• Mark entra dans la boutique en conquérant. Après avoir fait un petit signe de loin à Izzie, il alla directement s’installer à une table. Je me boirais bien un latte macchiato, lança-t-il à Cristina qui disposait des petites quiches sur un plateau.  

    La jeune femme abandonna ce qu’elle faisait pour se rendre à la machine à café. Juste un café ? s’enquit-elle. Mark opina de la tête. Vous savez qu’il y a Starbucks pour ça ? maugréa Cristina.

    Oh non, c’est tellement plus chaleureux ici, persifla Mark. Il regarda autour de lui. Meredith n’est pas là ?

    Cristina lui apporta son café. Non et si vous voulez mon avis, elle n’est pas prête d’arriver. Votre copain a débarqué ce matin à la maison, alors…

    Mark fronça légèrement les sourcils. Alors, vous croyez que tous les deux… Il joignit ses deux index et les tapota l’un contre l’autre plusieurs fois. Cristina le regarda comme s’il était un parfait abruti. Ah ils ont bien raison, s’exclama-t-il. Rien de mieux qu’une partie de jambes en l’air pour bien commencer la journée !

    Cristina fit demi-tour. Eh bien, qu’est-ce que vous attendez pour aller les retrouver ? Elle tapota sur la vitre de la boutique pour attirer l’attention de George et lui faire signe de s’activer.

    Vous m’accompagnez ? proposa Mark sur un ton moqueur. A quatre, ce sera plus amusant.

    Sans façon ! répliqua Cristina avant de disparaitre dans la cuisine.

    Mark sirota son café en observant les comportements des jeunes gens. Izzie, souriante et primesautière, préparait ses gâteaux en chantonnant. Elle n’arrêtait pas une minute, se partageant entre la préparation, la surveillance de la cuisson et la décoration, le tout sans jamais se départir de sa bonne humeur. Il était évident qu’elle adorait ce qu’elle faisait. George était tout l’opposé de sa cousine. Il était sombre et avait le regard fuyant. Quiconque le regardait attentivement pendant quelques minutes se rendait compte qu’il s’agitait beaucoup pour donner l’impression qu’il travaillait, alors qu’en définitive, il ne faisait pas grand-chose. Il tournait dans la boutique avec un air affairé, un plateau vide à la main, déplaçant un couvert ou un verre par-ci, par-là, tout en soufflant bruyamment pour indiquer qu’il était débordé. Quant à Cristina, fidèle à elle-même, elle interrompait sans cesse ce qu’elle était en train de faire pour conseiller ses camarades ou les réprimander. Il était évident qu’elle préférait donner des ordres que de mettre la main à la pâte. A part la blonde, c’est vraiment une bande de bras cassés, se dit Mark. Lassé par le spectacle, il prit le journal qui était posé sur la table voisine et se plongea dans la lecture des informations.

    Il n’en leva la tête que dix minutes plus tard, quand il entendit le moteur pétaradant de la Porsche de son ami. Il vit ce dernier sauter hors de son véhicule pour ouvrir la portière de Meredith. Les deux amants marchèrent main dans la main vers la boutique. Derek murmura quelque chose à l’oreille de la jeune femme ce qui la fit pouffer de rire. Mark se leva pour aller les accueillir sur le pas de la porte. Comment vont nos Roméo et Juliette des temps modernes ? s’écria-t-il. La petite séance matinale de Kamasutra ne vous a pas trop épuisés ?

    Meredith rougit violemment et, tête baissée, traversa rapidement la salle pour aller se débarrasser dans l’arrière-boutique. Derek ne cacha pas qu’il n’avait guère apprécié la remarque de son ami, d’autant plus que les autres clients parmi lesquels quelques-uns de leurs collègues, heureusement encore peu nombreux, lui lançaient des regards moqueurs. Bravo, enragea-t-il entre ses dents serrées. On peut toujours compter sur ta discrétion et ta finesse. Ça t’amuse de la mettre mal à l’aise ? ajouta-t-il en désignant Meredith qui parlait à Izzie.

    Mark fit un large sourire. Un peu, oui, je l’avoue. Où est le mal ? Ne me dis pas que je l’ai traumatisée et que tu vas devoir faire ceinture ? Agacé, Derek lui lança un regard noir. Ne t’inquiète pas, poursuivit Mark. Si c’est le cas, je te fournirai une solution de rechange.

    La ferme ! grogna Derek en voyant Meredith regarder en leur direction. Il lui sourit puis se tourna vers Mark. Viens, on se casse ailleurs avant que tu ne foutes la merde. Je dois te parler de toute façon.

    Un problème ou un secret ? s’enquit Mark.

    Je ne veux pas en discuter ici. Derek se dirigea vers Meredith et la prit par la main pour l’attirer à l’écart, tandis que Mark réglait sa consommation. Je vais te laisser travailler sinon tes amis vont me maudire. Je te téléphone plus tard.

    D’accord, mais pas avant la fin de la journée, précisa la jeune fille. Sinon moi, ils vont me tuer. Derek lui effleura les lèvres d’un baiser et tourna les talons pour rejoindre Mark. Meredith le suivit des yeux en se disant que les trois jours qui s’annonçaient allaient lui paraitre interminables. Elle partit dans la cuisine en soupirant.


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  • Cristina s’apprêtait à monter l’escalier qui menait aux chambres quand la porte d’entrée s’ouvrit avec fracas sur Derek Shepherd. Aussitôt, la jeune femme se campa devant lui. Qu’est-ce que vous faites ici ? Et comment êtes-vous entré d’abord ?

    Alex apparut derrière le chirurgien. Il est avec moi.

    Cristina fusilla son camarade du regard. Qu’est-ce qui te prend de l’amener ici ? Tu sais très bien ce qu’on a décidé.

    Ce que tu as décidé, rectifia Alex. Et je ne suis plus d’accord.

    Derek les interrompit. Vous vous disputerez plus tard. Je suis venu voir ce qui se passe avec Meredith.

    Elle va très bien, affirma Cristina. Alex voulut protester mais elle le fit taire d’un geste. Nous nous occupons très bien d’elle, ajouta-t-elle à l’attention de Derek. Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter.

    Ce n’est pas ce que dit Alex, objecta Derek.

    Alex ne sait pas ce qu’il dit, répliqua Cristina. De toute façon, cela ne vous concerne plus. Elle soutint le regard courroucé de Derek. Vous ne pouvez pas débarquer et exiger qu’on vous rende des comptes. Nous, on a toujours été là pour Meredith, vous ne pouvez pas en dire autant. Alors, vous feriez mieux de partir maintenant.

    Hors de question ! Je veux la voir. Derek fit mine de contourner Cristina pour avancer dans le hall.

    A nouveau, elle lui barra le passage. Vous la verrez quand elle reprendra le travail.

    Alors c’est pas demain la veille, grommela Alex.

    C’est faux, protesta Cristina. Elle va revenir. Ce n’est qu’une question de jour.

    Alex la regarda avec consternation. Qu’est-ce que tu racontes ? Elle ne sort même pas de sa chambre.

    Il faut que je la voie, répéta Derek.

    Cristina secoua la tête. Mais elle, elle ne veut pas vous voir.

    Eh bien, dans ce cas, elle va devoir me le dire elle-même, riposta Derek.

    Alors vous allez devoir me passer sur le corps ! s’entêta la jeune femme. Derek la saisit par le bras pour l’écarter de son chemin. Mais lâchez-moi, vous me faites mal, s’exclama-t-elle en se dégageant de l’étreinte du chirurgien.

    Nom de dieu, à quoi tu joues, Cristina ? intervint Alex qui ne comprenait pas l’acharnement de sa camarade et qui craignait que la situation dégénère. Laisse-le passer. Il est là pour nous aider.

    Contrariée qu’il ne la soutienne pas, Cristina lui jeta un nouveau regard assassin. On n’a pas besoin de son aide. On peut se débrouiller sans lui.

    Non, on ne peut pas, rétorqua Alex. Meredith ne va pas bien. Je ne vois pas comment on pourrait l’aider alors qu’elle ne veut même pas nous parler. Lui…

    Cristina lui coupa la parole avec hargne. Lui, il ne lui a jamais fait que du mal. Elle se tourna vers Derek. Tout ce qui se passe maintenant est de votre faute. 

    Derek la regarda avec stupéfaction. Tu me rends responsable de ce qui est arrivé à Meredith ?

    Si vous ne l’aviez pas laissée seule avec ce type, rien de tout ça ne serait arrivé, aboya-t-elle.

    Je ne savais pas qui il était, se défendit Derek. Si j’avais pu un instant m’imaginer que… Ebranlé par l’accusation de Cristina, il se tut. Les reproches qu’elle lui adressait ne ressemblaient que trop à ceux qu’il se faisait à chaque seconde depuis l’agression. Tu crois que je n’y ai jamais pensé ? reprit-il d’une voix sourde. Que je ne m’en veux pas pour ce qui s’est passé ce jour là ? Que si j’avais pu l’éviter, je ne l’aurais pas fait ? Le visage de Cristina resta fermé. Derek prit une profonde inspiration. Je veux simplement la voir. Si elle va bien et qu’elle me le demande, je m’en irai. Pas avant ! Cristina le défia du regard mais elle comprit qu’elle n’obtiendrait pas gain de cause. Elle s’écarta enfin et il se précipita dans les escaliers. Mais arrivé devant la chambre de Meredith, il s’arrêta net, soudain apeuré par ce qu’il allait y découvrir. Il frappa délicatement à la porte. Meredith, appela-t-il d’une voix douce. Meredith… c’est moi, c’est Derek. Seul le silence lui répondit.

    Vous voyez, je vous l’avais dit, elle ne veut pas vous parler, dit Cristina qui l’avait rejoint.

    Derek l’ignora. Meredith… je vais entrer. Je veux te voir… je dois te voir. Il poussa doucement la porte et entra dans la chambre.


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  • Quelques minutes plus tard, les deux hommes étaient attablés dans un restaurant du quartier. Je suis inquiet pour Meredith, annonça Derek après qu’ils aient passé leur commande.

    Inquiet ? Pourquoi ? demanda Mark. Elle a l’air bien pourtant.

    Ce matin, quand j’ai débarqué chez elle, elle dormait avec un pyjama de flanelle, sous la couette, dans une chambre surchauffée, expliqua Derek.

    Mark haussa les épaules. Et alors ? Elle couve peut-être quelque chose.

    Je sais mais, là, c’était autre chose, insista Derek en jouant nerveusement avec la serviette. J’ai presque dû la secouer pour qu’elle se réveille. Son pouls battait trop lentement, elle était en sueur. Elle était complètement dans les vaps. Il releva la tête vers son ami. Sur sa table de chevet, il y avait des benzodiazépines.

    Elle en avait pris beaucoup ? se renseigna Mark, les sourcils relevés.

    D’après elle, seulement un, répondit Derek sans grande conviction.

    Ça voudrait dire qu’elle ne supporte pas un des composants, déduisit Mark. C’est possible. Elle devrait en parler au médecin qui les lui a prescrits.

    Il n’y a pas de médecin, répliqua Derek avec rage. Il n’y a que l’autre con.

    Mark ouvrit de grands yeux stupéfaits. Son pote ? George, l’ahuri de service ?

    Ouais, celui-là, confirma Derek. Si je ne me retenais pas…

    Eh bien, ne te retiens pas, nom de Dieu ! l’encouragea Mark. On n’a pas besoin qu’un connard pareil nous fasse de la concurrence.

    Il y a pire. Je suis entré dans sa chambre ce matin et j’y ai trouvé… Derek s’interrompit, le temps que le serveur leur présente la bouteille de vin qu’ils avaient commandée et qu’il remplisse leurs verres. Ce salaud a volé un sous-vêtement de Meredith, reprit Derek après le départ du jeune homme. Et il l’a camouflé sous son oreiller.

    Il ne peut pas avoir la fille, alors il vole sa petite culotte pour la renifler, commenta Mark avec un air méprisant.

    S’il n’avait fait que ça ! J’ai retrouvé le tanga dans un état ! Derek fit une grimace de dégoût. Je te passe les détails. 

    Qu’est-ce que tu as fait ?

    Derek but une gorgée de vin. J’ai remplacé la culotte par un mot, histoire de montrer que je savais, que je veillais au grain. L’arrivée du serveur avec les plats le fit taire encore une fois.

    Tu as prévenu Meredith au moins ? dit Mark tout en regardant avec appétit la pizza épinards et féta que le serveur venait de déposer devant lui.

    Derek secoua la tête. Non. Ça ne ferait que la faire paniquer un peu plus. D’ailleurs, je compte sur toi pour tenir ta langue. Il commença à manger sans entrain ses penne all’arrabbiata.  

    Comme tu veux, promit Mark. Mais si tu veux mon avis, tu as tort. Si elle était au courant, elle se méfierait plus de lui et…

    Derek lui coupa la parole un peu sèchement. Elle est suffisamment sous pression pour le moment, je ne veux pas en rajouter.

    Mark découpa énergiquement un morceau de pizza. Et pour les médicaments, qu’est-ce que tu comptes faire ?

    On a eu une discussion, je lui ai fait un peu peur. Elle m’a promis qu’elle ferait attention. Derek fit un sourire attendri. La pauvre, je comprends qu’elle craque parfois. Elle a tellement de choses à gérer. La boutique, sa tante, moi…

    Qu’est-ce qu’elle a, sa tante ? baragouina Mark, la bouche pleine de pizza.

    Un Alzheimer stade 2, lui apprit Derek qui, au contraire de son ami, touchait à peine à son plat. Comment veux-tu qu’une gamine de son âge fasse face à ça ? Ses amis s’en foutent. Il y a bien une dame qui aide mais elle ne va pas tarder à être dépassée, elle aussi.

    En le voyant tellement tourmenté par tout ce arrivait à Meredith, Mark se retint de faire un commentaire sur l’intérêt qu’il portait à celle qui n’était censée qu’être une camarade de jeux érotiques. Ce n’était pas le moment. Tu seras là pour la soutenir, se contenta-t-il de dire. La neuro, c’est ton domaine. Tu vas pouvoir la conseiller et l’aider. Pour le reste, je pourrais lui parler des benzodiazépines, moi aussi.

    Derek hocha une fois encore la tête, avec un air buté. Je l’ai déjà fait. On ne va pas y revenir.

    Mark grimaça légèrement. Ecoute, ne le prends pas mal mais il me semble qu’elle ne tient pas vraiment compte de ce que tu lu dis. Et c’est logique, ajouta-t-il devant le regard noir de Derek. Tu es son ami, son amant, elle ne peut pas te considérer comme son docteur aussi. Avec moi, ce serait plus facile. Et puis, qu’est qu’on perd à essayer ?


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  • Prévoyant, Derek referma la porte directement derrière lui, pour empêcher Cristina de le suivre. Bien que l’on fût en plein après-midi, la chambre était plongée dans la pénombre. A première vue, il sembla à Derek qu’elle était vide. Il appela Meredith qui ne répondit pas. Il s’apprêtait à passer dans la salle de bains lorsqu’il entendit comme un gémissement plaintif qui s’élevait d’un placard. Il revint sur ses pas et ouvrit précautionneusement les portes du placard. Il eut le cœur déchiré quand il découvrit Meredith, tapie tout au fond, se balançant d’avant en arrière, la tête dans les mains et baissée vers ses genoux. Laissez-moi, geignit-elle. Ne me faites pas de mal… Je vous en prie…

    Jamais jusqu’à cet instant, il n’avait réalisé à quel point elle avait été traumatisée par son agression. Il s’agenouilla devant elle, la voix enrouée par l’émotion. Meredith… c’est moi. Je suis là. Regarde-moi… regarde-moi, la supplia-t-il. Comme elle ne bougeait pas, il posa sa main sur le bras de la jeune femme. Elle se raidit avant de rejeter la tête en arrière et de haleter bruyamment, comme si elle était en train d’étouffer. Comprenant qu’elle faisait une crise de panique, Derek se releva précipitamment et se rua dans la salle de bains qu’il retourna dans tous les sens pour y dénicher quelque chose qui ressemblait de près ou de loin à un sac en papier. Pendant qu’il fouillait dans les armoires, il se fustigea à voix haute. Mais quel con ! Mais quel con ! Si elle est comme ça, c’est de ma faute. Je l’ai laissée seule avec ce type, et après… après, je l’ai abandonnée. J’aurais dû savoir qu’elle n’allait pas bien. J’aurais dû le sentir. Il trouva enfin un petit sac dont il jeta le contenu dans le lavabo. Il revint à la hâte auprès de Meredith et s’assit à côté d’elle. Il plaça le sac sur son nez, en lui parlant à mi-voix. Calme-toi… Doucement… Respire… Encore. C’est ça, oui. Petit à petit, le son de sa voix ramena Meredith au calme. Lorsque sa respiration redevint normale, Derek retira le sac. Il sentit qu’elle se détendait. Soudain, elle se laissa aller contre lui et déposa la tête sur son épaule, tout en lui serrant la main. Emu, il se tut, se contentant de caresser ses cheveux blonds. Il aurait donné tout ce qu’il avait pour que ce moment de complicité ne cesse jamais. Quand enfin, de longues minutes plus tard, la jeune femme eut tout à fait retrouvé ses esprits, elle se redressa et planta ses yeux dans ceux de son sauveur. Ils se noyèrent dans le regard de l’autre.

    Ce fut elle qui la première, rompit le charme. Il est là, murmura-t-elle. Mon agresseur… il est toujours là… Je le sens sur moi… Je sens son odeur… Je sens son…

    Tais-toi ! gronda Derek d’une voix rauque. N’y pense plus.

    Meredith ferma les yeux. Je n’arrive pas à l’oublier. J’essaie mais il revient toujours. Je n’en peux plus…

    Chut ! Derek la prit par les épaules pour la ramener contre lui. Elle tremblait comme une feuille. Il l’étreignit plus fort. L’odeur du shampoing de la jeune femme effleura ses narines et il ne put se retenir d’enfouir le nez dans sa longue chevelure, respirant son parfum à en avoir le vertige. Il se redressa enfin. Je vais t’aider à l’oublier, lui promit-il.

    Comment ? chuchota-t-elle, pleine d’espoir malgré elle.

    Derek lui prit le visage entre ses mains. On va partir, tous les deux. On va quitter cette maison… et Seattle aussi. Tu as besoin de changer d’horizon. Je vais t’emmener loin d’ici. Elle l’interrogea du regard. Il lui sourit. Fais-moi confiance. Tu verras, tu y seras bien.

    Une maison de repos, c’est ça, hein ? dit-elle sur un ton résigné.

    Derek lui lança un regard lourd de reproches. Tu crois vraiment que je pourrais te faire ça ? Elle secoua la tête sans conviction. Meredith, soupira-t-il. J’ai fait une énorme erreur en ne m’occupant pas de toi quand tu as quitté l’hôpital. C’est une erreur que je ne referai pas. Maintenant, je prends les choses en main. On va partir loin d’ici. Tous les deux, insista-t-il.

    Les yeux de Meredith se mirent à briller sans qu’elle s’en rende compte. Mais… et ton travail à l’hôpital ?

    J’ai obtenu un congé… illimité, ajouta Derek avec un air un brin espiègle.

    Le chef a accepté ? s’étonna Meredith.

    Derek rit doucement. Il a commencé par refuser mais, quand il a su que c’était pour toi, il ne s’y est plus opposé. Il a préféré me faire un exposé sur la difficulté d’aimer les filles Grey.

    Meredith ne releva pas ce qu’il venait de dire. Tu n’aurais pas dû. C’est inutile. Ça va aller. Je vais m’en sortir toute seule.

    Tu as déjà dit ça quand tu as quitté l’hôpital, grommela Derek. Je vois ce que ça donne.

    Tu n’as pas à faire ça pour moi, s’entêta Meredith. On n’est plus ensemble.

    Derek lui sourit tendrement. Que l’on soit ensemble ou pas, ça ne change rien aux sentiments que j’ai pour toi, tu le sais bien.

    Meredith baissa la tête. Derek…

    OK. Je ne parle plus de ça. Ce n’est pas le moment, je le sais. Il souleva le menton de Meredith pour la forcer à le regarder. Mais tu dois savoir que je ne suis pas là par obligation ou par devoir ou que sais-je. Je suis là seulement parce que… - il passa le revers de sa main sur la joue de son amie - parce que je ne supporte pas de te voir comme tu es maintenant. Ça n’est pas toi, ça. Ce n’est pas la Meredith que je connais.

    Sa sollicitude, la tendresse qu’il lui manifestait, l’amour qu’elle sentait dans chacun de ses mots et de ses gestes, firent monter les larmes aux yeux de la jeune femme. Et elle est comment, la Meredith que tu connais ? demanda-t-elle d’une voix étranglée.

    Elle est volontaire. Elle ne subit pas les évènements. Elle n’a pas peur. Et puis, elle m’engueule souvent et j’avoue que j’adore ça. Ça me fait filer droit. Meredith sourit enfin et Derek dut se faire violence pour ne pas se jeter sur elle pour l’embrasser. Il toussota pour se donner une contenance. Bon, que dirais-tu de sortir de cette armoire ? Il se leva et lui tendit la main pour l’aider à faire de même. ça ira pour faire tes bagages toute seule ? Elle fit signe que oui. Très bien. Pendant ce temps, je vais aller affronter Yang le dragon, annonça-t-il.

    Il descendit à la cuisine. Il n’avait pas sitôt ouvert la bouche pour faire part de ses projets que Cristina se précipitait pour rejoindre Meredith. Elle fit irruption dans la chambre où, déjà, son amie sortait les vêtements qu’elle comptait emporter. Ne me dis pas que tu vas le suivre ! s’exclama Cristina. Tu as déjà oublié ce qu’il t’a fait ?

    Meredith se rassit et fixa son amie un long moment. Je n’aime pas la personne que je suis devenue, dit-elle enfin. Je la déteste. Derek a raison, ce n’est pas moi.

    Cristina vint s’asseoir à côté d’elle. Je vais t’aider, Meredith, je te l’ai promis. A nous deux, on va y arriver. Il faut juste avoir un peu de patience.

    Meredith hocha la tête. Non, ça ne marche pas. Nous n’y arriverons pas. Elle réfléchit un instant. Le sentiment de sécurité que je ressentais avec lui, quand on faisait l’amour… Elle se tut à nouveau. Ce sentiment, je l'ai ressenti à nouveau, pendant qu'il était là, reprit-elle, et pourtant nous n’avons pas fait l’amour. L’autre jour, tu avais raison, Cristina. Je ne suis pas prête à me passer de lui.


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  • Deux heures plus tard, Derek quittait son ami pour disputer une partie de golf. Mark décida de revenir au Sweet Dream pour essayer d’avoir une conversation sérieuse avec Meredith. Il s’installa à la terrasse et lui fit signe de sortir de la boutique. Elle le rejoignit et regarda directement autour d’eux. Derek n’est pas avec toi ?

    Non, il profite de son après-midi pour jouer au golf, lui apprit Mark.

    Et toi, tu n’as rien de mieux à faire que de venir ici ? s’enquit Meredith avec un petit sourire.

    Ben, on dirait, répondit Mark en souriant, lui aussi. Bon, tu vas m’apporter un whisky. Ça me fera digérer mon repas et en plus, ça évitera que ta copine ne me saute à la gorge. Et prends quelque chose pour toi aussi. On doit parler tous les deux, annonça-t-il.

    L’espace de quelques secondes, Meredith pensa que Mark était là en tant que messager de son ami, qu’il était venu lui dire que ce dernier voulait mettre fin à leur relation. Mais elle chassa immédiatement cette idée de son esprit. Ces derniers temps, Derek lui avait donné de réelles preuves d’attachement et après ce qui s’était encore passé entre eux le matin même, il était impossible qu’il veuille la quitter. Alors, qu’était venu lui dire Mark ? Elle avait envie de le savoir mais la mine revêche de Cristina derrière la vitre l’incitait à e pas s’attarder outre mesure. Le truc que tu as à me dire, c’est urgent ? demanda-t-elle à Mark. Parce que je suis arrivée en retard ce matin et c’est pas vraiment le moment de prendre une pause, si tu vois ce que je veux dire. Elle jeta un petit regard en coin vers la boutique.

    Mark ne fut pas aussi discret qu’elle. Il se retourna franchement et croisa le regard hostile de Cristina. Il haussa les épaules. J’ai l’impression qu’avec elle, ce ne sera jamais le moment, dit-il à Meredith. Mais c’est pas les travaux forcés, ici, n’est-ce pas ? Alors, va me chercher mon whisky et reviens poser tes fesses ici. Meredith hésita à faire ce qu’il lui demandait. C’est elle qui te fait peur ? lança-t-il en pointant son pouce vers la vitrine. 

    Non ! Pas du tout, protesta Meredith dans un sursaut de fierté. Il était hors de question qu’elle avoue à Mark qu’effectivement, elle craignait un peu la réaction de sa camarade. Je reviens. Elle rentra dans la boutique et servit un verre de whisky et un autre de coca zéro. Je fais une petite pause, chuchota-t-elle en passant devant Cristina.

    Ben voyons ! s’écria cette dernière. Où y a de la gêne, y a pas de plaisir, hein !

    Meredith ne réagit pas et rejoignit Mark. Voilà, commença ce dernier. Il but une gorgée de whisky. Je vais sans doute me mêler de ce qui ne me regarde pas mais c’est mon devoir en tant que médecin.

    A cet instant, la jeune fille comprit pour quelle raison il était là. La contrariété se lut sur son visage. Je vois, Derek t’a parlé de ce matin, ronchonna-t-elle.

    De la partie benzodiazépine, oui, précisa Mark pour couper court à toute équivoque. Meredith se renfrogna un peu plus. Ecoute, ça l’a inquiété, ce truc, justifia Mark. Je suis son meilleur ami, c’était normal qu’il m’en parle.

    Et je peux savoir ce qu’il t’a dit exactement ? l’interrogea Meredith, légèrement agressive.

    Qu’il t’avait trouvée dans un état pitoyable, expliqua Mark. Et que vraisemblablement, tu faisais une mauvaise réaction aux benzodiazépines, lesquels avaient été prescrits à ton voisin de chambre. C’est débile, ça, petite fille !

    Meredith déposa brusquement son verre sur la table en jetant un regard assassin au chirurgien. Ne m’appelle pas comme ça, je ne suis plus une gamine ! s’écria-t-elle.

    Elle voulut se lever mais Mark la retint par la manche de son tee-shirt. Comment veux-tu que je te traite ? répliqua-t-il. Je te rappelle que tu as déjà pris ces saloperies et que ça ne t’a pas réussi. En plus, tu avais juré de ne plus en reprendre, tu te souviens ?

    Mais ce n’est pas la même chose, se défendit Meredith. La première fois, j’en ai pris pendant plusieurs jours et j’étais dans un sale état. Hier, je n’en ai pris qu’un et je n’ai pas pensé que ça pourrait avoir cet effet-là. Mais maintenant, j’ai compris et je n’en prendrai plus.

    Mark fit une moue dubitative. Tu l’as déjà dit, ça. Qui me garantit que cette fois tu tiendras parole ?

    La jeune fille le regarda droit dans les yeux. Moi ! Moi, je te le garantis. J’espère que ça te suffit.

    Mark acquiesça d’un signe de tête. Ça me suffit. Mais je veux être sûr que tu es vraiment consciente que ces médicaments, ce n’est pas comme une aspirine, ne put-il s’empêcher d’ajouter. Si tu en abuses, tu risques l’overdose. Et le coma ! Je suppose que ça ne te tente pas de finir comme un légume à vingt ans ?

    Meredith leva les yeux au ciel. Evidemment que non ! Je n’en prendrai plus jamais, je te le jure.


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