• Tout à coup, Derek se mit à rire. Si ma mère me voyait !

    Quoi ? fit Meredith, gagnée par l’hilarité, elle aussi.

    Manger avec les doigts dans un lieu public ? s’écria Derek. Tu ne te rends pas compte ! Il réalisa subitement qu’il venait d’évoquer volontairement sa mère. Cela ne lui était plus arrivé depuis des années, même avec Mark. Meredith préféra ne pas relever ni poser de questions, pour ne pas compromettre ses chances d’en savoir plus un jour. Sans qu’elle ait eu besoin de le provoquer, Derek venait d’évoquer un sujet qu’elle sentait tabou. Il le referait un jour, elle en était certaine. Elle se contenta de sourire. Derek mangea un sashimi de saumon avant de faire pivoter son tabouret vers la télévision. Bon sang, qu’est-ce qu’il chante mal, ce gars-là !

    Meredith se retourna à son tour. Ah c’est American Idol, lui apprit-elle. Tu connais ?

    Derek hocha la tête. Non, et ça, ça ne me donne pas envie de regarder.

    Ils poursuivirent leur repas en critiquant gentiment les candidats du télé-crochet. Cela permis à Derek de constater une fois encore que Meredith avait un bel esprit de répartie et de l’humour. Alors qu’il n’était pas d’un naturel particulièrement enjoué, il éclata de rire à plusieurs reprises. Il rit encore en recevant la note à payer. 25,85 $ ! Il pensa qu’aucune des quelques femmes qu’il avait invitées au restaurant n’aurait apprécié qu’il l’emmène dans ce genre d’endroit, et elles auraient sans doute pris le montant de la note comme un affront personnel, alors que Meredith semblait enchantée de sa soirée, tout autant qu’elle l’avait été à Carmel ou à Napa. Sa simplicité était une de ses qualités qui plaisaient le plus à Derek. Avec elle au moins, il était sûr d’être apprécié pour ce qu’il était et non pour ce qu’il représentait ou pour ce qu’il pouvait lui apporter.

    Lorsqu’ils se retrouvèrent sur le trottoir, l’ambiance avait changé, un peu plus tendue. Ils savaient tous les deux ce qu’ils voulaient mais n’osaient pas le dire. Peur de donner une mauvaise image de soi, peur d’essuyer un refus, peur des conséquences… Ils étaient là, face à face, évitant de croiser le regard de l’autre, attendant qu’il parle en premier, jusqu’à ce que Derek se lance enfin. Qu’est-ce qu’on fait ? Tu veux rentrer ou…

    Non, répondit Meredith sans lui laisser le temps de terminer sa phrase. Pas tout de suite. On pourrait peut-être se promener un peu, proposa-t-elle timidement.

    Derek retint un soupir de soulagement. Oui, bien sûr. Tu as une idée, où tu veux aller ? Meredith secoua la tête. Elle se moquait bien de l’endroit, du moment où elle était avec lui. On pourrait aller sur le bord de mer, suggéra-t-il.

    Meredith eut un air réjoui. A Fisherman’s Wharf ? 

    Derek sourit en voyant sa réaction. Oui, mais cette fois, on ne va pas aller sur le Pier 39. Allez, viens, tu verras, ça va te plaire.

    Ils reprirent la voiture et traversèrent la ville en direction de l’est. Derek avait décapoté la Porsche et quand ils déboulèrent sur Powell Street, une rafale de vent leur fouetta le visage. Meredith éclata de rire et enleva la pince qui ne retenait plus qu’à peine son chignon. Ses cheveux se dénouèrent et volèrent dans tous les sens. Derek la regarda tandis qu’elle tentait de les maitriser. Elle était ravissante, les joues roses, les yeux brillants, ses cheveux volant au vent. Quand elle se tourna vers lui, un sourire éclatant sur les lèvres, il fut submergé par une immense vague de tendresse, plus que de désir, même si celui-ci n’était pas totalement absent.

    Ils arrivèrent sur l’Embarcadero, un grand boulevard bordé de palmiers qui offrait une superbe vue sur la baie.

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    Après avoir garé la voiture, ils déambulèrent le long du front de mer. C’est tout naturellement qu’après quelques mètres, ils se prirent par la main. Comme Derek l’avait prédit, Meredith fut conquise par l’endroit où régnait une grande animation, entre les familles qui se promenaient, les marchands ambulants, les chanteurs de rues et des groupes de jeunes qui faisaient des démonstrations de break dance. Ils continuèrent jusqu’au Pier 39, un étroit ponton noir de monde, dont de nombreux touristes qui étaient là pour la vue imprenable sur Bay Bridge, le port d'Oakland et la Treasure Island.

    Ils étaient à mi-chemin lorsque Derek sentit que Meredith frissonnait. Tu as froid ? s’inquiéta-t-il. Sans attendre la réponse, il la prit par les épaules et la serra contre lui. Si tu as froid, on peut s’en aller.

    Meredith leva la tête vers lui. Pour aller où ? Elle pria intérieurement pour que Derek ne veuille pas déjà la ramener chez elle.

    Heureux qu’elle ne lui demande pas de rentrer, il lui adressa un sourire lumineux. On pourrait aller au Martuni’s, le bar où on avait été le lendemain du gala, tu te souviens ?

    Meredith acquiesça d’un signe de tête. Je me souviens. Elle posa la tête sur l’épaule de Derek. On peut aller où tu veux, ça m’est égal, du moment qu’on est ensemble.


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  • Derek sentit la moutarde lui monter au nez. Vous parlez de ce que vous ne savez pas. De toute façon, je n’ai pas à me justifier vis-à-vis de vous. Vous ne connaissez pas notre histoire. Vous n’avez pas le droit de nous juger.

    Finn était déterminé à faire prendre conscience à Meredith qu’elle avait fait un mauvais choix. Quelle que soit votre histoire, vous n’aviez pas le droit de me prendre Meredith. Elle sortait avec moi. Non seulement, vous lui avez fait endosser le rôle de la briseuse de mariage mais vous l’avez amenée à me tromper. 

    Mais qu’est-ce que tu racontes ? s’écria Meredith, excédée.

    Derek ne put s’empêcher de rire. Cette histoire devient ridicule. Je suis désolé de vous dire ça, Dandridge, mais Meredith ne vous a pas trompé, tout simplement parce que, elle et vous, ça n’a jamais existé, asséna-t-il avec un malin plaisir. Quelle relation aviez-vous ? Un dîner, un ou deux verres chez Joe, quelques baisers… Ça ne fait pas une relation.

    Vous êtes puant d’arrogance ! cria Finn.

    Derek haussa les épaules. Ce n’est pas de l’arrogance, juste une constatation. Vous n’aviez pas une vraie relation. Je sais que vous aviez des sentiments pour Meredith, mais ce n’était pas réciproque. Acceptez-le.

    Assurément, je n’ai pas le choix. Finn regarda Meredith. Si je pouvais recommencer…

    Ça ne changerait rien, répéta la jeune femme. Moi, j’avais le choix. Je referais le même.

    Finn fit comme s’il ne l’avait pas entendue. Si je pouvais recommencer, je ferais comme lui. Je ne te respecterais pas.

    Ne parlez pas de respect, gronda Derek avec mépris. Vous n’avez pas de leçon à me donner en la matière, surtout pas ce soir.

    Et pourquoi donc ?

    Derek se redressa et vint se mettre face à son interlocuteur. Pensez-vous que vous avez respecté la femme avec qui vous êtes venu ? Pensez-vous qu’elle a trouvé que vous étiez – comment avez-vous dit encore – aux petits soins ? ironisa-t-il. Vous êtes-vous inquiété pour elle ? Vous êtes-vous demandé comment elle vivait cette soirée ? Non, rien de tout ça. Vous ne vous êtes préoccupé que de vous. Vous avez manigancé votre petite vengeance mesquine, sans vous soucier aucunement des sentiments de cette pauvre fille. Et vous osez me parler de respect ? Il regarda son amie. J’ai fait des erreurs, c’est certain. Ça me fait du mal de l’admettre, mais vous avez raison, je ne me suis pas toujours bien comporté avec Meredith. Il se tourna à nouveau vers Finn. Mais jamais, jamais, je ne l’ai traitée de la façon dont vous avez traité votre fiancée… ou plutôt votre ex-fiancée, laissa-t-il tomber, avec l’intention – mesquine, il le reconnaissait – de faire payer à Finn l’épouvantable soirée qu’il leur avait fait vivre.

    Finn fronça les sourcils. Que voulez-vous dire ?

    Derek ne cacha pas son étonnement. Ne me dites pas qu’en plus vous avez cru que, pendant que vous étiez en train de régler vos comptes dans cette cuisine, Colleen allait sagement vous attendre dans la pièce d’à côté ? Désolé de vous décevoir, mais non, elle ne vous a pas attendu.

    Où est-elle ? demanda Finn, inquiet.

    A l’heure qu’il est, elle roule en direction de votre hôtel qu’elle va quitter pour prendre le premier avion pour Seattle. J’espère qu’elle vous laissera le soin de régler la note d’hôtel… Derek eut un sourire moqueur. C’était vraiment stupide de lui laisser les clés de la voiture.

    Finn tâta la poche de son jean pour vérifier l’information de Derek et réalisa que celle-ci était exacte. Pourquoi ne pas m’avoir prévenu directement ?

    Parce qu’elle me l’a demandé.

    Finn lança un regard plein de haine au chirurgien. Dites plutôt que ça vous arrangeait bien.

    Derek prit un air supérieur. Si vous croyez que ça me plaît de vous avoir ici… Colleen m’a demandé de vous retenir pour lui laisser un peu de temps, expliqua-t-il. Elle ne veut plus vous voir, vous et votre respect. Mais maintenant que je lui ai permis de prendre l’avance qu’elle souhaitait avoir sur vous, je vais vous demander de quitter ma maison immédiatement. Et bien que je sois un salaud, je vais tout de même vous appeler un taxi que vous attendrez devant le portail. Il désigna la porte avec sa main.

    Finn s’apprêtait à sortir de la pièce lorsque Meredith le retint. Finn… tout à l’heure, tu as dit que Derek m’avait prise à toi, dit-elle d’une voix douce. C’est faux. Lorsque j’ai rompu avec toi, il venait de me dire que je n’avais plus de choix à faire, qu’il te laissait le champ libre. Il voulait que je sois heureuse et il pensait que tu étais celui qu’il me fallait pour ça. Il avait tort. Elle rejoignit Derek et le prit par la main. Il est le seul qui puisse faire mon bonheur. C’est pour ça que je t’ai quitté.


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  • Lorsqu’ils entrèrent dans le pub, la dame qui tenait le vestiaire eut du mal à cacher son étonnement. Voilà deux fois que le Dr Shepherd venait accompagné d’une femme, la même qui plus est. C’était à marquer dans les annales. James, le gérant, se précipita pour accueillir celui qui était un de ses clients les plus fidèles. Bonsoir, Docteur. Madame, ajouta-t-il avec un léger sourire à l’intention de Meredith, auquel elle répondit de la même façon. C’était la première fois qu’on la saluait de cette façon et cela lui dit un effet étrange, comme si elle avait vieilli tout d’un coup.

    Bonsoir, James. Comment se porte votre épouse ? se renseigna Derek avec une sincère sollicitude.

    Beaucoup mieux, répondit James. Elle réagit très bien à son nouveau traitement. C’est une chance que vous nous ayez adressé à ce spécialiste, sinon je ne sais pas ce qui se serait passé. D’ailleurs, je voudrais encore vous remercier…

    Derek lui coupa la parole. C’était la moindre des choses, dit-il en posant une main sur l’épaule de James. Et si vous avez encore besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’appeler.

    Merci Docteur. James ouvrit la porte qui menait au bar. Walter va s’occuper de vous. Passez une bonne soirée.

    Merci, James. Et embrassez Dina de ma part. Derek mit sa main au creux des reins de Meredith pour l’inviter à passer devant lui.

    Qu’est-ce qu’elle a, sa femme ? chuchota la jeune fille alors qu’ils traversaient la salle, main dans la main.

    Un cancer, lui apprit Derek.

    Et elle va s’en sortir ? demanda encore Meredith.

    J’espère, dit simplement Derek.

    Un homme en qui la jeune fille reconnut le serveur qui s’était occupé d’eux lors de leur précédente visite, vint à leur rencontre avec un grand sourire. Bonsoir, Dr Shepherd. Mademoiselle, c’est un plaisir de vous revoir.

    Bonsoir, Walter, répondit Derek tandis que Meredith se contentait de faire un petit signe de tête au serveur. Elle était étonnée, et même un peu déconcertée, qu’il l’ait reconnue. Compte tenu de la façon dont Derek et elle s’étaient comportés la première fois qu’ils étaient venus, elle espéra que le souvenir qu’il avait d’elle n’était pas lié à ce qu’il avait vu.

    Walter fit un geste de la main vers une alcôve dans laquelle un jeune homme se dépêchait de débarrasser la table. Emmett est en train de préparer votre table, expliqua-t-il. Il va bientôt avoir fini. Meredith eut l’impression qu’il craignait un peu la réaction de Derek.

    Pas de problèmes, assura ce dernier. Je sais que je débarque à l’improviste. Emmett sortit de l’alcôve quasiment en courant et Walter fit signe à Derek de le suivre. Comment va votre fille ? s’enquit ce dernier. Aux dernières nouvelles, elle attendait des nouvelles de UCLA, non ?

    Walter afficha un sourire empreint de fierté. Oui, elle a été admise. Il retira légèrement la table pour que le couple puisse s’installer à son aise sur la banquette.

    Ah génial ! s’exclama Derek. La psychiatrie, c’est bien ça ? Walter confirma en opinant de la tête. Eh bien, quand elle aura son diplôme, dites-le moi, reprit Derek. Il se tourna vers Meredith avec un petit air moqueur. Il parait que j’aurais besoin d’une thérapie.

    Je n’ai jamais dit ça, protesta la jeune fille, embarrassée à l’idée de ce que Walter allait penser d’elle.

    Mais tu le penses, insista Derek.

    Meredith lui donna une légère tape sur le bras. Mais non.

    Le serveur se mit à rire. De toute façon, Kirsten pense que tout le monde devrait faire une analyse.

    Elle n’a peut-être pas tort, commenta Derek. Vous la féliciterez de ma part pour son admission.

    Je n’y manquerai pas, promit Walter. Que désirez-vous boire ? Comme d’habitude, Docteur ?

    Oui, oui, un whisky. Et toi ? demanda Derek en regardant son amie.

    Un coca zéro, s’il vous plait.

    Walter sourit. Sans paille, je présume ?

    Meredith rosit légèrement. Oui, oui, sans paille. Merci.


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  • Derek revint à la villa après avoir raccompagné Finn en voiture jusqu’au portail. Il trouva son amie en train de ranger les vestiges de la catastrophique soirée. Il s’appuya contre le chambranle et, pendant quelques minutes, la regarda s’affairer. Il sourit, tout attendri. Meredith devina sa présence et se tourna vers lui. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu souris ?

    Je te découvre sous un nouveau jour… la parfaite maîtresse de maison, ajouta-t-il avec humour. J’aime beaucoup.

    Meredith fit semblant de vouloir lui jeter un os de poulet à la tête. Arrête de te moquer de moi. Je sais que je ne suis pas douée. Je fais ce que je peux.

    Mais tu te débrouilles très bien. Ta façon de jeter les restes à la poubelle… du grand art, se moqua gentiment Derek.

    Meredith rit de bon cœur. Avec un peu d’entraînement, je devrais arriver à m’améliorer. Elle déposa l’assiette qu’elle tenait en main avant de regarder Derek avec tendresse. Je voudrais te remercier pour ce soir.

    Je n’ai rien fait de spécial, objecta-t-il. Tu n’as pas à me remercier.

    Au contraire, tu as été extraordinaire. Cette soirée a été un vrai désastre. Elle prit un petit air contrit. Je n’aurais pas dû inviter Finn, c’était une erreur.

    Derek haussa légèrement les épaules. Tu n’es pas responsable de la façon dont il s’est conduit. Personne n’aurait pu prévoir ça. Comment imaginer qu’il se comporterait aussi grossièrement, surtout en présence de sa fiancée ?

    La pauvre ! Comment elle a réagi ? s’enquit Meredith. Elle doit m’en vouloir.

    Derek s’empressa de la rassurer. Non, pas du tout. Au contraire, elle m’a demandé de te remercier. Elle pense que tu lui as évité de commettre une erreur.

    Meredith grimaça. Néanmoins, j’aurais préféré que ça se passe autrement. Il a été vraiment horrible. Je ne pensais pas qu’il était comme ça, avoua-t-elle.

    Derek acquiesça d’un signe de tête. Moi non plus. Je ne l’apprécie pas beaucoup mais j’avoue qu’il m’avait fait plutôt bonne impression à Seattle. Il avait l’air d’un brave type.

    Je sais. C’est même pour ça que tu as voulu t’effacer, pour lui laisser le champ libre. Meredith agita sa tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel, pour lui faire comprendre à quel point elle trouvait sa réaction saugrenue.

    Je pensais que c’était ce que tu voulais aussi, se défendit Derek. Il semblait te plaire et tu avais l’air d’apprécier sa compagnie. Et comme tu hésitais entre nous deux… j’ai préféré m’en aller avant que tu ne me rejettes. C’était moins dur…

    Je l’appréciais, c’est vrai, admit Meredith avec sincérité. Mais toi…Elle prit un ton plus câlin. Toi, tu étais le seul que je voulais. Tu as toujours été le seul, Derek.

    Il se décida enfin à quitter son chambranle pour se rapprocher d’elle. Depuis que tu es entrée dans ma vie, il n’y a plus que toi… pour moi aussi. Il dessina le contour de son visage avec le bout de ses doigts. A mon tour de te remercier – elle lui jeta un regard interrogateur - pour ce que tu as dit à propos de tes sentiments pour moi, lui expliqua-t-il. Tu ne voulais peut-être pas que je l’entende mais…

    Je savais que tu étais là. Meredith agrippa la chemise de son ami, en souriant. On n’avait jamais évoqué le sujet avant aujourd’hui. Je me suis dit que c’était l’occasion. Elle posa tendrement sa tête contre le torse de Derek. Tu sais, je n’ai pas vraiment hésité entre lui et toi… Mais vous dire que je ne savais pas choisir… je crois que, quelque part, c’était encore une façon de ne pas m’engager. Ça me permettait de ne pas m’impliquer. Elle releva la tête pour regarder Derek dans les yeux. Etre entre lui et toi, c’était - elle hésita - festif.

    Derek écarquilla les yeux. Festif ? Drôle de mot. Ça n’était pas du tout festif pour moi, je peux te l’assurer. Ça me rendait malade de te voir avec lui.

    Derek, chuchota Meredith d’une voix caressante. Tu sais, Finn n’a jamais compté pour moi. Il n’était qu’un moyen de t’oublier ou du moins d’essayer. Je voulais l’aimer pour ne plus t’aimer toi, mais je n’y suis jamais parvenue. Il la regarda avec émotion. Elle lui sourit. C’est toi que je voulais aimer, pas Finn.

    Il se pencha sur elle. Assez parler de lui, veux-tu. Je connais des sujets de conversation bien plus agréables. Il ferma les yeux lorsque leurs bouches se rencontrèrent. Ses lèvres effleurèrent celles de Meredith, avant que sa langue ne les caresse, puis force le passage entre elles pour venir à la rencontre de la langue de la jeune femme. De tendre et presque hésitant, le baiser devint passionné. Meredith commença à déboutonner la chemise de son amant, tandis qu’il enserrait sa nuque dans sa main droite et que de la gauche, il caressait son corps à travers la robe. Elle éprouva des difficultés à ouvrir la chemise et s’énerva. Avait-on idée de faire des boutons si petits et des boutonnières si étroites ? Elle en vint finalement à bout et repoussa la chemise pour dénuder les épaules de Derek. Il posa une main sur sa chute de reins pour la serrer contre lui et commença à retrousser sa robe.

    Meredith ouvrit les yeux et se détacha de sa bouche. Derek, nous avons oublié quelque chose.

    Quoi donc ? murmura-t-il d’une voix rauque en essayant d’abaisser son string.

    Finn…

    Non, non… ne me parle pas de Finn maintenant, je t’en supplie.

    Je veux bien mais…

    Plus jamais Finn, dit Derek, avec un grain d’impatience.

    Meredith prit sa tête entre les mains pour le forcer à la regarder et l’écouter. Derek… Je ne veux plus jamais parler de Finn moi non plus. Mais si tu ne te décides pas à lui appeler un taxi, il y a de fortes chances pour que nous le retrouvions demain devant notre porte !


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  • Walter était à peine parti que Meredith se tourna vers son compagnon. Il se souvient de moi.

    Derek parut étonné. C’est un problème ?

    Ça dépend, bougonna Meredith. J’espère que ce n’est pas parce qu’il a vu des choses.

    Derek rit légèrement. Ne t’en fais pas pour ça. A mon avis, s’il se souvient de toi, c’est seulement parce que tu es la première femme avec qui je viens ici.

    Mais tu m’as dit que tu étais déjà venu avec Callie, lui rappela Meredith.

    Derek hocha la tête. Jamais seul. Si elle est là, Mark aussi et on passe une soirée entre amis. Je ne me comporte pas avec elle comme avec toi, ça n’a rien à voir. Enchantée par ce statut particulier qu’il lui conférait, Meredith se pelotonna contre lui et posa la tête sur son épaule. Il prit sa main et se laissa aller contre la banquette en soupirant d’aise. Il se sentait particulièrement bien ce soir-là et il était évident que la présence de la jeune fille y était pour beaucoup.

    Walter revint avec leurs consommations. Tandis qu’il les déposait sur la table, Meredith regarda autour d’elle. Alors, ce bar, c’est ton antre, dit-elle à Derek, une fois le serveur reparti.

    Il sourit. C’est un peu exagéré. Je viens ici de temps en temps, quand j’ai besoin de décompresser.

    Et comment tu t’y prends pour décompresser, quand tu viens ici tout seul ? le questionna Meredith. Elle était tellement avide d’en apprendre plus sur lui que le moindre détail lui semblait intéressant.

    Je bois un verre. Derek pointa le menton en avant vers le pianiste. J’écoute la musique. J’essaie de ne penser à rien, de faire le vide. Parfois, je discute avec Walter et James.

    J’ai l’impression que tu les apprécies, déclara Meredith avant de boire une gorgée de coca.

    Derek opina lentement de la tête en étirant ses lèvres en une sorte de sourire attendri tandis que ses yeux se teintaient d’un soupçon d’émotion. Ce sont des gens méritants. James passe ses journées à l’hôpital pour soutenir sa femme et le soir, il est ici pour gérer ce bar, expliqua-t-il. Walter a élevé sa fille tout seul et il a enchainé les boulots pour lui permettre de fréquenter les meilleures écoles. Ils font tout pour leurs familles, ils se battent pour elles. Je les respecte beaucoup pour ça.

    Meredith eut le sentiment que la façon dont Derek considérait ces deux hommes était liée à son histoire familiale. Peut-être que l’attention et le dévouement que James et Walter manifestaient à leurs familles lui avaient manqué durant son enfance. Mais elle savait que le sujet était sensible et qu’elle n’obtiendrait aucune réponse en l’interrogeant franchement. Au fond, tu es un tendre, se contenta-t-elle de dire.

    Non, mais je ne suis pas aussi méchant que tu le penses, répliqua Derek, l’air grave.

    Je n’ai jamais pensé que tu étais méchant, protesta Meredith.

    Derek prit un ton ironique. Non, c’est vrai, tu as dit que j’étais odieux. Il but un peu de whisky.

    Avec cette infirmière, tu l’as été, affirma Meredith. Mais je suppose que tu avais tes raisons, ajouta-t-elle pour ne pas le fâcher.

    Oui, j’en avais, répondit Derek, un peu agacé qu’elle évoque Rose encore une fois. On était sur notre lieu de travail, j’étais avec une patiente et elle est venue me faire une scène. Ça ne se fait pas. En plus, je ne lui avais rien promis, grommela-t-il.

    Elle était peut-être amoureuse de toi, supposa la jeune fille. 

    Derek leva les yeux au ciel. Mais non ! Ça faisait quinze jours qu’elle avait été engagée à la clinique, on s’est croisé quelquefois, je l’ai plus ou moins draguée et on a couché une fois ensemble. Il en faut un peu plus pour tomber amoureux, tu ne crois pas ?

    Le coup de foudre, ça existe, insista Meredith.

    Tu dis n’importe quoi, bougonna Derek en jouant avec son verre. Je l’ai blessée dans son orgueil, c’est tout.

    Meredith fit la moue. Je peux la comprendre. Moi aussi, tu m’as blessée… plusieurs fois. Elle s’abstint de lui dire que ses sentiments avaient été bien plus blessés que son orgueil. Dans l’état actuel des choses, elle ne pouvait pas être honnête avec lui au sujet de ce qu’elle ressentait vraiment à son égard.  

    Derek releva la tête vers elle. Je sais. Je suis désolé. Il lui caressa délicatement la joue.

    Pourquoi tu n’as pas réagi de la même façon avec moi ? ne put-elle s’empêcher de lui demander. Je t’ai fait une scène moi aussi, devant ton patron et tes collègues, et pourtant tu n’as pas été aussi dur avec moi que tu l’avais été avec elle.

    Derek passa sa main derrière la nuque de la jeune fille et attira cette dernière contre lui. Toi, c’est différent, lui avoua-t-il dans un souffle.


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