• Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent pour laisser entrer Derek. Mark l’accueillit avec un grand sourire moqueur. Dr Shepherd !

    Dr Sloan, répondit Derek d’un ton nettement plus morne que celui de son ami.

    Alors, fin prêt pour le grand soir ? s’enquit Mark, qui savait pertinemment que c’était justement la perspective de la soirée qui mettait Derek de mauvaise humeur.

    Mouais…

    Cache ta joie ! ironisa Mark.

    Derek haussa les épaules. C’est une soirée, Mark, rien qu’une soirée et vu les circonstances, ça ressemble plus à une corvée qu’autre chose.

    Mark fit semblant d’être choqué. Hé ! Ce n’est pas moi qui t’ai dit de lâcher la jolie New-Yorkaise pour Miss Trou-de-cul-du monde.

    Ouais, mais qui a eu l’idée de ce pari stupide ? répliqua Derek en lançant un regard sombre à l’attention de Mark.

    Mais, cher ami, rien ne t’obligeait à le tenir, riposta ce dernier. Et puis, tu avais déclaré forfait. Il ne fallait pas revenir sur ta décision. Il prit un air innocent. Ça me convenait très bien, moi !

    Derek se dérida un peu. Ça, je n’en doute pas. Mais à bien y réfléchir, je ne pouvais pas te laisser gagner sans combattre.

    Ah, c’est vrai que la bagarre, ça te connaît, persifla Mark. Le paysan en a fait les frais. Je me demande bien ce qui t’a pris. Ce n’est pas comme si cette gamine en valait la peine.

    Ce type a été infâme avec elle, se justifia Derek. Il méritait une bonne correction.

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur le parking souterrain de la clinique. Les deux hommes sortirent de la cabine et se dirigèrent d’un même pas vers leurs véhicules. Si on nous avait tapé dessus à chaque fois qu’on a été infâme avec une nana, déclara Mark, j’aurais le profil du plus raté des boxeurs. Et toi, encore pire !

    Elle, ce n’est pas pareil, objecta Derek avec un air agacé. Il l’a traitée de salope et elle n’en est pas une. Crois-moi, je m’y connais.

    Mark lança ses clés de voiture en l’air et les rattrapa de l’autre main. Moi, ce que je crois, c’est que tu es en train de te laisser attendrir par ton laideron, dit-il avec un air goguenard.

    Derek souffla d’exaspération. Pfft ! Arrête ! Elle n’est pas si mal que ça.

    Mark fit une petite moue pour montrer qu’il n’en était pas du tout convaincu. Si tu le dis… Tu l’as prévenue au moins que la soirée était très habillée ? Parce que si elle débarque en jeans et chemise à carreaux, vous allez vous faire refouler à l’entrée. Sa plaisanterie le fit pouffer de rire.

    Elle ne te donnera pas ce plaisir, assura Derek. Si j’ai bien compris, elle compte se mettre sur son trente-et-un.

    Façon Kentucky ! se moqua Mark.

    Derek lui donna une tape amicale sur le bras. Dis donc, le Kentucky, ce n’est pas la brousse tout de même. Et je te rappelle que ta Izzie vient de là aussi.

    Mark ne se laissa pas démonter par l’argument. C’est l’exception qui confirme la règle ! Et d’ailleurs, ta seule chance de ne pas être trop ridicule ce soir, c’est qu’Izzie ait pris les choses en main. Cette fille a du goût.

    J’en doute sérieusement depuis qu’elle a accepté de t’accompagner à ce gala, rétorqua Derek.

    Mark ricana. En réalité, tu es jaloux parce que tu sais que cette nuit, elle va atterrir dans mon lit.

    Que tu crois !

    Que je sais ! J’ai le flair pour ça ! Mark sourit aux anges. Je vais passer la nuit avec la plus belle des blondes et toi, tu baiseras la laideur incarnée. Y a pas à dire, la vie est belle.

    Derek fit un petit sourire condescendant. Où Mark était-il allé chercher que Meredith était repoussante ? Certes, elle n’était pas terrible mais, bien arrangée, elle pouvait faire une cavalière très honorable, il en était certain.

    Ils arrivaient à la voiture de Mark lorsque le portable de celui-ci sonna. Mark décrocha et afficha un sourire à s’en décrocher les mâchoires. Ah c’est vous, ma belle ! Il fit un clin d’œil à Derek. Ce dernier comprit qu’il s’agissait d’Izzie.


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  • Au fur et à mesure de la conversation, par ailleurs assez brève, Derek vit la figure de son ami s’allonger et son expression devenir de plus en plus sombre, au point qu’il commença à s’inquiéter. Mark avait à peine raccroché qu’il explosait. La garce ! La salope ! La… grrr… Il se tourna vers Derek avec un air désespéré. Izzie me lâche !

    Non ! Sérieux ? Derek se retint de rire. La plus belle des blondes te pose un lapin ?

    Ouais ! Tu le crois ça ? fulmina Mark. Cette conne doit préparer un lunch pour demain et pour ça, elle veut absolument tester une nouvelle recette de tarte aux noix de pécan ou de je ne sais pas quoi, expliqua-t-il. Ça passe avant tout. Derek attrapa un fou rire qu’il ne put réfréner. Mark lui jeta un regard mauvais. C’est ça, fous-toi de moi ! N’hésite pas. Enfonce le couteau un peu plus profondément. Ah c’est beau, l’amitié !

    Pardon, s’excusa Derek, hoquetant de joie. Excuse-moi mais c’est trop… Il s’appuya contre le véhicule de son ami et recommença à rire, jusqu’à en pleurer. Mark se mit à donner des coups de pied dans les pneus de sa voiture. Fais attention, tu vas te faire mal, parvint à articuler Derek. Il se calma petit à petit. Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda-t-il enfin.

    Je vais y aller avec Callie, répondit Mark avec une mine terriblement dépitée. Que veux-tu que je fasse d’autre ?

    Une sonnette d’alarme retentit aussitôt dans la tête de Derek. Callie ? Ces jours-ci, elle n’allait nulle part sans être accompagnée d’Addison. Il faut que je lui téléphone pour lui dire de ne pas amener sa copine au gala, pensa-t-il. La dernière chose dont j’ai besoin ce soir, c’est d’un crêpage de chignon entre gonzesses. Il regarda sa montre. Bon, je t’aime bien, mais là, je dois y aller, dit-il à Mark. Traverser la ville à cette heure, ce n’est pas une sinécure.

    Les épaules affaissées, Mark soupira longuement, comme si tout le poids du monde reposait lui. Et moi, je vais prévenir ma roue de secours. Punaise ! Me voilà encore avec Callie ! se lamenta-t-il.

    Arrête de te plaindre ! répliqua Derek. Elle est adorable. Et, avec elle au moins, tu es certain que ça se terminera bien.

    Ouais, elle est adorable mais là je commence à en avoir fait le tour, riposta Mark sur un ton un peu agressif. Les gens vont croire qu’on est en couple.

    Voilà ce qui se passe quand on couche plusieurs fois avec la même femme ! rétorqua Derek.

    Callie n’est pas une femme. Mark vit Derek qui relevait les sourcils. Tu sais très bien ce que je veux dire, elle est comme nous… Et puis toi, aussi, tu as couché plusieurs fois avec elle.

    Oui mais moi, je ne vais pas chez elle dès que j’ai une soirée de libre, lui fit remarquer Derek. Vous, vous couchez ensemble au moins une fois par semaine.

    Mark s’énerva. Je n’ai franchement pas besoin que tu me fasses la leçon, là ! Une idée lui vint soudain à l’esprit. Dis donc, sa copine… Addison, c’est ça ? Maintenant que tu l’as décommandée, elle est libre, non ? Elle pourrait peut-être m’accompagner.

    Mark ! tonna Derek

    Quoi ?

    Derek prit un air menaçant. Ne t’avise pas de me faire un coup pareil ! Je ne veux pas la voir au gala.

    Mais qu’est-ce que ça peut te faire ? s’enquit Mark, étonné par la réaction de son ami. Tu seras avec ta gamine.

    Justement ! Agacé par le manque d’à-propos de Mark, Derek leva légèrement les yeux au plafond. Réfléchis un peu. J’ai dit à Addison que je ne pouvais pas aller à cette soirée. A ton avis, comment elle réagirait en me voyant arriver au bras d’une autre ? Bonjour, le règlement de comptes ! Et je ne te parle pas de Meredith ! Qu’est-ce qu’elle penserait ?

    Mark haussa les épaules. Bah, elle ne comprendrait rien.

    Mais oui, c’est ça. Elle n’est pas aussi stupide que tu le crois, affirma Derek. Ecoute, s’il te faut absolument une nana pour la soirée, je t’offre les services d’une call-girl, mais de grâce, laisse Addison où elle est !

    Mark le regarda avec un air scandalisé. Dis donc toi, pour qui est-ce que tu me prends ? Je n’ai jamais payé une femme pour passer un moment avec moi. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Il reprit son téléphone portable dans sa poche. Pfft ! Je vais téléphoner à Callie. Mais c’est bien pour toi que je le fais.

    Merci. Je te revaudrai ça, lui promit Derek. Bon là, je suis vraiment à la bourre, j’y vais. Allez, souris, mon vieux, ajouta-t-il en voyant l’air morose de son ami. La vie est belle, c’est toi qui l’as dit. Dans un éclat de rire, il se mit à courir vers sa voiture. 


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  • En sortant du parking de la clinique, Derek passa devant la boutique, qui était déjà fermée, et tourna légèrement sur la gauche pour rejoindre la US–101. A cette heure-là, la circulation était plus que dense. Il mit une heure trente pour traverser le Golden Gate. Une fois franchi le pont, il prit la direction de Sausalito. Bloqué à un feu de signalisation, il admira une des plus belles vues qui soit sur San Francisco, les tours de Downtown, la pyramide Transamerica, Telegraph Hill et les quais de Fisherman's Wharf. 

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    Absorbé par le magnifique spectacle des lumières de la ville qui dansaient sur les eaux sombres de la baie, Derek ne vit pas que le feu passait au vert. Il fallut que les automobilistes qui faisaient la file derrière lui, klaxonnent pour qu’il redémarre. Dix minutes plus tard, il entrait dans Sausalito.

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    Pendant la prohibition, cette petite bourgade à l’est de Marin Peninsula avait été le cadre d’un intense trafic d’alcool. Après la seconde guerre mondiale, elle était devenue une casse de bateaux avant d’être investie, dans les années ‘60, par les hippies. Ces derniers y avaient rafistolé de vieilles péniches sur lesquelles ils avaient emménagé. Avec les années, la cité flottante avait fini par s’embourgeoiser et était devenu le refuge des bourgeois bohèmes qui avaient transformé les péniches en demeures luxueuses.

    Derek avait découvert l’endroit cinq ans plus tôt, en raccompagnant chez elle une de ses conquêtes d’un soir. Il avait eu le coup de foudre pour ce village de maisons flottantes et il avait passé une bonne partie de la nuit à poser toutes sortes de questions à son hôtesse. Quand il était parti à l’aube, ce qu’il avait vu avait confirmé sa première impression et il s’était promis de vivre là un jour. Il avait consulté les petites annonces jusqu’à ce qu’il trouve la house boat de ses rêves. C’est sans l’ombre d’une hésitation qu’il avait quitté son luxueux appartement du centre de San Francisco. Et jusqu’à présent, il n’avait jamais éprouvé de regrets.

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    Il tourna sur Brigdeway tout en se concentrant sur la soirée qui s’annonçait. A bien y réfléchir, elle ne serait sans doute pas si nulle que ça. Déjà, il allait pouvoir se payer la tête de Mark qui, une fois de plus, allait se rabattre sur cette bonne vieille Calliope. Ce qui n’était pas négligeable non plus, c’était le refus d’Izzie d’accompagner Mark à la soirée. Cela signifiait que contrairement à ce que ce dernier avait pu croire, la blonde n’était pas du tout accro. Donc, lorsque toute cette histoire de pari serait terminée, Derek pourrait repartir à l’assaut de la jeune fille. Il prouverait ainsi à son ami que rien ni personne ne lui résistait.

    Il gara sa voiture et emprunta le quai pour se diriger vers sa house boat. Tout en marchant, il pensa à Meredith. A la façon qu’elle avait de le regarder, il avait compris qu’elle l’idolâtrait. Il était certain aussi qu’elle n’avait pas dû avoir beaucoup de relations amoureuses. A part un ou deux bouseux, les amants n’avaient pas dû être nombreux. Tant mieux ! Elle devait être frustrée. Il allait pouvoir lui faire faire ce qu’il voulait. Et ce qu’il voulait, c’était gagner le pari ! Il se réjouissait déjà de remettre la cassette de ses ébats à Mark qui, en échange, débourserait sept mille dollars. Et puis, qui sait ? Si le manque créait l’envie, Meredith était peut-être un sacré bon coup. Bon, c’est vrai, elle n’était pas exactement le genre de filles avec lequel il avait l’habitude de s’afficher, mais il ne fallait rien exagérer. Elle n’était pas si laide que Mark se plaisait à le répéter. Ce qu’il avait pu entrevoir de son corps était prometteur. Le visage… il ferait avec. De toute façon, comme le lui avait dit son ami, s’il la prenait par le côté pile, il ne verrait pas le côté face.

    Il rentra chez lui en sifflotant la chanson de George Michael "I want your sex". Après avoir jeté négligemment ses clefs dans le vide-poche et sa veste sur le canapé, il se précipita dans sa chambre où il se déshabilla en un tour de main. Nu comme l’enfant qui vient de naître, il fit une série de pompes et une autre d’abdominaux. Ensuite, il admira sa musculature dans le grand miroir. Il voulait bien être pendu si ce soir, Meredith ne craquait pas devant ce corps splendide !

    Au moment d’entrer sous la douche, il chantonnait "Da ya think I’m sexy" de Rod Stewart. Il se frictionna avec son bain douche préféré, à la senteur gingembre citron. Il accorda un soin tout particulier à sa chevelure, dont il était si fier. Avec son sourire et ses yeux, ses cheveux étaient sa meilleure arme de séduction, il avait souvent eu l’occasion de le vérifier. Sa barbe de trois jours, savamment entretenue, lui donnait un aspect négligé, qui était également un atout. Mais ce soir-là, il décida de la sacrifier. Pour ce qu’il avait à faire, il valait mieux. Meredith semblait avoir une peau fragile.

    Il sortit de la chambre après s’être généreusement aspergé de "L’Homme" d’Yves Saint-Laurent. Après avoir bu un verre de scotch, il choisit avec soin une chemise et revêtit son smoking. Quand il se regarda dans le miroir de la chambre, il ne fut pas mécontent de ce qu’il vit. Il sourit à son reflet. La petite allait baver en le voyant.

    Il rentra dans la salle de bains et prit une boîte de préservatifs dans l’armoire à pharmacie. Après un ultime coup d’œil dans le miroir, il se dirigea d’un pas nonchalant vers l’escalier qui menait à l’étage. Il était déjà devant la porte principale lorsqu’il se tapa la tête avec la paume de sa main droite. Zut ! Il avait failli oublier… Il redescendit les marches quatre à quatre et fonça vers le placard de sa chambre. Il en sortit une caméra miniature, petit bijou de technologie initialement destiné à filmer des scènes d'action sportives mais qu’il avait rapidement détourné de son usage premier. Il sourit en regardant l’appareil.

    C’est en fredonnant "Sex Machine" qu’il sortit de chez lui pour rejoindre son bolide.


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  • L’après-midi tirait à sa fin lorsque Meredith et Izzie franchirent le seuil de leur demeure. Elles déposèrent tous leurs sacs de shopping dans le hall en gloussant de joie et d’excitation. Attirée par le bruit de leurs rires, Gloria passa la tête à la porte. Elle fronça d’abord légèrement les sourcils en voyant l’inconnue qui accompagnait Izzie et ensuite, resta bouchée bée en la reconnaissant. Meredith ? Elle vint se placer devant la jeune fille. Mon Dieu, ma petite… quelle… quelle transformation ! Vous êtes ravissante ! Les joues de Meredith rosirent de plaisir.

    N’est-ce pas ! s’exclama fièrement Izzie. Et attendez de la voir avec sa robe !

    Gloria sourit. Oh je n’en doute pas. Vous serez magnifique, dit-elle à Meredith. Faudra venir vous montrer avant de partir. Elle repartit dans sa cuisine.  

    La porte d’entrée s’ouvrit brusquement sur Cristina et George qui, comme à leur habitude, se chamaillaient. Ils se turent en découvrant Meredith. George se figea sur place, la bouche légèrement ouverte, tandis que Cristina se mettait à tourner autour de sa camarade avec un air attentif. Eh ben dis donc ! s’exclama-t-elle enfin sur un ton admiratif. Pour du changement, c’est du changement !

    Meredith ? C’est toi ? ânonna George, stupéfait.

    Non, c’est Scarlett Johansson, répliqua Cristina en levant les yeux au ciel. Qu’est-ce que tu peux être con, parfois ! George la fusilla du regard mais elle ne s’en émut pas outre mesure. Mer, tu es superbe, poursuivit-elle. J’en connais un qui ne va pas regretter d’avoir fait le déplacement. Meredith rougit.

    Mais c’est le but, clama Izzie. Et non seulement il ne va pas regretter d’être venu mais en plus, il va avoir envie de revenir.

    C’est bien ça, le problème, pensa George. S’il trouvait la métamorphose de Meredith très réussie, et même impressionnante, il n’était pas certain de l’apprécier parce qu’elle plaçait la jeune femme à un tout autre niveau que le sien, hors de sa portée peut-être même. En un mot, il se demandait si maintenant, son amie d’enfance n’était pas trop bien pour lui.

    Parle pas de malheur ! répondit Cristina à Izzie. Déjà que Dr Snobinard fait toutes ses pauses à la boutique, qu’est-ce que ça va être maintenant ?

    Vous vous faites des idées, assura Meredith. Comme s’il n’avait pas l’occasion de rencontrer des filles bien mieux que moi !

    C’est quand même toi qu’il emmène à ce gala, répliqua Cristina. Et à mon avis, une fois qu’il aura découvert la nouvelle Meredith, on ne va plus pouvoir s’en débarrasser. 

    Encore faudrait-il que la nouvelle Meredith soit prête quand il arrive, fit remarquer Izzie en regardant sa montre. N’oublie pas que je dois te maquiller et te recoiffer, rappela-t-elle à son amie.

    Paniquée, Meredith ramassa ses sacs et grimpa à l’étage. Après s’être débarrassée de ses paquets dans sa chambre, non sans avoir pris soin de déballer sa robe et de la faire pendre sur un cintre, elle courut dans la salle de bains. Les cheveux remontés et cachés sous un bonnet, elle se mit sous le jet de la douche, profitant de cet instant de tranquillité pour réfléchir à la soirée qui s’annonçait. Elle était partagée entre l’envie que Derek arrive pour qu’elle puisse voir sa réaction, et la peur que celle-ci ne soit pas celle qu’elle espérait. Elle appréhendait aussi la soirée en elle-même. Parviendrait-elle à faire illusion parmi tous ces gens de la bonne société ? Tous les artifices dont elle allait user suffiraient-ils à masquer qu’elle n’était qu’une petite godiche provinciale ?

    Quand elle regagna sa chambre, elle vit qu’Izzie avait repassé sa robe et préparé sur le lit les accessoires qui accompagnaient cette dernière. En effet, Izzie avait obligé Meredith à acheter une pochette, des escarpins à talons hauts, des boucles d’oreilles et un bracelet assortis à la robe et surtout, un string. Bien que Meredith ait juré qu’elle ne porterait jamais ce genre de dessous, Izzie lui avait fait faire le tour de tous les magasins de lingerie d’Union Square dans le but de trouver un string de la même couleur que la robe. Quand Izzie avait enfin trouvé l’objet tant convoité, Meredith avait protesté. Mais une fois de plus, Izzie ne lui avait pas laissé le choix, insistant sur le fait qu’avec une telle robe, on ne pouvait pas porter n’importe quel sous-vêtement, parce qu’il ne fallait pas qu’on voit la culotte à chaque pas. Comme d’habitude, Meredith avait cédé. Maintenant, le moment était venu de porter ce minuscule triangle de tissu. La jeune fille le regarda avec méfiance avant de se décider à l’enfiler. La sensation de la ficelle entre les fesses lui fut fort désagréable. Elle se tortilla jusqu’à ce que la gêne soit moindre, tout en maudissant son amie et en se jurant de ne plus jamais suivre ses conseils.

    C’est à ce moment là qu’Izzie entra dans la chambre, avec sa trousse de maquillage et son matériel de coiffure. Woaw Mer ! dit-elle en ignorant le regard furibond de Meredith. T’es super bien foutue. T’as même pas un gramme de cellulite. Et ce string…

    Me rentre dans les fesses, l’interrompit sèchement Meredith. Et ça me gêne mais je vais devoir faire avec parce que tu m’as fait acheter une robe qui m’interdit de porter une culotte normale. Alors tais-toi et aide moi à me préparer.

    A vos ordres, mon général ! répondit Izzie avec un petit sourire malicieux sur les lèvres.

    Après avoir étalé ses produits sur le lit, elle entreprit de maquiller Meredith. Elle venait à peine de terminait que le bruit de la sonnette de la porte d’entrée leur parvint. Meredith se raidit imperceptiblement. Oh il est déjà là, commenta Izzie. Eh bien, il va devoir attendre qu’on soit prête ! Sans se hâter, elle recoiffa son amie en suivant les conseils que lui avait donnés Josh. Ensuite, elle l’aida à enfiler la robe et les escarpins, avant de la prendre par la main pour l’amener devant le miroir. Meredith fut surtout frappée par l’éclat de ses yeux, que le maquillage faisait ressortir, et par la finesse de ses jambes, accentuée par les talons hauts. Tu es vraiment magnifique, assura Izzie. Meredith lui adressa un sourire ému à travers le miroir. Je suis impatiente de voir la réaction de Derek, ajouta Izzie, aussi excitée que si c’était elle que le chirurgien était venu chercher. Elle prit son amie par la main. Allez-viens, on y va, il t’a assez attendu.


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  • S’il y avait quelque chose qui n’angoissait pas Derek, c’était un rendez-vous avec une femme, quelle qu’elle soit. Il était conscient de l’effet qu’il leur faisait et il savait ce qu’il devait faire et dire pour obtenir ce qu’il voulait. Depuis qu’il avait décidé de jouer les don Juan, jamais il n’avait essuyé d’échec et il n’y avait pas de raison pour qu’il en soit autrement ce soir là. Meredith finirait dans son lit, il en était certain. Il n’éprouvait qu’une seule appréhension et elle concernait le look de la jeune femme, car il n’avait nullement envie de faire plaisir à Mark en se ridiculisant aux yeux de la haute société de San Francisco. Mais il pressentait qu’Izzie avait conseillé son amie dans ses choix. C’est donc relativement décontracté qu’il arrêta son véhicule devant la maison de Meredith.

    Assise en tailleur sur le canapé, Cristina dégustait une crème glacée lorsque la sonnette retentit. George, on sonne ! cria-t-elle. Comme son ami ne répondait pas, elle finit par se lever, le pas traînant, pour aller ouvrir la porte d’entrée. Elle se retrouva face au chirurgien en smoking. Ah c’est vous, dit-elle sur un ton plein de dédain. Laissant la porte ouverte en guise d’invitation à entrer, elle fit demi-tour et repartit sans le salon.

    Sans se formaliser de ce flagrant manque d’égard et même de politesse, Derek entra dans la maison et, après avoir refermé la porte derrière lui, rejoignit Cristina au salon. Meredith n’est pas encore prête ? s’enquit-il.

    Nan, répondit la jeune femme en se jetant dans son canapé. Elle a peut-être changé d’avis.

    Je ne crois pas, non, répliqua Derek sur un ton suffisant.

    Cristina reprit son pot de glace et y puisa une grosse cuiller. C’est marrant, j’étais sûre que vous lui poseriez un lapin, lança-t-elle, la bouche pleine. 

    Derek sourit avec un air supérieur. Ecoutez… Cristina, c’est ça ? L’intéressée ne réagit pas. Si vous pensez que vous allez réussir à me blesser ou à me mettre en colère, vous perdez votre temps, reprit Derek. Je m’apprête à passer une excellente soirée en compagnie d’une charmante jeune fille. Rien de ce que vous pourrez dire n’arrivera à gâcher mon plaisir. Alors, ne vous fatiguez pas

    Cristina ne prit plus la peine de répondre. Faisant mine de se concentrer sur son dessert, elle observa le chirurgien à la dérobée tandis qu’il regardait quelques photos de famille disposées sur un buffet. Y a pas à dire, c’est vraiment un beau mec ! se dit-elle. Et il a plus de classe que son copain. Dommage qu’il soit si prétentieux.

    George entra dans le salon, une tasse de thé à la main. Il eut un mouvement de recul en découvrant la présence du chirurgien. Les deux hommes échangèrent un regard hostile avant que Derek ne détourne la tête, regardant à nouveau les photos pour tromper son impatience. George s’affala dans un fauteuil en fixant son rival d’un regard mauvais. Ce type était si élégant, si parfait, une vraie gravure de mode. George enragea à l’idée que Meredith allait encore se laisser impressionner par ce bellâtre et le dévorer des yeux.

    Lassé par le spectacle des photos – il les avait tellement regardées qu’il avait l’impression d’en connaitre chaque détail par cœur – Derek rejoignit le coin salon. Très à l’aise, il se laissa tomber dans le fauteuil. Dites, mon vieux, vous pourriez aller prévenir Meredith que je suis là ? dit-il à l’intention de George sur un ton très condescendant. Et tant que vous y êtes, ramenez-moi un verre d’eau.

    Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je ne suis pas votre larbin, riposta George.

    Derek prit un air las, comme si le simple fait d’échanger quelques mots avec George l’ennuyait prodigieusement. Et si pour une fois, vous vous comportiez en gentil garçon ?

    Ah le combat de coqs va commencer, pensa Cristina que la situation amusait beaucoup.

    Oh ne prenez pas vos grands airs avec moi, rétorqua George. Je ne m’appelle pas Meredith, moi. Il en faut plus pour m’impressionner. Le petit sourire en coin du médecin agaça un peu plus le jeune homme. Moi, j’aimerais bien savoir comment ça se fait qu’un type comme vous, qui se croit mieux que tout le monde, se voit réduit à inviter une fille comme Meredith pour aller à ce gala. Parce que je ne suis pas né de la dernière pluie, je sais bien qu’elle n’est pas le genre de nana avec qui vous sortez habituellement. Elle est trop paysanne pour vous. Il se redressa, très fier d’avoir pu trouver un argument qui allait river le clou du prétentieux Dr Shepherd, il en était certain.

    Derek qui, durant tout le discours de George, avait retiré des peluches imaginaires accrochées à son smoking, releva lentement la tête et posa un regard froid et méprisant sur le jeune homme. Je ne suis certainement pas le type le plus correct de la terre mais jamais, je n’ai traité mes amis comme vous venez de le faire avec Meredith, laissa-t-il tomber. Ça confirme ce que je pense de vous.

    Pensez ce que vous voulez, dit George. Meredith est mon amie et vous n’arriverez jamais à changer ça.  

    Derek ricana. Après avoir passé la soirée avec moi, Meredith aura oublié jusqu’à votre existence, promit-il.

    Fascinée, Cristina baladait son regard d’un belligérant à l’autre. C’était avec délectation qu’elle assistait à ce match dont l’issue ne faisait aucun doute pour elle. Plus fin, plus subtil et surtout plus méchant que George, le chirurgien savait ce qu’il fallait dire pour faire mal.

    Tout ce que je remarque, c’est qu’elle n’est pas encore là, contre-attaqua George. Peut-être qu’au fond, elle n’a pas trop envie de sortir avec… Il s’arrêta brusquement et, la bouche ouverte, les yeux écarquillés, fixa un point derrière Derek.

    Celui-ci se retourna pour voir ce qui semblait tant captiver le jeune homme. Ce qu’il vit en tout premier lieu fut une superbe jambe fuselée, perchée sur une chaussure à talon aiguille. Ses yeux remontèrent lentement, le temps de lui laisser apprécier un corps parfait, moulé dans une merveille de robe. Enfin, il découvrit le nouveau visage de Meredith. 

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    Il en fallait beaucoup pour impressionner Derek Shepherd. Mais impressionné, il le fut, c’est le moins qu’on puisse dire. Il se leva d’un bond et alla au devant de la jeune femme. Bien qu’il soit habitué à ne pas dévoiler ses pensées, il ne put cacher qu’il était ébloui.


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