• Très bon choix ! s’exclama la femme avec un grand sourire. Magnifique dans sa simplicité ! Tout à fait le genre de bijou qui convient à Mademoiselle. Vous êtes jeune et jolie, vous n’avez pas besoin de bijoux trop sophistiqués, ajouta-t-elle à l’intention de Meredith qui rougit. La vendeuse sortit la parure du présentoir et la posa sur le comptoir. C’est une améthyste, indiqua-t-elle. Vous connaissez ses propriétés ? Le couple hocha la tête. Il a été prouvé que l’améthyste soulage les maux de tête, les insomnies, le stress, les angoisses et l’épilepsie, et elle aide à réguler la tension artérielle, leur révéla la vendeuse. Derek haussa un sourcil moqueur. En tant que médecin, il ne pouvait admettre ce genre de boniments mais il s’abstint de faire tout commentaire. Elle dissipe aussi les cauchemars et aide à l’élimination des toxines, poursuivit la vendeuse sans prêter attention au regard entendu que Derek lançait à Meredith. C’est une pierre spirituelle puissante qui nettoie l’aura et apporte bien être et harmonie.

    Ah ! Eliminer les toxines, nettoyer l’aura, ironisa Derek. Il se tourna vers son amie et la prit par la taille. C’est exactement ce qu’il te faut. Mais est-ce que ça te plait ?

    Oui, c’est magnifique, mais…

    Derek lui coupa la parole. Tu ne veux pas regarder autre chose ? Elle secoua vivement la tête. Alors, on prend le tout ! annonça-t-il.

    Tandis que la vendeuse mettait les bijoux dans un écrin, Meredith se pendit au bras de son ami. Merci. Je l’adore. Elle se haussa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue. Il lui sourit. Elle s’éloigna tandis qu’il payait son achat. A peine sorti de la boutique, il défit l’emballage pour prendre le collier. Comprenant ses intentions, Meredith se tourna pour qu’il puisse passer la chaîne autour de son cou. Lorsque le bijou fut attaché, la jeune fille caressa la pierre. Je le garderai toute ma vie, déclara-t-elle.

    Oh je doute qu’il tienne le coup aussi longtemps, plaisanta Derek. Il la prit par les épaules pour la ramener contre lui. Maintenant, on va boire un coup. Je meurs de soif. Quelques rues plus loin, ils tombèrent sur un bar que Derek trouva sympathique. Ils s’assirent en terrasse. Qu’est-ce que tu veux boire ? demanda Derek à Meredith après qu’ils eurent consulté la carte. 

    J’aurais bien pris un cocktail mais je n’ose pas à cause de ça. Elle lui montra une affiche collée à la vitre du bar, qui rappelait aux clients qu’il était interdit de vendre de l’alcool aux moins de vingt-et-un ans et les avertissait que la direction se réservait le droit de n’en servir que sur présentation de papiers d’identité.

    Derek grimaça. Effectivement, il vaut mieux ne pas courir de risques. Il sourit. Je n’ai pas envie de finir en prison, blagua-t-il.

    Pourtant, tu as déjà couru ce risque, au gala et aussi à Sonoma, souligna Meredith.

    C’est vrai, reconnut Derek. Mais le gala était une soirée privée, il n’y avait presque aucun risque. Et à Sonoma, on a eu la chance qu’ils ne fassent pas attention à ta jeunesse. Il regarda à nouveau l’affiche. Peut-être qu’ici, ils ont eu un problème et que ça les a rendus plus vigilants.

    Alors, je vais prendre un jus de fruit tropical, dit Meredith, un peu dépitée. Elle se leva de table. Je vais aux toilettes, prévint-elle.

    Derek la regarda s’éloigner. Leur conversation lui avait rappelé l’âge de son amie et après avoir commandé leurs consommations, il pensa une fois encore au nombre d’années qui les séparait. La maturité de Meredith était telle qu’il ne ressentait pas la différence mais celle-ci existait bel et bien. Meredith était très jeune, elle avait encore plein d’illusions et sans doute beaucoup d’aspirations qui n’étaient pas les mêmes que les siennes. Où en seraient-ils dans quelques mois ? Toujours ensemble ou retournés à leurs vies respectives ? D’ici là, tu te seras lassé, se dit-il. L’innocence, ça va bien un temps mais tu as besoin d’autre chose et tu le sais. Sa certitude s’évanouit en voyant la jeune fille revenir avec le sourire aux lèvres. Tu ne boudes plus ? lui dit-il.

    Mais je ne boudais pas, protesta-t-elle en se rasseyant. C’est juste que ça me saoule d’être traitée comme une petite fille.

    Derek sourit. Mais tu es encore une petite fille.

    Meredith lui lança un regard moqueur. Sauf quand il s’agit de faire l’amour avec toi.

    Il se mit à rire. J’avoue. Il se pencha vers elle et lui prit la main. Ce n’est pas moi qui fais les lois, bébé.

    Elle haussa les sourcils avec un air éloquent. Oui et je pense que ça vaut mieux pour tout le monde.

    Derek éclata de rire. Sans doute, oui. Ils s’arrêtèrent de parler parce que le serveur leur apportait leurs boissons. Et si tu me disais ce que tu trouves de si passionnant dans la bataille de Pearl Harbour, reprit Derek après avoir bu une gorgée du verre de Chardonnay qu’il avait commandé.

    Meredith fronça les sourcils. Pourquoi tu me parles de ça ?

    J’ai vu le livre dans ta bibliothèque, quand je suis venu chez toi, hier, lui avoua Derek. Entre une biographie de Kennedy et un livre sur la maltraitance des enfants. Tu as des goûts littéraires très éclectiques. 

    Et ça t’étonne ?

    Non, pas vraiment, assura-t-il. C’est juste que c’est un choix de lecture peu commun pour une fille de ton âge. Mais ça ne fait que confirmer ce que je pense de toi.

    Et qu’est-ce que tu penses de moi ? se renseigna Meredith en souriant, car elle savait qu’il allait lui faire un compliment.


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  • Meredith laissa quelques secondes de répit à Derek avant de se relever et de s’asseoir à califourchon sur lui. Ils se sourirent, avant de se perdre dans un long baiser. Il quitta les lèvres de son amie pour murmurer à son oreille. J’ai un problème. Elle le regarda, intriguée. Je n’arrive pas à… Il baissa le regard et elle fit de même, ce qui lui permit d’apercevoir qu’il était toujours en érection.

    Un problème ! répéta-t-elle avec un petit rire espiègle. C’en était peut-être un pour Jam…

    Derek posa sa main sur la bouche de la jeune femme. Arrête… On se moque de ce qui s’est passé il y a vingt ans. Alors, cesse de penser à elle. Moi je n’y pense pas, jamais, et maintenant encore moins que d’habitude. Je t’aime et je me fous complètement de Jamie Lynn. Il lui caressa doucement le visage. On est tous les deux et on est bien. Ne la laisse pas gâcher ce moment.

    D’accord, dit simplement Meredith avec un petit sourire. Elle passa ses bras autour du cou de son compagnon et ils échangèrent un nouveau baiser. Derek posa ses mains à la taille de sa partenaire et l’aida à se soulever, juste assez pour permettre à son membre de la pénétrer. Ils poussèrent tous deux un soupir de satisfaction, comme s’ils avaient attendu ce moment depuis longtemps et que l’avoir enfin atteint représentait la plénitude la plus totale. Meredith se mit à coulisser lentement le long du sexe de son amant, tandis que ce dernier lui caressait les seins, en happant au passage les tétons entre ses lèvres.

    Tout à coup, elle s’immobilisa, la verge de son compagnon planté en elle. Tu crois qu’il y a des gens qui risquent de venir ? murmura-t-elle.

    Hein ? Quoi ? Où ça ? demanda Derek, les yeux un peu hagards, comme s’il se réveillait d’un long sommeil.

    Ben ici. Est-ce qu’il y a des gens qui pourraient venir ici et nous voir ? précisa Meredith.

    Non, non, ânonna son amant.

    Elle regarda autour d’elle. Tu es sûr ?

    Mais oui, grogna Derek, un peu agacé qu’elle ait interrompu leurs ébats pour poser des questions dont il ne voyait pas l’intérêt. Pourquoi tu demandes ça ?

    Elle ne lui répondit pas directement. Tu vas voir. Elle ouvrit la portière et sortit de la voiture. Comme il ne bougeait pas, un peu interdit, elle le tira par le bras. Mais viens, fais-moi confiance. Il sortit du véhicule, complètement nu, avec l’air de celui qui se demande quel ennui va encore lui tomber dessus. Elle se colla à lui. Tout à l’heure, quand je te suçais, j’ai pensé à ce jour où on avait fait l’amour dans la montagne. Tu te souviens ? Le regard soudain plus vif, il acquiesça en souriant. Elle saisit son pénis en main tout en collant la bouche à son oreille. J’avais adoré…

    Moi aussi, susurra Derek en recommençant à la caresser.

    J’ai envie de recommencer…maintenant, annonça Meredith avec un petit air provocant avant de le repousser doucement. Elle lui tourna le dos et se pencha vers l’avant, en s’appuyant contre la voiture. Dans un premier temps, il ne la toucha pas, se régalant seulement du spectacle qui se présentait à lui. Puis, il passa la main sur ses fesses et l’arrière de ses cuisses, ce qui la fit frissonner, avant de recommencer à masser sa vulve. Elle retint son souffle quand il vint se coller derrière elle. Cependant, contrairement à ce qu’elle attendait, il ne la pénétra pas, mais il se pencha sur elle pour épouser la forme de son corps, afin de pouvoir s’emparer de ses seins. Elle tourna son visage vers lui et il se pencha un peu plus pour atteindre sa bouche dont il s’empara avec avidité. Leurs langues valsèrent ensemble pendant un moment qui leur sembla une éternité. Mais il comprit qu’elle attendait plus de lui quand elle écarta doucement les cuisses, se cambra et creusa ses reins, lui offrant son sexe. Sans un mot, il se redressa. Elle se figea, tremblante et impatiente, quand le majeur de son amant s’insinua entre ses grandes lèvres pour venir flatter les petites, les écarter, faire un mouvement circulaire à l'entrée de son vagin pour ensuite progresser lentement en elle. Viens, le supplia-t-elle. Prends-moi. Elle n’avait pas encore terminé sa phraser qu’elle sentit le membre imposant et raide s’introduire en elle. Elle gémit de bonheur pendant que Derek la pénétrait lentement, pour qu’elle profite bien du frottement de la verge contre ses parois intimes. Mais très vite, elle le supplia d’une voix haletante, de mettre fin à son supplice. Il n’eut pas la force de lui dire non. Alors, il la saisit solidement par les hanches et lui donna de profonds coups de butoir qui la firent crier. Une douce chaleur envahit leurs ventres et le plaisir les emporta soudain, remplissant la clairière de leurs gémissements d’extase.

    Ils étaient en train de se rhabiller lorsqu’elle le regarda d’un air espiègle. Alors, j’avais raison, n’est-ce pas.

    A quel propos ?

    Tes bons souvenirs avec Jamie Lynn, dit Meredith d’un ton qui laissait entendre qu’elle ne doutait nullement de la réponse.

    Ah ça ! Derek fit semblant de réfléchir. Hmm… Est-ce que je t’ai déjà parlé de Debra ? J’ai de très bons souvenirs avec elle aussi… Et il y a Missy, Ann, Kate, Julie…

    Salaud ! souffla Meredith, amusée.

    Derek éclata de rire et la prit contre lui pour l’embrasser. Quand leur baiser prit fin, Derek était redevenu sérieux. Tu sais, les souvenirs que j’ai avec ces filles, et même avec les autres après… ce n’est rien, comparé à ceux que j’ai avec toi. Aucune de ces filles ne t’arrive à la cheville, en quelque domaine que ce soit. Il prit le visage de son amie entre ses mains. Et quel que soit ce que j’ai éprouvé pour elles, ça ne ressemble en rien à l’amour que j’ai pour toi. Ma vie a changé le jour où je t’ai rencontrée et pour rien au monde je ne voudrais revenir en arrière.

    Les larmes montèrent aux yeux de Meredith. Moi non plus… pour rien au monde, chuchota-t-elle.


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  • Que tu es une fille très intelligente qui gâche ses talents en travaillant au Sweet Dream, répondit Derek.

    Meredith se renfrogna. Ce n’est pas comme si j’avais le choix !

    Bien sûr que tu l’as, objecta Derek. On a toujours le choix.

    Meredith leva les yeux au ciel. C’est très facile de dire ça quand on n’a pas de problèmes d’argent. Je n’ai pas des mains qui valent deux millions de dollars, moi !

    Et qu’est-ce que tu crois ? riposta Derek en maudissant Mark d’avoir été trop bavard une fois de plus. Qu’elles valaient déjà ça quand je suis né ? Non, elles ont acquis de la valeur par mon travail.

    Ça, je le sais, rétorqua sèchement Meredith. Mais ton travail, tu as pu le faire parce que tu avais eu assez d’argent pour faire des études, ou une famille pour te soutenir, ou alors plus de cran que moi pour faire un prêt, c’est possible. Evidemment, quand on se destine à la chirurgie, on sait qu’on n’aura pas trop de mal à assumer les remboursements.

    Le sujet devenait épineux parce que pour expliquer son parcours professionnel, Derek devait aborder des pans de son histoire familiale qu’il ne voulait à aucun prix évoquer. Par ailleurs, Meredith avait vu juste en supposant qu’il n’avait pas eu besoin de contracter un prêt pour payer ses études. Se jugeant mal placé pour lui conseiller de prendre des risques financiers, il fit marche arrière. Ne t’énerve pas, bébé. Il reprit la main de Meredith dans la sienne.

    Je ne m’énerve pas, assura la jeune fille. Mais j’ai l’impression que tu me juges.

    Je ne te juge pas du tout, promit Derek. C’est juste que je trouve que tu perds ton temps à la boutique. Tu as tellement de ressources que tu n’exploites pas et plus tu attends... Il leva les mains en l’air en voyant son regard furibond. Ok ! J’arrête. Mais n’espère pas qu’on ne parle plus jamais de ça.

    Et pourtant, c’est ce qu’on va faire, répliqua Meredith.

    A ta place, je n’y compterais pas trop, dit Derek avec un petit sourire.  

    Oh toi ! Meredith lui donna une tape sur le bras. Tu peux être infernal quand tu t’y mets.

    Tu ne peux quand même pas me reprocher de croire en toi, invoqua Derek.

    Cela suffit à désamorcer la crise qui s’annonçait. Tu m’énerves, grommela Meredith. Tu arrives toujours à dire ou à faire le truc qui m’empêche de t’en vouloir. Derek éclata de rire.

    Vingt minutes plus tard, ils repartaient du bar. Le plus urgent maintenant, c’est de trouver un endroit où passer la nuit, décida Derek. En retournant vers la voiture, ils passèrent devant quelques hôtels qui affichaient tous complet. Pour ne pas errer en vain, ils se rendirent à l’office du tourisme où on leur expliqua que la petite ville, située entre San Francisco et Los Angeles, était envahie chaque week-end par une foule de citadins désireux de fuir l’animation de leur ville. Il était donc très difficile de trouver une chambre si on ne l’avait pas réservée à l’avance. On leur conseilla toutefois de se rendre au Madonna Inn, qui se trouvait à quelques kilomètres au sud de la ville. Là-bas, il y aurait sûrement encore de la place. Ils ont l’air bien sûrs d’eux, fit remarquer Derek en sortant du bâtiment. Je me demande ce que ça cache. Imagine qu’ils nous envoient dans un bouge du genre de Cloverdale. 

    Meredith passa son bras sous celui de son ami, en se collant à lui. Ou alors, ils nous envoient dans un hôtel de luxe qui ne convient pas au budget du touriste lambda.

    Que Dieu t’entende ! s’exclama Derek.

    Ils reprirent la voiture et firent quelques kilomètres avant de voir le panneau rose qui indiquait qu’ils étaient arrivés à destination. J’espère qu’on ne nous a pas envoyés dans un bordel, marmonna Derek. Meredith fit un petit sourire en levant les yeux au ciel.

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    Qu’est-ce que c’est que ce machin ? bougonna encore Derek en découvrant la bâtisse.

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    Meredith se mordit les lèvres pour ne pas rire. On se croirait chez Hansel et Gretel.

    Derek fut tenté de poursuivre sa route. Mais d’un autre côté, il n’avait pas envie de passer une partie de la soirée à parcourir la région à la recherche d’un hôtel qui lui convienne, sans certitude d’en trouver. De plus, si l’établissement était étrange de par son architecture, il semblait tout de même convenable. Allons-y, on verra bien, dit-il en garant sa voiture sur le parking.

    Après avoir marché quelques mètres, ils se retrouvèrent devant le bâtiment de la réception, fait de grosses pierres qui semblaient avoir été grossièrement empilées l’une sur l’autre. Meredith sourit en voyant l’air méfiant de Derek devant la porte d’entrée, tout en métal martelé, avec deux vitraux fleuris ovales qui étaient entourés par l’inscription "Bienvenue au Madonna Inn".

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    Voyant que son ami ne se décidait pas à entrer, Meredith poussa la porte. Ils eurent l’impression de pénétrer dans une bonbonnière géante, et ce malgré les murs de pierre et les boiseries. Au sol, il y avait une moquette rose avec d’énormes fleurs. Les appliques, les fauteuils en cuir, les tissus, tout était rose. Au plafond, étaient suspendues de fausses fleurs, roses elles aussi, et des balançoires sur lesquelles il y avait des poupées anciennes. Et partout des dorures, des éléments en cuivre martelé, des statuettes et des vasques. Le tout était d’assez mauvais goût.

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  • Ils n’avaient pas encore quitté le sous-bois que Derek sentit son portable vibrer. Ma mère, dit-il à l’intention de Meredith, après avoir regardé le nom qui apparaissait sur l’écran. Il décrocha. Après quelques minutes d’une conversation faite, en ce qui le concernait, plus d’onomatopées et de monosyllabes que de véritables mots, il se tourna vers Meredith. Nous sommes invités à dîner par ma mère. Ça se passe dans une heure, chez Kathleen… Toute la famille sera là, ajouta-t-il, un brin embarrassé.

    Sa compagne haussa un sourcil avec un air un peu dédaigneux. Oh ! Et qui dit toute la famille dit Nancy, n’est-ce pas ?

    Derek fit une grimace. Tu sais, on peut très bien ne pas y aller. Ma mère comprendra.

    Meredith secoua la tête. Non, non, au contraire, allons-y. Derek lui jeta un regard ébahi. Mais oui, nous allons accepter l’invitation, clama-t-elle avec assurance. De toute façon, nous n’avons aucun motif de la refuser. Quant à ta sœur, eh bien… je n’ai pas de raison de me cacher d’elle. Je n’ai rien à me reprocher. Je ne veux pas qu’elle pense que j’ai peur d’elle ou je ne sais quoi. Elle pourra dire ce qu’elle veut, je ne me laisserai plus démonter comme l’autre soir, affirma-t-elle résolument.

    Et puis, je suis là, ajouta Derek sur un ton rassurant. Quoiqu’il se passe, je serai avec toi et je ne laisserai personne te faire du mal.

    Meredith posa sa main sur la cuisse de son ami. Merci mais je préfèrerais que tu ne t’en mêles pas. Si Nancy s’en prend à moi… Elle lança à Derek un regard de défi, comme s’il était en cause. Je ne cherche pas la guerre mais, si ta sœur m’attaque, je me défendrai chèrement. Je suis prête.

    Je vois ça, dit Derek en souriant. Méfie-toi pourtant de Nancy, elle peut être une vraie garce quand elle le veut.

    Meredith prit un air un peu arrogant. Oh mais moi aussi, rassure-toi. J’ai fait mes armes avec Ellis Grey et j’y ai survécu. Quand on l’a affrontée, on peut affronter n’importe qui ! Derek rit légèrement et l’approuva d’un signe de tête.

    Après avoir fait un détour par leur demeure pour se doucher et se changer, ils arrivèrent chez Kathleen. C’est main dans la main qu’ils remontèrent la petite allée qui menait à la maison. Derek ne frappa pas à la porte, préférant contourner la bâtisse pour accéder à la cuisine par les jardins. Par la fenêtre, ils aperçurent les filles de la famille qui discutaient avec animation autour de l’aïeule en train de cuisiner. Derek toqua à la vitre. Tous les regards se tournèrent vers le couple. Avec un grand sourire, Carolyn Shepherd lui fit signe d’entrer.

    A peine avaient-ils fait un pas dans la pièce que Meredith et Derek étaient serrés et embrassés dans un concert d’exclamations enthousiastes et de rires. Prise dans le tourbillon, Meredith perdit sa réserve naturelle et se mit à rire, elle aussi, quand elle se retrouva dans les bras de la mère de Derek. Ne le prenez pas mal mais vous êtes vraiment bizarres… Bizarres mais adorables. Elle serra la vieille dame contre elle avec affection.

    Carolyn rit. J’espère que le côté bizarre de la famille ne vous rebute pas.

    Meredith la relâcha. Oh non, pas du tout. Il me convient très bien, au contraire. Je suis plus bizarre que vous ne le serez jamais, tous réunis. Elle aperçut Nancy derrière sa mère et la défia du regard. Dans son coin, Derek observait les deux femmes, prêt à bondir au secours de sa bien-aimée si cela se passait mal. Kathleen posa une main sur son bras, en geste d’apaisement.

    Carolyn se retourna et fit un signe imperceptible de la tête à Nancy. Celle-ci s’avança vers Meredith. Bonsoir… Elle regarda en direction de son frère, comme si elle en espérait un quelconque encouragement, ou du moins la preuve qu’il appréciait ce qu’elle allait faire, mais il resta impassible. Seule Kathleen lui sourit. Je tiens à vous présenter mes excuses pour ce qui s’est passé l’autre soir, chez Bogey, poursuivit-elle. Nous sommes allées trop loin, je crois.

    C’est peu de le dire, ne put s’empêcher d’intervenir Derek. Il ne se tut pas, malgré les regards que lui lancèrent Meredith et sa mère, et le coup de coude de Kathleen. Vous vous êtes conduites comme de vraies garces. Jamie Lynn, à la limite, mais toi, toi, Nancy… En ce qui me concerne, il faudra plus que des excuses pour passer l’éponge.

    Je t’en prie, insista Meredith. C’est moi qui suis concernée, ici, pas toi.

    Non, protesta Derek. Je suis autant concerné que toi. Tout ce qui te touche me concerne ! Il fit un geste de la main en direction de Nancy. Je lui avais demandé de veiller sur toi, parce que j’avais confiance en elle. Au lieu de cela, elle t’a blessée. Elle a dépassé les bornes et je ne suis pas prêt de l’oublier.

    Derek, soupira Meredith, qui se sentait surtout embarrassée pour Carolyn. Tu exagères.

    Non, mon frère a raison, admit Nancy. J’ai dépassé les bornes. Je n’étais pas au courant de… de tout. Je vous ai jugée et je n’en avais pas le droit. Alors voilà… j’espère que vous pourrez me pardonner et que nous pourrons repartir sur de meilleures bases. Elle tendit la main à l’amie de son frère. Bienvenue dans la famille Shepherd, Meredith.

    Cherchant à deviner si elle était sincère, Meredith la considéra froidement pendant quelques secondes qui parurent une éternité à ceux qui les entouraient. Enfin, elle lui serra la main. D’accord, oublions tout ça. Elle entendit d’énormes soupirs de soulagement envahir la pièce. Elle se tourna vers Derek et vit qu’il la regardait avec des yeux brillants d’émotion. Elle lui sourit avant de refaire face à Nancy. Je voudrais vous dire quelque chose. Son regard se posa successivement sur chacune des femmes présentes. Je voudrais le dire à vous toutes. Je n’ai pas volé Derek à sa femme. Quand je l’ai rencontré, j’ignorais totalement qu’il était marié et je l’ai ignoré encore pendant deux mois. Et quand je l’ai appris… - elle fit une petite moue pour exprimer son regret, en même temps qu’elle haussait légèrement une épaule - j’étais déjà follement amoureuse et ce n’était plus possible de renoncer à lui. Alors, j’ai tout fait pour le garder mais il voulait essayer de sauver son mariage, et j’ai dû le laisser partir. Mais quand il est revenu… Derek vint se mettre à nouveau à côté d’elle et elle lui saisit la main. Addison et lui, ça se serait terminé, avec ou sans moi, du moins, c’est ce que je crois. Et même si ce n’est pas le cas, je ne regrette rien, parce que ce serait regretter notre relation et ça, je ne peux pas. Elle leva la tête vers son compagnon et lui sourit tendrement. Bouleversé, il la prit dans ses bras. Un oh général et attendri s’éleva dans la cuisine tandis que Caroline Shepherd essuyait une larme avec le coin de son torchon.

    C’est à ce moment- là que les beaux-fils firent irruption dans la pièce. Qu’est-ce qui se passe ici ? s’écria Dave, le mari de Nancy.

    On vous entend soupirer depuis l’autre bout de la maison, ajouta Ethan, l’époux de Lizzie. Ah ok, c’est le fils prodige qui a fait des siennes, encore une fois. En riant, Derek s’écarta de sa belle pour saluer ses beaux-frères par une accolade.

    Oh ! On a les yeux qui brillent. Ça sent l’amour ici, surenchérit Dave. Love is in the air, chantonna-t-il, aussitôt imité par son complice. 

    Love is in the air
    Everywhere I look around
    Love is in the air
    Every sight and every sound

    La chorale improvisée vint de placer devant le couple d’amoureux, en faisant des mimiques et des grands gestes avec leurs bras, à la manière des acteurs des films muets.

    And I don't know if I'm being foolish
    Don't know if I'm being wise
    But it's something that I must believe in
    And it's there when I look in your eyes

    Les sœurs se joignirent à leurs maris pour faire les chœurs, tandis que Carolyn battait la mesure en frappant dans ses mains.

    Love is in the air
    Love is in the air
    Oh oh oh
    Oh oh oh

    Tout le monde éclata de rire. Décidément, vous êtes vraiment bizarres, s’exclama Meredith lorsque l’hilarité se fut calmée. Mais surtout ne changez rien !

     

    Love In The Air (vidéo)

     


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  • Meredith s’esclaffa devant l’air médusé du chirurgien. Mon dieu, si tu voyais ta tête ! Dommage que Mark ne soit pas là ! 

    T’as pas intérêt à lui raconter quoi que ce soit ! grogna Derek. Il entraina la jeune fille vers la réception.

    Un homme un peu bedonnant les accueillit avec un grand sourire. Madame, monsieur. Que puis-je pour vous ?

    Est-ce que vous avez encore des chambres de libre ? se renseigna Derek avec le secret espoir que la réponse serait négative.

    Mais certainement, Monsieur, répondit le réceptionniste. Il nous arrive d’être complet même si nous avons cent-dix chambres mais par chance, ce week-end, nous en avons encore quelques-unes qui sont disponibles. Si vous permettez, je vais regarder… Il consulta l’écran de son ordinateur. Alors, je peux vous proposer l’American Beauty, la Buffalo Room, le Canary Cottage, l’Everything Nice, l’Impérial Family –surpris par la dénomination des chambres, Derek et Meredith échangèrent un regard interloqué – la Madonna Suite, la Time of Your Life et la What’s Left, conclut enfin l’employé. 

    Quelle est la meilleure ? s’enquit Derek avec la certitude qu’ici plus que partout ailleurs, il fallait demander le meilleur pour espérer avoir quelque chose de décent.

    Oh mais toutes nos chambres sont magnifiques, assura le réceptionniste. Elles sont très spacieuses et avec tout le confort que vous désirez mais il est certain que la Madonna Suite est un cran au-dessus des autres que je vous ai citées.

    Toujours indécis, Derek concerta Meredith du regard. Elle lui fit signe d’accepter. Eh bien, nous allons la prendre alors, déclara-t-il.

    Pour une nuit ? demanda le réceptionniste. Derek opina de la tête. Cela revient à 316 €, dit l’employé. Imperturbable, Derek tendit sa carte de crédit. Meredith n’eut aucune réaction même si elle trouvait le prix quelque peu exagéré.

    Après avoir effectué le paiement, Derek se tourna vers Meredith. Je vais chercher les bagages dans la voiture, l’informa-t-il avant de ressortir du bâtiment.

    Voilà la clé. Le réceptionniste déposa celle-ci sur le bureau. Il a fait beau aujourd’hui, ajouta-t-il pour meubler la conversation.

    Oui, très beau, approuva Meredith. Je peux vous demander quelque chose ? L’homme fit signe que oui. Le nom de votre hôtel a quelque chose à voir avec la chanteuse Madonna ?

    Le réceptionniste sourit d’une oreille à l’autre. Ah c’est la première fois qu’on me demande ça ! Eh bien non, ça n’a rien à voir avec elle. Madonna, c’est le nom des premiers propriétaires, Alex et Phyllis Madonna. Phyllis voulait un hôtel, Alex l’a construit. C’est beau l’amour, hein ? Ah ! En parlant de ça. L’homme avança le menton en direction de Derek qui revenait avec les bagages. Meredith rougit

    Derek déposa les sacs à ses pieds avant de s’adresser à l’employé. Vous pouvez nous indiquer où se trouve la chambre ?

    Mais bien sûr ! Le réceptionniste sortit de derrière son comptoir pour se mettre à côté de Derek. Alors, vous ressortez de la réception, vous prenez sur votre gauche, vous suivez le chemin en pierre, vous passez devant la tour et…

    Derek et Meredith froncèrent les sourcils. La tour ? dirent-ils en chœur.

    Oui, c’est une de nos chambres, la Just Heaven, expliqua l’employé. Donc, je disais, vous passez devant la tour, vous tournez à droite, vous traversez le petit pont, encore une dizaine de mètres et vous y êtes.

    Meredith et Derek partirent à la recherche de leur chambre en suivant les indications du réceptionniste. Ils passèrent d’abord devant une série de bâtiments fait de grosses pierres et de bois, dont certains étaient peints en rose. Tous les trois mètres, il y avait des lampadaires, roses eux aussi. Dans quelques maisons, les vitres étaient faites de vitraux représentant des fleurs dans les tons roses. Un peu plus loin, ils aperçurent, derrière une grille peinte en rose, un jardin dans lequel étaient disséminés des tables surmontées de parasols roses et un peu plus loin, une gloriette dont le toit faisait penser à un clocher d’église en miniature. Derek commença à regretter son choix. Tout cela était trop clinquant pour lui. Il se tourna vers Meredith avec un air catastrophé. Ils sont obsédés par le rose ici, ma parole. J’ai l’impression d’avoir été invité chez Barbie.

    Meredith le regarda avec un air moqueur. Tu connais Barbie, toi ?

    Faudrait vivre sur la lune pour ne pas la connaitre, rétorqua Derek. Et puis, j’ai eu deux sœurs, alors… Meredith nota qu’il parlait au passé mais ne fit aucun commentaire, devinant que si elle lui demandait des explications, il ne lui en donnerait pas.

    Quelques mètres plus loin, elle vit un bâtiment circulaire, plus haut que les autres, entouré d’un escalier en colimaçon. Ça doit être la tour, fit-elle remarquer à Derek.

    Ce dernier regarda autour de lui. Je suppose. Je ne vois rien d’autre qui ressemble à une tour de toute façon.

    Meredith tendit le bras sur sa droite. Oui, c’est bien ça. Regarde là, c’est le pont dont le réceptionniste nous a parlé. Ils suivirent cette direction et comme l’employé de l’hôtel le leur avait dit, une dizaine de mètres après le pont, ils arrivèrent devant une petite maison à deux étages. Voilà, c’est ici, annonça Meredith en montrant un écriteau qui portait le nom de la chambre. Madonna Suite, c’est bien ça.  

    Ils avancèrent jusqu’à l’entrée. C’est pas possible, soupira Derek en découvrant la porte rose accolée à une fenêtre vitrail au motif fleuri.

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    Il se retourna vers son amie pour voir sa réaction. Quand leurs regards se croisèrent, la jeune fille ne put s’empêcher d’éclater de rire. Tu te moques de moi en plus, lança Derek en souriant malgré lui. Elle semblait tellement heureuse, et il adorait l’entendre rire, alors tant pis si elle le faisait à ses dépens.

    Non, non, c’est pas ça, se défendit-elle. Mais tu… tu as l’air tellement misérable. C’est comme si tu venais de vivre un drame.

    Derek regarda encore une fois la porte avec dépit. Je crains le pire. Bon, j’imagine qu’on ne peut plus reculer. A toi l’honneur ! Meredith introduisit la clé dans la serrure et poussa la porte.


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