• Chers lectrices et éventuels lecteurs

    J'ai constaté qu'à la suite d'un problème technique, quelques chapitres avaient été publiés dans une autre partie du blog et donc, il y a de grandes chances que vous ne les ayez pas lus. Il s'agit des chapitres 1158, 1159 et 1162.

    Je veillerai à l'avenir à ce que ce genre de problèmes ne se produisent plus.

    J'en profite pour vous informer qu'à partir de la semaine prochaine, je ne posterai plus que trois chapitres par semaine, les lundi, mercredi et vendredi. Je dois ralentir un peu le rythme afin de me laisser le temps d'écrire de nouveaux chapitres.

    Bonne lecture wink2


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  • Anne était en train de préparer des pancakes pour le petit-déjeuner d'Ellis, laquelle tapotait des mains en rythme sur la table, lorsque Derek fit son entrée dans la cuisine. Bonjour, dit-il presque timidement. Quand Meredith n’était pas là, il se sentait beaucoup moins à l’aise avec sa mère.

    Ses cheveux, encore humides de la douche qu'il venait de prendre, étaient plus bouclés que d'habitude, ce qui lui donnait un air juvénile. En le voyant ainsi, Anne se dit qu'il était vraiment très bel homme et que ce n'était pas étonnant que Meredith ait craqué pour lui, malgré leur différence d’âge. Bonjour, lui lança-t-elle avec un grand sourire. Vous arrivez au bon moment, je vais commencer à cuire les pancakes.

    C'est gentil, mais je n'ai pas très faim, répondit Derek. Je me contenterai d'un café si ça ne vous dérange pas.

    Non, bien sûr. Servez-vous, je viens d'en faire. Vous trouverez une tasse là-dedans. Après avoir désigné une armoire du doigt, Anne versa la pâte épaisse dans sa poêle et la tapota délicatement avec le fond de sa louche. Meredith dort encore ?

    Derek referma l'armoire dans laquelle il venait de prendre une tasse. Oui. Elle a eu un peu de mal à trouver le sommeil alors, j’ai décidé de la laisser dormir.

    Vous avez bien fait. Et vous, vous avez passé une bonne nuit ?

    Oui, pas trop mal. Dans tous les cas, bien meilleure que si j'avais dormi chez moi. D'ailleurs, je tiens encore à vous remercier de m'avoir permis de passer la nuit ici. Il saisit le percolateur et remplit sa tasse. Je devine que ça n'a pas été facile pour vous. Toute cette situation, moi avec votre fille, ce n'est pas simple, j'en suis tout à fait conscient. Malgré tout, vous faites des efforts pour m’accepter et me mettre à l’aise, et je vous en suis très reconnaissant.

    Anne retourna le pancake en souriant. Oh des efforts, il ne faut rien exagérer. En fait, le plus difficile à accepter, c'est que ma petite fille a grandi et que je ne suis plus la personne la plus importante de sa vie. Pour le reste, du moment que vous la traitez bien et qu'elle est heureuse avec vous, moi, je ne veux rien d'autre.   

    Alors, nous voulons la même chose, affirma Derek en s'asseyant aux côtés d'Ellis qui ne quittait pas des yeux le pancake en train de cuire. Sa voix se fit plus douce. Je l’aime, vous savez. Je l’aime vraiment. Profondément. Comme je n’ai jamais aimé personne, confia-t-il à Anne. Je ne me moque pas d’elle. Au contraire, je prends notre relation très au sérieux, je veux que vous le sachiez. Meredith compte pour moi plus que je ne saurais le dire.

    Alors, si je peux me permettre… Il vit qu'Anne hésitait à poursuivre et il l’encouragea à le faire d’un léger signe de la tête. Je ne suis pas médecin, reprit-elle. Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'implique l'opération de votre père, ni les risques qu'elle représente, et je ne voudrais surtout pas vous donner l'impression que je cherche à peser sur votre décision mais… Est-ce que je peux être tout à fait franche avec vous ?

    Oui, bien sûr. Je vous en prie.

    Anne fit glisser le pancake sur une assiette et le nappa de confiture aux myrtilles avant de le servir à sa belle-sœur qui se jeta dessus goulûment. Je respecte l’amour que vous portez à votre mère et le fait qu’elle vous inspire encore aujourd’hui. Elle s'assit en face de Derek. Le fait que vous teniez à faire ce qu'elle aurait voulu pour votre père, je trouve ça très touchant. Vraiment. Mais… Ne le prenez pas mal, elle n’est plus là. Que vous sauviez la vie de votre père ou non, ça ne changera plus rien pour elle. Meredith, elle est là, déclara-t-elle sur un ton plein de ferveur en regardant le chirurgien droit dans les yeux. Il inclina légèrement la tête en guise d'assentiment. Et elle vous aime d’une façon… Mon dieu, si vous l’aviez vue hier, comme elle s’inquiétait pour vous parce qu'elle ne savait pas ce qui s’était passé entre vous et votre père. Elle est restée toute l’après-midi, les yeux rivés à son téléphone, à attendre un message de votre part. Derek eut l’air embêté. Il voulut intervenir mais Anne ne le laissa pas parler. Je ne vous fais aucun reproche. Vous êtes chirurgien, vous aviez des choses plus importantes à faire, je n'en doute pas. Si je vous dis ça, c'est simplement pour vous expliquer à quel point Meredith tient à vous. Elle s’inquiète énormément pour vous. Tout ce qui vous affecte l’affecte aussi. En fait, toute sa vie tourne autour de vous. Et je sais que si les choses se passaient mal pour vous, de quelque façon que ce soit, ça l’atteindrait, elle aussi, peut-être même plus durement que vous. Parce qu’elle vit pour vous, par vous. Pour être honnête, ça ne me plait pas, reconnut-elle sans ambages. Quand votre petite fille, votre bébé, vous dit qu’elle a besoin de l’homme qu’elle aime pour respirer, ça ne vous fait pas plaisir, vous pouvez me croire. Mais Meredith est comme ça et je ne peux rien y faire. Et en tant que mère, mon rôle, c’est de la soutenir, même quand je n’approuve pas totalement ce qu’elle fait, et surtout de la protéger. C’est pour ça que je vous supplie de penser à elle quand vous prendrez votre décision. Il faut que vous teniez compte de Meredith aussi, parce que ce qui vous concerne la concerne aussi maintenant.

    Bien entendu. Je le ferai, promit Derek avant de boire une gorgée de café. Et je voudrais vous dire que moi aussi, j’ai besoin de Meredith pour respirer. Et ma vie aussi tourne autour d'elle. Ma carrière, mes amis, tout passe au second plan maintenant. Il n'y a rien de plus important pour moi que votre fille. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais c'est la vérité.


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  • J'en suis très heureuse. Vous le savez, je n'étais pas du tout fan de votre relation au début, je ne m'en suis pas cachée, et il est encore un petit peu tôt pour dire que j'ai totalement changé d'avis à ce sujet, avoua Anne en surveillant du coin de l'œil sa belle-sœur qui s'était levée pour prendre le carton de lait dans le frigidaire. Mais je remarque la façon dont vous vous comportez avec Meredith et tout ce que vous faites pour que ça fonctionne entre vous. Je vois que vous êtes aux petits soins pour elle, que vous l'écoutez, que vous vous souciez de ce qu'elle pense et de ce qu'elle dit. Ce sont des choses que j'apprécie énormément. Et sachez que si vous rendez ma petite fille heureuse, vous n'aurez pas de meilleure alliée que moi. 

    Merci. Ça me touche. Et ça me plait qu'on puisse se parler aussi franchement, déclara Derek, ravi de la tournure de la conversation. Il avait l’impression qu’Anne venait d’une certaine façon de l’adouber petit ami officiel. Finalement, je me laisserais bien tenter par un pancake.

    Anne se releva avec un petit rire. Ah j’ai réussi à vous corrompre ! Derek rit aussi.

    Moi aussi, j'en veux un, clama Ellis en venant se rasseoir précipitamment.

    Je vais la servir en premier, sinon elle va nous faire une scène, déclara Anne. Vous allez tenir le coup ?

    Derek sourit. Ça devrait aller. Il était heureux de constater qu’Anne s’avérait beaucoup moins hostile que ce qu’il avait craint. Finalement, Meredith n'avait peut-être pas tort en disant qu'on finirait par bien s'entendre tous les deux, avança-t-il pour la tester.

    Ce fut au tour d’Anne de sourire. Peut-être bien et franchement, rien ne pourrait me faire plus plaisir.

    A moi aussi. Derek la regarda retourner adroitement le pancake destiné à Ellis. Et pour ce que ça vaut, je voudrais vous dire que je vous admire. Il vit qu’elle était intriguée, un peu interloquée même. Je ne dis pas ça pour vous flatter, se justifia-t-il immédiatement. Mais quand je vois la façon dont vous vous êtes occupée de votre fille, comme vous l’avez élevée, alors que vous étiez seule… Honnêtement, ça m’impressionne. Quand je pense à ce que j’ai vécu… Je regrette de ne pas avoir eu une mère comme vous. J’adorais la mienne mais je dois reconnaitre qu'elle n’a pas été à la hauteur.

    Je suis certaine qu’elle a fait ce qu’elle a pu.

    Derek opina de la tête. J’en suis certain aussi. C’est pour ça que je ne lui en ai jamais voulu. Il ne connaissait pas bien Anne mais bizarrement, il eut la certitude qu’elle ne jugerait pas et c'est la raison pour laquelle il lui confia ce qu'l n'avait encore jamais clairement énoncé devant personne. Elle était… fragile. Mentalement fragile, précisa-t-il avec pudeur. Elle aurait dû recevoir des soins. Malheureusement pour elle, son entourage a été en-dessous de tout. Que ce soit son père ou son mari, ils ont refusé de voir la réalité en face. Le premier a préféré croire qu’elle était simplement excentrique ou capricieuse et il a exaucé le moindre de ses désirs. Et le deuxième a fait tout le contraire. Ça l'a encore plus perturbée. Il baissa les yeux. Et moi, j’ai été incapable de l’aider.

    Anne parut surprise. L’aider ? Mais comment auriez-vous pu le faire ? Vous n’étiez qu’un enfant.

    Je ne l’ai pas toujours été, objecta Derek. J’avais plus de vingt ans quand elle est décédée. J’étais à la fac de médecine. Je savais qu’elle n’allait pas bien mais je n’ai rien fait. Moi aussi, je me suis voilé la face.

    Peut-être mais ça n’était pas votre rôle de la soigner, insista Anne en servant le pancake à sa belle-sœur. Et de toute façon, si vous aviez dit quelque chose, est ce qu’on vous aurait écouté ?

    Probablement pas, concéda Derek. Mais il n’y a pas que ça. Si je m’étais moins opposé à mon père, si j’avais essayé d’arrondir les angles avec lui, peut-être que les choses se seraient passées autrement. A chaque fois qu’on se disputait, il se vengeait sur elle. Elle n’était pas de taille à se défendre. Et moi, je n'ai pas su la protéger. Que du contraire, mon attitude a aggravé la situation, et son état par la même occasion, conclut-il avec regret.

    Anne commença à cuire le second pancake. Et c'est pour ça que vous envisagez d'opérer votre père ? Parce que vous vous sentez coupable vis-à-vis de votre mère ? C’est votre façon de vous racheter ?

    Oui, il y a un peu de ça, c'est vrai. Beaucoup de ça, même, admit le chirurgien.

    Derek… Anne se rassit devant lui et posa la main sur son avant-bras pour lui témoigner de la compassion. Je peux comprendre que vous vous sentiez coupable mais à mon humble avis, c'est une erreur. Vos parents étaient des adultes qui ont fait le choix de rester dans une relation qui était de toute évidence toxique. Ce n'est pas votre attitude qui a incité votre père à multiplier les aventures, ou qui a poussé votre mère à accepter cette situation. Ils sont les seuls responsables de leur malheur. Elle se releva pour surveiller la cuisson du pancake. Je crois que vous vous trompez en pensant que si vous aviez agi différemment, les choses auraient été différentes. Et même, si c'était le cas, ça ne sert à rien d'avoir des regrets. C'est le passé, vous ne pouvez plus rien y changer. Vous êtes encore jeune, vous devez penser à vous maintenant, à la vie que vous désirez avoir.


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  • Derek sembla sincèrement inspiré par le conseil qu’Anne venait de lui donner. Oui, vous avez raison, il faut que je tire un trait sur tout ça, que j'aille de l’avant. Pour Meredith. Avec elle.

    C’est pour moi ? demanda Ellis à propos du pancake.

    Ah non, celui-ci est pour Derek, répondit Anne. Et tu en as déjà mangé deux, ça suffit, il me semble.

    Mais j’ai encore faim !

    Moi, je crois que c'est plutôt de la gourmandise.

    Vous êtes la nouvelle infirmière ? s’enquit Ellis avec un air revêche.

    Anne regarda Derek avec un air un peu perplexe. Comme à chaque fois que sa belle-sœur la prenait pour quelqu’un d’autre, elle ne savait pas comment réagir. Fallait-il jouer le jeu ou la corriger ? Derek répondit à sa place. Non, ce n’est pas l’infirmière. C'est Anne, votre belle-sœur, la femme de votre frère.

    Ton petit frère Brad, stipula Anne.

    Je n'ai jamais eu de frère, répliqua Ellis. Et je n’ai pas besoin d’infirmière. Je me débrouille très bien toute seule. Alors, c’est pas la peine de revenir. Et vous direz à votre collègue qu’elle ne doit plus revenir non plus. Je ne veux plus la voir. Sur ces mots, elle sortit de la pièce.

    Ça arrive de plus en plus souvent qu’elle ne me reconnaisse pas, déplora Anne. Et ce matin, elle a pris Meredith pour une de ses camarades de classe. Elle fit glisser le pancake sur une assiette qu'elle déposa devant Derek.

    C’est dur à vivre, je sais.

    Oui, mais ce n’est pas moi la plus à plaindre, c’est elle. La seule chose qui me console, c’est qu’elle ne souffre pas. Mais je m’inquiète. Qu’est-ce qui va se passer quand son état va vraiment empirer ?

    Derek coupa un bout du pancake. Ne vous en faites pas pour ça. J’ai trouvé un établissement qui pourra l’accueillir dès que ce sera nécessaire. Ou dès que vous vous sentirez prête à la laisser partir. Vous verrez, c’est un très bel endroit, un beau cadre, sécurisé, et le personnel est vraiment très compétent. Là-bas, ils lui feront faire des activités pour la stimuler, comme des jeux, des ateliers manuels, de la gymnastique douce ou de la musicothérapie. Et il y a des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des psychologues. Ce sera très bénéfique pour elle.

    Ça m’a l’air très bien, en effet. Mais vous êtes certain que c’est dans notre budget ? s’inquiéta Anne.

    Ne vous préoccupez pas de ça, dit Derek avant de manger la bouchée de pancake.

    J'aimerais pouvoir ne pas m'en préoccuper mais j’y suis bien obligée. Nos fonds ne sont pas illimités, lui rappela Anne.

    Si, ils le sont.

    Surprise, elle haussa légèrement les sourcils. Que voulez-vous dire ?

    Derek reposa les couverts en soupirant avant de s'essuyer la bouche avec une serviette en papier. Ecoutez, ça fait des années que je n’ai plus de famille. Mais avec Meredith, j'en ai retrouvé une. Votre fille est ma famille. Et vous… je sais que vous n’en êtes pas encore à ce stade mais en ce qui me concerne, je vous considère, vous et votre belle-sœur, comme faisant partie de ma famille aussi. Et donc, c’est mon rôle de veiller sur vous trois. Alors, je vais assumer tous les frais concernant Tante Ellis, annonça-t-il en se préparant mentalement à défendre son point de vue, car il savait qu’Anne n’accepterait pas sa proposition.

    C’est ce qui se produisit. Il n’en est pas question. C’est très généreux de votre part mais je ne peux pas accepter.

    Bien sûr que si, vous pouvez.

    Bien sûr que non, s'entêta Anne. Mais ne vous en faites pas, je vais trouver une solution. Je vais me renseigner auprès de l'association dont Gloria m'a parlé. C'est eux qui nous ont envoyé l'infirmière qui s’occupe parfois d’Ellis, et c'est entièrement gratuit. Je suis certaine qu'ils vont pouvoir m'aider à trouver un établissement convenable qui corresponde à notre budget.

    L'association, c'est moi, lâcha Derek. Anne fronça les sourcils. Après que Meredith se soit fait agresser, j’ai décidé de l’emmener en vacances, pour lui changer les idées. Je ne voulais pas qu’elle reste ici, avec tous ses mauvais souvenirs et ses soi-disant amies qui ne faisaient que l’enfoncer, lui expliqua-t-il. Mais j’étais sûr qu’elle refuserait de partir s’il n’y avait personne pour s’occuper de sa tante et Cristina m’avait clairement dit qu’il ne faudrait pas compter sur elle, ni sur Izzie. Alors, j’ai fait ce qu’il fallait.


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  • J’ai engagé une infirmière à domicile, poursuivit Derek. Et parce que je savais que Meredith n’accepterait pas que je paie pour ça, j’ai exigé des filles et de Gloria qu’elles disent que cette infirmière avait été envoyée par une association. Je ne suis pas fier d’avoir fait ça mais sur le moment, je n’ai pas trouvé d’autre solution.

    Sur le moment, d’accord, mais depuis ? Vous n’avez toujours pas eu l’occasion de lui dire la vérité ? s’étonna Anne en suivant du regard sa belle-sœur qui était revenue pour se servir un verre d’eau.

    Non, mais je vais le faire, certifia Derek. J'attends juste de trouver le bon moment.

    Anne fit une petite moue. Je ne crois pas qu’il y ait de bon moment pour dire qu'on a menti, Derek. Plus vous attendrez, moins elle le prendra bien.

    Il soupira à nouveau. Vous avez raison. Mais à chaque fois qu’il s’agit d’argent, Meredith perd tout sens commun. Elle a tellement peur que je pense qu’elle est avec moi pour mon argent ! Alors que je lui dis à chaque fois que ce n’est pas le cas. Jamais je n’ai pensé ça d’elle. Jamais ! Mais c’est comme si elle n’arrivait pas à y croire. Vous n’imaginez pas le nombre de disputes qu’on a eues à cause de ça.

    Anne parut amusée. Oh si, j’imagine très bien. Je connais ma fille. Et je crois que j’y suis un peu pour quelque chose. Je lui ai appris qu’il ne fallait jamais dépendre financièrement d’un homme.

    Et c’est tout à votre honneur ! s’exclama Derek. D’ailleurs, c’est aussi ce qui m’a plu chez elle, parce que j’ai toujours su qu’elle était avec moi pour moi. Mais passé un certain stade dans la relation, est-ce qu’il ne faut pas dépasser ça ? Il ne s’agit pas de dépendre de moi. J’ai de l’argent, à ne savoir qu’en faire. Si je ne peux pas en faire profiter les personnes auxquelles je tiens, à quoi ça me sert ? L’argent, c’est aussi pour faire le bien autour de soi, non ? Il eut l’impression qu’Anne commençait à fléchir et il poussa son avantage. Je ne cherche pas à vous acheter, Anne. Je veux simplement faire ce qui est bien. Je trouve que votre belle-sœur mérite d’avoir une fin de vie la moins difficile possible, et j’ai les moyens de faire en sorte que ça arrive. Alors, je vous en prie, mettez votre fierté de côté et acceptez mon offre. Aidez-moi à faire quelque chose de bien.

    Anne ne put s’empêcher de sourire. Vous êtes très doué pour bien présenter les choses.

    Derek émit un petit rire. Vous aussi, apparemment. Parce que là, vous venez de dire avec beaucoup de tact que j’étais un manipulateur.

    J’espère que ce n’est pas le cas.

    Parfois, je l’ai été, quand je voulais obtenir quelque chose, confessa Derek. Avec Meredith notamment, au tout début. Mais ce n’est plus le cas, et ça ne l’est certainement pas ici, avec vous, je peux vous le jurer. Mon offre est tout à fait désintéressée.

    Vous avez envie de continuer à jouer les associations, plaisanta Anne. Derek acquiesça d’un signe de la tête en souriant. Quand j’y pense, vous avez dû me trouver stupide d’avoir pu croire qu’on pouvait avoir une infirmière à domicile sans devoir la payer, présuma Anne.

    Derek reprit ses couverts pour couper un autre morceau de pancake. Pas du tout. Je pense plutôt que vous êtes une femme droite et intègre qui avez du mal à imaginer à quel point l'être humain peut être mauvais.

    Anne haussa les sourcils. Mauvais ? Si c'est de vous dont vous parlez, je vous trouve dur avec vous-même.

    Non, je suis lucide. Je sais que je ne suis pas quelqu'un de bien, lui confia Derek. Mais j'essaie de me corriger. Vous savez, je sais très bien que Meredith m'a mis sur un piédestal, qu’elle me voit comme une sorte de prince charmant. Et comme je ne veux pas la décevoir, j'essaie de correspondre à l'image qu'elle s'est faite de moi. Je veux devenir l'homme qu'elle croit que je suis.

    Alors, commencez par lui dire la vérité à propos de l'infirmière, lui conseilla Anne, qui se sentait de plus en plus conquise par l'honnêteté brute du chirurgien.

    Je vais le faire, je vous le promets. Et donc, vous acceptez ma proposition ?

    Anne se tourna vers sa belle-sœur qui était en train d'observer ses propres mains avec un air perplexe, comme si elle ne savait pas ce que c'était. Il était indéniable que son état s'aggravait rapidement et que l'aide et le soutien qu'elle recevait au sein de sa famille ne suffiraient bientôt plus. Bien évidemment, Anne souhaitait qu'elle reçoive les meilleurs soins possibles mais elle avait énormément de scrupules d'accepter l'aide financière d'un homme qui, quoi qu'il en dise, ne faisait pas partie de la famille. Du moins pas encore. Ah vous me placez dans une situation difficile ! lui reprocha-t-elle. Je suis tentée d'accepter pour Ellis mais ça me gêne énormément de profiter de vous et de votre générosité.

    Vous ne profitez pas puisque c'est moi qui vous l'ai proposé, objecta Derek. Mais si c'est plus facile pour vous, dites-vous que c'est Meredith qui aide sa tante. Parce que de mon point de vue, ce qui est à moi est à elle. Je sais qu'elle n'est pas tout à fait d'accord avec ça mais c'est vraiment ce que je pense.  


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