• Ce n'est que mon avis évidemment, il ne m'a rien dit à ce sujet, précisa Meredith d'entrée de jeu pour qu'il n'y ait pas de quiproquo. Mais moi, je pense qu'il n'a pas très bien pris de te voir avec un autre.

    Callie fronça les sourcils. Pourquoi ?

    Parce qu'il est jaloux, tiens ! s'écria Meredith. Je suis certaine qu'il a des sentiments pour toi mais qu'il ne veut pas se l'avouer.

    Callie écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise. Mark a des sentiments pour moi ? Mais qu'est-ce qui te fait penser ça ?

    Eh bien, par exemple, le fait qu'il passe d'une fille à l'autre en évitant de coucher plusieurs fois avec la même, sauf avec toi, expliqua Meredith avec assurance. Tu es celle vers qui il revient toujours.

    Oui, pour tirer son coup, répliqua Callie qui était sidérée par la légèreté du raisonnement de la jeune fille. Était-il possible d'être encore aussi naïve à son âge, et surtout en fréquentant quelqu'un comme Derek Shepherd ? Et s’il revient toujours vers moi, c’est tout simplement parce qu’il est certain qu’avec moi, il ne sera jamais question de sentiment justement. C’est juste facile pour lui. Et pour moi aussi d’ailleurs. Quand on a envie de baiser et qu’on n’a personne d’autre sous la main, il suffit qu’on se le dise. Il sort sa queue et moi, j’ouvre les cuisses. Elle pointa l’index vers Meredith avec un air narquois. Ah là, je t’ai choquée !

    La jeune fille haussa légèrement les épaules. Non. C’est plutôt que je ne comprends pas.

    Callie ricana. Y a pas grand-chose à comprendre pourtant.

    Non, ce que je veux dire… Meredith vint s’installer sur le tabouret voisin. Tu sais, avant de sortir avec Derek, je ne comprenais pas pourquoi tout le monde accordait autant d'importance au sexe. Moi, je rêvais du grand amour mais pas vraiment de sexe. Quand j'étais ado, j'ai lu pas mal de romans à l'eau de rose et dans ce genre de livre, on ne parle pas de sexualité. Enfin, pas vraiment. Je savais que faire l'amour apportait du plaisir mais je n'avais aucune idée de ce que ça voulait réellement dire. C'était super abstrait. Et je n'ai jamais vu un film porno, alors tout ce que je savais sur le sexe, c'était ce que j'avais entendu raconter par des filles du lycée et d'une certaine façon, ça me donnait envie mais d'une autre, quand je les entendais parler de certains trucs, je ne voyais pas en quoi elles pouvaient en retirer du plaisir et très franchement, ça ne me tentait pas du tout. Pour moi, faire ces choses, c'était juste un mal obligé. Je me disais qu'il fallait y passer pour garder son homme, tu vois. Callie opina de la tête. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de rester vierge, en dehors de mon incorrigible romantisme, bien sûr, poursuivit Meredith en souriant. Je me suis dit que s'il fallait faire des trucs un peu dégoutants, je ne les ferais qu'avec l'homme de ma vie, parce que là, ça vaudrait la peine que je fasse l'effort. Et puis, j'ai rencontré Derek et là… Le visage de la jeune fille s'illumina et Callie fut frappée par l'éclat de son regard. J'ai découvert ce que c'était que désirer quelqu'un plus que tout, lui confia Meredith. Il me suffisait d'être à côté de lui pour avoir envie de lui. C'était totalement animal, instinctif. Et puis, on a fait l'amour et c'était tellement plus fort que tout ce que j'avais imaginé. Enfin, tout ça, pour dire que maintenant, je comprends très bien pourquoi les gens aiment le sexe et pourquoi ils ont du mal de s'en passer une fois qu'ils en ont fait l'expérience, conclut-elle.

    Mais tu ne comprends pas comment je peux faire ça avec des inconnus, supposa Callie en se promettant de river son clou à cette gamine nunuche au cas où elle oserait lui faire la morale.

    Meredith lui sourit avec un air légèrement désolé. Oui, un peu, je ne vais pas te mentir. Mais je ne te juge pas, s’empressa-t-elle d’ajouter. Tu es une femme libérée qui assume tes désirs, je trouve ça très bien. Mais moi, je serais incapable de le faire. Ceci dit, je sais que je ne suis pas une référence. Plus en décalage avec l’époque que moi, il n’y a pas, blagua-t-elle.

    Et pourtant, c’est de toi que Derek est tombé amoureux, toute décalée que tu sois, pensa Callie avec amertume. Ce n’est pas si grave du moment que tu es en accord avec toi-même, dit-elle à haute voix. Si tu es heureuse comme ça, c’est le principal.

    Meredith prit un air sérieux. Et toi, tu es heureuse comme ça ? demanda-t-elle franchement en regardant Callie dans les yeux.

    Et pourquoi je ne le serais pas ?

    Meredith fit une légère moue. J’sais pas. J’ai du mal de croire que tu ne veuilles pas plus que des aventures sans lendemain.

    Callie lui lança un regard un rien hautain. Et qu’est-ce que je pourrais vouloir de plus, selon toi ?

    Eh bien, quelqu'un qui n'est pas uniquement intéressé par le sexe, quelqu'un qui aurait envie de connaitre celle que tu es réellement, au-delà de ce que tu veux bien montrer. Une personne avec qui tu pourrais partager tes espoirs, mais tes peurs et tes doutes aussi, sur qui tu pourrais t'appuyer en cas de coup dur, énuméra Meredith. Un homme qui te respecterait et qui te protégerait. Et ça, ce n'est pas Donnie. Un type vulgaire qui trompe sa femme, néglige ses enfants et leur ment, et qui parle de toi d'une façon qui n'est pas correcte par-dessus le marché. Elle posa une main sur celle de Callie. Tu mérites tellement mieux que ça.


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  • Callie se sentit désarmée en entendant ce compliment auquel elle ne s'attendait pas. Tu le penses vraiment ?

    Meredith acquiesça d'un énergique hochement de tête. Evidemment ! Sinon, je ne le dirais pas. Je ne te connais pas bien mais tu es la meilleure amie de Derek et de Mark et pour moi, ça veut dire beaucoup. Et puis, tu as été là pour moi, après mon agression. Tu as été à mon écoute et tu as respecté mes demandes. Alors, je sais que tu es quelqu'un de bien. Tu mérites de rencontrer quelqu'un qui t'apprécie à ta juste valeur.

    Merci, c'est gentil, murmura Callie que les compliments faits par Meredith touchaient bien plus qu'elle ne l'aurait cru.

    Meredith lui sourit. Ce n'est pas gentil, c'est la vérité tout simplement. Elle se leva pour se resservir un verre de jus d'orange. En fait, ça ne m'étonne pas que tu sois la meilleure amie des garçons. Comme eux, tu te fais passer pour quelqu’un de dur qui n’a pas de sentiments, alors qu’en fait, c’est tout le contraire. Je comprends, tu fais ça sans doute pour te protéger, parce que tu as peur qu’on te fasse du mal, mais ça te fait passer à côté de chouettes trucs, je pense. En tout cas, je suis sûre que ce n’est pas en passant d’un homme à un autre que tu seras heureuse. A ta place, je chercherais un beau et gentil garçon avec qui tu pourrais vivre une belle histoire et qui sait, fonder une famille si c’est ce que tu veux, conseilla la jeune fille pour finir.

    Oui, c’était ce que Callie voulait. Le problème, c’est que le seul beau et gentil garçon avec qui elle voulait vivre une belle histoire et avoir des enfants était le même qui partageait son lit, et sans doute bien d’autres choses, avec celle qui donnait tous ces bons conseils. Mais cela, elle ne pouvait pas le lui dire. Elle ne pouvait en parler à personne. Elle devait garder ce secret enfoui en elle et certains jours, ça devenait trop lourd à porter. Je vais y réfléchir, dit-elle simplement.

    C’est déjà un très bon début, estima Meredith. Et tant que tu y seras, tu devrais faire le point sur ta relation avec Mark. Parce que, quoique vous en disiez tous les deux, je reste persuadée qu’il y a plus que de l’amitié entre vous.  

    Callie se retint de rire. Même si elle était un peu agacée par le romantisme excessif de Meredith, elle ne voulait pas la blesser parce qu’elle savait que la jeune fille ne voulait que son bien et celui de Mark. Tu sais, à ta place, je ne m’accrocherais pas trop à cette idée, lui conseilla-t-elle. Mark et moi, c’est vrai qu’on couche ensemble mais il n’y a pas de sentiments entre nous. En tout cas, pas de sentiments amoureux. Et il n’y en a jamais eu. Pas la moindre étincelle. Comment voudrais-tu qu’on forme un couple dans ces conditions ? Un vrai couple, je veux dire. En plus, on se connaît trop bien, on n’a plus rien à découvrir l’un sur l’autre. Tandis qu’avec Derek… Oui, même après autant d’années, Callie ne pouvait pas prétendre le connaître. Elle ne savait de lui que ce qu’il avait bien voulu lui dire, c’est-à-dire à peu près rien. Et Mark n’avait pas été plus loquace, entretenant le mystère en refusant de répondre aux questions les plus anodines, comme si la vie de son meilleur ami était entachée d’un si lourd secret qu’il était impossible à divulguer, même aux plus intimes. Callie avait tout imaginé à ce sujet, de l’histoire la plus banale à la plus extraordinaire. La première idée qui lui était venue à l’esprit, c’était que Derek avait vécu une grande histoire d’amour qui s’était très mal terminée et qu’il s’était juré de ne plus jamais tomber amoureux. Ou bien, il était un enfant rejeté par ses parents, voire abandonné, et avoir été privé de leur amour l’avait rendu incapable d’en éprouver à son tour. Ou encore, il était issu d’une de ces richissimes familles, nouvelle aristocratie américaine, comme les Kennedy ou les Rockefeller mais il gardait soigneusement le secret pour éviter qu’on profite de lui. Et si c’était un ancien délinquant, un de ces ados tourmentés qui exprime sa haine de la société en commettant les pires méfaits, et qui après, rachète ses fautes en renonçant à toute vie personnelle pour se consacrer seulement à la médecine ? Oui, Callie avait vraiment tout imaginé, et bien plus encore, mais le plus surprenant, c’était qu’à l’ère d’Internet, elle n’avait jamais cherché à se renseigner sur Derek pour vérifier ses différentes théories parce que, finalement, ce mystère faisait partie intégrante du charme du chirurgien. Elle descendit de son tabouret. Je vais essayer d’aller dormir un peu, en espérant que ça fera passer mon mal de tête. Et vous, qu’est-ce que vous avez prévu de faire ?

    Oh du ski, tu penses bien ! répondit Meredith. Enfin, moi, je vais essayer. J’en ai jamais fait et je ne suis pas du tout convaincue que je vais y arriver.

    Ne t’en fais pas pour ça. Les garçons vont se transformer en moniteurs rien que pour toi, et à mon avis, ils vont être super motivés, déclara Callie avec une pointe d’ironie que Meredith ne décela pas.

    Elle rit légèrement. Je sais. Ça m’angoisse un peu d’ailleurs, parce qu’ils vont être terriblement déçus si je ne suis pas à la hauteur. Et toi, qu’est-ce que tu vas faire ? se renseigna-t-elle.

    Si ma migraine disparait, j’irai vous rejoindre, bien sûr, certifia Calie en sachant pourtant qu’elle n’en ferait rien. Elle n’avait aucune envie de passer la journée à regarder ses deux amis être aux petits soins avec la jeune fille et se précipiter à chacun de ses faux pas pour s’assurer qu’elle allait bien. La seule raison pour laquelle elle chausserait éventuellement ses skis aujourd’hui, ce serait pour partir à la recherche d’un beau sportif qui pourrait lui démontrer ses capacités d’athlète ailleurs que sur les pistes, car il était hors de question qu’elle passe toutes ses soirées au coin du feu avec, d’un côté, Derek qui dévorerait Meredith des yeux et de l’autre, Mark qui les couverait du regard bienveillant du père de famille. A tout à l’heure, dit-elle en sortant de la pièce.

    Meredith se lança aussitôt dans la préparation du petit-déjeuner, battant les jaunes d’œufs en omelette, faisant cuire le bacon et griller les toasts. Après avoir lancé le percolateur, elle redescendit au rez-de-chaussée et frappa à la porte de Mark. Debout là-dedans ! Le petit-déjeuner est prêt, annonça-t-elle avant de regagner sa chambre pour éveiller Derek.

    Mark poussa un grognement sourd avant d’enfouir la tête sous l’oreiller pour la retirer quelques secondes plus tard. Maintenant que tu m’as réveillé, le moins que tu puisses faire, c’est de venir me servir le p’tit-dej’ au lit, cria-t-il. Dégonflée ! ajouta-t-il devant l’absence de réaction. Il soupira et rejeta sa couette pour sortir du lit.


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  • Une heure plus tard, Meredith fit son entrée dans le salon, vêtue de sa combinaison de ski blanche bordée de fourrure. Derek, qui admirait le paysage à la fenêtre, se retourna en l’entendant entrer et sourit en la voyant. A nouveau, l’expression de son visage reflétait une joie enfantine. Comme cela lui était déjà arrivé précédemment, Derek eut l’impression qu’elle allait se mettre à sautiller sur place en battant des mains. Attendri, il la rejoignit pour déposer un baiser sur sa joue avant de la prendre par la main pour la faire tourner sur elle-même. Regardez-moi ça ! Un vrai mannequin !  

    Elle leva les yeux au ciel en secouant la tête avec un grand sourire. N’importe quoi !

    A l’entrée de Meredith, Mark avait levé le nez du journal qu’il était en train de lire. En voyant la jeune fille, il avait immédiatement pensé à une friandise. En temps ordinaire, il n’était pas amateur de bonbons mais celui-ci lui donnait l’envie irrépressible de le déguster lentement, de le lécher à petits coups de langue, de le sucer… Il secoua la tête. Le moment était vraiment mal choisi pour se laisser aller à ses fantasmes inavouables. Pourtant, tu as de l’allure, déclara-t-il. Il faut dire que cette combinaison de ski est magnifique.

    Meredith désigna Derek de la main. C’est monsieur qui l’a choisie. Mais je vous avoue que maintenant, je me demande si j’ai bien fait de la mettre. Je n’ai jamais fait de ski, je risque d’être plus souvent par terre que debout, expliqua-t-elle pour répondre au regard interrogateur des deux hommes. Ma belle combinaison blanche risque d’être noire à la fin de la journée.

    Maintenant, c’est toi qui dis n’importe quoi, répliqua Derek en l’attirant contre lui. Si tu tombes, ce sera dans la neige et pas dans du charbon. Et en altitude, ce n’est pas comme dans les rues, la neige reste belle et propre. Il l’entraina vers l’escalier.

    Mark les suivit. Et puis, je ne vois pas pourquoi tu pars du principe que tu vas tomber souvent. On est là pour éviter ça justement.

    Arrivée dans le hall d’entrée, Meredith tourna la tête vers les chambres. Je sais qu’elle a dit qu’elle ne voulait pas venir mais vous ne pensez pas qu’on devrait quand même demander à Callie de venir avec nous ? Ne fût-ce que pour ne pas avoir l’air de la lâcher.

    Mark ouvrit la porte qui menait au garage et lui fit signe de passer. Dis donc, qui a lâché qui en premier ? En plus, si elle dort et qu’on la réveille, elle va nous faire un de ces scandales. Elle a mal à la tête d’avoir gueulé cette nuit, ça va lui faire du bien de se reposer, conclut-il sur un ton sarcastique qui fit encore penser à Meredith qu’il était jaloux.

    De toute façon, elle t’a dit qu’elle nous rejoindrait plus tard, intervint Derek. Alors, il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour elle.

    Quelques minutes après, le trio sortait de la maison, les deux hommes entourant la jeune fille, leur paire de ski sur l’épaule. Une fois dans le centre-ville, ils s’arrêtèrent dans un magasin de location d’articles de sport, et Derek prit soin de choisir pour sa petite amie les chaussures les plus confortables et la paire de skis la mieux adaptée pour la débutante qu’elle était. Ensuite, ils prirent la direction des pistes. Au pied de la remontée mécanique, Derek aida Meredith à chausser ses skis et avec l’aide de Mark, la tira littéralement jusqu’au point de départ du télésiège. Suspendue dans les airs, coincée entre ses deux moniteurs, Meredith regarda avec une appréhension non dissimulée les skieurs qui dévalaient les pentes à toute vitesse. Mon dieu, je n’y arriverai jamais, déplora-t-elle dans un murmure plein de découragement.

    Comment ça, tu n’y arriveras pas ? bougonna Mark. Je voudrais bien voir ça !

    Tu vas très bien y arriver au contraire, renchérit Derek sur un ton rassurant. Avec des professeurs comme nous, tu ne peux pas faire autrement que réussir.

    Oui, avec nous, tu vas bientôt pouvoir t’inscrire aux prochains Jeux Olympiques, ajouta Mark avec le sens de l’exagération qui le caractérisait.

    Meredith pouffa de rire. Ce que j’adore chez vous, c’est votre grande modestie. Elle cessa de rire en voyant qu’ils étaient arrivés à destination et qu’elle allait devoir descendre du télésiège. Elle y arriva sans trop de peine, avec l’aide de Derek, mais quelques mètres plus loin, alors qu’il venait à peine de la lâcher, elle perdit l’équilibre et tomba durement sur ses fesses. Le rire tonitruant de Mark salua cette première chute. Je ne vois pas ce qu’il y a de marrant, maugréa la jeune fille, un peu vexée.

    Moi oui, répliqua Mark, appuyé nonchalamment sur son bâton.

    Derek, qui était déjà agenouillé auprès de Meredith, lança un regard sombre à son meilleur ami. Tu trouves ça malin de te moquer ! Elle s’est peut-être fait mal. Il palpa avec précaution la jambe de Meredith.

    Mark prit son téléphone portable avec un sourire goguenard. Tu veux que j’appelle une ambulance ?

    Ignorant son ami, Derek aida Meredith à se mettre debout. Tu es sûre que ça va ? On devrait peut-être rentrer pour que je t’examine, lui suggéra-t-il, inquiet.

    Mais non, ce n’est qu’une petite chute sans importance, le rassura-t-elle.

    Mark regarda le couple avec un air sarcastique. Si à chaque fois qu’elle tombe sur ses fesses, tu veux lui faire passer une radio, elle n’est pas prête de savoir skier.

    Derek fusilla Mark du regard. Si tu n’as rien de plus intelligent à dire, tais-toi.

    Bon, au lieu de vous chamailler comme des gosses, si vous me la donniez, cette leçon de ski ? lança Meredith.


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  • Durant toute la journée, les deux amis rivalisèrent de patience et de gentillesse pour apprendre à Meredith à tenir debout sur ses planches, dans un premier temps, et à se déplacer ensuite. Les chutes furent nombreuses, bien sûr, mais en fin d'après-midi, la jeune fille était capable de descendre une piste verte avec une certaine aisance, à défaut d'enthousiasme. Malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à comprendre l'engouement que tant de personnes avaient pour ce sport qui consistait principalement, de son point de vue, à faire la file pendant des heures pour accéder aux télésièges afin de remonter des pentes qu'on descendait en quelques minutes. En plus, elle se sentait laide et ridicule, avec cette couche épaisse de crème grasse que Mark avait pris plaisir à étaler encore et encore sur son visage, et engoncée dans sa combinaison qui, aussi chère soit-elle, était maintenant toute mouillée. Quand le soleil disparut et que le froid se fit plus pénétrant, la motivation déjà ténue de Meredith s'évanouit totalement. Dites-moi que c'est fini pour aujourd'hui, implora-t-elle ses deux compagnons, après une énième descente. J'ai froid, j'ai faim, j'en ai marre. En plus, j'ai mal partout.

    Derek hocha la tête de bas en haut. Oui, c'est fini. On va rentrer. Il sourit en la voyant pousser un soupir de soulagement. Je suis fier de toi. Tu t’es super bien débrouillée. De la vraie graine de championne !

    Ouais, on va dire ça, grommela-t-elle en s'empressant de décrocher ses skis. Elle avait hâte d'arriver chez le loueur de matériel pour pouvoir enlever les chaussures de ski et retrouver le confort de ses Moon Boots.

    En tout cas, vu le nombre de fois où tu t’es retrouvée sur les fesses, tu mérites la médaille d’or de la chute ! se moqua Mark.

    Oh je pense que c'est la seule médaille à laquelle je pourrai prétendre, répliqua Meredith. Je ne crois pas que le ski et moi, soyons faits l'un pour l'autre.

    Tu ne peux pas dire ça après une seule journée, estima Derek.

    Ne te décourage pas surtout, ajouta Mark en mettant ses skis et ceux de la jeune fille sur son épaule. Le ski, plus t'en fais, plus tu aimes ça.

    Elle lui lança un regard sceptique. Ça, c'est pas gagné.

    Elle était frigorifiée quand ils arrivèrent à la maison. Tout le long du chemin, elle avait eu l'impression que l'humidité pénétrait peu à peu en elle. A peine dans le hall, elle abaissa le haut de sa combinaison, ce qui lui permit de réaliser que le pull qu’elle portait en-dessous était tout mouillé. Derek et Mark s’en rendirent compte également et échangèrent un regard inquiet. Il n’y avait rien de pire que de mariner dans des vêtements humides pendant des heures. Va m’enlever ça tout de suite, ordonna Derek, l’air mécontent. C’est de la merde et je n’aurais jamais dû te laisser me convaincre de l’acheter. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de le foutre à la poubelle. Et les autres aussi.

    Ah ça, non ! Il n’en est pas question, riposta Meredith. Moi, je ne jette pas des vêtements à la poubelle. Pressentant que la discussion allait tourner au vinaigre, Mark s’éloigna discrètement dans le couloir des chambres.

    Fais-en ce que tu veux, mais je ne veux plus te voir avec, répliqua Derek.

    Ah oui ? Et je mets quoi le reste de la semaine ? questionna Meredith avec des yeux ronds.

    Ce que tu veux, je m’en fous ! Tout ce que je sais, c’est que si tu m’avais écouté quand on était chez Bloomingdale’s, on n’en serait pas là. Enervé, Derek sortit du chalet en claquant la porte. Meredith regarda fixement celle-ci avec un air éberlué.

    Mark revint dans le hall. Il est parti ? La jeune fille opina de la tête, avec la lèvre inférieure qui tremblait. Mark la prit par les épaules. T’inquiète, il est juste sorti se calmer.

    Tu crois ?

    Mais oui ! répondit Mark en souriant. Tu sais comment il est. Il s’emporte facilement. Il faut juste lui laisser le temps de redescendre.

    Meredith posa la tête contre l’épaule de son ami. Mais pourquoi il réagit comme ça ? Je n'ai jamais fait de ski. Comment j'aurais pu savoir que ces pulls ne conviendraient pas ? La seule chose à laquelle j'ai pensé, c'est à leur prix. Il avait déjà tellement dépensé d'argent pour moi, je ne voulais pas qu'il en dépense encore plus.

    Mais ne t'en fais pas pour ça, recommanda Mark. Je te parie que quand il va revenir, il sera le premier embêté de s'être énervé pour si peu et il ne saura pas quoi faire pour se faire pardonner. Il l'emmena jusqu'à sa chambre. Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas aller m'enlever ces vêtements tout mouillés et puis prendre un bain bien chaud. Et quand tu en sortiras, je te donnerai une aspirine et un thé avec du miel. J'ai vu que tu en avais acheté, c'est une bonne idée. Il n'y a rien de tel pour prévenir les maux de gorge.

    Tremblante de froid, Meredith s'empressa de suivre le précieux conseil. Le temps de retirer ses vêtements et de remplir la baignoire, elle se plongea dans l'eau presque brûlante. Elle y resta longtemps, rajoutant de l'eau chaude au fur et à mesure. Quand elle arriva au salon, emmitouflée dans un gros pull appartenant à Derek, elle fut contrariée de ne pas trouver ce dernier. Il n'est pas encore revenu ? se renseigna-t-elle auprès de Mark qui s'avançait vers elle avec un plateau sur lequel il y avait un mug de thé au citron et au miel, comme promis, mais aussi quelques gâteaux.

    T'inquiète pas. Il m'a envoyé un texto pour me dire qu'il allait arriver, la rassura Mark. Après avoir conduit la jeune fille jusqu'au canapé, il voulut lui donner la tasse de thé mais la reprit in extremis, son amie étant secouée par une crise d’éternuements. Ho la ! Eh ben dis donc, t’es bien arrangée, toi ! Je crois qu’une aspirine s’impose.

    Meredith acquiesça tout en se mouchant. Tu m'avais dit que tu m'en donnerais une, lui rappela-t-elle une fois qu'elle eut fini.

    C'est vrai, je vais te chercher ça.


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  • Le temps de faire l'aller-retour jusqu'à sa chambre et de faire un détour par la cuisine pour y prendre un verre d'eau, Mark était devant elle, lui tendant une tablette de comprimés. Tiens, prends-en une. En espérant que ça suffira.

    J'espère aussi. Parce que si je tombe malade, Derek ne va pas arrêter de me faire la leçon, déplora-t-elle avant d'avaler l'aspirine.

    Au cas où, je te donnerai quelque chose de plus fort et on ne lui dira rien. Ce sera notre petit secret. Mark la prit tout contre lui, en l'enlaçant par les épaules. Ça va mieux ? Elle fit signe que non. Il lui posa alors la main sur son front. Hmm ! Tu es un peu chaude, c’est vrai, constata-t-il. Un début de fièvre, sans doute. Mais il faut le temps que l’aspirine agisse. Bois ton thé, ça va te faire du bien.

    Elle but une gorgée mais fit une petite grimace. J'ai mal à la gorge quand j'avale, confia-t-elle à son camarade. Et j’ai vraiment froid, malgré le pull.

    Effectivement, il la sentait trembler dans ses bras. Et pourtant, il fait bon ici. J'ai allumé les radiateurs ce matin, avant de partir, lui apprit-il. Bon, montre-moi ça. Pour prendre son pouls, il préféra sentir les pulsations à la gorge plutôt qu’au poignet. Qui sait, peut-être que Meredith lui prendrait la main pour la poser un son sein. Mais rien de tel ne se produisit, la jeune fille se contentant de renifler en le regardant avec de grands yeux un peu soucieux. Ton cœur bat un peu vite, mais rien de probant, annonça-t-il. Plus pour son plaisir personnel que par un réel souci d’efficacité, il la fit se pencher légèrement vers l’avant afin de pouvoir lui relever son pull jusqu’aux épaules. Il colla alors une oreille sur son dos, à hauteur des poumons. Les yeux fermés, savourant la douceur de sa peau, il respira profondément son odeur, sans prêter aucunement attention à son souffle.

    Tu entends quelque chose ? chuchota-t-elle.

    Tousse un peu, lui demanda-t-il pour prolonger son maigre plaisir. Il écouta vaguement les toussotements, incapable de se concentrer parce qu'il venait d’apercevoir que l’arrière du jean de Meredith s’était abaissé juste assez pour lui laisser entrevoir la naissance de ses fesses. Voilà donc à quoi il en était réduit, lui qui était le plus grand des séducteurs de la côte Ouest ! A effleurer vaguement la jeune fille de ses désirs, à renifler son parfum et à rêver de glisser un doigt dans la raie de ses fesses. Pfft ! Quelle déchéance ! Frustré et énervé, il rabaissa le lainage. Rien de grave, affirma-t-il pour rassurer Meredith. Il faut attendre que l'aspirine fasse effet. S'il le faut, je t'en donnerai une autre dans quelques heures et si, vraiment, ça ne s’arrange pas, j'envisagerai quelque chose de plus fort.

    Et tu as ce qu'il faut pour me soigner ? s'enquit-elle, tracassée.

    Mais qu'est-ce que tu crois que tu as ? se moqua Mark. C’est un refroidissement, pas une pneumonie.

    Du moment que ça n'en devient pas une, grommela Meredith.

    Mais non, bien sûr ! Cesse de voir tout en noir, bon sang, la gronda gentiment Mark. T’es aussi chochotte que ton mec !

    La bouche de Meredith s'arrondit. Ooooh ! Derek n'est pas une chochotte, et moi non plus. La jeune fille donna une légère tape sur le bras du chirurgien.  

    Ce dernier allait répliquer quand ils entendirent le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvrait et se refermait, suivi de celui, beaucoup plus sonore, de pieds qu'on tape au sol, sans doute pour en faire tomber la neige. C'est moi, cria Derek. Où est-ce que vous vous cachez ?

    En haut, répondit Mark sur le même ton, en se relevant pour aller à la rencontre de son ami qui était déjà en train de grimper les escaliers.

    Il apparut avec, à bout de bras, deux grands sacs portant le nom d'une boutique de mode devant laquelle Meredith se souvenait être passée la veille. Elle se rappelait également n'avoir vu dans la vitrine que des vêtements de marque de luxe. Cependant, elle n'eut pas le temps de s’appesantir sur la question car Derek s'était déjà installé à la place que Mark occupait à côté d'elle quelques secondes plus tôt et il la regardait avec cet air penaud qui la faisait fondre. Je te demande pardon pour la façon dont j'ai réagi tout à l'heure. C'était vraiment stupide.

    Elle lui sourit. Disons plutôt que c'était un peu excessif. Mais ce n'est rien.

    Heureux d'avoir été absous aussi facilement, il lui tendit les deux sacs qu'il avait déposés à ses pieds. Tiens, c'est pour toi. Ça devrait faire l’affaire pour la semaine.

    Tu n'aurais pas dû, lui dit-elle en déballant ses cadeaux avec empressement. Il y avait quelques sous-pulls, mais surtout cinq pulls, portant la griffe de Versace, Marc Jacobs et Ralph Lauren. Elle chassa la question du prix de son esprit pour ne se concentrer que sur la qualité des vêtements, la douceur de la laine et la finesse des motifs. Tu es fou, murmura-t-elle. Merci. Elle tendit les lèvres à son amant.

    Il les effleura furtivement. Alors, ça te plait ?

    Bien sûr ! Ils sont magnifiques, dit-elle en frottant sa joue contre la manche d'un somptueux pull de couleur vert pastel. Ils sont même beaucoup trop beaux pour faire du ski.

    Rien n'est trop beau pour toi, chuchota Derek, heureux de l'effet qu'avaient ses achats. Pardonnée, sa saute d'humeur complètement injustifiée. Il s'en était rendu compte à peine avait-il mis le pied dehors et c'est pour cette raison qu'il s'était livré à cette séance de shopping improvisée. Il regardait tendrement la jeune fille qui lisait l'étiquette d'un de ses pulls quand il remarqua que la roseur de ses joues, qu'il avait attribuée au contentement, persistait plus que de raison. Ça va ? Tu te sens bien ? s'inquiéta-t-il. Je te trouve un peu rouge.

    Meredith attrapa la main qu'il s'apprêtait à poser sur son front et la serra entre les siennes. Oh c'est rien. Je crois que mon bain était un peu trop chaud. Tu m'aurais vue quand je suis sortie. Une vraie écrevisse ! prétendit-elle. De toute façon, comme mes vêtements étaient mouillés, Mark m'a donné une aspirine, au cas où. Mais je vais super bien, ne t'en fais pas.


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