• La sonnerie du téléphone de Derek retentit, faisant tomber les amoureux du petit nuage sur lequel ils étaient juchés depuis la veille. Surprise, Meredith sursauta tandis que Derek se penchait en soufflant pour prendre l’appareil qui était dans la poche arrière de son jean. Il soupira en voyant le nom affiché sur l'écran. C’est la clinique. Meredith enfila son tanga tandis que le chirurgien répondait à son interlocuteur. Il faut que j’y aille, on m’attend pour une réunion, annonça-t-il une fois la conversation terminée, le regard empli de regrets. Je suis désolé. Il revint vers son amie, lui caressant la joue du bout des doigts, reculant maintenant devant l’aveu qu’il s’apprêtait à lui faire quelques minutes auparavant.

    Elle lui sourit vaillamment malgré la tristesse qu'elle ressentait à l’idée de déjà le quitter. Ce n’est rien. Tu m’avais prévenue, et moi, je dois aller travailler de toute façon. Comme ça, tu vas pouvoir me déposer à la boutique.

    Derek fronça les sourcils. Avec ce que tu portais hier ? Mais tu rêves ! s’exclama-t-il en rassemblant ses vêtements. Si tu crois que je vais te laisser aller bosser comme ça !

    Pourquoi pas ?

    Il revint se mettre devant elle, les yeux flamboyants de passion. Ce qui est à moi est à moi et je ne partage pas. Il lui passa une main sur la cuisse, remontant lentement le long de ses flancs pour finir sur sa poitrine qu’il flatta furtivement. Et tu es à moi.

    Et toi, tu es à moi ? chuchota Meredith, ravie de le voir aussi possessif.

    Tu le sais bien, dit Derek d’une voix rauque, la bouche déjà occupée à lui mordiller le lobe de l'oreille. Il eut un sursaut de conscience professionnelle et recula de deux pas. Il faut qu’on y aille, bébé. Passer chez toi pour que tu te changes… J’y tiens, martela-t-il comme elle ouvrait la bouche pour protester. Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel et prit la robe qu’il lui tendait. Et puis au drugstore, aussi, lui rappela-t-il avec plus de douceur. Ensuite, je file à la clinique, j’assiste à cette réunion, puis j’expédie tout le reste et je viens te chercher dès que j’ai terminé. Elle approuva d’un hochement enthousiaste de la tête. Cristina et Izzie n’allaient sûrement pas apprécier qu'elle quitte la boutique avant la fermeture, d’autant qu’elle en avait déjà raté l’ouverture, mais cela lui était égal. Rien n’avait d’importance face à Derek et à la perspective de passer plus de temps avec lui.

    Une heure plus tard, la Porsche s’arrêtait en double file devant le 10, Mason Street. Meredith sortit de la voiture et courut jusqu'à la maison, sa mini robe dévoilant ses fesses à chaque foulée. Derek la suivit du regard, heureux d’être le seul à profiter d’un si joli spectacle. Lorsque la jeune fille eut disparu à l’intérieur, il se laissa aller dans son siège, la tête en arrière, et ferma les yeux quelques instants pour réfléchir. Cependant, sa décision était prise, il le savait. Il n’avait que trop attendu déjà. Finis les hésitations, les doutes, les peurs. Et surtout, finies les conneries. C’était inutile de continuer à lutter contre ce qu’il éprouvait, d’autant plus que cela le rendait plus heureux qu’il ne l’avait jamais été. Meredith était la femme dont il avait toujours rêvé. Elle lui apportait tout ce qu’il désirait, et bien plus encore. Il était hors de question qu’il y renonce. Au contraire, désormais, il allait réellement s'impliquer et vivre cette histoire à fond.

    Meredith fut soudain à côté de lui. Ça te convient ? s’enquit-elle, moqueuse, en lui désignant le jean et le tee-shirt qu'elle avait revêtus.

    Il sourit mais ne dit rien, redémarrant sans perdre de temps, une main posée sur la cuisse de la jeune fille. Il faut qu’on parle, lâcha-t-il à brûle-pourpoint.

    Elle tourna vers lui un regard inquiet. En général, quand cette phrase était prononcée au sein d’un couple, c’était mauvais signe. De quoi ? se renseigna-t-elle d’une voix qui cachait mal son anxiété.

    De nous, de notre relation. Derek sentit qu’elle était tendue et lui prit la main pour l’étreindre. Au début, on a décidé certaines choses, on a établi des règles – Meredith pensa qu’elle les avait bien plus subies que décidées – mais depuis, notre relation a évolué. Enfin, je crois, ajouta-t-il en la regardant en coin.

    Je crois aussi, murmura-t-elle avec un sourire ravi en se rapprochant de lui pour poser la tête sur son épaule. Elle attendit quelques secondes qu’il continue de parler et se releva, étonnée par son silence. Eh bien, qu’est-ce que tu veux me dire ?

    Il eut un petit rire. Mademoiselle est impatiente ! Mais tu vas devoir attendre ce soir.

    Meredith se sentit à nouveau un peu anxieuse. Pourquoi ? On a un peu de temps avant d’arriver à la boutique.

    Oui, sans doute, mais ce ne sont pas des choses dont on discute en quelques minutes. En tout cas, pas moi. Derek quitta la route des yeux pour regarder la jeune fille avec passion. C’est important pour moi, bébé. Tu n’imagines même pas à quel point. Elle rosit devant l’intensité de son regard. J’ai tellement de choses à te dire mais je ne sais pas par où commencer. Le sourire de Derek se teinta d’embarras. Je ne suis déjà pas doué pour les relations humaines, alors pour les relations amoureuses…

    Je trouve que tu ne te débrouilles pas si mal, commenta Meredith avec un sourire tendre.

    Derek eut une moue dubitative. Ouais, si on veut. Il repéra soudain un drugstore devant lequel il stationna sa voiture. Attends-moi ici, j’en ai pour quelques minutes, prévint-il avant d’effleurer les lèvres de son amie. Il alla prendre une ordonnance dans la trousse qui se trouvait dans son coffre et entra dans le magasin. A travers les vitres, Meredith le vit qui visitait les rayons, choisissant des produits qu’elle aurait été bien incapable d’identifier à cette distance. Il avait un sourire espiègle qui le faisait ressembler à un enfant en train de faire une bonne blague. Soudain, il leva la tête et la vit qui l’observait. Il lui fit un petit signe de la main accompagné d’un sourire éblouissant qui la fit fondre. Mon dieu, qu’elle aimait cet homme ! Quelle importance qu’il ait mauvais caractère, qu’il soit ombrageux et jaloux quand par ailleurs, il savait si bien se faire pardonner ! Il était excessif, certes, mais elle devait bien avouer que cela lui plaisait. Elle aimait cette passion qu’il mettait dans tout ce qu’il faisait.


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  • Intriguée par les allers et venues que Derek faisait dans le magasin, Meredith ne le quitta pas des yeux un seul instant. Enfin, elle le vit qui se présentait au comptoir et elle devina qu’il complétait l’ordonnance. Quelques minutes plus tard, il ressortait avec, dans les bras, un sac en papier qu’il s’empressa de déposer dans son coffre. Mais qu’est-ce que tu as acheté ? demanda Meredith lorsqu’il revint s’asseoir à ses côtés. Ton sac a l'air plein à craquer. 

    Oh c’est rien, répondit-il de façon évasive, avec un sourire énigmatique.

    Meredith fronça les sourcils. Si c’est rien, dis-moi alors.

    Tu verras ça ce soir. Pour détourner son attention, Derek lui remit une petite boite. Tiens, je peux déjà te donner ça.

    Meredith reconnut la boite qui contenait la pilule du lendemain. OK. Je la prendrai si tu acceptes de me dire ce qu’il y a dans ton coffre, déclara-t-elle avec des yeux pétillants de malice, certaine d’avoir trouvé le moyen de lui faire dire ce qu’elle voulait absolument savoir.

    Derek feignit de s’indigner. Oh du chantage maintenant ! Si tu crois que c’est comme ça que tu vas m’avoir !

    Meredith fit une moue dédaigneuse. Comme tu veux. Ses yeux plantés dans ceux de son petit ami, elle releva le menton dans une attitude de défi. Alors peut-être que dans neuf mois, on t’appellera papa.

    Derek haussa légèrement les épaules. Ben, si ça doit arriver, je serai là, je te l’ai déjà dit. Pas de soucis ! Il vit à son sourire que c’était la réponse qu’elle attendait. Faudra trouver autre chose pour me faire cracher le morceau. T’es pas très douée, se gaussa-t-il. Il attrapa au vol la main avec laquelle elle voulait lui donner une tape et la porta à sa bouche. Sois patiente, bébé. Tu sauras tout ce soir, je te le promets. Un peu embarrassé, il lui tendit une deuxième boite. Tiens, ça aussi, c’est pour toi.

    Meredith lut sur l’emballage qu’il s’agissait de la pilule contraceptive. T'en as encore beaucoup, des cadeaux comme ça ? plaisanta-t-elle

    C’est pas un cadeau. C’est juste qu’on en avait déjà un peu parlé, se justifia Derek. Alors… mais évidemment, tu n’es pas obligée. Si tu ne veux pas, on peut très bien continuer avec les préservatifs. Ou un autre moyen si tu préfères.

    Ah non ! s’exclama Meredith. Elle jeta les deux médicaments dans son sac qui était à ses pieds.

    Derek éclata de rire, enchanté de l’enthousiasme qu’elle manifestait devant son initiative dont il avait craint qu’elle soit mal perçue, et se pencha vers elle pour l’embrasser, une main s’égarant déjà sur sa poitrine. Toi, tu as beaucoup de chance qu’on m’attende à la clinique, murmura-t-il en se redressant.

    Oh ! Et sinon, qu’est-ce que tu me ferais ?

    Devine ! Il promena sa main entre les cuisses de la jeune fille en s’attardant sur son entrejambe pour exercer une pression sur sa vulve. Tu te souviens du jour où on a fait l’amour dans la voiture ?

    Meredith pointa sur lui un doigt menaçant. Oui eh bien tu oublies ! J’étais morte de peur à l’idée qu’on nous découvre.

    Oh la menteuse ! s’écria Derek avec un air faussement choqué. Il redémarra avec un sourire moqueur. Je m'en souviens très bien ! Tu y as peut-être pensé les cinq premières minutes mais après…

    Meredith lui donna une légère tape sur le bras. C’est bien là le problème ! Une fois que je suis avec toi, je ne pense plus à rien d’autre et tu me fais faire tout ce que tu veux.

    Et c’est vraiment un problème ? demanda-t-il d'une voix douce.

    Parfois, reconnut Meredith avec une petite grimace. J’ai l’impression que je ne vis plus qu’en fonction de toi et ça me fait peur. Qu’est-ce qui me resterait si tu n’étais plus là ?

    Derek fut heureux d’entendre que, comme pour lui, leur relation avait pris énormément d’importance dans sa vie et que, d’une certaine façon, cela lui faisait peur. Elle comprendrait d’autant mieux ce qu’il avait à lui dire. Mais je suis là, bébé, assura-t-il. Je n’ai aucune intention de m’en aller.

    Je sais. Meredith se laissa aller contre lui, la tête posée sur son épaule et les yeux fermés, en pensant à ce destin presque hors du commun qui était le sien depuis qu’elle avait quitté Crestwood. A peine arrivée à San Francisco, elle avait rencontré le plus bel homme de la ville et, plus incroyable encore, elle avait réussi à s’en faire aimer, elle que tout le monde avait toujours considérée comme une gamine insipide, sur laquelle personne ne se retournait jamais, elle dont la trop grande naïveté l’avait souvent fait passer pour une bécasse. Ce don juan, qui pouvait prétendre à sortir avec les plus belles femmes, était tombé amoureux d’elle et, à en croire ce qu’il disait, il éprouvait plus de plaisir dans ses bras que dans ceux de toutes celles qu’il avait connues avant elle. Mais il n’y avait pas que le sexe. Derek était un homme brillant, un chirurgien de classe internationale, qui avait fait la une de tous les journaux. Par sa naissance et son métier, il avait la possibilité de fréquenter la crème de la société. Et malgré tout, c’était avec elle qu’il aimait passer le plus clair de son temps. Qui plus est, il avait foi en ses capacités, puisqu’il l’encourageait à reprendre des études, et au plus haut niveau. Meredith en arrivait à penser que peut-être, elle n’était pas aussi nulle qu’elle l’avait toujours cru. Si Derek était avec elle, c’était parce qu’elle en valait la peine. Elle sentit une confiance toute nouvelle l’envahir et, tout à coup, l’avenir ne lui fit plus aussi peur. Avec un peu d’études, le SAT était à portée de main et après, oui, après, il y aurait l’université et avec elle, la promesse de pouvoir faire enfin ce qu’elle voulait de sa vie.


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  • Meredith agita la main tandis que la Porsche s’éloignait. Elle la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans l’entrée du parking de la clinique, et pénétra alors dans la boutique, le sourire nostalgique et les yeux rêveurs. Après la soirée et la nuit qu’ils avaient passées ensemble, elle aurait aimé rester avec son amant et avoir cette fameuse conversation qu’il avait reportée à la fin de la journée. Elle était au supplice de ne pas savoir ce qu’il voulait lui dire, même si elle devinait qu’il devait s’agir de l’avenir de leur relation. Elle s’assit sur une chaise et, l’espace d’une seconde, s’imagina en robe blanche et bouquet à la main, au bras d’un Derek resplendissant de bonheur. Madame Meredith Shepherd, murmura-t-elle pour elle-même, l’air béat. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas Cristina sortir de l'arrière-boutique.

    Je ne te dérange pas, j’espère ? ironisa la jeune femme en claquant son plateau sur le comptoir. Meredith sursauta. On ne t’attendait plus, poursuivit Cristina en regardant ostensiblement sa montre.

    Meredith sourit aux anges. Oui, j’étais avec Derek et - elle eut un rire de petite fille - on n’a pas fait attention à l’heure puis, le temps de traverser la ville… Elle haussa les épaules avec, en guise d’excuse, une grimace que tout autre que Cristina aurait trouvée amusante.

    Ouais mais en attendant qui c’est qui s’est tapé tout le boulot ? grogna cette dernière avant d’exploser. Tu n’es pas la seule à avoir le droit de prendre tes aises, Meredith ! Nous aussi, on aimerait faire des grasses mat’ de temps en temps.

    Rien n’aurait pu fâcher Meredith ce matin-là. Mais pas de souci, Cristina. Vous n’aurez qu’à me faire signe. Sans plus se soucier de la mauvaise humeur de sa camarade, elle passa dans l’arrière-boutique en chantonnant. Only love… only love…

    Izzie, qui était occupée à vider le lave-vaisselle, se retourna en entendant son amie et la dévisagea d'un œil critique. Toi au moins, tu as l’air d’avoir passé une bonne soirée.

    Oh oui ! Merveilleuse, confirma Meredith avec une intonation câline, en pensant aux moments passés dans les bras de Derek. Un frisson la parcourut. Dire que, sans Izzie, elle serait restée chez elle, à se morfondre ! Elle vit soudain dans l’insistance de son amie un signe du destin. Elle n’aurait jamais dû mettre les pieds au Gravity et, Derek le lui avait dit, il ne prévoyait pas du tout d’y passer. Si Izzie ne l’avait pas poussée à sortir, elle aurait raté ce rendez-vous impromptu qui avait peut-être bien changé sa vie. La reconnaissance inonda son visage et elle enveloppa son amie d’un regard chaleureux. Et toi, comment ça s’est passé ? Elle déposa son sac et saisit une pile d’assiettes.

    C’était super jusqu’à ce que tu nous lâches, répondit Izzie sur un ton aigre. Elle claqua la porte du lave-vaisselle et se tourna vers Meredith, les deux poings sur les hanches. C’est vraiment pas sympa ce que tu as fait à Hugh. Alex l’avait invité pour toi et toi, tu l’as planté pour suivre l’autre.

    Meredith haussa légèrement le sourcil gauche. L’autre ? C’est mon petit ami, c’est quand même normal que je passe la soirée avec lui plutôt qu'avec un inconnu, fit-elle remarquer en repartant dans la salle, avec Izzie sur les talons. Elle commença à disposer les assiettes sur les tables.

    Normal ? se récria Izzie, scandalisée. Ben non, justement ! Je ne te comprends pas, Meredith. Un jour il est gentil, le lendemain, il te traite comme de la merde, puis il se casse à l’autre bout du pays et il ne te donne plus de nouvelles.

    Cristina prit la relève. Tu te morfonds pendant des jours. Tu tires la tête, ce qui, entre parenthèses, n’est pas très engageant pour les clients.

    Nous, on veut être sympa, reprit Izzie en suivant Meredith de table en table. On t'emmène avec nous pour te distraire. On passe une bonne petite soirée puis l’autre se ramène. Un sourire et un bout de papier et tu nous lâches. Tu as tout foutu en l’air ! couina-t-elle au bord des larmes. A cause de Meredith, sa soirée avec Alex avait été gâchée. Le jeune homme lui avait reproché de lui avoir demandé d’inviter un ami pour tenir compagnie à Meredith qui, selon toute vraisemblance, n’en avait nullement besoin. Un mot en entraînant un autre, ils s’étaient quittés fâchés. Alex était reparti avec ses deux copains et, ce matin, il ne s'était pas encore montré à la boutique.

    Meredith se tourna vers les deux filles, les yeux ronds d’étonnement. Ce n’est pas parce que je n’étais plus là que votre soirée a été gâchée tout de même.

    Dans la mesure où on a dû subir les jérémiades de Hugh, si ! vociféra Cristina.

    Et où est le rapport ? demanda Meredith désarmante de candeur.

    Il pensait qu’il te plaisait, répliqua Izzie. Et nous aussi, on le pensait, d’ailleurs.

    Eh bien, il a eu tort et vous aussi, estima Meredith sur un ton léger, comme si le problème la concernait à peine. D’ailleurs, elle ne voyait pas pourquoi Izzie en faisait toute une histoire. Après tout, elle ne lui avait rien demandé et elle ne lui avait rien promis non plus. Il est sympa, j’ai bien aimé discuter avec lui mais ça s’arrête là. Elle considéra ses camarades d’un air désapprobateur. Et si vous lui avez fait croire qu’il avait une chance avec moi, vous n’avez qu’à vous en prendre à vous-mêmes.

    Izzie lui décocha un regard assassin. En tout cas, la prochaine fois que tu auras besoin d’une bonne poire pour te distraire, oublie-moi, aboya-t-elle. Quand l’autre te laissera encore en plan…

    Oh ça n’arrivera plus maintenant, certifia Meredith avec un sourire triomphant. Plus jamais Derek ne l’abandonnerait. Ce soir, il allait lui dire des choses qui donneraient à leur relation une tournure plus sérieuse, plus officielle même peut-être. Ce soir, il ferait d’elle la plus heureuse des femmes, elle n’en doutait pas une seconde.


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  • Derek sortit de la chambre de son patient et regarda sa montre. Il était déjà 14h30. Il avait espéré avoir le temps de faire une pause qu’il aurait mise à profit pour rejoindre Meredith au Sweet Dream. Il adorait la surprendre en plein travail et passer un moment avec elle. C’était comme une récréation. Mais aujourd’hui, bien qu’il l’ait espéré, ce ne serait pas possible. Une réunion avec Richard Webber, quelques consultations, une intervention, voilà quel avait été son programme du matin. Et l’après-midi ne serait guère mieux. S’il voulait terminer à une heure décente et ne pas compromettre ses projets avec Meredith, il allait devoir mettre les bouchées doubles. Il décida pourtant de s’octroyer le temps de boire un café avant de regagner son bureau. Malheureusement, être chirurgien, ce n’était pas qu’inciser, retirer et recoudre. C’était aussi faire de la paperasse et il en avait des tonnes qui l’attendaient. Il aurait juste le temps de compléter quelques dossiers avant d’enchaîner sur une autre intervention.

    Il venait à peine de prendre sa tasse que Callie entra dans la pièce. C’est ici que tu te caches ! s'exclama-t-elle. Ça fait des heures que je te cherche partout.

    Derek se tourna vers elle et l’accueillit avec un sourire. C’est que tu as mal cherché, alors. Tu veux ? proposa-t-il en lui tendant son café.

    Je veux bien, merci. Elle s’approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue tout en prenant la tasse. Ça s’est bien passé à Miami ? demanda-t-elle en portant le café à ses lèvres.

    Ouais, pas trop mal. C’était intéressant. Derek appuya sur un des boutons de la machine automatique. Tu sais où est Mark ? s'enquit-il soudain sans quitter des yeux le breuvage fumant qui coulait. J’ai voulu l’appeler hier soir mais il avait éteint son téléphone et ce matin, je ne l’ai trouvé nulle part.

    Ouais, il a demandé un jour de congé. Callie fit un sourire légèrement ironique. Je crois savoir que notre ami a quelques difficultés à se remettre de la nuit dernière. Elle observa Derek qui commençait à siroter son café. Comme tout le monde, elle avait eu des échos de la brouille qui avait éloigné les deux hommes quelques jours plus tôt. Quand elle avait demandé à Mark ce qu’il en était, il s’en était tiré par un sec et sans réplique Laisse tomber, c’est qu’un connard ! Elle n’avait pu en tirer rien de plus. Ça va mieux, vous deux ? demanda-t-elle.

    Je crois que maintenant, ça va aller, oui, dit Derek d’une voix douce en pensant aux recommandations que lui avait faites Mark avant son départ pour Miami. Il m’a dit ce que j’avais besoin d’entendre. Je m’égarais et il m’a remis dans le droit chemin.

    Mark t’a remis dans le droit chemin ? répéta Callie, éberluée. A sa connaissance, Mark était plutôt le genre de personne qui vous attire dans les chemins de traverse.

    Oui, oui, je t’assure. Derek eut un petit rire avant de se laisser tomber dans le vieux canapé qui ornait la pièce. Callie s’assit à côté lui et le scruta avec attention, s’étonnant de cette paix qui imprégnait ses traits. Elle ne l’avait encore jamais vu comme ça. Il sentit son regard peser sur lui et se tourna vers elle. Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai un bouton sur le nez ?

    Elle secoua la tête. Non, pas de bouton. Quoique… - Derek fronça les sourcils – c’est tout aussi bizarre, presque plus même.

    Quoi ? Qu’est-ce que j’ai ? demanda-t-il en se passant la main sur le visage dans l’espoir d’y déceler quelque chose.

    Callie sourit avec une expression presque maternelle. Non, tu es parfait. Comme d’habitude. Elle considéra à nouveau les yeux de Derek qui brillaient, cet air serein qu’il affichait et qui faisait qu’elle avait du mal à voir en cet homme celui qu’elle avait toujours connu. C’est juste que… tu as l’air tellement… - elle hésita un instant avant de dire le fond de sa pensée - tellement heureux.

    T’es bête ! Après avoir déposé sa tasse sur la table basse, Derek se laissa aller contre le dossier du canapé avec un doux sourire. Non, tu as raison. Je suis heureux.

    Les lèvres de Callie s’étirèrent en un sourire dont elle sentit qu’il s’agissait plus d’un rictus. J’ai l’impression que Meredith y est pour quelque chose, dit-elle sur un ton plus caustique que ce qu’elle aurait voulu.

    Absorbé dans les pensées qu’avait éveillées l’évocation de sa petite amie, Derek ne perçut pas l’ironie. Oui, Meredith, murmura-t-il. Avec elle… - il prit une grande inspiration - je me sens vivant, tellement vivant et ça ne m’était plus arrivé depuis… depuis des années. Il réfléchit un instant. En fait, je ne pense même pas que ça me soit déjà arrivé. Pas à ce point. Il s’enflamma soudain. Si tu savais, Cal… Par certains aspects, elle est encore une toute petite fille mais pour d’autres, c’est déjà une femme, totalement.

    Oh oui, j’imagine sans peine quels aspects, persifla Callie, en se plantant les ongles dans les paumes sous l’effet de la nervosité. Jamais encore Derek n’avait été aussi clair avec elle quant à ce qu’il ressentait pour cette petite bécasse.

    Non, non, pas du tout. Je ne te parle pas de sexe, là, même si – il s’interrompit soudain avec, à nouveau, cette sensation que ce qui se passait entre lui et Meredith dans un lit relevait du domaine du sacré et ne pouvait donc être dévoilé – enfin bref. Ce que je veux dire, c’est qu’elle a une telle maturité. Je lui ai mené la vie dure, parfois, tu sais. Il y a des moments où j’ai même été carrément abject avec elle et, jamais, jamais, elle ne m’en a voulu. Callie ne put se retenir de hausser les épaules. Où était l’exploit ? Qui pouvait en vouloir à Derek ? Toujours inconscient des réactions que son discours suscitait, celui-ci poursuivit. On pourrait prendre ça pour de la faiblesse mais pas du tout. Elle est forte au contraire. Il faut être fort pour pouvoir pardonner le mal qu’on te fait. Et je lui ai fait du mal, je le sais.


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  • Callie gronda gentiment son ami. Oh arrête, Derek, tu exagères. Quand elle pensait à l’attitude de Derek envers Meredith, elle ne voyait que les regards amoureux dont il enveloppait la jeune fille, ses sourires épanouis quand il était en sa compagnie, les cadeaux dont il la couvrait, Aspen, la maison du parc et tout ce à quoi il avait renoncé pour être avec elle. La liste était sans fin mais ne recelait rien de mauvais.

    Malheureusement non, murmura Derek en se redressant. J’y ai beaucoup pensé ces derniers jours et le bilan n’est vraiment pas en ma faveur. Il regarda Callie avec un sourire triste. Tu vois, elle me pousse à réfléchir à mes actes, à me demander si ce que je fais est bien ou mal. C’est la première fois que ça m’arrive. Je crois qu’avec elle, je peux devenir quelqu’un de meilleur.

    Callie haussa les sourcils. Meilleur ? Moi, je trouve que tu es déjà très bien. Depuis quand devenir meilleur l’intéressait-il ? Où était passé le Derek arrogant et égoïste qu’elle avait toujours connu ? C’était cet homme-là qui était devenu son meilleur ami et dont elle était tombée amoureuse. Pas ce loukoum dégoulinant de bons sentiments.

    Il hocha lentement la tête. Tu dis ça parce que tu es mon amie, mais je sais que je ne suis pas quelqu’un de bien. Je l’ai toujours su mais maintenant… Je veux que ça change. Pour Meredith. Elle mérite quelqu’un de bien et moi… - ses yeux se teintèrent un instant de désespoir - moi, je ne veux pas la perdre. Alors, je n’ai pas le choix, conclut-il avec un sourire contrit.

    Eh bien, dis donc, ça m’a l’air très sérieux ! s’exclama Callie avec entrain, trop pour que cela sonne de façon sincère. Chaque mot de Derek était comme un uppercut à l’estomac.

    Oui, ça l’est. Enfin, ça l’est devenu. Je ne m’attendais pas du tout à ça, chuchota-t-il, une expression ravie sur le visage.

    Tu es vraiment amoureux alors ? Callie connaissait déjà la réponse mais il fallait qu’elle pose la question. Peut-être que d’entendre la vérité de la bouche de l’intéressé l’aiderait à tirer un trait définitif sur toutes ces chimères qu’elle entretenait depuis tant d’années.

    Non, je ne suis pas amoureux, déclara Derek contre toute attente. Callie le regarda avec un air interloqué. Il lui sourit. C’est bien plus fort que ça. Amoureux, je l’ai déjà été, il y a longtemps, très longtemps et c’était tout à fait différent de ce que j’éprouve maintenant. Meredith… je l’aime. Je l’aime vraiment. Dire que quelques jours plus tôt, cette seule pensée l’épouvantait et le voilà maintenant qui le clamait à qui voulait bien l’entendre. Tu fais de sacrés progrès, mon vieux, se félicita-t-il mentalement.

    C’était presque du masochisme mais Callie avait besoin qu’il mette des mots sur ce qu’elle devinait. Et au lit ? Il ne répondit pas. J’imagine que ça se passe bien, avança-t-elle en prenant soin toutefois de paraître détachée.

    Derek haussa les épaules. Oui évidemment mais ce n’est pas le plus important. Ce qui est important… Ses yeux se perdirent au loin. Ce qui est important, c’est d’être avec elle tout simplement. Ce sont tous ces petits moments qu’on partage. Il se pencha en avant et fixa son pied qui battait une mesure imaginaire. Se retrouver tous les deux dans la salle de bains le matin. La regarder choisir ses vêtements. Prendre notre petit-déjeuner ensemble. L’observer quand elle sert à la boutique, essayer de deviner ce qu’elle pense. L’écouter me parler de sa journée, de ses problèmes avec les filles, ou de ce qu’elle veut faire comme études. Tenir sa main quand on se promène. Rien que la regarder manger une glace, c’est dément. Il sourit à l’idée que cela ne devait rien évoquer de particulier pour Callie. Il se tourna vers elle. Je sais que tu dois trouver tout ça ridicule et ça l’est sûrement, d’ailleurs, reconnut-il sans en éprouver la moindre honte cependant.

    Non, ça ne l’est pas, répondit-elle en sentant les larmes lui monter aux yeux. Tu l’aimes vraiment. Enchanté de cette évidence, Derek opina de la tête en souriant. Anéantie, Callie baissa la tête pour qu’il ne devine pas son émoi. Il n’y aura plus de câlins, n’est-ce pas ? Pour nous, je veux dire, ajouta-t-elle d’une voix étranglée.

    Non, c’est fini, tout ça. Je n’en ai plus envie. Derek vit soudain une larme s’écraser en une tache sombre sur le tissu du pantalon de son amie. Il se souvint alors de tout ce que Mark lui avait dit à Aspen, de ce qu’il avait essayé de lui faire comprendre à plusieurs reprises depuis que Meredith était entrée dans leur vie. Il réalisa tout à coup que si lui n’avait jamais vu en Callie qu’une amie un peu particulière, ce sentiment n’était pas réciproque. Il s’en voulut de lui faire du mal, à elle aussi, et tenta d’atténuer ses propos. Ça n’a rien à voir avec toi, Cal. Je ne renie rien de ce qui s’est passé entre nous mais c’est fini. Je ne peux plus. Il y a Meredith maintenant. Il prit la main de son amie et la serra.

    Elle osa relever la tête vers lui. Elle était pathétique, elle le savait. Elle pouvait le lire dans ses yeux. Il la regardait avec un petit sourire qui se voulait tendre mais qui en fait n’était empreint que de pitié. C’était intolérable et, malgré cela, elle ne put s’empêcher d’insister. On pourrait se débrouiller pour qu’elle n’en sache rien.

    Mais, moi, je le saurais. Il soupira en se passant la main sur le visage. Tu vois, juste avant de partir à Miami… - il souffla tant ce souvenir était dur à évoquer – j’ai fait une connerie. Je suis allé dans un bar et je me suis tapé une inconnue, comme avant, tu vois. Callie acquiesça d'un hochement de tête. Oh oui, elle connaissait bien les habitudes de Derek. Parfois même, elle l’avait accompagné dans certaines de ses expéditions nocturnes et l’avait vu à l’œuvre. Elle n’ignorait rien des excès dans lesquels il avait parfois besoin de se plonger pour oublier ce mal-être dont il était la proie. Je l’ai repérée, je l’ai draguée, poursuivit Derek d’une voix sourde. J’ai couché avec elle et j’y ai même pris du plaisir.

    Callie se leva pour reprendre un café, légèrement rassurée par cet aveu. Donc, malgré tout l’amour qu’il avait pour sa gamine, Derek avait éprouvé le besoin de la tromper ! S’il l’avait fait une fois, il recommencerait. Rien n’était perdu. Tu l’as dit à Meredith ? l'interrogea-t-elle sur un ton le plus neutre possible.


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