• Derek arriva au Seattle Grace de fort méchante humeur. Il entra dans le vestiaire des titulaires et claqua la porte derrière lui. Le bruit fit sursauter Mark qui était en train de ranger ses affaires. Holà du calme ! Il sortit la tête de son armoire. Ah c’est toi ?

    Ça se voit, non ? grogna Derek, le regard sombre.

    Oh ! On est d’humeur charmante ce matin, ironisa Mark. Comme s’il gourmandait un enfant, il agita son index en direction de son ami. Voila ce qui se passe quand on ne dort pas.

    Derek ouvrit son placard d’un geste rageur. Et comment tu sais que je n’ai pas dormi ?

    Mark énuméra en comptant sur ses doigts. Premièrement, tu es encore en habit de gala, ce qui prouve que tu n’es même pas rentré chez toi pour te changer. Deuxièmement, tu as les yeux au milieu de la figure. Troisièmement…

    Derek leva la main droite pour le faire taire. OK. OK, c’est bon. Tu as raison, je n’ai pas dormi.

    Le sourire de Mark refléta sa satisfaction. C’est indiscret de te demander ce que tu as fait ?

    J’ai invité Meredith au Georgian.

    Mark haussa le sourcil gauche. Ben mon cochon ! Tu ne te refuses rien. Encore que ça ne semble pas avoir été une réussite.

    Ce n’est pas le restaurant qui est en cause, répondit Derek en jetant ses vêtements de travail sur un banc.

    Mark s’esclaffa. N’en dis pas plus. Tu t’es encore pris la tête avec ta petite amie.

    Derek le fusilla du regard. Je préfèrerais parler d’autre chose, si ça ne te dérange pas.

    Comme tu veux. Derek commença à se déshabiller sans plus dire un mot. Mark sourit encore. Il ne servait à rien d’insister. L’orage n’allait pas tarder à éclater, il le savait. Effectivement, quelques secondes après avoir enfilé sa tenue de chirurgien, Derek frappa du poing dans son armoire. Calme-toi, lui conseilla Mark. Ça ne te servira à rien d’abîmer tes mains.

    Derek frotta son poing encore serré dans la paume de son autre main. Je sais mais il fallait que ça sorte.

    Tu devrais plutôt essayer le jogging, préconisa Mark, l’œil rieur. C’est un excellent moyen de faire sortir la colère, et ça te permet en plus de garder la ligne.

    Derek soupira et s’assit sur le banc. J’ai un problème. Un sérieux problème.

    Tu veux en parler ?

    On tourne en rond. Je n’avance pas, déplora Derek. Mark se tut, résolu à laisser son ami se confier à son rythme. Elle se complait dans le statu quo, poursuivit Derek avec dépit. Elle a ses amis autour d’elle, et moi de temps en temps, quand ça l’arrange. J’ai l’impression qu’elle pourrait rester comme ça pendant des années, sans en vouloir plus.

    Mark s’assit sur le banc d’en face. Ce qui n’est pas ton cas, manifestement.

    J’ai connu autre chose, Mark, s’exclama Derek. J’avais une femme avec laquelle je partageais tout, une maison, une vie. Son intonation se teinta d’amertume. Maintenant, je vis seul dans une caravane et je partage ma petite amie avec sa meilleure amie.

    Mark rit doucement. Ça fait quel effet d’être en rivalité amoureuse avec Yang ?

    Ce n’est vraiment pas amusant, bougonna Derek. En plus, s’il n’y avait qu’elle ! Mais il y a les autres aussi. Dans cette baraque, impossible d’être en tête-à-tête. Cette nuit, il a été moins une qu’on ne se fasse surprendre en position délicate par Karev.

    Qu’est-ce qu’il foutait dans la chambre de Meredith ? s’étonna Mark.

    On n’était pas dans la chambre, lui révéla Derek.

    Mark se moqua de lui. Ah si tu prends des risques, évidemment…

    Depuis quand est-on obligé de faire l’amour uniquement dans une chambre ? répliqua Derek, dépité.

    Depuis que ta copine vit dans une maison communautaire, plaisanta Mark.

    Enervé, Derek bondit sur ses pieds. Eh bien justement, la communauté, j’en ai assez ! tonna-t-il. Ou bien Meredith consent à venir habiter à la caravane ou bien…

    Ou bien ?

    Derek se laissa tomber lourdement sur le banc et jeta un regard désespéré à son camarade. Ou bien il faudra que je commence à sortir avec d’autres femmes.


    4 commentaires
  • Derek reprit son exploration et sa main parcourut fébrilement le corps de son amie. Sa bouche fit de même et glissa dans le cou de Meredith où elle dispensa mille baisers sensuels, avant de remonter, toute coquine, vers le lobe de l’oreille qu’elle chatouilla tendrement, pour finalement descendre sur l’épaule qu’elle couvrit elle aussi de bécots mouillés. Pourtant, lorsque Meredith rentra dans le jeu en promenant ses mains sur le torse de Derek, celui-ci l’arrêta presque immédiatement. Le gars du room service va bientôt arriver, lui rappela-t-il en la saisissant par les poignets. Ce serait bête de commencer quelque chose qu’on ne pourra pas terminer. Il se releva et passa dans la salle de bains dont il ressortit avec un peignoir. Tiens, mets ça, dit-il en aidant la jeune fille à se lever du lit.

    Elle enfila le vêtement. Je vois ! Tu as peur de perdre ton self-control si je me balade toute nue, présuma-t-elle avec un peu d’ironie.

    Derek sourit. Disons plutôt que je n’ai pas envie que le personnel de l’hôtel te surprenne dans une situation délicate.

    La bonne excuse ! plaisanta Meredith.

    Pas du tout ! protesta Derek avec des yeux rieurs. J’ai du self-control, énormément même… Jusqu’à un certain point, concéda-t-il. Et pas trop avec toi, je l’avoue.

    L’aveu fit rosir Meredith. Tant mieux, chuchota-t-elle.

    Elle était si mignonne que Derek eut envie de l’embrasser. Il allait la prendre dans ses bras lorsqu’on frappa à la porte. Il alla l’ouvrir et fit entrer le groom qui poussait une desserte à roulettes. Laissez, je vais m’en occuper, dit-il au jeune homme qui s’apprêtait à ouvrir la bouteille de champagne. Il lui donna un billet de dix dollars en guise de pourboire. Une fois le serveur parti, il se tourna vers son amie. Madame est servie.

    Elle vint s’installer à la table. Tu viens souvent dans cet hôtel ? demanda-t-elle en regardant son ami allumer les bougies du chandelier à deux branches.

    Il ouvrit la bouteille de champagne et remplit leurs coupes. Souvent non, répondit-il. J’ai dû y venir une ou deux fois tout au plus.

    Quand on y pense, c’est tout de même bizarre de dormir à l’hôtel dans sa propre ville, lui fit remarquer Meredith.

    Quand la soirée a été un peu trop arrosée, c’est plus prudent, déclara Derek en répartissant le poulet et les légumes dans leurs assiettes. Je préfère dormir à l’hôtel plutôt que d’aller m’encastrer dans un pylône. Et tant qu’à faire, autant que l’endroit soit agréable.

    Ça te reviendrait moins de cher de rentrer en taxi, objecta Meredith. Mais si tu as les moyens, pourquoi pas ? Elle joua quelques secondes avec un morceau de volaille avant de le piquer avec sa fourchette. Et puis, ce genre d’hôtel, ça fait partie du plan drague. J’imagine que quand tu amènes une femme ici, elle peut difficilement te refuser quoi que ce soit. Elle mit le bout de poulet en bouche.

    Derek la regarda avec attention. Elle mâchait sa viande avec un air innocent, comme si ce qu’elle venait de dire n’avait pas d’importance, comme si cela ne la touchait pas, mais il commençait à la connaître suffisamment pour savoir qu’il n’en était rien. Il devina même que le sujet devait la tourmenter depuis leur entrée dans l’hôtel, depuis plus longtemps encore sans doute. Meredith, soupira-t-il.  

    Elle eut soudain l’air un peu inquiet. Oublie ça. De toute façon, j’ai dit ça comme ça.

    Derek esquissa un sourire. Ça, j’en doute. Ecoute…

    Meredith lui coupa vivement la parole. Mais si, je t’assure ! Elle se mordilla les lèvres, effrayée à l’idée d’avoir été trop loin. On n’en parle plus, insista-t-elle. On est un couple libre, tu ne me dois aucune explication.

    Mais je veux m’expliquer, répliqua Derek et il en fut le premier étonné. Je te jure que tu es la première que j’amène ici.

    Dans celui-ci, oui, mais dans les autres ? L’hôtel du gala, par exemple. Meredith savait qu’elle ne devait pas poser de questions, que selon les termes de l’accord qu’ils avaient passé, ils étaient dans une relation sans contraintes, mais c’était plus fort qu’elle, elle avait besoin d’en savoir plus sur lui.

    Derek lui prit la main par dessus la table. Non, ni ici, ni au St Francis. Je ne fonctionne pas comme ça. 

    Meredith plongea son regard dans celui de son amant. Qu’est-ce que tu veux dire ?

    Un peu mal à l’aise, Derek prit une grande inspiration. Je n’investis pas dans mes relations, ni financièrement, ni personnellement. Je n’ai pas besoin d’amener une fille dans un palace pour la baiser. Il vit que le jeune fille était choquée mais il poursuivit néanmoins. C’est dégueulasse mais c’est la vérité. Je propose, la fille dispose et j’ai la chance qu’en général, elle le fasse en ma faveur. Mais c’est toujours à mes conditions. Et mes conditions sont… elles ne sont pas classe, je l’avoue. Dans le meilleur des cas, c’est une heure dans un hôtel quelconque…


    2 commentaires
  • Les deux hommes sortirent du vestiaire et, à l’invitation de Mark, décidèrent d’aller boire un expresso avant d’entamer la tournée de leurs patients. On pourrait aller boire un verre chez Joe, ce soir, proposa Mark devant la machine à café.

    Ouais… peut-être, répondit Derek sans entrain

    Pourquoi pas ? insista Mark. Puisque tu comptes te remettre en selle, il faut bien que tu ailles là où tu pourras faire des rencontres.

    Derek fit la moue. Je n’en suis pas encore là.

    Bien décidé à convaincre son ami, Mark tenta une autre approche. Tu te souviens quand on draguait les filles à la fac ?

    Derek sourit. Je n’ai pas dragué très longtemps.

    Mark posa sur un ami un regard désapprobateur. Forcément ! Tu t’es laissé prendre directement dans les filets d’Addison. Il se sentit tout à coup plein de nostalgie. Dommage. C’était marrant. On formait une bonne équipe.

    Les yeux de Derek se firent rieurs. Dis plutôt que je te servais de rabatteur.

    Plus exactement, je prenais toutes celles dont tu ne voulais pas, rectifia Mark.  Et il y en avait beaucoup.

    Je n’ai jamais été amateur d’amourettes de passage, reconnut Derek.

    Oui, toi et ton sacro-saint désir de te caser. On voit où ça t’a mené ! se moqua Mark.

    A qui la faute ? riposta Derek

    Si je ne m’en étais pas mêlé, tu ne serais jamais venu à Seattle, prétendit, non sans raison, Mark, et tu n’aurais pas rencontré Meredith.

    Derek se tourna vers lui avec un air ironique. Excuse-moi de ne pas me confondre en remerciements mais, pour le moment, je ne suis plus vraiment convaincu que cette rencontre est un bien.

    Mark donna une bourrade à son ami. Allons donc ! Tu dis ça mais tu n’en penses pas un mot.

    Hmm ! Derek prit un ton moqueur. Et Los Angeles ?

    Mark se renfrogna. Toujours la capitale du cinéma, je suppose.

    Allez Mark ! Ne fais pas l’imbécile !

    J’ai tiré un trait, Derek, déclara Mark avec aplomb. Je suis passé à autre chose. Si, si vraiment  je t’assure, ajouta-t-il devant le regard à la fois perplexe et narquois de son meilleur ami. On s’imagine que c’est impossible ou que, du moins, ça va être difficile. On s’en fait tout un monde et puis, un matin, on se réveille et on réalise que c’est fini. On n’y pense plus, ou beaucoup moins. Il soupira. Addison… elle a compté, bien sûr mais… - il grimaça - je suis un peu gêné de dire ça, surtout à toi, mais… elle ne compte plus.

    Tout ça pour ça ! dit Derek sur un ton amer.

    Oui, je sais. Mark prit un air penaud. Tu dois avoir l’impression que j’ai démoli ton mariage pour rien et tu n’as sans doute pas tout à fait tort.

    Derek haussa les épaules. Bah ! Il était déjà foutu. Tu n’as fait que précipiter le mouvement. On peut parler d’autre chose ?

    Mark se redressa avec un immense sourire sur les lèvres. Avec plaisir ! Alors maintenant, vers quoi vas-tu t’orienter ? Tu as déjà eu une rousse, puis une blonde. Logiquement, ça devrait être une brune maintenant.

    Derek sourit. Si ça ne te dérange pas, je vais encore essayer de convaincre la blonde.

    Mark secoua la tête avec un air atterré. Pfft ! Tu es désespérant, mon vieux. On te l’a déjà dit ?

    Les deux hommes rirent de bon cœur. Ensemble, ils se dirigèrent, un café à la main, vers l’ascenseur. Quand les portes s’ouvrirent, ils se trouvèrent face à Richard, qui était accompagné d’une jeune femme. Ah Shepherd ! clama Richard. Justement je vous cherchais.

    Derek et Mark entrèrent dans l’ascenseur et saluèrent ses occupants d’un signe de tête. Mark décocha un regard conquérant à la jolie brune qui l’ignora, toute occupée à dévisager Derek. Il se rembrunit. Que puis-je pour vous, Richard ? demanda Derek.

    J’ai un service à vous demander. Le Chef se tourna vers la personne qui l’accompagnait. Cette jeune femme vient d’être engagée comme infirmière de bloc. Elle a une spécialisation en informatique et j’ai pensé qu’elle pourrait vous assister dans vos interventions, puisque la neuro requiert souvent l’usage des PC. Vous pourriez être son maître de stage en quelque sorte.

    Derek fut désarçonné par cette requête inhabituelle mais n’en montra rien. Oui, oui bien entendu. Avec plaisir. Il tendit la main à la jeune infirmière. Derek Shepherd. Enchanté.

    Elle lui répondit par un grand sourire et serra la main qu’il lui tendait. Rose Smithson. Moi de même.


    2 commentaires
  • Meredith interrompit Derek une fois encore. Quelconque comme celui où tu m’as emmenée vendredi ?

    Maintenant qu’il avait commencé, il devait aller au bout. Oui, comme vendredi. Il la vit qui fermait ses yeux et il sentit son cœur se serrer. Comme il devait la décevoir ! C’était une erreur, murmura-t-il, effrayé à l’idée qu’elle le plante là.

    Meredith haussa les épaules. Pourquoi ? Il n’était pas si moche, cet hôtel.

    Non mais ce n’était pas très délicat, admit sincèrement Derek. Je n’aurais pas dû t’emmener dans un endroit où j’avais déjà été avec d’autres. 

    C’est presque impossible de faire autrement, je suppose, dit Meredith d’une voix toute fine et mal assurée. Tu as sûrement eu beaucoup de femmes dans ta vie. Tout à coup, elle sentit l’angoisse serrer sa gorge. Comment pouvait-elle prétendre rivaliser avec ces femmes qui devaient certainement être toutes plus belles et plus intelligentes les unes que les autres ?

    Ça n’a rien à voir, ça. J’ai fait plus de choses avec toi que je n’en ai fait avec elles toutes réunies, assura Derek.

    Mais le mal était fait. Le manque de confiance que Meredith avait en elle l’empêchait de croire que Derek était vraiment sincère. Ses yeux s’emplirent de larmes. Tu sais, tu n’as pas besoin de me raconter des bobards. Elle comprit à l’expression de Derek qu’il était contrarié mais elle continua malgré tout. Je sais que je n’arrive pas à la cheville des femmes que tu as l’habitude de fréquenter. 

    Derek se leva brusquement. Merde, Meredith ! Pourquoi est-ce que tu reviens encore avec cette histoire-là ?

    Mais parce que je suis lucide ! répondit-elle en pleurant. Je ne suis qu’une petite provinciale mal fagotée et timide, et sans aucune expérience au lit. Je suis nulle, je le sais bien.

    Arrête ça tout de suite ! cria Derek au comble de l’énervement. Meredith sursauta mais il n’y prit pas garde. Comment est-ce que je vais devoir le dire pour que tu le comprennes ? Il se mit à tourner autour de la table. Je te trouve très belle, bien plus belle que beaucoup de femmes que j’ai connues. Tu me plais vraiment. Et putain, tu dois quand même t’en rendre compte, que tu me donnes du plaisir ?

    Meredith se mit à trembler. Tu dis ça pour me rassurer mais je sais bien que je ne suis pas le coup du siècle.

    Mais bordel ! tonna Derek, maintenant hors de lui. Il faut que je sois plus précis ? Très bien ! A chaque fois que je pense à toi, je bande comme un fou. Et je peux te dire que je pense à toi souvent. Quel que soit l’endroit ou le moment… j’ai une de ces triques. Peu habituée à ce langage, Meredith devint écarlate. J’aime faire l’amour avec toi, j’adore ça, je ne pense qu’à ça. Parfois, quand j’opère, il faut vraiment que je me concentre pour ne pas penser à toi. Je pense au moment où je vais te prendre et où tu vas me faire jouir. 

    Soudain, sans qu’elle sache pourquoi, Meredith prit peur. Tais-toi, supplia-t-elle.

    Tu as voulu des explications, tu les as. Derek s’arrêta de bouger et vint se camper devant elle. Je ne veux plus jamais t’entendre dire que tu es nulle au lit parce que, nom de dieu, je n’ai jamais joui avec aucune femme comme je le fais avec toi.

    De grosses larmes coulèrent sur les joues de Meredith qui hoqueta. Derek en fut très surpris. C’était pourtant bien un compliment qu’il venait de lui faire. Il se dit que la crudité de ses mots avait dû choquer la jeune fille et il se sentit coupable. Excuse-moi, bébé, dit-il en se mettant à genoux devant elle. Je ne voulais pas te blesser. Mais ça m’énerve tellement, ce manque de confiance en toi. Il prit son mouchoir et essuya délicatement les joues mouillées de son amie.

    C’est vraiment vrai, tout ce que tu as dit ? chuchota-t-elle.

    Vrai de vrai, je te le jure. Derek lui prit les mains. Ce que je vis avec toi Meredith, c’est vraiment bien. Ça n’a rien à voir avec ce que je - il allait parler au présent et se reprit juste à temps – j’ai pu vivre avec les autres. C’est complètement différent. Tu es complètement différente. Et moi, je suis différent aussi, je ne suis pas avec toi comme je le suis avec les autres.

    Pourquoi ? demanda Meredith, espérant un tendre aveu de sa part.

    Je ne sais pas… Il lui sourit avec tendresse. La magie Meredith, sans doute. Tu sais, j’évite de me poser ce genre de questions. Je prends les choses comme elles viennent, je profite du moment présent. On verra bien. Qu’est-ce que tu en penses ?

    Meredith opina de la tête et le prit par la main pour le forcer à se relever. Son regard tomba sur l’assiette à laquelle Derek avait à peine touché. Tu n’as presque rien mangé.

    Toi non plus, rétorqua Derek. Il prit la fourchette de Meredith et piqua un morceau de chou-fleur qu’il présenta devant la bouche de la jeune fille. Ensuite, il prit un bout de poulet pour lui. Il continua ainsi jusqu’à ce que Meredith l’arrête d’un geste de la main. Tu n’as plus faim ? demanda-t-il.


    2 commentaires
  • A la fin de la journée, les deux amis se retrouvèrent chez Joe. Ils s’installèrent à une table un peu à l’écart. Après s’être fait servir leur boisson de prédilection, Mark commença à inspecter les alentours. Il repéra très vite un petit groupe de jeunes femmes manifestement occupées à célébrer un anniversaire. Mmm ! Pas mal tout ça, dis-moi, fit-il remarquer à Derek.

    Celui-ci leva le nez de son verre et regarda dans la même direction que son camarade. La blonde n’est pas trop mal, conclut-il après quelques secondes d’examen.

    Mark eut un grand sourire satisfait. Ouais. C’est elle que je visais aussi.

    Je sais, répondit Derek. Tu as toujours eu un faible pour les blondes à forte poitrine. Même si dans le cas présent, ça me semble être de la silicone.

    C’en est, confirma Mark. Bah ! Ce n’est pas grave. Le travail a l’air bien fait, même si je n’y suis pour rien. Derek sourit. Alors, qu’est-ce que tu attends ? demanda Mark.

    Comment ça ?

    Mark pointa son menton en direction de la table où se trouvaient les jeunes femmes. Ben, vas-y. Invite-la à boire un verre puisque tu la trouves à ton goût.

    Derek le regarda avec amusement. T’es malade !

    C’est toi qui l’as remarquée, je te signale, répliqua son camarade.

    Mais je parlais pour toi, s’exclama Derek. De toute façon, cette fille est plus ton genre que le mien.

    Raison de plus ! estima Mark. Tu devrais peut-être penser à changer de genre.

    Derek souffla. Laisse tomber, tu veux.

    Hé ! Mais c’est toi qui m’as dit ce matin que tu voulais faire de nouvelles rencontres, lui rappela Mark, que les hésitations de son ami commençaient à agacer.  .

    Eh bien, disons que j’ai eu tort, grommela Derek.

    Je vois ! Mark le regarda d’un air goguenard. Tu es déjà retombé dans les griffes de Grey.

    Je ne l’ai même pas vue de la journée, se défendit Derek.

    Alors, qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

    Je ne suis pas comme toi, moi, s’écria Derek qui, il ne savait trop pourquoi, se sentait obligé de se justifier. Un clou ne chasse pas l’autre. J’aime Meredith. C’est avec elle que je veux faire ma vie.

    Mais si elle, elle ne veut pas ?

    Dans ce cas, elle devra me le dire clairement.

    Tu n’as jamais pensé qu’il vaudrait mieux - Mark hésita quelque peu avant de parler - mettre un terme à cette histoire… définitivement ?

    Pourquoi ?

    Derek… j’aime bien cette fille mais… Après quelques secondes, Mark se décida à énoncer sa pensée qui allait déplaire, il en était certain. Tu n’as pas l’impression que, parfois, elle se moque de toi ? Un jour, elle veut, le lendemain, elle ne veut plus…

    Tais-toi ! dit Derek, très sèchement. Tu ne sais pas de quoi tu parles. Voyant que quelques personnes se retournaient vers leur table, il baissa le ton. Tu n’as aucune idée de que Meredith a vécu. Sa mère ne s'est jamais occupée d'elle, son père a été absent. Ça lui donne le droit d'être blessée. Vivre avec moi, ça représente un grand pas à franchir. En plus, elle a vu sa meilleure amie se faire plaquer devant l'autel. La seule chose qu’elle en a retenue, c’est que toutes les relations échouent. Alors elle a peur, parce qu'elle veut connaître le bonheur mais elle ne sait pas comment faire pour l'avoir. Elle ne veut plus souffrir. Ne dis pas qu’elle est responsable, conclut-il en rage. Ce n'est pas de sa faute.

    Mark s’attendait à des protestations de la part de Derek, mais certainement pas à une réaction aussi agressive. Il leva la main en signe de paix. Hé là ! Ce que j’en dis, moi…

    Justement, ne dis plus rien, aboya Derek. Tu ne connais rien de Meredith. Tu n’as pas le droit de dire du mal d’elle.

    En tant que ton meilleur ami, commença Mark.

    Derek, dont l’éclat des yeux était devenu métallique, lui coupa la parole sur un ton glacial. Mon meilleur ami a couché avec ma femme et il s’est bien gardé de me le dire. Depuis, je ne suis plus certain qu’il soit encore vraiment mon meilleur ami et je prends beaucoup de recul par rapport aux bons conseils qu’il peut me donner.

    Mark blêmit sous l’affront qui venait de lui être fait. Je croyais que tout ça était derrière nous, qu’on avait crevé l’abcès. Il défia Derek du regard. Je vois qu’il n’en est rien et que, quoique je fasse, le sujet revient sur le tapis. Je suis conscient du mal que je t’ai fait et je m’en suis excusé. Mais ne compte pas sur moi pour le faire jusqu’à la fin de mes jours. Etre ami, c’est aussi savoir pardonner, asséna-t-il.

    Qui a dit que nous étions encore des amis ? demanda froidement Derek.

    Très bien, j’en prends bonne note. Furieux, Mark se leva et jeta un billet sur la table. Voilà de quoi régler mes consommations. Et bonne chance pour le reste. Il alla prendre son vêtement au vestiaire et sortit sans plus un regard vers Derek.


    2 commentaires