• CHAPITRE 216

    Le réveil sonna à 4 heures du matin. Meredith fit un bond dans le lit tandis que Derek s’étirait comme un chat. 4 heures ! s’exclama la jeune femme, ahurie, après avoir jeté un coup d’œil sur la table de chevet. Derek, tu t’es trompé en programmant le réveil, geignit-elle en enfouissant son visage dans son oreiller.  

    Pas du tout, assura son compagnon en se redressant. Il sonne pile poil à la bonne heure. Allez, lève-toi, fainéante ! Sa main ébouriffa les cheveux de la jeune femme.

    Celle-ci lui jeta un regard catastrophé. Et on est censé faire quoi à 4 heures du matin ? On est en vacances, je te le rappelle.

    On a un truc à faire. Plein d’énergie, Derek sauta en bas du lit pour prendre la direction de la salle de bains.

    Un truc ? A cette heure ? couina Meredith. C’est vraiment à contrecœur qu’elle se redressa pour s’asseoir. Je te jure que ton truc a intérêt à être fameux sinon…

    Derek se retourna vers elle avec un grand sourire. Sinon ?

    Sinon… sinon… je fais la grève du sexe ! lança enfin Meredith, faute d’avoir trouvé une menace plus convaincante.

    Derek rit, un brin suffisant. Je ne crois pas, non. Meredith le défia du regard. De nous deux, c’est toi la plus obsédée, plaisanta-t-il. Elle lui jeta son oreiller, en guise de protestation. Il le regarda tomber à ses pieds. Allez, prépare-toi… et habille-toi chaudement. Il fait froid ici la nuit. Je t’emmène vivre une expérience inoubliable. Il disparut dans la salle de bains.

    Une heure plus tard, il arrêtait la voiture au sommet du volcan Haleakala. Le jour était en train de se lever sur un paysage lunaire et déjà, le soleil donnait aux sables des tons dégradés de brun, de beige, de rose, de bleu, de vert qui, quelquefois, explosaient en violentes teintes orangées. Main dans la main, Derek et Meredith avancèrent jusqu’au bord du cratère de ce volcan endormi depuis 200 ans. Tu comprends pourquoi il fallait être là à l’aube ? dit-il d’une voix douce.

     photo haleakala-hawaii.jpg

    C’est magnifique… et gigantesque ! s’extasia Meredith.

    Derek acquiesça. C’est un des plus grands cratères du monde. Il fait 49 km² environ. Les gens d’ici ont coutume de dire qu’on pourrait y mettre toute l’île de Manhattan.

    Et toi, qu’en penses-tu ? lui demanda Meredith. Après tout, Manhattan, c’est ton endroit.

    C’était, la corrigea-t-il.

    C’est bien toi qui m’as dit que tu étais génétiquement programmé pour n’aimer que Manhattan, lui rappela Meredith.

    Derek sourit. Je t’ai dit ça, moi ?

    Meredith passa son bras sous celui de son compagnon et se serra contre lui. C’est même une des premières choses que tu m’aies dites.

    Et tu t’en souviens ?

    Je me souviens de tout, tu sais – elle fronça légèrement le nez – enfin de tout ce qui s’est passé sitôt que j’ai dessoulé après notre rencontre chez Joe. Derek eut un petit rire et déposa un baiser sur ses cheveux. Elle sentit qu’il s’évadait dans ses pensées et voulut le ramener à elle. C’est étrange, tu ne m’as jamais parlé de New-York.

    Derek haussa légèrement les épaules. Que veux-tu que je te dise ? New-York… New York est unique. On adore ou on déteste. Il n’y a pas de juste milieu. Certains ne vivraient ailleurs pour rien au monde alors que d’autres n’y voient qu’une ville de béton grouillante et stressante.

    Et toi, tu faisais partie de la première catégorie, conclut Meredith.

    Oui, admit Derek, jusqu’à un certain évènement.

    Meredith le dévisagea avec attention. Tu as des regrets ?

    Il secoua la tête. Non… Pas vraiment.

    Un peu tout de même, constata-t-elle, un rien désappointée, tout en s’écartant légèrement de lui.

    Derek la prit par la taille pour la ramener près de lui. Meredith ! Ne te fâche pas. New-York m’a donné tant d’opportunités, elle m’a permis de découvrir tant de choses… C’était ma ville. J’y avais ma maison, mes amis, mes habitudes… Ça n’a pas été facile de renoncer à tout ça.

    Rien ne t’empêche d’y retourner, grommela-t-elle.

    Tu es bête, murmura Derek avec tendresse. New-York a beau être la ville la plus chère à mon cœur, je n’y retournerais pas. Ou alors, avec toi. Ils échangèrent un regard complice avant de commencer à se promener au bord du cratère.

    Comment vivais-tu à New-York ? demanda Meredith, toujours aussi curieuse.

    Bien, très bien même. J’avais une certaine aisance financière, alors c’était agréable… comme partout d’ailleurs, pour un peu qu’on ait de l’argent, précisa Derek avec un petit sourire. Avec Addison, on avait acheté une maison juste en face de Central Park, dans l’Upper East Side. On y recevait nos amis. On sortait au restaurant ou pour boire un verre. On allait au cinéma, au musée. On était insouciant… Son regard se perdit dans le vide. Tout ça a un peu changé après le 11 septembre.

    Meredith leva la tête vers lui, un peu surprise, parce qu’étrangement, elle n’avait encore jamais pensé qu’il avait pu être mêlé de près ou de loin à ce triste évènement. Oui, c’est vrai, tu étais là, ce jour là. Il opina de la tête. C’était comment ?

    Insoutenable, dit Derek d’une voix grave. D’abord la stupeur…les tours qui s’effondrent… le vacarme et la poussière… ensuite, le silence, un terrible silence seulement troublé par le hurlement des sirènes… Et après, bien après, les lumières de Manhattan qui restent éteintes, les gens qui se retrouvent dans les églises pour prier, le noir qui habille les vitrines des magasins, la douleur qui hante les rues… Il serra la main de Meredith un peu plus fort. Ce jour-là, nous avons tous perdu quelqu’un dans les tours, un ami, un voisin, un pompier, un secouriste avec lequel on avait l’habitude de travailler… Après, il y a eu toutes ces personnes qui ont été amenées à l’hôpital… dans un tel état, brûlées, mutilées… Nous avons opéré 24 heures sur 24, pendant des jours, mais on aurait voulu faire encore plus, parce que cela aurait signifié qu’il y avait plus de rescapés. Ensuite, il y a eu l’incompréhension, la colère qui gronde… Il s’arrêta de marcher et fit face à Meredith pour la prendre dans ses bras. Si on parlait de quelque chose de plus gai ?

     


  • Commentaires

    1
    sammy
    Vendredi 2 Octobre 2015 à 22:53

    Très mauvais souvenirs qui resurgissent pour Derekcry

    2
    Nolcéline 97234
    Vendredi 2 Octobre 2015 à 23:08

    Bonsoir à tous merci pour la suite, oui on sent que ça l'a marqué mais comment aurait-il pu en être autrement cry

    Bonne nuit et bon week-end à tous.

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