• Le voyage du retour se fit dans un silence des plus pesants. Derek battit le record de conduite jamais tenté dans l’archipel. Arrivé à la propriété, il sortit de la voiture en ignorant Meredith et claqua la portière sans égard pour la carrosserie. Il entra dans la villa comme une furie. Meredith le suivit en soupirant, prête à l’affronter. Elle le retrouva dans la cuisine, en train de se servir un verre de son whisky favori. Derek, il n’y a pas de quoi …

    Fou de rage, il déposa brutalement son verre sur la table et se tourna vers elle, les poings serrés. Comment as-tu osé ? M’imposer ainsi la présence de ce type…

    Ecoute…

    Non, non, cette fois-ci, je n’écouterai rien, éructa-t-il. Je ne vois pas ce qui pourrait justifier que tu l’aies invité. Ici ! Chez nous ! Il vida son verre en une gorgée.

    Je ne sais pas, admit Meredith en soupirant encore une fois. C’est sorti comme ça. Je l’ai regretté aussitôt mais je ne pouvais plus faire marche arrière.

    Derek sentit sa colère retomber lorsqu’il vit le regard de sa compagne, chargé de remords. Pfft ! Pour une fois que tu es impulsive, on peut dire que ça tombe mal. C’était sensé être des vacances en amoureux, en tête-à-tête. Tu vois ce que je veux dire ? Ton ex est de trop, martela-t-il.

    Derek, il va rester quelques heures tout au plus, objecta Meredith. Je ne lui ai pas demandé de s’installer ici. Ce n’est pas ça qui va gâcher notre séjour, tout de même. Tu dramatises, vraiment. Elle alla jusqu’à l’évier pour se servir un verre d’eau.

    Je n’ai pas envie de subir la présence de ce type toute la soirée, s’entêta Derek. Il va me couper l’appétit. Il était d’un ridicule avec son bermuda et sa chemise à fleurs ! Pour qui se prend-t-il ? Un Hawaïen pur souche ? Le plus grand mépris s’inscrivit sur son visage.

    Meredith ne put s’empêcher de sourire. Tu ne manques pas de toupet. Je te signale que, si je t’avais laissé faire, tu serais habillé exactement de la même façon que lui.

    C’est faux, s’insurgea Derek. Je n’ai pas aussi mauvais goût que ça.

    Tu es d’une telle mauvaise foi !

    Il secoua la tête vigoureusement. N’essaie pas de me donner mauvaise conscience pour tourner la situation à ton avantage. Ça ne change rien au problème. On va devoir s’appuyer Finn Dandrige et sa nigaude de fiancée pendant des heures.

    Ah ! Elle est nigaude maintenant ? ironisa Mereedith en haussant les sourcils. Ça ne t’a pas empêché de lui faire les yeux doux tout à l’heure.

    Pas du tout. J’ai seulement essayé d’être sympathique avec cette pauvre fille, assura Derek.

    Sympathique ? répéta Meredith sur un ton caustique. Moi, je dirais plutôt joli cœur. Elle l’imita en accentuant le trait. Un magasin de vêtements ? Comme c’est intéressant. Il faudra me donner l’adresse. Je viendrai m’habiller chez vous.

    C’est le genre de choses qu’on dit quand on veut être gentil, mais ça n’engage à rien, répliqua Derek. Ce n’est pas comme une invitation à dîner.

    Oh ça va ! Juste quelques heures et ce sera terminé.

    Quelques heures avec Dandridge, c’est toujours quelques heures de trop. Il eut une moue de dégoût. Je ne supporte pas ce type.

    Ce n’est pas moi qui l’ai choisi comme vétérinaire, lui fit remarquer Meredithavec un air ironique.

    Je l’ai choisi pour s’occuper de mon chien, pas de ma petite amie ! riposta Derek.

    Meredith darda sur lui un regard froid. A l’époque, je n’étais plus rien pour toi, Derek. L’as-tu oublié ?

    Tu es injuste, Meredith, s’offusqua Derek. Tu n’as jamais été "rien" pour moi et tu le sais. Il soupira. C’est juste que les circonstances de la vie ont fait que…

    Meredith lui coupa la parole. Ont fait que j’étais libre et que Finn avait tout à fait le droit de tenter sa chance. Il n’était pas au courant pour nous. Tu ne peux pas lui en vouloir d’avoir essayé de me séduire. Puis tout cela est derrière nous maintenant. C’est du passé. Elle vint vers lui, câline. Je suis avec toi… et Finn est fiancé à cette Colleen. D’ailleurs, elle sera là aussi, je te le rappelle. Elle posa la main sur le bras de son ami. Que veux-tu donc qu’il se passe ? Nous sommes entre gens civilisés, je pense. Nous allons manger, nous allons parler, ensuite ils s’en iront et ce sera terminé.

    Très bien. Derek lui donna un baiser sur le front. Tu as peut-être raison. De toute façon, plus moyen de reculer. Ils seront là dans quelques heures.

    Voilà, je préfère quand tu es comme ça, raisonnable. Meredith lui décocha un grand sourire. Donc, plus de problèmes, n’est-ce pas ?

    Derek lui rendit son sourire. Ah si ! Je crois bien que si.

    Meredith leva les yeux au ciel. Oh non ! Quoi encore ? Qu’est-ce que tu vas encore trouver pour me rendre la vie impossible ?

    Derek prit son air le plus innocent. Moi ? Rien ! Je me demandais seulement… Il eut un petit sourire moqueur. Qui va faire la cuisine pour tes invités ?


    3 commentaires
  • Tu as raison, reconnut Derek. Mais il y a des choses qui ne sont pas faciles à dire. Je ne voulais pas te faire de mal.

    Mais tu m’en as fait, rétorqua Meredith. J’ai passé la pire semaine de ma vie, Derek. J’ai tout imaginé, tout.

    Tu sais, ça n’a pas été facile pour moi non plus, déclara-t-il. Pas comme pour toi, bien sûr, s’empressa-t-il de préciser en voyant le regard choqué de la jeune fille. Je me suis demandé comment tu le vivais. J’ai eu envie de t’appeler mais… j’ai préféré faire le mort, c’est vrai. J’ai été lâche, avoua-t-il.

    Meredith baissa la tête. J’ai fait quelque chose qui ne t’a pas plu, c’est ça ? Je t’ai déçu ?

    Non, Meredith, non, ça n’a rien à voir avec ça, assura Derek.

    Tu peux me le dire, tu sais, je comprendrais. George a dit… La jeune fille se tut brusquement.

    Qu’est-ce qu’il t’a encore mis comme connerie en tête, celui-là ? aboya Derek que le seul prénom du jeune homme mettait en rage.

    C’est un homme, comme toi, répliqua Meredith sans se soucier du ricanement ironique du chirurgien. Il sait ce qu’un homme attend d’une femme et… il m’a dit que tu ne voulais sûrement plus de moi parce que je ne savais pas y faire.

    Le sale petit enfoiré ! Pour défouler sa colère, Derek claqua violemment une porte d’armoire qui était restée ouverte. Quand est-ce que tu vas arrêter de le croire, lui, plutôt que moi ?

    Quand tu seras sincère avec moi ! riposta Meredith.

    Derek se campa devant elle et la prit par les épaules. Mais j’ai été sincère avec toi. Je pensais tout ce que je t’ai dit. Et c’était bien, vraiment très bien. Tu m’as donné du plaisir, Meredith. Troublé par la façon dont elle le regardait, il la lâcha et recula de quelques pas. Ce n’est pas ça, le problème.

    C’est quoi, alors ?

    Il passa la main dans ses cheveux en soupirant légèrement Tu veux des choses que je suis incapable de te donner.

    Qu’est-ce que tu en sais ? s’enquit Meredith, un peu agressive.

    Derek fit un petit sourire triste. Oh je le sais, c’est tout.

    Alors, voilà, tu ne veux plus me voir ? insista la jeune fille, décidée à en avoir le cœur net. Tant pis si cela faisait mal, il fallait qu’elle sache.

    Mais bien sûr que je veux encore te voir, protesta Derek. Cette semaine, j’ai pensé que ce serait mieux qu’on ne se voie pas, mais ça ne veut pas dire que je n’en avais pas envie.

    Tu veux qu’on se voie simplement en amis, si je comprends bien, dit Meredith sans parvenir à cacher son amertume.

    Derek resta silencieux. La raison voulait qu’il dise oui. L’amitié était le choix raisonnable, ce qu’il y avait de mieux pour eux deux, mais en son for intérieur, il savait qu’il aurait beaucoup de mal à ne se contenter que de cela. Cette fille représentait pour lui la tentation incarnée. Même après l’avoir possédée, il la désirait encore et ce qui risquait d’en découler l’épouvantait. Pourtant, il n’imaginait même plus renoncer totalement à elle. Je n’en sais rien, finit-il par admettre dans un murmure. Il y a ce que je devrais faire et ce que j’ai envie de faire, et… je suis complètement paumé, là. Il la regarda avec un air un peu désarçonné. D’habitude, je sais ce que je dois faire mais avec toi…

    Meredith reprit espoir. Ce que Derek venait de lui dire prouvait qu’il ressentait quelque chose pour elle, oh sans doute pas aussi fort que ce qu’elle éprouvait pour lui, mais c’était un bon début. Si elle s’accrochait, elle arriverait peut-être à le faire évoluer. De toute façon, elle était d’accord pour se contenter de ce qu’il voudrait bien lui donner. Elle préférait un peu de lui que pas du tout. Tu n’es pas obligé de décider tout de suite, argumenta-t-elle timidement. On peut laisser faire les choses… voir où ça nous mène.

    Ça va nous mener dans un lit, pensa Derek. J’en ai envie, elle en a envie, on sait comment ça va se terminer. Continuer à la voir, c’est tenter le diable. Il vaut mieux arrêter ça tout de suite. Tranche dans le vif, se raisonna-t-il. On pourrait commencer par aller boire un verre ou manger un bout quelque part, proposa-t-il à haute voix en ne s’étonnant même plus de son attitude quelque peu schizophrénique. Ton problème, c’est que tu penses avec ta queue, mon vieux, se dit-il.

    Meredith se retint de sourire devant cette première victoire qu’elle venait de remporter. C’est ton truc, ça, m’emmener diner pour te faire pardonner, lui fit-elle remarquer avec un brin d’ironie.  

    Jusqu’ici, ça m’a pas trop mal réussi, alors… lui dit Derek, avec un petit air confus. Tu es d’accord ? La jeune fille fit semblant d’hésiter. Allez, Meredith, l’implora-t-il. C’est qu’un diner, ça n’engage à rien.


    4 commentaires
  • Trois heures plus tard, Derek essayait de se calmer en faisant le tour de la propriété. Meredith avait beau dire, cette soirée ne lui disait rien qui vaille. Le regard moqueur que Finn lui avait jeté lorsqu’elle l’avait invité lui avait suffi pour comprendre que, malgré les mois qui avaient défilé et malgré la jolie Colleen, le Dr Dandridge n’avait rien oublié de ce qui s’était passé entre eux. Il en voulait toujours à Derek de lui avoir pris la femme dont il était tombé amoureux. Cela n’augurait rien de bon.

    En plus, comme si cela ne suffisait pas, Derek avait dû prendre les choses en main côté cuisine. Quand Meredith avait réalisé que le frigo était vide et qu’il n’y avait qu’eux pour assurer l’intendance, elle avait failli piquer une crise de nerfs. Elle l‘avait supplié de s’installer aux fourneaux mais il avait été catégorique. Il était hors de question qu’il fasse un quelconque effort personnel pour le confort de ce vétérinaire de malheur. C’était elle qui avait lancé l’invitation, elle n’avait qu’à se débrouiller. Seulement voilà, la finaude avait plus d’un tour dans son sac. Elle avait des arguments auxquels il était incapable de résister. La perspective de tendres câlins et la promesse d’ébats torrides avait vaincu sa détermination assez rapidement. Il avait pris son portable et contacté Kaona. Dieu sait ce qu’il lui en avait coûté mais, dans l’urgence, il n’avait pas vu d’autre solution. Le bellâtre était arrivé avec sa mère et ses sœurs et tout ce petit monde s’était dispersé dans la maison. Une heure plus tard, tout brillait du sol au plafond et la cuisine embaumait le poulet Volcan Huli–Huli. Le sourire que Meredith lui avait adressé alors avait été la plus belle des récompenses. Il s’était dit aussi qu’il pouvait bien se montrer magnanime avec Finn car, après tout, des deux, c’était lui qui était le mieux loti. C’était lui qui avait eu la fille. Finn, lui, devait se contenter de Colleen. 

    Derek regarda sa montre. Il était temps qu’il revienne à la villa. Meredith devait être prête et leurs – non, pardon, SES invités  - n’allaient sans doute pas tarder. En soupirant, il remonta vers la bâtisse en priant pour que tout se passe bien et, surtout, oui, surtout, pour que la soirée se termine rapidement. Il pénétra dans le séjour au moment même où Meredith descendait l’escalier. Il eut le souffle coupé de la voir si belle. Il aurait aimé la voir porter plus souvent des couleurs mais il devait bien reconnaître que le noir lui allait à ravir. Et cette robe était une merveille. Sobre, élégante, sans manches, près du corps, suffisamment courte pour dévoiler les jambes élancées, un joli décolleté qui laissait deviner la poitrine, elle était d’une redoutable efficacité.

     photo 5-versace-luxe-haute-couture-448730.jpg

    Les yeux brillants, Derek s’avança à la rencontre de son amie. Je ne connaissais pas cette robe.

    C’est normal, je l’ai achetée juste avant notre départ.

    Et tu l’étrennes pour Dandridge, dit-il d’un ton grognon.

    Oui, mais c’est toi qui auras le privilège de l’enlever, murmura Meredith dans un sourire.

    Derek se pencha pour nicher son visage dans le cou de son amie. Mmm ! Alors, je suis d’accord. En te voyant comme ça, il va comprendre ce qu’il a raté, lâcha-t-il en redressant la tête.

    Meredith lui donna une petite tape sur le bras. Ne sois pas méchant. Ça ne te va pas.

    Ne t’inquiète pas. Quand il sera là, je serai grand seigneur, se moqua Derek.

    Meredith agita son index devant lui en guise d’avertissement. Je ne veux pas d’un combat de coqs, est-ce que c’est bien compris ?

    Derek haussa légèrement les épaules. S’il ne bouge pas, je ne bougerai pas non plus. Mais n’espère pas que je reste impassible s’il me provoque.

    Mais il ne te provoquera pas, assura Meredith, agacée par son entêtement. Il est fiancé. Cela veut bien dire qu’il a tourné la page.

    Derek fit une moue dubitative. J’aimerais en être aussi sûr que toi. Mais il y a certains regards qui ne trompent pas.

    Je suis certaine que tu as tort, insista Meredith. Toute cette histoire est oubliée, par lui comme par moi. Il serait temps que tu en fasses autant.

    Nous verrons bien. En attendant, je vais monter me préparer. Arrivé à la porte de la cuisine, Derek se tourna vers sa compagne. Me faire beau… pour Colleen.

    Soulagée de voir qu’il semblait envisager le diner dans un bon état d’esprit, Meredith rentra aussitôt dans son jeu. Ne t’avise pas de refaire le même cinéma que cet après-midi ou bien je t’étripe.

    Du moment que tu ne repars pas avec le véto…

    Elle rit, secrètement enchantée de le voir aussi jaloux. Ah ! Qui sait ? On pourrait faire un échange standard.

    Contrairement à ce qu’elle croyait, Derek ne protesta pas. On pourrait, oui. Au moins, en sortant avec Colleen, je serais habillé gratuitement. Ce serait déjà ça de gagné… Enfin, je vais attendre de voir comment ce guignol est fringué. Je déciderai après si je te garde ou si je change.

    Meredith rit de plus belle. Ce que tu peux être salaud, tout de même. Quand je pense qu’on t’appelle McDreamy !

    Derek la regarda avec malice. Attends donc que tes invités soient repartis et je te montrerai comment je m’appelle.


    3 commentaires
  • L’interphone résonna pour signaler que des visiteurs attendaient à la porte de la propriété. Meredith appuya sur le bouton que Derek le lui avait montré et aperçut le visage de Finn dans le petit écran. Elle actionna le grand portail. Quelques minutes plus tard, on frappa à la porte. Meredith alla ouvrir à ses convives. Tout de même légèrement mal à l’aise, elle se concentra sur Colleen, ce qui l’empêcha de voir le regard que son ancien petit ami posait sur elle, plein de regret et de désir.

    Mon Dieu, Meredith ! s’écria Colleen, sincèrement impressionnée. Votre robe… Vous êtes si élégante et nous si… communs. Mais je n’avais rien emporté avec moi qui puisse servir à un dîner habillé. Si j’avais su…

    Ne vous en faites pas, la rassura aussitôt Meredith. A Seattle, j’ai rarement l’occasion de m’habiller de cette façon. Les robes, ce n’est pas trop ce que je mets d’habitude. Alors, j’ai profité de l’occasion. Mais si ça vous met mal à l’aise, je peux très bien aller me changer. Elle fit mine de se diriger vers l’escalier.

    Colleen la retint par le bras. Non, non, vous êtes folle. Vous êtes splendide. Surtout ne changez rien. N’est-ce pas, chéri ? Quand elle se tourna vers Finn, celui-ci avait déjà repris le contrôle de lui-même et il fit un signe de tête censé marquer son approbation. Il salua Meredith un peu froidement pour autant qu’elle puisse en juger. Elle les invita à entrer dans le living. Aussitôt, Colleen s’extasia sur la demeure. Quelle maison magnifique ! La propriété m’a semblé gigantesque. Vous êtes bien en bordure d’océan, n’est-ce pas ? Ce doit être très agréable.

    Oui, quoique nous n’ayons pas encore eu le temps d’en profiter, je l’avoue, expliqua Meredith. Nous ne sommes là que depuis hier et nous avons eu plein d’autres choses à faire.

    Inutile de nous en dire plus, répondit Finn du bout des lèvres. Nous devinons aisément ce à quoi tu fais allusion. Meredith fut tellement surprise qu’elle ne sut que répondre. Colleen elle-même regarda son fiancé avec un air interloqué. Il resta muré dans sa froideur et son mépris.

    C’est le moment que choisit Derek pour faire son entrée. Meredith sourit de constater qu’il avait particulièrement soigné sa mise. Pantalon noir, chemise bleu roi, cheveux encore humides et légèrement bouclés, barbe de trois jours savamment entretenue pour donner une impression de négligé, il était magnifique. Il vint se mettre aux côtés de sa compagne qu’il enlaça dans un geste de propriétaire et sourit à Colleen. Soyez la bienvenue, dit-il en ignorant ostensiblement Finn.

    Colleen était tellement occupée à admirer la pièce qu’elle ne remarqua pas cette attitude. Je disais à Meredith que cette maison me semblait si… Le regard de la jeune femme tourna dans tous les sens. Oh mon Dieu, je ne trouve même pas les mots, minauda-t-elle.

    Si vous le souhaitez, Meredith va se faire un plaisir de vous la faire visiter. Le rose aux joues, Colleen acquiesça timidement. Pendant ce temps, votre fiancé et moi allons boire un verre. Les deux femmes s’étaient à peine éloignées que Derek se tourna vers Finn. D’amical et rieur, son regard devint instantanément froid comme de l’acier. Ecoutez, mon vieux, je vais être franc. Ça ne me plait pas de vous voir ici et je ne doute pas que ce soit réciproque. Mais vous étiez libre de refuser l’invitation. Vous l’avez acceptée, soit. Je ferai contre mauvaise fortune bon cœur, ne fut-ce que par respect pour nos compagnes, promit-il. Mais je vous préviens, si vous cherchez encore à être désagréable comme je vous ai entendu l’être à l’instant, je vous ficherai à la porte, fiancée ou pas. Suis-je bien clair ?

    Je ne vois pas à quoi vous faites allusion, Shepherd, répondit Finn en haussant les épaules.

    La mâchoire de Derek se contracta légèrement. Je fais allusion à la remarque déplacée que vous avez faite à Meredith concernant nos supposées activités, lesquelles ne vous regardent en rien, je vous le rappelle.

    Oh ça ? Finn prit un air dédaigneux. Vous voilà devenu bien susceptible.

    Dandridge, je ne veux pas discuter avec vous, riposta Derek avec un mépris évident. Je n’ai qu’un seul souhait, c’est que cette soirée se termine vite et bien. Meredith serait déçue qu’il en soit autrement. Alors si vous avez eu, un jour, un semblant de sentiment pour elle, ne lui gâchez pas ce moment. Pensez à votre fiancée aussi. Elle n’est pas responsable de ce qui s’est passé à Seattle.

    Ce qui s’est passé ? Finn eut un sourire mauvais. Au bal, vous voulez dire ?

    Là et ailleurs. Derek s’approcha dangereusement de son rival. Si vous êtes venu ici pour régler vos comptes avec moi, très bien. Mais alors, faisons-le en dehors de la présence de nos femmes. Allons-nous expliquer dehors.

    Finn ricana sottement. Vous ne me faites pas peur, Shepherd, avec vos airs de chevalier sans peur et sans reproches.

    Je ne cherche pas à vous faire peur. Je vous mets en garde, simplement. Je ne vous laisserai pas humilier Meredith, ni moi-même. Tenez-le vous pour dit. Derek entendit les voix des femmes qui se rapprochaient. Il fit signe à Finn de le suivre au bar où il lui servit un verre.

    Quand Meredith les vit, elle eut l’impression qu’ils discutaient le coup, comme deux anciens copains qui venaient de se retrouver. Elle fut tellement heureuse qu’elle ne perçut pas l’électricité qui volait dans l’air. Alors, Messieurs, quand vous aurez fini votre verre, on pourra peut-être passer à table ?


    3 commentaires
  • Meredith fit une petite moue. D’accord. Mais c’est moi qui choisis le restaurant, sinon tu vas encore m’emmener dans un de ces endroits pompeux Derek feignit d’être offusqué – où on ne peut pas discuter à son aise.

    Trop heureux qu’elle ait accepté son invitation sans faire de difficultés, Derek s’inclina de bonne grâce. OK, c’est toi qui choisis. Je viens te chercher chez toi, ce soir, vers dix-huit heures, ça te convient ? Meredith fit signe que oui. Il se pencha vers elle et lui donna un petit baiser sur la joue. A tout à l’heure, alors. Il s’apprêtait à sortir quand il se tourna vers elle. Surtout, ne change pas d’avis.

    Toi non plus !

    Aucun danger ! Il revint rapidement vers elle et l’embrassa tendrement dans le cou. Je suis pressé d’être ce soir. Il quitta enfin la pièce et tomba nez à nez avec Izzie. Merci, lui dit-il. Vous êtes une chic fille. Il aperçut George qui les observait avec un air malveillant. Il pointa sur lui un doigt menaçant. Et toi, arrête de te mêler de mes affaires ! Tu ne me connais pas, tu ne sais rien de moi. Alors, cesse de parler à ma place. Si tu interviens encore une fois dans ma relation avec Meredith, tu vas me le payer cher. 

    Parce que vous avez une relation avec Meredith maintenant ? lança Cristina en le regardant avec agressivité.

    Eh ouais, répondit Derek, goguenard. Je suis désolé si ça vous déplait mais va falloir vous y faire. Il sortit de la boutique et retrouva Mark sur la terrasse.

    Contrariée par la tournure des évènements, Cristina referma rageusement le tiroir-caisse. Il était temps d’avoir une conversation sérieuse avec cette petite écervelée de Meredith. Elle entra dans l’arrière-boutique en claquant violemment la porte derrière elle.

    Meredith, qui sortait les assiettes du lave-vaisselle, sursauta. En voyant l’expression de son amie, elle sut que celle-ci comptait lui faire part de sa désapprobation. Elle décida de prendre les devants. Cristina, non, tais-toi. Je ne veux rien entendre. C’est ma vie, tu n’as pas à me dire comment la mener ! 

    Compte là-dessus ! riposta Cristina, qui était décidée à faire connaitre son avis. Bon sang Mer, qu’est-ce qui te prend ? Tu as déjà oublié qu’il t’a laissée tomber après t’avoir sautée. Meredith leva les yeux au ciel. Quoi, ce n’est pas vrai peut-être ? aboya Cristina.

    Il s’est excusé, objecta Meredith.

    Cristina leva les deux bras en l’air. Oh mais s’il s’est excusé, alors tout va bien ! Elle changea un peu sa voix. Meredith, je t’ai pris ta virginité et je t’ai jetée juste après mais je m’excuse. On oublie tout et on recommence ? Elle reprit sa voir normale. Depuis quand tu te laisses guider par tes hormones, Meredith ?

    Mais ça n’a rien à voir avec ça, protesta Meredith.

    Ça a à voir avec quoi, alors, bordel de merde ? cria Cristina.

    Izzie fit irruption dans la pièce. Mais qu’est-ce que tu as à hurler comme ça, Cristina ? On t’entend jusque sur la terrasse.

    Cristina tendit le bras en direction de leur amie. J’essaie de lui faire entendre raison pour qu’elle ne refasse pas la même connerie.

    Meredith souffla bruyamment. Mais ce n’est pas une connerie.

    Bon sang, Meredith, il t’a raconté des bobards pour coucher avec toi, insista Cristina. Il t’a manqué de respect. Comment tu peux lui pardonner ça ? Elle se tourna vers Izzie. Mais dis-lui toi. Peut-être qu’elle t’écoutera.

    Izzie regarda Meredith avec un air embêté. Elle a raison, Mer.

    Meredith posa ses mains sur hanches. Ecoutez, je sais que vous vous inquiétez pour moi mais tout va bien. Je suis une grande fille, je sais ce que je fais. Cristina ricana. Je sais ce que je fais, répéta Meredith avec encore plus de détermination. Et si je me trompe tant pis, mais au moins je serai sûre.

    Sûre de quoi ? s’enquit Izzie avec douceur.

    De ne pas avoir laissé passer ma chance, expliqua Meredith. Si j’ai la moindre chance de vivre quelque chose avec Derek, il faut que je la saisisse.

    Mais quelle chose, Mer ? s’écria Cristina. Quel genre d’histoire tu veux ? Quelque chose de beau ou quelque chose de sordide comme ce qu’il t’a déjà fait vivre ?

    Arrête, Cristina, la pria Izzie. Meredith a raison. C’est une grande fille et elle a le droit de vivre sa vie comme elle l’entend.

    Peut-être que je me trompe, peut-être que c’est une grosse erreur mais je veux essayer, ajouta Meredith. Je sens… je sens que ça peut marcher. Je dois juste y aller doucement.

    Cristina leva sa main gauche en l’air. C’est bon, je ne veux plus rien entendre. Fais comme tu veux ! Mais ne viens pas pleurer après si ça se passe mal. Elle sortit de la pièce comme une furie. Izzie regarda Meredith avec un petit sourire désolé avant de suivre leur camarade.


    5 commentaires