• Derek darda un regard scandalisé sur sa petite amie. En quoi quelques zéros de plus au chiffre de mon compte en banque font de moi une autre personne ?

    Je n’ai jamais dit ça, protesta-t-elle. C’est juste que je ne veux pas que tu me donnes des choses que je ne pourrai jamais te rendre.

    Tes scrupules t’honorent, ironisa Derek. Il alla se camper devant le lavabo et s’adressa à son amie à travers le miroir. Mais alors, pourquoi avoir accepté que je t’offre ta tenue pour la soirée ?

    Estomaquée, Meredith le fusilla du regard. C’était un cadeau et il ne fallait pas le faire si c’était pour me le reprocher ensuite.

    Il était littéralement fou de cette femme mais elle avait vraiment le don de le pousser à bout. Mais nom de dieu ! cria-t-il en se tournant vers elle. Je ne te reproche rien ! C’est toi qui… Il leva les bras au ciel. Je ne comprends même pas pourquoi on a cette discussion.

    Sans doute parce que cette garce d’Addison a insinué que je sortais avec toi pour ton argent, cria Meredith à son tour. Si elle le pense, d’autres le penseront aussi et…

    Mais je m’en fous ! explosa Derek. Je me moque complètement de ce que les gens pensent.

    Meredith se sentait en position d’infériorité, nue, dans ce bain. Elle en sortit à la hâte et fondit comme une furie sur l’armoire afin d’y prendre, elle aussi, une serviette dans laquelle elle s’enveloppa immédiatement, avant de repartir à l’autre bout de la pièce. C’est facile pour toi, fit-elle remarquer sur un ton plein de colère. Ce n’est pas toi qui seras considéré comme une salope.

    Derek souffla d’exaspération. Tu n’es pas une salope. Tu le sais et je le sais aussi. Je croyais naïvement que mon avis comptait plus que les autres, persifla-t-il. Mais manifestement ce n’est pas le cas. Il referma violemment la porte de l’armoire qu’elle avait laissée ouverte. Je ne sais vraiment pas où on va comme ça. Ces derniers mots, le visage fermé de son petit ami et l’énervement eurent raison de Meredith qui se mit à pleurer. Pourquoi tu pleures ? demanda Derek, désarçonné.

    Tu pourrais essayer de me comprendre, articula Meredith avec beaucoup de mal. Au lieu de ça, tu veux rompre.

    Les yeux de Derek s’arrondirent sous l’effet de la surprise. J’ai dit ça, moi ?

    Tu as dit… que tu… ne savais pas… où on allait, hoqueta Meredith entre deux sanglots. Si tu dis ça… c’est parce que… tu penses qu’on va… nulle part. Ses pleurs redoublèrent.

    J’ai dit ça comme ça, je ne le pensais pas, bougonna Derek en avançant vers elle. Elle tourna la tête vers lui et la vision de son visage ruisselant de larmes le bouleversa. S’il y avait bien une chose à laquelle il ne savait pas résister, c’était aux pleurs de Meredith. C’est pas parce qu’on se dispute qu’on va se séparer, assura-t-il en la prenant dans ses bras. Elle releva vers lui des yeux pleins d’espoir et il se sentit fondre. Stupide petite fille, murmura-t-il avec tendresse. Comme si j’avais envie de te quitter ! Il resserra son étreinte lorsqu’elle se pressa contre lui, le visage collé à son torse. Je t’aime trop pour ça. Il lui fit relever la tête vers lui afin de pouvoir se plonger dans son regard. Je ne veux pas te rendre dépendante ou que sais-je encore. Je veux juste t’aider à réaliser tes rêves. Tu as un idéal, Meredith, et je trouve ça magnifique, dit-il en essuya les larmes de son amie avec le coin de sa serviette de bain. Ce serait vraiment dommage d’y renoncer pour de sordides questions d’argent et parce qu’une imbécile t’a fait une remarque déplaisante. Et je t’en prie, ne laisse pas cette histoire d’argent gâcher notre relation, la pria-t-il fébrilement. Que je sois riche ou pas, qu’est-ce que ça change au fond ?

    Rien, admit enfin Meredith. Elle s’accrocha à ses épaules. Je veux seulement que tu saches que ton argent ne m’intéresse pas.

    Je le sais déjà.

    Et que je t’aimerais tout autant si tu étais pauvre, insista-t-elle.

    Mais je ne le suis pas, répondit Derek d’une voix douce. Alors, aime-moi comme je suis. En guise d’assentiment, Meredith se haussa sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres. Leur baiser fut des plus tendres et des plus passionnés, à l’image de ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Si ça peut te faire plaisir, on ira chez Burger King de temps en temps, suggéra Derek avec un sourire taquin, une fois qu’ils se furent lâchés.

    Et on prendra le cable-car aussi ? demanda Meredith avec des yeux câlins.

    Et puis quoi encore ? grogna Derek. Je peux acheter un vélo aussi, si tu veux. 

    L’orage était passé. Le petit rire de Meredith traduisit son soulagement. Pourquoi pas ? Ça pourrait être sympa, se moqua-t-elle. Elle l’enlaça à la taille. Je déteste quand on se dispute.

    Autant que tu t’y habitues, parce qu’avec ton caractère et le mien, ça risque de se reproduire souvent, prédit Derek avec résignation. Soudain, une expression primesautière illumina son visage. Mais tu sais, ça peut avoir du bon. Quand on se dispute, on doit se réconcilier après. Sa main se faufila sous la serviette de la jeune fille et alla tâter un sein.

    Taratata ! claironna-t-elle en le repoussant. Il faut d’abord que je mange quelque chose. Je meurs de faim. Sans lui laisser le temps de réagir, elle partit en courant vers l’escalier.


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  • Derek retrouva Meredith devant le frigidaire grand ouvert. Elle l’accueillit avec une mine profondément dépitée. Y a rien dans ton frigo ! En effet, les tablettes étaient vides, à l’exception d’une seule sur laquelle gisaient trois bouteilles de bière et une bouteille de jus d’orange. Meredith ouvrit les armoires les unes après les autres et n’y trouva rien d’autre qu’un pot de confiture presque vide, quelques sachets de thé et un paquet de céréales dont la date de péremption était largement dépassée. Après avoir jeté ce dernier dans la poubelle, elle se tourna vers son compagnon, le regard sombre.  

    Embêté, Derek se passa la main dans les cheveux. Désolé, je n’ai pas eu le temps de faire des courses, avança-t-il comme excuse.

    Pour ce que ça aurait changé ! répliqua Meredith, la moue boudeuse. Sachant que Derek mangeait la plupart du temps à l’extérieur, elle devinait que les armoires vides n’étaient pas une exception.

    Ouais, je sais, grommela-t-il. C’est tellement facile de se faire livrer. Il se dirigea vers la table sur laquelle se trouvait son téléphone. Alors, qu'est-ce qui te ferait envie ?

    Rien ! lança Meredith. Derek s’arrêta net et fit volte-face, surpris qu’elle fasse un caprice. Elle vit qu’il était étonné, un peu choqué même, et s’en voulut de sa réaction. Je suis désolée, ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est juste que j’en ai un peu marre du service traiteur. Chinois, sushis, pizza, c’est toujours la même chose, déplora-t-elle en marchant vers lui. On pourrait faire la cuisine nous-mêmes. 

    Il grimaça légèrement. Tu sais, moi, mes talents en la matière sont plutôt réduits.

    Câline, Meredith se colla à lui et noua les bras autour de son cou. Pourtant, tu as fait des pâtes l’autre jour, et c’était délicieux.

    Hmm… C'est à peu près tout ce que je sais faire. Je ne suis pas trop mauvais non plus pour cuire la viande au barbecue, mais à part ça… La sensation du corps de la jeune fille contre le sien, et le fait qu’ils n’étaient séparés que par une simple serviette de bain, réveilla chez le chirurgien un appétit qu’aucun aliment ne pouvait rassasier. Il écarta légèrement le pan de tissu afin de pouvoir atteindre la cuisse de Meredith qu’il se mit à caresser du bout des doigts.

    Eh bien, je vais m'y coller alors, annonça la jeune fille avec un grand sourire. Elle planta un gros baiser sur les lèvres de son compagnon avant de retourner à la cuisine pour se servir un verre de jus d’orange. J’adore cuisiner de toute façon. Mais pour ça, il va falloir faire des courses.

    Pas de problèmes ! Mais avant – Derek défit sa serviette qui tomba à terre – on doit se réconcilier.

    Meredith essaya de se donner un air sévère avant de hocher la tête. Pas tant que je n’aurai pas mangé.

    Bébé, geignit Derek en lui désignant son sexe bandé. Tu peux pas me laisser comme ça.

    Oh si, je peux ! assura-t-elle en riant aux éclats. Elle le défia du regard tout en sirotant son jus d’orange.

    C’est de la non-assistance à pénis en danger, s’exclama-t-il, en regardant avec désolation son membre qui frétillait en direction du plafond.

    Meredith lui tira la langue. M’en fous ! Je ne vais pas me laisser mourir de faim pour lui.

    Derek écarta les deux bras en projetant son bassin légèrement en avant. Il est à toi. Mange-le !

    Meredith éclata à nouveau de rire. Je ne suis pas amatrice de hot-dog.

    Derek vit à son regard qu’il avait déjà obtenu gain de cause et qu’elle ne résistait plus que pour la forme. Oui mais celui-là, tu vas aimer. Il avança vers elle avec un sourire charmeur. Allez… un petit coup, vite fait.

    Meredith fit semblant de réfléchir quelques secondes puis, finalement, avança les lèvres en une moue dédaigneuse. J’aime pas les choses bâclées.

    Derek lui fit un clin d'œil. Fais-moi confiance. Elle continua de hocher la tête en souriant. Tu seras pas déçue, lui promit-il. Il la vit marcher vers l’escalier et devina qu’elle allait tenter de lui échapper. Il pressa le pas et la saisit par le bras au moment où elle posait le pied sur la première marche. Pas si vite, Mademoiselle. Il la ramena contre lui et, dans la foulée, lui arracha la serviette de bain avant de la pousser vers le divan sur lequel il la fit tomber. Il se coucha sur elle et, tout en l’assaillant de baisers tous plus fougueux les uns que les autres, insinua un genou entre ses jambes pour qu’elle les écarte.

    Elle lui rendait chacun de ses baisers avec passion lorsqu’elle sentit le bâton de chair la pénétrer. Oh !... Si vite que ça, chuchota-t-elle en ouvrant de grands yeux étonnés. En guise de réponse, Derek lui donna quelques lents et secs coups de reins qu’elle salua d’autant de gémissements sourds, qui se transformèrent en petits cris lorsqu’il changea de méthode, la prenant moins profondément mais beaucoup plus rapidement. Le regard rivé à celui de son amant, elle découvrait avec surprise que cet amour sauvage, un peu bestial même pour tout dire, avait bien des charmes. Et encore le terme était faible ! L’effet qu’avaient sur elle ces allers retours effrénés était tout simplement divin. Les mains posées contre le torse de Derek, les yeux grands ouverts et la respiration haletante, elle avait l’impression que son sexe devenait un volcan. De nouveaux grands coups de butoir la firent s’arc-bouter. La verge se fit plus volontaire, la fouillant avec plus d’empressement encore. Le plaisir, soudain et violent, prit Meredith par surprise. Elle poussa un grand cri de jouissance auquel celui de Derek, teinté de victoire, fit écho presque immédiatement. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, savourant cette jouissance qui les unissait dans la même plénitude.


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  • C'est la pause de Noël. Vous retrouverez Meredith et Derek très bientôt. Bonnes vacances


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  • Meredith écarquilla les yeux en voyant que la Porsche prenait la direction opposée à San Francisco. Où est-ce que tu m'emmènes ?

    Derek la regarda d’un air surpris. Eh bien, tu as dit qu’on devait faire des courses, non ?

    Justement. La ville, c’est par là. Meredith pointa son pouce vers l’arrière.

    Les yeux du chirurgien se teintèrent d’un éclat moqueur. Tu sais, il n’y a pas qu’à San Francisco qu’on trouve des magasins. Il émit un petit rire tendre. Ma petite provinciale…

    J’vais t’en donner, moi, des provinciales, ronchonna Meredith en le fusillant du regard. Dis-moi plutôt où on va.

    A Mill Valley. C’est seulement à cinq minutes d’ici et c’est bien plus tranquille que San Francisco. Il lui sourit amoureusement et tendit le bras vers elle. Incapable de lui résister, elle se colla contre lui et posa la tête contre son épaule, profitant du superbe paysage que lui faisait découvrir la route serpentant le long de l’océan.

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    Quelques minutes plus tard effectivement, la voiture pénétrait dans une charmante petite bourgade aux rues tranquilles. Meredith se redressa. C’est sympa, ici, dit-elle nonchalamment en laissant son regard errer sur les luxueuses demeures bâties à l’ombre de grands arbres. Comment ça s’appelle encore ?

    Mill Valley, répondit Derek tout en surveillant dans son rétroviseur le véhicule qui le suivait de trop près, sans se décider à doubler.

    Meredith avait l’impression de se déplacer dans les décors d’une série américaine. Tout y était : de jolies maisons avec le jardin verdoyant et la barrière blanche. Le véritable rêve américain en somme. Ça doit être sympa de vivre dans ce genre d’endroit, fit remarquer la jeune fille avec une once d’envie dans la voix. On était très loin de la banlieue ouvrière dans laquelle elle avait grandi et même dans les quartiers plus chics de Crestwood, il n'y avait rien qui ressemblait aux propriétés qui défilaient actuellement sous ses yeux.

    Oui, ce n’est pas pour rien qu’elle a été classée parmi les dix villes du pays les plus agréables à habiter, lui apprit Derek tout en obliquant sur la droite.

    Elle se tourna vers lui. Et ils ont un supermarché ici ? demanda-t-elle avec une intonation où perçait un réel étonnement. Ou bien tu m’emmènes encore dans une de ces boutiques de luxe dont tu as le secret ?

    Ni l’un ni l’autre, répondit Derek avec un sourire énigmatique.

    Quelques mètres plus loin, il tourna sur la gauche et Meredith haussa les sourcils en apercevant l’enseigne du magasin. Ah d'accord ! Whole Foods ! Eh ben, Monsieur ne se refuse rien.

    La santé n’a pas de prix, décréta Derek tout en garant la voiture. Quand on peut se le permettre, pas de raison de s’en priver.

    Oui, à condition que ce ne soit pas de l’arnaque, répliqua Meredith. Près de chez moi, il y avait un gars qui cultivait ses fruits et ses légumes sans engrais ni aucun produit. Parfois, quand je voyais leur aspect, ça ne me donnait pas envie de les manger. Sa moue dégoutée fit sourire Derek. En tout cas, ça n’avait rien à voir avec ce qu’on trouve au département bio du Walmart*. Donc, je ne suis pas vraiment convaincue que les produits bio des grandes surfaces le soient vraiment, conclut-elle.

    Ici, c’est certain en ce qui concerne les fruits et légumes, assura son petit ami. Tu sais, ils font des prêts à des petits agriculteurs pour qu’ils développent des produits 100% naturels. Et leur viande est garantie sans hormones. Tu verras, les aliments qu’on trouve ici ont un goût différent de ceux qu’on achète ailleurs, ajouta-t-il pour tenter de la convaincre.

    Elle lui lança un regard légèrement moqueur. Eh bien, allons voir ça ! Ils sortirent de la voiture et s’enlacèrent pour marcher jusqu’aux portes du magasin. Une fois à l'intérieur, Meredith ouvrit de grands yeux en découvrant les étalages sur lesquels les fruits et les légumes, plus vrais que nature, étaient impeccablement alignés et éclairés comme des tableaux de maîtres dans un musée.

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    C’est incroyable ! s’exclama Meredith, ébahie. Je n’ai jamais vu ça.

    Tu n’étais jamais allée chez Whole Foods ? s’étonna Derek.

    Si tu crois qu’il y a ça dans mon bled ! rétorqua Meredith. Il y en a un à Louisville, mais c’est le bout du monde pour nous. Et puis surtout, c’est pas vraiment dans nos moyens. Derek se sentit désolé pour elle et la serra encore un peu plus fort contre lui. Malgré tous ses efforts, il avait beaucoup de mal à imaginer quel genre de vie elle avait eu dans son Kentucky natal. Il avait toujours fait partie de ce qu’on appelle communément la jeunesse dorée et il n'avait aucune idée de ce que c’était que de grandir avec le strict minimum, sans aucun luxe. Ecoles privées, université renommée, vacances à Aspen l’hiver, sous les tropiques l’été, voitures de sports, palaces, restaurants multi-étoilés, vêtements de marque, voilà quel avait toujours été son quotidien. Avant de rencontrer Meredith, il n’avait jamais connu quelqu’un comme elle ou, du moins, il ne s’y était jamais intéressé. Bien sûr, il était conscient de ce que son mode de vie pouvait avoir de superficiel aux yeux de la majorité des gens – la jeune fille était d’ailleurs pour beaucoup dans cette prise de conscience – mais pour être honnête, il lui aurait été très difficile d’y renoncer. Du reste, il n’en avait nulle envie. Il préférait se dire que, dorénavant, ils seraient deux à en bénéficier.

    *Chaine d’hypermarchés aux Etats-Unis


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  • Meredith lâcha la main de Derek pour prendre un panier et elle commença à déambuler entre les rayons, les yeux brillants de curiosité et d’envie. Elle avait la sensation de partir à la découverte d’un pays inconnu. Imaginez un supermarché où seraient réunis un primeur, un boucher, un charcutier, un poissonnier, un fromager, un crémier, un caviste, un traiteur, où tout est joliment agencé et où les employés sont souriants et semblent très serviables. Avec sa superficie, ses allées larges, ses caddys, ses nombreux escalators, des vendeurs dans chaque rayon, plusieurs caisses, Whole Foods était aux antipodes de la petite épicerie tenue par la vieille Marge où Anne Grey avait coutume de faire ses courses. Même la musique est sympa, se dit Meredith avant de s'arrêter quelques secondes pour observer un homme dont le travail consistait à empiler des avocats en une pyramide.

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    Un peu plus loin, un jeune garçon faisait tournoyer de la pâte à pizza dans les airs tandis qu'un de ses camarades en garnissait une autre de sauce tomate et d’autres ingrédients tous plus alléchants les uns que les autres. En face, un immense rayon crèmerie proposait un assortiment de fromages européens dont Meredith ignorait l’existence. A deux mètres de là, la poissonnerie dont le choix dépassait largement celui qu'on trouvait habituellement au Walmart, impressionna fortement la jeune fille. La comparaison s'imposa à nouveau à elle quand elle se retrouva devant la boucherie où la viande, tout aussi appétissante et variée, ne ressemblait en rien à celle, sous vide, que sa mère achetait habituellement. Quant à l’espace pâtisserie, il était le symbole de la tentation avec tous ses cupcakes, gâteaux au chocolat, muffins, pudding au riz et autres desserts. Meredith se retourna vers son compagnon qui la suivait en souriant, ravi de voir toutes ces expressions qui illuminaient son visage. Une fois de plus, il avait l’impression d’être en compagnie d’une petite fille qui découvrait ses cadeaux au pied du sapin, un matin de Noël. Ça donne trop envie de tout acheter ! lui dit-elle.

    Eh bien, ne te prive pas !

    Elle secoua la tête avec une mine triste. Non, ce ne serait pas raisonnable. Dépêchons-nous d’acheter ce qu’il nous faut et de rentrer. Je meurs de faim, rappela-t-elle en posant la main sur son ventre qu’elle entendait gargouiller.

    Tu sais, on peut manger ici, si tu veux.

    Elle posa un regard interloqué sur Derek. C’est vrai ? Il opina de la tête. Alors pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? lui reprocha-t-elle.

    Euh… parce que tu as dit que tu voulais cuisiner et que tu ne voulais plus qu’on mange ce qui vient du traiteur, répliqua-t-il pour sa défense.

    Ouais eh ben, j’ai trop faim. On n’a plus rien mangé depuis hier soir, Derek, se plaignit Meredith. Je ne pourrais pas attendre une heure de plus, surtout pas ici. Elle regarda autour d’elle avec un air désespéré. En riant, son compagnon la prit par la main pour la conduire devant un imposant buffet de salades. Dans le prolongement, il y avait un second comptoir, tout aussi grand, présentant un vaste choix de plats préparés : viandes, légumes et une quantité surprenante de spécialités étrangères, notamment de la paella, des lasagnes et des sushis. Bref, il y avait plus que l’embarras du choix. 

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    7,99$ la livre pour le salad bar, murmura Meredith à l’oreille de Derek, pour ne pas être entendue par les employés du magasin. C’est pas donné.

    Arrête de t’inquiéter pour ça, la gourmanda-t-il gentiment. Et choisis ce que tu veux manger.

    Elle longea lentement les comptoirs afin de voir tous les plats qui lui étaient proposés. C’est dingue, chuchota-t-elle encore. Il y a une étiquette sur chaque plat qui renseigne tous les ingrédients.

    Oui, ils font ça pour prévenir les gens qui ont des allergies. Derek croisa le regard impatient de l’employée qui attendait de pouvoir les servir. Alors, qu'est-ce qui te fait envie ? demanda-t-il à son amie.  

    Tout ! Elle jeta un regard gêné à la jeune femme qui se trouvait de l’autre côté du comptoir. Je ne sais pas quoi choisir. Tout a l’air tellement bon. Elle tira légèrement sur la manche de la chemise de Derek. Vas-y, toi, commence. Ça me donnera le temps de réfléchir.

    L’employée du magasin saisit une barquette et, sur les indications du chirurgien, la remplit de filets de poulet grillé, de chou-fleur au curry et de taboulé. Après bien des hésitations, Meredith opta pour du poulet au parmesan, du riz grillé aux légumes et de la purée d'épinard. Tu veux un dessert ? proposa Derek une fois qu’ils eurent reçu leurs plats.

    Meredith se retourna pour jeter un regard gourmand en direction du rayon pâtisserie avant de hocher la tête. Non, pas maintenant. Elle fit deux pas avant de s’arrêter. Mais tout à l’heure, on ira en choisir un pour ce soir, si tu veux bien. Derek acquiesça avec un grand sourire. Même s’il lui avait souvent fait la leçon sur l’importance de la diététique, il appréciait le fait qu’elle ne soit pas comme toutes ces filles qui étaient obsédées par leur apparence au point de renoncer à la bonne chère. Après avoir pris une boisson, ils allèrent rejoindre les gens qui faisaient la file devant les caisses. Meredith s’abstint de tout commentaire lorsque la caissière réclama un peu plus de trente dollars à Derek. Elle commençait à réaliser, et également à accepter, qu’en étant la compagne de ce dernier, elle accédait à un monde où l’argent ne représentait plus un problème et qu’au contraire, il allait lui permettre d’expérimenter un tas de choses qui, jusqu’à présent, lui avaient été interdites. Certes, faire ses courses dans le temple de la nourriture bio n’avait rien de si extraordinaire mais, pour Meredith, c’était le symbole de cette nouvelle vie qui s’ouvrait à elle et elle trouvait ça terriblement excitant. C’est donc avec empressement qu’elle suivit son amoureux jusqu’à l’escalator qui menait au premier étage.


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