• Meredith sut que la question n’avait rien d’innocent et qu’Addison, sans doute mise au courant de sa situation par Callie, avait la nette intention de l’humilier. Elle ne comprenait pas la raison de cet acharnement, ni comment quelques heures en compagnie de Derek avait pu faire de cette femme d'apparence si distinguée, et sans nul doute intelligente, une véritable harpie. Cependant, puisqu’il fallait engager la bataille, elle était décidée à vendre chèrement sa peau. Désolée de vous décevoir, Dr Montgomery…

    Addison, corrigea l’intéressée.

    Je ne suis pas à l’université, reprit Meredith comme si elle n’avait rien entendu. Et pour tout vous dire, Dr Montgomery – elle mit l'accent sur le titre et le nom à dessein, juste pour montrer qu’elle ne désirait aucune forme d’intimité entre elles – jusqu’à il y a quelques semaines, j’étais serveuse dans une boutique de douceurs mais j’ai eu des problèmes avec la direction, alors maintenant je suis sans emploi. Ce qui est très bien, poursuivit-elle sur un ton enjoué. Parce que ça va me laisser du temps de réviser pour passer le SAT.

    Voilà une bonne nouvelle ! s’exclama Richard. Enfin, je veux parler du SAT, bien sûr. Je vous trouve très courageuse, Meredith.

    Courageuse ou inconsciente, persifla Addison. Le SAT ? A son âge ? Vous y croyez ?

    A son âge ? s'insurgea Derek qui n’en pouvait plus de ce silence auquel Meredith l’obligeait en lui jetant régulièrement des regards implorants. Elle a vingt-et-un ans. Je crois que tous les espoirs lui sont encore permis, Montgomery. Trêve de politesses ! Cette fois, la guerre était bien déclarée.

    Peut-être, mais réussir le SAT est une chose, être admise à l’université en est une autre, rétorqua Addison. Elle s'adressa à nouveau à la jeune fille. Vous devrez établir un dossier de candidature, vous savez. Et il faudra aussi que vous fournissiez des lettres de recommandation.

    Je sais, dit simplement Meredith.

    Pour les lettres de recommandation, tu peux compter sur nous, garantit Mark en se désignant avant de pointer son doigt vers Derek. Il interrogea ensuite Callie du regard.

    Oui, bien sûr, tu peux compter sur moi aussi, s’empressa-t-elle de répondre.

    Et sur Richard aussi, renchérit Adèle. Il a des relations à Berkeley. Il parlera en votre faveur.

    Évidemment ! approuva son époux. Je joue au golf avec le président Birgeneau. Je pourrais vous le présenter. Du moins si Berkeley fait partie des universités que vous convoitez.

    Oh ! Berkeley serait parfait, balbutia Meredith, ravie de voir la tournure que prenaient les évènements. C’est une des meilleures universités du pays. Ce serait très prétentieux de ma part de faire la fine bouche. En plus – elle sourit à son compagnon – je ne serais pas loin de Derek. Ce serait l’idéal.

    Adjugé alors ! se réjouit Adèle.

    Le Professeur Bogousslavsky se pencha vers Meredith. Si je peux me permettre, Mademoiselle… pourquoi ne pas avoir passé le SAT quand vous étiez au lycée ?

    Oh mais je l’ai passé, lui apprit Meredith.

    Et elle l’a réussi, ajouta fièrement Derek. Et avec brio qui plus est. Ses résultats étaient excellents.

    Mais alors, pourquoi n’êtes-vous pas allée à l’université à la fin du lycée ? s’obstina Bogousslavsky.

    Pour des raisons financières, confessa Meredith. J’avais obtenu une bourse partielle mais il fallait suppléer pour le reste et je… je n’ai pas voulu faire de prêt.

    Mais pourquoi donc ? s’étonna Adèle. Pratiquement tous les étudiants font des prêts pour financer leurs études.

    Je sais mais j’ai eu peur, avoua Meredith. Si j’avais échoué, je me serais retrouvée endettée jusqu’au cou, et ça jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai pas osé courir ce risque. Mais maintenant, les choses ont changé – elle adressa un sourire plein de reconnaissance à Mark à qui elle avait annoncé trois jours plus tôt qu’elle acceptait l’héritage de Momsy – alors, maintenant, je peux aller à l’université.

    Il ne vous reste plus qu’à décrocher le SAT, laissa tomber Addison.

    Ça, ce ne sera qu’une formalité, assura Derek en lui lançant un regard furibond. Si Meredith ne l’avait pas fréquemment appelé au calme, par un regard ou une étreinte, il y a bien longtemps qu’il aurait réduit cette prétentieuse au silence.

    Oh ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, le pria Meredith avec un grand sourire. Malheureusement, je ne suis pas douée en sciences, expliqua-t-elle aux autres convives.

    Mais comme tu as les meilleurs professeurs du monde, ça va très bien se passer, promit Mark. Son assurance, un brin vaniteuse, fit sourire la plupart de ses compagnons de table.


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  • Décidément, vos études se présentent sous les meilleurs auspices, ma chère, déclara Addison, pleine de fiel.

    Richard ne lui laissa pas l’occasion de déverser encore sa bile. Et à quelle carrière vous destinez-vous, Meredith ?

    Derek répondit à la place de sa petite amie. Elle veut étudier la psychologie. Plus particulièrement la pédopsychologie.

    Euh… en fait, je n'en suis plus aussi sûre. Embarrassée, Meredith se mordilla les lèvres. J’avais pensé à la psychologie effectivement mais ces derniers jours, j’ai réfléchi et… je me demande si je ne ferais pas du droit. Elle remarqua l'air à la fois surpris et un peu désappointé de Derek.

    Ah le droit ! Très bon choix de carrière, s’enthousiasma Richard.

    Mais tu ne m’as jamais parlé de ça, reprocha gentiment Derek.

    Je n’en ai pas eu l’occasion, c’est tout, se défendit Meredith. En fait, quand j’étais au lycée, je voulais faire du droit. Mais toujours dans l’idée d’aider les enfants qui ont des problèmes, comme ceux qui sont maltraités ou abusés. Ensuite, je me suis dit que si je voulais les aider concrètement, être sur le terrain, je serais plus efficace avec une formation de pédopsychologue. Mais ces derniers temps, je me demande si je ne devrais pas m'en tenir au droit. Ou faire les deux. Comme ça, je pourrais aussi travailler dans les services sociaux.

    Une expression méprisante s’imprima sur le visage d’Addison Montgomery. C’est un métier de gagne-misère, ça ! 

    Peut-être mais c’est ce qui me plait, répliqua Meredith.

    Addison joua les étonnées. J’avoue que je ne vous comprends pas. Pourquoi vous fatiguer à encore faire tant d'années d’études ? Elle s’arrêta un moment pour apprécier tous les regards qui étaient fixés sur elle, tous ces gens qui étaient suspendus à ses lèvres dans l'attente de la prochaine flèche qu'elle allait décocher. Elle avait enfin retrouvé le premier rôle auquel elle était habituée. Pour se donner encore un peu de temps pour jouir de la situation, elle but une gorgée de vin avant de poursuivre. Puisque vous avez déjà tout.

    Meredith la regarda avec un air suspicieux. Je peux savoir ce que vous voulez dire par avoir déjà tout ?

    Addison prit le ton qu’elle aurait eu pour conseiller une amie. Je comprends que vous ayez envie de sortir de votre condition mais pourquoi aller à la fac puisque vous avez déjà mis la main sur le bon parti que vous espériez trouver ? Avec Derek, vous avez presque atteint le haut de l’échelle sociale. Je crois que ce sera difficile de faire mieux, conclut-elle sur un ton mielleux avant de porter à sa bouche un morceau de viande qu’elle mâcha avec beaucoup de distinction.

    Meredith pâlit sous le coup de l’affront mais elle ne perdit pas de temps pour réagir, ne voulant laisser ce soin ni à Derek qu’elle sentait prêt à bondir, ni à Mark qu’elle voyait devant elle, rouge de colère. Vous avez raison, ma chère, commença-t-elle en prenant le même ton un peu pète-sec que son interlocutrice, mais avec un calme dont elle fut la première surprise. Je ne pourrai jamais trouver mieux que Derek. Pas à cause de son argent ou de son statut social, non. Ça, je m’en moque, si vous saviez ! Elle se tourna vers l’intéressé et lui dédia un sourire ébloui. Je l'aime parce que c'est l'homme le plus gentil, le plus tendre, le plus attentionné qui soit. Et parce qu'il est très sensible, beaucoup plus qu'il ne le laisse paraitre. Elle se détourna de son petit ami pour revenir à Addison. Et aussi parce qu'il a toujours été très respectueux avec moi. Mais ça, c'est sans doute parce que je me suis fait respecter. Moi, je n'ai pas écarté les cuisses dès qu'il a sonné à ma porte. Elle voulait marquer un point en faisant cette allusion plus qu’évidente à ce qui s’était passé à New York et elle sut qu’elle avait réussi en voyant Addison passer par toutes les couleurs. Elle décida alors de porter l’estocade. Quant au haut de l’échelle sociale, si y accéder implique que je devienne comme vous, alors je préfère rester en bas. Parce que la façon dont vous vous comportez à mon égard depuis le début de ce diner est ignoble. Et surtout terriblement vulgaire. Un silence de mort ponctua ces derniers mots, chacun retenant son souffle dans l’attente de la riposte, laquelle ne vint pas. Sentant que tout le monde avait d'ores et déjà pris le parti de l'insupportable oie blanche, Addison, mortifiée, se drapa dans ce qui lui restait de dignité et se leva de table sans un mot, avant de s’éloigner d’un pas légèrement chancelant, déclarant ainsi forfait devant sa rivale. Confuse, Meredith présenta immédiatement ses excuses aux autres occupants de la table. Je suis désolée. Ce n’est pas du tout dans mes habitudes de régler mes comptes en public mais…

    Elle t’a cherchée, elle t’a trouvée ! l’interrompit Mark sur un ton catégorique. Cette femme n’est qu’une garce. Tu ferais mieux de faire un tri dans tes amis si tu veux que je reste le tien, conseilla-t-il sèchement à Callie. Elle posa sur lui un regard penaud, devinant qu’elle allait devoir se mettre en quatre pour se faire pardonner.

    En tout cas, moi, il y avait bien longtemps que je ne m’étais autant amusée dans un diner, exulta Adèle, hilare. Comme vous l’avez mouchée, Meredith ! C’était vraiment du grand art.

    C’était horrible, balbutia Meredith. Je suis désolée, répéta-t-elle en regardant Derek. Je crois bien que j’ai dépassé les bornes.

    Il la rassura d’un sourire. Tu n’as aucune raison de t’en vouloir, bébé. Mark a raison. Tu n’as fait que te défendre et tu l’as fait de façon magistrale.

    Tu n’es pas fâché alors ?


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  • Derek prit Meredith dans ses bras. Bien sûr que non ! C’est à moi que j’en veux parce que je l’ai laissée faire. Et parce qu’à cause de moi, tu te retrouves toujours dans des situations impossibles. Il allait l’embrasser quand un des organisateurs de la soirée se présenta à la table. Tous les nominés étaient invités à poser pour la photo-souvenir en compagnie du lauréat et du Dr Harper Avery. Derek et Mark quittèrent donc la table, très rapidement suivis par Richard et le Professeur Bogousslavsky qui avaient repéré des confrères avec lesquels ils voulaient parler.

    Vous ne partez pas à la recherche de votre copine, Torres ? Le ton employé par Adèle Webber permit à Meredith de comprendre qu’elle n’appréciait guère Callie.

    Non, répondit cette dernière sans hésiter. Je n’ai aucune envie de la voir pour le moment. Je n'ai pas du tout apprécié la façon dont elle s'est comportée ce soir et je vais le lui faire savoir. Elle sourit timidement à Meredith. Et pour ce que ça vaut, je suis contente pour toi et Derek. Quand je vous vois ensemble, eh bien, je sais que c’est comme ça que ça doit être. 

    Evidemment ! dit Adèle avec une certaine rudesse. Pour une fois qu’il ne tombe pas sur une Marie couche-toi là ! Elle fit signe à une dame qui était assise deux tables plus loin. Hé Barbara ! Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vues. Elle alla la rejoindre pour échanger quelques ragots.

    Elle ne m’aime pas, déplora Callie avec un sourire désabusé.

    Meredith émit un semblant de rire poli avant de se retourner ostensiblement, pour signifier qu’en ce qui la concernait, la conversation était terminée. Elle n’avait pas envie de parler avec Callie, comme si de rien n’était. Elle n’arrivait pas à se départir d’un sentiment de méfiance envers elle, sans doute plus parce qu’elle avait été la confidente, et parfois la complice, des errements de Derek que parce qu’elle avait été sa maitresse occasionnelle. Et le fait qu’elle soit à l’origine, même très indirectement, de la scène avec Addison n’allait pas arranger les choses. En cherchant Derek du regard, Meredith l’aperçut en grande discussion avec le Dr Avery. Pour lui, l’incident semblait être digéré. Ce n’était pas le cas pour elle. Elle éprouva soudain le besoin d’être seule un moment. Sans donner aucune explication, elle quitta la table pour se diriger rapidement vers l’extérieur de la salle. La foule qui se trouvait dans le lounge et le hall d’entrée la firent fuir vers l’arrière de l’hôtel. Elle cherchait un coin tranquille lorsqu’elle aperçut de la verdure par une fenêtre. Intriguée, elle approcha et découvrit un magnifique jardin avec des allées et des bancs, ce qui lui fit penser qu’il était possible de s’y promener. Un peu d’air frais et de calme, voilà qui lui ferait du bien. Elle regarda autour d’elle pour trouver la porte qui menait à ce jardin et l’aperçut deux mètres plus loin. Une fois qu’elle l’eut franchie, la tension qui pesait encore sur elle se relâcha un peu. Elle déambula lentement dans les allées, en admirant la beauté des parterres de fleurs. Ce ne fut qu’une fois assise sur un banc qu’elle s’autorisa à penser à ce qui s’était passé quelques minutes plus tôt. Est-ce que cela se passerait toujours comme ça ? Est-ce qu’il y aurait toujours une femme pour lui rappeler que Derek avait eu un passé dissipé et lui reprocher d’y avoir mis fin ? Est-ce qu’elle devrait passer le reste de sa vie à se justifier et à se défendre ? Elle n’était pas sûre d’en être capable. Le round avec Addison l’avait épuisée. Recommencer à l’infini ? Elle ne se sentait pas de taille. Elle voulait bien se battre s’il s’agissait de sauver son couple mais il n’était pas question de devenir un punching-ball pour toutes les cinglées avec lesquelles Derek avait couché. Enfin, cinglées, le mot était vite dit. Il était probable que ces femmes étaient tout à fait normales avant de croiser le chemin du beau chirurgien. Que leur avait-il fait pour qu’elles se transforment en furies ? Parce que ce n’était tout de même pas le fait d’avoir été quittée après une nuit qui pouvait leur faire perdre tout sens de la mesure ? Par exemple, cette Addison Montgomery, un médecin, chirurgienne très certainement, donc a priori pas une imbécile. De plus, on ne pouvait pas nier qu’elle avait de l’éducation et une certaine distinction. Et pourtant, elle n’avait pas hésité à laver son linge sale en public, au mépris de toutes les convenances. Alors, évidemment, Meredith ne pouvait que s'interroger sur ce qui l’avait poussée à agir de cette façon. Le séjour de Derek à New York remontait à plusieurs mois. Que s’était-il passé ce jour-là pour qu'autant de temps après, Addison soit encore aussi remontée contre son amant occasionnel ? Meredith était consciente que Derek n’était pas tendre avec tout le monde. Elle avait encore en mémoire la scène dont elle avait été le témoin, le jour de leur première rencontre, et la façon sèche, agressive, insultante même, dont il s’était adressé à cette infirmière avec laquelle, manifestement, il avait eu une relation. Cependant, même si c’était désagréable d'être traitée de cette façon, est-ce que cela valait la peine de rester bloqué dessus pendant des mois ? Ou bien est-ce qu’il y avait autre chose ? Meredith était bien placée pour savoir que, quand on avait été prise dans les filets du beau Dr Shepherd, c’était difficile de s’en libérer. Quand on avait goûté un peu de cet homme-là, on en voulait encore et encore. Mais de là à se comporter comme Addison l’avait fait ce soir, il y avait un pas que, personnellement, Meredith n’aurait jamais franchi. De plus, elle estimait que quand il y avait des comptes à régler, on les réglait avec les responsables, pas avec les personnes qui n’avaient rien à voir dans l’histoire. Evidemment, c’était plus facile de s’en prendre à une godiche comme elle qu’à un dur à cuire comme Derek. Quoique, godiche, plus tant que ça finalement ! Elle devait bien admettre qu’elle était assez fière de la façon dont elle avait réussi à clouer le bec d’Addison. Cette nouvelle assurance, elle la devait à Derek, elle le savait. Il avait fait d’elle une femme dans tous les sens du terme. Penser à tout ce que son amant lui avait apporté lui donna l’envie irrépressible d’être avec lui. Elle repartit vers l’hôtel. A l’intérieur de l’établissement, elle marcha à petits pas précipités en direction de la Salle Vénitienne, impatiente de se jeter dans les bras de son amoureux. Elle y était presque lorsqu’elle ressentit une légère douleur, davantage une gêne, sous la plante de son pied droit. Supposant qu’un petit caillou des allées du jardin s’était glissé dans son escarpin, elle arrêta de marcher pour soulever légèrement son pied et l’agiter discrètement, afin de chasser la pierraille. Deux pas supplémentaires lui apprirent que le cailloutis n’était pas délogé. Il allait falloir enlever la chaussure mais, compte tenu des gens qui se trouvaient à proximité ainsi que de sa robe échancrée, il valait mieux faire ça ailleurs. Elle s’apprêtait à se rendre aux toilettes lorsqu’elle repéra, juste avant l’entrée de la salle, un grand panneau de deux mètres de haut qui annonçait le programme des festivités prévues par l’hôtel. Son emplacement, entre une porte et le mur, créait une sorte de petite cabine qui sembla tout à fait appropriée à Meredith. Elle se faufila derrière le panneau et, s’appuyant contre le mur, retira son escarpin qu'elle secoua. Elle passa la main sous son pied, pour être certaine que rien ne restait accroché à son bas. Elle était en train de remettre sa chaussure lorsqu’elle entendit la voix de Derek. 


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  • J’ai couché avec elle il y a quelques mois, disait Derek d’un ton las. Je… je n’ai pas été très correct avec elle. Il soupira. Enfin, vous savez comment je peux être parfois.

    Meredith reconnut la voix du Dr Webber. C’est pour cette raison qu’elle s’est comportée de cette façon avec Meredith ? se renseigna ce dernier. Derek ne dit rien. Meredith supposa donc qu’il avait répondu d’un signe de tête. Ah Shep ! Les femmes vous perdront si vous n’y prenez garde, prévint Richard avec une intonation quelque peu amusée.

    Non, non, c’est fini tout ça, proclama Derek avec conviction. Meredith… ce n’est pas du pipeau. Je l’aime vraiment. Elle est… Meredith fut surprise par l’émotion qui transparaissait soudain dans sa voix. Vous l’avez vue, Richard. Elle est magnifique, et – il s’emballa – elle est intelligente, et douce, et tellement compréhensive. Elle est vraiment tout ce que je pouvais souhaiter dans mes rêves les plus fous. C’est la femme de ma vie, tout simplement.

    Richard ne put cacher qu’il était stupéfait. Oh ! Derek Shepherd qui dit ça !

    Derek eut un petit rire. Oui, je sais, c’est fou mais c’est vrai. J'en suis certain. Je n'ai jamais été aussi sûr de quelque chose de toute ma vie.

    Elle a réussi à vous faire oublier le passé ? Cette question posée par Richard fit comprendre à Meredith qu'il était au courant, du moins en partie, de l’histoire de Derek.

    Oublier ? Il y eut un blanc. Non, je ne peux pas dire ça, avoua Derek. Enfin, pas tout. Il y a des choses que je ne pourrai jamais oublier. Mais je peux vivre avec maintenant et surtout, j’ai envie d’avancer. J’ai envie de faire quelque chose de ma vie, en dehors de la chirurgie. Et je ne veux le faire avec personne d'autre que Meredith.

    C’est bien. Je suis vraiment content pour vous, Derek. Le son que perçut Meredith lui fit penser que Richard tapotait le dos ou l’épaule de son meilleur chirurgien. Ce soir, vous aviez, comment dire ? Vous aviez l’air vraiment heureux. Je ne vous avais jamais vu comme ça.

    Parce que je n’ai jamais été comme ça ! affirma Derek d’une voix chaude. Elle m’a changé, Richard, et j’aime celui que je suis devenu. J’ai l’impression que je suis en train de devenir quelqu’un de bien.

    Vous l’avez toujours été, le contredit son patron. C’est juste que vous ne vouliez surtout pas que ça se sache.

    Peut-être bien, oui. Je ne sais pas.

    Et si on allait voir si la faiseuse de miracle n’est pas de retour ? proposa Richard.

    Comme elle n’entendit plus rien, Meredith présuma que les deux hommes étaient repartis dans la salle. Elle s’appuya contre le mur, le temps que les battements de son cœur se calment un peu. Les paroles de Derek l’avaient bouleversée. Ce n’étaient pas tellement les mots en soi. Aussi touchants soient-ils, ils ne lui avaient rien appris. Ce que Derek avait confié à Richard, il le lui avait déjà dit à maintes reprises depuis leur réconciliation. Non, ce qui était le plus poignant pour la jeune fille, c’était qu’il avait parlé des sentiments qu'il éprouvait pour elle à des tierces personnes qui, a priori, ne faisaient pas réellement partie de ses intimes – certains lui étaient même inconnus avant cette soirée – et il l'avait fait plusieurs fois durant la soirée. Et voilà qu'il venait de le refaire avec son patron, un homme qu'il appréciait et qu'il respectait, elle le savait. Avant, elle pouvait encore avoir des doutes sur sa sincérité. Elle pouvait se dire qu’il était prêt à tout pour la reconquérir, même à exagérer la vérité. Mais maintenant, le doute n’était plus permis. Si Derek s’était épanché de cette façon, c’était qu’il prenait leur relation très au sérieux. Et puis, sa voix avait eu des accents de vérité qui ne trompaient pas. Il l’aimait vraiment et elle avait eu raison de lui faire confiance. Elle sortit de sa cachette et courut jusqu’à la salle. Elle vit Derek, l’air préoccupé, qui était debout à côté de leur table, en train de parler à Mark, tout en parcourant la salle du regard. Elle devina qu’il la cherchait. Lorsqu’il l’aperçut, le soulagement détendit ses traits. Il se précipita à sa rencontre. Bon sang ! Où étais-tu ?

    Elle se pelotonna contre lui. Nulle part J’étais juste partie prendre un peu l’air au jardin.

    Ah ! C’était là que tu étais ! Derek soupira en refermant ses bras sur elle. Je t’ai cherchée partout, même aux toilettes, mais je n’ai pas pensé au jardin. 

    Elle s’esclaffa. Toi, tu as été dans les toilettes des femmes ?

    Ben, oui, qu’est-ce que tu crois ? bougonna Derek. J’étais inquiet, moi ! Il l’embrassa délicatement sur le front. L’autre conne t’a mené la vie dure ce soir, alors… Il la prit par la main pour la ramener à la table.

    Alors, finalement, ça ne m’a pas touchée plus que ça. Et je suis plutôt fière de moi pour la façon dont je lui ai cloué le bec, lui confia-t-elle à mi-voix. Il lui sourit et elle vit dans ses yeux qu’il éprouvait le même sentiment.  

    Ah la voilà ! s’écria Adèle. Alors, vous voyez qu’elle n’a pas disparu, votre Meredith ! Mon dieu, si vous aviez vu le cirque qu’il nous a fait ! dit-elle à la jeune fille.

    Il était prêt à appeler la police, se moqua Mark.

    Meredith rit en se rasseyant à sa place. Elle se sentait bien, d’autant plus qu’Addison semblait avoir déserté la soirée. Les conversations reprirent leur cours mais elle n’y participa guère. Elle était concentrée sur la cuisse de Derek qui était collée à la sienne, et sur leurs mains qui étaient serrées si étroitement qu’on aurait pu les croire collées, et sur le beau profil de son amoureux. Pas étonnant que toutes les femmes soient folles de lui ! se dit-elle. Mais il est à moi, maintenant, rien qu’à moi ! Elle fut submergée par une vague d’émotion, d’amour et de désir comme elle n’en avait peut-être encore jamais ressenti. Que faisaient-ils encore là, à perdre leur temps, alors qu’ils avaient tant de choses à se dire et à faire ? Elle se rapprocha de Derek et colla sa bouche à son oreille. Tu sais, je me disais, tu avais raison, murmura-t-elle d’une voix suave. On pourrait très bien la zapper, cette soirée.


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  • Derek avait à peine franchi le seuil de la péniche qu’il poussait un soupir de soulagement. Tu ne peux pas savoir comme je suis content d’être rentré. J’en avais assez de cette soirée. Tous ces gens, ces salamalecs… Il ne perdit pas de temps pour enlever sa veste qu’il jeta sans ménagement sur une chaise.

    Meredith ôta ses escarpins qu'elle abandonna dans l'entrée. Moi aussi. De toute façon, comme ils ne t’ont pas donné le prix, ils ne méritaient pas qu’on reste ! décréta-t-elle, la lippe boudeuse

    Derek la prit dans ses bras en souriant. Arrête avec ça. C’est moi qui ne méritais pas ce prix.

    Irritée qu’il persiste à la contrarier à ce sujet, Meredith se libéra de son étreinte. Mais si ! s’exclama-t-elle. Bien sûr que si !

    Il secoua doucement la tête. Non, je t’assure. Le Harper Avery récompense les chirurgiens qui ont accompli un travail émérite. Je n’ai que trente-cinq ans. Pour un médecin, c’est encore très jeune, tu sais, et en matière de chirurgie, je ne suis encore qu’un bébé.

    La comparaison amusa la jeune fille. Un bébé ? Surdoué alors !

    Si tu veux, concéda Derek avec un petit rire. Mais j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir, et ce chemin, Burke l’a déjà fait. Ce prix lui revenait sans conteste.

    En tout cas, tout le monde a dit que tu l’aurais aussi un jour, lui rappela Meredith avec fierté.

    Un jour, oui. Je l’espère du moins. Derek alla jusqu’au frigo et en sortit une bouteille de champagne français qu’il brandit en l’air. En attendant, on a tout de même quelque chose à fêter.

    Meredith se laissa tomber dans le canapé. Ah bon ! Quoi ?

    Ta victoire sur Montgomery. Derek prit deux verres dans l’armoire et y versa le champagne. Le fait que tu ne m’en veuilles pas pour ce qu’elle t’a dit. J’ai l’impression qu’on a vécu une épreuve et qu’on en est sorti indemne. Il regarda sa petite amie avec un peu d’anxiété. J’ai tort ?

    Le sourire qu'elle arbora le rassura immédiatement. Non. Je crois même qu’on est plus fort qu’avant. Elle le regarda venir à elle avec les deux coupes.

    Il lui en tendit une avant de s’asseoir à côté d’elle. A nous, murmura-t-il, les yeux brillants. Elle avait à peine porté le verre à sa bouche qu’il le lui ôtait des mains pour le poser sur la table. Je t’aime, lui dit-il simplement en la prenant contre lui. Il effleura d’abord ses lèvres en une douce caresse avant de se faire un peu plus insistant. Elle lui répondit par de petites pressions et ce fut elle qui prit l’initiative de pincer ses lèvres pour les étirer un peu. Il pointa aussitôt le bout de sa langue pour lécher les siennes. Leurs bouches s’ouvrirent simultanément pour se fondre en un baiser passionné, leurs langues se lançant dans une exploration minutieuse et se léchant avec fougue.

    Derek poussait doucement Meredith pour qu’elle s’allonge dans le canapé lorsqu’elle l’arrêta d’une main posée sur sa poitrine. Il vaudrait mieux que j’aille changer de tenue, chuchota-t-elle. Je ne voudrais pas abimer ma robe.  

    Il ne fit aucun commentaire, se contentant de se lever et de lui tendre la main pour l’aider à se remettre debout. Espère de fieffé imbécile ! se fustigea-t-il intérieurement en la regardant disparaitre dans l’escalier. Tu lui dis de prendre tout son temps mais tu te jettes sur elle. Après, tu t’étonneras qu’elle se braque ! Faut attendre le déclic, mon vieux ! Foutu déclic ! grommela-t-il en défaisant sa cravate. Il vida sa coupe de champagne d’un trait et la remplit à nouveau.

    Dans la chambre, Meredith retira précautionneusement sa robe tout en examinant le contenu de la garde-robe. Chacun de ses séjours à la péniche avait été pour elle l’occasion d’y laisser quelques vêtements et c’était un réel plaisir de les voir pendre à côté de ceux de Derek. A ses yeux, c’était un signe supplémentaire qu’ils formaient un vrai couple maintenant. Après avoir accroché sa robe à un cintre, elle s'interrogea sur ce qu'elle allait porter car elle avait envie de se sentir encore belle et sexy. Contre tout attente, elle opta pour une chemise de Derek, celle qu’elle affectionnait particulièrement parce qu’elle était du même bleu que les yeux du chirurgien. Elle l’enfila avant de se regarder dans le miroir. Hmm… De quoi ai-je l’air ? Elle fit un quart de tour à droite, puis à gauche, et se remit à nouveau de face. Elle ouvrit deux boutons et défit son chignon. Voilà. C’est mieux comme ça. Avec ses cheveux ondulés, elle était assez craquante pour tout dire. Sûre de l’effet qu’elle allait faire sur son amoureux, elle remonta pour le retrouver.

    Derek était sorti sur la terrasse. En entendant Meredith arriver, il se retourna et ses yeux brillèrent en la découvrant, pieds nus et juste en chemise. Il la trouva plus séduisante, plus désirable qu’elle ne l’avait jamais été. Calme-toi, Shepherd, calme-toi, se dit-il. Ne va pas tout foutre en l’air encore une fois ! Il l’accueillit avec un sourire. Tu es magnifique, la complimenta-t-il d’une voix chaude en la prenant contre lui. Il la dévora du regard en lui caressant la joue d’une main, tandis que l’autre venait se loger dans le creux de ses reins pour que leurs corps se rapprochent un peu. Est-ce que c’est rasoir si je dis encore que je t’aime ? Souriante, Meredith hocha la tête en lui jetant les bras autour du cou. Il reprit sa bouche pour un baiser plus en tendresse qu’en passion. Il avait tellement peur de l’effaroucher par trop d’empressement. Il avait follement envie d’elle mais il voulait surtout qu’elle aussi ait envie de lui aussi et que ce désir prenne le pas sur toutes les réserves qu’elle avait encore. Viens, rentrons, suggéra-t-il en la sentant frissonner. Tu vas attraper froid. Il la poussa délicatement à l'intérieur avant de se diriger vers la bouteille de champagne qui reposait au frais dans un seau. Alors qu’est-ce que tu veux faire ? Regarder la télévision ? Ou un DVD ?


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