• Tellement banale qu’elle en a pleuré après que tu sois parti, révéla Mark. Nom de dieu, ne me dis pas que ça ne te fait rien !

    Derek serra les dents. Bien sûr que ça lui faisait quelque chose ! Il était malade rien que d’y penser. Mais il était tellement orgueilleux qu’il lui était impossible de le reconnaître. Ce n’est pas ma faute si elle dramatise, grogna-t-il.

    Mark eut l'air abasourdi. Ah bon, elle dramatise ? Si tu le prends comme ça, alors, je laisse tomber !

    Mais je ne te demande rien d’autre, s’écria Derek, en levant les yeux au ciel, comme s’il était soulagé que son ami ait enfin compris ce qu’il attendait de lui. Combien de fois t’ai-je demandé de ne pas te mêler de nos affaires ? Ce qui se passe entre Meredith et moi ne regarde qu'elle et moi. Et ton amitié pour elle ne te donne pas tous les droits ! se dépêcha-t-il d’ajouter en voyant son ami ouvrir la bouche pour répliquer.

    Mais ça me donne le droit de la protéger de ta connerie ! cria Mark, furibond. Est-ce qu’au moins tu te rends compte du mal que tu lui as fait ? Et je ne parle pas de celui qu’elle aura si elle…

    Derek ne le laissa pas s'exprimer. Maintenant, tu me fais vraiment chier, Mark ! répliqua-t-il avec force. Et pourtant, oui, il savait que Mark avait raison. Il avait remarqué la réaction de Meredith, ses yeux pleins de larmes, la déception qu’elle avait éprouvée face à sa méchanceté. Il aurait aimé être capable de réagir autrement mais ce n’était pas possible. Il était conscient de ses torts mais il aurait préféré crever plutôt que de les admettre à haute voix.

    Oui, ça, quand on pointe tes erreurs du doigt, ça te fait chier, forcément, ironisa Mark.

    C’est ça, c’est ça… Mister Perfect ! Derek s’assit à une table et feignit de ne plus faire attention à son ami.

    Celui-ci hocha la tête. Oh non, je ne suis pas parfait ! Loin de là ! Mais moi, au moins, je ne suis pas mesquin. Derek releva aussitôt la tête. Oui, mesquin, insista Mark. Tu as bien entendu. Parce que ce tu lui as dit à propos de ta Porsche…. Il regarda son ami avec incrédulité. Tu y tiens donc tant que ça, à ta putain de carrosserie ?

    Je m’en fous complètement, grommela Derek. Mais ça ne sert à rien de lui apprendre à conduire avec une bagnole qui n’est pas automatique.

    Alors pourquoi tu ne lui as pas dit ça plutôt ? s'étonna Mark. Derek haussa les épaules. En tout cas, elle va pouvoir compter sur moi pour lui apprendre à conduire, et pas plus tard que ce soir, annonça Mark

    C’est très bien, se borna à répondre Derek. Pour être tout à fait honnête, il se sentait vaguement soulagé à l’idée de ne pas avoir à inventer un prétexte quelconque pour ne pas voir Meredith. Non pas qu’il n’en ait pas envie, loin de là. Cela ne faisait qu’une journée qu’il avait pris du recul vis-à-vis de la jeune fille mais le manque d’elle était déjà quasiment intolérable. Malgré tout, il ne se sentait pas le courage d’affronter son regard lourd de reproches et encore moins de lui mentir. Très bonne idée, dit-il encore, en baissant à nouveau les yeux sur son dossier.

    Ah je veux bien le croire, persifla Mark. Ça t’arrange, certainement. Il ouvrit la porte. Tu vas avoir ta soirée libre pour courir les putes, conclut-il avec amertume, la main sur la clenche.

    Surtout, n’oublie pas ton auréole en sortant, riposta Derek, sans même le regarder. Il sut que son ami était sorti en entendant la porte se refermer avec fracas. Il se leva et, avisant un plateau rempli de divers instruments, le saisit pour l’envoyer voler avec force contre le mur. Le bruit fut assourdissant, pas suffisamment cependant pour couvrir le cri de rage que Derek poussa. Un groupe d’infirmières qui passait devant le couloir s’arrêta devant la salle, l’air stupéfait, se demandant qui avait un tel accès de colère. Elles eurent la réponse lorsque Derek ouvrit la porte violemment. Les infirmières comprirent à son expression qu’elles allaient faire les frais de sa colère. Le chirurgien leur donna immédiatement raison. Qu’est-ce qu’il y a ? Vous ne m’avez jamais vu ? Vous n’avez rien à foutre ? Il se mit à crier à la cantonade. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui travaille dans cette foutue clinique ? Le visage fermé, il se dirigea à grandes enjambées vers les ascenseurs.

    C’est vraiment la fin des vacances, murmura une des infirmières avec une pointe de regret dans la voix.

    Une demi-heure plus tard, Derek sortit du bureau de Richard Webber, avec la sensation que sa journée venait subitement de s’éclairer. Son patron lui avait demandé de remplacer un de ses confrères qu'un problème d'ordre familial empêchait de se rendre à Miami pour participer à une conférence qui devait réunir les meilleurs neurochirurgiens du pays. Il avait accepté sans l'ombre d'une hésitation. Ce congrès n'aurait pas pu mieux tomber. Il allait lui permettre de mettre de la distance, quelques cinq mille kilomètres en fait, entre Meredith et lui. Puisqu’il était mal à l’aise avec elle maintenant, puisqu’il n’osait même plus la regarder en face, il valait mieux l’éviter. L'idée qu'il avait maintenant une bonne excuse pour ne plus la revoir pendant quelques jours avait un peu allégé le sentiment d'oppression qu'il ressentait depuis la scène à la boutique. Toutefois, en repartant vers son bureau, il réalisa qu’il devrait encore jouer la comédie pendant deux jours. Il soupira, ces deux jours risquaient bien d’être les plus longs de sa vie.


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  • Durant le reste de la journée, Meredith exécuta son travail machinalement. Plongée dans ses pensées, elle ne prêta même pas attention aux messes basses de Cristina et Izzie qui, évidemment, n'avaient rien perdu de la scène qui s'était déroulée sur la terrasse. La seule chose qui préoccupait la jeune fille, c'était d'essayer de comprendre pour quelle raison Derek avait réagi de cette façon mais elle avait beau y réfléchir, elle n'en voyait aucune de valable. Ce qui la minait aussi, c'est qu'elle ignorait si cette dispute aurait des conséquences sur leur couple. Derek était tellement excessif parfois ! Et s'il décidait de la quitter ? L'espace d'une seconde, elle avait envisagé de lui téléphoner pour tâter le terrain, voir quel était son état d'esprit, tenter une réconciliation, mais elle s'était vite ravisée, estimant que ce n'était pas à elle de faire le premier pas. Alors, elle avait guetté l'appel ou du moins un message de son amant. Au fur et à mesure que les heures s'écoulaient, elle avait dû se faire une raison, il ne se manifesterait pas. Petit à petit, la tristesse avait fait place à la colère. Elle n'avait rien fait de mal alors, il n'avait pas le droit de la traiter comme une coupable. Au contraire, il aurait dû comprendre que ce n'était pas facile pour elle non plus et la soutenir. Après tout, il était le premier à l'inciter à reprendre ses études et à ne se laisser influencer par personne quant à son choix de vie. Personne sauf lui apparemment ! Ah qu'il était agaçant quand il agissait comme si tout tournait autour de lui ! Enervée, Meredith résolut de se montrer froide et distante quand elle se retrouverait en sa présence, afin de lui faire comprendre qu'elle n'était pas disposée à tout accepter de sa part.

    De son côté, Mark était de bien meilleure humeur. La perspective de donner une première leçon de conduite à Meredith et donc de passer quelques heures avec elle le réjouissait. Cependant, un problème se posait à lui et il était de taille : le Hummer. Ce n’était pas le véhicule idéal pour apprendre à conduire, surtout quand on était petite et frêle comme Meredith. L'imaginer au volant de son char d'assaut suffisait à Mark pour comprendre qu'elle ne se sentirait pas en confiance et que cela ruinerait la leçon. Il traversait le hall de la clinique en envisageant de louer une voiture qui serait plus à la taille de la jeune fille quand il remarqua trois jeunes infirmiers qui discutaient devant la machine à café. Dans un mouvement impulsif, il les rejoignit. Dites donc, les garçons, commença-t-il, ce qui fit sursauter les jeunes gens qui ne l'avaient pas vu venir. Y en a-t-il un parmi vous qui ait une voiture ? Un des trois garçons leva timidement la main. Quel modèle ? l’interrogea Mark.

    Une Ford Mustang GT de 1999, répondit le jeune homme d'une voix mal assurée, en essayant de se souvenir quelle bêtise il avait pu commettre avec sa voiture qui lui attire les foudres du chirurgien.

    Très bien, ça fera l’affaire, décréta Mark. J’en ai besoin pour la soirée. Il mit la main à sa poche pour en sortir son portefeuille d'où il extirpa un billet de cent dollars. Voilà pour le dédommagement. Je suppose que c’est suffisant.

    Euh… oui, je pense, balbutia l’infirmier, sans oser demander en quoi sa vieille guimbarde pourrait être utile au chirurgien, lui qui était l'heureux propriétaire d’une petite merveille de technologie. Ou alors, vous gardez vos cent dollars et moi, je garde votre Hummer jusque demain, proposa-t-il soudain, au grand étonnement de ses camarades qui ne lui connaissaient pas un tel toupet. On ferait un échange en quelque sorte.

    Son aplomb amusa Mark. Ho ne rêve pas non plus ! répliqua-t-il en souriant. En temps normal, il n'aurait peut-être pas été aussi conciliant mais l'idée qu'il allait damer le pion à Derek en apprenant à conduire à sa petite amie le faisait planer. Bon, alors, tu le prends, ce billet, ou je dois m’adresser à quelqu’un d’autre ? bougonna-t-il pour tout de même sauver sa réputation. Le jeune homme s'empressa de prendre l’argent et remit sa clef de voiture en échange. Après s'être fait expliquer où se trouvait le véhicule, Mark le remercia d'une tape sur l'épaule et s’éloigna en sifflotant.

    Je vais faire une course, annonça Meredith après avoir passé la serpillère dans la salle principale. Elle prit son sac et sortit d'un pas décidé, motivée par une toute nouvelle volonté, celle de ne plus se laisser abattre et de prouver à Derek qu'elle pouvait très bien se débrouiller sans lui. Elle remonta le boulevard sur un bon kilomètre avant de bifurquer sur Divisadero Street, poursuivant son chemin jusqu'à ce qu'elle arrive devant une librairie. Quelques minutes plus tard, elle en ressortit le sourire aux lèvres en serrant un livre sur sa poitrine. Elle était presque arrivée à la boutique quand une voiture la klaxonna. Elle se retourna vivement, s'apprêtant à invectiver celui qui osait ainsi l'importuner, quand elle reconnut Mark au volant d’une vieille Ford Mustang noire

    Hey Miss ! la héla-t-il en arrêtant la voiture à son niveau.

    Meredith s’approcha en souriant. C'est quoi, ce vieux tacot ? demanda-t-elle en passant la tête à la vitre de la portière pour embrasser la joue de son ami. Tu en as eu marre de ta voiture ?

    Mark fit semblant d'être choqué. Renoncer à mon bijou pour cette caisse ? Jamais de la vie ! En fait, je l'ai empruntée pour ta première leçon de conduite.

    Meredith se vexa un peu à l'idée qu'il ait jugé utile d'emprunter cette vieille voiture, dont la carrosserie était cabossée par endroits, pour lui apprendre à conduire. Toi aussi, tu as peur pour ta voiture ? dit-elle sur un ton un peu amer. Bonjour la confiance !

    Elle s'écarta de la voiture et Mark devina qu'elle allait tourner les talons. Il la retint par la main. Arrête de dire des conneries ! Elle le fusilla du regard ce qui le fit rire. Je m'en tape, moi, de ma voiture. Mais pour une première leçon, cette bagnole sera plus pratique que mon tank, tu ne crois pas ?

    Un peu gênée, Meredith rougit légèrement. J'avais pas pensé à ça, reconnut-elle.

    Il lui sourit tendrement. Allez, va chercher tes affaires, princesse. Ton carrosse t’attend.


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  • Meredith repartit en courant vers la boutique. Le temps de prendre son imperméable, elle était prête à s'en aller. Je vais prendre ma première leçon de conduite, annonça-t-elle sur un ton provoquant. A plus. Elle courut jusqu’à la Ford.

    Ça, c'est par rapport à ce que tu lui as dit ce matin, nota Izzie à l'intention de Cristina. Elle va vouloir te prouver qu'elle est capable de réussir.

    Cristina fit une moue dédaigneuse. Pour le permis, peut-être, mais pour l'unif, c'est autre chose. Elle l'a pas encore, son diplôme, crois-moi.

    Mais t'imagine, si elle l'obtient ? insista Izzie. Elle universitaire et nous, vendeuses ?

    Ça n'arrivera pas, t'inquiète ! affirma Cristina. Et puis, on n’est pas des vendeuses, mais des chefs d’entreprise.

    Alex avait écouté l'échange avec intérêt. A vrai dire, il ne comprenait pas vraiment ce que ces deux-là reprochaient à Meredith qui, franchement, n’était pas dérangeante. Elle ne rechignait pas à la tâche et n’avait jamais un mot plus haut que l’autre. Quant au fait qu’elle couche avec les deux chirurgiens en même temps, il ne voyait pas quel était le problème. Au contraire. Quand il y en avait pour deux, il y en avait pour trois et il ne désespérait pas d’être ce troisième homme un jour. Mais dans l’immédiat, il avait d’autres projets et, pour cela, il était hors de question qu’il se heurte aux deux patronnes. Vous savez ce qu’on dit chez moi ? lança-t-il avec un grand sourire en se rapprochant d'Izzie. On dit qu’à force de vouloir péter plus haut que son cul, on se fait un trou dans le dos. Izzie, à qui il venait de pincer les fesses, gloussa en faisant papillonner ses cils. Toi, ma caille, je te donne pas trois jours avant d'atterrir dans mon lit, pensa Alex en lui renvoyant un regard qui se voulait conquérant.

    Dans la voiture, à peine installée, Meredith se jeta au cou de Mark. Merci d'avoir accepté d'être mon professeur. Et merci aussi de supporter mes mouvements d'humeur. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

    Mark lui fit un clin d'œil. Hé oui ! Qu’est-ce que tu veux, je suis le meilleur ! Il lui prit la main et la serra brièvement avant de redémarrer. Pour ta leçon, je connais une petite route qui longe l’océan, y a pas un chat par là. Qu'est-ce que tu en penses ?

    Oh moi, je te fais confiance, répondit Meredith. Elle tapota sur le livre qu’elle tenait toujours serré contre elle. Tu as vu, j’ai même acheté un bouquin sur le code de la route. Je vais l'étudier jusqu'à ce que je sois incollable, promit-elle.

    Le plus chiant, c'est d'apprendre par cœur les peines de prison encourues et le montant des amendes pour chaque infraction, lui indiqua Mark. Sinon, pour t'aider, il y a des sites qui offrent des tests gratuits en ligne et des vidéos.

    Ah super ! Et ça se passe comment l'examen ?  

    Pour commencer, tu vas devoir passer un test de vision. Juste lire des lignes de lettres pour prouver que tu as une bonne vue, expliqua Mark. Ensuite, il y a le test écrit sur les règles de conduite et les signaux routiers. Une quarantaine de questions, si je me souviens bien. C'est pas compliqué. Certaines questions sont même ridicules, du genre que faites-vous si vous recevez un texto quand vous êtes au volant, petit a, il faut toujours répondre immédiatement aux texto, c’est important, petit b, vous ne lirez le texto qu’une fois arrêté et en sécurité. Meredith s'esclaffa. J'exagère à peine, certifia Mark.  

    Si toutes les questions sont comme ça, je ne devrais pas avoir de mal pour réussir l'examen, déclara Meredith, un peu rassurée par la description de son ami. Et pour l'examen pratique ?

    Franchement, rien de sorcier non plus. Pour commencer, l'examinateur va te demander de tester les clignotants, les feux de stop, le klaxon, le frein à main et aussi de lui montrer si tu sais où est l'allumage des feux de croisement, le désembuage et des trucs comme ça. Tu vas devoir faire les signes à la main pour tourner à gauche, à droite, et t’arrêter. Après ça, il va te faire faire une marche arrière en ligne droite, un créneau, un demi-tour et pour finir, le tour du pâté de maisons avec quelques stops et un changement de file, conclut Mark. Ça dure vingt minutes grand maximum. 

    Meredith fit une petite moue de satisfaction. En effet, ça n'a pas l'air trop compliqué.

    Mark arrêta la voiture sur le bas-côté de la route. Voilà, on y est. Meredith constata qu'il avait raison. Il n'y avait pas de circulation, seules quelques personnes se promenaient le long de la plage. Mark se tourna vers elle. Tu es prête pour ta première leçon ? Partagée entre l'excitation et l'appréhension, elle acquiesça d'un signe de tête. Très bien, alors, prends ma place, proposa Mark. Ils sortirent du véhicule et en firent le tour pour échanger leurs sièges. Mark sourit en la voyant, les mains crispées sur le volant et regardant droit devant elle. De toute évidence, elle était tendue. Bon alors, ça, c'est le volant et ça, le levier de vitesses. La pédale, là, c’est l’accélérateur et celle-là, c'est le frein.

    Meredith lui lança un regard noir. Oui, ça, je sais. Je ne suis pas tout à fait débile tout de même.

    Il lui posa la main sur le bras avec un sourire penaud. Je sais. Je cherchais seulement à détendre l’atmosphère.

    Oui, je sais, je suis tendue, admit-elle. Mais c'est important pour moi d'avoir le permis, Mark. Je veux le réussir.   


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  • Mais tu vas réussir, répliqua Mark avec assurance. On va tout faire pour. Bon, regarde maintenant - il lui désigna le levier de vitesse - la position D, c’est pour avancer, R, pour faire marche arrière et P, pour s’arrêter.

    Meredith fronça les sourcils. Et le N ?

    N, c’est la position pour un arrêt temporaire. Et là, ce sont les différentes vitesses. Tu as compris ?

    Je crois, oui, murmura-t-elle.

    Mark lui adressa un sourire rassurant. Ecoute, c’est simple. Il lui prit la main et la posa sur le levier, gardant sa main dessus pour lui montrer les manipulations. Pour avancer, tu mets le levier sur D. Pour t’arrêter à un stop, tu mets sur N et pour t’arrêter totalement, tu mets sur P.

    Meredith secoua la tête. D’accord, j’ai compris.

    Alors, vas-y. Mets le moteur.

    Une expression de panique apparut sur le visage de la jeune fille. Quoi, déjà ?

    Mark émit un petit rire malicieux. Ben oui, on ne va pas y passer la nuit non plus. Démarre et fais avancer la voiture.

    D’une main hésitante, Meredith tourna la clef dans le démarreur et après avoir mis le levier de vitesse en position D, elle appuya énergiquement sur l’accélérateur. La voiture vrombit et fit un bond en avant. Meredith poussa un petit cri de frayeur qui fit rire son professeur. Pourtant, j'ai fait comme tu as dit, se justifia-t-elle.  

    Oui, mais tu as appuyé trop fort sur l'accélérateur. Mark lui pressa délicatement l'épaule. Mais c'est normal de faire des erreurs quand on apprend. Détends-toi et recommence, mais cette fois en appuyant plus doucement sur la pédale. Elle lui obéit et la voiture avança lentement sur quelques mètres. Bravo, tu roules ! s’extasia Mark qui était on ne peut plus fier de son élève, laquelle était rose d'excitation et de contentement. Bon, maintenant, tu vas t'arrêter comme si tu étais à un stop. N’oublie pas ce que je t’ai dit, lui recommanda-t-il.

    Après quelques secondes de réflexion, Meredith mit le levier de vitesses sur la position N. La voiture continua pourtant d’avancer. La jeune fille paniqua à nouveau. Dis-moi ce que je dois faire, Mark, cria-t-elle. Elle ne veut pas s’arrêter.

    Appuie sur le frein, lui conseilla-t-il. Voilà, très bien… doucement. Il vit à son expression qu’elle était démoralisée. La connaissant, il était même à craindre qu'elle doute de ses capacités. Désolé, c’est ma faute, s’excusa-t-il. J’ai oublié de te dire que tu devais freiner en même temps. Je suis nul comme prof.

    Bah, je suis nulle comme élève, alors, on fait la paire ! rétorqua Meredith.

    Mark lui donna un léger coup de coude. Mais arrête de te dévaloriser tout le temps ! Moi, je trouve qu'on forme une formidable équipe, tous les deux. La meilleure ! Bien que dubitative, elle le remercia d'un sourire. La leçon se poursuivit par des allers et retours le long de la route, Mark la faisant rouler de plus en plus vite, avec quelques marches arrière pour l’expérience. Petit à petit, Meredith se détendit, osant même vers la fin se tourner vers son moniteur, en quête d'une approbation. Il n’était pas peu fier de ses progrès et ne manqua aucune occasion de la féliciter. C’est bon, tu peux t’arrêter, déclara-t-il après une heure, alors qu’ils étaient plus ou moins revenus à leur point de départ.

    Déjà ? s'étonna Meredith qui s'attendait à ce qu'il lui fasse faire d'autres choses.

    Mais, oui, tu sais conduire maintenant ! s’exclama-t-il. Bon, évidemment, tu dois encore apprendre à faire les manœuvres mais à part ça, tu sais démarrer la voiture, la faire avancer, l’arrêter, récapitula-t-il. Que veux-tu de plus ? C’est ça, conduire !

    C'est plus simple que ce que je pensais, avoua Meredith. Elle lui fit un grand sourire. T’es pas mal comme prof, finalement !

    Je n'ai aucun mérite, c'est toi qui as tout fait, objecta-t-il. En voyant la lueur de doute dans son regard, il se demanda pourquoi elle n’avait pas plus confiance en elle. Lui qui était pourtant dur et exigeant, ne lui trouvait aucun défaut. Tu as tous les talents, Mer, dit-il avec fougue. Et ça me fait chier que tu en doutes !

    Merci. Elle appuya la tête contre son épaule.

    De rien. Tout le plaisir a été pour moi, chuchota-t-il en lui effleurant les cheveux avec ses lèvres. Oui, c’était un plaisir d’être avec elle, et il avait bien l’intention de prolonger ce bonheur. Ça te dit de te promener le long de la plage avant de rentrer ? Meredith accepta avec joie. Elle n'avait aucune envie de rentrer chez elle pour passer la soirée avec Cristina et Izzie. Tu n’as pas froid ? Si tu veux, je peux te passer ma veste, proposa Mark après qu'ils soient sortis de la voiture.

    La jeune fille, qui admirait le paysage, tourna légèrement la tête pour lui répondre. Non, il fait encore bon. De toute façon, j'ai mon imper. Elle regarda l’océan et sa cohorte de pélicans qui tournoyaient au-dessus de la plage. Quelques surfeurs faisaient montre de leurs talents sur les vagues et des couples d’amoureux se promenaient, main dans la main, sur le sable. En les voyant, elle ne put s’empêcher de penser à Derek. Où était-il maintenant ? Que faisait-il ? Pourquoi ne lui avait-il donné aucune nouvelle ? A nouveau, son moral fut en berne et elle allait demander à Mark de la ramener chez elle lorsque son téléphone sonna. Elle le sortit de son sac et son cœur bondit dans sa poitrine quand elle vit le nom affiché sur l'écran. C’est Derek ! dit-elle simplement. Allo…


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  • C’est moi, dit Derek en entendant la voix douce de Meredith. Il avait attendu la fin de la journée pour l’appeler, en espérant que la leçon de conduite dont lui avait parlé Mark l’absorberait tellement qu’elle n’aurait pas le temps de discuter. Moins ils parleraient, mieux ce serait. Bien qu'il ait pris conscience de ses sentiments et de l'inefficacité de sa méthode pour les faire disparaitre, il n'avait pas encore décidé du sort de leur relation. Par ailleurs, il était envahi par trop d’émotions contradictoires qu’il se sentait incapable de maitriser. Discuter avec Meredith, c'était courir le risque de faire exploser ces émotions et de faire plus de mal à la jeune fille qu’il ne lui en avait déjà fait, ce qu'il ne voulait pas. Je ne te dérange pas ? lui demanda-t-il.

    Bien sûr que non. Tu ne me déranges jamais, murmura-t-elle, le cœur battant. Elle était tellement heureuse qu’il l’ait enfin appelée. Toute la journée, elle avait redouté que son silence prolongé ne soit le signe de la fin de leur relation mais maintenant qu'elle entendait sa voix, elle était rassurée et elle n’avait plus qu’une envie, qu’il lui dise qu’il avait envie de la voir. Il n'était même plus question des excuses qu'elle avait pourtant eu l'intention d'exiger pour la façon dont il s'était comporté avec elle. 

    Malgré toutes les promesses qu’il s’était faites, sa curiosité fut la plus forte. Et la voiture, ça se passe bien ? Tu t’en sors ?

    Oui, pas trop mal, enfin, je crois, répondit Meredith, pleine d’entrain, tant elle était soulagée parce qu’enfin ils retrouvaient un semblant de communication. En tout cas, Mark a l’air satisfait. Il m’a même dit que je pouvais passer le permis quand je voulais. D'après lui, je suis prête.

    L'évocation de son meilleur ami, ce traitre qui le lâchait à un moment critique, accentua la mauvaise humeur de Derek. Alors, si Mark l’a dit, répondit-il avec aigreur. Il coupa court. Bon, j'appelle pour te dire que je dois partir à Miami. Je viens d’apprendre que je devais assister à un important congrès médical, débita-t-il sur un ton nerveux.

    Ce n'était pas du tout ce à quoi Meredith s'attendait. Oh d'accord ! Derek contracta sa mâchoire en percevant la déception dans son intonation. Et tu pars maintenant ? s'enquit-elle.

    Non, non, pas tout de suite. En fait, je pars demain soir et je reviens dans trois jours, expliqua-t-il en espérant qu’elle allait se contenter de cette précision. Cette conversation, pourtant d’une banalité affligeante, lui demandait des efforts quasiment surhumains. Dire qu'il y avait seulement quelques jours, ils nageaient dans le bonheur et maintenant, ils en étaient à ne plus savoir que se dire. Il en était le premier malheureux mais ne voyait pas comment revenir en arrière.

    Meredith poussa un soupir de soulagement. Ah ça te laisse un peu de temps quand même ! Elle espérait lui faire ainsi comprendre qu'elle voulait le voir avant son départ. Certes, il aurait été plus simple de le lui dire franchement mais elle ne voulait pas avoir l'air de quémander un rendez-vous.  

    Pas tant que ça, en fait. Tendu, Derek entreprit de se justifier. Il faut que je prépare mon intervention pour la conférence et je ne te parle même pas des interventions. Je vais devoir caser en deux jours ce que j’aurais dû faire en cinq. Un véritable marathon. Enfin, voilà, je ne crois pas que j’aurai le temps de te voir avant mon départ, lâcha-t-il enfin.

    Désappointée, Meredith sentit un poids peser sur son cœur. Mais tu vas quand même pouvoir passer à la boutique ? Il faut bien que tu manges tout de même.

    Derek leva les yeux au ciel. C'était tout à fait ce qu'il craignait avant de l'appeler, qu'elle pose des questions, qu'elle insiste pour le voir, qu'elle essaie de le faire changer d'avis. Ni à la boutique ni ailleurs ! répliqua-t-il sèchement. Tu ne te rends vraiment pas compte de tout ce que j'ai à faire.

    Ce qui était une simple déconvenue se mua en colère chez la jeune fille. Elle en voulait à Derek non seulement de lui annoncer son départ par un simple appel téléphonique que manifestement il n’avait pas l’intention de trop prolonger, mais également envers elle, pauvre sotte, qui s'était fait encore une fois des illusions sur les intentions de son amant. Une chance qu'à Aspen tu as dit que tu voulais qu'on se voie plus souvent ! lui rappela-t-elle sur un ton perfide. Pour le moment, c'est plutôt le contraire. Elle essuya les larmes de rage qui commençaient à couler de ses yeux.   

    Mark fronça les sourcils. Il n’en était pas certain, vu la distance à laquelle il se trouvait, mais il lui semblait que Meredith pleurait. Il tendit le cou pour tenter d’en voir plus mais la jeune fille se tourna, ne lui présentant plus que son profil. Il fit un pas en avant, prêt à accourir à la moindre alerte. Bon sang, que pouvait bien lui dire Derek ? Quoi que ce soit, cela ne ressemblait pas aux excuses qu’il l’avait encouragé à présenter. Ne restait plus qu'à espérer que son ami n’avait pas eu le mauvais goût de choisir le téléphone pour confesser son infidélité et mettre un terme à la relation. Meredith ne s’en relèverait pas, à coup sûr. N’osant approcher, Mark trompa son impatience en faisant deux pas à droite, deux à gauche, sans jamais quitter son amie des yeux.

    Je suis chirurgien, Meredith, pas fonctionnaire ! riposta froidement Derek. Je ne fais pas toujours ce que je veux.

    Meredith ricana. Ce n’est pas ce que tu m’as laissé entendre depuis que je te connais. Il y a des jours où tu as passé plus de temps à la boutique que dans ta clinique. En fait, tu ne fais jamais que ce que tu veux quand ça t’arrange. Enervée, elle haussa légèrement le ton. Dans tous les cas, tu aurais pu avoir au moins la correction de m’annoncer ça en face plutôt qu’au téléphone !

    Même si, en son for intérieur, Derek savait qu’elle avait raison, il n’apprécia pas qu’elle se permette de lui faire la leçon. Estime-toi heureuse que je t’aie prévenue ! aboya-t-il. Parce que franchement, rien ne m’y obligeait. Je n’ai aucun compte à te rendre. On n’est pas marié à ce que je sache ! Sur ces derniers mots prononcés avec hargne, il mit fin à la conversation. Celle-ci avait tourné exactement comme il l’avait redouté, pleine de rancœur et de reproches. Il fit quelques pas dans son salon avant de donner un violent coup de pied dans un meuble. Tout se passait de travers, rien n’allait comme il l’aurait voulu. Ses amours, ses amitiés, tout foutait le camp et il ne savait pas du tout comment faire pour tout remettre d’aplomb. Dans ces conditions, ce séjour à Miami tombait à pic.


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