• CHAPITRE 1046

    Pourquoi ? geignit Derek, lui aussi à bout de souffle, en se laissant aller contre elle.

    Pas maintenant, pas encore, se justifia Meredith, la paume de ses mains contre le torse encore humide de son amant, prêt à le repousser encore une fois.

    Pourquoi ? répéta-t-il avec plus de force. Tu en as envie. Je le sais. Je le sens.

    Oui, j’en ai envie, avoua-t-elle enfin. Résister à l’appel du sexe bandé qu’elle sentait contre son ventre était certainement une des choses les plus difficiles qu’elle avait jamais faite. J’ai envie de toi mais je ne veux pas. Pas tout de suite.

    Derek la scruta de ses yeux bleus que la contrariété avait assombris. Tu veux me punir par où j’ai pêché, c’est ça ?

    Non, pas du tout, protesta Meredith avec véhémence, choquée qu’il puisse lui prêter de telles intentions. Je n’ai aucune envie de te punir ou de me venger. Ça n’a vraiment rien à voir avec ça.

    Alors pourquoi ? insista Derek, sincèrement étonné par cette attitude qu’il ne comprenait pas. Explique-moi.

    Meredith lui passa une main tendre dans les cheveux, s’amusant à remettre en place quelques mèches qui lui tombaient sur le front. Quand on était ensemble… avant… on faisait l’amour mais on ne se parlait pas ou alors juste de sexe. Derek fronça les sourcils, prêt à rectifier ce qui lui semblait être une exagération. Elle le devina et s’empressa d’enchainer. Tu me disais que tu avais envie de moi, que tu aimais faire l’amour avec moi, que je te donnais du plaisir, beaucoup de plaisir, enfin tout ça, et c’est bien, ajouta-t-elle précipitamment en le voyant ouvrir la bouche pour se défendre. J’aime bien que tu me dises tout ça mais… je veux autre chose. Elle suivit du bout des doigts chaque courbe du visage de son petit ami, s’attardant un peu plus longtemps sur ses joues. Je veux que tu me parles. De toi, de tes sentiments. Je veux que tu me parles d’amour, parce que tu ne l’as pas encore fait, enfin pas beaucoup. Et j’en ai besoin, confessa-t-elle avec un air contrit, comme si elle voulait s’excuser d’être aussi exigeante. Le sexe, je sais que c’est bien, mais l’amour… Sa voix s’enroua sous l’effet de l’émotion. J’ai besoin que tu me dises encore que tu m’aimes. Que tu m’aimes pour ce que je suis et pas parce que je te donne du plaisir. J’ai besoin que tu me rassures, Derek.

    Il plissa légèrement les yeux. Que je te rassure ? Ça veut dire que tu as encore peur ? Ou que tu n’as toujours pas confiance en moi ? La tête baissée, Meredith ne répondit pas et son silence fit mal à son compagnon. D’accord, d’accord. Je comprends. Même si ce n’était pas facile à admettre, il était conscient qu'elle avait toutes les raisons de rester méfiante. Ce qu’il lui avait fait subir l’avait si profondément blessée qu’il lui faudrait du temps, et certainement beaucoup de preuves, pour être pleinement convaincue de la sincérité de son amour. Il mit deux doigts en-dessous du menton de la jeune fille pour l’obliger à relever la tête vers lui. Regarde-moi. Pourquoi tu ne m’as pas dit tout ça plus tôt ? Elle haussa légèrement les épaules tandis que les larmes envahissaient ses yeux. Si tu attends de moi que je te dise ce que je ressens, le contraire est vrai aussi, Meredith. S’il y a quelque chose qui ne va pas et que tu ne me le dis pas, je ne suis pas certain de toujours le deviner, parce que la psychologie et moi… Et pour le reste… Il l’enveloppa d’un regard tendre. Je te parlerai d’amour, lui promit-il. Pas parce que tu me l’as demandé mais parce que j’en ai envie. Je t’aime, bébé. Il lui déposa un sage baiser sur les lèvres. Mais seulement je te désire aussi, autant que je t’aime. Je ne peux pas dissocier les deux, lui expliqua-t-il en la reprenant contre lui. Et quand on fait l’amour tous les deux… Il soupira. C’est comme si on ne faisait plus qu’un. C’est merveilleux comme sensation. Je ne l’avais jamais connue avant, jamais. Il fléchit un peu les jambes pour que son visage se retrouve au même niveau que celui de Meredith, qu’il prit entre ses mains. Alors quand je dis que j’ai envie de toi, ça ne veut pas seulement dire que j’ai envie de faire l’amour, ça veut dire aussi que je t’aime et que je ne veux faire qu’un avec toi, parce que ça me rend vraiment heureux. Cet aveu toucha Meredith au plus profond d’elle-même, si bien qu’elle se mit à pleurer. Derek la réprimanda gentiment. Oh qu’est-ce que tu me fais là ? Emu lui aussi, il le cacha sous des dehors un peu bourrus. Si tu pleures à chaque fois que je te parle d’amour, je ne vais pas le faire souvent. Elle émit un petit rire à travers ses larmes. Attends… Derek repartit en direction du vestiaire et, quand il en revint, il avait passé un peignoir de bain et il amenait une petite serviette propre avec laquelle il entreprit d’essuyer le visage de la jeune fille. Elle lui sourit et il sentit une énorme bouffée de tendresse l’envahir. Tu sais, je suis plutôt doué dans mon genre, plaisanta-t-il. Je suis tout à fait capable de parler et de faire l’amour en même temps.

    A nouveau, le petit rire frais et mutin de Meredith résonna dans la pièce. Oh ça, je n’en doute pas. Je sais, dit-elle avec plus de sérieux. Mais quand on refera l’amour, ce ne sera pas ici. Son regard critique fit le tour de la pièce. C’est trop laid et surtout, je suis certaine que tu as sauté une bonne partie des filles de cette clinique, dans cette salle de bains. Elle le dévisagea avec une sévérité qui n’était pas réelle. Pour sa tranquillité d’esprit, elle avait décrété que tout ce qu’il avait pu faire avec d’autres avant elle ne la concernait pas. C’était tout ce qui s’était passé pendant, qui lui posait encore un problème.

    Derek ne songea pas à réfuter son accusation. Elle avait pleinement raison. Cette pièce avait été le théâtre de trop de ses errements. Il s’en voulut d’avoir envisagé qu’ils pourraient s’y retrouver. Je suis désolé, je n’avais pas pensé à ça, reconnut-il avec un air penaud. Tu as raison, quand on refera l’amour, ce sera dans un endroit tout neuf, sans souvenir, et ça deviendra notre endroit rien qu’à nous. Comme le motel de Cloverdale, ajouta-t-il avec un sourire à la fois moqueur et tendre. Le motel était minable mais la nuit était magique. Meredith approuva d’un signe de tête, les yeux brillant de bonheur, avant de se jeter dans ses bras. Il la souleva légèrement de terre et elle enfouit ses doigts dans l’épaisse chevelure brune. Ils s’embrassèrent avec passion, se léchant mutuellement les lèvres, les mordillant, les pinçant avant de faire lutter leurs langues avides de se retrouver. Il n’en fallut pas plus pour que le pénis de Derek se raidisse à nouveau. Le chirurgien émit un grognement sourd en reposant délicatement Meredith sur le sol. Je crois que j’ai besoin d’une autre douche, grommela-t-il en retirant son peignoir. Froide. Très froide, précisa-t-il avec un regard tellement désespéré que Meredith éclata de rire. Cette fois, elle ne détourna pas le regard quand il présenta son sexe bandé sous le jet d’eau.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Jeudi 24 Octobre 2019 à 19:10

    J'aime beaucoup cette nouvelle complicité qu'il y a entre eux, le fait qu'ils peuvent tout se dire, et parfois des choses pas très agréables, sans que cela menace leur équilibre. Je pense que cette fois, ça va bien se passer et surtout ça va durer

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