• Après avoir garé sa voiture à l’emplacement qui lui était réservé dans le parking de l’hôpital, Derek se dirigea sans entrain vers les ascenseurs. Cette nuit, comme toutes les autres depuis l’accident de Meredith, il avait dormi quelques heures à peine. Il était épuisé. Néanmoins, il espérait que le planning de la journée lui permettrait de se jeter à corps perdu dans le travail. Rien de tel qu’un enchaînement d’interventions bien compliquées pour oublier ses propres difficultés.

    Mark le rejoignit alors qu’il attendait l’ascenseur, perdu dans ses sombres pensées. Un bagel ? demanda-t-il en lui tendant un sachet. Ils sont encore chauds. Derek refusa avec un air dégoûté. Tu devrais pourtant, lui conseilla Mark. Ils sont délicieux. Et il serait temps de te remplumer. Tu maigris à vue d’œil. Bientôt, tu auras l’air plus malade que tes patients. Les deux hommes montèrent dans l’ascenseur. Derek s’adossa à la paroi du fond, comme s’il avait peur de s’effondrer. Mark lui jeta un regard en coin avant de se retourner, pour faire face à la porte. Ça ne va pas mieux, on dirait.

    Non.

    Tu devrais lui parler.

    Pour lui dire quoi ?

    Tu ne peux pas continuer comme ça. Cette situation te mine.

    Je sais.

    Ils se turent parce que les portes s’ouvraient. Cristina entra dans la cabine et ils la saluèrent d’un signe de tête. Machinalement, Derek se redressa. Sans lui adresser un regard, Cristina se plaça à côté de Mark. Comme elle lui tournait le dos, elle aussi, Derek reprit sa position.

    Un bagel ? demanda Mark en présentant son paquet à sa voisine. Je vous les conseille, ils sont délicieux, répéta-t-il en mordant dans le sien à pleines dents. Moi, c’est mon troisième. Cristina le regarda avec un mépris teinté de commisération. Mark haussa les épaules. Comme vous voulez. Mais vous avez tort.

    Avoir tort à vos yeux est un plaisir dont je ne souhaite pas me priver, laissa tomber la jeune femme avec un air hautain.

    Mal dormi ? feignit de s’inquiéter Mark, très hypocrite.

    Cristina secoua la tête avec un petit sourire condescendant. Pas le moins du monde. Au contraire, je dors comme un bébé, surtout depuis que le calme est revenu à la maison. Il fait bien silencieux, la nuit. Ça change, persifla-t-elle. Mais ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.

    Mark tourna légèrement la tête vers son ami pour voir de quelle façon il réagissait à cette perfidie. Derek fulminait. Les portes s’écartèrent à nouveau et Cristina plaça son pied pour les empêcher de se refermer tout de suite. Tandis que les deux hommes échangeaient un regard surpris, elle commença à fouiller dans son sac. Elle en sortit un petit sachet qu’elle tendit à Derek. Prenez-le. Ça devrait vous être utile, dit-elle sèchement. Elle quitta l’ascenseur dont les portes se refermèrent sans que le chirurgien ait eu le temps de la questionner.

    Brrr ! dit Mark, en faisant semblant de trembler. Cette femme est plus froide que tous les icebergs de l’Antarctique. Serait-elle la dernière sur terre, il ne faudrait pas compter sur moi pour contribuer à la reproduction de notre espèce. Il vit son ami qui retournait l’emballage entre ses doigts, sans avoir l’air de comprendre. Y a quoi dans le paquet ? Les yeux écarquillés de stupéfaction, Derek le lui remit. Mark eut un petit rire moqueur. Oh ! La petite pilule bleue… je vois.

    Tu as bien de la chance. Ça veut dire quoi, selon toi ? demanda Derek, les yeux fixés sur la boite de médicaments.

    Ça veut dire que Meredith lui a parlé de vos problèmes, estima Mark, goguenard. Sinon, pourquoi te donner du Viagra ?

    C’est insensé ! s’exclama Derek en fourrant les pilules dans sa poche. Je n’ai pas besoin de ça. Meredith le sait bien.

    Mark fit une moue dubitative. Pas sûr. Ça fait des semaines que tu ne la touches plus. Elle se pose des questions, c’est clair. Elle essaie de trouver des explications à ton absence de désir.

    Mais ça n’a rien à voir, répliqua Derek, énervé. D’ailleurs, je n’ai pas cessé de la désirer. Ça me rendrait les choses plus faciles mais ce n’est pas le cas.

    Alors, pourquoi tu ne couches plus avec elle ? Tu as fait vœu de chasteté en échange de sa vie sauve ? plaisanta Mark. Tu t’es converti au catholicisme et tu te destines à entrer dans les ordres ? Explique-moi donc ce qui t’incite à ne plus vouloir faire l’amour avec la femme que tu aimes ? Ça m’intéresse. L’ascenseur s’arrêta et les deux hommes en sortirent.

    Tu ne comprendrais pas, grommela Derek.

    Essaie toujours, pour voir.

    Derek poussa un long soupir. Le jour de son accident, juste après que cela se soit produit, on a… on a fait l’amour. C’était assez…

    Bestial ?

    Non ! protesta Derek avec un regard lourd de reproches. Intense… c’était assez intense.

    Ça revient presque au même, prétendit Mark avec assurance. Mais bon, on ne va pas jouer sur les mots. Et après ?

    Après ? Derek s’emporta. Après, je l’ai retrouvée dans le coma.

    Mark leva les yeux au ciel. Ça fait un mois que tu restes collé à cette idée. C’est effarant de penser que tu es un chirurgien renommé en neurologie. Ça me dépasse. Je me vois donc obligé de te rafraîchir la mémoire. Meredith avait un hématome sous-dural, léger qui plus est, et à moins que j’aie raté un chapitre pendant mes études, je ne vois pas comment elle aurait pu subir de tels dommages en couchant avec toi. Il regarda son ami avec un air narquois. Ou alors, faudra que tu m’expliques comment tu fais l’amour, mon vieux ! Parce que, du cerveau au vagin, il y a tout de même une certaine distance. Trèves de plaisanterie ! Tu déconnes, Derek, gronda-t-il. Si c’est à ce point-là, tu devrais peut-être consulter et, surtout, parler à Meredith. Sinon, tu risques de revivre la même situation qu’avec Addison.

    Derek ricana. Pourquoi ? Tu vas te taper Meredith pour pallier à mes lacunes ?

    Moi, non. Mais un autre, qui sait ?


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  • Derek posa la main sur son sexe qui commençait à se dresser. Evidemment que c’est vrai, sinon je ne le dirais pas. Et toi, tu as envie de moi ?

    Parce que Meredith n’avait pas assez d’aplomb pour se lancer dans une conversation coquine, elle opta pour la dérision. Tu sais, j’essaie de ne pas penser à ça vu que je dois tenir le coup jusque vendredi, répondit-elle sur un ton railleur.

    Derek éclata de rire. Ah là, tu m’as eu ! Je suis pris à mon propre piège. Il se remit debout et, sans faire attention à sa serviette de bain qui était tombée par terre, il se campa nu devant le lavabo.

    Le rire de Meredith se joignit au sien. Tu m’as tendu la perche en plus !

    Derek posa son téléphone et appuya sur la touche haut-parleur. Je le reconnais. Il prit un ton plus doux, empreint de tendresse. Tu me manques, bébé. Il saisit la bombe de mousse à raser et la fit gicler dans le creux de sa paume, avant d’étaler la mousse sur le bas de son visage. Et je te jure que c’est vrai, ajouta-t-il pour devancer la prochaine question de la jeune fille.

    Tu me manques aussi, soupira-t-elle. Elle hésita un instant avant d’oser. Je suis heureuse qu’on soit ensemble. Et moi aussi, j’ai envie de toi, conclut-elle dans un murmure.

    Derek allait commencer à se raser mais sa main qui tenait le rasoir resta suspendue, immobile, pendant quelques secondes. Quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ? Bien entendu, il avait parfaitement compris ce que Meredith avait dit mais il avait envie de le lui faire redire.

    Je suis certaine que tu m’as très bien entendue, riposta-t-elle.

    Oui mais Meredith Grey qui dit ce genre de choses… Derek émit un petit rire coquin. Allez, redis-le ! Il passa la lame du rasoir sur sa joue.

    Même pas en rêve ! rétorqua Meredith.

    Derek trempa son rasoir dans l’eau pour en retirer la mousse maculée par ses poils. Pfft ! Rabat-joie ! Tu es trop sérieuse. Le silence se fit. Meredith, tu es encore là ?

    Oui, oui, dit-elle d’une voix soudain mal assurée.

    Son ami n’y prêta pas attention. Ah j’ai cru que la communication était coupée, déclara-t-il.

    Derek… Dans sa chambre, la jeune fille serra sa peluche contre elle. Je voudrais te demander… Tu trouves vraiment que je suis trop sérieuse ?

    Non, bien sûr, protesta Derek. Je plaisantais, c’est tout. Tu ne dois pas t’en faire pour ça.

    Je ne m’en fais pas, prétendit Meredith. C’est juste que je voudrais… j’ai vraiment envie… Derek fronça légèrement les sourcils. Je sais que je ne suis pas la femme que tu as envie que je sois, lâcha enfin Meredith. Mais je vais faire des efforts.

    Et quel genre de femme je veux que tu sois, à ton avis ? demanda Derek, intrigué.

    Moins timide, plus sexy, plus libérée, présuma Meredith. Qui ose faire des choses, prendre les devants.

    Derek essuya grossièrement la mousse qui restait sur son visage avant de se rasseoir au bord de la baignoire. Bébé, soupira-t-il. Je te taquine parfois mais ça ne veut pas dire que je ne t’apprécie pas telle que tu es. C’est vrai, tu es timide, tu es réservée et pudique mais j’adore ça. Meredith, aux anges, se mordilla la lèvre inférieure. Je trouve même ça très excitant, insista Derek. Je ne veux pas que tu changes. Je veux juste que tu te sentes plus à l’aise avec ta sexualité, et avec moi aussi, mais ça, ça viendra avec le temps.

    Meredith pensa à nouveau qu’elle avait beaucoup de chance d’avoir un petit ami tel que Derek. D’accord, chuchota-t-elle.

    Et entre parenthèses, je te trouve déjà très sexy, clama Derek.

    Meredith allait lui répondre lorsque sa porte fut secouée par de grands coups. La voix sonore de Cristina se fit entendre. Meredith, qu’est-ce que tu fous ? Ne me dis pas que tu pionces encore !

    J’arrive, j’arrive, promit Meredith.

    J’te laisse un quart d’heure, annonça Cristina sur un ton menaçant. Si t’es pas prête à ce moment-là, on partira sans toi et tu devras te démerder pour arriver à la boutique. Le bruit de ses pas dans l’escalier signala qu’elle descendait. 

    C’était quoi, ce boucan ? se renseigna Derek qui avait profité de l’intermède pour se rincer le visage et mettre de l’after-shave. 

    C’est Cristina qui sonne le rappel ! ironisa Meredith. Faut que j’y aille, sinon je vais devoir aller bosser en bus. Je te laisse. Bisous. Elle raccrocha rapidement et courut à la salle de bains. Douze minutes plus tard, elle pénétrait dans la cuisine. George lui tendit aussitôt un mug de café.


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  • A midi, Derek pénétra dans la cafétéria. Il aperçut Mark qui déjeunait seul. Il le rejoignit après s’être servi un café. Tu as raison. J’ai un problème. Il s’assit en face de son ami. Je fais un blocage. J’ai toujours envie d’elle mais… j’ai peur. Et cette peur est plus forte que mon désir.

    Peur ? De quoi ? De la retrouver tous les matins en état de coma ? se moqua Mark. 

    Je sais que, dit comme ça, ça a l’air totalement stupide, reconnut Derek. Mais tu ne sais pas ce que c’est… Penser que la femme que l’on aime plus que tout est morte… Son visage prit une expression douloureuse. Ça fait la deuxième fois que ça m’arrive, Mark, deux fois que je crois la perdre à tout jamais. Je ne veux plus jamais avoir à vivre ça. Je ne veux plus la perdre.

    Mark gratifia son camarade d’un regard plein de compréhension. Je sais que tu as vécu des moments très difficiles. Ça n’a pas dû être simple à gérer mais… je crois que tu fais fausse route. Si tu continues comme ça, tu la perdras de toute façon, Derek. Il faut absolument que tu renoues le dialogue avec elle, que tu lui expliques comment tu as vécu les évènements. A deux, vous serez plus forts pour affronter vos difficultés.   

    Ils entendirent soudain des éclats de voix et des rires qui venaient de l’autre côté de la cafétéria. En regardant dans cette direction, ils constatèrent qu’un attroupement s’était formé autour d’une table. Au même moment, il sembla à Derek qu’il reconnaissait un des rires. Intrigué, il se leva pour rejoindre le groupe. Mark le suivit. Stupéfaits, ils découvrirent Meredith entourée de ses colocataires et de presque tout ce que Seattle Grace comptait comme jeunes mâles. Il faut avouer que la jeune femme avait fait fort pour attirer le regard. Minijupe, chemisier vaporeux et quelque peu transparent, hauts talons, elle était aux antipodes de la femme qu’elle avait l’habitude d’être.

    Meredith ? balbutia Derek, comme s’il n’était pas certain que ce soit bien elle.

    Elle releva la tête et feignit de le découvrir. Ah ! Salut Shep.

    Shep ? s’étonnèrent les deux hommes en chœur. Cristina pouffa. Alex et Izzie échangèrent un regard ennuyé.

    Qu’est-ce que tu fais là ? gronda Derek, fou de rage.

    Ben, tu vois, je suis venue dire bonjour à mes amis, prétendit Meredith. J’en avais assez de rester prisonnière dans ma propre maison. Ici, au moins, tout le monde est très gentil avec moi.

    Conscient que la situation n’allait pas tarder à dégénérer, Mark ordonna d’un geste de la main aux garçons de retourner à leurs occupations. Son air autoritaire les dissuada de tenter de parlementer. En quelques secondes, le groupe fut dispersé.

    Est-ce qu’elle a bu ? demanda Derek en s’adressant à Alex et Izzie qui hochèrent la tête et écartèrent les bras en signe d’ignorance.

    Si j’ai bu ? Tiens, ce n’est pas une mauvaise idée, ça.  Meredith se tourna vers Cristina. Si on allait chez Joe ? Je pourrais peut-être trouver un homme pour remplacer mon petit ami. Le pauvre, il est devenu impuissant, je crois.

    Impuissant ? s’écrièrent de concert les deux titulaires, éberlués.

    Cristina eut un rire mauvais. Il est vraiment très au point votre numéro de duettistes. Vous devriez aller à Vegas.

    Alex intervint. Arrêtez maintenant. Tout ça va beaucoup trop loin. Meredith balaya l’argument d’un geste de la main en défiant Derek du regard. Ne désirant pas être impliqué dans ce qui n’allait pas manquer de suivre, Alex quitta la table en emmenant Izzie par la main

    Derek crispa sa main sur l’épaule de Meredith. On doit parler. Maintenant !

    La jeune femme secoua la tête. Désolée mais je n’ai pas le temps. Leo fait de la moto. Il a proposé de m’emmener faire un tour. J’ai bien envie d’accepter. Elle regarda Derek avec un air innocent. Qu’en dis-tu ?

    Il resserra sa main sur elle. Ne m’oblige pas à t’emmener de force.

    Meredith repoussa son bras pour se dégager de son étreinte. Laisse-moi. Tu es mon médecin, pas mon petit ami. Ou alors – elle fit mine de réfléchir- si tu es mon petit ami, c’est que tu es peut-être impuissant. Cristina éclata de rire. Bien que solidaire avec son ami, Mark se retint de l’imiter. Fou de rage, Derek souleva littéralement Meredith de sa chaise. Laisse-moi tranquille, cria-t-elle. Tu ne veux pas me parler à la maison, je ne vois pas pourquoi on devrait le faire ici. En plus, tu me fais mal. Indifférent à ses protestations, il la jeta sur son épaule et se dirigea vers la sortie, sans se laisser démonter par les coups qu’elle lui donnait ni par les regards interdits des personnes présentes dans la cafétéria.

    Scandalisée par l’attitude de Derek, Cristina voulut les suivre mais Mark s’interposa. Si vous ne voulez pas passer le reste de votre année à nettoyer les culs de mes patients, je vous conseille de rester bien sagement assise à votre place. Je pense que votre amie est assez grande pour se défendre toute seule. D’ailleurs elle vient de le prouver. Cristina le foudroya du regard mais se rassit.

    Hors de la salle, Derek déposa Meredith par terre et la poussa dans un coin. Il se colla contre elle pour l’empêcher de s’échapper. Qu’est-ce qui te prend de m’humilier comme ça ? Tu n’as pas à étaler notre vie privée à l’hôpital.

    On n’a plus de vie privée, lui lança-t-elle. On ne couche plus ensemble, on ne se parle plus. Tu ne sais même plus que j’existe.

    C’est faux, protesta Derek.

    Meredith haussa les sourcils. Vraiment ? Hier, je t’ai dit que j’avais couché avec Alex, tu m’as dit que j’avais bien fait.

    Derek la regarda avec un air à la fois incrédule et horrifié. Tu as couché avec Alex ?

    Imbécile ! éructa-t-elle. J’ai dit ça pour voir ta réaction. Et tu n’en as pas eu justement ! Tu ne m’écoutes même plus quand je te parle, lui reprocha-t-elle vertement. Si tu as quelqu’un d’autre dans ta vie, sois assez franc pour me le dire.

    Tu es ridicule, grogna Derek entre ses dents. Il n’y a personne d’autre que toi et tu le sais très bien.

    Non, je ne sais pas, riposta Meredith d’une voix étranglée par la rage autant que par la peine. Je ne sais plus. S’il n’y a pas une autre femme, pourquoi on ne fait plus l’amour, toi et moi ?

    Derek fusilla du regard quelques infirmières qui passaient à côté d’eux, en les observant avec curiosité. Ça n’a rien à voir, chuchota-t-il à l’intention de son amie. Dans un couple, il y a des choses tout aussi importantes, si pas plus, que la sexualité. Tu devrais y réfléchir.

    Oh mais j’y ai réfléchi, s’écria Meredith sans se soucier des regards qui pesaient sur eux. En trois semaines d’abstinence, j’ai eu tout le temps pour ça. Si tu veux parler de la confiance, du dialogue, de la tendresse, nous n’avons même plus ça, Derek. Nous n’avons plus rien. Nous n’existons plus. Elle se mit à pleurer.

    Derek s’écarta légèrement d’elle en soupirant. Il souffrait de la voir malheureuse mais il ne sut pas dire les mots qu’elle attendait. Nous reparlerons de tout ça plus tard, si tu veux bien. Déçue et en colère, elle le repoussa violemment et fit quelques pas. Meredith… Je ne rentrerai pas tard, lui promit-il. Nous parlerons, je te le promets.

    Elle tourna vers lui son beau visage baigné de larmes. Ce n’est plus la peine. Tu es libre, maintenant. Nous ne sommes plus ensemble.


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  • Ce lundi promettait d’être fort chargé pour le personnel du Sweet Dream. En effet, les employés d’une petite société d’informatique avaient réservé la quasi totalité des tables pour célébrer le départ à la retraite d’un des leurs. Aussi, à peine arrivés à la boutique, Izzie s’enferma dans la cuisine pour terminer la préparation des plats. De leur côté, George et Cristina se partagèrent la mise en place de la terrasse avant de s’occuper des boissons pendant que Meredith s’employait à décorer la salle et dresser les tables. Elle était en train de plier des serviettes en tissu quand elle fut soulevée par deux mains qui l’avaient saisie par la taille. Surprise, elle poussa un cri strident qui fit accourir ses amis. Ils la découvrirent dans les bras de Derek, lequel la faisait tourner en l’air sans prendre garde au fait qu’il piétinait allègrement les quelques serviettes qui étaient tombées sur le carrelage. Lâche-moi ! cria la jeune fille en riant aux éclats, les cheveux flottant autour de son beau visage.

    Rassurée par l’absence de drame, Izzie réintégra sa cuisine tandis que Cristina, folle de rage, se précipitait sur le couple, avec George sur les talons. Bon sang, faites attention ! éructa la jeune femme. Elle fit signe à son camarade de ramasser les serviettes. Il obtempéra de mauvaise grâce non sans avoir jeté un regard assassin en direction de son rival.

    Essoufflée et hilare, Meredith abaissa le regard vers le désastre avant de se tourner vers Derek. Regarde ce que tu as fait ! Elle fit mine de le frapper. Je vais devoir recommencer maintenant.

    Il prit un air faussement contrit. Je suis désolé. Je vais t’aider, si tu veux.

    Oh ça, certainement pas ! intervint Cristina. Vous en faites déjà assez comme ça. George se redressa et jeta les serviettes sur la table.

    Derek se pencha vers Meredith. Dommage ! Elle ne sait pas ce qu’elle rate. Je suis très doué avec tout ce qui est textile, murmura-t-il en jouant avec le bouton du haut du chemisier de Meredith. Celle-ci pouffa de rire en lui donnant une tape sur les mains pour l’arrêter. Il la prit dans les bras et l’embrassa.

    Après avoir porté les serviettes sales dans l’arrière-boutique et en avoir ramené des propres qu’elle posa sur la table à côté de laquelle s’embrassaient les tourtereaux, sans que cela les trouble le moins du monde, Cristina alla se placer derrière la grande table qui allait faire office de buffet. George, apporte-moi les plateaux avec les tartelettes aux fruits. Les citrons et les fraises. Et après, tu m’amèneras les brownies. Si on pouvait tous s’y remettre, ce serait sympa, ajouta-t-elle à l’intention de Meredith qui semblait se complaire dans les bras du chirurgien.  

    Puisque vous le proposez si gentiment ! Derek prit Meredith par la main et l’entraîna sur la terrasse.

    Cristina faillit s’étrangler de fureur en voyant le couple sortir de la boutique. Non mais il me fait quoi, là ? 

    Ils se foutent de notre gueule, je te dis, glapit George en déposant sur le buffet un plateau recouvert de tartelettes au citron.  

    Le snobant totalement, Cristina se rendit dans la cuisine pour faire part de ses doléances à Izzie. Viens voir, lui dit-elle en lui faisant signe de la rejoindre. Izzie sortit en soupirant. Cristina tendit la main vers la terrasse où Meredith et Derek échangeaient quelques mots entre deux baisers. Regarde-moi ça ! Il arrive et elle laisse tout tomber. Elle éleva le ton dans l’espoir d’être entendue par le couple. Et pendant ce temps, on se tape tout le boulot.

    Ils se foutent de notre gueule, répéta George.

    Ce n’est pas si grave, estima Izzie. Elle mettra les bouchées doubles après.

    Ou bien elle se posera dans un coin pour rêver à son prince charmant, répliqua Cristina.

    George l’approuva par un énergique signe de tête.

    Il faut la comprendre aussi, c’est la première fois qu’elle est amoureuse, leur rappela Izzie. Elle a envie d’être avec lui, c’est normal.

    Moi ce que je comprends, c’est qu’il n’en veut qu’à son cul et qu’elle ne s’en rend pas compte, aboya George, irrité par le soutien que sa cousine manifestait à leur amie et donc indirectement, à sa relation avec le chirurgien.

    Izzie le regarda avec un air résolument désapprobateur. Tu ne connais pas Derek, et tu ne sais pas ce qu’il a dans la tête, alors tu devrais éviter de le juger. 

    Oui, parce que son cul, il l’a eu, souligna Cristina, la mine renfrognée. Et ça ne l’empêche pas de passer sa vie ici, alors, à mon avis, il n’y a pas que ça entre eux. Et ça, ça ne fait pas nos affaires ! Elle repartit dans l’arrière-boutique tandis qu’Izzie rentrait dans la cuisine. Quand à George, il ne bougea pas pour pouvoir observer ce qui se passait en terrasse.


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  • En entendant ces mots, le sang de Derek bouillonna. En deux enjambées, il rejoignit Meredith, l’attrapa par le bras et la fit entrer de force dans l’ascenseur. Il appuya sur un bouton au hasard. Ta conduite est inqualifiable. Je déteste me donner en spectacle de cette façon.

    Je ne t’ai rien demandé, aboya-t-elle. Tu n’avais qu’à me laisser là-bas. De toute façon, ce n’est pas pour toi que je suis venue.

    Tu parles ! Et cette tenue ? dit Derek en désignant la minijupe en jeans. Jamais je ne t’ai vue habillée de cette manière. Je parie que ces vêtements ne sont même pas à toi et que tu as dû les emprunter.

    Et alors ? riposta Meredith. Je dois me trouver un nouveau petit ami. Il fallait que je frappe un grand coup.

    Derek la fusilla du regard. Un grand coup ? Comme la boîte de Viagra que ta chère amie Cristina m’a donnée ce matin ?

    Meredith le toisa avec dédain. Je ne suis pas au courant.

    Ne me prends pas pour un crétin. Derek se mit à marcher de long en large dans la cabine d’ascenseur. C’est de la provocation pure et simple et je sais que tu es derrière tout ça, s’emporta-t-il. Cette peste de Yang a fait quelques allusions perfides qui prouvent qu’elle est parfaitement au courant de notre intimité.

    Meredith ricana. Notre manque d’intimité, tu veux dire.

    Tu n’en as pas assez de te conduire comme une gamine ?

    Je te rends ta liberté, c’est tout.

    Derek vint se mettre devant elle. Alors, c’est ça ? Tu veux rompre, déplora-t-il avec amertume. Encore une fois, au moindre problème, tu t’en vas. Tu crois vraiment que c’est de cette façon que notre relation va évoluer ?

    Je ne peux pas avoir une relation avec un homme qui n’a plus envie de moi, répondit Meredith en évitant de le regarder pour ne pas tomber dans le piège de ses yeux bleus.

    Derek soupira. Qui dit que je n’ai plus envie de toi ?

    Meredith s’écarta de lui. Moi !

    Il s’adossa contre la paroi de l’ascenseur. Eh bien, tu as tort, dit-il d’une voix lasse.

    Alors pourquoi on ne fait plus l’amour ? se plaignit Meredith, bien décidée à le pousser dans ses derniers retranchements Pourquoi tu évites tout contact physique avec moi ?

    Derek souffla. Pfft ! Tu es ridicule. Je n’évite rien du tout.

    Derek, depuis que je suis sortie de l’hôpital, je n’ai plus droit qu’à quelques chastes baisers, lui fit remarquer Meredith. Je ne suis pas une nymphomane mais j’ai besoin de plus… ou alors il me faut une explication. Il ouvrit la bouche pour se défendre mais elle ne le laissa pas parler. Et ne prends pas ma santé comme alibi. Je vais bien. Je ne suis pas malade, ni handicapée. Je ne suis peut-être pas encore capable d’entrer dans un bloc pour y pratiquer une intervention mais je peux faire l’amour. Et si tu as envie de moi comme tu le dis, alors je ne vois pas ce qui peut nous en empêcher, conclut-elle, les yeux pleins d’espoir.

    Derek la regarda avec tristesse. Si ça pouvait être si simple ! murmura-t-il.

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Un groupe de cinq personnes s’apprêtait à y entrer mais hésita en sentant la tension qui existait au sein du couple. Derek posa la main dans le creux des reins de Meredith pour l’inciter à sortir. S’il avait espéré que la présence de tierces personnes calmerait sa compagne, il n’en fut rien. Si ce n’est pas simple pour toi, alors j’ai raison de vouloir tout arrêter, dit-elle entre ses dents, à peine en dehors de l’ascenseur.

    Derek la prit par le bras pour l’obliger à avancer. Je croyais que notre amour n’était pas tributaire du nombre de fois où on se retrouve dans un lit, répliqua-t-il sur le même ton.

    Meredith s’énerva. Oh n’essaie pas de me donner le mauvais rôle, s’il te plait ! Tu sais très bien qu’il n’y a pas que ça. Je n’ai plus confiance en toi.

    Je me demande bien pourquoi ! s’exclama Derek.

    Pendant des mois, tu m’as répété qu’il ne devait pas y avoir de secret ou de tabou entre nous, lui expliqua Meredith. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce beau principe ne s’appliquait qu’à moi parce que, maintenant qu’il s’agit de toi, tu te mures dans le silence le plus complet. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

    Derek s’arrêta de marcher pour la pousser contre un mur et se presser contre elle. Je n’ai pas de secret pour toi. Il avança la main pour lui caresser la joue.

    Meredith le repoussa. Alors, pourquoi ne pas m’avoir dit que tu avais des problèmes ?

    Mais je n’ai aucun problème, voyons, s’écria Derek, excédé.

    Tu vois, tu continues ! s’offusqua Meredith. Pourtant, je t’ai dit que je pouvais tout entendre. Elle se fit soudain plus douce. Si tu m’expliques ce qui se passe, je t’aiderai. On peut s’en sortir, Derek. Même s’il s’agit de troubles de l’érection…

    Il se mit à crier. Arrête avec ça, nom de Dieu ! Voyant qu’on se retournait sur eux, il parla plus bas. Je n’ai aucun trouble.

    Meredith le défia du regard. Alors prouve-le !

    Derek baissa les yeux. Ce n’est ni le lieu ni le moment.

    Meredith se raidit. Très bien. Dans ces conditions, je ne veux plus discuter. De toute façon, ma décision est prise, annonça-t-elle tout en s’éloignant de quelques pas.

    Je ne suis pas un Kleenex, Meredith, lui lança Derek. Tu ne peux pas me jeter quand ça t’arrange.

    Elle posa sur lui un regard glacial. Et toi, tu ne peux pas m’obliger à rester avec toi si ça ne me convient pas. Maintenant excuse-moi, Leo m’attend pour notre balade en moto… Qui sait ce qui se passera après ?


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