• Les joues dégoulinantes de larmes, Meredith redescendit Marina Boulevard pour rejoindre la boutique. Le rire de Derek résonnait encore à ses oreilles. Il y avait tant de moquerie, de mépris même, dans ce rire là. Si jamais elle avait eu la moindre chance avec le médecin, ce qu’elle ne croyait pas, elle venait de l’anéantir à tout jamais. Personne ne voudra jamais de toi, de toute façon. Tu es trop nulle, se dit-elle. Désespérée, elle baissa la tête.

    Ça va ? s’inquiéta George, qui marchait à côté d’elle, en portant les deux plateaux, empilés l’un sur l’autre, sur lesquels les gâteaux intacts se mélangeaient aux restes de ceux qui étaient tombés par terre.

    Meredith fit signe que oui. En relevant la tête, son regard tomba sur les gâteaux. Qu’est-ce qu’on va dire à Cristina ? gémit-elle.

    Rien du tout ! George avisa une poubelle publique et y déversa tous les gâteaux. Elle n’a pas besoin de savoir. On va lui dire que tout est parti et puis, c’est tout !

    Mais c’est un mensonge, lui fit timidement remarquer la jeune fille.

    Non, c’est de la légitime défense, objecta George. Si on lui dit la vérité, elle va encore nous traiter de tous les noms. C’est ce que tu veux ? Moi, non plus, dit-il sans lui laisser le temps de répondre. Alors la question est réglée. Le regard plein de reconnaissance qu’elle lui lança lui donna l’impression d’être un héros.

    Arrivés à proximité de la boutique, ils remarquèrent que toutes les tables de la terrasse étaient occupées. En s’approchant, ils réalisèrent que c’était la même chose à l’intérieur. Ils échangèrent un regard satisfait. Le succès de cette boutique, c’était la garantie de rester à San Francisco. En les apercevant, Cristina, qui était en train de construire une petite pyramide en brownies sur le comptoir, leur fit signe de la rejoindre. Alors ? dit-elle quand ils furent près d’elle.

    Alors quoi ? demanda Meredith, mal à l’aise.

    Ben, à la clinique, ça s’est bien passé ? se renseigna Cristina, en rattrapant de justesse un brownie qui lui avait échappé.

    Super ! s’empressa de répondre George. Ils ont adoré ! Regarde. Il lui montra les deux plateaux vides. Il ne reste plus rien.

    Très bien ! En relevant la tête vers ses camarades, Cristina eut l’impression que le visage de Meredith était quelque peu différent. Elle le regarda plus attentivement et constata que le nez et la joue gauche étaient rouges et un peu enflés. Eh bien, qu’est-ce qui t’est arrivé ?

    Une fois encore, c’est George qui prit la parole à la place de Meredith. Figure-toi qu’on allait quitter la clinique quand un gamin s’est jeté dans ses jambes. Elle a trébuché et elle s’est cognée contre une vitre. 

    Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal, murmura Meredith.

    Une chance ! s’exclama Cristina. C’est pas le moment de se blesser ou de tomber malade. Mais bon, y a quand même qu’à toi que ça arrive, ma pauvre Mer, conclut-elle avec un peu de condescendance. Ne sachant que dire, Meredith se contenta de sourire. Allez, fini de flemmarder ! Y a du boulot, rappela Cristina. George, tu pourrais…

    Bande de malhonnêtes ! cria une voix féminine qui les fit tous sursauter, clients y compris. Tout le monde se tourna vers celle qui venait de rentrer dans la boutique et Meredith reconnut immédiatement Miranda, la patronne de la boutique concurrente.  

    Cristina et Izzie vinrent se placer devant l’intruse. Ça vous prend souvent d’insulter les gens que vous ne connaissez pas ? lança la première.

    Quel est le problème, Madame ? s’enquit beaucoup plus civilement la seconde.

    Le problème ? couina Miranda. Le problème, c’est vous et les méthodes que vous employez pour promouvoir votre boutique. C’est bien vous qui avez inondé le quartier avec cette saleté ? Miranda brandit un des feuillets que George avait distribués quelques heures auparavant. C’est honteux ! Elle le lut à haute voix. Sweet Dream… Délicieuses tourtes à l’ancienne… Quiches variées… Délicates douceurs… Découvrez-nous aujourd’hui grâce à une dégustation gratuite… Sweet Dream, bien meilleur et bien moins cher que toutes les autres boutiques du quartier! Elle lança un regard assassin aux deux femmes qui lui faisaient face.

    Cristina avait passé des heures à écrire cette publicité. Elle n’appréciait donc pas qu’on critique sa prose. Et alors ? aboya-t-elle. Qu’est-ce qui ne vous plait pas là-dedans ?

    Ce qui ne plait pas là-dedans, piailla Miranda, c’est que je suis la seule boutique du même genre dans le quartier ! C’est donc moi que vous visez ! Et en plus, je viens d’apprendre que vous avez distribué gratuitement  des gâteaux à la clinique, qui est mon principal client. J’appelle ça de la concurrence déloyale ! s’époumona-t-elle, folle de rage.

    Cristina la toisa avec tout le mépris dont elle était capable. Tout est permis en commerce ! répliqua-t-elle. Izzie l’approuva d’un signe de tête tandis que Meredith remerciait le ciel que Miranda n’ait pas été mise au courant de sa mésaventure.

    Si notre présence et nos méthodes vous gênent, vous n’avez qu’à déménager, lança George qui ne voulait pas être en reste. Après tout, n’était-il pas l’homme de la maison ?

    Miranda bondit d’indignation. N’y comptez pas ! Vous voulez la guerre, vous allez l’avoir ! Je vais me battre,c’est moi qui vous le dis ! Elle sortit de la boutique, bousculant au passage Mark Sloan qui venait d’arriver. 


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  • Tandis que les clients recommençaient à parler – la plupart pour commenter la scène à laquelle ils venaient d’assister – Cristina réunit ses amis dans un coin de la boutique. On fait comme si cette folle n’était jamais venue ici et on se remet au travail, d’accord ? Le trio acquiesça d’un même mouvement de tête. A la demande de sa cousine, George se rendit à la cave pour ramener la farine dont elle avait besoin pour refaire des cookies.Meredith se réfugia dans l’arrière-boutique sous prétexte de la rangeret Cristina reprit la confection de sa pyramide.

    Quant à Izzie, elle se dirigeait vers un présentoir quand elle remarqua la haute silhouette de Mark Sloan dans l’encadrement de la porte. Oh bonjour, Docteur. Entrez, je vous en prie.

    Mark fit une moue boudeuse. Je ne sais pas, j’hésite. Je n’ai plus trop envie de vous voir. D’ailleurs, je ne vous parle plus, méchante fille ! Il avança en direction de Cristina.

    Celle-ci le fusilla du regard avant même qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Si vous n’avez pas l’intention de commander quelque chose, dégagez ! Mark fit deux pas en arrière.

    Izzie se retint de rire en voyant l’expression presque inquiète du chirurgien. Ne me dites pas que vous m’en voulez toujours pour l’autre jour, quand je vous ai fait faux bond, dit-elle la bouche en cœur. C’était pour le travail, vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ?

    Oh ce n’est pas pour ça que je vous en veux, assura Mark en feignant d’être choqué. Ainsi donc, vous ouvrez votre boutique et vous ne m’envoyez même pas une invitation personnelle ? C’est votre façon de me faire comprendre que je ne compte pas du tout pour vous ?

    Oh ne soyez pas fâché, gentil docteur, minauda Izzie. Je ne le supporterais pas. Dites-moi ce que je peux faire pour que vous me pardonniez.

    Mark planta son regard dans celui de la jeune fille. Vous voulez vraiment que je vous pardonne ? Elle opina de la tête. Va falloir être très gentille alors ! Il avança vers elle avec un sourire conquérant. Elle le regarda venir avec des yeux charmeurs qui le troublèrent. Ne me regardez pas comme ça, sinon je ne réponds plus de moi-même, lui murmura-t-il quand il fut près d’elle.

    La jeune fille renversa sa tête en arrière avec un délicieux petit rire. Ooooh Docteur ! Vous n’allez pas me faire des choses ici, pas devant tous ces gens. Ça ne se fait pas. Elle fit papillonner ses yeux. Par contre, je veux bien discuter avec vous.

    Cristina, qui n’avait rien perdu de la scène, se rendit dans l’arrière-boutique pour parler à Meredith. Dis, est-ce que tu ne pourrais pas réapprovisionner les présentoirs ? Parce qu’Izzie est manifestement trop occupée à faire des mines avec le lourdaud. Ça commence à me saouler, tout ça, marmonna-t-elle avant de repartir dans la boutique pour servir un couple qui venait de s’installer à une table. Meredith la suivit et commença à disposer des tartes aux fraises sur des plats à pied.

    Et donc, ça me ferait vraiment très plaisir que vous m’accompagniez à cette soirée, disait Mark de sa voix la plus suave.

    Une soirée ? Mais quel genre ? se renseigna Izzie, l’œil soudain brillant d’un sincère intérêt.

    Mark prit un ait désabusé. Oh, vous savez, ce n’est qu’un gala pour récolter des fonds pour un hôpital. Ça n’a rien d’excitant mais je ne peux pas y couper. Alors, si vous veniez avec moi, je joindrais l’utile à l’agréable. Il passa la main dans la chevelure blonde de la jeune fille. Nous pourrions en profiter pour apprendre à mieux nous connaître. Qu’en pensez-vous ?

    Après le mot "gala", Izzie n’avait plus vraiment écouté ce que disait le médecin. Pour elle, un gala signifiait simplement qu’elle allait pouvoir se mettre sur son trente-et-un, voir du beau monde et déguster des mets d’exception. Le genre d’occasion qui ne se ratait pas ! Dites, votre gala, c’est bien le genre de soirée où il faut porter une belle robe ? demanda-t-elle pour être sûre. 

    Mark comprit qu’elle venait de lui révéler son point faible. Tout à fait ! Ça a lieu à l’hôtel Westin St Francis. Toute la bonne société de San Francisco sera présente. C’est la soirée de l’année. Il feignit de ne pas voir qu’elle était ravie et prit un air embêté. Je me rends bien compte que, pour une jeune fille, ça risque d’être barbant, tous ces gens importants, les robes longues, les bijoux, l’orchestre, le champagne… A votre âge, évidemment, on préfère les sorties entre copains, à la bonne franquette. Mais ça me ferait tellement plaisir si vous acceptiez de m’accompagner.

    Si c’est pour vous faire plaisir, alors, je veux bien faire un effort, prétendit Izzie avec un grand sourire.

    Puisqu’on parle d’effort, tu pourrais peut-être te remettre au travail, lança Cristina en passant à côté de son amie. Celle-ci fit une petite grimace en guise d’excuse à Mark avant d’aller rejoindre Meredith. 


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  • Ce n’est qu’à ce moment là que Mark remarqua Meredith dont la joue gauche et le front étaient tuméfiés. Oh mais dites donc, vous vous êtes fameusement amochée contre la porte, tout à l’heure. Vous vous êtes fait examiner au moins ?

    Meredith eut ainsi la confirmation qu’il avait assisté à son accident, et elle en déduisit que le Dr Shepherd aussi. Elle s’en doutait mais en avoir la certitude la mortifia. Elle feignit d’être absorbée par son travail et ne répondit pas. Izzie se tourna vers elle. Oh ben oui, qu’est-ce qui t’est arrivé ?  

    Mais rien du tout, murmura Meredith, gênée d’être le centre d’intérêt pour un motif aussi stupide.

    Tu as une sacrée bosse sur le front quand même et ta joue est bien rouge, insista Izzie. Mark a raison, tu devrais aller chez le médecin. On ne sait jamais.

    Ah si vous voulez, je peux vous recommander un confrère, intervint Mark avec un grand sourire. C’est un neurochirurgien, mais je pense que pour vous, il accepterait de refaire de la médecine générale. Les demoiselles en détresse, c’est sa spécialité.

    L’allusion à Derek était évidente et Meredith y vit une preuve supplémentaire que les deux hommes avaient commenté sa mésaventure en se moquant. Elle aurait voulu avoir l’aplomb de dire à ce médecin prétentieux d’aller se faire voir ailleurs, qu’elle n’en avait rien à faire de ce qu’il pensait d’elle et que lui et son ami étaient vraiment pathétiques de rire des malheurs des autres. Mais cela aurait exigé un courage qu’elle n’avait pas. Je n’ai pas besoin de médecin, se contenta-t-elle de répondre. Ce ne sont que des petites ecchymoses. Les larmes au bord des yeux, elle baissa la tête. Sentant qu’elle allait craquer, elle prit deux plateaux vides qu’elle emmena dans l’arrière-boutique. La porte était à peine fermée derrière elle qu’elle laissa libre cours à ses larmes. Elle s’en voulait d’être aussi faible. Comment pouvait-elle espérer éveiller l’intérêt d’un homme avec un tel comportement ? Etant donné qu’elle n’était pas jolie, il aurait fallu qu’elle compense avec du caractère, de la personnalité, de l’esprit. Mais elle n’avait rien de tout ça. En fait, elle n’avait rien pour elle. Quand elle avait entendu Mark inviter Izzie à cette fameuse soirée, elle s’était prise à rêver qu’il lui arriverait la même chose, qu’on l’inviterait, elle aussi, qu’elle pourrait s’habiller comme une princesse et qu’elle aurait tous les regards braqués sur elle. Voilà une chose qui n’arrivera jamais, murmura-t-elle, tristement. Tu n’es pas Izzie. Après avoir essuyé ses yeux avec un torchon, elle aperçut son visage dans le miroir qui était accroché au mur. La vision acheva de la décourager. Entre sa joue enflée et ses yeux rouges d’avoir pleuré, elle était pitoyable. Elle se mit au-dessus du lavabo et aspergea son visage d’eau froide. Après l’avoir séché, elle retourna dans la boutique, prête à affronter les moqueries de Mark Sloan. Aussi fut-elle soulagée de voir qu’il avait disparu.

    Effectivement, il venait de sortir. Excité comme un adolescent qui vient de décrocher son premier rendez-vous, il se retenait de danser sur le trottoir. Il aperçut Derek qui sortait de sa voiture et alla à sa rencontre. J’espère que tu as amené ta trousse.

    Pourquoi ? demanda Derek en se doutant qu’il allait encore avoir droit à une vanne de son meilleur ami.

    Je viens de voir ta cavalière. Mark ricana. Sa figure est bien fracassée. Ce gala va être encore mieux que ce que je pensais. Toute la ville va croire que tu sors avec Rocky Balboa.

    Derek souffla bruyamment. Pfft ! Tu ne pourrais pas me lâcher un peu ? Tu aurais mieux fait de t’occuper d’elle si elle est si mal en point que ça.

    Oh arrête de te la jouer Docteur Altruisme ! répliqua Mark. Moi, je n’ai pas de temps à perdre à soigner un bobo.

    Tu n’as pas prêté un serment, toi ? riposta Derek. Qu’est-ce ça disait encore ? Il fit semblant de réfléchir. Mettre sa vie au service de l’humanité, pratiquer son métier avec dignité et conscience, n’avoir aucune autre considération que la santé des patients… c’est ça, non ? Sans attendre la réponse, il planta son ami et entra dans la boutique. Meredith était en train de débarrasser une table et il vit immédiatement que sa joue était gonflée et rouge. Il alla près d’elle et, sans dire un mot, lui ôta les assiettes qu’elle tenait entre les mainspour les mettre d’autorité dans celles de Cristina, laquelle était occupée à prendre une commande à la table voisine. La présence des clients empêcha la jeune femme de faire un commentaire mais le regard qu’elle lança à Derek était plus qu’éloquent. Sans y prêter aucune attention, il entraina Meredith dans l’arrière-boutique, où il eut la mauvaise surprise de trouver George en train de vider le lave-vaisselle. Les deux hommes échangèrent un regard hostile avant de s’ignorer.

    Son accident, la tension qu’elle ressentait depuis et maintenant, la visite du chirurgien, alors qu’elle était au comble du pathétique, mirent la jeune fille dans un état de nervosité extrême. Cela l’amena à s’adresser à Derek comme elle n’aurait jamais osé le faire en temps normal. Votre ami a joué les commères ? Il vous a dit que le spectacle valait le déplacement ? Vous aviez un moment à tuer, et vous vous êtes dit, si on allait rendre visite à la petite paysanne qui ne tient pas sur ses jambes ?

    Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit simplement Derek. 


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  • Meredith fut révoltée par ce qu’elle prit pour de l’hypocrisie. Oh je vous en prie, ne me faites pas croire que vous avez débarqué ici par hasard. Vous étiez là, ce matin, quand je me suis cognée dans la porte. Vous m’avez vue, je le sais. Elle était tellement énervée que ses mains en tremblaient. Pour le dissimuler, elle se mit à ranger la vaisselle que George venait de sortir de la machine.

    Oui, je vous ai vue, admit Derekqui était un peu surpris par la hargne de la jeune fille. Mais cela n’était pas pour lui déplaire. Cela prouvait qu’elle avait plus de caractère que ce que son comportement avait laissé supposer jusqu’à présent. Vous avez foncé dans une porte et alors ? Ça arrive à tout le monde. Je ne vois pas pourquoi vous en faites toute une histoire.

    Meredith posa brusquement une pile d’assiettes sur l’étagère avant de se retourner vivement vers le chirurgien. Peut-être parce que je vous ai entendu vous moquer de moi après ! On n’entendait que votre rire dans tout le hall. Et comme si ce n’était pas assez, il faut que vous veniez ici pour remuer le couteau dans la plaie. George sourit discrètement. Il appréciait énormément que son amie ne se laisse pas impressionner par le médecin et qu’elle lui tienne tête.

    Là, vous m’accusez sans preuve ! répliqua Derek. Je n’ai pas ri de vous. Il soutint le regard plein de colère de la jeune fille. Ce n’était pas moi, affirma-t-il en s’abstenant toutefois de dénoncer Mark, ce qui l’aurait disculpé. Il vit qu’elle ne le croyait pas. Meredith, je vous promets que ce n’était pas moi. Vous me croyez ? Elle fit la moue. Je veux une réponse, insista-t-il. Vous me croyez ?

    Elle le regarda droit dans les yeux et comprit qu’il ne lui mentait pas. Oui, dit-elle avec un peu de mauvaise grâce malgré tout.

    Ah tout de même ! s’exclama Derek. Il se rapprocha d’elle pour lui toucher la joue. Ça vous fait mal ?

    Elle repoussa sa main. Non, pas trop.

    Pas trop, ça veut dire un peu tout de même. Il lui fit tourner la tête pour examiner l’ecchymose de plus près. Voyons voir… hum… rien de grave. Il vous arrive toujours des bricoles quand je ne suis pas près de vous, plaisanta-t-il. Je crois que je vais vous suivre partout, comme ça, vous serez toujours en sécurité. Elle rosit tandis que George jetait les yeux au ciel. Derek prit Meredith par le menton pour qu’elle tourne à nouveau la tête vers lui, afin qu’il puisse examiner son nez et son front. Il remarqua alors ses yeux rougis par les pleurs. En voilà des yeux rouges ! C’est une séquelle de votre accident ou bien la marque d’un gros chagrin ? Je pencherais plutôt pour ça. Qui est le vilain garçon qui vous a brisé le cœur ?

    Elle fut tentée de lui dire que ce vilain garçon, c’était lui, et qu’effectivement, elle avait eu le cœur brisé quand elle avait cru que c’était lui qui se moquait d’elle après son accident, mais elle n’osa pas. Vous dites des bêtises, Docteur, se borna-t-elle à répondre

    Ah non, pas Docteur ! protesta-t-il comme s’il était choqué par la façon dont elle venait de le nommer. Appelez-moi Derek. Nous sommes amis, non ?

    Un étonnement sincère se lit sur le visage de Meredith. Depuis quand ?

    Mais depuis notre rencontre, susurra Derek. Il caressa la joue de la jeune fille du bout des doigts. Et je suis certain qu’on va être de plus en plus proche. Elle se sentit rougir et baissa la tête.

    La tournure que prenait la conversation déplut fortement à George qui décida d’y mettre fin. Quand vous aurez fini votre numéro, vous pourrez peut-être nous laisser travailler, lança-t-il sur un ton agressif au chirurgien.

    Celui-ci le foudroya du regard. Plutôt que de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, rendez-vous utile. Apportez-moi des glaçons.

    George lui montra le frigidaire. Vous n’avez qu’à vous servir.

    Derek saisit le jeune homme par l’épaule et le poussa hors de la pièce. Puisque vous ne servez à rien, vous n’avez plus rien à faire ici. Vous saurez sûrement vous rendre utile ailleurs. Il repoussa la porte, sans voir qu’elle ne se fermait pas totalement, permettant ainsi à George de les espionner par l’interstice entre le battant et le chambranle.

    Vous auriez pu être plus aimable, lui fit remarquer Meredith.

    Derek haussa les épaules. Pourquoi ? Je ne l’apprécie pas et je n’ai pas envie de faire semblant. Il ouvrit la porte du frigo et sortit le moule à glaçons du compartiment de congélation. Après en avoir pris un, il lança le moule sur l’évier avant de se tourner vers Meredith avec des yeux de velours. Et puis, j’avais envie d’être seul avec vous. Elle rougit violemment, ce qui le fit sourire. Il revint vers elle, le glaçon entre les doigts, et l’apposa contre sa joue. Elle poussa un petit cri. Vous avez mal ? s’inquiéta-t-il.

    Un peu, avoua-t-elle. Mais c’est surtout froid…


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  • Venez plus près. Je vais vous réchauffer. Sans lui laisser le temps de réagir, Derek saisit Meredith par la taille et la serra contre lui. Dans le même moment, il fit tourner le cube de glace sur sa pommette, s’arrêta quelques secondes avant de recommencer pour enfin glisser le long de sa joue et arriver sur sa bouche. Après avoir un peu promené le glaçon sur les lèvres de sa patiente, il l’insinua délicatement entre elles, comme pour les écarter. Très vite, le glaçon fondit et il en fallut de peu que Meredith ne se retrouve à sucer les doigts du médecin. Méchante fille, murmura ce dernier d’une voix qu’il rendit un peu rauque. Vous avez avalé mon glaçon et vous voudriez bien faire la même chose avec moi. Meredith se demanda ce qu’il avait voulu dire par là mais elle n’eut pas le temps de s’appesantir sur la question. Le visage du chirurgien qui n’était plus qu’à quelques centimètres du sien, lui fit perdre pied. Elle se laissa envoûter par le regard sensuel qui la fixait avec intensité et fut incapable de prononcer le moindre mot ni de faire le moindre mouvement. Prisonnière des yeux bleus du chirurgien, elle se sentait comme anesthésiée, comme si le cube de glace n’avait pas seulement fait effet sur sa joue mais sur l’ensemble de son corps. Derek allait profiter de la situation lorsqu’il remarqua que George était en train de les épier. Il abandonna Meredith pour ouvrir grand la porte, manquant de l’envoyer en pleine figure du jeune homme. Vous n’avez rien de mieux à faire ? tonna-t-il en foudroyant celui-ci du regard. Il prit Meredith par la main. On ne peut jamais être tranquille, ici. Venez

    Où est-ce que vous l’emmenez ? cria George. On a du boulot, ici, et moi, je ne vais pas tout me taper tout seul ! Il chercha du regard ses deux autres camarades en espérant obtenir leur appui mais elles étaient toutes les deux occupées en terrasse.

    Les éclats de voix sortirent Meredith de la sorte de torpeur dans laquelle l’entreprise de séduction de Derek l’avait plongée. Elle lâcha la main du médecin. Il a raison. On a du travail et je n’ai pas encore fait grand-chose aujourd’hui.

    Pas question ! Vous venez avec moi, ordonna sèchement Derek. Il vit à l’expression de Meredith qu’il l’avait choquée et il lui sourit gentiment. Désolé, je n’aurais pas dû vous parler de cette façon. C’est juste que je m’inquiète pour vous. Vous en avez déjà fait bien plus que ce charlot, affirma-t-il alors qu’il ne savait rien de ce qui s’était passé à la boutique avant son arrivée. Elle voulut protester mais il l’en empêcha. OK, OK, c’est votre ami, je sais. Justement, il devrait comprendre. Il se tourna vers George. Après le choc qu’elle a eu, elle mérite bien une pause, non ?

    Le choc qu’elle a eu ? glapit George. Faut peut-être pas pousser ! Elle a heurté une porte. Ça n’a jamais tué personne. Et puis, elle a la peau dure. C’est une vraie fille de chez nous.

    Ah bon ! Parce que les filles du Kentucky ne connaissent pas la souffrance ? ironisa Derek.

    Mais je ne souffre pas, intervint Meredith qui était mal à l’aise d’être la cause de cette querelle. C’est juste un bleu.

    Sans plus se préoccuper de ses objections, Derek la reprit par la main. J’en ai marre d’entendre toutes ces conneries, on y va. George se mit devant eux pour les empêcher d’avancer. Le regard de Derek se fit menaçant. Tirez-vous de là, mon vieux. Ne vous mettez pas en travers de mon chemin ou bien je… Le chirurgien s’abstint de préciser sa pensée et poussa George sur le côté. Sa main tenant solidement celle de Meredith, il traversa la salle d’un pas décidé, sans laisser à la jeune fille l’occasion de se justifier auprès de ses amies qui les regardaient passer, avec un air furibond pour Cristina, et un air plutôt surpris pour Izzie. Une fois dehors, il l’emmena à quelques mètres de la boutique, s’arrangeant pour qu’elle tourne le dos à celle-ci, afin qu’elle ne voit pas ses camarades qui étaient sortis sur le pas de la porte pour les observer. Enfin seuls ! s’exclama-t-il. Il ne lâcha pas sa main et se mit à jouer avec ses doigts. Ça vous dirait de sortir avec moi ?

    La stupéfaction fit sursauter Meredith. Sortir avec vous ? Vous voulez dire… un rendez-vous ?

    Derek se réjouit de l’effet qu’avait eu son invitation sur la jeune fille. Il était évident qu’elle allait accepter. Oui. Je dois assister à un gala, à la fin de la semaine, lui expliqua-t-il. Alors j’ai pensé que ça vous plairait de m’accompagner.

    Elle le regarda avec un air suspicieux. C’est le même gala dont a parlé votre ami ?

    Euh… je ne sais pas, je suppose que oui, répondit Derek, en se demandant ce que Mark avait bien pu dire à propos de cette soirée.

    Meredith retira vivement sa main de celle de Derek. Et c’est parce qu’Izzie a accepté d’y aller avec lui que vous m’invitez ? Je suis le lot de consolation, c’est ça ?

    Il fit une petite mimique d’agacement. Pourquoi vous dites ça ? Et qu’est ce qu’Izzie vient faire là dedans ?

    Croyant qu’il faisait preuve de mauvaise foi, elle s’emporta. Oh je vous en prie, cessez de me prendre pour une idiote ! Est-ce que vous croyez vraiment que je n’ai jamais remarqué qu’elle vous intéressait ? Il se raidit imperceptiblement et elle prit cela comme la preuve qu’elle avait raison. Elle voulut en avoir le cœur net. Ça fait des jours que vous venez à la boutique et que vous ne parlez qu’à Izzie, en m’ignorant totalement. Et le jour où elle accepte d’aller à cette soirée avec votre ami, vous vous souvenez que j’existe et vous m’invitez ? 


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