• Derek embrassa la tempe de sa petite amie. Oui, je m’étais mal comporté et elle a bien fait de me passer un savon. C’est de ça dont j’ai besoin quand je fais des bêtises. Avec elle, je file droit.

    On dirait que vous l’avez dompté, ma jolie, constata Adèle en prenant le bras de Meredith. C’est un exploit, croyez-moi.

    Oh je ne l’ai pas dompté, protesta la jeune fille. Elle regarda Derek et lui sourit. On s’est trouvé, c’est tout.

    Et c’est la meilleure chose qui me soit arrivée, conclut-il, les yeux brillants d’une flamme que nul ne lui avait jamais vue.

    Si on allait s’asseoir à notre table ? proposa Richard. Vous voulez bien, Meredith ?

    Bien sûr qu’elle veut ! grommela Adèle. Elle ne va pas rester plantée là, toute seule. Elle regarda Meredith en levant des yeux exaspérés au ciel. Vous vous assiérez à côté de moi. Comme ça, nous pourrons papoter toutes les deux. Ils vont parler chirurgie toute la soirée, c’est assommant au possible. Meredith sourit, soulagée de s’être trouvé une alliée. Ah voilà l’autre garnement ! s’exclama soudain Adèle. Je me disais aussi…

    Meredith suivit son regard et aperçut Mark qui se dirigeait d’un pas pressé vers eux. Adèle… Mark serra l’épouse de son patron dans ses bras pour lui déposer un baiser sonore sur chaque joue. Toujours aussi ravissante. Hé, ne frappez pas. Je suis sincère, se défendit-il alors qu’elle lui donnait une tape sur la joue. Il se tourna ensuite vers Meredith. Mer, dit-il d’une voix singulièrement adoucie. Il prit les mains de la jeune fille dans les siennes et la tint à bout de bras. Son regard s’illumina devant tant de beauté. Mais comment fais-tu pour être à chaque fois plus ravissante ? Il la ramena contre lui et la serra un moment, avant de l’embrasser.

    C’est bon, c’est bon, grogna Adèle. N’en profitez pas ! Celle-là, vous ne l’aurez pas, décréta-t-elle, le sourcil froncé.

    Mais je n’en veux pas ! prétendit Mark avec aplomb. Meredith, c’est comme ma petite sœur.

    C’est ça ! Et moi, je suis Michelle Obama, rétorqua la petite et ronde Adèle en agitant son index en direction des deux chirurgiens qu’elle considérait un peu comme ses fils, elle qui n'avait pas eu d'enfant. Je vous connais trop, tous les deux, à vous échanger les filles comme des cartes Pokémon ! L’image fit pouffer Meredith. Cette Adèle semblait être un sacré personnage.

    C’est dépassé, ça, Adèle, certifia Derek en reprenant Meredith par la main pour se diriger vers leur table.

    Ouais, plus personne n’a de cartes Pokémon, ajouta Mark en leur emboitant le pas.

    Je parlais du fait de s'échanger les filles, mon vieux, rectifia Derek en souriant. Rassurez-vous, Adèle. Meredith, je ne l’échangerais pour rien au monde et je ne la prêterais à personne, même pas à mon meilleur ami. Le ton de sa voix et l’éclat de ses yeux, inondés de tendresse, prouvèrent à Adèle et Richard Webber que l’homme qu’ils avaient en face d’eux n’était plus le même que celui qu’ils avaient connu jusqu’alors.

    Puisque j’te dis que j’en veux pas ! ronchonna Mark. On est bien mieux sans bonne femme.  

    Continuez comme ça et vous finirez en vieux garçon grincheux, ironisa Adèle. Vous n’en êtes pas loin d'ailleurs. Elle ne laissa pas à Mark le temps de répondre. Richard, qui est cette femme à notre table, avec Torres ?

    Meredith tressaillit. Elle n’avait pas pensé à l’éventualité de la présence de Callie à cette soirée et Derek ne lui en avait pas parlé, peut-être parce que cela tombait sous le sens pour lui. La perspective de passer plusieurs heures avec une des ex de son petit ami ne la réjouissait aucunement. Elle se tourna vers lui et fut surprise de voir autant de contrariété inscrite sur son visage. Tu n’étais pas au courant ? l’interrogea-t-elle à mi-voix.

    Pour Callie, oui, mais… Il s’arrêta net de marcher, laissant les autres continuer leur chemin, et se mit face à Meredith. Bébé, je suis désolé. Je ne savais pas, je te jure. Ne comprenant pas où il voulait en venir, elle fronça les sourcils. La femme qui est à notre table, qui accompagne Callie – Meredith tourna la tête et remarqua, à côté de son ancienne rivale, une femme d’une trentaine d’années, très élégante, assez jolie, avec en tout cas de magnifiques longs cheveux roux, qui serrait la main de Richard – je ne sais pas ce qu’elle vient faire là mais… Derek plongea dans les yeux de Meredith un regard qui exprimait toute la désolation qu’il ressentait. J’ai eu une aventure avec elle il y a quelque temps.

    Une aventure ? balbutia Meredith.

    Oui. Enfin, j’ai couché avec elle. Juste une fois, précisa hâtivement Derek. Il lui sembla que Meredith poussait un soupir de soulagement. Oui, rassure-toi, ce n’était que le coup d’un soir, comme toutes les autres mais… Il fit une grimace. Je te connaissais déjà. Meredith se raidit. C’était au tout début quand on n’était pas vraiment ensemble, tu sais, ce fameux soir où Mark t’avait invitée au restaurant, indiqua Derek. Une fois encore, Meredith fronça les sourcils. J’avais dû partir pour New York, lui rappela Derek. Vous étiez au restaurant et tu as fait un malaise. Elle se souvint de cet épisode et secoua la tête. Je… je t’en voulais d’avoir accepté l’invitation de Mark et j’avais peur. Il se colla à elle. J’avais peur qu’il se passe quelque chose entre vous. Je t’ai téléphoné mais c’est Mark qui a répondu et il m’a dit certaines choses qui m’ont énervé. J’étais jaloux, se justifia-t-il. J’étais en rage. Callie m’avait donné l’adresse de son amie, alors…


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  • Elle t’a beaucoup marqué pour que tu te souviennes aussi bien de votre rencontre, persifla Meredith, les lèvres pincées.

    Derek la saisit par les épaules et planta son regard franc dans le sien. Je n’en ai rien à foutre de cette femme. Je m’en souviens uniquement parce que quand j’étais avec elle, c'est à toi que je pensais et alors, Callie m’a appelé pour me dire que tu avais été hospitalisée parce que tu avais fait un malaise et je me suis senti horriblement coupable, lâcha-t-il d’une seule traite.

    Meredith le regarda attentivement. Alors, elle n’a vraiment pas compté ? Tu me le jures ?

    Oui, je te le jure. Elle n’a absolument pas compté, en aucune façon, pas plus que les autres. Il lui jeta un regard désespéré qui quémandait son pardon.

    Elle se radoucit encore un peu plus. Pourquoi tu m’en parles alors ? Et pourquoi maintenant ?

    Parce qu’on va devoir passer la soirée avec elle et que je ne veux pas courir le risque que tu apprennes cette histoire par elle plutôt que par moi, expliqua Derek

    Meredith parut sceptique. Tu crois qu'elle pourrait parler de ça ici ?

    Derek grimaça légèrement. Ce n’est pas parce qu’il avait couché avec Addison Montgomery qu’il la connaissait. Il ne pouvait donc pas prévoir ce qu’elle allait dire ou faire. Mais il se souvenait de la façon dont il l’avait traitée, humiliée même, et la possibilité qu’elle ait envie de se venger ne pouvait pas être écartée. Peut-être. Je ne sais pas. Je ne la connais pas vraiment. Peut-être qu'elle ne va rien dire mais au cas où elle le ferait, au moins, tu ne seras pas étonnée. 

    D’accord. Meredith lui décocha un sourire éblouissant, qui était cependant plus un message à l’adresse de la rouquine, dont elle avait l’impression de sentir le regard fixé sur eux. Je suis prête.

    Derek lui caressa la joue. N’aie pas peur. Il est fort probable qu’il ne se passe rien mais au cas où, je ne la laisserai pas s’en prendre à toi.

    Meredith haussa légèrement les épaules. Je sais. Je n’ai pas peur. C’est juste que… Elle soupira. Je n’aime pas les conflits et les scandales, surtout en public. Je n’ai pas envie d’être impliquée dans ce genre de choses.

    Je ne la laisserai pas faire, redit Derek. On y va ? Sinon, ils vont se demander pourquoi on discute aussi longtemps. Meredith fit signe que oui. Il lui tendit la main avec un sourire timide et elle le lui rendit, en entremêlant leurs doigts. Ils parcoururent la courte distance qui les séparait de la table avec, sur leurs lèvres, un sourire qui reflétait une sérénité qu’ils étaient loin de ressentir. Meredith remarqua que Derek choisissait de la présenter d’abord aux personnes qui se trouvaient à l’opposé de son ancienne conquête. Elle les salua machinalement, sans écouter leurs noms, ânonnant quelques formules de politesse, jusqu’au moment où elle arriva devant Callie. Les deux femmes firent bonne figure, s’embrassant sans chaleur mais sans animosité non plus. Meredith eut l’impression que Callie était gênée. Elle était très certainement au courant de la brève aventure newyorkaise et sans doute réalisait-elle à quel point la situation était scabreuse et Derek contrarié.

    Et ne s’en serait-elle pas rendu compte que l’attitude de celui-ci le lui aurait appris. Qu’est-ce qui t’a pris, nom de dieu ? gronda-t-il entre ses dents en l’embrassant sur la joue.

    Callie lui jeta un regard contrit. Lorsque la veille, Addison avait débarqué chez elle, à l’improviste, s’installant pour quelques jours, elle lui avait proposé d’assister à cette soirée, sans aucune arrière-pensée. Elle avait complètement oublié ce qui s’était passé à New York, quelques mois plus tôt. Ce n’est qu’en entendant son amie faire un commentaire très désobligeant à l’arrivée de Derek et Meredith qu’elle s’en était souvenu et qu’elle avait compris que cela risquait de poser un problème. Je suis désolée, chuchota-t-elle. J’avais oublié cette histoire. Je sais que c’est gênant. Surtout pour toi, ajouta-t-elle à l’intention de Meredith. Mais je suis sûre que ça va bien se passer.

    T’as intérêt, la menaça Derek. Il prit Meredith par la taille et, le visage fermé, fit deux pas en direction d’Addison. Bonsoir, dit-il froidement.

    Addison se retourna et fit semblant de le découvrir. Oh tiens, Derek ! C’est un tel plaisir de te revoir, s’écria-t-elle sur un ton que Meredith trouva horriblement mondain, c’est-à-dire très hypocrite. Addison tendit nonchalamment une main parfaitement manucurée à son amant d’un soir qui la serra à contrecœur. La dernière fois, c’était… voyons voir… Addison mit le bout de son index sur ses lèvres en levant légèrement les yeux vers le plafond, comme si elle réfléchissait. C’était chez moi, à New York, si je ne me trompe. Derek resta imperturbable. C’est ça, n’est-ce pas ? insista Addison avec un sourire que Meredith qualifia mentalement de démoniaque. Si je me souviens bien, tu étais venu…

    Derek lui coupa la parole. Je ne sais pas. J’ai oublié, dit-il sur un ton glacial. Pour marquer encore plus la distance qu’il voulait conserver entre eux, il choisit le vouvoiement. Je vous présente mon amie, Meredith. Son regard métallique se réchauffa en se tournant vers celle-ci. Chérie, le Dr Montgomery.  

    Enchantée, mentit Meredith. Il ne faisait plus aucun doute pour elle que les hostilités avaient été déclenchées et qu’elle allait en faire les frais.

    Moi de même, mentit aussi Addison.

    Meredith, héla Adèle Webber. Venez vous asseoir près de moi. Derek n’aura qu’à se mettre de l’autre côté. Comme ça, il pourra parler neurologie avec le Professeur Bogousslavsky. Heureuse d’avoir une échappatoire, la jeune fille s’empressa de la rejoindre. Un problème ? s’inquiéta Adèle qui avait observé la scène.


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  • Non. Rien d’important, assura Meredith devant le regard appuyé de la dame. Elle s’assit sur la chaise que Derek lui présentait.

    Hum hum… Adèle attendit qu’il se soit assis à son tour pour se pencher vers Meredith. Vous allez faire des envieuses, lui dit-elle à voix basse. Derek a toujours eu énormément de succès auprès des femmes. Depuis que je le connais, j’en ai vu beaucoup qui ont espéré lui mettre le grappin dessus mais lui… Elle hocha doucement la tête avant de poser sa main sur celle de la jeune fille. Avant ce soir, je ne l’avais jamais vu avec quelqu’un. Si vous êtes là, ça veut dire que vous comptez énormément à ses yeux. Quoi qu’il se passe, n’oubliez pas ça.

    En prenant place à côté de Meredith, Derek croisa le regard de Mark qui était assis en face de lui, de l’autre côté de la table. Son ami qui, lui aussi, n’avait rien perdu de la scène avec Addison, fronça les sourcils en tournant légèrement la tête vers la trouble-fête. Derek comprit cette question muette et cligna des yeux en guise d’assentiment. Mark soupira. Dire qu’il avait espéré pouvoir profiter de la soirée en toute sérénité ! De quoi discutez-vous, toutes les deux ? s’enquit Derek en posant sa main sur le genou que la robe de Meredith laissait apparaitre.

    Chiffons ! prétendit Adèle. Je disais à Meredith que sa robe était magnifique.

    Oui, magnifique, approuva Derek. Il abaissa des yeux brillants de désir sur la jupe qui s’était ouverte plus largement sous la pression de sa main, dénudant ainsi toute la cuisse. En tout cas, moi, je l’adore.

    C’est une Zuhair Murad, non ? lança Addison sur un ton faussement détaché. Cela lui faisait mal au ventre mais elle devait reconnaitre que la robe était somptueuse et que cette fille – bon sang qu’elle était jeune ! – la portait avec une rare élégance.

    Pardon ? dit Meredith, pleine de méfiance. Le fait que cette femme pose une question qui semblait avoir un rapport avec leur conversation prouvait qu’elle y avait fait attention. Il en serait sûrement ainsi de toute la soirée.

    Votre robe, c’est une Zuhair Murad ? répéta Addison. Devinant que Meredith ignorait ce dont il était question, elle afficha un sourire condescendant. Zuhair Murad, vous connaissez certainement. Vous savez, ce grand couturier libanais qui habille toutes les stars.

    Meredith sut que la bataille venait d’être engagée. Sentant que Derek était prêt à intervenir, elle lui sourit tranquillement, pour le rassurer, avant de s’adresser à Addison. Non, je ne le connais pas, avoua-elle sans fausse honte. Je ne m’intéresse pas vraiment à la mode. Et désolée de vous décevoir, mais cette robe n’est pas de lui. Je n’ai pas les moyens de m’acheter des robes de grand créateur.

    Addison émit un petit rire forcé et terriblement hautain. Allons donc ! Vous avez mis la main sur un des hommes les plus riches de cette ville. Ne me dites pas que l'idée d'en profiter ne vous a jamais effleurée. Je ne vous croirais pas. Gênée, Callie lui donna une légère tape sur la jambe dont elle ne tint pas compte. Si Derek vous aime vraiment, il ne regardera pas à la dépense, vous verrez.

    Arrête ça tout de suite, lui ordonna Callie dans un souffle tandis que Mark fusillait la malveillante du regard.

    Comment osez-vous ! s'indigna Derek.

    Vous vous égarez, ma chère, commenta Adèle Webber en même temps. Addison ouvrit de grands yeux innocents pour faire croire qu'elle était étonnée d'avoir suscité ces réactions.

    Alors que jusque-là, Meredith était résolue à rester courtoise, quoi que cette horrible femme puisse lui dire, elle décida de contre-attaquer face à ces propos franchement insultants qui la renvoyaient à sa plus grande crainte depuis qu'elle sortait avec Derek, à savoir qu'on la soupçonne d'être intéressée par son argent. Merci pour le conseil mais je ne vais pas le suivre, répliqua-t-elle avec un sourire au moins aussi hypocrite que celui de sa nouvelle ennemie. J'aurais l'impression de me prostituer. Mais c'est gentil de vouloir me faire profiter de votre expérience. A ces mots, Addison blêmit. En revanche, le sourire de Derek prouva à quel point il était fier de l'esprit de répartie de sa compagne. Richard, qui venait de boire une gorgée d’eau, faillit s’étrangler de stupeur tandis que son épouse cachait sa bouche derrière sa serviette pour sourire à son aise. Mark, quant à lui, ne se gêna pas pour éclater de rire. Même Callie ne put s’empêcher de pouffer. Forte de leur soutien, Meredith toisa Addison d’un regard plein d’assurance. Moi, je n’ai pas besoin que Derek sorte sa carte de crédit pour savoir qu’il m’aime. Ses yeux se firent câlins et amoureux lorsqu’ils se posèrent sur son amant dont elle prit la main sous la table. Il m’en donne d’autres preuves tous les jours, et de bien plus belles.

    Bien parlé, Mer ! clama Mark en lui adressant un clin d’œil.

    Richard marqua son approbation par un sourire très paternel, laissant à son épouse le soin d’exprimer avec des mots ce qu’ils pensaient de la jeune fille. Mon dieu, une femme aussi ravissante qui a quelque chose dans le cerveau ! Vous avez tiré le gros lot, mon garçon, déclara Adèle en s’adressant à Derek.

    Il était temps, vous ne croyez pas ? Il éleva la main de Meredith jusqu’à ses lèvres. Ça fait plus de vingt ans que je la cherche.

    Il fallait bien lui laisser le temps de naître, ironisa Addison que toutes ces mièvreries énervaient prodigieusement.

    Derek allait répliquer vertement lorsque des applaudissements éclatèrent pour saluer l’arrivée sur l’estrade du présentateur de la soirée, réduisant ainsi le chirurgien au silence.


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  • Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue au Fairmont Hotel, déclara le présentateur. Si nous sommes ici ce soir, c’est pour rendre hommage à ce que ce pays compte de plus éminent en matière de chirurgie. Meredith sentit son cœur se gonfler de fierté à l’idée qu’elle, que tout le monde avait toujours considéré comme une godiche, avait réussi à séduire une éminence chirurgicale. Les médecins dont vous allez entendre le nom ont marqué cette année par leurs recherches et par leurs interventions, poursuivait l’animateur. Ils méritent tous d’être distingués par le prix Harper Avery et pourtant, il a fallu faire un choix.

    Ça va être toi, souffla la jeune fille à l’oreille de son amoureux.

    Il secoua doucement la tête. Non, je ne crois pas.

    Eh bien, moi, j’y crois, s’entêta Meredith.  

    L’orateur consulta ses fiches. Notre premier nominé est le Dr Preston Burke pour son essai sur la myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne. Toute la salle applaudit lorsque le dénommé Burke monta sur l’estrade pour expliquer la difficulté de ses recherches. S’ensuivit une série de termes médicaux que Meredith ne comprit pas du tout. Quand vint le moment des photos, elle préféra observer les gens autour d’elle. Ils semblaient tous tellement intéressés par le travail de ce médecin, alors qu’elle n’y entendait rien.

    Vous y comprenez quelque chose ? chuchota Adèle en se tournant vers Meredith. Celle-ci hocha la tête. Moi non plus, admit Adèle. Et pourtant, ça fait trente ans que je vis avec un des leurs. Elle fit la grimace en voyant l’image d’un cœur malade. Nous montrer ça alors qu’on va diner ! C’est d’un grossier ! Au début, ça me coupait l’appétit. Elle abaissa un regard désabusé vers son ventre rebondi. Comme vous pouvez le voir, ça m’est passé.

    Meredith étouffa un petit rire. Elle aimait bien Adèle qui, par certains côtés, comme son franc-parler, lui rappelait un peu Momsy. De toute façon, moi, je suis bien trop stressée pour avaler quoi que ce soit, lui confia-t-elle. Je voudrais tellement que Derek remporte ce prix.

    Adèle haussa légèrement les épaules. Bah, si ce n’est pas aujourd’hui, il l’aura un jour de toute façon. Richard dit souvent qu’il est le chirurgien le plus doué qu’il ait jamais vu. Et Dieu sait s’il en a déjà vu ! Elle tapota la main de Meredith. Ne perdez pas espoir.

    Derek étreignit légèrement le genou de sa petite amie. Tu ne t’ennuies pas trop ?

    Pas du tout, affirma-t-elle.

    Moi si. Je préférais de loin être à la maison avec toi.

    Ah moi pas ! Elle lui désigna la scène. J’ai hâte de te voir là-bas.

    Touché par la foi qu’elle avait en lui, il la prit délicatement par le cou et effleura ses lèvres. Je t’aime. Lorsqu’il se redressa, il vit qu’Addison les regardait avec un air goguenard. Il préféra l’ignorer. Il se moquait totalement de ce qu’elle pouvait penser de lui et de son couple. Il était heureux. Le reste lui importait peu.

    Les autres candidats au prix se succédèrent les uns aux autres. Au fil des discours, totalement hermétiques pour elle, Meredith commença à trouver le temps long. Contrairement à ce qu’elle avait dit à Derek, toutes ces théories médicales l’ennuyaient fortement, ajoutant à son stress. Lorsqu’enfin les noms de Derek et de Mark furent cités, elle se retint de pousser un cri de soulagement. Elle applaudit à tout rompre les deux hommes pendant qu’ils rejoignaient la scène. Même si elle ne comprit pas plus ce qu’ils disaient, cela lui sembla bien plus intéressant que ce qu’elle avait entendu jusqu’à présent et elle se força à ne pas détourner le regard lorsque furent diffusées les images de leur intervention sur les sœurs siamoises. Surtout, elle trouva que Derek avait une prestance folle et qu’il s’exprimait avec une aisance et un talent déconcertants. Pour elle, cela ne faisait aucun doute, il était le vainqueur tout désigné. Il lui sembla d’ailleurs que la salle était de son avis parce qu’il y eut de nouvelles acclamations quand une courte vidéo montra les petites filles faisant leurs premiers pas. Lorsque l’allocution, qui était d’ailleurs la dernière de la soirée, fut terminée, elle salua le retour de son héros par des applaudissements enthousiastes. Tu as été formidable, s’extasia-t-elle en se jetant à son cou. S’ils ne te donnent pas ce prix, c’est qu’ils n’y connaissent rien. Derek l’embrassa tendrement avant de se tourner vers le Professeur Bogousslavsky qui voulait le féliciter pour son travail.  

    Quelques minutes plus tard, de nouveaux applaudissements crépitèrent pour saluer l’arrivée derrière le pupitre d’un vieux monsieur. Adèle se pencha vers Meredith. C’est le fameux Harper Avery. C’est lui qui va remettre le prix.

    La jeune fille se raidit et agrippa la main de Derek. Son angoisse était telle qu’elle n’entendit pas le discours que prononça le fondateur du prix pas plus qu’elle n’entendit celui-ci appeler le lauréat. Elle n’était concentrée que sur Derek qu’elle ne quittait pas des yeux, s’attendant à le voir se lever d'un moment à l'autre pour rejoindre l’estrade. Lorsque la salle se mit à applaudir et que Derek ne bougea pas, elle fronça les sourcils. Elle posa sa main sur le bras de son compagnon pour attirer son attention. Qu’est-ce qui se passe ? put-il lire sur ses lèvres. Il lui fit signe de regarder vers la scène. Elle vit qu’un homme, dans lequel elle reconnut le premier médecin à avoir présenté son travail, se tenait debout derrière le pupitre et levait la main pour faire cesser les vivats. C’est lui qui a gagné ? demanda Meredith, ébahie. Derek opina de la tête en souriant. Pfft ! souffla la jeune fille. C’est trop injuste ! Toutes les personnes présentes à la table, à l’exception d’Addison Montgomery, sourirent en voyant son air profondément dépité.

    C’est dommage mais pas injuste, rectifia Derek en reprenant la main de son amie. Burke est un grand chirurgien et son travail est admirable. Il mérite amplement de recevoir ce prix.


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  • Oui, sûrement, mais toi aussi ! s’enferra Meredith. Elle était tellement déçue qu’il ne soit pas reconnu à sa juste valeur.

    Ce n’est qu’une question de temps, estima le Professeur Bogousslavsky. Un jour, vous recevrez ce prix, Shepherd. Vous aussi, Sloan, ajouta-t-il en se tournant vers l’intéressé. Ça ne fait aucun doute pour moi. Les deux hommes inclinèrent légèrement la tête pour le remercier.

    Et puis, c’est déjà très bien d’avoir été nominé, renchérit Richard. A votre âge, ça relève de l’exploit.

    Dans tous les cas, je suis vraiment fière de toi, déclara Meredith. Pour moi, tu es le meilleur.

    Les lèvres d’Addison s’étirèrent lentement en un sourire sarcastique. Dites-moi… Meredith, c’est bien ça, n’est-ce pas ? Son ton doucereux alerta Derek qui se raidit, prêt à riposter. Meredith, sur le qui-vive elle aussi, hocha doucement la tête. J’imagine que vous devez avoir des connaissances assez poussées en neurologie pour pouvoir juger aussi justement le travail de Derek, lâcha Addison qui, une fois encore, ignora l’avertissement que lui donna Callie sous la forme d’un léger coup de pied.

    Chacun perçut toute l’ironie contenue dans la question. Enervée par tant de condescendance, Adèle gigota sur sa chaise mais l’expression sur le visage de son mari la dissuada d’intervenir encore une fois. Mark lança un regard assassin à Callie pour lui faire comprendre qu’il la tenait pour responsable de ce qui était en train de se passer. Quant à Derek, il allait river son clou à cette peste de Montgomery lorsque le rire léger de Meredith résonna. Oh non, pas du tout. Je suis sans aucun doute la moins qualifiée dans cette salle pour juger la valeur de tous ces médecins, parce que justement, je n’y connais absolument rien. Elle regarda les autres convives avec un grand sourire. Je sais que je ne suis pas du tout objective et que j’ai un comportement de groupie. Mais que voulez-vous, j'aime Derek et je le trouve exceptionnel. Pour moi, tout ce qu’il fait est génial. Lorsque ses yeux se posèrent à nouveau sur Addison, son sourire s’effaça instantanément. Vous pouvez vous moquer de moi pour ça et me mépriser, mais ça m’est égal. Moi au moins, je sais ce que c’est que d’aimer et d’être aimée. Elle soutint le regard plein de hargne d’Addison. Il était hors de question qu’elle se laisse impressionner par cette pimbêche et qu’elle serve de victime expiatoire pour une faute qu’elle n’avait pas commise.

    C’est pas trop tôt ! s’exclama Adèle dont personne ne sut si elle parlait de cette nouvelle leçon que Meredith venait de donner à Addison ou des garçons qui commençaient à servir l’entrée. Toujours est-il que l’arrivée des serveurs offrit un dérivatif bien salutaire. La conversation redémarra sur la qualité du service et la présentation parfaite des plats. Les femmes s’extasièrent sur la finesse des mets tandis que les hommes vantaient la saveur du vin. Cependant, très vite, la médecine redevint le sujet principal, au grand désespoir d’Adèle qui manifesta son mécontentement par de longs soupirs et des regards excédés vers le plafond. Vous voyez, je vous l’avais dit, grommela-t-elle à Meredith. La médecine, toujours la médecine !

    Oui, ils sont passionnés, répondit Meredith en regardant Derek avec attendrissement. Ce diner était pour elle l’occasion de le découvrir sous un autre jour, moins léger, moins superficiel pour tout dire. Jusqu’à il y a peu, elle n’avait jamais réellement vu le médecin en lui. Il n’avait été que l’homme, le séducteur, l’amant, l’ami parfois. Il avait fallu qu’elle assiste à l’intervention sur Tiffany pour vraiment réaliser qu’il était bien plus que cela. Et ce soir, la cérémonie, le diner lui faisait prendre conscience que l’homme qu’elle aimait était aussi un chirurgien renommé, apprécié et respecté de ses pairs. Elle y voyait une raison supplémentaire de l’admirer.

    Comme il sentait son regard peser sur lui, Derek se tourna vers elle. La lumière qui brillait dans les yeux de la jeune fille fit naitre en lui une flambée de désir. Sans se préoccuper de ceux qui les entouraient, il se pencha pour effleurer ses lèvres, en lui étreignant délicatement la cuisse. Je ne m’occupe pas beaucoup de toi, ce soir, murmura-t-il.

    Comme d’habitude, Meredith se montra compréhensive. C’est normal. Tu as des obligations.

    Tu n’as qu’un mot à dire et on s’en va.

    Pas question que je rate le dessert !

    Qui parle de rater quoi que ce soit ? Je pourrais très bien être ton dessert, susurra Derek à son oreille sur un ton coquin. Tu sais, le genre crème glacée. Meredith saisit l’allusion qui était par ailleurs très claire et rougit violemment. Derek eut un petit rire amusé avant de nicher son visage dans le cou de son amie.

    Ce tendre aparté n’avait pas échappé à Addison. Elle n’en pouvait plus d’être obligée d’assister aux roucoulades de ces deux-là. Et tout le monde qui s’extasiait sur cette Meredith, si jolie, si gentille, si charmante et blablabla. Addison ne comprenait pas la raison de ce succès et, surtout, elle ne supportait plus de devoir jouer les seconds rôles. D’habitude, c’était elle qui monopolisait l’attention. Or, ce soir, personne ne semblait s’apercevoir de sa présence. Shepherd, tout comme les Webber et ce grand dadais de Sloan, étaient conquis par cette petite mijaurée de Meredith. Le Professeur Machinlavsky paraissait ne s’intéresser qu’à Shepherd. Quant à Callie, elle n’adressait la parole qu’à son voisin, un spécialiste canadien en orthopédie et les autres convives n’offraient aucun intérêt. Addison n’en pouvait plus de cette indifférence dont elle était l’objet. Il fallait qu’elle renverse la vapeur. Et puis, surtout, elle avait une revanche à prendre. Elle n’avait pas accepté la façon dont Meredith l’avait remise à sa place et elle comptait bien ne pas laisser ce camouflet impuni. Elle se demandait comment elle allait faire lorsque Derek et Mark commencèrent à évoquer leurs années d’université, principalement leurs fredaines d’étudiants au sein de la fraternité Phi Beta Kappa. Tout le monde s’amusa beaucoup de leurs anecdotes jusqu’à ce qu’Addison décide qu’il était temps de s’engouffrer dans la brèche qu’ils lui avaient ouverte. Et vous, Meredith, vous devez sûrement avoir aussi des histoires amusantes à nous raconter sur l’université. Elle eut un petit rire primesautier destiné à endormir la méfiance qu’elle lisait dans les yeux du couple. En tout cas, elles devraient être un peu plus récentes que celles de Derek et du Dr Sloan. Alors, racontez-nous, comment ça se passe à l’université de nos jours ? 


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