• Derek avait roulé pendant cinq jours. Cinq jours pour traverser de part en part le nord des Etats-Unis, ne s’arrêtant que pour faire le plein d’essence, acheter de quoi manger dans les drugstores ou encore calmer les crises d’angoisse de Meredith qui avait fait le voyage, allongée sur la banquette arrière, dormant presque tout le temps. Le soir, ils avaient logé dans des motels, elle passant la nuit dans le lit, lui dans le fauteuil, ne dormant que d’un œil pour veiller sur son sommeil. Il était épuisé, à bout de nerfs, mais la pensée que Meredith s’en remettait à lui, en toute confiance, l’aidait à tenir le coup.

     C’est avec un immense soulagement qu’à la fin du cinquième jour, il stoppa sa voiture devant une coquette demeure blanche.

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    Il arrêta le moteur et se retourna vers l’arrière. Meredith… Meredith… Réveille-toi. On est arrivé.

    La jeune femme s’étira et ouvrit ses yeux encore lourds de sommeil. Elle se redressa et regarda autour d’elle. Où sommes-nous ?

    A Canaan.

    Meredith fronça un peu les sourcils. Canaan ? Dans le Connecticut ? Il opina de la tête. C’est bien là que vit ta sœur Nancy, non ?

    Derek hocha à nouveau la tête. Oui, et Kathleen, et ma mère aussi. Il lui désigna la bâtisse. Cette maison est la sienne. C’est là que nous allons vivre, le temps que tu te rétablisses.

    Un éclair de panique traversa les yeux de Meredith. Je… je ne… veux pas, bafouilla-t-elle. Je ne… peux pas. Derek posa une main sur celle avec laquelle elle s’agrippait au siège passager. Elle la saisit et la serra. Ne crois pas que je n’apprécie pas tout ce que tu fais pour moi, mais… Elle prit une profonde inspiration. Pour le moment, j’ai du mal avec les gens, même avec mes propres amis. Alors, des inconnus… Je sais que c’est ta famille mais, pour moi, ce sont des inconnus et… Je ne veux pas être grossière mais je ne suis pas prête à vivre sous le même toit que ta mère.

    Derek lui sourit. Je sais. C’est pour ça qu’elle ne vivra pas avec nous. Elle s’est installée chez Kathleen et elle y restera durant tout notre séjour.

    Non, il ne faut pas, protesta Meredith, confuse. C’est sa maison. Elle n’a pas à la quitter pour moi. Elle ne me connaît même pas !

    Oh ! Je suis certain que Nancy et Kathleen lui ont déjà beaucoup parlé de toi, dit Derek en sortant du véhicule pour lui ouvrir la portière.

    Et c’est censé me rassurer, ça ? grommela Meredith.

    Derek rit. Allez viens, je vais te faire visiter. Il la prit par la main pour l’entraîner jusqu’à l’entrée de la maison. Il se pencha vers le parterre et trouva la clé sous une pierre. Il ouvrit la porte et s’effaça pour laisser entrer son amie.

    C’est la maison de ton enfance ? demanda Meredith.

    Oui, d’une certaine façon. Ma mère a emménagé ici après la mort de mon père. New York, après ce qui s’était passé, ce n’était plus possible pour elle. Derek regarda autour de lui avec un peu de nostalgie. Maintenant, la maison est beaucoup trop grande pour elle seule mais elle ne se résout pas à s’en séparer. Trop de souvenirs. Il referma la porte derrière eux et entraina Meredith au centre du hall d’entrée. Alors, là, tu as la cuisine… là, le living… là-haut, les chambres et les salles de bains. Viens. Il l’emmena à l’étage et ouvrit une porte. C’est la chambre de ma mère. C’est ici que tu dormiras, du moins si ça te convient.

    Je vois que tu as déjà tout prévu. Meredith pénétra dans la pièce et s’approcha d’un panneau où étaient punaisées des photos d’enfants. Elle reconnut Derek sans peine. Les images le montraient à tous les stades de la vie, de la naissance à son mariage. Elle eut son attention attirée plus particulièrement par une photo où l’on voyait Addison entourée par cinq femmes. Ce sont ta mère et tes sœurs, n’est-ce pas ? se renseigna Meredith. Derek acquiesça. Elles adorent Addison, ça se voit, constata Meredith, frappée par la complicité qui émanait de ce cliché.

    Mes sœurs s’entendaient très bien avec elle, c’est vrai, admit Derek en maudissant intérieurement sa mère de ne pas avoir enlevé ces vieilles photos avant son arrivée

    Ta mère aussi. Elle a même gardé la photo de votre mariage, remarqua Meredith, avec une pointe d’amertume.

    C’est juste que… elle a eu pas mal de difficultés à admettre que c’était fini, tu vois, répondit Derek, embarrassé.

    Meredith se tourna vers lui avec un air désespéré. Elle doit me détester.

    Mais non, pas du tout. Ce n’est pas toi qui as brisé mon mariage, c’est Mark. Derek se dépêcha de changer de sujet. Alors, elle te plaît, cette chambre ?

    Elle est très belle, dit Meredith, sans enthousiasme. Et toi, où tu vas dormir ?

    Dans ma chambre, tiens !

    Montre la moi, dit Meredith. Derek la prit par la main pour l’emmener dans la pièce voisine. La décoration était nettement plus masculine avec, sur les murs, des posters des Clash qui voisinaient avec ceux de Brooke Shields, ce qui fit sourire Meredith. Derek fut heureux de la voir enfin détendue et en fit des tonnes pour lui décrire sa passion adolescente pour cette actrice. Il sortait de la chambre pour aller chercher leurs bagages quand elle le rappela. Ça te dérangerait beaucoup si je prenais ta chambre plutôt que celle de ta mère ?

    Cette requête surprit un peu Derek. Euh… non, mais celle de ma mère est plus lumineuse et plus spacieuse. C’est de loin la plus belle de la maison.

    Sûrement mais… - Meredith regarda autour d’elle - je serais plus à l’aise dans la tienne, je crois.

    Alors pas de problèmes, déclara Derek. On échange. Meredith lui sourit pour le remercier et il se sentit fondre. Il se précipita dans les escaliers pour qu’elle ne remarque pas son trouble.

    Elle sortit sur le palier pour le rappeler encore une fois. Derek… tu m’entendras si je t’appelle pendant la nuit ? Tu sais, pour mes cauchemars…

    Il revint près d’elle et la prit par les épaules. Je serai juste à côté. Mais si tu préfères, je peux dormir près de toi, dans un fauteuil, comme au motel, ou alors installer un matelas par terre.

    Meredith fit signe que non. Surtout pas. Je sais que tu veux m’aider mais je dois surmonter ça par moi-même, aussi. Je n’y arriverai pas si tu m’assistes pour tout. En plus, ça fait cinq jours que tu n’as presque pas dormi. Tu dois te reposer maintenant.


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  • Cristina surgit sur le pas de la porte. Je ne voudrais pas déranger mais, Meredith, ta pause, elle va durer encore longtemps ? Parce que c’est pas pour dire, mais on a quand même encore du boulot !

    Meredith se leva aussitôt de sa chaise. J’arrive ! Elle se tourna vers Mark. Désolée, faut que j’y aille. Elle pénétra dans la boutique. Mark bougea sa chaise pour pouvoir observer ce qui se passait à l’intérieur.

    George accueillit sa camarade avec une imposante pile de plateaux. Tiens, porte ça à l’arrière.

    Et après, il faudra que tu ramènes des muffins, ajouta Cristina sur un ton autoritaire. Izzie en a fait cuire une dernière fournée.

    Docile, Meredith passa dans l’arrière-boutique où elle déposa les plateaux avant de se rendre dans la cuisine où Izzie finissait de garnir un plat en verre avec les gâteaux. Il est là pourquoi, Mark ? se renseigna-t-elle avec curiosité.

    Rien de spécial, prétendit Meredith. Il voulait juste boire un whisky.

    Il te drague encore ? insista Izzie.

    Meredith parut choquée. Bien sûr que non ! Il ne va pas draguer la copine de son meilleur ami tout de même. Elle prit le plateau de muffins et repartit dans la salle. Elle y découvrit George à quatre pattes derrière un comptoir. Qu’est-ce que tu fais ? lui demanda-t-elle.  

    Y a une pièce qui a roulé là en-dessous, grogna le jeune homme en essayant de passer son bras un peu plus loin sous le meuble. Et j’arrive pas à l’attraper. Putain ! grogna-t-il rageusement en sentant la pièce sous ses doigts sans parvenir à la saisir.

    Si tu veux, je peux essayer, proposa Meredith.

    George ne se fit pas prier et se releva prestement. Ouais, essaie, tu y arriveras sans doute mieux que moi. Meredith prit sa place et se mit à genoux. George déglutit péniblement en voyant le postérieur de la jeune fille qui s’arrondissait. Son émotion fut d’autant plus grande que la jupe courte et droite de Meredith s’était relevée et à quelques centimètres près, il aurait pu voir la culotte de sa camarade. Je ne sais pas si tu vas l’avoir comme ça, dit perfidement le jeune homme. La pièce a roulé loin. Meredith allongea un peu plus le bras, ce qui eut pour effet de tendre tout son corps et donc de rehausser ses fesses, dévoilant ainsi ses cuisses jusqu’à la bande de dentelle autofixante de ses bas. Cela suffit à exciter George qui, perdant toute mesure, posa une main sur son sexe.

    De là où il était, Mark ne voyait que George. Il avait vu ce dernier émerger de derrière le comptoir et Meredith y disparaitre, sans en comprendre la raison. Quoiqu’il en soit, il n’aimait pas du tout le regard avec lequel le jeune homme surveillait sa camarade. C’était un regard malsain, à la limite de la perversité. Pourtant, ce n’était rien comparé à ce qui allait suivre. Quand Mark vit George mettre la main à son sexe et le caresser délicatement à travers le tissu de son pantalon, son sang ne fit qu’un tour. Il se leva brusquement de sa chaise, faisant tomber celle-ci avec fracas, et il se rua dans la boutique. Sans se préoccuper des quelques clients qui étaient encore attablés, il saisit George par son tee-shirt et le tira vers lui, comme s’il voulait le faire passer par-dessus le comptoir. Alors, mon salopard ! On se fait plaisir ?

    Mais… mais… mais… vous êtes fou, bégaya George, apeuré. Je n’ai rien fait. Même pris la main dans le sac, il était hors de question qu’il avoue son méfait. Il ne voulait pas perdre le peu de confiance que lui faisait encore Meredith, sans parler de sa cousine et Cristina. Après tout, c’était la parole de Sloan contre la sienne et il ne doutait pas que ses amies d’enfance lui accorderaient plus de crédit qu’à ce matamore.

    Et menteur en plus avec ça ! éructa Mark en donnant une claque sur la tête du jeune homme. Tu crois que je ne t’ai pas vu, planqué derrière ton comptoir ?

    Meredith, qui s’était relevée, regarda les deux hommes avec un air surpris. Qu’est-ce qu’il y a ?

    Cristina et Izzie sortirent à la hâte de la cuisine. Mais qu’est-ce qui se passe encore ? dit Izzie, le front soucieux. Cristina, qui se souciait moins du sort de George que de la réaction des clients, se précipita vers ces derniers en les voyant se lever.

    Ignorant les réactions des filles, Mark obligea George à sortir de derrière le comptoir. Alors, tu te décides à nous dire ce que tu faisais ?

    George secoua la tête avec véhémence. Je n’ai rien à dire, je suis innocent ! geignit-il. Il préférait subir la colère du chirurgien que de reconnaitre ses torts. Avec un peu de chance, les filles le considéreraient comme la victime de la violence gratuite de Mark Sloan et se retourneraient contre ce dernier.


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  • Meredith était montée se coucher juste après le léger dîner que Derek avait préparé. Après avoir fait un peu de rangement, il venait de s’installer dans le salon pour lire le journal quand son téléphone sonna. Il sourit en voyant le prénom de Mark s’inscrire sur son écran et porta l’appareil à son oreille. Alors mec, ce retour au bled ? lança la voix gouailleuse de son ami.

    Long et pénible, répondit Derek. 2.950 miles en 5 jours, ça te dit ?

    Oh non merci, s’exclama Mark. Surtout pas pour retourner à Canaan. C’est toujours aussi soporifique là-bas ?

    Derek eut un petit rire. On a eu des bons moments ici. Reconnais-le.

    Ouais, grogna Mark. Mais une fois qu’on a fait le tour des quelques filles qui sont potables, ce trou est d’un ennui à mourir. Très peu pour moi.

    Eh bien, moi, il me convient, ce trou ! affirma Derek. La tranquillité, c’est tout ce dont Meredith a besoin pour le moment.

    Si elle revient de là-bas encore plus déprimée, tu n’auras qu’à t’en prendre à toi-même, railla son camarade. Trève de plaisanteries. Comment va-t-elle ?

    Derek se renfrogna légèrement. Ça dépend des moments. Ce sont ses crises d’angoisse qui m’inquiètent le plus.

    Mark se montra rassurant. Il lui faudra du temps, tu le sais bien. Mais c’est une battante, je ne m’en fais pas trop pour elle. Et vous deux ? Comment ça évolue ?

    Franchement, c’est le cadet de mes soucis pour le moment, assura Derek.

    Mark s’esclaffa. Pas à moi, mon gars ! Ne me dis pas que la possibilité d’une réconciliation ne t’a pas effleuré au moment où tu as décidé ce retour aux sources. Etre seul avec la femme que tu aimes, loin de la civilisation, te dévouer à son service, tu as là l’occasion rêvée de lui prouver que tu n’es pas l’infâme salaud qu’elle croit que tu es.

    Je ne suis pas aussi machiavélique que toi, mon vieux ! répliqua Derek. Non, vraiment, je me préoccupe surtout de sa santé. Le reste, eh bien, on verra après. Tout à coup, on frappa à la fenêtre. Derek tourna la tête et vit sa mère qui lui faisait signe. Désolé, Mark, je dois te laisser, ma mère vient d’arriver.

    L’intonation de Mark se fit moins guillerette. Oh Maman Shepherd ! Transmets-lui mes respects, du moins si elle les accepte. Je suppose que je ne suis plus trop en odeur de sainteté.

    Tu ne l’as jamais été, plaisanta Derek. Allez, salut. Je te rappellerai. Il se leva et alla ouvrir la porte à sa mère.

    Ils se prirent dans les bras l’un de l’autre et se donnèrent une longue accolade. Ensuite, Carolyn Shepherd s’écarta de son fils et le regarda longuement, avec émotion. Mon fils… Ça fait tellement longtemps. Comment vas-tu, mon petit ?

    Je vais bien, maman. Ça fait du bien de rentrer à la maison. Derek prit sa mère pour la conduire dans le salon.

    Elle lui lança un regard faussement réprobateur. Pourquoi a-t-il fallu plus de deux ans pour que tu y reviennes alors ?

    Maman ! dit Derek, avec un ton de reproche.

    Carolyn tapota tendrement la joue de son fils. Tu as raison. Nous règlerons nos comptes un autre jour. J’espère que je ne te dérange pas, tu téléphonais quand je suis arrivée. Elle prit place dans le grand canapé.

    Derek s’installa à côté d’elle. Oui, c’était Mark. A ce propos, il te transmet ses respects.

    Carolyn leva les yeux au ciel. Je ne comprends pas comment tu acceptes encore de lui adresser la parole. Quand je pense que je le considérais comme mon fils ! Et lui ne trouve rien de mieux à faire que de te voler ta femme.

    Derek soupira. Maman, ne commence pas, s’il te plaît. Je n’ai pas du tout envie d’épiloguer encore une fois sur l’échec de mon mariage. J’ai d’autres chats à fouetter en ce moment.

    Tu as raison, admit Carolyn. A ce propos, comment va ton amie ?

    Derek fit un peu la moue. Ça va. Elle est traumatisée par ce quelle a vécu, bien évidemment, mais elle est forte. Elle s’en remettra.

    Carolyn prit la main de son fils. Et toi, comment vas-tu ? Tu as une tête à faire peur.

    Maman, j’ai roulé pendant cinq jours sans m’arrêter ou presque, se justifia Derek. Je suis épuisé.

    Tu sais qu’il existe un moyen de transport pratique qui s’appelle l’avion ? se moqua Carolyn.


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  • Derek sourit. Je sais mais ce n’était pas envisageable avec Meredith. La moindre chose déclenche chez elle des mouvements de panique incontrôlables. Le voyage en voiture était la seule option.

    Tu te soucies beaucoup de cette jeune femme, n’est-ce pas ? demanda sa mère, non sans inquiétude.

    Oui. Elle est très importante pour moi, avoua Derek.

    Oh ça, je veux bien le croire puisque tu as roulé pendant cinq jours non-stop au mépris de la sécurité la plus élémentaire, ironisa Carolyn en regardant son fils avec des yeux pleins de réprobation. Mais importante à quel point ?

    Derek couva sa mère d’un regard tendre. Est-ce que par hasard tu serais en train d’essayer de me tirer les vers du nez ?

    Ce ne serait pas nécessaire si tu ne laissais pas tes sœurs me raconter ta vie, ou du moins le peu qu’elles en savent, riposta Carolyn. Alors, Meredith ? Parle-moi un peu d’elle.

    Derek s’exécuta de bonne grâce. Que te dire ? C’est une jeune femme merveilleuse. Brillante, douée… drôle aussi et passionnée. Elle cherche toujours à protéger ceux qu’elle aime, même à ses dépens. Et elle est d’une fidélité à toute épreuve. Je la trouve formidable. Elle est formidable, rectifia-t-il.

    Quelle éloquence ! constata Carolyn sans enthousiasme. Tes yeux brillent quand tu parles d’elle. Je ne t’ai jamais vu comme ça auparavant, Derek.

    Il hocha lentement la tête de haut en bas en signe d’approbation. Parce que je n’ai jamais aimé comme ça avant elle.

    Tu vis une passion dévorante, dirait-on, constata Carolyn que cette idée n’emballait pas. Son amour déçu par Addison avait poussé Derek à s’exiler à l’autre bout du pays. Où irait-il cette fois, si la même chose se reproduisait avec cette Meredith ?

    L’expression employée par sa mère, un peu désuète, fit sourire Derek. On peut dire ça comme ça.

    Carolyn grimaça. Fais attention, mon fils. Les passions ne durent pas. Elles se consument rapidement et détruisent ceux qui les ont éprouvées.

    Derek haussa les épaules. Alors, ce n’est pas une passion. Je l’aime. Je l’aime vraiment et ça ne va pas s’arrêter. Meredith, c’est… c’est la femme de ma vie. 

    Tu disais la même chose d’Addison, lui rappela sa mère.

    Tu as raison, admit-il sans difficultés. A l’époque, j’y ai cru vraiment. Mais si tu savais avec quelle facilité j’ai pu me détacher d’elle ! Le matin je l’aimais, le soir c’était terminé. Meredith, c’est différent.

    Carolyn fit la moue. Ne sois pas si affirmatif. Tu ne peux pas dire comment tu réagirais si Meredith te trompait avec ton meilleur ami.

    La différence, c’est que Meredith ne me ferait jamais une chose pareille, assura Derek. Je te l’ai dit, quand elle aime, elle est d’une fidélité à toute épreuve.

    Tu l’aimes, elle t’aime, et pourtant, vous avez encore rompu, si mes renseignements sont bons, lui fit remarquer Carolyn sans cacher son scepticisme. Derek opina de la tête. Mais tu n’as pas renoncé à elle, si je comprends bien ?

    Le regard de Derek s’assombrit. Non. Je ne veux pas. Je sais que nous avons un avenir, elle et moi.

    Tu as peut-être tort de t’entêter, estima Carolyn, bien décidée à lui faire entendre raison. Quand un pot est cassé, tu peux le recoller avec la meilleure des colles, les fêlures resteront toujours visibles et le pot reste fragile. Enervé de se faire donner une leçon, comme s’il était encore un petit garçon, Derek souffla bruyamment. Sa mère fit comme si elle ne l’avait pas remarqué. Pourquoi n’as-tu pas donné une chance à ton histoire avec cette infirmière ?

    Je vois que Kat n’a pas changé, dit Derek avec agacement. Toujours aussi bavarde. Sa mère sourit. Je n’ai pas eu d’histoire avec une infirmière, précisa sèchement Derek. Il n’y a jamais eu que Meredith.

    Es-tu sûr de ne pas perdre ton temps avec elle ? insista Carolyn. Tu as déjà 40 ans et…

    Derek leva les yeux au ciel. Pitié maman !

    Ne m’en veux pas mais j’ai envie d’avoir des petits-enfants.

    Tu n’en as pas déjà assez avec mes sœurs ?

    Je les adore, tous les neuf, tu le sais. Mais il est temps de perpétuer le nom de ton père. Tu es mon seul fils, Derek. Je voudrais tant te voir enfin heureux. Carolyn caressa la joue de son fils dans un geste maternel.

    Si je dois un jour avoir des enfants, ça ne pourra être qu’avec Meredith, s’entêta Derek, le visage fermé.

    Carolyn Shepherd soupira. J’espère que tu vas me la présenter au moins. Je voudrais vérifier par moi-même si ce que tes sœurs m’ont dit est vrai.

    Je crains le pire. Ils se sourirent. Ne t’inquiète pas, je te la présenterai, reprit Derek. Mais pas tout de suite. Elle est encore trop fragile. Je veux lui laisser du temps. Un cri déchira la nuit. Comprenant que Meredith faisait un cauchemar, Derek se leva d’un bond et sans plus de formalités, se rua dans l’escalier. Sa mère le regarda disparaître, avec le sentiment de ne plus connaître vraiment l’homme qu’était devenu son fils.


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  • Petit enfoiré ! Enervé par la malhonnêteté et la lâcheté du jeune homme, Mark lui donna une gifle bien sentie.

    Mais il est malade, lui ! couina George en se frottant la joue.

    Izzie ouvrit de grands yeux scandalisés. Mais vous êtes fou ! On ne frappe pas les gens comme ça.

    Mark, arrête, chuchota Meredith. C’est moi qui me suis proposée. Elle supposait que Mark était en colère parce qu’il avait eu l’impression que George la faisait travailler à sa place. Elle était touchée par la sollicitude qu’il lui témoignait mais ne pouvait s’empêcher de trouver sa réaction disproportionnée.

    Après avoir raccompagné les clients à la porte – clients auxquels elle venait d’offrir le déjeuner pour leur faire oublier l’incident auquel ils avaient malheureusement assisté - Cristina rejoignit le groupe. Où est-ce que vous vous croyez ? lança-t-elle à Mark. On est dans un salon de thé ici, pas dans une salle de boxe.

    Mark était dans un tel état de rage qu’il n’avait même pas entendu les interventions des filles. Il saisit George par le bras et le secoua. Eh bien, mon grand, tu n’expliques pas à tes amies ce que tu étais en train de faire ?

    C’est un truc d’homme, marmonna George entre ses dents.

    Un truc d’homme ? répéta Mark avec un air abasourdi. Ne parle donc pas de ce que tu ne connais pas ! Il lui donna une tape derrière la tête.

    Cristina prit George par le bras pour le pousser sur le côté avant de s’interposer entre les deux hommes. Bon, ça suffit ! Si vous voulez vous défouler, prenez un abonnement dans une salle de sport ou suivez une thérapie, conseilla-t-elle à Mark. Mais arrêtez de venir ici pour foutre la merde !

    Ce dernier parut choqué par sa réaction. Moi, foutre la merde ? Vous feriez mieux d’ouvrir vos yeux. C’est lui, le méchant !

    Meredith le prit par la main pour attirer son attention. C’est gentil de prendre ma défense mais là, je crois que tu as mal compris. George n’a rien fait. Il n’arrivait pas à prendre une pièce qui était tombée, alors j’ai proposé d’essayer de le faire pour lui. 

    Mark fut tenté de lui dire la vérité. Il s’en abstint pourtant parce que, même s’il ne connaissait pas Meredith à proprement parler, il la devinait fort sensible et il craignait l’impact qu’aurait sur elle la révélation des agissements malsains de son ami d’enfance. A la place, il opta pour une sérieuse mise en garde. Il prit la jeune fille par le bras et l’emmena hors de la boutique. Je sais que Derek te l’a déjà dit mais promets-moi de te méfier de ce type. Vraiment !

    Meredith leva vers lui de grands yeux où brillait une lueur d’attendrissement. D’accord. Mais franchement, tu exagères. 

    Non, je n’exagère pas, répliqua Mark. Je suis même très en dessous de la réalité. Ce mec… brrr ! Il fit une grimace de dégoût.  

    Meredith sourit. Je sais que toi et Derek, vous ne l’appréciez pas et moi-même, j’ai un peu de mal ces derniers temps. Il a changé depuis qu’on est ici, et moi aussi d’ailleurs, et il n’accepte pas celle que je suis devenue mais je suis sûre que ça va s’arranger avec le temps. Ce n’est pas quelqu’un de mauvais dans le fond.

    Touché par sa candeur, Mark se pencha vers elle et lui déposa un léger baiser sur la joue. Tu es mignonne. Tu me fais penser à ces héroïnes de Disney qui croient en un monde merveilleux. Tu risques d’être déçue.

    Je ne suis pas aussi naïve, protesta Meredith. Je sais que la vie n’est pas un conte de fées, mais je crois vraiment qu’il y a du bon dans chaque personne. Je ne veux pas m’arrêter aux apparences. Par exemple, toi et Derek. Mark haussa un sourcil. Je suis sûre que beaucoup de gens pensent que vous êtes méchants et sans cœur, poursuivit Meredith avec un petit sourire. Mais, moi, je sais que c’est une façade derrière laquelle vous vous cachez et qu’en fait, vous êtes très gentils et vous vous souciez des autres, sinon vous ne seriez pas médecins et surtout, vous ne vous préoccuperiez pas autant de ce qui m’arrive.

    Mark enlaça Meredith par les épaules et la serra brièvement contre lui. Oui, c’est possible que tu ne sois pas aussi naïve que je le croyais, dit-il sur un ton bourru. En tout cas, t’as oublié d’être bête, c’est certain. Il commençait à comprendre l’intérêt tout particulier que Derek portait à cette petite. Il la libéra. Allez, va bosser avant de déclencher les foudres de la mégère.

    Meredith pouffa de rire. T’es vraiment horrible de lui avoir donné ce surnom. Le jour où elle va l’apprendre, tu auras intérêt à courir vite.

    Je n’en ferais qu’une bouchée, riposta Mark. Après avoir serré Meredith une dernière fois dans ses bras, il regagna sa voiture. Il fit encore un signe de la main à la jeune fille avant de démarrer.


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