• Le vendredi matin, Izzie déboula dans la chambre de Meredith et se jeta sur son lit. Debout, marmotte, cria-t-elle en secouant son amie. Aujourd’hui, c’est le début de ta nouvelle vie.

    Meredith s’assit sur son lit, les yeux encore voilés de sommeil. Il est quelle heure ?

    Neuf heures, claironna Izzie en allant ouvrir les rideaux. Ce qui veut dire que tu as quarante-cinq minutes grand maximum pour te préparer. Tu as un rendez-vous chez le coiffeur à 10h30, précisa-t-elle en voyant le regard étonné de Meredith.

    Iz, geignit cette dernière. Tu m’avais dit qu’on ferait du shopping pour trouver une robe. Tu n’as jamais parlé d’un coiffeur.

    Je n’en ai pas parlé parce que j’ai cru que ça allait de soi, répliqua Izzie. Tu ne vas tout de même pas aller à la soirée en robe du soir avec ta sempiternelle queue de cheval ! Elle rabattit la couette sur le pied du lit. Allez, debout ! On a une longue journée qui nous attend.

    Une demi-heure plus tard, Meredith retrouvait sa camarade à la cuisine. Tu as vu Cristina et George ce matin ? demanda-t-elle en se servant un jus d’orange.

    Non, ils étaient déjà partis quand je me suis levée, répondit Izzie qui était en train de se beurrer un toast. Mais Cristina m’a appelée il y a une heure pour me rappeler de ne pas trainer en ville, parce qu’il était hors de question qu’elle se tape tout le boulot. Et pendant qu’elle me parlait, elle engueulait George parce qu’il ne travaillait pas assez vite.

    Pauvre George, commenta Meredith en s’asseyant à la table en face d’Izzie. Elle en a toujours après lui.

    Izzie fit une petite grimace. Il faut dire que parfois, il le cherche. Et avec toi, ça va maintenant ? se renseigna-t-elle. Il s’est calmé?

    Oui, oui, c’est arrangé, certifia Meredith. Ça fait deux jours qu’il n’arrête pas de me présenter ses excuses.

    Izzie hocha lentement la tête de bas en haut. Je crois qu’il s’en veut vraiment de t’avoir parlé comme ça. Il m’a dit qu’il se rendait compte qu’il avait été trop loin mais que ça l’avait mis en colère de voir que tu ne te rendais pas compte que Derek se moquait de toi.

    Oui, il m’a dit ça aussi. Pensive, Meredith joua avec un morceau de sucre, le faisant glisser sur la table en suivant les carreaux de la nappe en toile cirée, tandis qu’Izzie finissait de manger son toast en surveillant le parcours du sucre. Meredith finit par relever la tête vers son amie. Toi aussi, tu crois qu’il se moque de moi ? la questionna-t-elle d’une voix pleine d’appréhension.

    Izzie fit une petite moue. Je ne crois pas. Il a quand même vachement insisté pour que tu l’accompagnes à cette soirée et en plus, il s’est battu avec George pour te défendre. S’il se moquait de toi, il n’en aurait rien eu à faire. Elle se leva pour aller déposer la vaisselle sale dans l’évier. Mais tu sais, c’est un homme, alors… il ne faut jamais leur faire totalement confiance.

    Si seulement je comprenais pourquoi il tient tellement à ce que je l’accompagne à ce gala, murmura Meredith. Izzie lui lança un regard surpris. Non mais tu l’as déjà bien regardé ? dit Meredith sur un ton plaintif. Il peut avoir toutes les femmes qu’il veut. Alors, pourquoi moi ?

    Ah tu ne vas pas recommencer ! s’écria Izzie avec un air sévère. Tu n’es pas plus mal qu’une autre. Il suffit de mieux t’arranger. Et c’est ce qu’on va faire aujourd’hui. D’ailleurs, il est temps d’y aller si tu ne veux pas être en retard à ton rendez-vous.

    Un quart d’heure plus tard, les deux filles montaient à bord d’un tramway qui les déposa à Union Square. Située au cœur de la ville, cette vaste place bordée de palmiers était le paradis des amateurs de shopping. On y trouvait aussi bien des grands noms de la couture que des grands magasins et des boutiques de toute sorte.

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    Izzie prit son amie par le bras et l’entraîna dans Powell Street dont les trottoirs grouillaient de monde. Où est-ce que tu m’emmènes ? s’enquit Meredith.

    Izzie leva légèrement les yeux au ciel. Ben, chez le coiffeur. Elle pointa son index en direction d’une devanture noire et blanche. Chez Jason Richard. C’est un des meilleurs salons de coiffure de la ville.

    En découvrant l’entrée luxueuse du salon entièrement recouverte de marbre rose, Meredith eut un mouvement de recul. Izzie, ça va me coûter une fortune ici, chuchota-t-elle. Je pourrais très bien aller chez un petit coiffeur de quartier. Il y en a un près de la maison qui a l’air très bien.

    J’en suis sûre, mais toi, il te faut autre chose que du très bien, riposta Izzie en se tournant vers Meredith avec un air sévère. Est-ce que Derek te plait vraiment ? Elle donna elle-même la réponse. Oui, il te plait. Alors, ce soir, tu dois être exceptionnelle, Mer. Cet homme ne se contente pas de très bien. Ça, il peut en avoir tous les jours. Lui, il lui faut de l’exceptionnel, et c’est pour ça que tu dois entrer dans ce salon. Sans plus attendre, elle entraina son amie à l’intérieur. 


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  • Après avoir passé vingt minutes dans les mains de la shampouineuse, qui lui avait fait, en lui vantant leurs mérites avec force détails, un shampooing nutrition renforcée à base de karité et de kératine et un soin nutri-épaississant aux polyphénols antioxydants, accompagné d’un massage du cuir chevelu, Meredith, revêtue d’un long peignoir noir, fut conduite dans un salon qui lui fit l’effet d’une ruche, tant l’effervescence était grande. Qui s’occupe de vous ? lui demanda la jeune apprentie coiffeuse.

    Je… je n’en ai aucune idée, répondit Meredith, déjà paniquée. C’est avec un grand soulagement qu’elle aperçut Izzie qui lui faisait signe de la rejoindre. Ah mon amie est là-bas.

    La shampouineuse l’accompagna pour l’aider à s’installer dans le fauteuil. Vous désirez boire quelque chose ? Un café, un jus d’orange ? proposa-t-elle ensuite.

    Meredith secoua la tête. Non, merci. Elle avait déjà peur de ce que cette séance de relooking allait lui coûter, elle n’allait pas rajouter des frais inutiles. Elle jeta un regard quelque peu hostile à son amie, dont les caprices allaient entrainer leur ruine, à coup sûr.

    Ignorant les préoccupations de sa camarade, Izzie ne pensa pas à lui dire que dans ce genre d’établissement, les consommations étaient offertes. Tout en continuant de siroter son thé vert aux agrumes, elle désigna un jeune homme de type latino aux mèches peroxydées qui se tenait derrière elle. Meredith, je te présente Josh. C’est lui qui va s’occuper de toi.  

    Josh vint se placer derrière Meredith et lui retira la serviette qui entourait ses cheveux. Vous avez déjà une idée de ce que vous désirez comme coiffure ? 

    Izzie ne laissa pas à Meredith le temps de parler. Non, elle ne sait pas. Je la connais depuis vingt ans et je ne l’ai jamais vue qu’avec une queue de cheval. Alors, il ne faut pas lui demander son avis. Meredith se sentit rougir.

    Josh passa les mains dans la chevelure de la jeune fille. C’est dommage, ça. Quand on a d’aussi beaux cheveux que les vôtres, on ne les attache pas.

    Ah tu vois ! s’exclama Izzie avec un air triomphant. Elle s’adressa au coiffeur à travers le miroir. Josh, ce soir, mon amie doit aller à une soirée très importante en compagnie un homme qui lui plait énormément, alors il faut qu’elle soit la plus belle.

    Izzie, chuchota Meredith, affreusement gênée.

    Josh sourit. Eh bien, on va vous arranger ça. Il saisit sa paire de ciseaux et commença à couper quelques mèches de-ci de-là, sous le regard curieux mais aussi vaguement inquiet de sa cliente. L’inquiétude devint de l’affolement lorsque Josh se mit à enrouler les cheveux sur de gros rouleaux. Meredith se vit arriver au gala avec une coiffure à la lionne digne des années ’80. Mais sa timidité et la crainte de passer une fois encore pour une bécasse l’empêchèrent d’exprimer ses appréhensions et ses envies. Elle se sentit encore plus mal lorsque sa tête se retrouva entre les lampes infrarouges du casque séchoir télescopique. Avec ses bigoudis et cette machine, elle avait l’impression d’être le comble du ridicule. Elle aurait aimé en parler à Izzie pour que celle-ci la rassure, mais son amie était en pleine discussion avec le jeune homme qui la coiffait. Une demi-heure plus tard, Josh était de retour. Une fois qu’il eut retiré le casque, il fit pivoter le fauteuil de sorte que Meredith se trouve dos au miroir. A partir de maintenant, interdiction de regarder ce que je fais, décréta Josh avec un grand sourire. Je vous réserve une belle surprise. Il se mit à défaire les rouleaux tandis que Meredith, comme une enfant sage, fermait les yeux pour ne pas être tentée de chercher son image dans les autres miroirs du salon. Elle ne vit donc pas l’expression de grande satisfaction qui se peignait sur le visage d’Izzie, au fur et à mesure que Josh coiffait ses cheveux. Après les avoir vaporisés d’une fine couche de laque, le coiffeur fit à nouveau tourner le fauteuil. Voilà, maintenant, vous pouvez vous regarder.

    Meredith souleva tout doucement les paupières et se retrouva face à un visage inconnu. Il lui fallut quelque secondes avant de se reconnaitre en cette jolie jeune fille dont les cheveux brillants, qui étaient lissés sur le dessus, retombaient en belles boucles sur les épaules. C’est bien moi ? demanda-t-elle d’une petite voix mal assurée.

    Evidemment que c’est toi ! s’écria Izzie qui dévisageait son amie comme si elle la voyait pour la première fois. Tu es magnifique, Mer. Meredith se tourna vers elle avec un regard un peu perdu, comme si elle ne pouvait pas croire en ce qu’elle voyait.

    Ça vous plait ? se renseigna Josh. C’est ce que vous espériez ?

    C’est bien mieux, murmura Meredith. Jamais je n’ai pensé que je pourrais être aussi… aussi jolie. Elle releva la tête vers le jeune homme avec un regard à la fois ému et reconnaissant. Merci beaucoup. Il lui fit un clin d’œil avant de s’éloigner pour s’occuper d’une autre cliente.

    Izzie battit des mains. Oh mon dieu, je suis trop contente ! Quand Derek va te voir, il va tomber à tes pieds. Un petit sourire ravi naquit sur les lèvres de Meredith.

    Quand les deux jeunes filles sortirent du salon de coiffure, Meredith prit Izzie par le bras. Merci de m’avoir amenée ici. Evidemment, ce n’est pas donné mais ça en valait le coup. J’ai l’impression de ne plus être la même. Izzie approuva d’un signe de tête. Et pour la robe ? Tu as déjà repéré quelque chose ? se renseigna Meredith.

    Oh ça, il y a assez de boutiques dans le quartier. T’inquiète, on va te trouver quelque chose, promit Izzie. Mais avant ça, direction l’institut de beauté. Je t’ai prévu un petit programme, tu m’en diras des nouvelles. 


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  • Trois heures après, Meredith, épuisée, était assise à la terrasse d’un Starbucks et sirotait avec délectation un café frappé, tandis qu’Izzie la fixait avec des yeux admiratifs. Franchement, Mer, je n’en reviens pas. C’est fou ce qu’une nouvelle coupe de cheveux et du maquillage peuvent changer une personne. Tu es tout simplement éblouissante !

    Le contraire serait malheureux, bougonna Meredith. Après tout ce que je viens de subir ! Izzie pouffa de rire, ce qui lui valut un regard noir de la part de son amie. Non mais sérieux, Iz ! lança celle-ci. L’épilation du maillot ! Tu aurais pu me prévenir au moins. Sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait, elle s’était retrouvée à moitie nue sur une table en train de regarder l’esthéticienne faire chauffer la cire. Elle avait été surprise par la douleur ressentie lorsque la jeune femme avait tiré d’un coup sec sur la bandelette posée sur son mollet. Mais le pire avait été lorsque l’esthéticienne lui avait demandé de retirer sa culotte pour pratiquer l’épilation du maillot, en lui mentionnant que cela n’aurait pas été nécessaire si elle avait mis un string. Bon à savoir pour la prochaine fois, avait-elle précisé. A nouveau, la timidité maladive de Meredith l’avait empêchée de protester et elle s’était exécutée, le rouge aux joues. A quoi ça va servir ? demanda-t-elle, ulcérée. Je ne vais pas à la soirée en bikini.

    Non mais maintenant, tu es parée pour toutes les éventualités, riposta Izzie. Tu ne voudrais pas que le beau Derek te voie avec plein de poils partout.

    Meredith la fusilla du regard. Alors déjà, je n’ai pas tant de poils que ça. Et ensuite, il est hors de question que Derek ait l’occasion de les voir. Je le connais à peine.

    Izzie leva légèrement les yeux au ciel. Tu es trop sérieuse, Mer. Si tu lui plais et qu’il te plait, pourquoi attendre ? Il n’y a pas de mal à se donner un peu de bon temps. On n’est plus à l’époque où il fallait se marier pour coucher.

    Je n’ai jamais dit ça non plus, grommela Meredith. Elle n’en dit pas plus. Elle avait compris depuis longtemps qu’en la matière, sa vision des choses était très différente de celle de la plupart de ses copines. Elle, elle n’arrivait pas à concevoir que l’on puisse avoir des relations intimes avec une personne sans qu’il y ait des sentiments sérieux et réciproques. Cependant, si elle ne jugeait pas celles qui avaient un comportement plus libéré que le sien, elle avait constaté que l’inverse se produisait rarement. C’est pourquoi elle évitait d’aborder le sujet. 

    A ce propos, tu me feras penser de te donner quelques préservatifs, insista Izzie. A mon avis, Derek aura ce qu’il faut mais on ne sait jamais. Il vaut mieux prévenir que guérir.

    Rouge écarlate, Meredith plongea le nez dans son gobelet, en se demandant pourquoi Izzie semblait convaincue que Derek avait l’intention de coucher avec elle. Elle savait ce que l’on disait des hommes, qu’ils ne pensaient toujours qu’au sexe, mais elle avait la faiblesse de croire que Derek était différent. Sans parler du fait qu’elle n’arrivait toujours pas à imaginer qu’elle pouvait éveiller ce genre d’intérêt chez lui. Il est bon, ton muffin ? demanda-t-elle pour orienter la conversation sur un sujet moins délicat.

    Izzie fit une moue. Ouais, pas mal, mais les miens sont meilleurs. D’ailleurs, j’ai une idée… Elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone portable. Pendant que sa camarade discutait avec son interlocutrice, Meredith réfléchit à sa robe. Elle la voulait élégante mais glamour, sexy même sans toutefois être trop osée. Le problème, c’est qu’elle ne trouverait certainement pas la robe de ses rêves à un prix abordable. Il faudrait sans doute qu’elle se rabatte sur une tenue plus classique, genre la petite robe noire qui convient à toutes les occasions. Oh Mer, c’est super ! s’exclama Izzie après que sa conversation ait pris fin. Meredith la regarda avec de grands yeux curieux. Alors, figure-toi qu’il y a une femme qui est venue déjeuner à la boutique, et elle a tellement aimé qu’elle veut que j’organise un lunch demain pour son équipe, expliqua Izzie. Vingt personnes, Mer ! Tu te rends compte ?

    Oui, c’est génial, Iz ! s’écria Meredith.

    Izzie opina de la tête avec des yeux brillants d’excitation. Ouiii, je sais. Evidemment, je vais devoir y travailler toute la soirée et sans doute une partie de la nuit, mais…

    Meredith fronça les sourcils. Toute la soirée ? Mais… et le gala ?

    Le gala ? répéta Izzie avec un air absent. Ah oui, flûte ! Elle haussa les épaules. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Ben, t’en fais pas, Mer, s’exclama-t-elle en décelant de l’inquiétude dans le regard de son amie. C’est pas parce que je ne peux pas y aller que toi, tu n’iras pas.

    Meredith éprouva un immense soulagement de ne pas devoir renoncer à sa soirée, mais elle était aussi déçue qu’Izzie ne l’accompagne pas. Sa présence aurait été rassurante. J’aurais quand même préféré que tu sois là, lui dit-elle.

    Izzie prit un air désolé. Oui je sais, mais c’est une occasion que je ne peux pas laisser passer, surtout avec la boutique qui vient de s’ouvrir. Ça peut nous faire une pub du tonnerre.

    Plus Meredith y réfléchissait, plus elle appréhendait de se retrouver seule au milieu d’inconnus. Un court instant, elle envisagea de se décommander mais elle réalisa que ce n’était pas possible, pas après que Derek l’ait choisie pour l’accompagner au gala, aux dépens de cette collègue si importante. Mark va être déçu, fit-elle remarquer en espérant que l’argument ferait changer Izzie d’avis.

    Celle-ci eut un petit rire moqueur. Oh ne t’en fais pas pour lui ! Je suis sûre qu’il n’aura aucun mal à me remplacer. Elle se leva et prit son sac. Maintenant, il est temps d’aller chercher ta robe de bal ! 


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  • Lorsque Meredith entra chez Macy’s, elle crut halluciner. Le magasin était immense avec des rayons à perte de vue, au milieu desquels clients comme vendeurs s’agitaient dans tous les sens. La jeune fille eut l’impression d’avoir pénétré dans une fourmilière. Un peu sonnée, elle suivit son amie dans les étages jusqu’à ce qu’elles arrivent à celui de la mode féminine. En passant, Meredith jeta un coup d’œil aux étiquettes qui étaient accrochées aux vêtements. Ce qu’elle y vit l’épouvanta. Elle se dépêcha de rejoindre Izzie qui était déjà en train de choisir des jeans. Iz, qu’est-ce qui t’a pris de m’amener ici ? dit-elle à mi-voix. Tu as vu les prix ? Au cas où tu l’aurais oublié, je n’ai pas gagné à la loterie.

    Les sourcils légèrement froncés, Izzie leva un jean au bout de son bras tendu pour mieux en juger la coupe. Je sais bien, répondit-elle sur un ton léger. Mais tu peux bien te permettre quelques fantaisies tout de même.

    A ce prix là, ce ne sont plus des fantaisies, répliqua Meredith. Quand je vois le prix des jeans, je n’ose même pas penser au prix des robes de soirée. Il est hors de question que je me ruine en fringues, Iz !

    Izzie redéposa le jean en soupirant. D’accord… Si tu veux, on peut aller sur Market Street. Les magasins sont meilleur marché là-bas.

    Je me demande pourquoi tu n’as pas commencé par là, bougonna Meredith.

    Quinze minutes plus tard, les deux filles faisaient leur entrée chez American Eagle Outfitters. Meredith fut déconcertée en découvrant les vêtements aux couleurs acidulées. Ce n’était pas vraiment son genre. Elle préférait les couleurs neutres qui lui permettaient de se fondre dans la masse. Son inquiétude monta d’un cran lorsqu’elle vit Izzie qui empilait sur son bras un nombre impressionnant de robes, jupes, pantalons et corsages en tout genre, en jetant de temps en temps un coup d’œil dans sa direction, comme si elle l’imaginait dans ces tenues. Izzie, je veux juste acheter une robe pour le gala, lui rappela-t-elle. 

    Oui, eh bien, tu ne trouveras pas ça ici, riposta Izzie. Après, on ira dans une petite boutique où ils vendent des robes du soir à des prix super intéressants.

    Et pourquoi on n’y va pas maintenant ? l’interrogea Meredith, toute étonnée.

    Parce que tu as grand besoin de renouveler ta garde-robe. Craignant d’avoir été un peu trop sèche, Izzie prit sa camarade par la main. Mer, tu ne peux pas être une princesse ce soir et demain, redevenir Meredith… enfin, pas la Meredith que tu étais. Derek serait trop déçu.

    Même si Meredith restait persuadée qu’Izzie se faisait des illusions concernant les attentes de Derek, elle ne la contraria pas et lui prit quelques vêtements des mains, pour la soulager. Elle la suivit dans les différents rayons, s’affolant de la voir continuer à choisir des habits. Iz’, je ne vais pas dépenser toutes mes économies en un après-midi, la prévint-elle. Izzie ne répondit pas, trop occupée à choisir entre un short en jean à franges ou un autre en coton fleuri. N’arrivant pas à se décider, elle prit les deux.

    Quand elles arrivèrent dans le rayon lingerie et qu’Izzie se mit à examiner les soutiens-gorge, Meredith s’énerva. Ah non, là, tu exagères. Des sous-vêtements, j’en ai assez !

    Izzie la regarda avec un air sévère. Oui, des culottes en coton blanc, qui montent jusqu’à la taille ! Tu imagines la tête de ton Derek quand il va voir ta culotte de grand-mère ?

    Oh arrête avec ça, s’écria Meredith, exaspérée.

    Je sais que ça ne te plait pas d’entendre ça mais c’est la vérité ! Un homme comme lui, il faut se battre pour le garder et ça, ça fait partie des armes. Izzie brandit un ensemble soutien-gorge tanga en dentelle noire que Meredith trouva indécent, sans toutefois le dire, pour ne pas passer encore une fois pour une prude. Izzie prit son silence pour un assentiment et continua à sélectionner les pièces de lingerie qui lui plaisaient. Cinq minutes plus tard, elle entraina son amie vers les cabines d’essayage. Viens, on va voir ce qui te va dans tout ça. Meredith entra dans la cabine comme un animal va à l’abattoir. Elle prit les sous-vêtements qu’Izzie lui tendait avant de refermer le rideau et de se déshabiller. Les mains tremblantes, elle enfila un push-up rose et noir avec un petit nœud noir à la naissance des bretelles. Elle n’avait jamais rien porté d’aussi fantaisiste et affriolant. Elle admirait sa poitrine dans le miroir lorsqu’Izzie passa la tête entre les pans du rideau. Ça te va super bien ! Derek va tomber à genoux quand il va te voir comme ça.

    Une fois de plus, Meredith lui lança un regard noir. Il est hors de question que ça arrive.

    Izzie eut un petit rire léger. Mais oui, bien sûr ! Bon, celui-là, tu le prends. Essaie le reste maintenant et tu me montres à chaque fois, hein !  

    Meredith passa l’heure suivante à essayer les vêtements que lui avait choisis Izzie. Après que celle-ci eut donné son avis, il resta six pantalons, trois shorts, quatre jupes, cinq robes, une bonne dizaine de blouses et tee-shirts et cinq ensembles de lingerie. Les prix pratiqués par le magasin étaient tellement attrayants que Meredith ne pensa même pas à procéder à un choix plus sélectif. Durant la séance d’essayage, elle avait eu l’impression d’être une autre personne et, pour être honnête, cela ne lui avait pas déplu, que du contraire. La jeune fille qu’elle avait découverte dans le miroir lui avait paru plus séduisante qu’elle n’avait jamais osé espérer l’être. C’est donc le cœur léger qu’elle passa à la caisse pour régler ses achats.

    Le temps de faire le chemin, les deux filles arrivèrent devant une boutique dont la vitrine était ornée de trois mannequins en plastique portant des robes au tissu satiné, orné de perles et de petits brillants. Ce n’est pas du tout mon genre, constata Meredith, catastrophée.

    Ils ont sûrement autre chose à l’intérieur, la rassura Izzie. Viens, on va voir. Une fois dans la boutique, elle prit, comme dans les autres magasins, la direction des opérations furetant à droite et à gauche, sortant certains modèles, les remettant en place avec une moue, sans même prendre la peine de demander l’avis de la principale intéressée. Celle-ci commençait à désespérer lorsqu’Izzie poussa un cri triomphant. Yeah ! J’ai trouvé ! Elle brandit une longue robe blanche dont le haut se limitait à deux bandes de tissu drapé qui partaient de la taille pour se rejoindre dans le cou, en ne recouvrant que les seins. 


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  • Tu n’espères tout de même pas que je vais porter ça ? s’insurgea Meredith.

    Ben, quoi, c’est très joli, répondit Izzie en regardant la robe avec envie.

    C’est surtout très déshabillé, objecta Meredith. Je ne serais pas du tout à l’aise là-dedans. Je ne vais pas oser bouger parce que je vais avoir peur qu’au moindre mouvement, le haut bouge et qu’on voie ma poitrine. Sans compter qu’avec cette robe là, je ne pourrais même pas porter de soutien-gorge.

    Izzie leva les yeux au plafond. Bon sang, Meredith, arrête d’être aussi chochotte. J’ai l’impression de faire du shopping avec ma grand-mère. Cette robe est magnifique. Tu aurais l’air d’une déesse grecque.

    Mais je ne veux pas avoir l’air d’une déesse grecque ! s’entêta Meredith. Je veux être moi tout simplement… en mieux. Je veux une robe élégante, classique mais sexy en même temps. Ça doit être possible à trouver, non ?

    Izzie remit la robe sur le portant en soupirant. Les deux filles se mirent à chercher, chacune de son côté, mais rien de ce que Meredith trouva, ou de ce que son amie lui proposa, ne lui plut. Trop sombre, trop criard, trop transparent, trop décolleté, trop sexy, pas assez… Découragée, Izzie allait renoncer lorsque, dans une dernière tentative presque désespérée, elle sortit une longue robe de couleur bordeaux. Et celle là, elle ne te plait pas non plus, je suppose ? lança-t-elle sur un ton proche de l’exaspération.

    Pour la première fois, Meredith n’opposa pas un refus catégorique. Si, elle est jolie… Dommage que ce soit un bustier. Je ne peux pas porter de soutien-gorge avec ça.

    Izzie haussa légèrement les épaules. Et alors ? Tes seins ne vont pas s’effondrer en une soirée.

    Ça, je le sais ! riposta Meredith. Mais la robe risque de glisser à chaque fois que je bougerai et je n’ai pas envie de montrer ma poitrine.

    Mais non, assura Izzie qui sentait que Meredith était tentée et qu’il ne fallait pas beaucoup pour la décider. Et puis, c’est fait pour. Regarde. Elle lui montra l’intérieur du bustier. Il y a une bande légèrement adhésive tout le long, pour que ça tienne à ta peau. Sans plus laisser à sa camarade le temps de faire une autre objection, elle appela une vendeuse. Madame… Mon amie aimerait essayer ce modèle.

    Bien sûr, répondit une jeune femme à l’allure sympathique. Elle prit la robe des mains d’Izzie. Oh oui, c’est une très belle robe et avec votre silhouette, elle vous convient parfaitement, ajouta-t-elle à l’intention de Meredith. Elle guida les deux jeunes filles jusqu’à la cabine d’essayage. 

    Et tu l’essaies sans soutien, recommanda Izzie au moment où Meredith fermait le rideau derrière elle.

    Meredith soupira. Quand est-ce que les gens cesseraient de la considérer une fille sans cervelle ? Elle se déshabilla sans presque quitter des yeux la robe, en espérant que celle-ci lui irait. Non seulement, elle était très jolie mais en plus son prix était plus qu’abordable. Deux cent cinquante dollars pour une robe de soirée, c’était inespéré. Pourvu qu’elle m’aille, répéta-t-elle plusieurs fois en une sorte de prière, tandis qu’elle enfilait la tenue. Après avoir ajusté correctement le bustier sur sa poitrine, en prenant soin que la bande adhésive soit au contact de sa peau, elle se regarda dans la glace. Oh non ! s’exclama-t-elle.

    Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? cria Izzie de l’autre côté du rideau.

    Meredith ouvrit le rideau avec un air catastrophé. Regarde. Elle se mit de profil pour que son amie puisse voir ce qui n’allait pas. La robe était fendue du côté droit sur toute la longueur du jupon, dévoilant ainsi l’entièreté de la jambe.

    Tu es magnifique, Mer ! s’extasia Izzie.

    C’est exactement la robe qu’il vous faut, décréta la vendeuse. Vous avez de très belles jambes, alors, il ne faut pas avoir peur de les montrer.

    Meredith se tourna pour pouvoir se regarder à nouveau dans le miroir. Mais quand je vais marcher, ou m’asseoir, on va tout voir. Et puis, c’est quand même fort décolleté. Je ne vais pas me sentir à l’aise, geignit-elle.

    Oh non, tu ne vas pas recommencer, la gronda Izzie. Cette robe est superbe et elle te va super bien. Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

    Et si vous faisiez un essai ? proposa la vendeuse. Marchez un peu pour voir. Meredith sortit de la cabine et avança. Ne faites pas de trop grands pas, recommanda la vendeuse. Voilà, comme ça. C’est avec un air pleinement satisfait qu’Izzie et elle regardèrent Meredith déambuler sur la pointe des pieds, devant elles. La vendeuse prit Izzie à témoin. Vous voyez, ça montre juste ce qu’il faut.

    C’est parfait ! renchérit Izzie. En plus, la robe forme une petite traine quand tu marches, ajouta-t-elle à l’intention de Meredith. C’est super joli. On dirait une princesse.

    Une princesse qui a l’impression d’être toute nue, insista Meredith.

    Mais tu ne l’es pas ! rétorqua Izzie sur un ton catégorique. Tu es habillée, et sublime, et super sexy ! Elle prit son amie par les épaules pour la placer face à un grand miroir sur pied. Tu as un corps parfait, Mer. Tu peux tout te permettre. Incrédule, Meredith se regarda une fois encore. Izzie la poussa délicatement dans la cabine d’essayage. Pense à ce que Derek va se dire quand il va te voir comme ça, lui murmura-t-elle à l’oreille. Je veux bien être pendue s’il ne craque pas complètement pour toi. Elle referma le rideau derrière son amie. On la prend, dit-elle à la vendeuse tandis que dans la cabine, Meredith continuait de se contempler en commençant à penser qu’Izzie avait raison. Si elle voulait avoir une chance avec le beau chirurgien, elle allait devoir changer, perdre un peu de sa réserve, se mettre un peu plus en valeur et l’image que lui renvoyait le miroir lui prouvait qu’elle était sur la bonne voie. 


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