• A peine Meredith avait-elle refermé la porte de l’arrière-boutique derrière elle qu’elle éclatait en sanglots. Pour quelle raison Derek se conduisait-il ainsi avec elle ? Qu’avait-elle fait ou dit qui amène le chirurgien à l’ignorer totalement, à ne même plus supporter de la regarder ? Elle ne croyait pas vraiment aux affirmations de George, selon lesquelles Derek avait totalement changé d’attitude parce qu’il avait obtenu ce qu’il voulait d’elle. Quand elle pensait aux cadeaux qu’il lui avait faits, aux beaux établissements dans lesquels il l’avait emmenée, à tout le temps qu’il lui avait consacré, elle ne pouvait pas croire qu’il ne s’agissait que d’une technique de séduction. Elle était certaine qu’il y avait eu autre chose entre eux, de vrais sentiments naissants. Mais seulement voilà, elle avait tout gâché. Elle avait déçu Derek, elle en était persuadée. Mais pourquoi ne le lui disait-il pas franchement ? Etait-ce donc si terrible ? Sans solution ? A l’idée qu’elle était un cas désespéré, la jeune fille sanglota de plus belle. 

    La porte s’ouvrit, livrant le passage à Izzie et son cousin. En voyant son amie pleurer à chaudes larmes, Izzie se précipita sur elle pour la prendre dans ses bras. Oh Mer, regarde dans quel état tu te mets. Il n’en vaut pas la peine, je t’assure.  

    Mais si, il en vaut la peine, chouina Meredith. Il a dû se passer quelque chose, j’en suis sûre.

    Il s’est passé que c’est un sale con, s’emporta George. Ce mec ne te mérite pas.

    George a raison, approuva Izzie. Il faut que tu l’oublies.

    Mais je l’aime, geignit Meredith.

    Izzie opina de la tête avec un air compatissant. Je sais. Mais si ça n’est pas réciproque, tu ne peux rien faire.

    Tu t’es fait avoir, ma pauvre fille, ajouta George sur un ton méprisant. Pourtant c’est pas faute d’avoir été mise en garde. Combien de fois je t’ai dit de te méfier ?

    Izzie lui lança un regard sévèrement désapprobateur pour le faire taire. On a toutes fait des erreurs. Il faut s’en servir pour en tirer des leçons et faire en sorte que ça m’arrive plus.

    Meredith tourna un visage baigné de larmes vers son amie. Il sait que je travaille ici. Pourquoi il vient déjeuner chez nous s’il ne veut plus me voir ?

    Tu crois qu’il est venu pour toi ? demanda Izzie, perplexe.

    Meredith secoua la tête. Nos regards se sont croisés et… Un flot de larmes jaillit à nouveau de ses yeux. Il ne veut même plus me regarder, Izzie. Qu’est-ce que je lui ai fait ?

    Oh mais rien du tout, voyons, certifia Izzie. C’est juste lui qui est un salaud, ça n’a rien à voir avec toi. Elle prit quelques feuilles de papier essuie-tout et les donna à son amie afin qu’elle puisse sécher ses larmes.

    George aperçut le téléphone portable de Meredith sur une pile de torchons. Ah ça, il pouvait bien te faire des cadeaux, cet enfoiré ! Tu ferais mieux de lui rendre ces merdes. Au moins, la situation serait claire. Meredith n’eut aucune réaction.

    La porte s’ouvrit et Cristina entra dans la pièce avec un air triomphant. Voilà, je l’ai viré, il ne reviendra plus nous emmerder. A ces mots, Meredith recommença à pleurer. Cristina souffla en la regardant avec un air agacé avant de se tourner vers George. On n’a pas besoin d’être à trois pour la consoler. Va dans la salle au cas où un client aurait besoin de quelque chose. 

    Contrarié d’être le dindon de la farce encore une fois, George se dirigea vers la porte en trainant les pieds. Au moment où il allait sortir de la pièce, son regard tomba à nouveau sur le téléphone de Meredith. Il le prit subrepticement et quitta la pièce avec un petit sourire satisfait. Puisque Meredith n’avait pas le courage de prendre les décisions qui s’imposaient, il allait régler le problème lui-même. Il se précipita hors de la boutique.

    Mark avait suivi son ami mais il n’en démordait pas. Tu as tort de t’en aller, mec. C’est comme si tu admettais auprès de cette folle que tu étais en tort.

    Derek soupira. Je suis en tort, Mark. Elle est peut-être folle mais elle a raison sur toute la ligne. J’ai tout fait pour que Meredith tombe dans mes bras, alors que je savais depuis le début ce qui se passerait dès que j’aurais couché avec elle.

    Mark haussa les épaules. Tu te voyais lui dire, une fois qu’on aura couché ensemble, tu n’auras plus aucun intérêt pour moi ? Qui ferait ça ?

    J’aurais dû m’en tenir à ce que j’avais décidé et ne pas m’approcher d’elle, bougonna Derek. Ça aurait été beaucoup mieux pour tout le monde. Il s’en voulait vraiment de ne pas avoir été capable de faire preuve de plus de force de caractère. Non seulement il avait blessé Meredith mais en plus, il se retrouvait avec une envie d’elle toujours aussi forte, contrairement à ce que lui avait prédit Mark. Il fusilla ce dernier du regard. A cause de ses mauvais conseils, il avait cédé à la tentation et maintenant, il avait l’impression d’être piégé. 

    Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? s’inquiéta son compère.


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  • Derek était en train de bouillonner intérieurement. Merde, je suis devenu transparent ou quoi ? se demanda-t-il. Ce clown ne se gêne pas pour la draguer devant moi. Il enlaça Meredith par la taille et la ramena tout contre lui, avant de s’adresser à son rival. Cet endroit est plutôt dangereux, non ? J’ai l’impression que, compte tenu des courants, il serait plutôt conseillé à des profanes comme nous de se contenter d’admirer les spécialistes.

    Vous n’avez pas tort, admit Kaona à contrecœur. Hookipa n’est pas à mettre sous toutes les planches. Mais il y a des spots plus cool comme Sprecks ou Kanaha Beach. Je pourrais vous y amener un jour, si vous le désirez, proposa-t-il en plantant ses yeux dans ceux de Meredith.

    Celle-ci détourna aussitôt le regard. Un spot ? Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle en se tournant légèrement vers Derek, pour enlacer étroitement sa taille, les deux mains nouées sur sa hanche. Comprenant le message qu’elle voulait faire passer au blondinet, Derek passa un bras autour des épaules de son amie.

    C’est un endroit où on peut faire du surf, leur apprit le jeune Hawaiien, un peu déconfit. Vous savez, des vagues, du vent… Il se tourna vers la plage. Hookipa est un des plus beaux spots du monde. Et un peu plus loin, il y a Jaws.

    Je ne sais pas pour toi mais, moi, ce nom ne m’inspire pas du tout confiance, déclara Meredith en relevant la tête vers Derek. Il l’approuva d’un simple signe de tête.

    Kaona ricana. Vous ne croyez pas si bien dire. Il vaut mieux éviter d’aller dans l’eau, le soir, quand les requins commencent à chasser. Le risque est minime, bien sûr, mais il y a tout de même plus ou moins cinq attaques par an.

    Meredith regarda l’étendue d’eau avec effroi. Quelle horreur ! Si j’avais eu la moindre tentation de me lancer, vous venez de l’anéantir, dit-elle à Kaona. De toute façon, l’eau et moi n’avons plus de très bonnes relations depuis un certain temps.

    Derek regarda le jeune homme avec un sourire triomphant. Voilà ! La question est réglée. Je vous l’avais dit, je connais bien ma femme. Mais vous devriez nous montrer de quoi vous êtes capable. Nous, nous allons nous installer en haut de la falaise et vous regarder faire. Kaona comprit qu’il venait d’être congédié et n’insista plus. De toute façon, il était évident que la wahine était amoureuse du docteur et qu’il n’avait aucune chance de la séduire. Il leur fit un signe de la main et repartit vers les flots. Aloha, marmonna Derek. Et n’y reviens plus, blanc-bec !

    Ça me dépasse, dit Meredith, mi-figue, mi-raisin, en se détachant de lui. Comment un brillant et séduisant chirurgien comme toi peut-il se sentir menacé par un gamin comme lui ?

    Derek haussa légèrement les épaules. Je sais que c’est stupide, reconnut-il sans fausse honte. Si je suis raisonnable, si je veux bien réfléchir à la situation quelques minutes, je sais que c’est impossible que tu sois intéressée par ce genre de garçon, mais c’est plus fort que moi. Il regarda son amie avec un air contrit. Je suis jaloux. C’est moche, je sais, mais c’est comme ça. Je t’aime et j’ai peur de te perdre.

    Meredith planta ses yeux verts dans ceux de son compagnon. Tu ne me perdras pas, Derek. Si cela avait dû se produire, cela serait arrivé il y a longtemps. Mais maintenant… Elle secoua doucement la tête. Non, ce n’est plus possible.

    Derek prit le visage de son amie entre ses mains et la regarda au fond des yeux, avec tendresse. Je suis heureux de te l’entendre dire. Il l’embrassa passionnément.

    Après lui avoir rendu son baiser, Meredith l’écarta doucement. Ah et pour information, je ne suis pas ta femme !

    Derek souffla bruyamment. Pfft ! Tu ne vas pas encore pinailler pour de sombres histoires d’état-civil.

    Je ne pinaille pas, je…

    Tu joues sur les mots et cette fois, je ne te suivrai pas sur ce terrain. Il se pencha pour l’embrasser dans le cou. Ma femme, ma femme, ma femme, se mit-il à chantonner pour se moquer gentiment d’elle.

    Meredith rit doucement et ferma les yeux, comme pour mieux profiter de ce moment privilégié. Derek cessa de chanter et, sans se soucier de ceux qui pouvaient les voir, laissa ses lèvres remonter du cou jusqu’aux lèvres dont il s’empara avec avidité.

    Dr Shepherd ! En voilà une surprise, dit une voix dans son dos.

    Maintenant, c’est certain, je suis maudit, pensa Derek.


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  • George apostropha Derek, ne lui laissant pas le temps de répondre à son ami. Hé ! Vous avez oublié ça. Du seuil de la boutique, il lui lança le téléphone de Meredith. Derek l’attrapa dans un réflexe sans savoir ce que c’était. Meredith m’a chargé de vous le donner, prétendit George sur un ton doucereux. Elle n’en veut plus.

    Derek éprouva un immense désarroi en découvrant le téléphone rose qui était au creux de sa main. Fallait-il que Meredith lui en veuille pour lui rendre ce cadeau et couper ainsi le seul lien qui les unissait encore. Grâce à ce téléphone, elle pouvait le contacter, il pouvait également la joindre mais en le lui rendant, elle renonçait à cette possibilité et elle lui signifiait qu’elle ne voulait plus avoir aucun contact avec lui. Affront ultime, elle le lui faisait remettre par George qu’il exécrait. Je n’en veux pas, dit-il à ce dernier. Je le lui ai offert, il est à elle. Il est hors de question que je le reprenne.

    George avança vers lui. C’est comme vous voulez. Il reprit le téléphone que Derek lui tendait et le jeta dans la poubelle située sur le trottoir.

    Mais il est malade ! s’exclama Mark en se précipitant sur la poubelle. Il y plongea la main avec un air dégouté et en sortit le téléphone sur lequel s’était collé un emballage maculé de taches de graisse. Ça va, il n’est pas abimé, annonça-t-il. Seulement dégueulasse. Il prit une serviette en papier sur une table de la terrasse et essuya sommairement l’appareil. Mais quel con ! éructa-t-il en fusillant George du regard.

    C’est pas la peine de vous fatiguer ! répliqua celui-ci. Meredith n’en a plus besoin. Il se tourna à nouveau vers Derek. Et votre saleté de peluche va suivre le même chemin. Meredith ne veut plus rien avoir qui vienne de vous. Elle a compris sur qui elle pouvait vraiment compter. 

    Sur toi sans doute, supposa Derek.

    Oui, elle sait que je vais veiller sur elle maintenant, affirma George.

    Derek darda un regard métallique sur le jeune homme qui le défiait avec effronterie. Je ne crois pas, non.

    Gorge ricana. C’est vous qui allez m’en empêcher ?

    Oh oui, tu peux en être sûr, promit Derek. L’idée que ce blanc-bec allait profiter des circonstances pour se rapprocher de Meredith l’ulcérait.

    Et si ce n’est pas lui, ce sera moi, assura Mark, énervé par l’air bravache que prenait George.

    Ce dernier s’esclaffa. Vous croyez vraiment que Meredith va encore vous écouter après tous les bobards que vous lui avez sortis ? Tu parles ! Elle ne va plus jamais rien croire de ce que vous lui direz.

    Sauf si je lui parle de son lion de mer, riposta Derek. Tu sais, le premier que je lui ai offert. Celui qu’elle a perdu… et que j’ai retrouvé dans le fond de ta penderie.

    Un éclair de panique traversa le regard de George. Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, bougonna-t-il, soudain mal à l’aise.

    Moi non plus, clama Mark. C’est quoi cette histoire de lion de mer dans la penderie ?

    Derek eut un sourire mauvais. Figure-toi que ce taré, parce qu’il faut être taré pour faire ce qu’il a fait, a volé la peluche que j’avais offerte à Meredith et qu’il lui a fait subir un véritable supplice. Ce monsieur qui s’arroge le droit de nous faire la morale s’est amusé à éventrer un jouet et à le décapiter après lui avoir arraché les yeux.

    Mark ouvrit de grands yeux ébahis. Pourquoi il a fait ça ?

    Sans doute parce que ça lui fait prendre son pied, répondit Derek sur un ton ironique. Ça lui donne l’impression d’être un mec, un vrai.

    Faut le faire interner ! décréta Mark.

    Les détails que Derek avait donnés avaient prouvé à George qu’il ne servait plus à rien de mentir. Et alors ? Vous ne croyez assez bête pour l’avoir gardé ? Vous ne pourrez jamais prouver ce que vous dites et sans preuve, Meredith ne vous croira pas.

    Tu as peut-être gagné une bataille, mais tu n’as pas gagné la guerre. Derek avança vers George. Même de loin, je garderai un œil sur toi, tu peux en être sûr. Tu n’as vraiment pas intérêt à lui faire du mal, sinon…

    Mais pourquoi je lui ferais du mal ? cria George d’une voix aigue. C’est mon amie et tout se passait très bien avant qu’elle ne fasse votre connaissance. C’est vous qui avez tout gâché. Et de toute façon, je ne pourrai jamais lui faire autant de mal que ce que vous venez de lui faire, conclut-il avec un visage déformé par la colère et la haine.

    Excédé, Mark décida de mettre fin à cette passe d’armes. Bon, on ne va pas y passer le reste de la journée ! Si tu ne lui fous pas ton poing sur la gueule, Derek, c’est moi qui vais le faire. George se tourna vers lui avec une lueur de peur dans le regard. Ce type était grand et fort et il n’avait pas l’air de plaisanter. Sachant qu’il n’avait aucune chance face aux deux chirurgiens, le jeune homme choisit de battre en retrait et rentra en courant dans la boutique. Bouh, la peureuse ! se moqua Mark.


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  • Derek détacha ses lèvres de celles de Meredith et regarda son amie dans les yeux. Il sut qu’elle aussi avait reconnu la voix qui les avait interrompus dans ce si agréable intermède. Merde ! se dit-il. Partir si loin de chez soi et tomber sur lui ! Il soupira imperceptiblement et se retourna vers leur interlocuteur avec un sourire qui ressemblait plus à un rictus. Finn Dandridge ! Si je m’attendais à ça ! Il lui tendit la main sans enthousiasme.

    Finn la lui serra tout aussi tièdement qu’il la lui tendait. Il se tourna ensuite vers Meredith. Bonjour, Meredith. Ça faisait longtemps.

    Embarrassée, celle-ci se montra trop enthousiaste pour être vraiment sincère. Fiiiiiiiinnnnnn ! Je suis si contente de te revoir. Elle se précipita sur lui pour lui donner l’accolade.

    Derek ragea intérieurement. Quel besoin avait-elle de se précipiter dans les bras de ce gars comme s’il était un ami intime ? Ne lui avait-elle pas dit qu’il n’avait même pas été son amant ? Eh bien, c’est une chance ! ironisa-t-il en son for intérieur. Qu’est-ce que cela aurait été sinon ? Il jeta un regard ouvertement critique au bermuda orange et à la chemise fleurie dans les mêmes tons, que portait son ancien rival. En plus, il est ridicule, déguisé en Hawaïen. Je ne vois pas ce qu’elle a pu lui trouver.

    Quel heureux hasard de nous retrouver ici ! proclama Meredith.

    Effectivement ! Alors que nous prenons bien soin de nous éviter à Seattle, déclara Finn avec perfidie.

    Meredith ne sut que répondre et se tourna vers Derek comme pour l’appeler à l’aide. C’est à ce moment qu’il remarqua qu’une jeune femme se tenait discrètement en retrait. Il sauta sur l’occasion. Dites donc, Dandridge, vous manquez à tous vos devoirs, je vois. Vous ne nous présentez pas cette belle inconnue ?

    Vous avez raison. C’est impardonnable. Voici ma fiancée, Colleen Wilkinson.

    Derek nota avec plaisir le statut de la jeune femme. Fiancée, vraiment ? Toutes mes félicitations. Il afficha son sourire le plus charmeur et s’avança vers Colleen avec les yeux de velours qui faisaient sa renommée. Rien que de sentir le regard furibond de Meredith peser sur lui l’empêcha de regretter que cette rencontre ait eu lieu. Derek Shepherd. Enchanté de vous connaître, Colleen. Voici mon amie, Meredith. Les deux femmes s’adressèrent un signe de la tête. Derek se tourna vers Finn. Vous en avez de la chance, mon vieux, d’être fiancé avec une si charmante personne. L’intéressé lui fit un sourire forcé.

    Vous êtes des amis de Finn ? demanda la fiancée d’une voix douce. Je ne me souviens pas qu’il m’ait parlé de vous.

    Ça ne m’étonne pas. En fait, Finn était mon vétérinaire, répondit Derek avec condescendance. Il s’est occupé de notre chien.

    Oh ! Colleen rosit légèrement. Je pensais que vous étiez vétérinaire, vous aussi… parce que Finn vous a appelé docteur, n’est-ce pas, alors…

    Non, en réalité, Meredith et moi sommes chirurgiens, lui expliqua Derek. Au Seattle Grace Hospital. Et vous, vous êtes vétérinaire ?

    Colleen eut un petit rire confus. Non, pas du tout. J’ai un magasin de vêtements pour hommes à Seattle. C’est comme ça que j’ai rencontré Finn d’ailleurs.

    Un magasin de vêtements pour hommes ? s’exclama Derek comme s’il s’agissait de la nouvelle la plus intéressante qu’il ait jamais entendue. Mais c’est intéressant, ça. Il faudra que vous me donniez l’adresse. Je viendrai y faire mes achats, dit-il, charmeur.

    Après avoir lancé un regard sombre à son amant, Meredith coupa court à la conversation en s’adressant à Finn. Ainsi donc, vous êtes en vacances à Hawaii. Vous logez ici, à Maui ?

    Oui, dans un hôtel de Lahaina, répondit Finn. Et vous ?

    Derek a loué une maison à Paia. Nous venons d’arriver.

    Et nous, nous sommes bientôt partis, minauda Colleen.

    Quel dommage ! s’exclama Meredith.

    Oui, nous aurions pu nous revoir peut-être, organiser quelque chose. Vous savez, un dîner par exemple, répondit l’autre jeune femme.

    Derek sourit poliment. Je vais hurler si je dois rester cinq minutes de plus à les entendre débiter de telles fadaises, pensa-t-il. Plutôt mourir que de passer toute une soirée avec ces gens-là !

    Oh mais c’est une excellente idée ! Pourquoi ne viendriez-vous dîner à la maison ? Ce soir par exemple ? lança Meredith.

    Evidemment, l’intention première de Finn fut de refuser cette invitation mais, lorsqu’il vit Derek sursauter et jeter un regard horrifié à sa compagne, il comprit qu’il tenait sa vengeance. Quelle bonne idée, susurra-t-il hypocritement. Avec plaisir, ajouta-t-il en regardant Derek avec un grand sourire. Celui-ci ne prit même plus la peine de cacher son aversion.


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  • Mark rendit le téléphone à Derek. Trêve de plaisanterie, tu devrais faire attention et Meredith aussi. Il est lâche et il est faible mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Pour le moment, il martyrise les animaux en peluche mais un jour, il risque de passer à la vitesse supérieure. Tu ferais mieux de te méfier, Derek, répéta-t-il.

    Il y a longtemps que je m’en méfie, répliqua Derek. Et encore plus depuis qu’il a frappé Meredith. Il abaissa le regard vers sa main qui tenait le téléphone de la jeune fille.

    Qu’est-ce qu’elle attend pour porter plainte, bon sang ? s’exclama Mark.

    Derek ne répondit pas. Il était comme hypnotisé par le téléphone. Il n’arrivait pas à comprendre pour quelle raison Meredith voulait s’en débarrasser. Pure réaction d’orgueil ou bien était-elle si dégoutée par celui qui le lui avait offert qu’elle ne supportait plus rien qui le lui rappelle ? Attends-moi, j’arrive, dit-il à Mark. Il entra à nouveau dans la boutique. George et Izzie discutaient derrière le comptoir et Cristina débarrassait une table. Le regard de Derek se porta aussitôt sur la porte de l’arrière-boutique qui était toujours close. Meredith y était encore certainement. Il avança d’un pas décidé.

    Cristina abandonna ce qu’elle faisait pour lui barrer le chemin. Bon, ça suffit cette fois ! Vous voulez lui retourner le couteau dans la plaie ? Foutez-lui la paix, bordel.

    Appelle la police, ordonna George.

    On ne va appeler personne, riposta Izzie sans se soucier du regard assassin que lui lançait son cousin. Arrêtez tous les deux. Cette histoire ne nous regarde pas. Si Meredith ne veut pas le voir, elle est assez grande pour le lui dire elle-même. Elle fit signe à Derek d’entrer dans l’autre pièce.

    Il poussa la porte et aperçut Meredith, assise par terre, la tête entre ses mains. Quand elle leva son visage vers lui, il vit qu’il était baigné de larmes. Mal à l’aise, avec un horrible sentiment de culpabilité qui lui pesait sur le cœur et tordait son estomac, il lui tendit gauchement le téléphone. Tiens, je te l’ai offert, il est à toi. Je n’en veux pas. Elle le regarda sans comprendre. Il est un peu sale, ajouta-t-il sans savoir que dire d’autre. S’il ne fonctionne plus, dis-le-moi, je t’en offrirai un autre. Comme elle ne faisait toujours aucun geste vers lui, il déposa l’appareil sur la table. Je suis vraiment désolé, chuchota-t-il. Il ressortit sans perdre une minute.

    Meredith recommença à pleurer. Etait-ce là tout ce qu’il avait à lui dire ? Et pourquoi voulait-il lui acheter un nouveau téléphone ? Est-ce qu’il croyait vraiment qu’elle le laisserait faire ? Elle avait déjà du mal à accepter qu’il lui fasse des cadeaux quand ils étaient ensemble, alors maintenant qu’il l’avait plaquée… Elle eut un gros sanglot. Oui, Derek l’avait plaquée, sans même daigner lui donner une raison ou lui laisser une chance d’arranger ce qui n’allait pas. Ou alors il s’était rendu compte qu’il n’éprouvait aucun sentiment pour elle et il n’avait pas voulu leur faire perdre plus de temps. A cette idée, Meredith sentit le désespoir l’envahir. Pourquoi la vie était-elle si cruelle ? Pourquoi avait-il fallu que le destin lui fasse rencontrer l’homme idéal pour le lui retirer aussitôt ? Etait-elle condamnée à être seule toute sa vie ? Mais qu’est-ce que je vous ai fait ? geignit-elle sans vraiment savoir à qui elle s’adressait.

    Derek traversa la salle de restaurant comme une trombe. Il fallait qu’il quitte cet endroit le plus rapidement possible. Il ressentait un tel dégoût pour lui-même qu’il en avait la nausée. Mais arrivé sur le trottoir, il croisa le regard interrogateur de Mark et il sut qu’il ne pourrait pas partir en laissant Meredith dans cet état. A la stupéfaction de son ami, il rebroussa chemin et pénétra à nouveau dans l’arrière-boutique, sous le regard éberlué des jeunes gens. Il trouva Meredith dans la même position, en train de sangloter. Je t’en prie, murmura-t-il avec une voix sourde. Je t’en prie, ne pleure pas. Ne pleure pas pour moi. Je n’en vaux vraiment pas la peine.

    Meredith se releva en essuyant ses joues ruisselantes de larmes du revers de la main. Pourquoi tu es revenu ? demanda-t-elle d’une voix étranglée.

    Je ne pouvais pas te laisser comme ça. Il lui tendit un mouchoir.

    La jeune fille l’ignora et prit une feuille de papier essuie-tout. Je ne veux pas de ta pitié, Derek.

    Il soupira. Tu m’inspires des tas de sentiments, Meredith, mais certainement pas de la pitié. Ça n’a jamais été le cas.

    Elle le regarda droit dans les yeux. Pourquoi tu es là ?

    Les lèvres de Derek se tordirent en une légère grimace. Je ne sais pas trop. Après ce qu’il lui avait fait, comment lui dire qu’en dépit de ses grands principes et de ses résolutions, il n’avait pas résisté à l’envie de la revoir et que maintenant qu’il l’avait revue, il savait que rien n’avait changé ? Il la trouvait toujours aussi attendrissante, belle, attirante, excitante… Elle le faisait toujours autant craquer.

    Pourquoi ? dit-elle encore d’une voix quasiment imperceptible. Derek soupira à nouveau en la regardant d’un air malheureux. Je voudrais juste comprendre, insista Meredith. Je croyais que ça s’était bien passé à Napa. C’est ce que tu m’as dit. Embarrassé, Derek acquiesça d’un léger signe de tête. Tu m’as déposée chez moi, poursuivit Meredith. Et puis, plus rien. Si tu n’avais pas envie de continuer, tu aurais dû me le dire franchement.


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