• Quand Derek quitta la maison de Meredith, il monta dans sa voiture et démarra en trombe. Il traversa la ville à toute allure et ne s’arrêta qu’une fois arrivé devant l’immeuble où Mark avait emménagé un peu auparavant. Il sonna mais, bien évidemment, dut attendre quelques minutes avant d’entendre la voix ensommeillée de son ami dans l’interphone. Qui que vous soyez, vous avez intérêt à décamper avant que je n’arrive en bas !

    Mark, c’est moi.

    Derek ? Je t’ouvre… douzième étage. Mark ouvrit la porte de son appartement et attendit l’arrivée de l’ascenseur.

    Derek apparut, l’air défait. Salut. Désolé de débarquer chez toi comme ça, à cette heure, mais est-ce que tu peux me donner l’asile pour la nuit ?

    Mark le fit entrer. Oui, bien entendu. Qu’est-ce qui se passe ?

    Le psychodrame continue, révéla Derek. J’aurais pu aller à la caravane. Mais personne ne pensera à venir me chercher ici.

    Mark indiqua la direction de son salon. Pas de problème. Je peux te demander à qui tu veux échapper ?

    Meredith… On s’est disputé.

    Mark grimaça imperceptiblement Ouais… Je m’en doutais un peu. J’ai envie de dire encore mais je vais m’abstenir… Et pourquoi cette fois-ci ?

    J’en ai plus qu’assez de me conduire comme un adolescent. Merde ! jura Derek avec exaspération. J’ai 40 ans.

    Oui, je sais. Nous avons le même âge. Raconte.

    Derek se laissa tomber lourdement sur le canapé. Sa bande de copains compte plus que tout. Je n’ai plus envie de composer avec ça.

    Mark souffla. Arrête de parler par allusions. Crache le morceau.

    Cette nuit, elle m’a repoussé parce qu’elle ne voulait pas perturber le sommeil de ses amis. Derek regarda son ami avec un regard où se mêlaient le désespoir et la colère. Tu imagines ça ? J’ai préféré partir.

    Hum ! Mark tendit le bras en direction de la desserte qui lui servait de bar. Tu veux un verre ?

    Oui. Un double scotch si tu as.

    OK… parti pour un double !

    Tu peux même amener la bouteille, suggéra Derek sur un ton désabusé.

    Mark revint avec deux verres et la bouteille de whisky. Donc, elle te repousse quand tu veux faire l’amour. Il remplit généreusement le verre de Derek avant de le lui donner. A cause de ses amis, tu dis ?

    Oui. J’ai pris une de ces claques, si tu savais. Derek vida la moitié de son whisky en une seule gorgée.

    Tu es certain que c’est vraiment la raison ?

    Derek fronça les sourcils. Que veux-tu dire ?

    En général, quand une femme ne veut plus faire l’amour avec son petit ami, ça signifie souvent que… elle a… quelqu’un d’autre, dit Mark avec ménagement.

    Derek secoua la tête. Non, pas Meredith. C’est la seule certitude qui me reste. Elle m’a fait comprendre que ses amis lui avaient fait des remarques, du genre de celles qu’O’Malley m’a faites, je suppose. Ça la gêne, alors elle m’a demandé de faire attention à ce que je faisais. Je l’ai mal pris…

    Est-ce que ça signifie que vous avez encore rompu ? demanda Mark, non sans avoir hésité à poser la question.

    Derek haussa les épaules avec un air blasé. Je n’en sais rien. Je ne suis plus où nous en sommes. J’ai besoin de prendre du recul. Ses traits s’imprégnèrent soudain d’une profonde tristesse. Tout est tellement compliqué avec elle. Quand quelque chose commence à bien fonctionner, il y a autre chose qui foire. Ça me fatigue, avoua-t-il.

    Que vas-tu faire ?

    Je ne sais pas. Je verrai demain… Tout dépend de sa réaction. L’expression de Derek se durcit. En tout cas, moi, je ne ferai plus le premier pas, c’est fini. Je ne serai pas éternellement le dindon de la farce. Il vida d’un coup sec la seconde moitié de son verre


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  • Non, reconnut Meredith. Mais c’est le cousin d’Izzie et il a absolument voulu nous suivre. Et d’une certaine façon, ça rassurait nos parents de savoir qu’il y aurait un homme avec nous. 

    Derek ricana. Tu parles d’un homme ! Ils le savent, vos parents, qu’il prend les femmes pour un punching-ball ?

    Tu exagères, lui reprocha gentiment Meredith. Il ne m’a pas battue, il m’a juste secouée. Il a changé depuis qu’on est à San Francisco, c’est vrai, mais dans le fond, ce n’est pas un mauvais bougre.

    Pas un mauvais bougre ? Agacé qu’elle s’obstine à prendre la défense de George malgré tout ce que celui-ci lui avait fait, Derek leva les yeux au ciel. Depuis que je te connais, je l’ai vu t’insulter et te frapper. Qu’est-ce qu’il te faut d’autre ?

    Meredith soupira. Je sais… Cristina pense qu’il est amoureux de moi, lui confia-t-elle après un brève hésitation.

    Derek fit une moue dubitative. J’ai du mal à voir l’amour dans son comportement, mais ce qui est certain, c’est qu’il veut coucher avec toi.

    Oui mais moi, je ne veux pas ! répliqua Meredith. Je préférerais mourir que de coucher avec lui.

    J’espère bien, grommela Derek en découpant un bout de sa viande. Il n’avait pas renoncé à elle pour qu’elle se fasse sauter par cet abruti. Assez parlé de ce con ! Donc, vous habitez tous chez ta tante.  

    Meredith opina de la tête. Oui. Elle a la maladie d’Alzheimer. Il y a une dame qui s’occupe d’elle, mais seulement dans la journée. Alors, nous, on veille sur Tante Ellis quand cette dame n’est pas là et en échange, elle nous loge gratuitement.

    C’est une lourde responsabilité que de s’occuper d’un Alzheimer, souligna Derek. Ta tante en est à quel stade de la maladie ?

    Je n’en sais rien, répondit Meredith avant de goûter le gratin de pommes de terre.

    Elle sait encore qui elle est, où elle vit, à quelle époque ? Et toi, elle te reconnaît encore ? interrogea Derek.

    Elle sait qui elle est, oui. Pour le reste, c’est parfois confus. En général, elle me reconnait, mais une fois, elle m’a parlé comme si j’étais encore une petite fille, raconta Meredith. Et un jour, elle m’a insultée parce que je voulais prendre une tasse dans l’armoire.

    C’est le genre de choses qui va devenir de plus en plus fréquent, malheureusement, l’avertit Derek. Il va y avoir un moment où toi et tes amis ne pourrez plus assumer tout ça. Ta tante va être de plus en plus dépendante. Il faudra la nourrir, la laver, l’habiller, parce qu’elle, elle oubliera de le faire. Et je ne te parle pas des hallucinations et de l’agressivité qui va parfois jusqu’à la violence. Meredith le regarda avec un air effrayé. Ne t’inquiète pas, je t’aiderai, lui promit-il aussitôt. On fera appel à une infirmière à domicile. Et le jour où il faudra placer ta tante dans une structure adaptée, je lui trouverai l’endroit idéal.

    De toute façon, ce sera à ma mère de prendre ce genre de décision, lui fit remarquer Meredith.

    Evidemment ! approuva Derek. Bon, parlons de choses plus joyeuses. Le déjeuner te plait ?

    Meredith se dérida. C’est délicieux ! Ces champignons sauvages sont une vraie tuerie. Et toi, tu aimes ?

    C’est pas mal, répondit Derek avec le ton un peu dédaigneux de ceux qui ont l’habitude de fréquenter les hauts lieux de la gastronomie. L’agneau est bon, bien cuit. Et la vue vaut le déplacement, ajouta-t-il en tournant les yeux vers l’océan.

    Meredith fit comme lui. Oui, et ça doit être encore plus beau le soir, à cause du coucher de soleil.

    Derek hocha doucement la tête. Tu as raison. Il faudra qu’on revienne pour voir ça. Abandonnant l’océan, il observa Meredith tandis qu’elle contemplait rêveusement l’étendue d’eau. Sous ses dehors enfantins, il soupçonnait une personnalité plus complexe, bien plus profonde qu’il n’y paraissait au premier abord. Alors, comme ça, tu aimes Steinbeck ?

    Meredith pouffa de rire. Ah ben dis donc, c’est ce qui s’appelle sauter du coq à l’âne. Et oui, j’aime Steinbeck.

    Et le roman que tu préfères ?

    "A l’est d’Eden" bien sûr.


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  • Meredith descendit l’escalier à toute vitesse et courut jusqu’à son véhicule. Elle démarra en trombe et prit immédiatement le chemin de la caravane. Lorsqu’elle y arriva, elle ne vit pas le véhicule de Derek mais alla tout de même frapper à la porte, par acquis de conscience. Comme personne ne lui répondait et qu’elle n’entendait aucun bruit émanant du mobil home, elle redémarra en direction du Seattle Grace Hospital.

    Après avoir fait le tour des salles de repos et s’être assuré auprès des infirmières que Derek n’était pas venu, elle s’arrêta dans un bureau pour téléphoner dans différents hôtels de Seattle. Partout, on lui assura qu’aucun Derek Shepherd n’avait pris une chambre. Elle se demandait où il avait pu aller se cacher quand son regard tomba une feuille punaisée au mur, qui reprenait les numéros de téléphone des chirurgiens de l’hôpital. Machinalement, elle parcourut la liste et eut un déclic quand elle y repéra le numéro de Mark Sloan. Aussitôt, elle appela la compagnie de téléphone pour avoir l’adresse. Elle fila une fois le renseignement obtenu.

    Toujours assis sur le canapé de son ami, Derek continuait à déprimer. Mark lui remplit son verre de whisky. Et maintenant, qu’est-ce que tu envisages?

    Dans l’immédiat, si tu le permets, dormir sur ton canapé.

    Pas de souci, mais plutôt que le canapé, prends la chambre d’amis, ce sera plus confortable.

    On sonna à la porte. Derek regarda son ami avec étonnement. Tu attends quelqu’un ?

    Tout aussi ébahi, Mark se leva. A cette heure ? Pas du tout.

    C’est Lexie peut-être, s’enquit Derek, déjà prêt à s’éclipser pour ne pas déranger.

    Mark sourit à son ami. Ça, ça m’étonnerait. Elle ne sait pas où j’habite. J’ai pour principe de ne jamais ramener mes conquêtes à la maison. Tu devrais t’en souvenir. Il alla jusqu’à la porte et l’ouvrit. Il sourit de toutes ses dents quand il découvrit Meredith. Vous ici ! Diable ! Quelle surprise ! Que me vaut l’honneur ?

    Quelqu’un est sorti de l’immeuble et j’en ai profité pour entrer. J’ai trouvé votre numéro de téléphone à l’hôpital et c’est comme ça que j’ai eu votre adresse, expliqua d’emblée la jeune femme de façon désordonnée, tout en tentant de voir au-dessus de l’épaule du chirurgien. J’ai vu votre nom sur une boite aux lettres et… Elle lança un regard désemparé à Mark qui l’observait avec un air moqueur. Excusez-moi de débarquer chez vous si tard… ou si tôt, je ne sais pas…. mais je cherche Derek. Je dois absolument lui parler, c’est urgent. J’ai pensé qu’il était peut-être chez vous ou que du moins vous sauriez où…

    Derek, qui avait tout entendu, apparut derrière son ami. Meredith… qu’est-ce que tu fais ici ?

    Meredith passa devant Mark si vite qu’elle le bouscula un peu Mark referma la porte tandis qu’elle avançait vers Derek, la peur au ventre. Je devais te parler, dit-elle d’une petite voix nerveuse. J’ai été jusqu’à la caravane, puis j’ai été à l’hôpital et enfin j’ai pensé à venir ici. C’est fou, je sais, mais …

    Derek lui coupa sèchement la parole. Rentre chez toi. Nous parlerons demain.

    Derek, s’il te plaît, le supplia Meredith avec des larmes plein les yeux.

    Mark se racla la gorge pour rappeler sa présence. Bon, je vais vous laisser. Je vais remonter me coucher. Comme ça, vous pourrez discuter à votre aise.

    Derek l’arrêta d’un signe de la main en regardant Meredith fixement. Inutile, Mark. Meredith va s’en aller. Nous discuterons demain… et ailleurs que chez toi.

    Mark lui lança un regard plein de reproches. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… Il lui désigna discrètement Meredith. Elle a fait le premier pas, mon vieux. Alors ne fais pas ta mauvaise tête. Ecoute au moins ce qu’elle a à te dire.

    Derek regarda son amie qui semblait prête à s’effondrer en larmes et il se sentit fléchir. Il décida pourtant de n’en rien montrer et haussa les épaules avant de retourner au salon. Mark fit signe à Meredith de le suivre. Faites comme chez vous… Si vous avez besoin de quoi que ce soit, servez-vous. Il mit le pied sur la première marche de l’escalier et se retourna en souriant. Encore une chose. J’ai le sommeil lourd et en plus, je vais mettre des boules Quiès. Faites donc autant de bruit que vous en aurez envie. Il grimpa rapidement les marches et rentra dans sa chambre.


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  • Tu l’as vraiment lu ou bien tu t’es contentée de voir le film avec James Dean, demanda Derek avec un petit sourire.

    Meredith lui lança un regard lourd de reproches. Tu me prends vraiment pour une débile !

    Derek s’empressa de lui prendre la main. Je n’ai jamais pensé ça, au contraire. Mais avoue que tes lectures sont un peu surprenantes de la part d’une fille qui se destine à la vente de pâtisseries.

    Bonjour, le stéréotype ! grommela Meredith en reprenant sa main. Elle fusilla Derek du regard. Et je ne me destine pas à la vente de pâtisseries. La boutique, ça a été le moyen de quitter Crestwood, d’échapper à la vie à laquelle j’étais condamnée si je restais là-bas ! C’est peut-être la chance de réaliser mes rêves.

    Mmm… parle-moi un peu de ça, dit Derek.

    Pour que tu te moques encore de moi ? bougonna Meredith. Certainement pas !

    Mais arrête ! Je ne moque jamais de toi, assura Derek. Je te fais enrager parfois, mais je ne me moque pas. Et tes rêves m’intéressent… vraiment ! 

    Il la regardait avec tant de douceur que, pour la première fois de sa vie, Meredith osa révéler ce qu’elle n’avait encore jamais dit à personne, même pas à sa mère. Je veux reprendre mes études et aller à l’université. Mais pour ça, j’ai besoin d’argent.

    Tu veux aller à l’université ? répéta Derek, sincèrement surpris. Meredith acquiesça d’un signe de tête. Mais pourquoi tu n’y es pas allée après le collège ? questionna Derek.

    Toi, tu y as été, à l’unif, lui rappela Meredith. Alors, tu sais combien ça coûte. Je n’avais pas les moyens tout simplement.

    Je comprends, mais il y a les prêts d’état pour ça, déclara Derek.

    Oui, je sais. Mais ça m’a fait peur, avoua Meredith. Commencer ma vie avec une énorme dette sans même être sure que je pourrais réussir ? Et même si je réussis, rien ne dit que je trouverais du travail directement. Tu sais combien il y a d’étudiants incapables de rembourser leur prêt parce qu’ils sont au chômage ? Derek fit signe que oui. Alors, on peut trouver que j’ai manqué de courage mais je n’ai pas osé prendre ce risque, poursuivit la jeune fille. Ma mère était seule pour m’élever. Mon père est mort quand j’étais toute petite, précisa-t-elle pour répondre à l’interrogation muette contenue dans les yeux de Derek. Et donc, elle s’est déjà beaucoup privée pour que je ne manque de rien, reprit-elle. Il était hors de question que je me mette dans une situation où elle se serait privée encore plus pour m’aider ou pire encore, où elle aurait dû vendre sa maison pour rembourser mes dettes.  

    Derek ne put cacher qu’il était impressionné. Tout ce qu’il venait d’entendre confirmait ce qu’il commençait à entrevoir chez Meredith. Elle n’était pas qu’une jolie fille. Elle était intelligente, réfléchie et, surtout, elle avait des valeurs. C’est tout à ton honneur, lui dit-il. Elle fit une petite moue, accompagnée d’un léger mouvement d’épaules, comme si elle considérait ce qu’elle avait fait comme quelque chose de tout à fait normal. Bien d’autres n’auraient pas eu autant de scrupules, insista Derek.

    C’est ma mère, objecta Meredith. Je ne peux quand même pas la mettre sur la paille pour satisfaire mes ambitions.

    Derek sourit. C’est bien ce que je suis en train de dire. Il la regarda avec attendrissement alors qu’elle était en train de mâcher consciencieusement, et avec un plaisir évident, un morceau de son gratin de pommes de terre.

    Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? s’écria-t-elle d’une voix un peu aigue en remarquant qu’il ne la quittait pas des yeux

    Derek hocha doucement la tête. Rien… tu es belle.

    Meredith rougit. Je suis sûre que tu dis ça à toutes les filles que tu rencontres.

    Oh non ! Certainement pas ! certifia Derek avant de revenir au sujet qui le préoccupait. Et ce n’était pas possible d’utiliser ton héritage pour tes études plutôt que pour la boutique ?

    Non, parce que je ne l’avais pas encore à la fin du collègue, dit Meredith avec une pointe de regret dans la voix. Et de toute façon, il n’aurait pas suffi. J’avais espéré recevoir une bourse mais ma demande a été refusée, alors… Elle sourit vaillamment. Alors maintenant, je préfère mettre un peu d’argent de côté. Après, je réfléchirai, je verrai ce que je peux faire.


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  • Derek reprit sa place dans le canapé tout en faisant comprendre d’un regard à Meredith qu’il ne voulait pas qu’elle vienne près de lui. Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Je suis venu chez Mark justement pour que tu ne me retrouves pas.

    Les larmes aux yeux, Meredith s’assit dans le fauteuil en face de lui. Tu ne voulais pas que je te retrouve ? demanda-t-elle avec perplexité.

    Non. J’avais besoin de prendre du recul… de réfléchir à ce qui s’est passé cette nuit, répondit Derek en évitant de la regarder.

    Il ne s’est rien passé cette nuit, objecta Meredith. Ce n’était qu’une dispute. N’en fais pas un drame.

    C’est un peu plus qu’une simple dispute pour moi, Meredith, lâcha Derek sur un ton glacial qui fit peur à la jeune femme.

    Je voulais dire… J’ai fait une erreur, Derek, une regrettable erreur, reconnut-elle d’une petite voix mal assurée. Elle aurait avoué n’importe quoi pour qu’il cesse de lui manifester autant d’indifférence et de froideur.

    C’est trop facile… Tu dis ça à chaque fois, ce n’est plus possible, dit Derek d’une voix lasse.

    Derek, je t’en prie, l’implora- Meredith d’une voix éraillée.

    Derek ferma les yeux et secoua la tête avec un air désespéré. Est-ce que tu te rends compte de l’effet que ça peut faire quand la femme que tu aimes plus que tout te repousse alors que tu veux lui faire l’amour ?

    Je ne t’ai pas repoussé, protesta Meredith.

    Derek rouvrit les yeux et les planta dans les siens. Oh si ! Tu m’as repoussé.

    Meredith fit un signe énergique de dénégation. Non. C’est ce que tu as voulu croire. Je t’ai simplement demandé de faire moins de bruit.

    Derek se leva et se mit à faire les cent pas. Mais je n’ai fait aucun bruit, Meredith ! Tu ne m’en as pas laissé le temps.

    Je sais, je sais, tempéra Meredith dans un souci de calmer les choses. C’est juste que… les filles m’ont dit qu’elles avaient tout entendu… avec nous… la nuit d’avant. ça m’a bloquée.

    Pourquoi ?

    Ça me gêne de penser qu’elles pourraient entendre certaines choses… très  intimes.

    Derek ricana méchamment. Ça te gênait aussi avec les autres ? Les mecs qui n’ont fait que passer dans ton lit, à eux aussi, tu demandais de ne pas faire de bruit ? Ou bien est-ce moi, encore une fois, qui ai droit à l’exclusivité ?

    Meredith choisit de ne pas lui faire remarquer à quel point les reproches qu’il lui faisait étaient injustifiés et surtout injustes. Oui, tu as l’exclusivité … parce qu’avec toi, c’est différent.

    C’est bizarre, je ne suis pas certain que ce soit à mon avantage, ironisa Derek.

    Meredith leva les yeux au ciel. Derek ! Je te demande seulement de faire un petit effort.

    Derek eut un air scandalisé. Pourquoi toujours moi ? Et si, pour une fois, c’étaient tes amis qui faisaient un effort ? Si ma présence les dérange, ils n’ont qu’à aller ailleurs ! tonna-t-il.

    Ce sont mes amis ! Ils ont toujours été là pour moi, s’exclama Meredith.

    Ah voilà ! Voilà ! On y est, fulmina Derek. Ils étaient là pour toi quand je t’ai lâchée pour retourner avec Addison. Merci de me le rappeler à chaque fois qu’on a une discussion à propos de ta bande d’adolescents attardés.

    La mauvaise foi dont il faisait preuve agaça la jeune femme. Ce n’est pas ça que je veux dire, quoique ce soit la vérité. Tant pis si cela t’est pénible !

    Derek lui jeta un regard plein de colère. Ce qui m’est pénible, c’est que je réalise que, quoique je dise, tu prends parti pour eux.

    Je ne prends pas parti, ni pour toi, ni pour eux, se défendit Meredith. Mais j’estime que je ne peux pas les jeter dehors sous prétexte que j’ai un homme dans ma vie.

    Ce n’est pas ce que je te demande. Tu déformes mes propos, c’est intolérable, à la fin, s’emporta Derek.

    Toi aussi, tu déformes mes propos, l’accusa Meredith à son tour, bien décidée à ne plus se laisser faire. Je te demande seulement d’être discret quand nous sommes chez moi. Ce n’est pas la fin du monde tout de même.


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