• Derek trouva Meredith en pleurs, assise dans son lit. Il fut bouleversé quand il la vit qui lui tendait les bras. Il s’y précipita et la serra fort contre lui. C’est fini. C’est fini. Calme-toi. Je suis là maintenant.

    Elle s’agrippa à lui de toutes ses forces. Je… J’ai cru… que j’étais… avec lui, balbutia-t-elle entre deux sanglots. J’étais à Seattle et il était là. Il était…

    Chut… Il n’y a personne d’autre ici que toi et moi. Derek se mit à la bercer tendrement. Il ne peut rien t’arriver.

    A chaque fois que je ferme les yeux, il est là, geignit Meredith. Il revient pour me frapper et pour…

    Derek posa sa main sur la bouche de la jeune femme. N’y pense plus.

    J’essaie. Je te jure que… j’essaie mais… je ne peux pas, lui dit-elle entre deux sanglots. J’essaie de le chasser… mais il revient tout le temps… Elle s’écarta de Derek et le regarda avec des yeux noyés de larmes. Je sens… son haleine… son…

    Tais-toi, gronda-t-il. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas l’écouter parler de son cauchemar, parce que ça le renvoyait immanquablement à l’erreur qu’il avait commise en la laissant seule avec ce pervers.

    Meredith posa la tête contre le torse de son ami. Je ne t’ai pas dit mais ce jour-là… il avait frappé tellement fort et j’avais tellement mal… J’ai prié pour qu’il en finisse au plus vite, ajouta-t-elle dans un souffle. J’ai fermé les yeux et… j’ai pensé très fort à toi. Elle referma ses bras pour enlacer Derek par la taille. A toi qui me faisais l’amour… et j’ai prié pour que mes souvenirs soient plus forts que les horreurs qu’il allait me faire.

    L’émotion submergea Derek. Si tu savais comme je m’en veux !, murmura-t-il, ravagé autant par la détresse de Meredith que par l’évidence de se propre culpabilité.

    Elle releva la tête vers lui. Pourquoi ? Ce n’est pas de ta faute. Tu ne pouvais pas savoir… Et puis, tu es arrivé à temps pour l’empêcher de me violer. C’est ça qui est important.

    J’en suis heureux parce que - la voix de Derek se cassa – parce que je déteste l’idée que les souvenirs que tu as de nous auraient pu être souillés par ce sale type.

    Tu crois qu’un jour je parviendrai à oublier tout ça ? lui demanda Meredith d’une voix atone, comme si elle n’avait aucun espoir. Que je deviendrai une personne normale ?

    Hé ! Arrête de dire ça, la gourmanda tendrement Derek. Tu es déjà une personne normale. C’est lui le malade, pas toi.

    Tu sais bien ce que je veux dire, répliqua Meredith. Déjà avant ça… mon incapacité à aimer.

    Derek passa la main dans les cheveux blonds de son amie Tu sais aimer. Tu as seulement quelques difficultés à l’exprimer.

    C’est ce qui nous a détruits, lui fait-elle remarquer avec tristesse.

    Ne pense pas à ça maintenant, lui recommanda Derek sur un ton paternaliste. Ne pense qu’à toi, à te reconstruire. L’important, pour le moment, c’est toi, rien que toi.

    Meredith le regarda avec un air un peu intrigué. Pourquoi es-tu si gentil avec moi ?

    Il hocha la tête de droite à gauche. Je ne suis pas gentil. Je t’ai menti et je t’ai trompée et j’ai trahi ta confiance. Crois-moi, je ne suis pas gentil.

    Meredith sourit faiblement dans la pénombre. Qu’est-ce que tu me fais, là ? C’est ta minute remords et auto flagellation ?

    Parce qu’il la sentait plus détendue, Derek se permit de plaisanter. Il y a des chances pour que ça marche ?

    Aucune.

    Okay. Alors j’arrête. Il déposa un baiser sur le front de Meredith. Il faut que tu te reposes maintenant.

    Il fit mine de se relever mais elle le retint par la main. Tu peux rester un peu, le temps que je me rendorme ?

    Toute la nuit, si tu veux. Il attendit qu’elle se rallonge pour la border, comme il l’aurait fait avec un enfant. Il se penchait pour embrasser à nouveau son front lorsqu’elle releva brusquement la tête. Leurs bouches se rencontrèrent par hasard. Il s’écarta aussitôt de peur de la choquer. Excuse-moi. Je ne voulais pas… Sans un mot, elle le prit par le cou pour le ramener vers elle. Elle avança ses lèvres vers les siennes dans un baiser tout léger. Il y répondit timidement. Elle recommença, de façon plus appuyée cette fois. Il se laissa faire. Quand il sentit sa langue qui chatouillait le pourtour de sa bouche, il ne résista plus et lui rendit son baiser avec passion. Mais, pour une fois, la raison fut la plus forte et une sonnette d’alarme retentit dans sa tête, lui rappelant que le moment était mal choisi. Avec douceur, il prit le visage de Meredith entre ses mains pour l’éloigner du sien. Maintenant, il faut que tu dormes. On parlera de tout ça demain. Repose-toi. Je reste là. Il alla prendre une couverture dans l’armoire et s’installa dans le fauteuil pour y passer la nuit.


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  • Quand Meredith rentra dans la boutique, elle eut l’impression de se retrouver devant un tribunal. Cristina et George l’attendaient au milieu de la pièce, le regard sévère et les bras croisés. Pour un peu, on aurait pu croire qu’ils s’étaient mis d’accord sur l’attitude à adopter. Quant à Izzie, elle se tenait à l’écart mais sa mine était résolument désapprobatrice. Dans un premier temps, Meredith se résigna à subir les reproches que ses camarades ne manqueraient pas de lui faire sur la quasi-omniprésence des deux chirurgiens et leur ingérence dans ce qui se passait à la boutique. Mais soudain, elle pensa à ce que Derek ne cessait de lui dire, qu’elle n’avait pas de comptes à rendre à ses amis et qu’elle devait arrêter de se laisser traiter en employée alors qu’elle était leur égale. Elle décida donc d’attaquer la première. Inutile de vous en prendre à moi ! lança-t-elle en défiant ses camarades du regard. Je ne suis pas responsable des faits et gestes de Mark !

    Non, mais c’est à cause de toi que lui et son copain débarquent sans arrêt ici, riposta Cristina. Et c’est encore à cause de toi qu’il s’en est pris à George.

    Sans raison ! clama ce dernier. Il ne savait pas pourquoi mais il était évident que Mark Sloan n’avait pas rapporté à Meredith ce qu’il avait vu et il comptait bien le tourner à son avantage. Il m’a agressé gratuitement, insista-t-il.

    Et même s’il avait quelque chose à te reprocher, il n’avait pas à te frapper, jugea Izzie. La violence ne résout rien.

    Meredith prit la défense de Mark. Il a simplement mal interprété ce qui se passait et il a réagi, de façon disproportionnée, je le reconnais, mais il l’a fait pour prendre ma défense.

    Prendre ta défense ? répéta George en fronçant les sourcils. Mais pourquoi ? Il se tourna vers les deux autres filles pour les prendre à témoin. Je ne faisais rien, on discutait de la pièce qui avait roulé en-dessous du comptoir.

    Meredith soupira. Je pense qu’il a cru que tu me faisais faire ton boulot à ta place.

    Mais c’est toi qui as proposé de chercher la pièce, couina George en prenant un air outré. En réalité, il était ravi. La version des faits que venait de donner Meredith confirmait qu’elle ignorait totalement ce qui s’était réellement passé. Il pouvait donc continuer à jouer la victime, rôle dans lequel il se trouvait excellent.

    De toute façon, je ne vois pas en quoi la façon dont on s’organise le concerne, intervint Cristina sur un ton énervé. Ça devient ingérable, ce truc ! Non seulement, il faut faire avec le petit ami qui débarque ici à tout bout de champ pour te peloter dans les coins, mais maintenant, en plus, il y a le meilleur ami du petit ami qui se prend pour ton garde du corps. Ras-le-bol !

    Eh bien, moi aussi, ras-le bol ! s’écria Meredith. Ras-le bol que tu me fasses la leçon pour tout et pour rien ! Et encore plus ras-le-bol que tu te comportes comme si tu étais la patronne de cette boutique ! Elle en était la première étonnée, mais elle se sentait animée par une nouvelle énergie qui lui donnait l’impression de pouvoir déplacer des montagnes. Elle se mit à singer Cristina. Meredith, va chercher les muffins. Va laver la vaisselle. Va servir en terrasse. Arrête de téléphoner. Remets-toi au travail. Tu prends trop de pauses. Elle reprit sa voix normale. Oui, je prends des pauses, et alors ? Après, je mets les bouchées doubles pour rattraper mon retard et à la fin de la journée, j’ai travaillé autant que vous. Cristina ricana. Oui, autant que vous, répéta Meredith. Alors tu peux dire ce que tu veux, mais je ne dirai pas à Derek d’arrêter de venir, et je continuerai à prendre des pauses quand j’en aurai envie, et si ça ne te convient pas, eh bien, tu veux que je dise ? Je m’en fous ! 

    Ah tu t’en fous ? rétorqua Cristina que les remarques de son amie avaient ulcérée. Laisse-moi te dire une chose, Meredith. Tu es venue ici pour réaliser tes rêves mais depuis que tu as rencontré Derek, il n’y a plus que ça qui compte. Il arrive, il claque des doigts et tu laisses tout tomber, et là, je ne parle pas que du travail. Depuis que tu sors avec ce mec, tu n’as plus rien fait avec nous. Bien qu’elle soit consciente que les reproches de Cristina n’étaient pas totalement injustifiés, Meredith haussa les épaules. Je suis contente que ça se passe bien avec lui et je te souhaite que ça dure, poursuivit Cristina. Mais si ce n’est pas le cas, tu n’auras plus que nous, Meredith, ne l’oublie pas. Et indépendamment de ça, il y a le boulot. Et là, ça coince, ça coince vraiment. Quand on est débordé à midi et que toi, tu t’arrêtes de travailler pour répondre au téléphone parce que Monsieur Derek a un trou dans son emploi du temps et qu’il s’ennuie, ce n’est pas professionnel. Imagine si on faisait tous comme toi. Les clients n’auraient plus qu’à se servir eux-mêmes.   

    Une extrême lassitude saisit Meredith aussi soudainement que la hargne l’avait fait. L’envie de se défendre, de se battre pour ce qu’elle voulait la quitta instantanément. Très bien, je ferai comme vous voudrez, promit-elle d’une voix faible.

    Elle avait l’air si misérable qu’Izzie eut pitié d’elle. Elle fit un pas en sa direction. Mer, on ne te demande pas de rompre avec Derek. On veut simplement que tu arrives à un juste équilibre entre ta vie personnelle et ton travail.

    Voilà, approuva Cristina. La journée, c’est le travail. Après, que tu voies Derek, c’est normal. 

    Meredith haussa les épaules et sortit de la boutique après avoir pris une lavette au passage. Pendant qu’elle nettoyait les tables, les paroles de ses camarades tournaient en boucle dans sa tête. Elle avait l’impression qu’ils ne retenaient que les quelques erreurs qu’elle avait commises, pour autant qu’on puisse parler d’erreurs. Un immense sentiment d’injustice l’envahit et des larmes lui montèrent aux yeux. Quand Izzie la vit essuyer ses yeux sur la manche de tee-shirt, elle se rapprocha de Cristina qui comptait l’argent dans la caisse. On y a peut-être été un peu fort, lui dit-elle en lui faisant signe de regarder Meredith. Si Derek débarque maintenant, on est mort

    Cristina prit un air buté. Je ne vois pas pourquoi. C’est elle qui se met dans des états pas possibles pour rien. Nous, on n’a rien dit de mal. Juste la vérité. Si ça lui plait pas, tant pis ! Mais moi, je ne vais pas continuer à me tuer au travail pendant que mademoiselle se paie du bon temps. Et si ça ne plait pas à son mec, il n’a qu’à l’engager dans sa clinique !


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  • Derek se réveilla tout courbaturé dans le fauteuil et réalisa qu’il était seul dans la chambre. Selon le réveil, il n’était que 7 heures du matin. Il fit un rapide détour par la salle de bains, où il eut un léger mouvement de recul quand il aperçut son reflet dans le miroir. Sa mère avait raison, il avait une tête à faire peur, avec ses traits tirés et sa barbe de cinq jours. Pourtant, il ne prit que le temps de s’asperger la figure d’eau fraîche et de se laver les dents avant de rejoindre le rez-de-chaussée. Il trouva Meredith attablée dans la cuisine, la tête appuyée sur son bras replié, et tournant inlassablement une cuillère dans un bol de céréales qui ne semblait guère l’inspirer. Il vint se mettre derrière elle et se pencha pour l’embrasser doucement dans le cou, tout en faisant glisser une main le long de son bras.

    Elle tressaillit. Arrête ça tout de suite, lui dit-elle d’un ton revêche.

    Derek se redressa et alla prendre la bouteille de lait dans le frigo. Mal dormi ? demanda-t-il, pas du tout découragé par l’apparente mauvaise humeur de la jeune femme.

    Je n’ai pas besoin de ça pour le moment, c’est tout, répondit-elle toujours aussi sèchement.

    Que veux-tu dire ? Il se servit une généreuse ration de corn flakes.

    Tout ce cinéma que tu fais, ces baisers, ces caresses… Pfft… C’est déplacé, lâcha Meredith avec mépris.

    Interloqué, Derek cessa de s’occuper de son petit-déjeuner et se tourna vers elle. Pardon ? Déplacé ? Tu ne disais pas ça hier soir.

    Quoi hier soir ? aboya Meredith.

    Hier soir, on s’est embrassé, dit Derek en s’efforçant de rester calme.

    Le visage de la jeune femme se ferma complètement, ne laissant plus apparaitre aucune émotion. Je ne veux pas en parler.

    C’en fut trop pour Derek. Vraiment ? s’exclama-t-il. Eh bien moi, je veux en parler. C’est trop facile, ça !

    C’était juste un baiser. Ça ne veut rien dire, affirma Meredith en repoussant son bol.

    Derek sentit la moutarde lui monter au nez devant tant de mauvaise foi. Pourtant, j’ai eu l’impression que ça aurait pu aller plus loin, si j’avais voulu.

    Meredith le regarda avec froideur. Tu devrais peut-être arrêter de prendre tes rêves pour de la réalité. De toute façon, même si on avait baisé, ça ne signifierait pas qu’on soit ensemble. Tu es bien placé pour savoir qu’il faut parfois assouvir certains besoins, ajouta-t-elle dans l’intention de lui faire du mal, sans toutefois comprendre pourquoi elle en éprouvait le besoin.

    Derek blêmit. C’est vraiment nécessaire de chercher à me blesser ? Pourquoi est-ce qu’avec toi j’ai l’impression de n’être qu’un sexe géant ?

    Meredith ricana. Géant ? N’exagérons rien.

    Epargne-moi ton humour de bas étage, tu sais très bien ce que je veux dire, lui dit Derek avec une colère difficilement contenue. Tu es incapable de placer notre relation à un autre niveau que le sexe et ça commence à me fatiguer sérieusement.

    Notre relation accédait à un autre niveau quand tu t’es tapé Rose, riposta Meredith.

    Ce fut au tour de Derek de ricaner. Ah celle-là, elle est trop drôle ! Meredith lui lança un regard de défi qui le mit en rage. Si je me suis tapé Rose, comme tu dis, c’est justement parce que notre relation stagnait… par ta faute ! hurla-t-il soudain. Et je ne me suis pas tapé Rose ! Ses yeux lancèrent des éclairs. Combien de fois faudra-t-il te le dire ? Je n’ai pas couché avec elle, je ne l’ai pas touchée. Juste un baiser, merde ! Je vais encore le payer longtemps, celui-là ? Il saisit la tasse qu’il avait sortie de l’armoire et la jeta de toutes ses forces sur le mur. La porcelaine se fracassa contre le carrelage. Instinctivement, Meredith se tassa sur elle-même, les bras resserrés autour de sa tête, comme pour protéger celle-ci. Décomposé, les poings serrés, Derek la regarda sans être capable d’avoir un geste d’apaisement envers elle. Je vais prendre l’air. Ça vaut mieux. Il sortit de la maison, ne pouvant s’empêcher de faire claquer la porte. Il trouva sa sœur Kathleen sur le perron.

    Celle-ci l’accueillit par un regard sévère. Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Je viens prendre de vos nouvelles et je t’entends crier depuis la rue. C’est sur Meredith que tu hurlais comme ça ? Tu es devenu fou ?

    Derek fit un geste vers la porte d’entrée. Elle est dans la cuisine. Va t’en occuper. Moi, je ne peux pas.

    Kathleen pénétra dans la maison. Derek s’assit sur un petit muret en contrebas et commença à regarder autour de lui pour essayer de se calmer. Mais ni le ballet des voitures emmenant les voisins à leur travail ni le spectacle d’un chat pourchassant un oiseau ne parvint à lui faire oublier la scène qu’il venait de vivre. Une bonne demi-heure s’était passée quand sa sœur le rejoignit Comment va-t-elle ? demanda-t-il, tout penaud.

    Je lui ai donné un calmant, elle se repose. Kathleen s’assit à ses côtés. Tu ferais bien d’en faire autant. Il haussa les épaules. Qu’est-ce qui t’a pris de lui faire une scène ? le gronda-t-elle. Ce n’est pas le genre de choses qu’elle peut supporter pour le moment.

    On s’est embrassé hier soir, lui révéla-t-il, comme si cela pouvait tout expliquer et tout justifier.

    Et alors ? Kathleen prit un ton un peu moqueur. Tu as cru que tout était reparti entre vous, comme avant ? Derek acquiesça d’un signe de tête. C’était une erreur ! affirma-t-elle. Tu n’aurais jamais dû faire ça.

    Oh c’est bon ! grommela Derek. Elle en avait autant envie que moi, je ne l’ai pas forcée.

    Je le sais bien, Derek, dit Kathleen d’un ton plus doux. Mais vos motivations ne sont pas les mêmes. Il l’interrogea du regard. Toi, tu veux la récupérer, lui expliqua-t-elle. Elle, elle vient de vivre une expérience très traumatisante. Elle a besoin de se rassurer. Je doute qu’elle sache vraiment ce dont elle a envie. Et la pression que tu lui mets n’arrange rien, bien au contraire. Laisse-la un peu respirer.

    Donc, tu trouves que je suis nocif pour elle ? lui demanda-t-il avec un air abattu.

    Kathleen sourit devant tant d’exagération. Je n’ai jamais dit ça. Si tu sais rester à ta place, si tu peux te contenter du statut d’ami, tu peux lui faire beaucoup de bien. Elle a confiance en toi, sinon elle ne serait pas ici, précisa-t-elle pour lui remonter le moral. Mais n’espère pas d’elle quelque chose qu’elle est incapable de te donner, pour le moment du moins. Sinon, vous continuerez à souffrir, autant l’un que l’autre, et vous vous détruirez. Derek lui lança un regard désespéré. Sois patient, mon frère. Ça va s’arranger. En le voyant baisser la tête, elle lui donna un léger coup de coude. A part ça, j’étais venue pour vous dire qu’on vous attend ce soir à la maison. Tout le monde est impatient de faire la connaissance de Meredith.

    Derek la regarda avec un air dubitatif. C’est quoi, ce truc ? Tu veux présenter Meredith à toute la famille ? Kathleen hocha la tête de bas en haut, en souriant. Je ne crois pas qu’elle soit prête pour ça, objecta Derek. Vous affronter tous en même temps…

    Nous affronter ? Kathleen feignit d’être offusquée. Tu ne manque pas d’air, toi ! Qui est-ce qui gueulait comme un possédé quand je suis arrivée ? Derek la fusilla du regard, ce qui ne l’impressionna nullement. De toute façon, tu n’as rien à dire. J’en ai parlé à Meredith, elle est d’accord.

    Elle a accepté ? s’étonna-t-il.

    Kathleen posa la main sur le bras de son frère. Tu sais, Derek, cette fille a vraiment envie d’évoluer. Ce n’est pas évident pour elle mais elle se bat. Il n’y a vraiment que toi qui ne le vois pas !


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  • Mark avait à peine quitté la boutique qu’il appelait Derek. Alors, cette partie de golf ?

    Impeccable jusqu’à maintenant, plaisanta Derek. Tu ne peux même pas te passer de moi pendant un après-midi ? Il fit signe à son caddie de lui apporter un autre club.

    Te fais pas d’illusions, mec, répliqua Mark. Je t’appelle à cause de Meredith.

    Derek oublia instantanément la partie qu’il était en train de disputer. Quoi ? Il y a un problème ? demanda-t-il avec une certaine nervosité. Il hocha la tête pour faire comprendre à son caddie qu’il ne voulait plus le club.

    Pas de panique ! clama Mark. J’ai maîtrisé la situation.

    Quelle situation ? s’enquit Derek, qui était maintenant franchement inquiet. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il y a eu un problème à la boutique ? C’est Meredith qui t’a appelé ?

    Non. J’ai décidé de passer là-bas et j’ai eu mille fois raison, s’enorgueillit Mark. Déjà parce que ça m’a permis de mettre Meredith en garde contre les benzo.

    Mark, nom de Dieu ! jura Derek que cette annonce contrariait énormément. Je t’avais dit de ne pas t’en mêler.

    Mark leva les yeux au ciel. Mais ne t’en fais donc pas ! Elle l’a très bien pris et elle m’a promis de faire attention. Mais ce n’est pas le sujet. Il y a plus grave.

    Derek se raidit. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a de plus grave ?

    Son copain, George le pervers, révéla Mark comme s’il délivrait le scoop de l’année.

    Derek l’interrogea sur un ton impatient. Qu’est-ce qu’il a fait ? Pourquoi tu dis que c’est grave ? Il a encore agressé Meredith ?

    Mark leva les yeux au ciel. Si tu me laissais parler, tu serais déjà au courant ! Il attendit quelques secondes avant de poursuivre. Figure-toi que ce salopard a mis la main à sa queue, en matant ta copine.

    Derek serra si fort le club qu’il tenait encore en main qu’il en eut mal. Comment tu le sais ?

    Est-ce que tu m’écoutes quand je parle ? se lamenta Mark. Je te dis que j’étais à la boutique, donc je l’ai vu.

    Tu l’as vu ? s’étonna Derek. Il a fait ça en pleine boutique ? Devant toi ? Devant les clients ?

    Ils étaient derrière le comptoir. D’où j’étais, je pouvais le voir, lui, pas les autres, expliqua Mark. Meredith s’est baissée pour ramasser un truc. Et lui était derrière à la regarder. Et il s’est tripoté.

    Nom de Dieu ! tonna Derek, blanc comme un linge. Je vais y aller. Il tendit son club au caddie.

    Non, non, pas la peine, assura Mark. J’ai déjà réglé le problème.

    Comment ? aboya Derek. Sa hargne n’était pas dirigée contre son ami, mais contre George qui, une fois de plus, n’avait pas tenu compte de ses avertissements.

    Mark releva fièrement la tête. De la seule manière efficace que je connaisse, avec mon poing dans la figure. Ça m’a fait un bien fou, tu ne peux pas savoir.

    Et Meredith ? Comment a-t-elle réagi ? se renseigna Derek.

    Ben, assez bien. Mark émit un petit rire amusé. Elle m’a pris pour un fou furieux, je crois. Elle n’a pas vu ce que son copain faisait. Et moi, je ne le lui ai pas dit. Je ne me voyais pas lui annoncer que l’autre se masturbait en regardant ses fesses. Si tu veux le faire, libre à toi, mais à mon avis, c’est inutile.

    Je ne sais pas, je verrai. Je vais commencer par lui téléphoner. Derek ne laissa même pas le temps à Mark d’ajouter quelque chose et mit fin à la conversation pour composer le numéro de Meredith.

    Cette dernière finissait de vider le lave-vaisselle lorsque la sonnerie de son téléphone retentit. Ignorant Cristina qui soufflait bruyamment et George qui lui décochait un regard assassin, elle décrocha. Allo, dit-elle avec un entrain qu’elle était loin de ressentir.  

    Son ton enjoué rassura Derek qui se détendit un peu. Bébé, c’est moi. Tu vas bien ?

    Très bien, répondit Meredith en quittant l’arrière-boutique. Et toi, comment se passe ta partie de golf ?

    Malgré son inquiétude, Derek ne put s’empêcher de sourire. Comment tu sais que je suis au golf ?

    De la même manière dont tu as appris qu’il y avait eu un problème ici, répondit Meredith du tac au tac. C’est bien pour ça que tu m’appelles, non ? Elle sortit à l’extérieur de la boutique.


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  • Anéantie par l’émotion et assommée par le calmant de Kathleen, Meredith dormit toute la matinée. Lorsqu’elle se réveilla, elle décida de rester dans sa chambre, pour ne pas devoir encore affronter la colère de Derek ou tout du moins, se voir poser une série de questions auxquelles elle n’avait pas de réponse. Elle s’occupa en feuilletant quelques bandes dessinées qu’elle trouva sur une étagère. A plusieurs reprises, elle entendit Derek qui passait et repassait dans le couloir et elle devina qu’il collait son oreille contre la porte pour guetter les bruits qu’elle pouvait faire. Mais, bien qu’elle sache qu’il s’inquiétait pour elle, elle choisit de rester silencieuse. Vers 15h, elle ouvrit doucement sa porte et après, s’être assurée que Derek n’était pas dans les parages, courut sur la pointe des pieds jusqu’à la salle de bains. Elle se livra au même manège pour revenir dans sa chambre, dont elle ne sortit que peu de temps avant l’heure du diner chez Kathleen. C’est avec la boule au ventre qu’elle rejoignit Derek dans le salon.

    Ils se regardèrent, mal à l’aise, ne sachant trop que dire. C’est Derek le premier qui rompit le silence. Je suis désolé pour ce matin. Je n’aurais pas dû crier comme je l’ai fait.

    Meredith fut rassurée de le trouver dans de meilleures dispositions. Non, c’est moi, reconnut-elle. J’ai dit des choses que je… je n’aurais pas dû. Alors, disons qu’on est quitte. Elle fut un peu désappointée de le voir marquer son accord par un simple signe de tête. Ça va, ma tenue, pour aller chez ta sœur ? lui demanda-t-elle dans un effort désespéré de nouer le dialogue. Je ne savais pas trop comment m’habiller, alors…

    Derek lui jeta un regard furtif, à peine le temps de noter qu’elle portait un simple jean et un débardeur de couleur parme. Oh tu sais, ce n’est qu’un diner en famille. Pas la peine de se mettre sur son trente-et-un.

    L’indifférence qu’i lui manifestait fit mal à Meredith. Très bien. On y va ? proposa-t-elle d’une voix étranglée.

    Derek se méprit sur la cause de son émotion. Meredith, tu es sûre de vouloir faire ça ? s’enquit-il avec une sincère sollicitude qui rasséréna un peu la jeune femme. Rien ne t’y oblige. Si tu veux, je peux décommander…

    Elle secoua la tête. Non, j’ai promis à ta sœur de venir, alors je dois y aller. De toute façon, si je veux m’en sortir, il faut que j’affronte l’extérieur.

    Dix minutes plus tard, à peine, ils étaient chez Kathleen. Ils avaient à peine mis le pied dans la maison que Derek fut assailli par sa famille. Embrassé par ses sœurs tout en échangeant des poignées de mains viriles avec ses beaux-frères, il souleva dans ses bras les enfants qui lui sautaient au cou. Meredith eut l’impression d’être au milieu d’une foule en délire acclamant son idole. Elle sentit l’angoisse monter imperceptiblement en elle. Elle n’était pourtant pas au bout de ses peines car, quand ils en eurent fini avec leur héros, ils se tournèrent vers elle. Comme dans un brouillard, elle commença à serrer des mains, sans savoir à qui elles appartenaient, bien qu’elle entendît vaguement Derek faire les présentations. Nancy, que tu connais déjà… Lizzie, ma troisième sœur. Il y a encore Amy mais tu ne la verras pas, parce qu’elle a été retenue à New York… Dave, le mari de Nancy… Ethan, celui de Lizzie… et puis les enfants, Amanda… Emily… Logan… Chris… Il y avait tellement de bruit et tellement de visages autour d’elle que Meredith commença à paniquer. Elle tentait de se maitriser quand, soudain, un garçonnet surgit de nulle part et la bouscula en poussant un cri de guerre. Elle y répondit par un cri de frayeur et se jeta dans les bras d’un Derek furieux qui fit signe à ses sœurs d’emmener leur progéniture. Il attendit d’être seul avec son amie pour lui faire lever la tête. Meredith… Regarde-moi… Mer… Elle ouvrit les yeux à contrecœur. C’était juste un de mes neveux. Tu ne risques rien ici. Ma famille est exubérante mais personne ne te veut du mal. Il vit dans ses yeux qu’elle en doutait. Tu préfères qu’on s’en aille ? Si tu n’es pas prête, ce n’est pas grave. Personne ne t’en voudra, tu sais.

    Meredith referma les yeux quelques secondes puis les rouvrit à nouveau et hocha la tête. Non, ça va aller, murmura-t-elle. Je vais y arriver, il le faut. Elle le regarda avec un air désespéré. Qu’est-ce qu’ils vont penser de moi, maintenant ?

    Derek ne put s’empêcher de penser que le fait qu’elle se préoccupe de l’opinion de sa famille à son égard prouvait sans doute que, tout au fond d’elle, inconsciemment peut-être, elle envisageait la possibilité d’en faire un jour partie. Il la serra un peu plus fort dans ses bras et lui sourit. Ne t’en fais pas pour ça. On en a vu d’autres avec ma sœur Amy. Un jour, je te raconterai.

    Kathleen revint dans la pièce. Tout va bien ?

    Meredith se dégagea de l’étreinte de Derek pour se tourner vers elle. Je suis désolée. Je ne voulais pas vous froisser. Vous êtes tous si gentils de m’accueillir si chaleureusement. C’est juste que… je n’ai pas l’habitude.

    Kathleen allait lui répondre lorsqu’une vieille dame aux cheveux blancs apparut derrière elle. Même si elle n’avait pas su qu’il s’agissait de la mère de Derek, Meredith l’aurait deviné, tant mère et fils se ressemblaient. Ne vous en faites pas pour nous, Mademoiselle, déclara Carolyn. Nous ne nous vexons pas pour si peu.

    D’une main dans le dos, Derek guida Meredith jusqu’à la vieille dame. Maman, je te présente Meredith… Meredith, voilà ma mère.


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