• Derek et Rose avaient dîné au Serafina. La soirée s’était bien passée, au-delà même des espérances du chirurgien. Rose avait confirmé la première impression qu’il avait eue d’elle. Elle était optimiste, positive, déterminée, pas compliquée pour un sou, en un mot l’antithèse de Meredith. Cette idée s’était imposée d’un coup à l’esprit de Derek, pendant le repas, et ça ne l’avait pas perturbé plus que ça. Il en avait été rassuré. Il pouvait penser à Meredith Grey sans que cela ne déclenche un tsunami dans son cœur et dans son âme. Le premier pas vers la guérison sans doute.

    Le couple sortit du restaurant et se dirigea vers la voiture. Une fois assis au volant, Derek se tourna vers sa compagne et lui sourit. Alors, ça t’a plu ?

    L’endroit ? Le dîner ? La soirée ? Toi ? demanda Rose, un sourire tendre aux lèvres. Quel sujet t’intéresse ?

    Derek eut un petit rire amusé. Fais-moi un topo général.

    L’endroit, superbe. Le dîner, succulent. La soirée, plus qu’agréable pour le moment. Toi – Rose regarda le chirurgien avec des yeux plein d’admiration -  tel que je me l’étais imaginé. En un mot, je ne suis pas déçue.

    Tant mieux.

    Et toi, tes impressions ? se renseigna-t-elle à son tour.

    Exactement les mêmes que les tiennes, assura Derek.

    Alors, chez toi ou chez moi ?

    Bien qu’il se soit attendu à une demande de ce genre, Derek ne put s’empêcher d’être étonné par la franchise de la jeune femme. Il se demanda aussi comment lui répondre sans se montrer blessant. Ecoute… je préfère être honnête…

    Rose se raidit imperceptiblement. Je ne te plais pas, c’est ça ?

    Non, non, pas du tout, protesta vigoureusement Derek. Que vas-tu penser ? Je te trouve géniale et j’aime bien être avec toi…

    Donc, c’est à cause de Meredith ?

    Non. Enfin, oui, un peu, reconnut Derek avec un peu de gêne. Je te l’ai dit, je suis libre, sinon je ne serais pas ici. Mais elle et moi, c’était… Il soupira. Je ne peux pas nier que j’éprouvais quelque chose de…

    Ce fut Rose qui termina sa phrase. Quelque chose de fort et tu n’es pas certain de pouvoir éprouver la même chose pour moi.

    Derek fut soulagé qu’elle ait pu exprimer si clairement ce qu’il ressentait. Oui. C’est ça. Je suis désolé mais je dois être sincère. Sans doute qu’un jour, je…

    Rose l’interrompit. Surtout, ne me fais pas de promesses que tu ne pourrais pas tenir. Elle sourit en voyant l’air penaud avec laquelle il la regardait. Ecoute, tu la connais depuis longtemps, vous aviez une relation sérieuse, et moi, je viens seulement de débarquer dans ta vie. Alors, c’est normal que tu n’éprouves pas la même chose pour moi. Je comprends, le rassura-t-elle. Mais tu sais, je suis une grande fille. Il y a longtemps que j’ai compris qu’il ne faut pas aimer pour coucher ensemble. Je peux assumer ça. Alors, chez toi ou chez moi ?

    Derek hésita. Il n’était pas certain d’être déjà prêt pour ça. Hier encore, il était avec la femme qu’il aimait et maintenant… Intérieurement, il pesta contre Meredith qui n’avait rien compris à ses envies et qui avait profité de la première occasion pour se débarrasser de lui. Qu’elle aille donc au diable ! Elle pouvait faire du surplace, il ne ferait pas comme elle. Il adressa un sourire éblouissant à Rose. Si ça ne te dérange pas, je préfèrerais chez toi. Il mit le contact et démarra.

    Quelques instants plus tard, ils entraient dans la demeure de la jeune femme. La porte n’était pas sitôt fermée que Rose se pendait au cou de Derek pour l’embrasser. Leurs lèvres se pressèrent l’une contre l’autre. Mais quand elle voulut introduire sa langue dans sa bouche, instinctivement, Derek eut un mouvement de recul. Rose le regarda, étonnée. Excuse-moi, lui dit-il, embarrassé. Je ne m’attendais pas… Quand on s’est embrassé hier…

    Elle eut un petit rire malicieux. Oui, c’était un baiser sans la langue. Mais là, on avance, non ? Elle redevint sérieuse. Ou bien ça va trop vite pour toi ?

    Derek passa la main dans ses cheveux. Non, non. C’est ridicule. Je suis désolé. Je me conduis comme un gamin.

    Rose lui fit un sourire attendri. Je trouve ça mignon. Et j’ai sans doute été un peu trop entreprenante, aussi. Tu veux boire un verre pour te décontracter ? Whisky ? Derek accepta d’un signe de tête. Elle alla lui servir un verre puis revint vers lui. Il but une gorgée d’alcool pendant qu’elle s’asseyait dans le canapé. Elle lui tendit la main pour qu’il la rejoigne. Après avoir déposé son verre sur la table, il ôta sa veste et s’installa aux côtés de la jeune femme. Cette fois, ce fut lui qui prit l’initiative.


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  • Derek et Mark arrivèrent sur le parking du Seattle Grace en même temps et garèrent leurs véhicules côte à côte. Mark sortit du sien en affichant un sourire égrillard. Te voilà bien matinal pour quelqu’un qui a passé une nuit d’enfer. Du moins, c’est ce que j’en déduis en voyant ta tête.

    Enfer. Tu as trouvé le mot juste, dit Derek en s’adossant à sa voiture.

    Ah ah ! L’infirmière est donc une coquine, se réjouit Mark, aussi heureux que si c’était lui qui avait passé la nuit avec Rose. Je l’avais bien jugée. Allez, raconte.

    Derek lui jeta un regard morne. Nuit d’enfer ne signifie pas toujours nuit de débauche, Mark. Dans mon cas, cela signifierait plutôt nuit blanche. Ne pas dormir, trop réfléchir, retourner le problème dans tous les sens.

    Mark le regarda avec un air de totale incompréhension. Ne me dis pas que tu as emmené cette fille dîner et puis que tu es rentré bien sagement chez toi ? Le silence de son ami confirma ses soupçons. Non, Derek, ce n’est pas possible, tu ne peux pas me faire un coup pareil !

    Derek ne put s’empêcher de sourire. Tu réagis comme si c’était toi, la fille.

    Non, mais il y va de notre honneur de mec, répliqua Mark. Alors dis-moi que tu as sauté cette Rose.

    Derek secoua la tête. Il ne s’est rien passé.

    Rien ? Stupéfait, Mark avala sa salive. Rien, vraiment rien ? Même pas une petite gâterie ?

    Derek lui lança un regard furibond. Si je te dis rien, c’est rien.

    Je croyais qu’elle te plaisait, argumenta Mark, totalement désarçonné par ce retournement de situation.

    Je le croyais aussi, reconnut Derek. En fait, elle me plaît, là n’est pas le problème. Elle est gentille, sympathique…

    Mark eut une illumination soudaine. Mais elle ne sait pas s’y prendre ! Il prit Derek par les épaules. Bon, tonton Mark va t’arranger ça. Je vais te trouver une fille canon qui va bien s’occuper de toi, je te le garantis.

    Derek se dégagea de l’étreinte de son ami. Ce n’est pas la peine. Rose n’est pas en cause. Je suis le seul à blâmer.

    Ah cesse de jouer les cœurs nobles ! s’exclama Mark en le bousculant légèrement. Rachel, la copine d’Helen, elle te plaisait bien, je crois ? Je suis quasiment certain de pouvoir rattraper le coup et…

    Derek lui coupa la parole. Mark, tu ne comprends pas. Je ne suis pas intéressé que ce soit par Rose, Rachel ou je ne sais qui d’autre. Je n’y arrive plus.

    Tu n’y arrives plus ? Mark ouvrit de grands yeux. Oh merde ! Je n’avais pas compris. Il posa sa main sur l’épaule de son camarade, dans un geste plein de compassion. Ne t’en fais pas, mon vieux. ça doit être un effet de la fatigue, la nervosité. Pas étonnant, avec tout ce que tu as vécu ces derniers temps. Heureusement, la médecine est là pour t’aider et…

    Derek l’interrompit sèchement. Arrête ton cirque. Je vais bien. La médecine ne peut rien pour moi. Rose… Il soupira. Hier soir, j’étais avec elle mais je mourrais d’envie d’être ailleurs. Je l’ai utilisée.

    Mark scruta son ami avec attention. Tout à coup, il comprit. Non, ne me dis pas que… Meredith Grey a encore frappé, hein !

    Son souvenir, du moins, précisa Derek en baissant la tête. Quand j’ai essayé d’embrasser Rose, un vrai baiser, cette fois, c’est comme si j’étais frappé par la foudre. Je n’ai pas pu, murmura-t-il. Il releva sur Mark un regard désespéré. Je ne peux pas tirer un trait sur Meredith.

    Mark s’adressa à lui comme s’il parlait à un enfant qu’il fallait raisonner. Derek, je sais que cette histoire a beaucoup compté pour toi et que ce n’est pas facile de la laisser en arrière. Pourtant, il va falloir que tu acceptes qu’elle soit terminée. Bon, je l’admets, la soirée avec Rose, c’était sans doute un peu trop tôt. J’ai eu tort de t’inciter à voir d’autres filles aussi vite. Il tapota sa main sur l’épaule de Derek. Mais va falloir te bouger, mon vieux.

    Derek, qui s’était un peu avachi contre la carrosserie de sa voiture, se redressa. C’est ce que je vais faire, promit-il avec détermination. Je vais attendre que Meredith arrive et je vais lui parler.

    C’est donc bien ce que je craignais. Mark secoua la tête avec désolation. Derek, Derek…

    Ecoute, je suis vraiment content d’être sorti avec Rose, hier, affirma Derek. ça m’a ouvert les yeux. J’ai compris une chose, j’aime Meredith, je ne peux aimer qu’elle.

    Je sais, Derek, je le sais bien, dit Mark avec le même ton paternaliste que celui qu’il avait adopté précédemment. Je suis ton ami, je te connais comme personne. Mais en amour, il faut que ce soit réciproque et…

    Elle m’aime aussi, dit Derek, d’un ton qui ne tolérait aucune discussion.

    Néanmoins, elle t’a quitté, lui fit remarquer Mark avec douceur.

    Mais je ne lui ai pas laissé le choix, protesta Derek. Je me suis conduit comme un crétin. J’ai voulu faire pression sur elle, je l’ai piégée. Puis, il y a eu ce baiser avec Rose. Il secoua la tête avec un air catastrophé. C’était une erreur monumentale. Je connais Meredith, je sais les difficultés qu’elle éprouve à faire confiance aux gens et moi, je… je l’ai trompée, Mark.

    Celui-ci fit la moue. Ce n’était qu’un baiser. Pas de quoi en faire une tragédie grecque.

    J’aurais dû lui en parler, estima Derek. Le fait de le lui avoir caché, la façon dont elle l’a appris, par quelqu’un d’autre… Je ne lui ai pas laissé le choix.

    Mark haussa les épaules. Bon, soit. Tu attends que Meredith arrive et après ? Tu vas te faire jeter, tu en es conscient ?

    Ce n’est pas grave, j’insisterai.

    Tu dois être masochiste, constata Mark, avec un air accablé. Tu pourrais avoir toutes les filles que tu veux et tu t’obstines à vouloir vivre avec celle qui ne… Il se tut pour ne pas se montrer blessant.

    J’ai essayé, Mark, je te jure que j’ai essayé, répliqua Derek avec fougue. Mais il s’est passé quelque chose hier soir, quelque chose qui m’a fait réaliser que je devais arrêter de croire que je pouvais vivre sans elle, parce que ce n’est pas vrai.


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  • Sur ces mots, Mark se mit à avancer vers l’entrée de l’hôpital. Derek le suivit. Je ne chercherai pas à te convaincre du contraire, dit Mark. Ce serait peine perdue. Alors, comment comptes-tu procéder ?

    Je n’en sais rien, reconnut Derek. Je verrai bien quand je serai face à elle.

    A ta place, je préparerais un peu mes arguments parce que la partie ne va pas être facile à jouer, conseilla Mark qui ne voulait pas que son ami se fasse trop d’illusions.

    J’ai tellement de choses à lui dire, soupira Derek. J’ai cru que le plus important, c’était d’avoir une maison et une famille, mais je me suis rendu compte que tout ça n’aurait aucun sens si ce n’était pas avec elle.

    Pas mal comme défense, jugea Mark. Ça pourrait aller. En se tournant vers son ami, il eut son attention attirée par une voiture qui faisait son entrée dans le parking. Je crois qu’on ne va pas tarder à le savoir. La voilà qui arrive.

    Derek blêmit et fit volte-face, terrifié de se retrouver face-à-face avec l’élue de son cœur. Il redoutait ce moment autant qu’il l’espérait. Son cœur fit un double salto quand Meredith sortit de son véhicule. Mais l’organe s’écrasa au sol quelques minutes plus tard, lorsque la jeune femme passa à côté de son ex amant, dure comme de la pierre, regardant droit devant elle, comme si elle n’avait pas vu les deux hommes. Elle était entourée de sa bande d’amis, telle une star cernée par des gardes du corps. En passant, Cristina jeta à Derek un regard empli de dégoût qui le fit se sentir plus bas que terre. Seuls Izzie et Alex se montrèrent discrètement solidaires. Izzie lui adressa un sourire désolé tandis qu’Alex faisait une mimique destinée à montrer sa compréhension.

    Le temps que Derek reprenne ses esprits, le groupe était déjà presque à la porte du Seattle Grace. Derek fit mine de vouloir le rattraper mais Mark le retint par la manche. Laisse. N’y va pas maintenant. Elle est avec ses amis. Quoique tu lui dises, elle ne voudra pas perdre la face. Tu vas te faire étaler en public. Attends un moment plus propice. Pour autant qu’il y en ait un, conclut-il avec une moue dubitative.

    Le regard fixé sur Meredith dont il espérait qu’elle finirait par se retourner vers lui, Derek hocha la tête. Non. Je dois lui parler maintenant. Tant pis si elle me réduit en miettes. Je l’ai mérité. Il se mit à courir en la hélant. Meredith… Meredith… L’intéressée ne fit pas un mouvement en sa direction. Faisant fi de son entourage, il se plaça face à elle pour l’obliger à s’arrêter. Meredith, je t’en prie, nous devons parler.

    Est-ce d’un dossier médical dont vous désirez me parler sur ce parking, Dr Shepherd. ? demanda-t-elle sèchement.

    Non, répondit-il, désarçonné par la froideur de son ton et la dureté de son regard.

    Alors nous n’avons rien à nous dire. Dorénavant, nos relations ne seront plus que professionnelles. Meredith contourna son ex et se remit à avancer, escortée par sa bande.

    Derek resta là, comme foudroyé. Mark le rejoignit. Je te l’avais dit. Tout est question de timing. A ta place, je laisserais passer quelques jours, le temps que sa colère s’atténue.

    Tout à coup, ils virent Alex faire demi-tour et revenir en courant vers la voiture. Lorsqu’il passa à côté des deux hommes, il prit soin de regarder si les filles ne l’espionnaient pas. Comme elles venaient d’entrer dans l’immeuble, il s’arrêta à la hauteur des chirurgiens. Doc, je tiens à vous dire que je suis désolé pour ce qui s’est passé. C’est de ma faute. J’ai surpris votre conversation avec l’infirmière et j’en ai parlé à Izzie qui l’a laissé échapper dans la conversation. Voilà.

    C’est malin, dit Mark sur un ton cassant. Ce n’est pas parce que tu couches avec une fille que tu es obligé de tout lui raconter.

    Derek lui fit signe de se taire et s’adressa à Alex. Comment va-t-elle ?

    Ben, vous connaissez Izzie, elle s’en veut mais…

    Derek l’interrompit avec un air irrité. Je te parle de Meredith, là. Comment va-t-elle ?

    Alex fit une grimace éloquente. Elle est très remontée, vous vous en doutez. Iz et moi, on a essayé de lui faire entendre raison mais c’est peine perdue. Elle est blessée.

    Il faut que je lui parle, Alex.

    Mal à l’aise, ce dernier évita de croiser le regard du chirurgien. Ça va pas être simple. On a reçu la consigne de ne pas lui passer vos communications et de ne pas vous laisser entrer si vous vous aventurez à la maison. Désolé, ajouta-t-il en voyant que Derek devenait blanc comme un linge.

    Mark eut pitié de son ami. Dis donc, Karev, ce bordel, c’est toi qui l’as provoqué. Tu pourrais aider à le réparer tout de même.

    Derek lui fit signe de se taire. Arrête, Mark. Il n’y est pour rien. Je suis le seul fautif.

    Alex se gratta le cuir chevelu avec un air embarrassé. Je peux rien pour vous, Doc. Si ça ne tenait qu’à moi, je vous filerais un coup de main mais… Meredith est mon amie et je ne veux pas qu’elle pense que je l’ai trahie. Derek lui fit signe qu’il le comprenait. Par contre, Mark lui lança un regard mauvais qui le fit réfléchir. Après le sale coup qu’il lui avait fait avec Addison, il avait intérêt à ne plus contrarier l’irascible chirurgien. Il pourrait toujours s’arranger avec Meredith mais pas avec Mark Sloan. Ecoutez, dit-il à l’attention de Derek, si vous voulez parler à Meredith, vous devez le faire quand Yang n’est avec là. Vous n’avez pas trop la cote avec elle pour le moment. Alors voila ce que je vous propose. Cet après-midi, Yang sera au bloc avec Hahn. Je vais m’arranger pour que Meredith soit dans les vestiaires des résidents vers 15h. Essayez d’être dans les parages. Après, ce sera à vous de jouer. Alex repartit en courant vers l’hôpital.


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  • Miranda Bailey était en train de chercher le Dr Shepherd pour lui demander son avis sur un dossier, quand elle l’aperçut en haut de la passerelle. Elle suivit son regard et comprit qu’il observait un petit groupe de personnes qui discutaient dans le hall, au sein duquel se trouvait Meredith Grey. Miranda soupira profondément avant de le rejoindre. Dr Shepherd, j’ai besoin d’un avis neuro pour une femme de 52 ans qui vient de subir un accident de la route et… Réalisant que Derek ne s’était même pas aperçu de sa présence, elle s’interrompit. C’est un peu tard, vous ne croyez pas ? fit-elle sur un ton un peu acerbe. C’est avant qu’il fallait faire attention à elle. Derek ne répondit pas. Ho ! Shepherd !

    L’intéressé sursauta et découvrit la présence de sa collègue. Qu’est-ce qui vous prend de crier comme ça ?

    Elle le fusilla du regard. ça semble être le seul moyen d’attirer votre attention. Ça fait cinq minutes que je parle dans le vide.

    Derek reporta à nouveau son attention sur la jeune femme blonde qui riait avec ses amis. Que disiez-vous ? demanda-t-il distraitement.

    Qu’il est trop tard pour avoir des regrets ! lui lança Miranda sur un ton exaspéré. Vous auriez dû plutôt réfléchir avant de faire des bêtises.

    Vous êtes déjà au courant, déduisit Derek des réprimandes qu’elle venait de lui faire.

    Je ne l’aurais pas été qu’il m’aurait suffit de vous voir pour comprendre, ironisa Miranda. Mais oui, j’ai entendu parler de l’événement de la semaine. Vous vous êtes conduit comme un imbécile encore une fois.

    On ne vous a jamais dit que c’était cruel de tirer sur un homme qui est déjà à terre ? grommela Derek.

    Et vous, on ne vous a jamais dit que c’était pathétique de se lamenter sur son sort ? riposta la chef des résidents.

    Miranda, je vois clair en vous, prétendit Derek. Miranda haussa les sourcils. Si, si, je vous assure, continua-t-il. Vous m’aimez bien. Mais comme vous êtes une personne réservée et pudique, vous n’arrivez pas à l’exprimer.

    Ne prenez pas vos rêves pour des réalités, bougonna-t-elle. Bon, on peut parler boulot ?

    Derek acquiesça. Ils se mirent à avancer tandis qu’elle lui expliquait le cas pour lequel elle voulait son avis. Ils tournaient le coin d’un couloir quand ils furent percutés par Cristina Yang qui marchait à reculons, face à Meredith à qui elle parlait avec animation. En plus, elle est affreuse. Comment a-t-il pu…

    Dr Yang, tonna Bailey. Où vous croyez-vous ?

    Cristina fit demi-tour et se trouva nez à nez avec les deux chirurgiens. Pardon, Dr Bailey. Je ne vous avais pas vue.

    A moins que tu n’aies des yeux dans le dos, le contraire me semble difficile, se moqua Miranda. Tu n’as pas de travail ? Sinon, je vais y pourvoir. Cristina secoua la tête. Allez ouste, ordonna Miranda. Cristina fila sans demander son reste.

    Pendant le temps qu’avait duré ce petit entretien, Derek n’avait pas quitté Meredith des yeux sans obtenir autre chose qu’un froid mépris. Lorsque Cristina fut partie, il voulut se rapprocher de la jeune femme mais elle recula d’un pas. Meredith, je t’en prie, murmura-t-il, d’un ton suppliant et avec un regard de chien battu.

    Meredith l’ignora ostensiblement. Dr Bailey, moi aussi, j’ai du travail. Je vais y aller, si vous le permettez. Elle partit sans attendre la réponse. Par peur d’un esclandre, Derek n’essaya pas de la retenir.

    Vous ne vous attendiez pas à autre chose, dites-moi ? demanda Miranda sur un ton moqueur.

    Je sais que je me suis conduit comme un imbécile, reconnut Derek tout en regardant, d’un air désespéré, Meredith qui s’éloignait. Mais, au nom de ce que nous avons été l’un pour l’autre, elle pourrait au moins me laisser m’expliquer.

    Miranda ricana. C’est aussi au nom de ce que vous avez été l’un pour l’autre que vous avez sauté sur la stagiaire ?

    Je n’ai pas sauté sur la stagiaire, protesta mollement le chirurgien.

    Ce n’est pas ce que j’ai entendu dire. Miranda prit un air détaché. Personnellement, j’ai entendu parler d’un dîner romantique et d’un baiser fougueux.

    Les nouvelles vont vite, constata Derek, la mine sombre.

    Miranda l’approuva d’un signe de tête. Surtout celles-là.

    Eh bien, sachez que le dîner n’était qu’amical et le baiser tout sauf fougueux. Les deux étaient une erreur.

    Pourquoi l’avoir fait, alors ?

    Derek s’adossa au mur. J’aime Meredith, avoua-t-il après quelques secondes de réflexion. Tout ce que je fais est conditionné par mon amour pour elle. Mais à force de penser à elle, par elle, pour elle, je me suis oublié. J’ai des rêves aussi, Miranda. Est-ce que c’est un crime ?

    Ce ne sont que des rêves, lui fit-elle remarquer. Est-ce qu’ils valent la peine de gâcher la seule relation qui manifestement vous tient à cœur ?

    Derek prit un air penaud. Je croyais que oui. J’ai 40 ans. Je veux une maison, des enfants, vivre avec la femme que j’aime. Meredith, elle… Il soupira. Enfin, vous connaissez son histoire, sa mère, son père… Elle fait difficilement confiance.

    Et vous avez pensé que coucher avec une infirmière lui donnerait plus confiance en vous ? persifla Bailey.

    J’ai voulu me libérer, se justifia encore Derek. J’ai cru qu’être avec quelqu’un d’autre me permettrait d’échapper à son emprise. Ces derniers temps, j’avais l’impression d’être devenu son pantin. Je n’aimais pas l’homme que j’étais devenu.

    Miranda le regarda avec un air goguenard. Et vous vous aimez mieux maintenant que vous êtes libre ?

    Derek fit une grimace dubitative avant d’adresser un sourire triste à la résidente. Vous voulez savoir le plus drôle, Miranda ? Je n’ai pas couché avec l’infirmière. Je n’ai pas pu. C’est pathétique, non ?

    Il avait toujours été là pour elle dans les moments durs. Miranda ne pouvait pas l’oublier. Elle serait morte plutôt que de l’avouer mais elle avait une tendresse particulière pour lui. Ça pourrait être un argument à votre avantage, concéda-t-elle. Elle lui fit signe de la suivre pour aller enfin examiner sa patiente. Au moment d’entrer dans la chambre, elle se tourna vers lui. Pour ce que ça vaut, je crois ce que vous m’avez dit pour vous et l’infirmière. Elle a prévenu ce matin qu’elle ne viendrait plus. Vous avez dû être bigrement mauvais !


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  • Cela faisait plus d’une heure que Derek rôdait dans les alentours du vestiaire des résidents dans l’espoir d’y voir arriver Meredith et Alex. Depuis le matin, il ne faisait que penser à ce rendez-vous incertain. Il était tellement obsédé par le besoin de parler à Meredith qu’il avait fait reporter toutes les interventions prévues ce jour là. Mais il était déjà 15h40 et la jeune femme demeurait invisible. Derek commençait à se résigner lorsqu’enfin il la vit arriver au loin, en compagnie d’Alex. Il se précipita dans une salle de détente dont il ferma précipitamment les stores, au travers desquels il épia les deux compères jusqu’à ce qu’ils soient entrés dans leur vestiaire. Il sortit alors de sa cachette pour les rejoindre, en prenant soin de ne pas faire de bruit en entrant.

    Meredith, qui ne s’était aperçu de rien, continuait de parler à Alex. En tout cas, d’après Cristina, cette Rose est vraiment horrible. Je me demande ce qu’il peut bien lui trouver.

    Rien, répondit doucement Derek.

    Meredith sursauta et se retourna dans un seul mouvement. Qu’est-ce que tu fais-tu ici ?

    Derek se tourna vers son complice. Alex, tu veux bien nous laisser ? lui demanda-t-il.

    Alex, tu restes ! aboya Meredith à l’intention de son ami qui faisait mine de se diriger vers la porte.

    Désolé, Mer, mais je n’ai pas envie d’être mêlé à vos histoires, déclara Alex avant de sortir.

    De peur que la jeune femme ne veuille suivre son camarade, Derek se plaça devant la porte. Je t’en prie, juste quelques minutes. Il faut qu’on se parle.

    Je n’ai rien à te dire, répliqua Meredith, le visage fermé. Tu ferais mieux d’aller retrouver ta chère Rose.

    Je me fous de cette fille, riposta  Derek avec force. Elle ne m’intéresse pas. Elle ne m’attire même pas, même si elle n’est pas aussi horrible que Cristina le dit.

    Elle ne t’attire pas mais tu l’as quand même embrassée, lui rappela la jeune femme.

    Meredith, soupira Derek. Un baiser, un seul et…

    Un seul, vraiment ? Et ceux d’hier soir, ils ne comptent pas ? Elle eut un sourire mauvais en constatant l’embarras dans lequel sa question mettait Derek. Oui, je suis déjà au courant. Pas de chance pour toi, ta nouvelle copine est bavarde. Alors comme ça, on se sépare et toi, tu ne trouves rien de mieux que d’aller fêter ça avec elle ? Et tu oses me dire que tu m’aimes ? Elle détourna rapidement la tête pour qu’il ne voie pas que ses yeux s’embuaient de larmes.

    Oui, je t’aime et il ne s’est rien passé avec Rose hier soir, lui assura-t-il.

    Meredith fit semblant de ranger son casier. Ce n’est pas ce que la rumeur dit.

    Derek fit quelques pas vers elle. La rumeur a tort. Rose n’est pas ma nouvelle copine. Hormis ce baiser et ce dîner, il ne s’est rien passé avec elle, répéta-t-il en maudissant cette infirmière qui s’était répandue sur leur relation. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu raconter d’autre ? Et si tes infos sont bonnes, tu sais sûrement déjà qu’elle ne travaillera plus ici.

    La nouvelle, qu’elle ignorait, soulagea Meredith – au moins, elle ne devrait pas subir la présence de cette femme - mais elle n’en montra rien. Je vois. Tu as eu ce que tu voulais alors tu t’en es débarrassé, supposa-t-elle.

    Derek jeta les yeux au ciel. Mais arrête de dire n’importe quoi ! C’est elle qui a choisi de partir, justement parce que je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle espérait. Il vint se planter face à elle. De toute façon, ce n’est pas de Rose dont je veux te parler, mais de nous.

    Il n’y a plus de nous. Je ne sais même plus s’il y a eu un nous un jour. Meredith referma la porte de son casier en la claquant et voulut s’en aller.

    Derek se mit devant elle pour l’empêcher de passer. Tu n’as pas le droit de dire ça. Tu ne peux pas tout jeter aux oubliettes pour une stupide erreur.

    Elle le défia du regard. C’est pourtant ce que je vais faire. Tu as trahi ma confiance une fois de plus. Je ne peux plus rien envisager avec toi.

    Derek prit le menton de la jeune femme entre ses doigts. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne m’aimes plus, que tu n’éprouves plus rien pour moi et je te laisserai.

    Elle se dégagea brusquement. Ta façon de faire est malhonnête et tu le sais. Bien sûr que je ne peux pas te dire ça ! Elle lutta pour empêcher ses larmes de couler. Il y a deux jours, j’étais avec toi, je t’aimais de toutes mes forces et je voulais faire ma vie avec toi. Tout ça ne peut pas disparaître si rapidement. Mais l’amour ne suffit pas toujours.

    Tu sais bien que c’est faux. Tant qu’il y a de l’amour, rien n’est perdu.

    J’avais préparé mes affaires pour les apporter chez toi, lui apprit-elle, d’une voix étranglée autant par la colère que par l’émotion. J’avais peur de te perdre parce que je sentais que tu t’impatientais, alors j’ai voulu te prouver que j’étais capable d’évoluer. J’étais décidée. Et juste à ce moment là, j’apprends que tu as embrassé une autre fille, sur notre lieu de travail en plus. C’est ça ta façon de m’aimer, Derek ? Dis-moi où est l’amour là-dedans ?

    Ne mélange pas tout, s’écria-t-il. Ce n’est pas parce que je bécote une fille dans un moment d’égarement que je ne t’aime plus.

    Meredith prit un air buté. C’est peut-être ta conception du couple, ce n’est pas la mienne.

    Cette fois, Derek s’énerva. Ne déforme pas mes propos, s’il te plait. J’ai fait une erreur et je l’ai admis. Je me suis conduit comme un goujat, je le sais. Mais je refuse d’endosser toute la responsabilité de…

    La porte s’ouvrit et Izzie fit son entrée. Elle écarquilla les yeux en voyant Derek et Meredith discuter ensemble. Oh ! Devant le regard noir de contrariété de Derek, elle recula. Je ne savais pas… Je ne veux pas déranger… Je vais partir… Continuez.

    Non Izzie, reste, lui ordonna Meredith. N’osant lui désobéir, Izzie se réfugia dans un coin de la pièce. De toute façon, nous avions terminé, certifia Meredith. Nous avons dit tout ce qu’il y avait à dire.

    Derek la retint par la main mais elle la lui retira aussitôt, comme si le contact de leurs peaux lui avait fait mal. Meredith, je t’en prie, la supplia-t-il. Je dois encore te parler.

    Pour dire quoi ? s’emporta-t-elle. Que c’est à cause de mon attitude que tu as été amené à t’intéresser à Rose ? Le message est bien passé, je t’assure. Mais je ne changerai pas d’attitude pour autant. Aujourd’hui plus que jamais, je n’ai pas de motif d’en changer.

    Moi non plus, je ne changerai pas, lui promit Derek, le regard déterminé. Je ferai tout pour te convaincre de me donner une seconde chance.

    Meredith le regarda durement. Tu as déjà eu ta seconde chance, Derek. Tu n’as pas su en faire bon usage. Il n’y en aura pas de troisième. Elle sortit de la salle, avec Izzie sur les talons.


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