• Derek colla sa bouche à l’oreille de son amie. Pourtant, c’est bien toi, murmura-t-il. Si désirable… Tu es si belle quand tu jouis. Moi, c’est un spectacle dont je ne me lasse pas. Une fois encore, il voulut lui faire tourner la tête vers le miroir. Regarde.

    Meredith se dégagea de façon un peu vive. Non. Je ne peux pas… C’est trop intense.

    Derek recommença à l’embrasser dans le cou pendant qu’il caressait ses seins d’une main, son clitoris de l’autre. Elle referma les yeux et se laissa aller contre lui. Il n’insista pas. Il la souleva dans ses bras et alla l’allonger sur le lit. Sans lui laisser le temps de se reprendre, il la pénétra instantanément. Elle poussa un cri tandis qu’il plongeait au plus profond d’elle, le visage tendu, ses yeux dans les siens. Ils ne se lâchèrent pas du regard pendant qu’il la possédait. Il avait un côté animal qui la ravissait. Elle l’attira vers elle pour l’embrasser. Elle ferma les yeux pour encore plus apprécier son sexe dans le sien. Brûlante, elle le supplia d’y aller plus fort. Il répondit largement à son invitation et la pilonna vigoureusement. Elle s’agrippa à ses fesses en criant, comme si elle cherchait à le faire entrer encore plus en elle. Dans un réflexe, il releva la tête et se vit dans le miroir, en train de faire des allers et retours violents entre les cuisses de sa belle. Il comprit le trouble qu’elle avait ressenti un peu plus tôt et préféra reporter son attention sur elle. Elle était couchée sur le dos et avait mis sa tête en arrière, la laissant pendre légèrement en dehors du lit. Ses longs cheveux blonds s’étalaient autour de sa figure, comme des pétales autour du pistil. Son visage, bien que déformé par le plaisir, était superbe. Ses longues jambes, qu’elle avait enroulées autour de son bassin, se reflétaient sans fin. Il se délecta quelques minutes de ce spectacle. Il eut ensuite envie qu’elle se voie comme il la voyait. Regarde-toi, mon amour. Regarde-toi. Tu es si belle.

    Pour éviter d’avoir à lui obéir, Meredith le poussa afin qu’il se retrouve sur le dos et le chevaucha. Elle posa ses mains sur son torse tandis qu’il posait les siennes sur ses cuisses. Elle se souleva insensiblement pour positionner son sexe à l’entrée du sien et s’abaissa à peine, pour le faire s’introduire de quelques centimètres. Elle ne voulait rien presser, juste savourer. Les mains de Derek quittèrent les cuisses de son amie et se promenèrent avec tendresse sur son corps offert. Mais très vite, elle vit qu’il s’impatientait. A chacun de ses mouvements, il fermait les yeux, soupirait et se mordillait la lèvre inférieure. Elle fit de petits ronds avec son bassin et soudain, sans quitter l’azur de ses yeux, s’empala profondément sur son membre. Il eut un râle de volupté. Elle ramena ses jambes vers l’avant et se pencha en arrière, en appui sur ses bras, lui offrant ainsi un spectacle qu’il sembla apprécier. Elle le regarda prendre du plaisir et en prit aussi surtout lorsqu’il se mit à chatouiller d’un doigt son petit bouton si avide de caresses. Il saisit ses mains et la ramena sur lui. Il l’enlaça et tourna avec elle, dans un éclat de rire. Il l’embrassa avec force avant de prendre à nouveau possession de son intimité. Il lui fit l’amour inlassablement, avec autant de douceur que de vigueur, s’arrêtant de temps en temps pour faire durer ce tendre moment à l’infini. Elle ouvrit de grands yeux suppliants lorsqu’il se retira d’elle sans autre forme d’avertissement. Il se mit à genoux et ils s’embrassèrent langoureusement jusqu’à ce qu’il la pousse doucement pour qu’elle se retrouve à quatre pattes. Il positionna ses mains de part et d’autre de ses hanches et la pénétra à nouveau, dans un profond soupir.

    Sans qu’elle s’en rende compte, il l’avait placée de profil par rapport au miroir de l’armoire. Après quelques minutes de va-et-vient extrêmement lents, il tourna la tête et se regarda aller et venir entre les fesses de son amante. Sa tête bourdonna. Quel superbe spectacle ! Meredith cambrée, le visage crispé, les yeux clos, les fesses écartelés par sa verge… Elle se mordait les lèvres et griffait le dessus de lit. Il remarqua aussi qu’une veine palpitait sur sa tempe et qu’elle ouvrait la bouche comme pour prendre une bouffée d’air. Il se pencha en avant pour embrasser tous les endroits de son visage qu’il pouvait atteindre dans cette position, tout en lui chuchotant des encouragements à se regarder, elle aussi. Elle secoua doucement la tête. Alors, il prit son menton d’une main et la força à se tourner légèrement vers le miroir. Regarde-toi… Regarde-nous… A nouveau, Meredith secoua la tête. Derek insista. N’aie pas peur… Ne sois pas gênée… surtout pas. Il n’y a pas de honte à aimer le plaisir. Cet épanouissement dans l’amour… ça fait partie de toi, de nous. Tu n’as pas à être choquée par cette part de toi. Je veux que tu te voies comme moi je te vois. Ouvre les yeux, mon amour, ouvre-les… Regarde-moi.

    A ces mots, la jeune femme, rouge de confusion, entrouvrit les yeux. Elle vit son amant qui la regardait avec passion. Elle se sentit transportée de ressentir tellement d’amour de sa part. Alors elle osa… elle osa ouvrir grand ses yeux et le regarder avec provocation. Elle le regarda s’activer entre ses fesses, les mains agrippées sur ses hanches, la tête en arrière, le corps balançant à chaque coup de rein. Quand elle l’eut regardé un bon moment, elle trouva le courage de se regarder, elle. Oui, elle put regarder ses bras qui se tendaient, ses seins en forme de pomme qui restaient en place malgré la force des coups de butoir, son ventre qui se contractait sous l’effet du plaisir, ses fesses qui s’ouvraient sous l’assaut, sa bouche déformée par le souffle qu’elle cherchait à prendre, ses yeux dilatés par la jouissance. Elle se regarda jouir.

    Son vagin se resserra et envoya des décharges qui transpercèrent leurs deux corps. Ils crièrent ensemble à l’apogée de leur plaisir. Le temps s’arrêta. Après, bien après que l’orgasme se soit évanoui, ils restèrent soudés l'un à l'autre, couchés en cuiller, sans rien dire. L’instant était magique, nul besoin de parler. Lorsque le corps de Meredith expulsa la verge de son amant, elle frémit. Il déposa de tendres baisers au bas de sa nuque. Allongée contre lui, elle se laissa bercer par cette douce félicité.


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  • Derek avait l’intention de déposer simplement Meredith devant la boutique mais quand il aperçut sur le pas de la porte Cristina qui regardait ostensiblement sa montre avec une mine revêche, il devina qu’elle s’apprêtait à faire passer un mauvais quart d’heure à son amie et il décida d’accompagner celle-ci pour prendre sa défense, le cas échéant. Attends, je viens t’ouvrir, dit-il à Meredith. Il sortit de la voiture et en fit le tour tout en défiant Cristina du regard. 

    Mais la jeune femme n’était pas du genre impressionnable. Meredith avait à peine posé un pied sur le trottoir qu’elle essuyait les reproches de son amie. Mieux vaut tard que jamais, hein ! s’exclama cette dernière en tapotant le cadran de sa montre.

    Derek se tourna vers elle avec un sourire narquois. C’est justement ce que je viens de lui dire, prétendit-il.

    Vous savez que pendant que vous faites mumuse, y en a qui bossent ? répliqua Cristina.

    Derek prit un air faussement compatissant. Oui, je sais, la vie est trop injuste.

    Cristina lui jeta un regard méprisant avant de rentrer dans la boutique. Meredith soupira. Il vaudrait mieux que j’y aille avant qu’elle ne pète un plomb.

    Tu veux que je reste un peu avec toi, au cas où ? proposa Derek.

    Meredith hocha la tête. Non, ce n’est pas nécessaire. Si elle m’attaque, je saurai me défendre, assura-t-elle avec une détermination qu’elle était loin de ressentir.

    Derek lui prit la main et la serra fortement. Je suis désolé que tu aies des problèmes avec tes amis à cause de moi.

    C’est parce qu’ils ne te connaissent pas aussi bien que moi, sinon ils t’adoreraient, affirma Meredith. Derek fit une moue dubitative. Le problème, c’est que tu ne leur as jamais montré ton vrai toi, ajouta Meredith.

    Derek eut l’air amusé. Mon vrai moi ? C’est-à-dire ?

    Le toi qui est gentil, attentionné et généreux, par exemple, expliqua Meredith. Elle aurait pu employer beaucoup d’autres qualificatifs pour le définir mais elle ne voulait pas dire quoi que ce soit qui lui permette de comprendre ce qu’elle ressentait vraiment pour lui.

    Je ne suis pas tout ça, grommela Derek. Meredith pencha la tête sur le côté en souriant. Un peu, avec toi, concéda-t-il. Mais je n’ai pas envie de faire des efforts avec eux ; je ne les aime pas. Tu vas leur dire, pour nous deux ? demanda-t-il soudain avec une lueur d’inquiétude dans les yeux.

    Je crois qu’ils s’en doutent déjà un peu, répondit Meredith sur un ton légèrement railleur.

    Oui, évidemment mais je veux dire… Sous l’effet de la nervosité, la bouche de Derek se déforma en un léger rictus. Tu vas leur parler de notre arrangement ? Il se moquait de l’avis des amis de Meredith mais il craignait qu’ils aient assez d’influence sur elle pour la convaincre de rompre avec lui et il ne voulait vraiment pas la perdre.

    Meredith le regarda avec un étonnement sincère. Pourquoi je leur en parlerais ? Ça ne regarde que nous. Soulagé, il l’approuva d’un signe de signe de tête en souriant. Et toi, tu vas en parler à tes amis ? s’enquit-elle.

    Derek haussa une épaule. Peut-être. A Mark, sans doute. C’est mon meilleur ami, je lui dis tout et je sais qu’il ne me jugera pas. Il jeta un regard noir en direction de George qui, pour la troisième fois au moins, feignait d’avoir quelque chose à faire sur la terrasse pour les espionner. Sans parler de Cristina, plus franche, qui s’était postée sur le seuil de la boutique, le regard fixé sur eux.

    Meredith soupira. Faut vraiment que j’y aille.

    Si jamais ils te font des reproches, ne te laisse pas faire, lui conseilla Derek avec un ton impérieux. Tu as le droit de vivre ta vie. Ils n’ont pas à te dicter ta conduite, ni à te dire qui tu dois fréquenter.

    Meredith comprit qu’il appréhendait qu’elle ne le quitte sous la pression de ses amis. Ne t’inquiète pas, ils ne m’empêcheront pas de te voir, le rassura-t-elle en nouant les bras autour de son cou.

    C’est bien vrai, ça ? dit Derek, heureux qu’elle réponde ainsi à l’interrogation qui le taraudait. Comme elle acquiesçait avec énergie, il lui adressa un sourire irrésistible et la prit par la taille. J’ai déjà envie d’être à vendredi, avoua-t-il avant de l’embrasser.

    A la fin du baiser, Meredith se serra contre lui. Ça va être long jusque là.

    Mais non, on y sera vite, tu verras, lui promit-il. Et puis, je passerai sans doute avant, pour déjeuner. Il croisa le regard hostile de Cristina. Quoique, je devrais peut-être éviter, si je ne veux pas plomber l’ambiance.

    Moi, ça me ferait plaisir si tu venais, murmura timidement la jeune fille.

    Alors, je passerai, certifia Derek avant de la reprendre dans ses bras. Il lui lécha les lèvres, les mordilla ensuite pour finalement prendre possession de sa langue autour de laquelle il enroula la sienne avec délice. Une de ses mains alla se plaquer au creux des reins de Meredith et descendit lentement sur ses fesses qu’elle caressa ostensiblement, sans aucune pudeur, avant d’y donner une tape délicate. Allez, file avant que ta copine ne déclenche la troisième guerre mondiale, dit Derek.

    Meredith marcha lentement vers la boutique comme si elle voulait retarder le moment de la séparation. Lorsqu’elle se retourna, Derek était déjà installé au volant de sa voiture. Après lui avoir fait un dernier signe de la main, il démarra en klaxonnant bruyamment, comme s’il voulait narguer ses ennemis une dernière fois. Le sourire aux lèvres, Meredith traversa la salle sans prêter attention aux regards courroucés de Cristina et de George. Hier encore, elle était désespérée, amoureuse d’un homme qu’elle croyait ne jamais revoir. Et voilà qu’aujourd’hui, ils étaient ensemble. Oh bien sûr, ce n’était pas exactement la relation dont elle avait rêvé mais elle était certaine que cela évoluerait d’une façon favorable. Un jour, très bientôt, Derek l’aimerait aussi fort qu’elle l’aimait.


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  • Le réveil sonna à 4 heures du matin. Meredith fit un bond dans le lit tandis que Derek s’étirait comme un chat. 4 heures ! s’exclama la jeune femme, ahurie, après avoir jeté un coup d’œil sur la table de chevet. Derek, tu t’es trompé en programmant le réveil, geignit-elle en enfouissant son visage dans son oreiller.  

    Pas du tout, assura son compagnon en se redressant. Il sonne pile poil à la bonne heure. Allez, lève-toi, fainéante ! Sa main ébouriffa les cheveux de la jeune femme.

    Celle-ci lui jeta un regard catastrophé. Et on est censé faire quoi à 4 heures du matin ? On est en vacances, je te le rappelle.

    On a un truc à faire. Plein d’énergie, Derek sauta en bas du lit pour prendre la direction de la salle de bains.

    Un truc ? A cette heure ? couina Meredith. C’est vraiment à contrecœur qu’elle se redressa pour s’asseoir. Je te jure que ton truc a intérêt à être fameux sinon…

    Derek se retourna vers elle avec un grand sourire. Sinon ?

    Sinon… sinon… je fais la grève du sexe ! lança enfin Meredith, faute d’avoir trouvé une menace plus convaincante.

    Derek rit, un brin suffisant. Je ne crois pas, non. Meredith le défia du regard. De nous deux, c’est toi la plus obsédée, plaisanta-t-il. Elle lui jeta son oreiller, en guise de protestation. Il le regarda tomber à ses pieds. Allez, prépare-toi… et habille-toi chaudement. Il fait froid ici la nuit. Je t’emmène vivre une expérience inoubliable. Il disparut dans la salle de bains.

    Une heure plus tard, il arrêtait la voiture au sommet du volcan Haleakala. Le jour était en train de se lever sur un paysage lunaire et déjà, le soleil donnait aux sables des tons dégradés de brun, de beige, de rose, de bleu, de vert qui, quelquefois, explosaient en violentes teintes orangées. Main dans la main, Derek et Meredith avancèrent jusqu’au bord du cratère de ce volcan endormi depuis 200 ans. Tu comprends pourquoi il fallait être là à l’aube ? dit-il d’une voix douce.

     photo haleakala-hawaii.jpg

    C’est magnifique… et gigantesque ! s’extasia Meredith.

    Derek acquiesça. C’est un des plus grands cratères du monde. Il fait 49 km² environ. Les gens d’ici ont coutume de dire qu’on pourrait y mettre toute l’île de Manhattan.

    Et toi, qu’en penses-tu ? lui demanda Meredith. Après tout, Manhattan, c’est ton endroit.

    C’était, la corrigea-t-il.

    C’est bien toi qui m’as dit que tu étais génétiquement programmé pour n’aimer que Manhattan, lui rappela Meredith.

    Derek sourit. Je t’ai dit ça, moi ?

    Meredith passa son bras sous celui de son compagnon et se serra contre lui. C’est même une des premières choses que tu m’aies dites.

    Et tu t’en souviens ?

    Je me souviens de tout, tu sais – elle fronça légèrement le nez – enfin de tout ce qui s’est passé sitôt que j’ai dessoulé après notre rencontre chez Joe. Derek eut un petit rire et déposa un baiser sur ses cheveux. Elle sentit qu’il s’évadait dans ses pensées et voulut le ramener à elle. C’est étrange, tu ne m’as jamais parlé de New-York.

    Derek haussa légèrement les épaules. Que veux-tu que je te dise ? New-York… New York est unique. On adore ou on déteste. Il n’y a pas de juste milieu. Certains ne vivraient ailleurs pour rien au monde alors que d’autres n’y voient qu’une ville de béton grouillante et stressante.

    Et toi, tu faisais partie de la première catégorie, conclut Meredith.

    Oui, admit Derek, jusqu’à un certain évènement.

    Meredith le dévisagea avec attention. Tu as des regrets ?

    Il secoua la tête. Non… Pas vraiment.

    Un peu tout de même, constata-t-elle, un rien désappointée, tout en s’écartant légèrement de lui.

    Derek la prit par la taille pour la ramener près de lui. Meredith ! Ne te fâche pas. New-York m’a donné tant d’opportunités, elle m’a permis de découvrir tant de choses… C’était ma ville. J’y avais ma maison, mes amis, mes habitudes… Ça n’a pas été facile de renoncer à tout ça.

    Rien ne t’empêche d’y retourner, grommela-t-elle.

    Tu es bête, murmura Derek avec tendresse. New-York a beau être la ville la plus chère à mon cœur, je n’y retournerais pas. Ou alors, avec toi. Ils échangèrent un regard complice avant de commencer à se promener au bord du cratère.

    Comment vivais-tu à New-York ? demanda Meredith, toujours aussi curieuse.

    Bien, très bien même. J’avais une certaine aisance financière, alors c’était agréable… comme partout d’ailleurs, pour un peu qu’on ait de l’argent, précisa Derek avec un petit sourire. Avec Addison, on avait acheté une maison juste en face de Central Park, dans l’Upper East Side. On y recevait nos amis. On sortait au restaurant ou pour boire un verre. On allait au cinéma, au musée. On était insouciant… Son regard se perdit dans le vide. Tout ça a un peu changé après le 11 septembre.

    Meredith leva la tête vers lui, un peu surprise, parce qu’étrangement, elle n’avait encore jamais pensé qu’il avait pu être mêlé de près ou de loin à ce triste évènement. Oui, c’est vrai, tu étais là, ce jour là. Il opina de la tête. C’était comment ?

    Insoutenable, dit Derek d’une voix grave. D’abord la stupeur…les tours qui s’effondrent… le vacarme et la poussière… ensuite, le silence, un terrible silence seulement troublé par le hurlement des sirènes… Et après, bien après, les lumières de Manhattan qui restent éteintes, les gens qui se retrouvent dans les églises pour prier, le noir qui habille les vitrines des magasins, la douleur qui hante les rues… Il serra la main de Meredith un peu plus fort. Ce jour-là, nous avons tous perdu quelqu’un dans les tours, un ami, un voisin, un pompier, un secouriste avec lequel on avait l’habitude de travailler… Après, il y a eu toutes ces personnes qui ont été amenées à l’hôpital… dans un tel état, brûlées, mutilées… Nous avons opéré 24 heures sur 24, pendant des jours, mais on aurait voulu faire encore plus, parce que cela aurait signifié qu’il y avait plus de rescapés. Ensuite, il y a eu l’incompréhension, la colère qui gronde… Il s’arrêta de marcher et fit face à Meredith pour la prendre dans ses bras. Si on parlait de quelque chose de plus gai ?

     


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  • Meredith sourit tendrement à son amoureux. D’accord. Parle-moi de toi.

    Derek haussa les sourcils. Je te signale que je n’ai fait que ça depuis hier !

    Mais tu ne m’as encore rien dit de ton enfance ou de ton adolescence.

    Il hocha la tête. Non, pitié ! Pas ça !

    Meredith l’attrapa par le col de son sweat, en arborant un sourire charmeur. Allez… fais-moi plaisir… Je serai gentille avec toi… après. Elle inclina la tête sur le côté avec un petit air coquin.

    Tu seras gentille même sans ça, répliqua Derek en riant. Tu ne peux pas t’en empêcher. Toutefois, il ne put résister au regard suppliant de son amie et s’inclina. Famille unie. Enfance heureuse. Scolarité sans problèmes. Que demander de plus ?

    On dirait un conte de fées, dit Meredith, un peu envieuse.

    Ouais… mais ca n’a pas duré malheureusement. Derek aurait pu s’arrêter là, elle ne lui en aurait pas demandé plus, il le savait. Mais elle avait été tellement ouverte avec lui, en lui confiant toute son histoire jusque dans les moindres secrets, qu’il ne se sentit pas le droit de lui cacher l’évènement qui avait sans doute conditionné toute sa vie. Mon père est mort, lui révéla-t-il. Il a été abattu par deux voyous qui cambriolaient sa boutique. Meredith ne réagit pas. Il n’a pas voulu leur donner la montre que ma mère lui avait offerte. Alors… Il tourna la tête vers le cratère du volcan. J’étais là, au fond de la boutique, avec ma plus jeune sœur, poursuivit-il. D’une certaine façon, on a assisté à ce qui s’est passé.

    La jeune femme revint se coller à son compagnon et noua ses doigts aux siens. C’est horrible.

    Ça n’a pas été facile, dit-il avec sobriété. C’est le genre de blessures qui ne se referment jamais tout à fait. Tu sais de quoi je parle. Elle acquiesça d’un signe de tête. Ils restèrent silencieux un long moment, chacun perdu dans ses pensées. Et puis, il y a eu l’adolescence, lâcha soudain Derek d’un ton léger, presque guilleret.

    Meredith sourit largement. Ah ton âge d’or !

    Derek parut surpris. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

    Meredith l’examina attentivement. J’imagine que tu devais être un des garçons les plus populaires du lycée, le joueur de football, le coureur de jupons impénitent qui séduisait toutes les filles avec son sourire charmeur et ses yeux de braise…

    Derek éclata de rire. C’est Mark que tu décris, pas moi. J’étais tout le contraire de ça. Je n’étais pas populaire, je passais totalement inaperçu. Je ne jouais pas au football, mais du saxo dans la fanfare du lycée. Meredith ouvrit de grands yeux avant de pouffer. Ne te moque pas de moi ou bien je vais en racheter un, la menaça-t-il. Et je te casserai les oreilles parce que je n’étais pas très bon. Quant à séduire les filles… A 16 ans, j’étais toujours un gringalet avec plein d’acné et une coupe de cheveux à la caniche. Les filles ne pouvaient pas voir mes yeux parce que je regardais par terre en leur parlant. Je ne souriais pas non plus, j’étais trop timide et complexé. Voilà, tu sais tout.

    Tu t’es bien rattrapé depuis, lui fit remarquer Meredith avec un peu d’ironie. Quand tu m’as draguée chez Joe, tu étais plein d’assurance.

    L’université a arrangé bien des choses. Puis, j’ai tout de suite compris, en te voyant, que je devais mettre le paquet pour te séduire. Derek l’enlaça et l’embrassa tout en lui caressant la nuque. Elle frissonna comme à chaque fois qu’il la touchait de cette façon.

    Quand il eut fini de l’embrasser, elle posa sa tête sur son torse. Moi, j’étais gothique.

    Pardon ?

    J’étais gothique, répéta Meredith. Tu sais, ces ados habillés tout en noir.

    Tu n’as pas beaucoup changé, alors ! se moqua Derek.

    Meredith lui donna une tape et se redressa pour le regarder avec un air faussement réprobateur. Un peu tout de même. Mais attention, je devais être la seule gothique avec des cheveux roses.

    Oh ! Derek la regarda avec un air rieur. Je suis certain que tu étais magnifique et que tu avais beaucoup de succès.

    Oh oui… auprès des mauvais garçons, précisa Meredith avec un rien d’amertume. De ceux qui se prenaient pour des poètes maudits ou des musiciens incompris, de tous ceux qui n’avaient ni projet ni plan de carrière… les loosers, quoi !

    Ta mère devait adorer ça, persifla Derek.

    C’est pour ça qu’ils m’intéressaient, dit Meredith avec un sourire espiègle.

    Je m’en doutais…

    Par contre, toi, elle t’aurait beaucoup apprécié. Tu es tout ce qu’elle ambitionnait pour moi - elle prit un ton un rien emphatique - un chirurgien ambitieux, talentueux et renommé.

    L’intéressé fronça les sourcils, comme s’il était contrarié. Tu oublies, très amoureux et bon amant.

    Je crois que c’est le genre de détail auquel ma mère ne pensait pas… par pour sa fille en tout cas.

    Il se pencha vers son amie. Pour toi aussi, c’est un détail ? chuchota-t-il à son oreille.

    Meredith prit le visage de son compagnon entre ses mains et le rapprocha du sien, de sorte que leurs lèvres se frôlent presque. Le genre de détail qui est en très bonne place sur ma liste des priorités.

    Il l’embrassa sauvagement, en écrasant un de ses seins sous sa main. Elle gémit. Rentrons vite à l’hôtel, murmura-t-il de sa voix rauque. J’ai envie de toi.


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  • En quittant Marina Boulevard, Derek prit immédiatement la route de Sausalito. Il aspirait à être chez lui pour profiter d’un week-end qui avait commencé sous les meilleurs auspices. Il avait maintenant une magnifique copine régulière tout en ayant la garantie de pouvoir continuer à mener sa vie comme il en avait l’habitude. Il n’aurait pas pu rêver mieux. Durant tout le trajet, il pensa aux avantages de la situation mais aussi aux conséquences que celle-ci allait avoir sur la jeune fille. Cette dernière allait toujours se trouver immanquablement prise entre le marteau, lui, et l’enclume, ses amis d’enfance, comme ce matin. En la déposant à la boutique, il avait senti son inquiétude à l’idée de devoir affronter Cristina. Il s’en voulut soudain de ne pas être resté plus longtemps pour la soutenir. A peine était-il rentré chez lui qu’il lui téléphona.

    L’affluence était grande en ce milieu de journée au Sweet Dream, comme si tout San Francisco s’y était donné rendez-vous pour déjeuner. Meredith courait dans tous les sens, servant une table, apportant l’addition à une autre tout en prenant le temps d’échanger quelques mots avec un vieux monsieur qui dégustait un morceau de tarte en lisant le San Francisco Tribune. Elle allait débarrasser une table lorsque son téléphone sonna dans sa poche. Un sourire éclaira son visage. A cette heure-ci, il n’y avait que Derek qui pouvait l’appeler. Son sourire s’agrandit quand elle en eut la confirmation en voyant le prénom du chirurgien s’afficher sur son écran. Elle se mit légèrement à l’écart pour prendre la communication. Allo, bel étranger.

    Derek fit semblant d’être scandalisé. Comment ça, étranger ? Moi qui croyais être ton amant préféré ! Il s’assit sur sa terrasse, le sourire aux lèvres, étonné d’être aussi heureux d’entendre la voix de la jeune fille alors qu’il venait de la quitter.

    Mon amant préféré ? Houlà, c’est très présomptueux, ça, plaisanta Meredith.

    Présomptueux ? Vraiment ? Derek prit ses aises en étendant ses jambes devant lui. Si je me souviens bien, je t’ai fait crier cette nuit, en léchant ton sexe. Meredith rougit violemment. Alors, qu’est-ce que tu as à répondre à ça ? lui demanda Derek.

    Que tu as une très bonne mémoire, répondit-elle. En tournant la tête, elle constata que George s’était rapproché d’elle et qu’il tendait l’oreille pour surprendre sa conversation. Après lui avoir lancé un regard assassin, elle sortit de la boutique pour se soustraire à sa curiosité et aussi échapper à l’attitude inquisitrice de Cristina. Il se pourrait bien que tu sois mon amant préféré, en effet, ajouta-t-elle à l’intention de Derek.

    Jusqu’à ce que tu en trouves un plus jeune et un plus beau que moi, dit Derek avec une once de regret dans la voix. Malheureusement, cela arriverait sans doute plus rapidement qu’il ne le voulait. 

    Meredith fit la moue. Plus beau ? C’est impossible à trouver, je crois.

    Derek sourit. C’est gentil, ça. Mais un plus jeune…

    Ça ne m’intéresse pas, affirma Meredith sur un ton péremptoire. Les jeunes n’ont pas de conversation, ils ne sont pas attentionnés et je les trouve vulgaires. 

    Tu sais, tous les jeunes hommes ne ressemblent pas à ton copain O’Malley, lui fit remarquer Derek.

    Dis donc, est-ce que par hasard tu chercherais déjà à te débarrasser de moi ? s’enquit Meredith sur un ton enjoué, pour cacher qu’elle avait peur qu’il ait déjà changé d’avis sur leur relation.

    Derek se mit à rire. Ah certainement pas ! Et si c’était le cas, je ne te refilerais pas à cet abruti. Tu mérites mieux que lui. Mieux que moi aussi, d’ailleurs.

    Meredith souffla. Pfft ! Tu recommences.

    Derek rit encore. Pas du tout. Je suis très heureux que tu te contentes de peu. Ça me laisse une chance. Sa voix se fit plus tendre. Tu vas bien, toi ?

    Oui, ça va. Meredith tourna le dos à la boutique pour ne plus voir Cristina qui lui faisait signe de rentrer. Mais je ne vais pas pouvoir rester longtemps. On a vraiment beaucoup de monde. 

    ça s’est bien passé ce matin ? la questionna Derek. Ils ne t’ont pas trop emmerdée ?

    Ah j’ai compris ! s’exclama Meredith. C’est pour ça que tu m’appelles.

    Oui, j’étais inquiet, reconnut Derek sans faire attention au ton un peu dépité qu’elle avait pris.

    Même si elle était touchée qu’il se tracasse pour elle, elle aurait préféré que son appel ne soit pas uniquement motivé par son instinct de protection. Il n’y a aucune raison pour que tu t’inquiètes. Il n’y a rien eu à part les remarques habituelles de Cristina sur mon manque d’implication. Elle lui cacha qu’elle n’avait pas pu échapper aux questions malsaines de George sur la nuit qu’elle avait passée et à ses commentaires déplacés.

    Et l’autre connard, il ne t’a pas embêtée, tu es sûre ? insista Derek comme s’il avait senti qu’elle ne lui disait pas tout.

    Je suis sûre, répliqua-t-elle un peu trop rapidement.

    Derek fronça légèrement les sourcils. Dis, tu ne serais pas en train de me cacher quelque chose ?


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