qui ambitionnait de passer professionnel à la fin de ses études. Il était le portrait craché de son père tant physiquement que du point de vue du tempérament, notamment en ce qui concernait ses relations avec la gent féminine (au grand dam de sa mère, d’ailleurs). Contrairement à son ainé, Bradley était un parfait mélange de ses parents : il avait hérité de la blondeur, de la douceur et de l’empathie de Meredith. De Derek, il tenait les yeux bleus, la détermination et l’impétuosité. Toutefois, ce dont Derek était le plus fier, c’est de la personnalité de ses enfants et la relation qu’il avait développée avec eux. Pourtant, ce n’était pas gagné au début. Il se souvenait encore parfaitement de ce qu’il avait ressenti lorsque Meredith lui avait annoncé, quelques mois après leur mariage, qu’elle était enceinte. Inutile de dire que c’était un accident. D’ailleurs, c’est avec beaucoup de ménagement que Meredith avait annoncé la grande nouvelle qui avait néanmoins fait l’effet d’une bombe pour son mari. Lui qui pensait avoir encore quelques années pour se préparer à l’idée d’être père, s’était retrouvé au pied du mur, ce qui l’avait fait paniquer, même s’il avait réussi plus ou moins à sauver la face en donnant l’impression que cette grossesse imprévue n’était pas une catastrophe et qu’il y avait tout de même de quoi se réjouir. Or, de réjouissance, il n’en avait pas été question pour lui. Les traumatismes de son enfance avaient resurgi d’un coup, l’amenant à se demander s’il allait être capable d’aimer cet enfant et être à la hauteur de ce qui l’attendait. Les huit mois qui avaient suivi avaient été horribles, à jouer la comédie du futur père heureux. Le pire, cela avait été l’affreuse sensation que le petit être qui grandissait dans le ventre de Meredith était un ennemi qui allait lui voler l’amour de sa vie. Même la thérapie ne lui avait pas permis de se départir de ce terrible sentiment. Mais lorsque l’infirmière lui avait mis son fils dans les bras et que celui-ci lui avait saisi l’auriculaire pour le serrer avec un rictus qui lui étirait les lèvres, Derek avait eu une véritable révélation. Oublié tout ce qu’il avait dit à Meredith sur les réflexes des nouveaux-nés. Quand le bébé s’était agrippé à son doigt avec ce qui ressemblait tellement à un sourire, il avait senti son cœur se gonfler d’un amour démesuré. C’est à cet instant précis qu’il était devenu père au plus profond de lui-même. Une demi-heure plus tard, il avait confié à Meredith qu’il voulait avoir d’autres enfants. Et effectivement, deux ans plus tard, le couple avait eu des jumeaux, Bradley, prénommé ainsi en l’honneur de son grand-père maternel, et sa sœur, Maxine. Deux garçons, une fille, beaux et en bonne santé. Les parents comblés avaient décidé d’en rester là, d’autant plus que Meredith faisait des études en même temps. Comme Derek ne voulait pas que ses enfants soient élevés par une armada de nounous, comme lui-même l’avait été, il avait décidé de mettre sa carrière entre parenthèses, pour seconder son épouse et lui permettre de réaliser ses rêves. Aimant et attentif, très protecteur aussi, il s’était complètement investi dans l’éducation de ses enfants, quoique se montrant parfois un peu trop tolérant envers les bêtises qu’ils pouvaient commettre, ce qui obligeait souvent Meredith à passer derrière lui pour faire le gendarme. Pour le reste, donner le biberon et changer les couches, même en pleine nuit, préparer les panades, se promener au parc, jouer aux petites voitures ou à la poupée, donner le bain, lire des histoires avant le coucher, il avait tout fait et à sa grande surprise, il s’était pleinement épanoui dans son rôle de père. Il s’était même carrément éclaté. Il avait d’ailleurs rempilé avec plaisir lorsque, trois ans après la naissance des jumeaux, Meredith avait donné naissance à Ashleigh, un accident elle aussi, mais cette fois, Derek en avait été ravi.

    Il se serait fait tuer plutôt que de l’admettre mais Ashleigh était d’une certaine façon sa préférée. D’abord parce qu’elle était la petite dernière mais surtout parce qu’elle lui rappelait furieusement sa mère. La même chevelure d’ébène, le même regard violet, la même flamboyance et plus que tout, le même caractère bien trempé. Des quatre enfants, elle était sans conteste la plus déterminée et la plus difficile. Toute petite déjà, elle piquait d’énormes colères lorsqu’elle n’obtenait pas ce qu’elle désirait. La situation ne s’était guère améliorée avec les années, ce qui avait parfois amené Derek à craindre que sa plus jeune fille ne souffre de la même maladie que sa grand-mère paternelle. Ce n’était heureusement pas le cas. Ashleigh avait simplement des idées très arrêtées sur ce qu’elle voulait faire de sa vie et elle n’entendait laisser personne la faire dévier de la route qu’elle comptait se tracer. Ainsi, alors que Bradley avait l’intention de suivre la tradition familiale en devenant neurochirurgien et que Maxine se destinait à une carrière de puéricultrice ou d’institutrice en maternelle, la benjamine avait décrété qu’elle voulait être mannequin, un choix de carrière qui n’emballait pas vraiment ses parents. Certes, Ashley n’avait que treize ans, elle allait certainement encore changer d’avis un million de fois. Le problème, c’est qu’elle négligeait ses études, les trouvant totalement inutiles pour défiler sur les podiums, ce qui créait des conflits avec ses parents, principalement sa mère.


  • Commentaires

    1
    Valerie
    Mardi 3 Novembre 2020 à 09:38

    Waouh, c'est un immense saut dans le temps, mais quelle magnifique vie ils ont réussi à construire tous les deux ! cool

    Pour être tout à fait franche, j'aurais aimé quelques suites sur leur mariage, la naissance de leurs enfants, ou au moins le premier (suis trop fleur bleue), l'évolution de leur couple et de leurs vies professionnelles...., mais ça aurait demandé encore de nombreuses semaines d'écriture, et tu nous en as déjà données beaucoup.

    Il va falloir me résigner, la prochaine suite sera la dernière cry

    2
    Butterfly
    Mardi 3 Novembre 2020 à 20:42

    Ahh c'est la fin et je suis déjà très nostalgique, j'ai adoré cette histoire. 

    ca fait plaisir de voir que Derek a finalement bien vécu la paternité et la vie de famille et que ça l'a rendu heureux. Il a pu surmonter tous ses traumatismes Ils ont eu une belle famille apparemment, j'ai hâte d'en apprendre un peu plus. 

    3
    Olympique lyonnais
    Mercredi 4 Novembre 2020 à 05:18
    J adore Derek en papa poule.
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