• Meredith était avachie sur son lit, en train de tourner les pages de magazines qu’elle ne regardait même pas. Cristina frappa à sa porte et entra sans attendre d’y être invitée. Elle vint s’allonger aux côtés de son amie et, à son tour, prit un hebdomadaire dont elle feuilleta distraitement les pages. Alors, ça y est ? demanda-t-elle, d’un air détaché.

    Meredith ne releva pas la tête de sa soi-disant lecture. Quoi ?

    C’est officiel, tu as rompu ? s’enquit Cristina sur un ton neutre.

    Oui, répondit Meredith sur le même ton.

    Cristina ne manifesta aucune émotion particulière. C’est tout à fait fini ?

    Meredith opina de la tête. Complètement fini.

    Pour toujours, dit encore Cristina

    A tout jamais. Meredith jeta son magazine au loin.

    Tu ne te feras plus avoir ?

    Ah, ça, c’est sûr ! s’exclama Meredith. J’ai passé ma journée à repousser toutes ses tentatives de dialogue.

    Je sais, Izzie m’a raconté… Les lèvres légèrement pincées, Cristina hocha la tête de bas en haut avec un air pénétré pendant quelques secondes. Donc plus de sexe !

    Meredith hocha la tête de droite à gauche. Plus de sexe.

    Cristina regarda son amie du coin de l’œil. Enfin, plus de sexe avec McDreamy du moins.

    Meredith eut un petit rire forcé. Bien entendu. Je ne vais pas entrer au couvent tout de même.

    De toute façon, ce n’était pas pour ça que tu étais avec lui. Toi, ton truc, c’est après, dit Cristina, faussement songeuse. Meredith la regarda d’un air intrigué. Oui, poursuivit Cristina. Le moment juste après l’amour, quand le monde cesse de tourner, enfin, tu sais bien…

    Oui, murmura Meredith, soudain pensive.

    Ce moment où tu te sens tellement en sécurité, poursuivit Cristina, avec emphase. Mais bon, ce n’était qu’une impression.

    Manifestement, rétorqua énergiquement Meredith qui avait déjà repris du poil de la bête.

    Donc tu es décidée ? insista Cristina.

    Je ne l’ai jamais autant été, affirma Meredith avec une belle assurance.

    Quelles que soient ses tentatives pour te récupérer ? s’enquit encore Cristina, qui voulait tester la détermination de Meredith.

    Meredith ricana. Il ne veut pas me récupérer. Il veut évoluer, avancer avec quelqu’un qui est prêt. Et moi, je ne suis pas prête.

    Cristina fit une moue dubitative. Je ne suis pas persuadée qu’il soit prêt à avancer sans toi.

    Meredith lui lança un regard noir. Bien sûr qu’il est prêt ! Il a embrassé cette Rose, non ?

    Cristina lui donna raison en émettant un petit grognement. Alors pourquoi essaie-t-il de te parler à tout prix ? lâcha-t-elle après quelques secondes de silence. Et tous ces cadeaux ?

    Meredith fronça légèrement les sourcils. Quels cadeaux ?

    Ceux qu’on entrepose dans la cuisine.

    Meredith fut debout d’un bond. Elle courut jusqu’au rez-de-chaussée et s’arrêta, interdite, sur le seuil de la cuisine. Il y avait là des bouquets de fleurs, des ballons multicolores portant les inscriptions "Je t’aime" et "Pardon", et sur la table, des boîtes de chocolats belges parmi les plus renommés.

    Arrivant derrière elle, Alex vint se mettre à ses côtés. Il a téléphoné douze fois ce soir.

    Douze fois ? s’étonna Meredith dont le cœur faisait des bonds dans sa poitrine.

    Alex la regarda avec un air moqueur. Après, j’ai arrêté de compter.

    Qu’est-ce qu’il dit ? l’interrogea jeune femme avec curiosité.

    Alex désigna les ballons du menton. ça… et aussi qu’il aimerait que tu lui laisses une chance de s’expliquer. Enfin, si tu veux le savoir, tu n’as qu’à répondre toi-même. J’en ai marre de jouer à la standardiste. Le jeune homme prit un chocolat et le mit dans sa bouche, avec une moue de connaisseur.

    Ce qu’il veut ou ce qu’il pense ne m’intéresse plus, prétendit Meredith avec un air catégorique. Tout est fini, je l’ai dit, et tous les cadeaux du monde n’y changeront rien. Alex lui lança un regard critique qu’elle soutint. D’ailleurs je vais tous les lui renvoyer. Alors cesse de bouffer !

    Cristina, qui les avait rejoints, soupira. Dieu sait que ça me coûte de te dire ça, Meredith, mais tu te dupes toi-même. Tu n’es pas prête.

    Prête à quoi ?

    A te passer de lui !


    4 commentaires
  • Les chirurgiens du Seattle Grace se pressaient devant la salle de conférence, où Richard les avait convoqués pour une annonce importante. Mark repéra Derek dans la file et le rejoignit. Tu sais ce qu’on vient faire ici ? lui demanda-t-il. L’œil morne, Derek secoua la tête. Les deux hommes entrèrent dans la salle et prirent place au milieu de l’auditoire. Alors, comment va ton affaire ? demanda Mark en regardant autour d’eux.

    Au point mort, grommela Derek. J’ai dévalisé tous les fleuristes et marchands de cadeaux de la ville, en pure perte. Je me ruine en chocolats de luxe et je n’ai même pas droit à un regard, ajouta-t-il avec amertume.

    Mark le regarda avec un air moqueur. Tu n’as quand même pas cru que quelques bouquets et quelques chocolats suffiraient ? Derek haussa les épaules. Tout à coup, Mark pouffa. J’espère qu’au moins tu as pris soin de ne pas lui faire livrer des roses.

    Très drôle ! marmonna Derek, le regard sombre.

    Mark lui donna un léger coup d’épaule. Bah ! Il faut bien prendre les choses avec un peu d’humour. Et puis, ce n’est pas plus mal si tu rames un peu. Tu n’en apprécieras que plus votre réconciliation.

    Je commence à douter qu’il y en ait jamais une, répondit Derek, tout en saluant de loin quelques confrères. Son portable est éteint. Elle refuse de décrocher le téléphone chez elle. C’est Alex qui prend toutes les communications. Et depuis notre conversation d’hier, elle s’arrange pour être sans cesse accompagnée. Impossible de l’approcher. Elle n’a jamais été aussi déterminée, même quand Addison est arrivée à Seattle, c’est tout dire. Il poussa un long soupir.

    Déterminée, oui, elle l’est, à te faire payer cher ton erreur. Mais de là à dire qu’elle a définitivement tiré un trait sur toi… Mark fit la moue.

    Derek le regarda, plein d’espoir. Quoi ? Tu sais quelque chose que j’ignore ?

    Mark secoua la tête. Non, mais j’ai des yeux pour voir. Depuis que nous sommes entrés, elle n’a pas arrêté de regarder dans notre direction, et je doute que ce soit pour moi.

    Derek tourna la tête dans tous les sens sans arriver à trouver l’objet de ses tourments. Où est-elle ?

    Trois rangées devant, à ta gauche.

    Derek leva les yeux juste à temps pour voir Meredith qui le regardait avec ce qui lui sembla être du regret. Quand elle se rendit compte qu’il l’avait repérée, elle se retourna vivement. Derek sourit. Mark, tu es un ami, un vrai.

    Mark fit un sourire un peu suffisant. Oui, à l’occasion, je ne suis pas trop mal. Ah ! Voilà le chef.

    Richard monta sur l’estrade et fit face à l’assemblée. Il attendit que le silence soit total pour commencer à parler. Docteurs, comme vous le savez, le Seattle Grace a maintenant son dispensaire. Depuis sa création, ce département a fait ses preuves. Mais vous savez également que tout cela nécessite de l’argent, beaucoup d’argent, et malheureusement, les fonds dont nous bénéficions actuellement ne permettent plus de faire fonctionner ce service aussi bien que nous le souhaiterions. Il est évident que nous ne devons plus rien espérer des instances officielles. Alors, nous allons devoir nous débrouiller avec les moyens du bord.

    Mark fronça les sourcils. S’il espère que je vais mettre la main à la poche, il peut aller se faire voir, murmura-t-il à l’intention de son voisin qui ne l’entendit pas, tout euphorique qu’il était d’avoir constaté que Meredith n’était pas aussi indifférente qu’elle voulait le lui faire croire.

    Le Conseil d’Administration a examiné les différentes d’options et en a retenu une, poursuivit Richard avant de faire une pause, comme s’il hésitait à dire la suite. J’ai le plaisir de vous annoncer que le Seattle Grace Hospital va organiser son premier grand bal de charité, annonça-t-il enfin d’un ton solennel. Vous êtes toutes et tous priés d’y assister. Sans exception !

    Un murmure désapprobateur traversa la salle. Erica Hahn se leva pour prendre la parole. En quoi nous faire danser va vous rapporter des fonds ? Vous allez nous exposer dans une vitrine ? Son intervention fut saluée par des rires. Quelques audacieux l’applaudirent.

    Agacé, Richard leva la main pour les faire taire. Nous sommes en train de réfléchir aux moyens de récolter des fonds, ce soir-là. Il y aura vraisemblablement une tombola. Bien évidemment, nous ne serons pas les seuls à être présents. De nombreuses personnalités de la ville seront invitées. Je vous encourage vivement aussi à venir accompagnés. Vos familles et amis seront les bienvenus. Erica fit mine de vouloir prendre à nouveau la parole. Il l’en empêcha d’un geste. Dr Hahn, croyez bien que ce genre de mondanités ne me plaît pas plus qu’à vous. D’autres options ont été envisagées, en vain. Dès lors, je compte – il insista lourdement sur les mots – sur votre présence à tous. Il coupa court à toute autre tentative de protestation en se dirigeant illico vers la sortie.

    Toutefois, il ne fut pas assez rapide pour échapper à Meredith qui le rattrapa à la porte. Chef, je comprends bien l’importance de ce bal mais j’aimerais en être dispensée.

    Webber la regarda avec compassion. Comment vas-tu ? J’ai appris, pour toi et Shepherd.

    Meredith ne fut pas mécontente qu’il soit au courant. Elle allait pouvoir en jouer pour obtenir ce qu’elle voulait. Ce n’est pas facile mais ça va aller. Merci. Mais vous comprenez, le bal… vu les circonstances…

    Richard posa la main sur l’épaule de la jeune femme. Meredith, je comprends que tu n’aies pas le cœur à t’amuser pour le moment. Mais si ça peut t’aider, dis-toi que ce bal qu’une simple obligation professionnelle. Vois-le comme une opération d’un genre particulier. Il la salua d’un petit signe de tête avant de quitter la salle.

    Dépitée, Meredith le regarda s’en aller. Elle ne vit pas que Derek s’approchait d’elle. Aussi sursauta-t-elle quand il l’appela par son prénom. Qu’est-ce que tu veux encore ? aboya-t-elle en se retournant vers lui avec des yeux étincelants de colère.

    Préférant se rappeler le regard qu’elle avait eu pour lui au début de la réunion, il choisit d’ignorer l’agressivité dont elle faisait preuve. Ce bal, tu vas y aller ?

    On vient de me faire comprendre que je n’avais pas le choix. Comme si je n’avais rien d’autre à faire ! enragea Meredith.

    J’ai pensé que peut-être… on pourrait…

    Elle le dévisagea froidement. J’espère que tu n’es pas en train de me demander de t’y accompagner. Le regard implorant qu’il lui lança lui révéla qu’elle avait vu juste. Elle ouvrit de grands yeux scandalisés et sa voix se fit plus aigue sous l’effet de l’énervement. Sérieusement, Derek ? Sérieusement ? Il ouvrit la bouche pour lui répondre mais elle ne le laissa pas faire. Non mais je rêve ! cria-t-elle sans se soucier de ceux qui les observaient. Ton infirmière te fait faux bond alors tu reviens me chercher, c’est ça ? Désolée mais tu vas devoir trouver quelqu’un d’autre. Cet hôpital est plein d’infirmières. Tu n’as qu’à demander à Sloan de te renseigner celles qui valent le coup. Elle fit mine de sortir puis se ravisa. Ah ! Tant qu’on y est, arrête donc l’avalanche de cadeaux. Izzie ne parvient plus à entrer dans sa chambre tellement il y a de fleurs. Alex frôle la crise de foie à force de manger les chocolats. Et moi, tout ce qui vient de toi me donne la nausée !


    2 commentaires
  • Le soir même, Mark débarqua à la caravane avec une pizza et du vin italien. Il trouva Derek avachi devant la télévision, en train de zapper d’une chaîne à l’autre, sans y prêter aucune attention. Tu crois que ça va changer quelque chose de rester enfermé ici, à déprimer ? Derek se renfrogna encore plus. Allez, bouge-toi. Sors-nous deux verres et donne-moi un tire-bouchon pour que je te fasse goûter ce petit Barbera d’Asti. Tu me raconteras tes malheurs pendant qu’on fera un sort à cette pizza. Pepperoni, tu aimes, si j’ai bon souvenir.

    Je n’ai pas faim, grogna Derek.

    Mark le regarda d’un air sévère. Il faut que tu manges. Si tu veux récupérer ta petite amie, tu vas avoir besoin de toutes tes forces. Derek se leva bon gré mal gré et revint avec deux verres et des serviettes. Les deux hommes s’installèrent face et face. A tes amours, dit Mark en levant son verre.

    Y a vraiment pas de quoi trinquer, grommela Derek en imitant pourtant son ami.

    Alors ce bal, t’en penses quoi ? demanda Mark, la bouche déjà pleine.

    Derek grimaça. On n’y coupera pas si j’ai bien compris. ça se passe quand ?

    Dans une semaine. Mark lui tendit le carton de pizza pour qu’il se serve. Tu seras accompagné ?

    Derek redéposa le quartier de pizza qu’il venait de prendre. Meredith m’a jeté tout à l’heure quand j’ai voulu lui demander d’y aller avec moi.

    Ouais, j’ai vu ça. C’était prévisible, lui fit remarquer Mark avant d’agiter son doigt en direction de la pizza. Mange ! Tu veux que je fournisse l’escorte ?

    Surtout pas, répondit Derek avec un air horrifié. Tu imagines Meredith si elle me voit arriver avec quelqu’un d’autre ? Il secoua tristement la tête. Non, j’irai seul. J’ai déjà suffisamment déconné. De toute façon je ne ferai qu’une apparition, histoire de faire plaisir à Richard. Je n’ai pas le cœur à m’amuser ni à regarder les autres le faire.

    Moi, à ta place, je verrais ça d’un autre œil, conseilla Mark. J’ai cru comprendre qu’il y avait déjà eu un bal au Seattle Grace et que cela t’avait porté chance… Mange, nom de Dieu ! gronda-t-il en poussant le carton de pizza devant son ami.

    A contrecœur, Derek reprit sa part et mordit dedans. Ce genre de choses ne se produit jamais deux fois. En plus, à l’époque, nos rapports étaient un peu meilleurs qu’ils ne le sont maintenant. Et puis, rien ne dit qu’elle ira au bal, même si Richard en a donné l’ordre.

    Hmm, si, elle y va, baragouina Mark, le fromage filant à sa bouche. Elle a même déjà invité un gars à l’y accompagner.

    Derek réagit vivement. Qui ? Je le connais ?

    Pierce.

    C’est qui, celui-là ?

    Un des internes de Karev.

    Meredith a invité un interne à l’accompagner au bal ? demanda Derek, incrédule. Mark acquiesça d’un signe de tête. Comment tu le sais ?

    Mark sourit. Tu oublies que j’ai mes entrées dans le petit monde des internes. Lexie Grey, ça te dit quelque chose ? Derek fronça légèrement les sourcils. Même si nos relations ne sont pas excellentes, je lui ai laissé suffisamment de bons souvenirs pour qu’elle accepte de me donner quelques infos, lui expliqua Mark. Voilà comment je sais que Meredith a invité Pierce au bal.

    Va falloir en plus que je la regarde danser dans les bras d’un autre, geignit Derek. Il jeta dans la boite le morceau de pizza qu’il avait à peine entamé.

    Nan, je ne crois pas. Mark prit un air un peu mystérieux. Parce que vois-tu, Pierce va avoir un empêchement de dernière minute qui nous privera de sa présence ce soir-là.

    Ah bon ? Lexie t’a dit ça aussi ? s’étonna Derek.

    Non. Ça, c’est le garçon qui me l’a dit.

    Tu lui as parlé ?

    Disons que j’ai eu un petit entretien avec lui.

    Derek le regarda d’un air soupçonneux. De quelle nature ?

    Oh très cordial, assura Mark avec une mine des plus innocentes. Il est charmant, ce gamin. Pas laid, en plus. Il est même plutôt mignon dans son genre. Je comprends pourquoi Meredith a pensé à lui comme escort-boy.

    Derek le fusilla du regard. Quand tu auras fini de chanter les louanges de ce type, tu pourras peut-être me dire de quoi vous avez parlé, lança-t-il d’un ton sec.

    Eh bien, j’ai expliqué à ce brave garçon que parfois, dans la vie, il fallait faire des choix, raconta Mark avec des yeux brillants de malice. Et que lui allait être amené à en faire un très important : ou bien il accompagne la plus jolie résidente du Seattle Grace au bal, auquel cas il se prépare à vivre une année d’internat d’enfer, ou bien il se trouve une bonne excuse pour ne pas y aller et alors je pourrais – le chirurgien fit un sourire démoniaque – comment dire… lui faciliter quelque peu la vie.

    Un petit sourire naquit sur les lèvres de Derek. T’es sérieux ?

    J’ai même fait mieux, rétorqua Mark avec fierté. Je lui ai subtilement fait comprendre que tout autre interne aurait à faire le même choix si d’aventure il acceptait d’accompagner Meredith Grey au bal de charité.

    Derek pouffa. Subtilement ? Toi ?

    Ouais. Très, très subtilement. Mark tendit le carton de pizza à Derek qui y reprit son morceau. Les deux hommes éclatèrent de rire.


    2 commentaires
  • Tout ce que Seattle comptait de notables et de personnalités du monde médical se pressait, ce soir-là, dans la salle de bal du prestigieux Fairmont Olympic Hotel. Les serveurs se faufilaient un chemin entre les invités élégamment vêtus pour leur présenter des plateaux emplis de verres de champagne et de canapés. Sur la piste de danse, quelques couples évoluaient déjà au son des standards américains que jouait l’orchestre de l’hôtel.

    Derek et Mark, magnifiques dans leurs costumes sombres, se tenaient au bar. Derek ne quittait pas la porte des yeux, attendant de voir Meredith faire son entrée. Bien que Mark l’ait assuré du contraire, il craignait de la voir arriver au bras d’un homme, quel qu’il soit. Il la connaissait suffisamment pour savoir que le fait que Mark ait menacé les internes ne l’empêcherait pas de se trouver un cavalier, si tel était vraiment son désir.

    Mark remarqua son inquiétude. Arrête de piétiner. Elle ne devrait plus tarder maintenant.

    Je ne sais pas ce que je préfère, répondit Derek en prenant la coupe de champagne que son ami lui tendait. Qu’elle vienne pour que je puisse la voir ou qu’elle ne vienne pas pour m’éviter de la voir au bras d’un autre. Mark sourit. Derek soupira et décida de changer de sujet pour tenter de penser à autre chose. Helen n’a pas pu t’accompagner ? se renseigna-t-il.

    Je ne le lui ai pas demandé, précisa Mark. J’ai préféré venir seul, solidarité masculine oblige. Les deux hommes échangèrent un regard complice. De toute façon, je vais mettre un terme à cette histoire, ajouta Mark.

    Derek fut sincèrement surpris. Ah bon ! Et pourquoi ? Elle est bien, cette fille.

    Oui, très bien, reconnut Mark. Mais ça devient trop sérieux pour moi. Je ne suis pas prêt, confessa-t-il.

    Derek hocha doucement la tête avec un air désapprobateur. Au fond, toi et Meredith, vous êtes pareils. C’est avec toi qu’elle devrait sortir.

    Mark fit mine d’avoir une révélation. Ah maintenant que tu le dis… je vais y réfléchir.

    Derek lui donna une légère bourrade. Ensuite, il reporta son attention sur l’entrée de la salle. A mon avis, elle ne viendra pas.

    Elle viendra, assura Mark. Ne fut-ce que pour vérifier si tu es venu seul ou pas. J’en mettrais ma main à couper. Derek eut une moue dubitative et porta son verre à ses lèvres. Regarde autour de toi et tu verras qu’aucun de ses amis n’est là, lui fit remarquer son ami. Ils vont arriver ensemble. Il n’avait pas sitôt fini sa phrase que Derek recrachait ce qu’il venait de boire. Mark le regarda, interloqué. Voila qui ne ressemblait pas à son ami. Il constata que celui-ci était subitement devenu blanc comme un linge. Il suivit son regard et comprit immédiatement la cause de son émoi.

    Meredith venait d’entrer dans la salle, vêtue d’une mini robe blanche ultra moulante sous laquelle il était impossible de porter un sous-vêtement sans que cela se voit. Et là, on ne voyait rien ! Quant au haut, il était largement décolleté, en arrondi dans le dos, en pointe sur le devant, allant presque jusqu’au nombril et dévoilant généreusement la poitrine. Pour dire la vérité, cette robe était totalement déplacée compte tenu de l’évènement et du cadre.

     photo Sexy-party-dress_zps06046a48.jpg

    Un léger murmure parcourut la salle et s’amplifia au point de devenir perceptible en dépit de la musique. Il ne fallut que quelques secondes pour que tous les regards – concupiscents de la part des hommes et hostiles de la part des femmes – se portent sur Meredith qui, comme Mark l’avait prévu, était entourée de ses colocataires, lesquels semblaient mal à l’aise de faire l’objet d’autant d’attention.

    Derek eut l’impression qu’il se vidait de son sang, goutte à goutte. S’il était bien forcé d’admettre que Meredith était splendide, il ne comprenait comment elle osait paraître en public dans une tenue aussi suggestive. Il avait envie de hurler et de frapper en voyant la façon dont tous les hommes la regardaient, avec le désir transpirant de tous leurs pores. Ce spectacle lui était tellement insupportable qu’il préféra lui tourner le dos.

    Là, elle a fait fort, laissa tomber Mark que l’audace de la résidente laissait pantois.

    Tu crois ? ironisa Derek. On dirait une call-girl. Je ne la reconnais pas. La curiosité étant la plus forte, il ne put s’empêcher de se retourner et enragea de voir son ex manifestement ravie de susciter autant d’intérêt parmi la gent masculine. Tu as tout fait pour qu’elle vienne seule ? Eh bien, elle va chasser sur place, constata-t-il avec amertume. Je ne veux pas voir ça. Il vaut mieux que je m’en aille avant de faire un malheur.

    Calme-toi et observe-la, suggéra Mark que l’attitude de Meredith amusait beaucoup. Outre que le spectacle est assez agréable, tu verras qu’elle n’a pas une attitude naturelle. Elle se pavane, elle joue à la coquette, elle rit trop fort. Ce n’est pas elle.

    Elle a sans doute bu pour se donner du courage, supposa Derek, au comble de la mauvaise humeur.

    C’est vrai qu’elle boit un peu trop vite, reconnut Mark. Là, elle vient de s’enfiler deux verres, coup sur coup. Mais à mon avis, c’est autre chose. Ce soir, elle est là pour provoquer.

    Comme si je ne le savais pas ! fulmina Derek. Elle est là pour me provoquer, moi. Elle continue de me faire payer le baiser avec Rose.

    A ce moment, Richard fondit sur lui. Shepherd, qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il en montrant discrètement la jeune femme.

    Allez donc le lui demander, répondit sèchement le chirurgien. Moi, je ne veux pas m’en mêler.

    Vous ne pourriez pas tenter de lui dire que…

    Non ! Il est hors de question que j’intervienne, s’entêta Derek. Je suis trop en colère. Et puis, je n’en ai plus le droit. Il soutint le regard plus que contrarié de son chef. C’est bien vous qui vouliez veiller sur elle ? Vous vouliez jouer au père de substitution ? Eh bien, voilà l’occasion qui vous est fournie sur un plateau ! Fou de rage, il sortit de la salle à grandes enjambées.


    3 commentaires
  • La soirée battait son plein depuis quelques heures déjà lorsque Meredith, légèrement ivre, traversa la salle pour rejoindre Mark qui se trouvait toujours au bar. Suite aux remarques que lui avait faites Richard, elle avait passé, au-dessus de sa robe, la veste du costume d’Alex. Eh bien, qu’est-ce que vous attendez pour m’inviter à danser ? lança-t-elle à Mark.

    Il la regarda un peu de haut. Qui vous dit que j’en ai envie ?

    Oh on n’a pas besoin de me le dire, je le sais. Elle lui jeta un regard provocant. Tout comme je sais que ça fait très longtemps que vous rêvez de me mettre dans votre lit.

    Mark sourit. C’est possible mais je suis de ceux qui pensent qu’il vaut mieux de ne pas réaliser tous ses rêves, sinon qu’est ce qu’il nous reste ?

    Ne vous faites pas prier, répliqua Meredith, très sûre d’elle. Vous voulez coucher avec moi, je suis d’accord. Alors, allons-y !

    Mark retroussa son nez pour marquer sa réticence à lui donner satisfaction. Je ne crois pas, non.

    Quoi ? Je ne vous plais plus ? demanda Meredith sur un ton indiquant qu’elle ne croyait pas que ce soit possible.

    Là n’est pas la question.

    Elle est où alors ? Je suis libre. Vous l’êtes aussi. Vous avez toujours eu envie de moi, je le sais. Elle s’approcha de Mark et posa la main à plat sur son torse musclé. Qu’est-ce qui pourrait encore empêcher la réunion des amants terribles ?

    La tentation était forte et il dut faire un effort pour lui résister. Il repoussa doucement la jeune femme. Vous êtes très jolie, Meredith, et très excitante…

    Elle lui coupa la parole. Et dans un lit, je vaux le détour, assura-t-elle avec un sourire charmeur.

    Mark se mit à rire. Je n’en doute pas un instant. Je suis certain que l’expérience serait très enrichissante et que nous pourrions passer un bon moment tous les deux, mais ce n’est pas suffisant pour me convaincre de ruiner à nouveau mon amitié avec Derek.

    Je n’ai plus rien à voir avec lui, lui rappela Meredith sur un ton sec.

    C’est possible mais le contraire n’est pas vrai et donc, dans ces conditions…

    Meredith ricana. Votre copain se moque bien de ce que je peux faire. C’est avec Rose qu’il a envie d’être maintenant.

    Ah oui. ? Mark regarda ostensiblement autour de lui. Vous la voyez là ?

    Non et lui non plus d’ailleurs, riposta Meredith. Il est sans doute allé la rejoindre.

    Mark eut un petit rire moqueur. Ça, ça veut dire que vous avez remarqué son absence et que vous vous êtes posé des questions. Etrange pour quelqu’un qui se dit indifférent.

    Je vous assure qu’en ce qui me concerne, Derek n’existe plus, insista Meredith avec un air buté.

    Tu parles ! s’exclama Mark. C’est parce qu’il n’existe plus que vous vous êtes pavanée devant lui, dans cette robe qui ne cache rien ?

    Elle vous plait ? minauda Meredith en faisant un tour sur elle-même.

    Pas mon genre, prétendit Mark en faisant une moue.

    Alors, enlevez la moi !

    Il hocha la tête. Vous vous conduisez comme une petite fille.

    Meredith pointa sur lui un index accusateur. Et vous ? Vous ne vous êtes pas conduit comme un gamin en menaçant Pierce de représailles s’il m’accompagnait au bal ? C’est Derek qui vous a demandé de faire ça ?

    Mark prit un air innocent. Je ne vois pas de quoi vous parler.

    Ben voyons ! Vous devriez faire attention quand vous choisissez un complice. Lexie n’est pas très fiable à ce niveau-là, ajouta Meredith, moqueuse.

    Mark comprit qu’il était inutile de continuer à mentir. OK. Vous m’avez découvert. Mais Derek n’y est pour rien. Il n’est même pas au courant, certifia-t-il pour éviter que son ami ait plus d’ennuis qu’il n’en avait déjà.

    Pourquoi vous avez fait ça ? s’enquit Meredith, intriguée. Vous avez cru que si je venais seule à ce bal, je retomberais dans les bras de Derek ?

    C’était plus ou moins l’idée, reconnut Mark. Et je crois que j’ai fait une erreur parce que, si vous étiez venue avec ce freluquet de Pierce, vous n’auriez sans doute pas porté cette robe et Derek ne serait pas parti. Mais là… Il n’a pas supporté de voir tous ces hommes vous tourner autour. Il était tellement jaloux qu’il a préféré s’en aller. Meredith ne put s’empêcher de sourire. Il sourit aussi. C’est bien ce que je pensais. Vous n’avez pas envie de coucher avec moi. Tout ce que vous voulez, c’est faire souffrir Derek autant que vous avez souffert et lui faire payer au centuple l’erreur qu’il a commise. Elle baissa la tête pour lui cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. Vous avez réussi, je vous assure, poursuivit-il. Si vous passiez à autre chose maintenant ? Acceptez au moins de discuter avec lui. Ecoutez ce qu’il a à vous dire.

    Meredith haussa les épaules. Je sais ce qu’il a à me dire. Il me l’a déjà dit cent fois. Mais ces derniers temps, ses paroles ne correspondent pas à ses actes. Alors, ce n’est pas facile de le croire.

    Il vous aime, ça, vous pouvez le croire.

    Quand on aime, on est fidèle.

    Mark soupira. Meredith… il a embrassé une fille, une fois. Ce n’est pas une infidélité.

    Pour moi, oui, s’entêta-t-elle. J’ai des problèmes de confiance. Derek le savait. Il ne devait pas m’abandonner.

    Comme votre père l’a fait ? supposa Mark. Meredith lui jeta un regard noir mais il ne se tut pas pour autant. Combien de temps encore allez-vous continuer à conditionner toute votre existence en fonction de ce qui s’est passé quand vous aviez cinq ans ? Derek n’est pas votre père, Meredith. Il a fait une erreur en embrassant cette infirmière, je vous le concède, mais il vous a toujours aimé. Rose n’est qu’une erreur de parcours. C’est vous qu’il veut !


    2 commentaires