• CHAPITRE 848

    C’est moi, dit Derek en entendant la voix douce de Meredith. Il avait attendu la fin de la journée pour l’appeler, en espérant que la leçon de conduite dont lui avait parlé Mark l’absorberait tellement qu’elle n’aurait pas le temps de discuter. Moins ils parleraient, mieux ce serait. Bien qu'il ait pris conscience de ses sentiments et de l'inefficacité de sa méthode pour les faire disparaitre, il n'avait pas encore décidé du sort de leur relation. Par ailleurs, il était envahi par trop d’émotions contradictoires qu’il se sentait incapable de maitriser. Discuter avec Meredith, c'était courir le risque de faire exploser ces émotions et de faire plus de mal à la jeune fille qu’il ne lui en avait déjà fait, ce qu'il ne voulait pas. Je ne te dérange pas ? lui demanda-t-il.

    Bien sûr que non. Tu ne me déranges jamais, murmura-t-elle, le cœur battant. Elle était tellement heureuse qu’il l’ait enfin appelée. Toute la journée, elle avait redouté que son silence prolongé ne soit le signe de la fin de leur relation mais maintenant qu'elle entendait sa voix, elle était rassurée et elle n’avait plus qu’une envie, qu’il lui dise qu’il avait envie de la voir. Il n'était même plus question des excuses qu'elle avait pourtant eu l'intention d'exiger pour la façon dont il s'était comporté avec elle. 

    Malgré toutes les promesses qu’il s’était faites, sa curiosité fut la plus forte. Et la voiture, ça se passe bien ? Tu t’en sors ?

    Oui, pas trop mal, enfin, je crois, répondit Meredith, pleine d’entrain, tant elle était soulagée parce qu’enfin ils retrouvaient un semblant de communication. En tout cas, Mark a l’air satisfait. Il m’a même dit que je pouvais passer le permis quand je voulais. D'après lui, je suis prête.

    L'évocation de son meilleur ami, ce traitre qui le lâchait à un moment critique, accentua la mauvaise humeur de Derek. Alors, si Mark l’a dit, répondit-il avec aigreur. Il coupa court. Bon, j'appelle pour te dire que je dois partir à Miami. Je viens d’apprendre que je devais assister à un important congrès médical, débita-t-il sur un ton nerveux.

    Ce n'était pas du tout ce à quoi Meredith s'attendait. Oh d'accord ! Derek contracta sa mâchoire en percevant la déception dans son intonation. Et tu pars maintenant ? s'enquit-elle.

    Non, non, pas tout de suite. En fait, je pars demain soir et je reviens dans trois jours, expliqua-t-il en espérant qu’elle allait se contenter de cette précision. Cette conversation, pourtant d’une banalité affligeante, lui demandait des efforts quasiment surhumains. Dire qu'il y avait seulement quelques jours, ils nageaient dans le bonheur et maintenant, ils en étaient à ne plus savoir que se dire. Il en était le premier malheureux mais ne voyait pas comment revenir en arrière.

    Meredith poussa un soupir de soulagement. Ah ça te laisse un peu de temps quand même ! Elle espérait lui faire ainsi comprendre qu'elle voulait le voir avant son départ. Certes, il aurait été plus simple de le lui dire franchement mais elle ne voulait pas avoir l'air de quémander un rendez-vous.  

    Pas tant que ça, en fait. Tendu, Derek entreprit de se justifier. Il faut que je prépare mon intervention pour la conférence et je ne te parle même pas des interventions. Je vais devoir caser en deux jours ce que j’aurais dû faire en cinq. Un véritable marathon. Enfin, voilà, je ne crois pas que j’aurai le temps de te voir avant mon départ, lâcha-t-il enfin.

    Désappointée, Meredith sentit un poids peser sur son cœur. Mais tu vas quand même pouvoir passer à la boutique ? Il faut bien que tu manges tout de même.

    Derek leva les yeux au ciel. C'était tout à fait ce qu'il craignait avant de l'appeler, qu'elle pose des questions, qu'elle insiste pour le voir, qu'elle essaie de le faire changer d'avis. Ni à la boutique ni ailleurs ! répliqua-t-il sèchement. Tu ne te rends vraiment pas compte de tout ce que j'ai à faire.

    Ce qui était une simple déconvenue se mua en colère chez la jeune fille. Elle en voulait à Derek non seulement de lui annoncer son départ par un simple appel téléphonique que manifestement il n’avait pas l’intention de trop prolonger, mais également envers elle, pauvre sotte, qui s'était fait encore une fois des illusions sur les intentions de son amant. Une chance qu'à Aspen tu as dit que tu voulais qu'on se voie plus souvent ! lui rappela-t-elle sur un ton perfide. Pour le moment, c'est plutôt le contraire. Elle essuya les larmes de rage qui commençaient à couler de ses yeux.   

    Mark fronça les sourcils. Il n’en était pas certain, vu la distance à laquelle il se trouvait, mais il lui semblait que Meredith pleurait. Il tendit le cou pour tenter d’en voir plus mais la jeune fille se tourna, ne lui présentant plus que son profil. Il fit un pas en avant, prêt à accourir à la moindre alerte. Bon sang, que pouvait bien lui dire Derek ? Quoi que ce soit, cela ne ressemblait pas aux excuses qu’il l’avait encouragé à présenter. Ne restait plus qu'à espérer que son ami n’avait pas eu le mauvais goût de choisir le téléphone pour confesser son infidélité et mettre un terme à la relation. Meredith ne s’en relèverait pas, à coup sûr. N’osant approcher, Mark trompa son impatience en faisant deux pas à droite, deux à gauche, sans jamais quitter son amie des yeux.

    Je suis chirurgien, Meredith, pas fonctionnaire ! riposta froidement Derek. Je ne fais pas toujours ce que je veux.

    Meredith ricana. Ce n’est pas ce que tu m’as laissé entendre depuis que je te connais. Il y a des jours où tu as passé plus de temps à la boutique que dans ta clinique. En fait, tu ne fais jamais que ce que tu veux quand ça t’arrange. Enervée, elle haussa légèrement le ton. Dans tous les cas, tu aurais pu avoir au moins la correction de m’annoncer ça en face plutôt qu’au téléphone !

    Même si, en son for intérieur, Derek savait qu’elle avait raison, il n’apprécia pas qu’elle se permette de lui faire la leçon. Estime-toi heureuse que je t’aie prévenue ! aboya-t-il. Parce que franchement, rien ne m’y obligeait. Je n’ai aucun compte à te rendre. On n’est pas marié à ce que je sache ! Sur ces derniers mots prononcés avec hargne, il mit fin à la conversation. Celle-ci avait tourné exactement comme il l’avait redouté, pleine de rancœur et de reproches. Il fit quelques pas dans son salon avant de donner un violent coup de pied dans un meuble. Tout se passait de travers, rien n’allait comme il l’aurait voulu. Ses amours, ses amitiés, tout foutait le camp et il ne savait pas du tout comment faire pour tout remettre d’aplomb. Dans ces conditions, ce séjour à Miami tombait à pic.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Samedi 19 Janvier 2019 à 21:51

    Hello Everybody, C'est ce qu'il pense … Tout fout le camp mais à qui la faute ? C'est nul ce qu'il vient de faire là aww. Bonne soirée à tous.

    2
    Butterfly
    Samedi 19 Janvier 2019 à 22:12

    Oui c'est vraiment nul ! Il agit presque comme si c'était Meredith qui avait commis une faute. Il l'aime, il l'a réalisé et il a compris que ça ne va pas s'arrêter comme ça, alors pourquoi s'entêter dans son attitude. Ils sont tous les 2 malheureux, ça ne rime à rien ! 

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