• Tu vas me trouver ridicule, maugréa Meredith en s'appuyant contre le dossier du fauteuil.

    Ça, ça m’étonnerait ! s’exclama Mark.

    Après avoir encore hésité quelques secondes, Meredith décida de lui confier ses doutes. Quand j'ai quitté Crestwood, je ne savais rien de la vie et je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait. Pour moi, venir à San Francisco, c'était comme aller à la rencontre d'extraterrestres. L'image fit sourire Mark. C'est sans doute ce qu'il aurait pensé s'il avait dû se rendre à Crestwood. Au début, tu m'as vue comme une petite paysanne et tu avais raison, je m’en rends compte maintenant, admit Meredith. Je ne savais pas grand-chose, je ne connaissais rien de la vie. J'avais juste des rêves. La seule chose dont j'étais sûre, c'est que je n'arriverais pas à les réaliser si je restais coincée dans mon bled. Mais je n'osais pas me lancer et sans Cristina et Izzie, j'y serais encore, je crois. Mark lui donna un baiser sur le front, à la naissance des cheveux, en les humant, les yeux fermés pour mieux apprécier le parfum du shampoing à la lavande. Et puis, on est arrivé à San Francisco, continua la jeune fille. Et là… j'ai tout perdu. Mes illusions, mes rêves. Mes amis aussi. 

    Mark eut le cœur serré de l’entendre dresser un aussi triste bilan de sa jeune vie. Elle était tellement vulnérable, un oiseau pour le chat. Il tendit un bras vers elle pour qu’elle puisse se nicher dans le creux. Ah Mer… Tes rêves, ce ne sont que des rêves de jeunesse. Ce n’est pas si grave si tu ne les réalises pas. Tu réaliseras tous les autres. Et tes amis, bah, si tu veux mon avis, ce n'est pas une grande perte. Tu t'en feras plein d'autres, et des bien mieux. Et puis, tu m'as moi, déjà.

    Oui, je sais. Mais c'est pas ça, le problème. Ce que je veux te faire comprendre, c'est que… Meredith se redressa pour le regarder dans les yeux. Depuis que je suis arrivée à San Francisco, j'ai eu pas mal de galères. J'ai investi tout mon argent dans une affaire où je n'ai pas mon mot à dire et où, apparemment, on ne me paie pas ce qu’on me doit ; Cristina et Izzie me traitent comme si j'étais de la merde et mon ami d'enfance a essayé de me violer, récapitula-t-elle. Ce sont des choses dures à vivre, surtout pour quelqu'un comme moi qui ai toujours été très protégée, et pourtant, quand je pense à ma vie à San Francisco, à ce qui a été le plus important pour moi, à ce dont je me souviendrai jusqu'à mon dernier souffle, c'est ma rencontre avec Derek.

    Mark s’en souvenait comme si cela avait eu lieu la veille. Pourquoi avait-il fallu que ce matin-là, lorsque Derek était venu le chercher, il lui propose de passer à la boutique pour vérifier les dires du marchand de journaux ? Peut-être que, s’il y avait été seul, sa vie en aurait été changée. Dire que tu te vantes d’avoir du flair, mon vieux ! pensa-t-il.

    Et avec toi, bien sûr, ajouta Meredith.

    Oui, avec moi, se dit Mark. Mais c’était déjà trop tard. Le beau Derek était déjà penché sur toi et tu ne m’as même pas vu. Puis, moi, comme un con, je draguais la bimbo. Après… après, tu es partie avec Derek et c’était foutu. Le pire, c’est que la bimbo, je ne me la suis même pas faite. Tout ça pour ça, pesta-t-il intérieurement. Il se concentra à nouveau sur ce que disait la jeune fille.

    De ce jour-là, je n'ai plus été la même, poursuivit Meredith. Tout ce qui comptait pour moi, mes rêves, mas ambitions, mon travail, mes amis, tout est passé au second plan. Il n'y a plus eu que lui. J'ai changé pour lui, pour lui plaire. J'ai changé de style, j'ai changé de vie, au point que Cristina et Izzie m'accusent de me croire supérieure à elles maintenant.

    Ces connes, grogna Mark. Pourquoi tu t'occupes encore de ce qu'elles pensent ? Elles sont jalouses, c'est tout.  

    Meredith haussa les épaules. Peut-être. Mais peut-être qu’elles ont raison d'une certaine façon. Je ne peux pas nier qu'avec Derek, j'ai découvert un mode de vie auquel je ne pensais jamais avoir accès. Tous ces beaux vêtements qu'il m'a offerts. Et ces endroits magnifiques où il m'emmène. Ses yeux balayèrent la pièce. Comme celui-ci. Et c'est vrai qu'à cause de tout ça, je n'ai plus trop envie de retourner travailler à la boutique.

    Eh bien, n'y retourne pas alors ! s'exclama Mark.  

    Ce n'est pas comme si j'avais le choix, rétorqua Meredith. J'ai besoin de cet argent, même si ce n'est pas grand-chose.

    Ne t'inquiète pas pour ça, on trouvera une solution, promit Mark. J'en parlerai à Derek et…

    Meredith l'interrompit. Non, tu ne lui parleras de rien de tout. Je ne veux pas être dépendante de lui pour mon travail. Je le suis déjà trop pour le reste. Son ami fronça les sourcils. C'est vrai, Mark, lui dit-elle. Tu ne te rends pas compte. Quand j'ai quitté le Kentucky, j'avais de grandes ambitions, je voulais faire de grandes choses. Mais tout ce que je fais, c'est vivre en fonction de Derek. Parfois, j'ai même l'impression de ne vivre que quand il est là. Et ça, c'est terrible !  

    Lui qui avait cru que Meredith ne voulait rien d’autre qu’être la petite amie de Derek, réalisait maintenant qu’en réalité, cette situation ne la satisfaisait pas, ou plus. Jamais il n’aurait pu imaginer cela. Jusqu’à ce séjour à Aspen, il l’avait toujours crue totalement heureuse et épanouie dans sa relation. Et là, il percevait une faille et, à sa grande honte, il en éprouvait de la satisfaction. Cependant, il n’aimait pas la voir malheureuse. Il voulut donc la rassurer. D’après ce que je sais, c’est comme ça que ça se passe quand on est au début d'une relation.


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  • Meredith secoua la tête avec un air buté. Non, pas à ce point-là. La façon dont je me comporte avec lui, ce n'est pas normal, je le sais. C'est comme si j'étais droguée. Il arrive et je ne sais plus comment je m'appelle. Un regard, un sourire, et il obtient tout ce qu’il veut de moi, enragea-t-elle. Tu as vu tout à l’heure ? J'étais vraiment en colère avant qu'il rentre et je comptais bien lui faire comprendre que je n'avais pas apprécié son attitude. Je voulais lui dire qu'il n'avait pas le droit de me traiter comme ça. Et puis, il est arrivé et j'ai eu l'impression de perdre toute ma volonté.

    Tu ne lui as pas dit ce que tu avais sur le cœur ?

    Elle soupira avec un air las. Si. En tout cas, j'ai essayé. Mais pendant que je lui parlais, il me regardait, il me souriait, il m’embrassait… Oooh ! grogna-t-elle. Il est tellement sûr de lui ! Mais il a raison de l'être parce que quand il s’est déshabillé, j'ai tout oublié. Je n’ai plus pensé qu’au moment où on allait faire l’amour. Il n'a même pas eu besoin de le demander, il a compris, rien qu'à la façon dont je le regardais, que c'était ce que je voulais, déplora-t-elle. Comment je pourrais ne pas avoir envie de lui ? Il me fait grimper aux rideaux à chaque fois. Mark contracta sa mâchoire. Quand ce n’était pas l’un, c’était l’autre qui venait lui confier à quel point leur sexualité était formidable, épanouissante, hors du commun. Au nom de quoi devait-il s’infliger une telle torture ? Mais tu vois maintenant, je me demande si je ne confonds pas amour et désir, lui apprit Meredith dont la voix venait de se casser. La plupart du temps, je suis bien avec Derek, il me rend heureuse mais à peu de choses près, on ne partage que le sexe. C'est important pour un couple, je le sais, mais pour moi, l'amour, c'est autre chose que ça. Autre chose que je n'ai pas avec Derek. Alors, je ne sais plus quoi penser. Peut-être que je me suis trompée. Oh mon dieu ! Elle doutait vraiment de son amour pour Derek, bien plus que ce que Mark avait cru, en fait. Maintenant qu’il savait cela, jusqu’à quand allait-il pouvoir résister à la tentation ? Parce que tu vois, si je me suis trompée sur les sentiments que j'éprouve pour lui, peut-être que je me suis trompée aussi sur les sentiments qu'il a pour moi, lui confia-t-elle encore. J'ai toujours cru que même s'il ne s'en rendait pas compte, il était amoureux de moi mais peut-être que ce n'est pas le cas. Peut-être que toute notre relation ne repose que sur des faux-semblants.

    Malgré l’espoir qui avait envahi son cœur, Mark eut mal de la voir en pleine détresse. Mer, tout ce que tu viens de me dire, tout ce que tu penses, c’est normal. Tu es tellement jeune et tu as déjà vécu des choses si dures. Tu es perdue, tu ne sais plus vraiment ce que tu éprouves. Sa main passa sur les cheveux de Meredith avant de descendre sur le bras qu’elle caressa de l’épaule au coude. A ta place, je laisserais faire le temps.

    Meredith leva sur lui un regard où transparaissait une réelle angoisse. Tu crois que je saurai un jour ce que je ressens vraiment ?

    En se redressant, elle avait fait bouger sa robe de chambre, ce qui avait eu pour effet d’entrouvrir l’échancrure de sa chemise par laquelle Mark aperçut un sein dont le téton était dressé en avant. Il avait déjà vu sa poitrine, bien sûr, mais la première fois, il n’était que le médecin examinant sa patiente, et les circonstances dramatiques prêtaient peu au désir. Maintenant, il n’était plus que l’amoureux transi que ce spectacle mettait dans un état indescriptible. Il retint de justesse un soupir et raidit son bras pour empêcher sa main de se tendre vers le globe laiteux. Bien sûr, répondit-il enfin, en se forçant à détourner le regard. Le temps t’apportera forcément des réponses.

    J’espère que tu as raison. Meredith reprit sa place au creux de l’épaule de son ami. De toute façon, une fois qu’on sera rentré à San Francisco, je retournerai chez ma tante et je reprendrai mon travail à la boutique.

    Déjà ? Tu ne crois pas que c’est trop tôt ? Si Mark pensait effectivement qu’il était trop tôt pour retourner à la boutique, il éprouva une certaine allégresse en l’entendant dire qu’elle ne comptait pas continuer à vivre avec Derek. Comme si elle ressentait le besoin de prendre ses distances… Pourquoi te précipiter ? Tu peux continuer à vivre dans la maison du parc, tu sais, murmura-t-il.

    Meredith opina de la tête. Oui, je sais, mais si je ne le fais pas maintenant, j’ai peur de ne jamais avoir la force de m’y remettre. Et puis, je m’étais engagée à m’occuper de ma tante, c’était même la condition sine qua non pour qu’elle nous loge gratuitement et ces derniers temps, je l’ai vraiment négligée. Mais surtout, je ne veux pas continuer de dépendre de Derek. J’ai besoin de reprendre le travail si je veux continuer à envisager l’université.

    Il va falloir faire plus que l’envisager, recommanda Mark dont le regard s’était à nouveau égaré sur la poitrine de la jeune fille. Je ne t’ai pas acheté tous ces manuels pour rien. Il devait absolument trouver un moyen de se calmer, sinon il n’aurait bientôt plus la force de se contenir. La solution la plus sage aurait été de se lever et de partir mais c’était hors de question. Même si la souffrance devenait intolérable, il ne voulait pas renoncer à rester près de Meredith.

    Pour la première fois depuis le début de la conversation, celle-ci lui fit un grand sourire. Tu m’as prise en traitre sur ce coup-là. Mais tu as bien fait. Je pense que j’avais besoin qu’on me donne un coup de pied au derrière.

    Heureux de t’avoir rendu service, chuchota-t-il.

    Meredith lui donna un baiser sur la joue. Et toi ?

    Il fut directement sur la défensive. Quoi moi ?

    Comment ça se fait que tu es là ? Tu n’arrives pas à dormir, toi non plus ?


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  • Mark hocha la tête en faisant une petite grimace. Non, comme toi. Des questions sans réponses, des problèmes sans solutions. Donc insomnie.

    Et c’est quoi, tes problèmes ? Tu veux m’en parler ? demanda Meredith.

    Mark saisit le premier prétexte venu. C’est à cause de ma grand-mère. Après le coup de fil de cet après-midi, j’étais inquiet, alors je l’ai appelée.

    Pleine de compassion, Meredith lui prit la main. Et alors ? Comment va-t-elle ?

    Pas très bien. Il soupira. Son cœur est usé et, d’après ses médecins, on ne peut plus rien pour le guérir.

    Alors, il faut qu’elle voie d’autres médecins, suggéra Meredith. Tu dois bien connaitre d’excellents spécialistes.

    Je lui en ai parlé mais elle a refusé tout net.

    Et si tu insistes ?

    Mark esquissa un sourire. Ça ne changera rien. Personne ne peut obliger Momsy à faire quelque chose si elle n’en a pas envie.

    Meredith passa son bras sous celui de son ami et se serra contre lui. Ce n’est pas parce que son cœur est usé que ça veut dire qu’elle va mourir, affirma-t-elle pour le rassurer. Si elle fait attention, je suis sûre qu’elle peut vivre encore très longtemps. Et puis, rappelle-toi ce que les médecins disent toujours à ses patients : il ne faut pas perdre espoir. C’est bien ce que tu dis, non ?

    Mark fit la moue. Oui bien sûr. C’est notre rôle de leur dire ça. Mais, tu sais, dans certains cas, on le dit en sachant pertinemment que l’issue ne sera pas heureuse. Il se laissa aller en arrière, appuyant sa tête contre le dossier du canapé. Elle a évoqué plusieurs fois sa mort et ça, ça ne lui ressemble pas. Comme si elle sentait la fin venir, conclut-il dans un souffle.

    Ne sois pas triste, l’implora Meredith. Si tu es triste, je vais l’être aussi.

    Il se contenta d’opiner de la tête. Elle était là, si proche. Elle n’aurait pas pu l’être plus, son corps pesant sur le sien. Bien que cela ne l’aide pas à tenir ses promesses de ne pas succomber à la tentation, il ne bougea pas, se perdant dans son sourire et ses yeux, jusqu’à ce qu’il plonge la main dans les longues mèches blondes de la jeune fille pour les enrouler en boucles. Le silence s’installa entre eux.  

    Meredith ! Bébé ! Où es-tu ? La voix de Derek déchirant le silence de la nuit, sans se soucier aucunement de déranger le sommeil des autres habitants, fit sursauter les amis qui étaient pelotonnés l’un contre l’autre.

    Meredith se leva d’un bond en retirant à la hâte la robe de chambre qu’elle rejeta sur Mark. Je suis là, j’arrive, cria-t-elle à l’intention de Derek. Elle n’avait aucune envie qu’il la trouve en compagnie de Mark. Bien sûr, elle n’avait rien fait de mal mais elle connaissait assez son amant pour savoir qu’il n’apprécierait pas qu’elle l’ait abandonné en pleine nuit pour discuter avec Mark, en petite tenue qui plus est. J’y vais. Bonne nuit, chuchota-t-elle en faisant un petit signe de la main à son ami. Après avoir fait deux pas, elle se retourna vers lui. Merci d’avoir été à mon écoute, et aussi pour tes conseils, murmura-t-elle.

    C’est quand tu veux, répondit Mark sur le même ton. Il s’allongea dans le canapé, en pliant ses jambes, pour ne pas être vu depuis la porte, au cas où Derek arriverait.

    Meredith courut à la rencontre de son amant qui était déjà sur le palier. Voilà, je suis là Qu’est-ce que tu as cru ? Que j’avais disparu ? Mark tendit l’oreille pour essayer d’entendre la conversation.

    Mais qu’est-ce que tu faisais ? s’enquit Derek en la prenant dans ses bras. Quand il s’était éveillé et qu’il ne l’avait pas trouvée à ses côtés, il avait eu une impression étrange, comme un sentiment de peur au fond du cœur dont il n’aurait pu expliquer l’origine.

    Mais rien. Je suis montée pour boire un verre d’eau, c’est tout, se justifia-t-elle.  

    Derek fronça légèrement les sourcils. J’aurais juré t’entendre parler à quelqu’un.

    Oui, à Murphy, prétendit Meredith. Il voulait jouer, je lui ai dit de se calmer et de dormir. Elle l’enlaça par la taille pour descendre les escaliers.

    Mark n’entendit plus rien de la suite. En soufflant, il déplia ses jambes et, les deux mains sous la tête, fixa le plafond pour réfléchir. Certes, Meredith avait des doutes sur sa relation avec Derek. Mais à quelle vitesse elle s’était levée pour le rejoindre ! Et cette douceur empreinte de tendresse qu’elle avait dans la voix à chaque fois qu’elle s’adressait à lui et dont, vraisemblablement, elle n’avait pas conscience. Quant à la lueur qui s’était allumée dans ses yeux à la seconde même où elle avait entendu Derek l’appeler, Mark préférait l’oublier. Il se passa la main sur le visage en poussant un long soupir. Même si cela le faisait souffrir, il était bien obligé d’admettre que, malgré tout ce qu’elle lui avait dit ce soir, rien ne laissait entrevoir qu’il ait la moindre chance avec elle. Elle ne voyait rien d’autre en lui qu’un ami. Alors, à moins d’un soudain et peu probable retournement de situation, il allait bien devoir s’en contenter, faute de mieux.


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  • Assis sur son lit, Derek regarda d’un œil critique sa chemise qui couvrait à peine les fesses de Meredith. Tu aurais pu t’habiller autrement tout de même. Tu te baladerais nue que ce serait la même chose. Je te rappelle que nous ne sommes pas seuls dans cette maison.

    Je ne voulais pas te réveiller alors j’ai pris la première chose que j’ai trouvée, expliqua la jeune fille. De toute façon, qui est-ce qui aurait pu me voir ? A cette heure-ci, tout le monde dort.

    Ouais, ben quand même, grommela Derek. On ne sait jamais. Tu n’es pas la seule à avoir des soifs nocturnes. L’idée que tu puisses croiser Mark dans cette tenue… Son front se barra d’un pli de contrariété.

    Agacée, Meredith leva les yeux au ciel. Oh arrête ! C’est ton meilleur ami, et le mien ! Et en plus, il est médecin. Il voit plein de femmes nues tous les jours. Alors ce ne sont sûrement pas mes jambes qui vont l’émouvoir.

    Oui, il voit plein de femmes nues tous les jours, répéta Derek. Mais en général, elles sont mal foutues, c’est d’ailleurs pour ça qu’elles s’adressent à lui. Et même si c’est notre ami, Mark n’en demeure pas moins un homme. Et puis merde ! s’emporta-t-il soudain. Il serait même ton frère que ça ne me plairait pas qu’il te voie comme ça.

    Moi, il y a des tas de choses qui ne me plaisent pas ! lança Meredith sur un ton acerbe. Mais je les garde pour moi. Elle passa dans la salle de bains.

    Derek la suivit. Ah mais non, je t’en prie, vas-y, vide ton sac, la pria-t-il sèchement.

    Elle se tourna vers lui, ses joues rosies par l’énervement. Eh bien, pour commencer, tu me gonfles avec ta jalousie, tu ne peux même pas imaginer à quel point. Elle commença à tourner en rond dans l’espace réduit de la pièce en levant les bras au ciel. Monsieur m’accorde un soir par semaine et le reste du temps, je ne sais absolument pas ce qu’il fait. Mais moi, je n’ai pas le droit de bouger d’un pouce sans sa permission.

    Tu ne manques pas de culot, toi, cria Derek avant de baisser le ton devant les gestes énergiques qu’elle lui faisait. On n’a jamais respecté cette règle d’un soir par semaine. En plus, je t’ai proposé qu’on passe les week-ends ensemble. Il leva une main grande ouverte en l’air. Alors, hein ! Et puis, tu fais ce que tu veux, affirma-t-il avec une absolue mauvaise foi. Je ne t’ai jamais rien interdit. Et je ne suis absolument pas jaloux. Il ricana. Moi, jaloux, ! La bonne blague.

    Oui, c’est vrai, pardon. Tu n’es pas jaloux, tu es possessif ! asséna Meredith. Tu me considères comme ta chose, ta propriété. Sans qu’elle s’en rende compte, elle se mit à crier, elle aussi. Toi, tu peux te taper toutes les infirmières que tu veux, plusieurs à la fois même, mais moi, je devrais sortir couverte des pieds à la tête. Achète-moi une burka tant que tu y es !

    Derek pointa un doigt accusateur sur elle. Hé, les infirmières, c’est de l’histoire ancienne. Alors, ne remets pas ça sur le tapis parce que ça t’arrange. Et il n’a jamais été question de te cacher mais… mais ce qui est à moi est à moi, tonna-t-il. Alors, oui, je suis possessif, si ça t’amuse. Excuse-moi de ne pas vouloir que tous les mecs de la terre se rincent l’œil avec les fesses de ma petite amie. Il fut énervé de constater qu’aucun de ses arguments ne semblaient suffisants pour raisonner la jeune fille. Et arrête de t’agiter comme ça, tu me donnes le tournis.

    Tous les mecs de la terre ? s’indigna-t-elle en ne tenant absolument pas compte de sa demande. Tous les mecs de la terre ? Dans cette maison ? Son cœur battait à tout rompre et elle avait l’impression d’avoir couru un marathon tellement elle était essoufflée. Jamais encore, elle n’avait encore été dans un tel état de rage. Pour un peu, elle l’aurait giflé.

    Elle voulut sortir mais il la retint par le bras et elle se débattit pour lui échapper, en lui donnant des coups du plat de la main sur le torse. Cependant, il était bien plus fort qu’elle et il l’attira à lui, la retenant par un bras passé autour de la taille, tandis qu’il attrapait d’une main ses poignets, l’un après l’autre, les serrant fortement, pour l’empêcher de continuer à le frapper. Ils se lancèrent un regard terrible juste avant que, éperdu de désir, il ne se jette sur sa bouche. Le contact fut si violent que leurs dents s’entrechoquèrent. Meredith tenta de le repousser mais il la retint. Arrête, arrête, la supplia-t-il. Je ne veux pas me disputer avec toi, pas maintenant, pas pour ces conneries. Je suis jaloux, c’est vrai, reconnut-il, la voix sourde. Je te veux à moi, rien qu’à moi. Il la regarda avec des yeux de chien battu. Je… je tiens vraiment à toi, tu sais bien.

    Comme à chaque fois qu’il exprimait, même furtivement, l’ombre d’un sentiment, surtout avec ce regard-là, Meredith sentit s’évanouir sa colère. Et pourtant… "Je tiens à toi", qu’est-ce que ça pouvait bien signifier pour lui ? Il y avait tant de gens auxquels elle tenait : les membres de sa famille, Margie, la meilleure amie de sa mère qui s’occupait d’elle, parfois, quand sa mère devait travailler tard, Tante Ellis aussi, même si elle n’était plus celle qu’elle avait connue enfant, et enfin le dernier en date, Mark, l’ami auquel elle se confiait. Mais aussi fort tenait-elle à toutes ces personnes, cela ne ressemblait en rien à ce qu’elle ressentait pour Derek. Elle espérait qu’il en était de même pour lui. Peu importe qui me regarde, il n’y a que toi qui m’intéresse, murmura-t-elle avec une intonation presque douloureuse. Et je ne te permets plus d’en douter.

    OK. Derek posa son front contre celui de la jeune fille. Tu me pardonnes ? Il lui passa une main sur son visage tout en lui tendant ses lèvres. Leurs bouches s’effleuraient à peine que Derek soulevait Meredith pour l’emmener dans la chambre. Il la déposa sur la commode et lui encadra le visage avec les mains, avant de lui pincer la lèvre supérieure entre les siennes pour la tirer légèrement, et faire ensuite la même chose avec l’inférieure. Il se mit à lui lécher celle du haut tandis qu’il insinuait le pouce entre leurs bouches pour caresser en même temps celle du bas. Il fut surpris mais ravi lorsque Meredith prit son doigt en bouche pour le mordiller. Voilà une réaction à laquelle elle ne l’avait pas habitué mais dont il était plus que demandeur.


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  • Derek promena ses lèvres sur le front de son amie, puis sur ses paupières, tout en lui mettant son pouce en bouche pour qu’elle le suçote. L’image de son pénis se superposa à celle de son pouce, ce qui l’excita au plus haut point. Il reprit la bouche de sa petite amie tantôt en léchant ses lèvres, tantôt en jouant avec sa langue, ne s’en approchant d’abord que furtivement, l’attirer parfois à l’extérieur pour pouvoir la mordiller, elle aussi, et ensuite l’aspirer et la sucer, en grognant de plaisir. Quand il commença à lui palper la poitrine par-dessus le tissu de la chemise, Meredith lui passa les mains derrière la nuque pour l’attirer plus près et ouvrit plus largement sa bouche pour répondre à son baiser. Elle était faible, elle le savait, et elle s’en voulait de ne pas pouvoir résister à cette force qui, toujours, la ramenait à lui. Elle s’en était plainte à Mark et pourtant rien ne changeait. Il suffisait que Derek soit devant elle pour que toute sa volonté soit annihilée. Mais même si cette idée la dérangeait, elle avait cet homme dans la peau et elle ne voyait pas ce qui pourrait changer ça. Sûrement pas les caresses qu’il était en train de lui faire. Parce que, pendant que leurs langues rivalisaient d’audace, il lui avait écarté les jambes pour venir se placer entre elles et lui caresser l’intérieur des cuisses, des genoux jusqu’à l’aine. Il lui passa furtivement une main sur la vulve mais la retira immédiatement, ne cherchant rien d’autre pour le moment que de mettre le feu à ses sens. Meredith gémit en lui agrippant la nuque. Ses mains glissèrent sur les épaules de Derek jusqu’à sa taille, levèrent son tee-shirt et remontèrent griffer le haut de son dos. Il se cambra en grognant de plaisir et resserra les mains sur ses cuisses, en les relevant légèrement. Il lui saisit les jambes et les plaça autour de sa taille avant de la soulever à nouveau, faire volte-face et l’installer sur un petit bureau qui se trouvait de l’autre côté de la pièce. La jeune fille était à peine assise qu’il fondait à nouveau sur sa bouche et la prenait dans un baiser passionné, tandis que ses mains s’égaraient sur sa poitrine. Tentant de réfréner le désir fou qui le conduisait à se montrer trop fougueux, Derek malaxa les seins de Meredith, les pinçant délicatement pour en faire dresser les tétons. Très vite, une main passa en dessous de la chemise et remonta jusqu’à toucher la peau satinée d’un globe. Il gémit longuement contre sa bouche. Meredith gémit aussi et fit redescendre ses mains le long de la colonne vertébrale de son amant, la griffant délicatement sur toute la longueur, avant d’atterrir sur les fesses cachées sous le boxer. Derek abandonna ses seins un instant pour imiter son geste et la ramener vers lui, pouvant ainsi coller son bassin contre le sien et frotter son sexe bandé contre sa vulve. L’excitation était tellement forte qu’il en avait mal.

    Sans cesser de l’embrasser, il entreprit de lui déboutonner le haut de la chemise, avec tellement d’exaltation qu’il faillit en arracher les boutons. Entendre le léger craquement du tissu le calma instantanément et il comprit qu’il devait maîtriser ses élans de chien fou pour ne pas effrayer Meredith. Après ce qu’elle avait subi, il était hors de question qu’il se conduise comme un butor. Les yeux dans les siens, il lui retira lentement sa chemise, découvrant sa peau centimètre par centimètre, avec un sourire où il essaya de faire passer tout le désir qu’il avait d’elle, cette tendresse infinie, mais aussi ce sentiment qu’il se sentait de moins en moins capable de refouler, auquel il refusait encore de donner un nom et qu’il pensait ne plus jamais ressentir pour personne. Lorsque les seins lui apparurent dans toute leur splendeur, avec leur grande aréole sombre et le petit téton qui pointait au milieu, il les admira un instant pour finalement les empoigner à pleines mains, les pétrir, les serrer entre ses doigts nerveux, en laissant échapper de petits gémissements d’impatience. Il avait l’impression de ne pas avoir assez de ses deux mains, ni de sa bouche. Il aurait voulu pouvoir se décupler pour la posséder totalement de toutes les façons possibles. Meredith poussa un gémissement qui lui parut être un appel. Il ondula du bassin, voulant lui faire sentir à nouveau combien son sexe était bandé, en même temps qu’il pinçait un téton entre ses doigts pour le faire durcir. Haletante, elle lui enfouit les mains dans les cheveux et tendit son corps vers lui. Il ouvrit tout à fait sa chemise, pour sentir la douceur de sa peau contre la sienne, et se jeta sur elle. Sa bouche assiégeant toujours la sienne à coups de baisers et de tendres morsures, il fit courir ses mains sur tout son corps, palpant et pinçant tendrement tout ce qu’il pouvait.

    Enroulant ses jambes autour des cuisses de Derek, elle le regarda avec des yeux brillants de désir. Il fut heureux de lire dans ses yeux qu’elle éprouvait la même chose que lui. Il lui prit la tête entre les mains et l’embrassa à nouveau, à perdre haleine, ses mains lui caressant le dos jusqu’au creux des reins. Il finit par passer ses doigts sous le tanga, griffant doucement les rondeurs exquises, les écartant légèrement pour s’insinuer entre elles, les serrant avec passion, en laissant échapper de petits grognements de plaisir. Elle remua les fesses pour les frotter contre les paumes ouvertes de son compagnon, en poussant un gémissement. Fou de désir, il les malaxa avec force, mais non sans tendresse, rêvant du moment où son sexe se glisserait entre elles pour les posséder totalement. Gémissant d’impatience, Meredith saisit le tee-shirt de Derek et le fit passer par-dessus sa tête. Il sourit, satisfait de ce désir presque violent qu’elle manifestait. La colère lui allait si bien. Non seulement, elle magnifiait sa beauté mais en plus, elle abattait les barrières que sa pudeur avait élevées. La Meredith de cette nuit correspondait en tout point à celle qu’il espérait. Le feu qui couve sous la cendre, voilà qui elle était et il ne désirait rien d’autre que de se consumer en elle. Fou de bonheur devant l’ardeur qu’elle manifestait, il lui pinça les tétons entre le pouce et l’index, tout en nichant son visage dans les cheveux blonds dont le parfum l’enivrait aussi sûrement que ne l’aurait fait le bourbon le plus fort. Haletant, il lui mordilla légèrement le lobe de l’oreille, avant de faire courir sa langue tout autour, puis lui faire suivre lentement la route qui menait entre les deux seins, les léchant l’un après l’autre.

    Tout à coup, il lui prit les mains pour les faire glisser sur son torse, les guidant jusque sur ses flancs, sur ses hanches aussi, les faisant passer rapidement sur la bosse qui tendait son pantalon. D’elle-même, la jeune fille y revint sans toutefois s’y attarder, avant de faire glisser ses doigts en mouvements circulaires sur le ventre de son amant et de remonter sur sa poitrine. Les yeux fermés, il posa la main sur la sienne, la suivant dans son voyage un moment, pour la laisser finalement poursuivre seule, afin de pouvoir placer ses mèches folles derrière ses oreilles, caresser son visage rose d’émotion, effleurant ses joues, soulignant du bout de l’index le contour de sa mâchoire, puis de ses lèvres avant de les reprendre sous les siennes. Il la poussa lentement aux épaules pour la faire s’allonger sur le bureau, en la suivant dans le mouvement, en la dévorant des yeux. Sa poitrine écrasant la sienne, il passa les mains dans son cou et l’embrassa, bouche grande ouverte, dans un concert de soupirs étouffés. Il se remit debout et fit courir ses mains sur le corps de Meredith, la regardant agiter la tête d’un côté à l’autre, et l’écoutant gémir le plaisir qu’il lui donnait. Elle était magnifique, les yeux mi-clos, les lèvres rouges, entrouvertes, les cheveux s’éparpillant sur la surface du bureau.


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