• La main de Derek atteignait l’élastique du tanga lorsqu’elle fut arrêtée par la poigne étonnamment ferme de Meredith. Non, dit cette dernière, encore haletante. Hors d’haleine lui aussi, Derek s’écarta et la regarda avec un air surpris. Elle secoua la tête. Je ne veux pas. Pendant qu’il l’embrassait, elle n’avait pensé à rien d’autre qu’à sa langue dans sa bouche mais, lorsqu’il avait posé la main sur sa cuisse, elle avait su avec certitude qu’elle n’était pas encore prête à aller plus loin.

    Tu ne veux pas ? lui demanda Derek, incrédule. Elle fit signe que non. Il se laissa tomber à côté d’elle, sur le dos. Si tu n’as plus envie de moi, on est mal, fit-il remarquer sur un ton acerbe.

    Derek, ne le prends pas comme ça, l'implora Meredith.

    Comment tu veux que je le prenne ? Tu viens de me repousser alors, c’est que tu n’as pas envie de faire l’amour avec moi. Il avait pensé que, puisqu’elle lui avait dit qu’elle l’aimait et qu’elle lui avait pardonné ses erreurs, tout était redevenu comme avant, et il tombait de haut en réalisant que c’était loin d’être le cas.

    Ça ne veut pas dire que je n’ai plus envie de toi, assura Meredith en s’asseyant, tournée vers lui, évitant toutefois de poser les yeux sur l’excroissance qui tendait son boxer.

    Vraiment ? Il lui jeta en regard en coin en faisant une grimace dubitative.

    Elle comprit qu’il était blessé. Derek, soupira-t-elle. Essaie de te mettre à ma place. Tu m’as trompée…

    Il ne la laissa pas en dire plus. Mais je t’ai expliqué pourquoi je l’avais fait ! s’écria-t-il, éberlué qu’elle remette le sujet sur le tapis. Ses confidences de la veille n’avaient-elles donc servi à rien ?

    Oui et j’ai compris et pardonné, affirma Meredith. Mais ce n’est pas pour autant que j’oublie. Tu as fait l’amour avec une autre et…

    Derek se redressa d’un bond. Je ne lui ai pas fait l'amour, je l'ai baisée et de toute façon, ça n’a pas compté, déclara-t-il avec toute la force de sa conviction.

    Tu ne peux pas dire ça, Derek, se récria Meredith, révoltée par sa mauvaise foi. On était à peine rentré d’Aspen que tu es allé en ville avec l’intention de choisir une femme pour…

    Une fois de plus, il tenta de l’arrêter. Je n’ai pas choisi. J’ai pris la première venue. Sa défense était plus que maladroite, il s’en rendait compte, mais il ne savait plus que dire pour la convaincre que ce qui s’était passé dans la chambre d’hôtel, ce soir-là, ne représentait vraiment rien à ses yeux.

    Meredith ne s’en laissa pas conter. Oh ça va ! Je te connais. Tu n’as pas pris la plus moche non plus, n’est-ce pas ! Il fit la moue mais n’osa pas la contredire, parce que cela aurait été lui mentir. Vous vous êtes embrassés, vous vous êtes caressés, vous avez…. Elle se tut quelques secondes, le temps de trouver le courage de mettre des mots sur ce qui lui était toujours aussi insupportable. C’était terriblement dur mais elle tenait à le faire pour lui montrer qu’elle ne se laisserait plus abuser. Vous avez couché ensemble. Elle frissonna de dégoût. Merde Derek ! s’emporta-t-elle soudain. Tu as mis ton pénis dans cette femme et tu as joui en elle. Parce que tu voulais m’oublier ! Elle ne savait toujours pas ce qui la décevait le plus, qu’il ait voulu la rayer de sa vie ou bien qu’il ait pu, malgré tout l’amour qu’il disait éprouver pour elle, trouver du plaisir dans d’autres bras. Tu ne peux pas me demander de faire comme si ça n’avait pas existé. Elle posa sur lui un regard désillusionné. Ça a compté, Derek, pour moi en tout cas. Alors, j’ai besoin de temps.

    En fait, tu n’as plus confiance en moi, déplora-t-il tout en la comprenant. Il connaissait bien tous les dégâts que l’infidélité pouvait causer et la perte de confiance était en tête de liste. De plus, il était assez honnête pour admettre que, si c’était elle qui l’avait trompé, il ne l’aurait pas accepté et il ne le lui aurait pas pardonné. Il devait donc s’estimer heureux qu’elle ne soit pas aussi intransigeante que lui.

    Elle soupira. Je ne sais pas. D’une certaine façon, j’ai encore confiance en toi, admit-elle après y avoir réfléchi un instant. Sinon, je ne serais pas ici. Mais d’une autre, non. Et par-dessus tout, j’ai peur, reconnut-elle. Tu peux comprendre ça, non ? Bien sûr qu’il la comprenait ! C’était la peur qui l’avait empêché de vivre pleinement depuis douze ans, et c’était cette peur encore qui l’avait poussé à commettre un acte imbécile dont il payait les conséquences en ce moment même. Si jamais il se passe encore quelque chose, je ne m’en remettrai pas, conclut-elle.

    Il ne se passera plus rien, bébé, promit Derek avec fougue, en lui prenant la main. Je sais ce que je veux maintenant, et ce que je veux, c’est toi, rien que toi.

    Je préfèrerais quand même qu’on y aille doucement, persista Meredith, tendre mais opiniâtre. Elle sentait qu’elle devait procéder étape par étape, passer du temps avec lui, restaurer leur complicité, et surtout la confiance inébranlable qu’elle avait eue en lui, avant de le retrouver sur un plan plus intime.

    D’accord, d’accord, s’empressa-t-il de répondre. J’attendrai. Bien sûr que j’attendrai. Il lut sur son visage qu’elle était soulagée et il éprouva le même sentiment. Une seconde, il avait craint d’être revenu au point de départ. Mais tu ne m’en voudras pas d’essayer de temps en temps, lâcha-t-il sur un ton légèrement coquin.

    Meredith sourit. Je ne t’en voudrai pas, non. Elle se pelotonna contre lui et posa la tête sur son épaule.

    Il poussa un soupir de soulagement et, avec ses lèvres, effleura la chevelure à la senteur de lavande. Et dans combien de temps penses-tu que…, laissa-t-il soudain tomber sur un ton désinvolte.


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  • Meredith releva le visage vers son compagnon. Derek ! dit-elle d’une voix douce mais à l’intonation pleine de reproches.

    Il s’excusa par un sourire. Je plaisante. Il n’est pas question que je te mette la pression, bébé. On ne fera rien dont tu n’aies pas envie. Il darda un regard intense sur la jeune fille. Je comprends ce que tu ressens. Tu peux prendre tout le temps que tu veux. Son sourire tendre se fit un peu malicieux. Je trouve ça même très excitant. Te faire la cour, te séduire à nouveau… A cause de ses parents et de la mort tragique de sa mère, il avait fini par se convaincre que l’amour était laid et asservissant, qu’il n’était synonyme que de duperie et de souffrance. C’était pour cette raison qu’il l’avait fui comme la peste durant toutes ces années. Mais avec Meredith, il avait découvert tout ce que le fait d'être amoureux pouvait avoir de beau et d’épanouissant et, pour la première fois, il ne trouvait plus que le romantisme était ridicule et réservé aux mauviettes.

    La jeune fille reprit sa place contre lui. J’espère bien, fanfaronna-t-elle bien qu’elle ait le cœur gros. La veille, en arrivant à la péniche, elle s’était dit que dès qu’ils seraient à nouveau ensemble, tout se remettrait en place automatiquement. Elle avait cru que lorsque Derek lui aurait dit tout ce qu’elle avait besoin d’entendre, lorsqu’elle connaitrait la raison de son comportement, ses doutes et ce qui lui restait de rancœur s’évanouiraient, qu’elle oublierait instantanément les mensonges et les trahisons. Elle était triste de constater qu’il n’en était rien. Elle l’aimait, bien évidemment, plus que tout, mais elle était en train de réaliser que cela ne suffisait pas. Cette nouvelle illusion perdue lui fit monter les larmes aux yeux. Elle voulut le cacher en trouvant refuge contre la poitrine de son amant. Elle ne fut cependant pas assez rapide pour qu’il ne s’en aperçoive pas.

    Désarçonné par son chagrin, il la serra contre lui. Ne pleure pas voyons. Ce n'est pas si grave. La seule chose qui compte, c’est qu'on soit ensemble, lui susurra-t-il à l’oreille. Tout ce que je veux, c'est t'avoir près de moi. Et si tu n’as pas envie de faire l’amour pour le moment, je peux très bien m'y faire. Ça m’ennuie un peu, avoua-t-il franchement, parce que j’ai vraiment très envie de toi, mais ce n’est pas un problème du moment où je peux être avec toi, comme maintenant. Juste te tenir dans mes bras, te parler, et puis t’embrasser. Je peux toujours t’embrasser tout de même ? demanda-t-il sur un ton faussement inquiet. L’entrain que Meredith avait mis à répondre à ses baisers l’avait pleinement rassuré au moins sur ce sujet.

    Tu vas avoir des problèmes si tu ne le fais pas ! répliqua-t-elle avec un petit sourire où se reflétait encore un peu de tristesse.

    Derek posa sa paume contre la joue de la jeune fille et se pencha pour reprendre ses lèvres avec de plus en plus de passion au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. La douceur de sa langue, le goût de sa bouche, ses petits gémissements, tout était redécouverte et émerveillement. Depuis que leurs souffles se confondaient à nouveau, il avait l’impression de revivre. Je t’aime, chuchota-t-il en s’écartant d’elle. Et tu m'aimes aussi, alors on va surmonter tout ça, tu verras. Il frotta son nez contre celui de la jeune fille, à la mode des Esquimaux. Mon bébé, mon amour, je t'aime tellement. Je ne savais même pas que c'était possible d'aimer quelqu'un aussi fort. Il posa son front contre celui de Meredith et ferma les yeux.

    Il était tellement mignon, tellement adorable qu’elle se sentit fondre. Elle s’en voulut un peu pour ce qu’elle lui avait fait subir ces derniers jours. Je suis désolée, dit-elle dans un murmure.

    Derek se recula pour la regarder. Non, tu n’as pas à être désolée. C’est moi qui ai commis une faute, pas toi. Et je préfère que tu me dises franchement ce qu’il en est plutôt que de te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas. Il lui embrassa furtivement les lèvres. Quand nous referons l’amour, c’est parce que tu en auras envie, parce que tu l’auras voulu.

    Je ne parlais pas de ça, le corrigea-t-elle. Mais depuis qu’on est revenu de Santa Rosa, j’ai agi de façon… Enfin, ce n’était pas moi. Elle soutint le regard bleu océan qui la fixait avec attention. J’ai dit des choses que je ne pensais pas.

    Comme le fait que j’étais vieux ?

    Elle acquiesça d’un signe de tête. Oui. Tu sais bien que je ne le pense pas. Je me fous complètement de ton âge. Je voulais juste te faire du mal comme tu m’en avais fait.

    Je sais. Derek caressa du bout des doigts la joue veloutée de son amie.

    Et aussi, je t’ai traité plusieurs fois de sale con, lui apprit-elle encore avec une mine de petite fille coupable.

    Il la dévisagea avec un air amusé. Ah bon ! Tu as fait ça, toi ?

    L’air grave, elle hocha la tête. Oui, en pensée. Et aussi, une fois quand j'ai parlé de toi avec Taylor.

    Hmm ! Derek grimaça. Moi aussi, hier, j’ai dit des choses pas très sympas quand j’ai parlé de toi avec Mark, lui avoua-t-il. Alors, on est quitte, je crois. Il s’allongea sur le matelas et tira la jeune fille pour qu’elle se retrouve sur lui. Tu n’as pas tort. Je suis un sale con, parfois, reconnut-il, les mains enfouies dans l’épaisse chevelure blonde. Trop souvent même. Mais je t’aime vraiment et je vais tout faire pour te prouver que tu as eu raison de me donner une autre chance. Cette fois, ce fut elle qui vint vers lui pour partager un autre baiser. Embrasser Derek, retrouver intactes toutes les émotions qu’elle avait éprouvées avant leur rupture, ressentir le même plaisir, le même trouble, la même excitation aussi, la rassurait. C’était pour elle la plus belle preuve qu’elle réussirait à refouler ses appréhensions.


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  • Ils roulèrent encore l'un sur l'autre jusqu’à se retrouver allongés, face à face. Et ta mère ? Qu’est-ce qu’elle en dit, pour nous deux ? s’inquiéta Derek, tandis que sa main se promenait sur le corps de Meredith, en prenant garde toutefois de ne pas aborder des territoires défendus, pour ne pas la heurter.

    Meredith pensa à ce que sa mère lui avait dit, juste avant qu’elle ne quitte la maison. "Cet homme n’est pas pour toi." Il était évidemment hors de question qu’elle le répète à Derek. Elle devait donc trouver une parade. Elle t’a trouvé très aimable, très compétent, déclara-t-elle avec un sourire un rien forcé. Et très beau aussi. Elle a été super impressionnée par tes cheveux.

    Son malaise sauta aux yeux de Derek. Mais elle ne veut pas de moi dans ta vie, déduisit-il, les yeux assombris par le désappointement.

    Meredith ne put lui cacher plus longtemps la vérité. C’est pas ça, marmonna-t-elle. Elle a juste le son de cloche d’Izzie, qui lui a dit que tu m’avais trompée. Alors…

    Alors, c’est mort ! conclut Derek, dépité. Il n’avait aucun mal à imaginer en quels termes la blondasse, appuyée par la mégère, très certainement, s’était amusée à le dépeindre à la mère de Meredith. A l’heure qu’il était, Anne Grey devait le prendre pour le pire pervers que la terre avait porté depuis sa création.

    Mais non, s’écria Meredith avec un semblant d’assurance. A part lui dire que je t’aimais, je n’ai pas pris le temps de lui parler de nous. Mais quand je l’aurai fait, quand je lui aurai expliqué ce que tu as vécu… Elle s’arrêta soudain. Enfin, si tu es d’accord. Derek haussa les épaules avec un air blasé, convaincu que la révélation de ses malheurs ne pourrait pas influencer l’opinion que la mère de Meredith s'était faite de lui. Ne t’en fais pas, elle changera d’avis, prédit la jeune fille.

    Et si elle continue à me détester ? s’entêta-t-il. Il ne pouvait s’empêcher de se demander quelle serait la réaction de Meredith si sa mère persistait à s’opposer à leur relation. Aurait-elle la force, ou même l’envie, de se battre pour défendre leur couple et l’imposer ?

    Déjà, elle ne te déteste pas ! affirma Meredith de façon péremptoire. Et puis, moi, je t’aime. C’est ça qui compte, non ?

    Derek se força à sourire. Oui, bien sûr, mais… Il redevint grave. Ecoute, bébé, je sais à quel point ta mère compte pour toi et je ne veux surtout pas que tu te brouilles avec elle à cause de moi. Elle est ta seule famille. Moi, je n’ai plus personne. Evidemment, c’est un choix que j’ai fait, ajouta-t-il à la hâte, mais ça n’empêche que ce n’est pas toujours facile. Il est hors de question que tu perdes ta famille par ma faute. Je n'en vaux pas la peine en plus.

    Meredith passa son bras autour de lui. Arrête de dire des bêtises. Tu en vaux la peine mais de toute façon, ça n’arrivera pas. Je ne vais rien perdre du tout. Elle se rapprocha de façon à n’être plus qu’à quelques centimètres de lui. Bon, OK, Maman n’est pas enchantée que je sorte avec toi. Mais c’est parce qu’elle ne te connait pas, martela-t-elle. Elle était intimement persuadée que, lorsque sa mère aurait découvert le vrai Derek, elle tomberait sous son charme et se réjouirait pour sa fille.

    Pour elle, je serai toujours celui qui t’a trompée, lui fit remarquer Derek avec amertume. Il mesurait maintenant tout à fait les conséquences que ses actes, commis dans un moment de peur et d’orgueil mal placé, risquaient d’avoir sur sa vie future. Irrité, il se rassit dans le lit, aussitôt imité par Meredith.  

    Il faut lui laisser le temps, à elle aussi, tempéra-t-elle. Même si au début, ça ne passe pas, elle finira par s’y faire.

    Le regard que Derek lui lança était morne. Génial ! ironisa-t-il. Jolie perspective ! La mère de ma petite amie va finir par se faire à mon existence avec le temps. Dans dix ans, on devrait arriver à s’entendre.

    Elle ne put s’empêcher de sourire face à ce pessimisme extrême. Ça devrait s’arranger avant ça. Allons, Derek ! s’écria-t-elle devant la mine irrémédiablement sombre de son compagnon. Tout se passera bien. Quand elle verra que je suis heureuse avec toi…

    A condition que j’arrive à te rendre heureuse, répliqua-t-il, défaitiste, en baissant la tête.

    Il lui parut tellement misérable qu’elle voulut le rassurer. Tu veux savoir ce que j’ai dit à ma mère avant de venir ici ? Il opina de la tête. Je lui ai dit qu’après ce que tu m’avais fait, j’avais essayé de ne plus t’aimer. Vraiment essayé. Il leva vers elle des yeux à la fois pleins de désolation et d’espoir. Sous l’effet de l’émotion, la voix de la jeune fille devint plus éraillée. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour ça. Je n’y suis pas arrivée. Ça me rendait trop malheureuse. Elle accrocha son regard à celui de Derek. Je t’aime, dit-elle, subitement au bord des larmes. Et malgré tout ce qui s’est passé entre nous, le mal que tu m’as fait – coupable, il s’empara de sa main et la serra fortement – je ne peux pas vivre sans toi. J’ai besoin de toi pour respirer. Singulièrement bouleversé, il porta sa main à sa bouche et en embrassa le creux de la paume. C’est ce que j’ai dit à ma mère, poursuivit-elle, et je crois que c’est ce qui est important pour elle, que je respire. Peu importe avec qui. Elle veut seulement que je respire, répéta-t-elle en nouant ses doigts à ceux de Derek.

    Incapable de dire un mot, il passa un bras autour de ses épaules et la reprit contre lui. Jamais personne ne lui avait encore fait une telle déclaration. Jamais on ne lui avait parlé d’amour avec autant de sincérité et d’abandon. Meredith avait mis son orgueil de côté pour lui dire à quel point elle l’aimait et combien elle avait besoin de lui, tout comme l’air qu’elle respirait. C’était la plus belle chose qu’on avait faite pour lui et il sentit son cœur à la limite de l’explosion. On va respirer ensemble, lui chuchota-t-il à l’oreille. Parce que moi aussi, j’ai besoin de toi pour vivre. Je t’aime tellement, tellement…


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  • Transportée de joie en entendant ce nouvel aveu, Meredith enserra fortement la figure de Derek entre ses mains, pour coller sa bouche à la sienne. Il se jeta sur elle et la renversa sur le matelas, en la recouvrant de son corps. Il dévora son visage et son cou de baisers enflammés, avec de petits gémissements étouffés qui traduisaient son désir, avant de revenir à sa bouche et de la prendre avec passion, dans un long tournoiement de leurs langues. Ses mains descendaient vers sa poitrine, s’étonnant déjà de ne rencontrer aucune opposition, lorsque la sonnerie du réveil retentit. Merde ! tonna le chirurgien en s’affaissant sur son amie. Il se redressa après quelques secondes, l’air totalement contrarié. J’avais oublié. Il soupira. J’ai une intervention ce matin. Ooooh ! grogna-t-il encore, en enfouissant son nez dans le cou de la jeune fille. Je ne veux pas y aller, je veux rester avec toi.

    Est-ce que tu as le choix ? demanda-t-elle avec douceur. La tête de Derek hocha désespérément de droite à gauche. Alors, tu dois t'en aller et faire cette intervention, conclut-elle. On se retrouvera après.

    Je sais, je sais. Derek l’embrassa encore une fois avant de sortir du lit en soufflant. N’empêche que j’aurais préféré passer cette première journée avec toi. Il alla ouvrir la porte coulissante de sa penderie et commença à déplacer les cintres sur la barre tubulaire, pour choisir les vêtements qu’il allait mettre. Meredith le suivit des yeux, en profitant pour se délecter de la vision de son corps fin et musclé, et surtout de ses fesses rondes, parfaitement moulées par le boxer. Elle détourna rapidement le regard en voyant Derek faire volte-face vers elle, ses habits à la main. Euh… je file prendre une douche, lui annonça-t-il, en se demandant s’il devait l’inviter à se joindre à lui. Il en avait envie mais il n’osa pas. Tous les deux, nus, sous un jet d’eau chaude, c’était une intimité dont il rêvait mais qu’il ne solliciterait pas. Il n’était pas question de tenter le diable. A partir du moment où Meredith ne semblait pas vouloir lui donner plus que quelques baisers, se retrouver dans le plus simple appareil auprès d’elle était une très mauvaise idée et surtout, il ne voulait pas lui donner l'impression qu'il faisait pression sur elle. Tu fais comme chez toi, lui dit-il simplement, avant de disparaître dans la pièce d’à-côté, non sans espérer qu’elle le rejoindrait.

    Elle se rallongea sur le lit, en fermant les yeux, mais les rouvrit immédiatement. Elle n’avait plus envie de somnoler. Que du contraire ! Elle était titillée par la curiosité de découvrir l’intérieur de Derek plus sérieusement qu’elle ne l’avait fait, la première fois qu’elle était venue. Elle se leva et se campa devant la petite bibliothèque de la chambre. Elle examina les divers ouvrages qu’elle contenait. Francis Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Tennessee Williams, John Steinbeck, les goûts de Derek étaient plutôt classiques en matière de littérature. Des livres d’histoire aussi, sur la guerre de Sécession, la seconde guerre mondiale, le Vietnam, les Kennedy, les mémoires de Bill Clinton… En revanche, aucun livre de médecine, ce qui la surprit un peu. Elle chemina lentement vers le bureau où il n’y avait rien d’autre à voir que quelques manuels d’informatique. Ses pas l’emmenèrent à l’étage. Elle jeta un regard circulaire autour d’elle et s’étonna, une fois encore, de la simplicité des lieux. C’était assez anachronique lorsque l’on songeait que le propriétaire ne voulait fréquenter que les endroits les plus huppés de la ville. Elle fit le tour de la grande pièce, s’attardant un moment devant la fenêtre pour regarder les autres péniches inondées de soleil en ce beau matin. Cela devait être agréable de vivre ici, au contact de l’eau.

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    En se retournant, elle aperçut son sac qu’elle avait abandonné dans l’entrée. Elle alla le chercher avant de s’asseoir à la table. Elle le fouilla pour trouver son téléphone afin de prévenir sa mère qui devait être inquiète, après cette deuxième nuit passée à l’extérieur. Elle le trouva au fond, à côté d’une boite de médicaments. Surprise, elle sortit cette dernière et se rappela qu’il s’agissait des pilules contraceptives que Derek lui avait achetées, le matin de leur rupture, en même temps que la pilule du lendemain. Elle avait totalement oublié qu’elle les avait eues sur elle durant toutes ces semaines. Elle prit la boite et la retourna dans tous les sens avant de l’ouvrir. Une plaquette de vingt-et-une petites pilules roses tomba sur la table. Meredith la fixa un moment avant de la saisir pour en regarder l’envers. Les jours de la semaine y étaient imprimés. Elle se leva et alla jusqu’à la cuisine pour y prendre un verre. Elle ouvrit quelques armoires avant de trouver la bonne, puis se dirigea vers le frigo dans lequel elle prit la bouteille d'eau. Son verre plein, elle revint d’un pas nonchalant à la table et but une gorgée, tout en contemplant encore les contraceptifs. Elle sourit avant de percer l’opercule pour dégager le médicament. Elle ne savait pas encore quand, mais elle referait l’amour avec Derek et, ce jour-là, elle ne voulait pas être distraite par de sordides questions de contraception. Elle venait à peine d'avaler la pilule qu'elle entendit la voix de Derek qui la hélait. Dans la cuisine, cria-t-elle en se dépêchant de remettre la plaquette dans son emballage, qu’elle rejeta dans son sac. Elle porta le verre à sa bouche juste au moment où la tête du chirurgien apparut en haut de l’escalier. 

    Ah tu es là ! constata-t-il avec un soulagement évident. Quand il était sorti de la salle de bains et qu’il n’avait plus trouvé Meredith dans la chambre, il avait paniqué, s’imaginant qu’elle avait profité de son absence pour partir.

    Eh bien oui. Où voulais-tu que je sois ? Elle leva son verre. Je me suis permise.

    Tu as bien fait. Il vint s’installer en face d’elle et lui enleva le verre des mains pour vider ce qui restait dans le fond, tout en la dévorant des yeux. Il aurait suffi qu’elle fasse un geste ou dise un mot pour qu’il reporte son intervention. Pour la première fois de sa vie, son métier, sa carrière, ses patients ne pesaient plus bien lourd dans la balance.

    Troublée par sa beauté et son regard presque animal, Meredith frissonna. Tu es vraiment pressé ou j’ai le temps de prendre une douche ? demanda-t-elle en baissant la tête.

    Tout le temps que tu veux ! Derek n’avait pas envie qu'elle s’en aille et chaque minute avec elle était une minute gagnée. Il se leva et lui tendit la main pour l’entraîner à nouveau au sous-sol, leurs doigts solidement entremêlés.  


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  • Dans la salle de bains, Meredith aperçut son image dans le miroir, petite silhouette maigrichonne dans sa robe défraichie et chiffonnée. J’ai l’air d’une sauvageonne, constata-t-elle en son for intérieur. Il faut vraiment que je me reprenne en main. Certes, Derek était amoureux d’elle mais si elle persistait à lui offrir un tel tableau, il ne faudrait plus s’étonner qu’il aille voir ailleurs. Bien sûr, l’amour était aveugle mais combien de temps le restait-il ? Elle intercepta le regard tendre mais néanmoins railleur dont son compagnon l’enveloppait. Ne te moque pas ! Je sais que je suis horrible, geignit-elle en tirant sur le tissu de son vêtement pour essayer de le lisser un peu.

    Derek la contredit aussitôt. Tu n’es pas horrible du tout. Pour ta robe, je suis désolé. J’aurais dû te l’enlever mais tu dormais tellement bien…

    C’est pas tellement ma robe, mais moi, maugréa Meredith. Non mais t’as vu cette tête ! Elle se passa la main dans les cheveux pour tenter d’y remettre un peu d’ordre.

    Derek lui tendit une brosse. Tiens, ça devrait être plus facile avec ça. Amusé, il l’observa tandis qu’elle se débattait avec ses cheveux emmêlés et pleins de nœuds. Tu es très belle. Tu as seulement besoin de reprendre un peu de poids. Ses yeux se firent éloquents en se posant sur sa poitrine. J’aime ça, moi, les filles qui ont des formes.

    Meredith eut envie de le taquiner. Oh s’il n’y a que ça, on pourra demander à Mark qu’il m’arrange ça. C’est son métier après tout.

    Derek tomba immédiatement dans le panneau. Et quoi encore ? grogna-t-il. Les ballons de silicone, très peu pour moi. En plus, il est hors de question que Mark te voie nue, même sur une table d’opération.

    Cette légère manifestation de jalousie mit Meredith en joie. Elle eut un petit rire ravi. Alors, tu devras faire avec ce que j’ai !

    Mais je ne demande pas mieux, moi, répliqua Derek, coquin. Je n’attends que ça même. Meredith rosit légèrement et il n’insista pas, pour ne pas la mettre mal à l’aise. Il ouvrit les armoires et en sortit les affaires qu’il avait achetées pour elle au drugstore, ainsi que des serviettes de bain. Si tu as besoin d’autre chose, tu n’as qu’à demander, lui dit-il avant de sortir, non sans avoir attendu quelques secondes dans l’espoir qu’elle l’inviterait tout de même à rester. Il tourna quelques minutes en rond dans sa chambre, avant d’aller s’asseoir sur le lit pour se relever aussitôt et aller coller son oreille à la porte. Lorsqu’il entendit le bruit de l’eau qui coulait, il imagina Meredith, faisant courir ses mains pleines de savon sur son corps nu qui ondulait pour mieux s’offrir au jet d’eau chaude. La tentation de la rejoindre et de transformer sa douche en un jeu coquin était immense. La main crispée sur la clenche de la porte, il hésitait sur ce qu’il convenait de faire lorsque la voix mélodieuse de Meredith l’appela. Il ouvrit immédiatement la porte et surgit dans la salle de bains, tel un diable qui jaillit de sa boite.

    Les cheveux enveloppés dans une serviette, la jeune fille achevait de nouer celle qui lui recouvrait le corps. Elle ouvrit de grands yeux, étonnée par la vitesse à laquelle Derek avait réagi à son appel. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire où se mêlaient malice et désolation. Pour être aussi rapide, il avait certainement guetté derrière la porte. Le pauvre devait attendre une invitation qu’elle ne ferait pas encore. Elle avait un sentiment ambivalent à ce propos. Elle était triste de ne pas être capable de lui donner ce qu’il attendait mais en même temps, cela lui plaisait de le torturer un peu. Tu n’aurais pas un sèche-cheveux ? se renseigna-t-elle, les bras resserrés sur sa serviette, pour éviter qu’elle ne tombe. Sans un mot, il prit l’appareil dans une armoire avant de le lui tendre. Merci. Elle libéra ses cheveux et les soumit au souffle d’air chaud. Derek la regarda faire, admirant la fragilité de sa nuque, la gracieuse inclinaison de son cou, tandis qu’elle agitait ses doigts dans ses cheveux pour qu’ils sèchent plus vite. Le moindre de ses gestes, pourtant anodins, revêtait pour lui un caractère torride. Lorsque sa chevelure fut pratiquement sèche, elle les remit en place d’un coup de peigne. Elle prit ensuite "L’Air du Temps" que Derek avait acheté pour elle et en vaporisa quelques gouttes derrières les oreilles et à l’intérieur du poignet. Elle surprit dans le miroir le regard tendre et amoureux dont son compagnon la couvait et elle lui sourit.

    C’était le signal qu’il attendait. Il s’approcha d’elle lentement sans la quitter du regard. Collé à son dos, les deux mains nouées sur son ventre, il se pencha pour humer son parfum. Les yeux à moitié clos, elle inclina la tête. Encouragé, il parcourut avec sa bouche le chemin de son cou à son épaule, ses lèvres l’effleurant à peine, faisant naître ainsi chez la jeune fille un doux frisson. Elle posa sa main sur la tête de Derek, se plongeant avec délice dans ses cheveux soyeux, et tourna la tête vers lui, pour que leurs lèvres se rejoignent. Gourmandes, celles-ci s’ouvrirent aussitôt pour se goûter pleinement et libérer leurs langues, pressées de se retrouver. Un doux combat s’engagea, laissant très vite les combattants hors d’haleine. Derek abandonna la bouche de sa belle pour s’égarer sur son menton, sa joue ensuite, et finir dans son cou dont il pinça la peau fine entre ses lèvres, en la mordillant parfois aussi. Il revint enfin à sa bouche, s’y perdant avec délectation, étonné mais ravi d’y trouver toujours autant de plaisir. Il la lâcha enfin. On a dit qu’on y allait doucement, dit-il à mi-voix.

    Oui, murmura Meredith en opinant lentement de la tête. Il s’écarta d’elle puis recula de deux pas. Elle fit aussitôt volte-face et se jeta sur lui, en collant son bassin au sien. Ils s’embrassèrent à nouveau avec passion, se pinçant mutuellement les lèvres, en tirant un peu dessus, les mordillant gentiment, du bout des dents, leurs langues jouant au chat et à la souris, leur jeu préféré, se pourchassant sans relâche jusqu’à ce que vaincues par leur désir, elles se retrouvent et s’unissent dans une folle sarabande. 

    Parce que l’envie d’arracher la serviette et de prendre Meredith à même le sol de la salle de bains devenait vraiment trop forte, Derek se rejeta en arrière. Je vais te laisser te préparer, annonça-t-il d’une voix rauque. Les yeux brillants et le souffle court, Meredith le suivit du regard tandis qu’il sortait de la pièce. La porte à peine refermée, elle s’adossa contre elle, souriant aux anges, sans savoir que de l’autre côté, Derek faisait exactement la même chose.


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