• En tout cas, je suis hyper fier de toi, murmura Derek à l’oreille de Meredith. Tu as tenu le coup comme une vraie pro. Elle lui sourit sans être capable cependant de s’empêcher de trembler de tous ses membres. Inquiet, Derek se tourna vers son voisin. Bill, je la ramène chez moi et je reviens. Il prit son amie solidement par la taille. Allez, en route, jeune fille. Tu dois aller te reposer.

    Dès qu’il eut fermé la porte et qu’ils se retrouvèrent sur la passerelle, Meredith osa lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Ça va aller, n’est-ce pas ? Le bébé, je veux dire, il ne va rien lui arriver ?

    Derek serra sa compagne plus fortement contre lui. Chérie, tu n’as vraiment aucune raison de t’en faire. Le bébé va tout à fait bien maintenant. Il déposa un baiser à la racine de ses cheveux. Il va passer quelques examens à la clinique pendant que sa maman prendra un peu de repos et dans deux ou trois jours, ils pourront revenir chez eux. Il poussa la porte de sa péniche et fit entrer Meredith. Il la conduisit jusqu’au canapé où il la fit s’allonger avant d’aller à la cuisine, pour lui chercher un verre d’eau. Tiens, bois ça. Il s’assit au bord du fauteuil et lui caressa les cheveux. Tu es si pâle.

    Oh ne t’inquiète pas pour moi. Je vais bien. Elle se rassit à moitié et but une gorgée d’eau fraiche. Elle se sentit tout de suite mieux, comme si l’eau emportait ses angoisses. C’était juste un peu trop de stress pour moi, expliqua-t-elle à son amant en lui souriant.

    C’est ma faute. Jamais je n’aurais dû te laisser assister à ça, se morigéna-t-il. Je sais à quel point ça peut être impressionnant quand on n’a pas l’habitude. En plus, le petit qui ne respirait pas…

    Heureusement que tu étais là ! s’extasia Meredith en lui attrapant la main. C’était terriblement angoissant mais… mais totalement magique ! Elle le regarda avec des yeux brillants d’une folle admiration avant de l’attirer à elle. Je t’aime, lui murmura-t-elle avant de coller ses lèvres aux siennes. 

    Un toussotement mit fin à leur baiser passionné. Ils se détachèrent et aperçurent Bill qui se tenait sur le seuil, l’air embarrassé. Désolé… Ça va mieux, Meredith ? s’enquit-il en faisant trois pas à l’intérieur de la pièce.

    Oui, moi, ça va, assura-t-elle. Ne vous en faites pas. Et Naomi ?

    Elle va bien, répondit le jeune père avec un grand sourire. Elle est fatiguée mais elle est heureuse. Une fois qu’elle sera complètement rassurée sur l’état du petit, tout ira bien. Il fit une grimace destinée à leur comprendre qu’il était embêté de les déranger. A ce propos, Derek, les ambulanciers viennent d’arriver.

    J’arrive, déclara Derek. Bill fit un petit signe de la main à Meredith avant de sortir. Derek se tourna vers sa petite amie. Le temps de les mettre dans l’ambulance et j’arrive.

    Meredith s’étonna. Tu ne vas pas les accompagner ?

    Normalement, c’est ce que je ferais, admit Derek. Mais il est hors de question que je te laisse ici dans cet état.

    Mais quel état ? s’exclama Meredith en se redressant totalement. Je vais bien. J’ai juste eu un trop plein d’émotion, Derek, affirma-t-elle devant l’air sceptique de ce dernier. Cinq minutes allongée sur ce divan et je me sens déjà beaucoup mieux. Va donc t’occuper de Naomi et du bébé, c’est plus important.

    Il secoua la tête. Rien ni personne n’est plus important à mes yeux que toi, même si j’apprécie beaucoup mes voisins. Dieu sait qu’il n’avait pas envie de la laisser, surtout pas dans cet état, le teint diaphane, encore légèrement tremblante, et les lèvres qui s’étiraient en un sourire qui ne parvenait pas à donner le change. Même si c’était le devoir qui l’appelait ailleurs, il hésitait à la laisser seule. Que ferait-elle si elle avait encore un malaise ?

    Mais enfin, Derek, je vais tout à fait bien, je t’assure ! Pour le prouver, elle se leva et fit quelques pas dans le salon.

    Tu es sûre ? demanda-t-il, en la regardant évoluer dans la pièce.

    Sûre ! affirma-t-elle d’une voix ferme. Je ne suis pas en sucre, je te l’ai déjà dit. J’ai flanché, c’est vrai, mais c’était le contrecoup. C’est passé maintenant !

    Derek la rejoignit et la prit contre lui. Je ne devrais pas être absent très longtemps.

    Fais ce que tu as à faire. De toute façon, je reste ici. Je t’attends.

    Je reviens le plus vite possible, promit-il avec un sourire tendre. En attendant, tu fais comme chez toi. Et tant que tu y es, bois un coca ou un des autres trucs que tu as achetés. Un petit shoot de sucre ne te fera pas de mal. Il se pencha pour lui déposer un baiser sur les lèvres avant de repartir dans l’entrée où il enfila des baskets avant de saisir sa veste. Juste au moment de passer la porte, il se retourna encore vers Meredith. Si tu ne te sens pas bien, tu dois t’allonger et rester calme, respirer profondément. Et si malgré ça, ça ne va pas, tu m’appelles. OK ?

    C’est promis ! La jeune fille le poussa gentiment dehors. Il résista pourtant, pour l’embrasser une dernière fois avant de suivre les heureux parents que les services de secours emmenaient déjà. Elle les regarda s’éloigner sur le quai avant de refermer la porte. Elle fit quelques pas dans la pièce qui lui parut soudain bien vide. Le silence lui pesa tellement qu’elle ressentit le besoin d’allumer la télévision, sans faire aucunement attention au programme, juste pour avoir l’illusion d’une présence. Après s’être versé un soda, elle s’occupa, comme le lui avait proposé Derek, d’agencer la cuisine à sa façon. Le lave-vaisselle ayant terminé son cycle, elle en sortit les casseroles et ustensiles pour les ranger dans les armoires du bas, réservant celles du haut pour les provisions. Une étagère pour les pâtes, une autre pour les friandises, ici le café, le thé, là, le sucre, le sel… Lorsqu’elle eut fini, elle resta quelques minutes devant les armoires ouvertes pour juger du résultat. Un sourire ravi sur les lèvres, elle les referma avant de se tourner vers le salon.


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  • Meredith examina attentivement la pièce, cherchant ce qu’elle pourrait faire pour la rendre plus agréable. Après tout, Derek ne lui avait-il pas fait comprendre qu’il ne serait pas contre une touche un peu plus féminine ? Il suffirait de presque rien, dit Meredith à voix basse tout en avançant dans le living. Un joli bouquet de fleurs sur la table, une ou deux plantes vertes. Et puis, quelques bibelots peut-être… Elle secoua la tête. Non, ce ne sont que des attrape-poussières et en plus, ça ne doit pas être le genre de Derek. En revanche, un poster sur le mur… Pourquoi pas une vue de San Francisco ? J’en ai vu des magnifiques en ville. Elle fit une grimace. Enfin, moi, ça me plait mais lui… Il est né ici. Je ne vais pas lui coller un poster du Golden Gate. Il passe dessus tous les jours. Elle soupira. Un tableau ? Avec lui, ce sera l’original ou rien, se moqua-t-elle gentiment. Je pourrais peut-être faire des photos de nous. J’achète quelques beaux cadres et hop, l’affaire est faite. Ça serait tout de suite plus chaleureux. Assez contente de l’idée qu’elle venait d’avoir, elle alla prendre une barre chocolatée qu’elle mangea plus par désœuvrement que par faim, avant de revenir au salon. Curieuse, elle souleva le couvercle de la table de salon. Elle y trouva la collection de CD et de DVD de Derek. Elle prit d’abord la pile de CD et commença à les compulser. Les Clash… les Foo Fighters… ZZ Top… R.E.M…. Aerosmith… Red Hot Chili Peppers… Dire Straits. Elle fit la moue. Voilà des noms qui ne lui disaient pas grand-chose. Ah U2, s’écria-t-elle, tout heureuse d’enfin trouver quelque chose qu’elle connaissait et appréciait. Toutefois, le bilan était maigre concernant sa compatibilité musicale avec Derek. Il va hurler si j’écoute Britney ou Lady Gaga, pensa Meredith en remettant les CD à leur place. Elle s’intéressa ensuite aux DVD. Armageddon, un film de mec, mais au moins Ben Affleck est super mignon. La série des Parrains, jamais vu. Apocalypse Now… Platoon… Full Metal Jacket… Voyage au bout de l’enfer… Il faut sauver le soldat Ryan. Apparemment, Monsieur apprécie particulièrement les films de guerre, déplora-t-elle. La liste de Schindler, ah celui-là, j’ai adoré ! Les Infiltrés… Sleepers… Philadelphia, oh ça, ça m’a trop fait pleurer. Sixième sens… Syriana… Mystic River… Eh ben c’est pas très joyeux, tout ça. Et aucune comédie romantique, regretta-t-elle encore. Mais en même temps, ça m’aurait vraiment étonnée d’en trouver. Sa fouille étant terminée, elle rangea les DVD tels qu’elle les avait trouvés avant de sortir sur la terrasse. Appuyée contre la balustrade, elle apprécia le calme de l’endroit autant que la beauté du paysage et se dit que cela devait être plaisant de vivre ici.

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    Frissonnant sous la fraicheur de la nuit, elle décida de reprendre ses révisions en attendant le retour de Derek. Après avoir éteint la télévision, elle s’allongea dans le canapé et se replongea dans son manuel. Mais la biologie sans son chéri, c’était on ne peut plus rasoir. Après s’être tournée et retournée dans le divan, être descendue dans la chambre pour prendre un pull, puis être passée par la cuisine pour prendre le paquet de chips au paprika, qu’elle remit après l’avoir à peine entamé pour le remplacer par celui des bonbons, qu’elle vida à moitié, en essayant de comprendre ce qu’elle lisait, elle finit par décréter qu’il était trop tard pour étudier. Après avoir zappé sur toutes les chaines de télévision sans rien trouver qui l’intéresse, elle eut soudain l’idée de téléphoner à Taylor. Rien de tel qu’une conversation entre filles pour faire passer le temps agréablement ! Elle composa le numéro de son amie en souriant.  

    Tiens, une revenante ! s’exclama d’emblée Taylor. Quand j’ai vu ton nom sur l’écran, j’ai failli m’évanouir. Je croyais que t’avais disparu.

    Ha ha très marrant !

    Sans blague, j’étais prête à prévenir la police pour qu’ils lancent un avis de recherche, plaisanta Taylor.

    Au lieu de dire des bêtises, donne-moi plutôt des nouvelles de mon toutou préféré, répliqua Meredith. Comment il va ? Je ne lui manque pas trop ? J'espère qu'il ne déprime pas sans moi.

    Pas du tout. Il s’amuse comme un petit fou avec ses nouveaux copains, lui apprit Taylor. Et il s’est pris de passion pour ma mère parce qu’elle lui donne toujours un biscuit quand il va la voir. Alors maintenant, il lui colle aux basques. Donc tu vois, tu ne lui manques absolument pas. Une chance d’ailleurs, vu que tu n’as pas daigné appeler depuis ton départ pour avoir de ses nouvelles. Ni des miennes.  

    Meredith comprit, à entendre son ton persifleur, que Taylor lui en voulait. Je suis désolée. Je sais que j’avais promis de t’appeler dès mon arrivée à San Francisco, mais c’est à peine si j’ai eu une minute à moi.

    Taylor émit un petit ricanement. J’imagine que le beau neurochir y est pour quelque chose.

    Le petit rire léger et heureux de Meredith résonna aux oreilles de sa camarade. Oui, j’avoue.

    Alors ça veut dire que vous êtes de nouveau ensemble ? La voix de Taylor se fit plus aigüe sous l’effet de l’excitation. Mais raconte ! Qu’est-ce que tu attends ?

    Meredith eut un grand sourire. Ce qu’il y avait de bien avec Taylor, c’était qu’elle était incapable de rester fâchée longtemps. La curiosité l’emportait toujours sur la rancune. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? On est ensemble, oui, et c’est génial. Encore mieux qu’avant. Bien mieux. Sans qu’elle s’en rende compte, sa voix s’adoucit. C’est comme si ce n’était plus le même homme. Enfin si, c’est le même bien sûr mais… Tu vois, avant, c'est un peu comme s'il portait un masque. Il cachait ses sentiments. Il fallait tout deviner. Maintenant, il dit ce qu’il ressent et…

    Taylor l’interrompit. Et tu es encore plus dingue de lui qu’avant !

    Meredith secoua doucement la tête. Oui. Quoique je ne sais pas si c’est possible. J’en étais déjà tellement dingue avant.


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  • Oh, telle que je te connais, ça doit être possible, décréta Taylor en s’allongeant confortablement sur son lit. Tu te couperais le bout des seins pour lui, s’il le fallait.

    Meredith éclata de rire. Je ne vois pas en quoi cela l’aiderait. Il serait même assez déçu, je pense, si j’abimais ses jouets.

    Et t’aimes ça, hein, qu’il joue avec toi ? demanda Taylor avec un ton que Meredith qualifia de pervers.

    Ça, tu n’en sauras rien, riposta-t-elle. Elle n’avait jamais compris ces personnes qui éprouvaient le besoin de raconter ce qui se passait dans leur lit. Elle trouvait ça terriblement dégradant. Pour elle, cela relevait strictement de l’ordre du privé et cela devait le rester.

    T’es même pas marrante, lui reprocha Taylor avant d’aussitôt enchainer. Et qu’est-ce que vous faites de beau à Frisco ? A part baiser comme des fous bien entendu.

    Meredith choisit de ne pas relever la terminologie triviale utilisée par son amie. Ben, là on vient de mettre un bébé au monde.

    Pfft ! Tu parles d’un loisir ! se moqua Taylor. T’as changé d’avis ? Tu veux faire médecine maintenant ?

    Oh non, non ! s’écria Meredith en riant. Pas de risques. Non, c’est juste que la voisine a accouché à l’improviste. Son mari est venu chercher Derek et comme j’étais là… je l’ai aidé à mettre ce bébé au monde. Enfin, aider, c’est un bien grand mot, reconnut-elle. Je lui ai juste apporté des serviettes et des couvertures. Mais j’ai assisté à tout et… c’était magique !

    Et maintenant, t’as envie d’avoir des gosses, supposa Taylor sur base de l’intonation extasiée de Meredith.

    Oh j’en avais déjà envie bien avant ça ! lui confia cette dernière. Evidemment, c’est pas pour tout de suite mais un jour… oui, bien sûr, je veux en avoir.

    Et ton toubib, il en veut, lui aussi ?

    Bien sûr, affirma Meredith sans même penser au fait qu’elle et Derek n’avaient encore jamais vraiment abordé ce sujet. La seule fois où ils en avaient parlé, c’était à Aspen et lorsqu’il avait déclaré être prêt à assumer ses responsabilités, elle en avait déduit qu’il voulait des enfants. Qui n’a pas envie d’avoir des enfants ?

    Moi ! cria Taylor.

    Evidemment, tu as dix-sept ans, lui rappela son aînée. A dix-sept ans, personne n’a envie de ça. On ne pense qu’à s’amuser.

    Ben, tu viens de dire que toi, tu en as toujours voulu, rétorqua Taylor sur un ton goguenard.

    Meredith sourit. C’est vrai. Du plus loin qu’elle s’en souvenait, elle avait toujours eu l’instinct maternel, avec ses poupées d’abord qu’elle adorait habiller, déshabiller, laver, coiffer, promener ; avec les enfants du quartier ensuite, qu’elle avait gardés en l’absence de leurs parents. Devenue adolescente, le baby-sitting avait été une de ses occupations préférées, parce que non seulement cela lui permettait de gagner de l’argent assez facilement, mais surtout parce qu'elle pouvait s'occuper des petits. Elle aimait leur donner à manger ou le bain, jouer avec eux ou leur lire des histoires. Avec eux, elle pouvait être elle-même, sans craindre leur jugement. J’ai toujours adoré les enfants et j’en veux des tas.

    Je veux être marraine ! claironna Taylor. Si possible du môme dont Mark sera le parrain. Ce sera le premier alors, j’imagine. 

    C’est mon enfant qui t’intéresse ou Mark ? ironisa Meredith.

    Dans sa chambre, Taylor haussa les épaules. Rien n’interdit de joindre l’utile à l’agréable. Imagine qu’il vous arrive quelque chose, à Derek et à toi, poursuivit-elle sans se soucier de l’indélicatesse de ses propos. Je ne le souhaite pas, bien sûr, mais on ne sait jamais. Ce serait au parrain et à la marraine d’élever votre enfant. Alors tant qu’à jouer au papa et à la maman, je préfère le faire avec Mark.

    Meredith ne put s’empêcher de rire. Toi, tu ne perds pas le nord.

    Jamais ! Taylor hésita un instant avant de poser la question qui la hantait depuis que les deux chirurgiens et Meredith avaient quitté l’hacienda. Il va bien ?

    Qui ? Mark ? demanda Meredith alors qu’elle savait pertinemment qu’il ne pouvait être question que de lui. Oui, ça va. Momsy lui manque beaucoup alors, c’est un peu compliqué mais il va bien, du moins je crois.

    Je l’ai appelé plusieurs fois mais il ne répond jamais, se plaignit Taylor.

    Alors, tu devrais peut-être cesser de l’appeler, suggéra Meredith avec l’impression qu’elle marchait sur des œufs. S’il ne te répond pas, c’est sans doute parce qu’il n’a pas envie de te parler.

    N’importe quoi ! Il veut juste respecter sa promesse à la con ! s’énerva l’adolescente.


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  • Tu devrais la respecter aussi, conseilla Meredith sur un ton légèrement sentencieux.

    Taylor ignora la remarque de son amie. Il ne s’est pas remis avec sa pétasse mexicaine, j’espère ?

    Tu sais, si ce n’est pas elle, ce sera une autre, dit doucement Meredith. A ta place, je ne me ferais pas trop d’illusions.

    Mais Taylor n’était pas prête à entendre un tel discours. De toute façon, qu’elle en profite, Miss Tacos ! Parce que quand je serai à Berkeley, je vais faire un sacré ménage, j’te jure !

    Il a fait une promesse à sa grand-mère, insista Meredith. Sa grand-mère qui vient de mourir ! Il ne reviendra pas là-dessus.

    Meredith, franchement, tu me fais chier avec ta morale à la con ! Si t'as rien d'autre à dire, salut. Taylor appuya rageusement sur le bouton de son téléphone, mettant ainsi fin à la conversation.

    Meredith posa le sien sur la table en soupirant. Elle détestait faire de la peine mais d’un autre côté, elle n’avait pas eu le choix. Elle estimait ne pas avoir le droit d’encourager Taylor dans ses chimères. Cela ne serait pas honnête de sa part. Elle ne voulait pas que la jeune fille perde son temps à attendre quelque chose qui ne se produirait jamais parce que, même si Mark avait été séduit par Taylor, il ne se parjurerait pas. Le fait qu’il filtre les appels de la jeune fille en était la plus belle des preuves. Cependant, d’un autre côté, Meredith comprenait parfaitement la déception de son amie, même si elle la soupçonnait d’être plus blessée dans son orgueil que dans ses sentiments. Elle avait souvent eu l’impression que Taylor considérait Mark comme un défi à relever, une sorte de gros lot à décrocher. Oh elle ne doutait pas que la jeune fille soit sincèrement amoureuse du chirurgien, mais elle était certaine aussi que le fait que cet amour soit contrarié contribuait à l’amplifier. Elle était également convaincue que, si Taylor arrivait un jour à ses fins, sa folle passion fondrait comme neige au soleil. Bah ! Elle n’est pas comme moi. Elle finira par oublier, se dit-elle. Moi, si Derek avait agi avec moi comme Mark le fait avec elle, je serais devenue folle, je crois. S’il n’avait pas voulu de moi, ma vie aurait été foutue ! C’était lui ou personne ! Elle regarda sa montre et réalisa que cela faisait presque trois heures qu’il était parti. Elle résista à la tentation de l’appeler pour savoir comment allaient le bébé et Naomi, se contentant d’espérer que tout se passait bien. Il ne va certainement plus tarder, chuchota-t-elle pour se rassurer. Après s’être servi un verre d’eau, elle revint s’asseoir dans le divan et ralluma la télévision. En passant d'une chaine à l'autre, elle tomba sur une rediffusion d’anciens épisodes de la série "Friends". Ravie – elle avait beau avoir vu et revu les dix saisons, elle ne s’en lassait jamais – elle s’installa confortablement pour suivre les aventures des six jeunes Newyorkais. Après seulement un épisode et demi, la fatigue s’empara d’elle. Petit à petit, sans vraiment s’en apercevoir, elle glissa de plus en plus sur le canapé jusqu’à se retrouver complètement allongée. Alors, ses paupières commencèrent à peser de plus en plus lourd jusqu’à ce que ses yeux ne puissent plus rester ouverts. Elle tenta pourtant de rester attentive et sourit même deux ou trois fois en entendant certaines répliques. Mais vint un moment où elle n’entendit plus rien et ce fut à son insu qu’elle s’enfonça dans un sommeil des plus profonds.  

    Il était un peu plus de 3h du matin lorsque Derek revint chez lui, pleinement rassuré quant au sort du petit Jason et de sa maman. Avec le recul, il devait bien s’avouer qu’il avait eu chaud. Ils étaient passés à deux doigts du drame. Dans l’ambulance, quelques minutes avant d’arriver à la clinique – une véritable aubaine – Naomi avait fait une hémorragie post-partum dont Derek avait immédiatement supputé la cause : des résidus de placenta subsistaient dans l’utérus, l’empêchant de se rétracter et par conséquent d’occlure les artères que l’accouchement avait dilatées au maximum. L’accouchée exsangue avait été immédiatement emmenée en salle d’opération tandis que Derek avait tenu compagnie à Bill, complètement anéanti. Mais heureusement, l’intervention s’était parfaitement déroulée et, après avoir félicité le papa et s’être extasié sur la beauté du bébé, Derek s’était empressé de commander un taxi pour revenir auprès de Meredith. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit encore éveillée bien que, alors qu’il ouvrait la porte de sa péniche, le son de la télévision lui avait fait penser le contraire. Mais il n’avait pas éprouvé la moindre frustration de trouver la jeune fille endormie. Le simple fait qu’elle soit là lui suffisait. Aussi étonnant que cela puisse être, il n’était absolument pas déçu que leurs ébats aient été interrompus parce que, en y réfléchissant bien, ce n’était qu’un détail. Désormais, ils étaient ensemble. Ils pouvaient faire l’amour autant qu’ils le voulaient, quand ils le voulaient. L’avenir leur appartenait, il n’y avait plus aucune urgence. Il avança vers elle en souriant, tout attendri par le tableau qu’elle lui offrait. Il resta quelques secondes à l’admirer devant le canapé, au bord duquel il finit par s’asseoir. Même si cela n’était pas sa faute, il s’en voulait de l’avoir fait attendre si longtemps. Je suis désolé. J’avais espéré rentrer plus tôt, murmura-t-il. Il se remit debout et, après avoir éteint la télévision, prit le petit corps frêle de Meredith dans les bras, prenant garde de ne pas faire de mouvements trop brusques pour ne pas la réveiller. Allez, mon amour. On va se reposer. Il descendit lentement l’escalier menant à sa chambre et allongea son amie sur le lit avec un luxe de précautions. Après avoir remonté la couette sur elle, il retira son pantalon et s’allongea face à elle, son bras plié pour soutenir sa tête, l’autre main retirant les mèches de cheveux qui tombaient sur le visage angélique de Meredith. Emu devant tant de beauté et d’innocence, il s’étendit tout à fait, sans cesser de la contempler, heureux de pouvoir partager cette nouvelle intimité de couple avec elle, envahi par un sentiment étrange et indéfinissable devant cette femme qui, en ce moment, ressemblait tellement à une petite fille, avec sa bouche qui s’était avancée en une moue boudeuse. Il aurait pu passer le reste de la nuit à la regarder mais, tout à coup, sans se réveiller, elle vint se blottir contre lui. Au comble du bonheur, Derek referma ses bras sur elle, calquant sa respiration sur la sienne, ne résistant pas de temps en temps à lui donner de petits baisers sur le visage, jusqu’à ce que le sommeil ne l’emporte, lui aussi, dans un autre monde.


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  • Meredith dormait encore à poings fermés lorsqu’elle sentit un chatouillement furtif, comme le passage d’une plume, sur sa joue gauche. Sans savoir s’il s’agissait d’un rêve ou de la réalité, elle passa la main sur son visage pour chasser la sensation. Mais celle-ci se répéta après quelques secondes. En grognant mais sans ouvrir les yeux, la jeune fille se donna une légère tape pour mettre fin à la démangeaison. Un troisième chatouillis lui fit soulever légèrement les paupières. Elle entraperçut entre ses cils le visage tout proche de Derek qui lui souriait. Mmmmm, grogna-t-elle plus fort pour manifester sa désapprobation, avant de saisir son oreiller pour s’en recouvrir la tête. Mais le mouvement contribua à la réveiller complètement. Après quelques secondes, elle émergea d’en dessous le coussin. Qu’est-ce qui te prend ? demanda-t-elle à son amant sur un ton plaintif, les yeux toujours à moitié clos. Je veux dormir !

    Tu peux rester mais moi, je dois partir, répondit-il dans un murmure pour ne pas la brusquer.

    Partir ? Mais où ? gémit-elle.

    A la clinique. Derek caressa une fois encore du revers de la main la joue satinée de son amie. J’ai une intervention dans deux heures et demie.

    Meredith soupira en ouvrant légèrement les paupières, pour s’habituer petit à petit à la lumière qui baignait déjà la pièce. Et il est quelle heure, là ?

    Six heures, lui apprit Derek en faisant une petite grimace, comme s’il voulait s’excuser d’être aussi cruel.

    Six heures ! répéta Meredith, horrifiée. Cette fois, elle ouvrit carrément les yeux et remarqua que son petit ami, dont les cheveux étaient encore humides, était déjà habillé et rasé. Tu es déjà prêt ? Il fit signe que oui. Tu es beau, murmura-t-elle en lui passant la main dans ses cheveux bruns qu’elle affectionnait tant. Comment tu fais pour être aussi beau tout le temps ?

    Hum, c’est simple. Je suis amoureux de la plus jolie fille du monde, répondit Derek sur le même ton. Elle me rend heureux. Ça aide. Il se pencha pour prendre Meredith dans ses bras. Leurs lèvres s’effleurèrent plusieurs fois avant de se presser les unes contre les autres dans un baiser de plus en plus fougueux. Lorsqu’il sentit la main de son amie passer sous sa chemise pour lui caresser le ventre, il l’arrêta en l’étreignant à travers le tissu. J’aimerais… j’en ai envie, chuchota-t-il, son front appuyé contre celui de Meredith. Tu n'imagines même pas à quel point j’en ai envie. Mais j’peux pas. J’peux pas me permettre d’arriver en retard à cette intervention. Mon équipe m’attend et…

    Meredith hocha légèrement la tête. Tu n’as pas à te justifier. Je comprends, tu as des obligations. Elle se redressa pour s’asseoir et repoussa légèrement les draps. Tu me laisses combien de temps pour me préparer ?

    Tu peux rester ici si tu veux et faire la grasse matinée, lui proposa à nouveau Derek. Je vais te laisser de l’argent pour le taxi…

    Meredith lui coupa la parole. Non, je préfère partir en même temps que toi. Elle agita son index dans sa direction. Et si je voulais prendre un taxi, je saurais bien le payer moi-même ! Alors, combien de temps est-ce que tu me donnes ?

    Derek regarda sa montre. Un quart d’heure, ça te va ? dit-il avec une autre grimace.

    La jeune fille bondit hors du lit. OK. Pas une minute à perdre alors ! Elle se jeta dans les bras de son petit ami qui s’était mis debout en même temps qu’elle et lui planta un gros baiser sur les lèvres, avant de courir à la salle de bains. Tu es rentré à quelle heure finalement ? lui cria-t-elle alors qu’elle faisait déjà couler l’eau de la douche pour qu’elle soit à bonne température.

    Il devait être environ trois heures du mat’. Derek vint s’appuyer contre le chambranle de la porte et ne quitta pas Meredith des yeux tandis qu’elle se déshabillait. La vision de son corps fin et pourtant tout en rondeurs était un vrai régal.

    Et tu n’es pas crevé ? s’étonna-t-elle. Tu as dormi à peine trois heures et tu vas opérer quelqu’un ? Elle fouilla dans sa trousse de toilette à la recherche d’un élastique. Une fois qu’elle l’eut trouvé, elle releva ses cheveux et les attacha pour qu’ils ne soient pas mouillés.

    Tu sais, ce n’sera pas la première fois.

    Je ne sais pas comment tu fais. Elle se mit en-dessous du jet d’eau. Moi, je voulais t’attendre mais je crois bien que je me suis endormie dans le divan.

    Je confirme ! Derek posa ses fesses contre l’armoire du lavabo. Quand je suis rentré, tu dormais comme un loir ! Je t’ai prise dans mes bras, je t’ai descendue, je t’ai couchée et tu n’as pas bougé.

    Pourtant, j’avais pas l’impression d’être si fatiguée que ça. En plus, je regardais Friends. Normalement, ça aurait dû m’aider à tenir le coup.

    Derek fit un petit sourire amusé. Manifestement, ça n’a pas suffi.

    Faut dire qu’avec la soirée qu’on a eue… Meredith regarda autour d’elle à la recherche du flacon de savon. Derek le lui indiqua d’un signe de la main. Elle le remercia d’un sourire. Et ça s’est bien passé avec Naomi et le bébé ? se renseigna-t-elle. Quand est-ce qu'ils pourront quitter la clinique ?


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