• On dirait que tu es bien accroché aussi, nota Lauren avec une certaine affection. Elle appréciait beaucoup Derek. On pouvait dire de lui ce qu’on voulait mais il était honnête et franc, et surtout ses amis pouvaient toujours compter sur lui en cas de coup dur.

    Ouais. Même plus que bien. Beaucoup plus. Meredith, c’est la femme de ma vie, avoua-t-il sans aucune honte. Il n’y aura plus jamais personne d’autre.

    Connie joignit ses mains en un geste de prière. Mon dieu, j’ai l’impression d’assister à un moment historique.

    Woaw ! Pour un aveu, c’en est un de taille, jugea son mari Randall.

    Colton brandit son verre en l’air. Les amis, je crois qu’on vient de passer dans la quatrième dimension. Santé ! Il but une gorgée de champagne.

    Derek rit de bon cœur. Vous êtes trop cons !

    Si je comprends bien, la prochaine noce à laquelle on va assister, c’est la tienne, présuma Jenna.

    Ah non, pas ça. Ne rêvez pas, répliqua Derek, hilare.

    Tom feignit de s’indigner. T’as pas le choix, mon vieux ! Si on n’a pas de mariage pour se revoir, comment on fait ? Et si on compte sur Mark, on sera en maison de retraite quand ça arrivera.

    Dis plutôt qu’on ne se reverra jamais, riposta Sarah.

    Mark pointa son index vers elle. Bien vu !

    S’il n’y a que ça qui vous ennuie, je peux organiser une fête tous les ans, déclara Derek.

    Jenna aperçut Meredith qui avançait vers leur table. Aaaaah la voilà !

    La jeune fille eut à peine le temps de se rasseoir que les amis de Derek l’assaillirent de questions. Eh bien, Meredith, tu es déjà là ? Tu n’as pas fait de rencontre ? Pas de coup de foudre en chemin ?

    Lauren pouffa de rire. Mon dieu, qu’ils sont bêtes !

    Emportée par l’hilarité collective, Meredith sourit sans savoir pourquoi. Un coup de foudre en chemin ? répéta-t-elle sans comprendre ce dont il s’agissait. Elle se tourna vers Derek pour avoir des éclaircissements.

    Il lui prit la main. Figure-toi que ces idiots ont imaginé que tu allais rencontrer un autre homme en allant aux toilettes, que tu aurais le coup de foudre et que tu me quitterais, lui expliqua-t-il.

    Ah ça ! Meredith rit franchement. Aucun danger !

    Qu’est-ce que je vous avais dit ! s’exclama Derek, triomphant.

    Bon alors, dans ce cas, Meredith, à quand la noce ? lança Randall

    Meredith ouvrit de grands yeux perplexes tandis que Derek levait les siens au ciel avec un sourire qui allait d’une oreille à l’autre. Mais qu’est-ce qu’il est con ! Fais pas attention à lui, conseilla-t-il à sa petite amie. Il raconte n’importe quoi.

    Mais non, pas du tout ! protesta Randall. Figure-toi que pendant que tu étais partie, Derek nous a annoncé qu’il voulait se marier.

    L’intéressé s’esclaffa. Ça, jamais de la vie ! Quelle horreur ! Plutôt mourir ! A peine avait-il terminé sa phrase qu’il se rendit compte de l’énormité qu’il venait de dire et de ce qu’elle avait de blessant pour sa compagne. Il en eut la confirmation en croisant le regard furibond de Mark et ceux, gênés, de ses amis. Mais c’est en voyant Meredith qui cherchait à sauver les apparences en affichant un sourire crispé, qu’il réalisa le mal qu’il venait de lui faire. Il tenta alors de la rassurer sans savoir que ses mots aggravaient son cas plus qu’ils ne l’arrangeaient. Ce n’est pas de toi que je parlais évidemment. Je me suis mal exprimé, c’est tout. Il prit ses amis à témoin. Je ne parlais pas de Meredith, Ça n’a rien à voir avec elle. Je parlais du mariage, bien sûr.

    Jenna eut pitié de lui et vola à son secours. Mais oui, on sait, bien sûr. Après tout le bien que tu nous as dit d’elle pendant qu’elle n’était pas là… Elle s’adressa à Meredith. Il est littéralement dingue de toi. Toute la table, à l’exception de Mark, l’approuva avec de vigoureux hochements de tête.

    Oui, et puis, on n’a pas besoin d’être marié pour être heureux en couple, ajouta Colton.

    Meredith se raidit au point d’avoir mal à tous ses membres. Même si c’était involontaire, Derek l‘avait humiliée en public et au lieu de lui présenter des excuses dignes de ce nom, il s’était enferré en ruinant tous ses espoirs de mariage. Et voilà maintenant que ses amis, non contents de la regarder avec pitié, essayaient de la consoler avec des arguments qui n’en étaient pas. C’était l’humiliation de trop. Elle se leva. Excusez-moi, dit-elle d’une voix blanche en espérant être assez loin quand les sanglots qu’elle avait de plus en plus de mal à retenir éclateraient. Elle ne voulait pas perdre la face plus qu’elle ne l’avait déjà fait.

    Derek se leva pour la suivre mais Jenna le retint. Non, laisse-la. Je ne pense pas que tu sois celui qu’elle a envie de voir pour le moment. Mais je vais aller avec elle, ne t’inquiète pas. Elle courut à la poursuite de Meredith.


    4 commentaires
  • Merde, merde, merde, ragea Derek entre ses dents.

    Mal à l’aise et embêté, Randall grimaça. Désolé, vieux. C'était juste une blague. Je ne pensais pas que ça aurait cet effet-là. 

    Ce n’est pas ta blague, le problème, mais la réaction de cet abruti. Mark jeta un regard réprobateur à son meilleur ami. Toi, t’en rates vraiment pas une.

    Putain, tu sais très bien que je n’ai pas dit ça pour Meredith, mais pour le mariage, pour ce que ça représente ! s’emporta Derek. Allons, Mark, s’il y en a un qui sait ce que je ressens pour elle, c’est toi !

    Tout ce que je vois, c’est que tu viens de lui foutre la honte devant tout le monde, objecta sèchement Mark. Parce que quel que soit le sens où tu le prends, ce que tu lui as dit, c’était très blessant. Alors, tu peux passer ton temps à lui dire que tu l’aimes, si tu ne le prouves pas par des actes, ça vaut que dalle.

    Parce que tu crois que je ne le sais pas ? aboya Derek. Il n’appréciait guère que Mark lui fasse la leçon de cette façon, devant leurs amis qui plus est, mais par-dessus tout, il redoutait les effets qu’auraient ses propos malheureux sur sa relation avec Meredith, laquelle n’était déjà pas au mieux de sa forme depuis quelques jours. Je sais bien que j’ai déconné et que je lui ai fait de la peine, dit-il sur un ton plus calme. Mais ce n’était pas volontaire.

    Manquerait plus que ça, grommela Mark.

    On sait tous que ce n’était pas volontaire, intervint Dean. Et ne t’inquiète pas pour Meredith, elle va s’en rendre compte aussi. De toute façon, Jenna est avec elle. Elle va t’arranger le coup, ne t’en fais pas. Bien qu’il ne soit guère convaincu, Derek opina de la tête en gardant les yeux fixés sur la porte du chapiteau par laquelle il espérait voir Meredith revenir très vite.

    Dans la maison, Jenna tentait de persuader la jeune fille de sortir des toilettes dans lesquelles elle s’était enfermée pour pleurer à son aise. Meredith, allez, sors. On va parler. Tu sais, Derek s’en veut énormément. Il ne pensait pas ce qu’il a dit, pas du tout.

    Si, il le pensait, répondit Meredith d’une petite voix tremblante en sortant de sa cachette. Il était même tout à fait sincère.

    Il ne parlait pas de toi, voyons.

    Quelle horreur, il a dit quelle horreur, lui rappela Meredith en recommençant à pleurer. Il a même dit qu’il préférait mourir plutôt que de m’épouser.

    Jenna hocha la tête. Ce n’est pas tout à fait ce qu’il a dit. Il a dit qu’il ne voulait pas se marier. Et il ne parlait pas de toi, il parlait du mariage en général. C’est à cause de son expérience du mariage, de ce qu’il a vu avec ses parents. C’est pour ça qu’il en a une telle horreur. Mais ça n’a rien à voir avec toi, je t’assure. Il t’aime. Je le connais depuis longtemps et je ne l’ai jamais vu comme ça.

    Il m’aime mais pas assez pour se marier avec moi, se désola Meredith avant de se moucher bruyamment.

    Jenna sourit. Oh je pense qu’avec le temps, tu arriveras certainement à le convaincre.

    Meredith fit une moue boudeuse. Je ne vais pas le supplier non plus.

    La porte des toilettes s’ouvrit à la volée, faisant sursauter les deux femmes, et Derek surgit comme un diable d’une boite. Derek ! s’écria Jenna en réprimant son envie d’éclater de rire. Ce cher Derek, toujours aussi impétueux. Ce sont les toilettes des femmes ici, tu n’as rien à y faire.

    Rien à foutre ! éructa-t-il. Je dois parler à Meredith. Il lança un regard inquiet en direction de la jeune fille dont les yeux rouges témoignaient des pleurs versés par sa faute.

    Meredith secoua la tête. Pas maintenant.

    Bébé, je t’en prie, insista Derek sur un ton suppliant.

    Meredith prit un air buté. On est dans des toilettes, Derek. Je ne veux pas discuter de…

    Elle ne put en dire plus car la porte des toilettes se rouvrit pour laisser entrer deux femmes dont l’air interloqué donna à Derek un excellent prétexte pour obliger Meredith à le suivre sans discuter. Mesdames, ne vous inquiétez pas, je vous laisse la place, leur dit-il avec son sourire le plus charmeur. Il prit Meredith par la main et l’entraina d’autorité hors des toilettes, en sachant pertinemment que sa timidité et son manque d’assurance l’empêcheraient de se rebeller devant des inconnues. Il n’était pas très fier de profiter des faiblesses de sa petite amie mais dans l’immédiat, il ne voyait pas d’autre moyen pour pouvoir lui parler et défendre sa cause. Il l’emmena rapidement dans le jardin, assez loin du chapiteau pour être à l’abri des oreilles et des regards. Bébé, je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas te blesser, assura-t-il en la prenant dans ses bras. Le fait qu’elle ne le repousse pas le rassura. Tu sais bien que c’est la dernière chose que je voudrais. Ce que j’ai dit, ça n’avait vraiment rien à voir avec toi. Je t’aime, je suis super heureux avec toi. Je t’ai demandé de vivre avec moi ! lui rappela-t-il. Alors, ce n’est pas le mariage avec toi qui me fait horreur, c’est le mariage en général. Et je te jure que ça n’a fait de doute pour personne. Ils ont tous vu que j’étais dingue de toi. D’ailleurs, ils l’ont dit. Et tu as entendu Jenna, elle t’a expliqué que je n’avais fait que lui parler de toi à Miami. Tu l’as entendue, non ? Meredith acquiesça d’un signe de la tête. Oui, elle avait entendu les amis de Derek s’extasier sur le fait qu’il était amoureux d’elle. Elle avait également vu leurs regards gênés et apitoyés quand il avait clamé ce qui lui inspirait l’idée de l’épouser.


    3 commentaires
  • Ils me connaissent bien, ils savent que tu n’as rien à voir avec mon dégoût du mariage, enchaina Derek comme s’il avait deviné ses pensées. C’est à cause de tout ce que j’ai vu avec mes parents, et aussi dans mon entourage, les parents de Mark et d’autres copains aussi. En fait, je crois que je n’ai connu aucun mariage heureux. Alors, pourquoi est-ce que je voudrais me marier ? J’aurais l’impression de tenter le diable. On est tellement bien, tous les deux. Je ne veux rien faire qui nous mette en danger. A aucun moment, il ne lui vint à l’esprit que son refus d’épouser Meredith pouvait justement les mettre en danger. Crois-en mon expérience, on est bien plus heureux comme ça que si on était marié, affirma-t-il avec conviction, sans réaliser qu’il n’avait même pas laissé à son amie l’occasion de donner son point de vue. Il lui fit relever la tête. Tu comprends, n’est-ce pas ? lui demanda-t-il avec une certaine anxiété. Elle fit signe que oui et pourtant, non, elle ne comprenait pas. Elle avait beau réfléchir, elle ne voyait pas en quoi le fait d’être marié ou pas pouvait avoir un impact sur leur bonheur. Pourtant, elle ne dit rien parce qu’elle ne voulait pas donner l’impression de supplier pour qu’il l’épouse. On y retourne ? proposa Derek. Sinon, ils vont se poser des questions.  

    D’accord, répondit Meredith à contrecœur. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle serait repartie directement parce qu’elle n’avait du tout envie d’affronter les regards curieux ou pleins de pitié des amis de Derek. Malheureusement, elle ne voyait guère de bonne raison de ne pas retourner à la fête sans paraitre lâche à leurs yeux. Cela n’aurait pas été grave si elle n’avait jamais été amenée à les revoir mais il était peu probable que ce soit le cas. Les grands évènements de la vie leur réserveraient certainement d’autres occasions de se rencontrer.

    Derek l’enlaça par les épaules pour la tenir étroitement contre lui tandis qu’ils avançaient en direction du chapiteau. Je t’aime. Je t’aime vraiment. Tu le sais, hein ?

    Oui, je sais. Elle n’avait aucun doute à ce sujet et c’était justement pour ça qu’elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi l’amour qu’il ressentait pour elle, et qui était fort, elle le savait aussi, ne lui permettait pas de faire table rase de son passé pour vivre pleinement leur relation. 

    Alors, pourquoi tu as réagi comme ça ? la gronda gentiment Derek. Je sais que ce que j’ai dit, c’était maladroit, super maladroit, et inélégant, je le reconnais volontiers, mais tout de même ! Comment tu as pu penser un seul instant que je disais ça pour toi ? Bon sang, Meredith ! Je t’ai demandé de vivre avec moi ! Je n’avais jamais demandé ça à personne. Je ne l’ai même jamais envisagé avec personne d’autre que toi. Même pas avec Abigail, ajouta-t-il pour devancer une éventuelle interrogation. Que dois-je faire pour que tu sois convaincue que je t’aime sincèrement et que je veux passer ma vie avec toi ?

    Te marier avec moi, fut-elle tentée de répondre. Elle en rêvait. C’était ce qu’elle voulait, ce qu’elle avait toujours voulu, depuis le moment où elle avait décidé de se donner à lui. Pour elle, le mariage était la suite logique, elle n’avait même jamais vu les choses autrement. La robe blanche, l’échange des vœux, le "oui, je le veux" proclamé devant la famille et les amis, l’énorme gâteau à plusieurs étages surmonté de figurines à l’image des mariés, la première danse, la nuit de noces dans un bel hôtel… Elle avait déjà imaginé des milliers de fois à quoi ressemblerait la journée et elle n’avait pas du tout envie de renoncer à tout ça, pour de sombres raisons qu’elle ne parvenait pas à trouver justifiées. Elle en avait assez de devoir vivre sa vie en tenant compte des heurts et malheurs de la famille Shepherd. Bien entendu, elle garda tout ça pour elle. Sa fierté, mais aussi son romantisme, lui interdisait de susciter d’une façon ou d’une autre la demande en mariage. Tu ne dois rien faire, déclara-t-elle sur un ton las. Je sais que tu m’aimes vraiment, je n’ai pas de doutes là-dessus. Mais ce que tu as dit…  

    Derek l’interrompit. C’était blessant, je sais, et je m’en excuse mais encore une fois, ce n’était pas voulu. Tu sais bien que la dernière chose que je veux, c’est te faire plus de mal que je ne t’en ai déjà fait. Et je te promets que si je devais me marier, je ne le ferais qu’avec toi. Il lui fit adressa un sourire enjôleur et elle lui sourit aussi, à nouveau pleine d’espoir. Tout n’était peut-être pas perdu après tout. Mais ça n’arrivera pas, reprit Derek. Je tiens trop à toi, je ne veux courir aucun risque.

    Cette déclaration fit l’effet d’une douche froide à Meredith. Voilà, le sujet était clos, il n’y avait plus rien à espérer. Il ne lui restait plus qu’à tirer un trait sur ses rêves et se contenter de ce qu’elle avait, ce qui était déjà fantastique bien sûr. Derek était un homme merveilleux, elle l’aimait plus que tout, il l’aimait en retour et il voulait faire sa vie avec elle. Que demander de plus ? En quoi se marier la rendrait plus heureuse ? En rien, très certainement. Mais alors, pourquoi avait-elle cette boule qui lui serrait la gorge ? Je dois retourner aux toilettes, annonça-t-elle d’une petite voix mal assurée.

    Derek s’arrêta net de marcher. Pourquoi ? Ça ne va pas ?

    Pour donner le change, Meredith esquissa un sourire qui ne faisait guère illusion. Mais si, voyons. Je dois juste aller aux toilettes. Et puis, mon maquillage a sûrement coulé. Il faut que j’arrange ça.

    Derek plia légèrement des genoux pour se mettre à sa hauteur afin d’inspecter son joli visage. Non, ça va. Juste un peu, ici. Il sortit un mouchoir de sa poche et le frotta délicatement au coin de l’œil droit de son amie. Voilà.

    Je dois quand même aller aux toilettes, insista-t-elle avec un nouveau faible sourire.

    D’accord. Je t’accompagne.

    Derek, je peux aller aux toilettes toute seule.

    Je sais mais je veux t’accompagner. Hors de question que je te laisse seule ! Je ne te quitte plus, décréta Derek.  


    3 commentaires
  • Agrippée au lavabo des toilettes, Meredith se mordit les lèvres pour s’empêcher de pleurer à nouveau. Maintenant, tu arrêtes ! s’ordonna-t-elle à mi-voix. Tu ne vas pas passer la soirée à pleurer dans ces toilettes. Reprends-toi ! Tu as un petit ami adorable alors, arrête de faire la petite fille capricieuse. Elle prit une grande inspiration avant d’arracher une feuille de papier destinée au séchage des mains qu’elle plia en quatre afin de frotter les quelques petites traces de mascara noir qui étaient éparpillées autour de ses yeux. Une chance que ce soit du waterproof, se dit-elle. Elle passa le bout de son index sous ses yeux pour tenter d’effacer les traces de crème teintée délavée par ses larmes. Dommage que je n’aie pas pris mon sac, regretta-t-elle. J’aurais pu me remaquiller

    La porte s’entrouvrit et Derek passa la tête dans l’entrebâillement. Bébé ? En voyant Meredith devant le miroir, il ouvrit la porte plus largement. Ça va ? Ça fait un moment que tu es là, alors je me demande si tout va bien.   

    Elle se tourna vers lui avec un air mortifié. Mon maquillage a coulé. Je ressemble à rien, je suis horrible.

    Derek pénétra dans la pièce en souriant. Voilà qui me semble très exagéré. Il prit le visage de sa petite amie entre les mains. Voyons ce qu’on pourrait faire… Il passa les pouces en-dessous de ses yeux pour unifier la couleur de sa peau. Comme ça… et comme ça. Voilà. C’est comme si rien ne s’était passé. Tu es magnifique. Comme toujours. 

    Faut le dire vite, grommela Meredith.

    Mais arrête ! Tu es très belle et ce n’est pas un peu de maquillage en plus ou en moins qui va y changer quoi que ce soit. Derek la prit par la main. On y retourne ? Ils doivent se demander ce qu’on fait.

    Meredith lui emboita le pas. Ils doivent surtout se demander ce qui t’est passé par la tête le jour où tu as décidé de te caser avec une fille comme moi.

    Il fronça légèrement les sourcils. Pourquoi tu dis ça ?

    Ben, la fille qui s’enfuit parce que son copain a dit quelque chose qui lui a pas plu... ils ont bien dû se marrer, présuma la jeune fille.

    Derek lui serra plus fortement la main. Je peux t’assurer que personne ne s’est moqué de toi. Au contraire. Randall était très embêté et tout le monde m’est tombé dessus à cause de ce que j’avais dit. Surtout Mark. Si ses yeux avaient été des revolvers, je serais mort à l’heure qu’il est. Meredith sourit. Ce cher Mark ! Il était toujours de son côté. Alors, tu ne dois pas avoir peur de les retrouver, poursuivit Derek. Ils sont 100% team Meredith. Arrivé devant l’entrée du chapiteau, il s’arrêta et se plaça devant son amie. Tout va bien se passer, bébé. C’est moi qui dois être gêné, pas toi, en aucun cas ! En réalité, il ne l’était absolument pas. Il était certain que ses amis ne lui tiendraient pas rigueur pour ce qu’il avait dit, parce qu’ils savaient qu’il s’était mal exprimé tout simplement et parce qu’ils comprenaient parfaitement son dégoût du mariage, car ils connaissaient tous son histoire familiale. Toutefois, il était très embêté d’avoir blessé Meredith, en public qui plus est, ce qui l’avait fait se sentir humiliée, alors que ce n’était nullement son intention. Il aurait donné tout ce qu’il avait pour pouvoir revenir en arrière et dire les choses autrement, tant il détestait lui faire de la peine. La reprenant par la main, il l’entraina sous la tente et la guida jusqu’à leur table, en priant intérieurement pour qu’aucun de ses amis ne commette une nouvelle gaffe. 

    Aaaah les voilà ! s’écrièrent en chœur les quelques camarades qui n’étaient pas sur la piste de danse. 

    J’étais sur le point de lancer un avis de recherche, lança Colton. Dis-moi, Meredith, j’espère que tu lui as flanqué une bonne correction pour lui app… Il s’interrompit lorsque sa femme lui donna un solide coup de coude dans les côtes. Aie !

    Invite-moi à danser avant de dire des bêtises, exigea-t-elle. Colton se leva avec un air déconfit et ils rejoignirent la piste de danse alors que Jenna et son époux en revenaient.

    Plus mal à l’aise que jamais, Meredith reprit place à la table avec le sentiment désagréable qu’elle ne pourrait pas éviter les allusions, même voilées, à ce qui s’était passé ni les commentaires plus ou moins sympathiques. Elle était certaine que tous les amis de Derek la trouvaient immature, faible, pleurnicharde, ridicule, en un mot nulle, et elle s’en voulait de ne pas parvenir à changer la donne. Elle était persuadée que, plutôt que de prendre la fuite en pleurant, toutes les femmes de la table se seraient révoltées si leur conjoint avait osé leur dire la même chose que Derek. Certaines auraient peut-être même décidé de rompre sur-le-champ. Elle, elle en était incapable. Elle avait bien trop peur de se faire remarquer, d’être jugée ou moquée, et surtout elle était trop amoureuse. Outre l’humiliation subie, elle n’avait pas du tout apprécié les propos de son petit ami, parce qu’elle avait l’impression de toujours devoir vivre sa vie en fonction de l’histoire familiale de ce dernier, mais surtout parce qu’il semblait décidé à s’accrocher à sa vision des choses malgré la peine que, de toute évidence, cela lui faisait. Il était gentil, amoureux, tendre, attentionné mais quand ils avaient un différent, il fallait toujours que cela se règle comme lui le voulait. Elle avait de plus en plus l’impression qu’il ne se préoccupait pas vraiment de ce qu’elle pensait et ressentait et cela lui laissait un goût amer. Pourtant, malgré tout cela, elle n’avait pas envisagé un seul instant de mettre un terme à leur relation. Elle avait Derek dans la peau, elle ne voyait même pas comment il lui était possible de se passer de lui. Néanmoins, elle n’avait pas envie de renoncer à tous ses rêves. Elle était prête à faire tout son possible pour que son compagnon se sente bien dans sa peau mais elle voulait être bien dans la sienne, elle aussi, et pour cela, il fallait faire des concessions d’un côté comme de l’autre, ce à quoi Derek ne semblait pas disposé. Bref, elle estimait être dans une impasse et ne voyait pas d’issue.


    2 commentaires
  • De l’autre côté de la table ronde, Mark, qui essayait depuis quelques minutes d’intercepter le regard de Meredith, lui décocha un grand sourire quand enfin, elle tourna la tête vers lui. Il était évident que la discussion qu’elle avait eue avec Derek ne lui avait pas apporté les réponses qu’elle souhaitait probablement avoir. Comme de plus en plus souvent ces derniers mois, Mark se dit qu’il ne comprenait pas son meilleur ami quand il s’agissait de son couple avec Meredith. Comment pouvait-il encore avoir des réticences ou des appréhensions par rapport à cela ? Une fois de plus, Mark regretta de ne pas être à sa place. S’il avait eu la chance d’être aimé par la jeune fille, il n’aurait pas hésité à lui donner tout ce qu’elle voulait, mariage, enfants, chien, chat, poisson rouge, n’importe quoi pour qu’elle n’ait jamais cette lueur triste dans les yeux, comme celle qu’elle avait en ce moment. Pourtant, elle essayait de dissimuler son chagrin derrière un sourire mais il n’était pas dupe. D’un mouvement du menton, il lui désigna la piste de danse en agitant son index et son majeur vers le bas. Les lèvres de la jeune fille s’étirèrent en un vrai sourire en même temps que ses sourcils se fronçaient légèrement.

    Derek, qui ne la quittait pas des yeux, suivit son regard et tomba sur Mark dont les doigts dansaient maintenant sur la table. Qu’est-ce que vous manigancez, tous les deux ? demanda-t-il, amusé mais aussi un peu jaloux de leur complicité, d’autant plus qu’il avait l’impression que Meredith le tenait encore plus à distance depuis qu’ils étaient revenus des toilettes. 

    Mark repoussa sa chaise. J’étais en train d’essayer de faire comprendre à ta copine que je l’invitais à danser.

    Il voulut se lever mais Derek fut plus rapide. Désolé vieux, mais ça fait longtemps que j’ai réservé sa première danse. Et les suivantes aussi, d’ailleurs. Il tendit la main à Meredith. Si Mademoiselle veut bien me faire l’honneur… Elle n’avait pas le cœur à danser, ni avec lui ni avec un autre, mais elle ne voyait pas comment refuser son invitation sans que tout le monde pense qu’il s’agissait d’une basse vengeance pour l’affront qu’il lui avait fait. Elle prit sa main et le suivit docilement tandis qu’il se dirigeait vers la piste de danse. Je vais danser avec ma petite femme, annonça-t-il sur un ton exagérément guilleret à Sarah et Tom qui revenaient à la table.

    Meredith retira brusquement sa main à son petit ami. Pourquoi tu leur as dit ça ? l’interrogea-t-elle sèchement quand il se retourna vers elle avec un air surpris.

    Parce que c’est ce qu’on va faire, on va danser.

    Non, ce n’est pas de ça que je parle. Pourquoi tu m’as appelé ta petite femme ?

    Derek sentit son estomac se tordre sous l’effet de l’anxiété. Parce que je suis très embêté d’avoir dit ce que j’ai dit, la façon dont je me suis exprimé, et que j’essaie de me rattraper, avoua-il. Je sais que mes amis m’ont compris mais toi, tu t’es sentie humiliée et… j’essaie simplement d’arranger les choses, bébé.

    C’était maladroit, lui fit-elle remarquer sur un ton plus doux.

    Je sais. Il fit une petite grimace pour exprimer à quel point il était penaud. Je ne suis pas très doué pour ce genre de choses. Il lui reprit la main. Allons danser, l’implora-t-il. Touchée par son remords sincère mais motivée également par la certitude que tous ceux qui étaient à leur table les observaient, elle accéda à sa prière par un signe de la tête. Quand ils furent au milieu des danseurs, Derek prit les mains de sa petite amie pour les nouer dans son cou avant de l’enlacer par la taille. Tu sais, ce que j’ai dit, c’était maladroit mais dans tous les cas, c’était sincère, assura-t-il en la faisant tourner au son du slow que l’orchestre jouait à ce moment-là. Pour moi, tu es ma femme et tu le seras jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai pas besoin de signer des papiers ou de prononcer des vœux pour le savoir.

    Mais qu’est-ce que ça changerait si tu le faisais ?  

    Je ne sais pas. Peut-être tout. Un de mes collègues à la clinique, ça faisait 10 ans qu’il était en couple. Ils étaient heureux, ils avaient deux enfants. Il se sont mariés et un an après, ils ont divorcé, lui raconta-t-il. Je te l’ai déjà dit, c’est un risque que je ne veux pas courir.

    Je ne te savais pas aussi superstitieux, répliqua Meredith, sarcastique.

    Ce n’est pas de la superstition, mais de l’expérience, rétorqua Derek.

    Pourtant, tes amis – Meredith tourna vaguement la tête du côté de leur table – ils sont tous mariés, non ? Ça n’empêche pas qu’ils ont l’air très heureux.

    Ça ne fait pas si longtemps qu’ils sont mariés. Ça peut encore se gâter, s’obstina Derek avec mauvaise foi. Il lâcha la taille de son amie pour lui prendre le visage entre les mains. Je t’aime, Meredith. Je n’ai jamais vraiment aimé que toi et je n’aimerai plus que toi jusqu’à mon dernier souffle, lui promit-il. Et je t’ai dit que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureuse alors, si tu tiens tant que ça à te marier…

    Trop fière pour accepter cet ersatz de demande en mariage qui ne correspondait pas du tout à ce qu’elle avait envie d’entendre, Meredith lui coupa la parole. Non, je n’y tiens pas. Pas du tout. D’ailleurs, arrêtons d’en parler. Le soulagement qu’elle lut sur le visage de Derek lui fit plus mal que tout ce qu’il lui avait dit jusqu’à présent.

    Il s’empressa de sauter sur la perche qu’elle lui tendait, sans se poser plus de questions. D’accord. Bonne idée. Il est temps qu’on profite un peu de cette soirée. Certain de l’avoir convaincue, il lui fit faire quelques tours plus rapides avant de la soulever légèrement de terre puis de la redéposer sur le sol pour l’embrasser passionnément. Et comme à chaque fois que cela se produisait, Meredith perdit instantanément tout velléité de révolte. 


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique