• Meredith réalisa immédiatement que ce qu’elle venait de dire pouvait être mal interprété. Je veux dire… en ami… bien sûr, bafouilla-t-elle. Pas comme…

    Pas comme si j’étais un petit ami, conclut Derek avec un sourire rassurant. J’avais bien compris, ne t’en fais pas. Et je serais très heureux de faire la connaissance de ta mère… même si je ne suis pas le champion des présentations aux familles, ajouta-t-il sur un ton un peu ironique. Meredith émit un petit rire. Elle était soulagée de ne pas avoir commis d’impair et enchantée aussi que l’idée de rencontrer sa mère ne rebute pas Derek. Elle prit cela comme une preuve supplémentaire de l’attachement particulier qu’il éprouvait pour elle. Bon, je choisis le menu alors ? poursuivit Derek.

    Vas-y, je te fais confiance, répondit Meredith.

    Eh bien, je te propose… Derek consulta rapidement la carte. Pour commencer, des rouleaux californiens. Ce sont des sushi où le riz est à l’extérieur pour cacher l’algue et c’est fait avec du crabe et de l’avocat. C’est idéal pour ceux qui n’ont jamais mangé de sushi, précisa-t-il à son amie. Elle opina de la tête pour marquer son assentiment. On va prendre aussi un assortiment de maki, continua Derek. Là, la feuille d’algue est à l’extérieur. Il faut que tu goûtes aussi les nigiri, c’est une boule de riz avec un morceau de poisson cru déposé dessus. Et tu dois essayer les sashimis aussi, c’est un morceau de poisson servi seul ou avec de la sauce. Il tourna la tête vers la jeune fille. Du saumon et du thon rouge, ça te tente ? Meredith fit à nouveau signe que oui. Adjugé ! clama Derek en levant la main pour attirer l’attention de la serveuse. Après qu’il eut passé la commande, ils observèrent le jeune homme qui confectionnait leurs plats. Meredith fut fascinée par la dextérité et la rapidité avec lesquelles il découpait les morceaux de poisson et les légumes. A un moment, elle se tourna vers Derek avec un sourire ravi qui le fit se sentir encore plus coupable pour le mal qu’il lui avait fait. Il ressentit le besoin de lui en parler. Je voulais te dire… à propos de cette semaine…

    Elle se renfrogna instantanément. Derek, non. Je n’ai pas envie qu’on revienne là-dessus.

    Moi, j’y tiens, insista-t-il. Alors, je t’en prie, écoute-moi. Elle soupira mais ne fit rien pour l’empêcher de continuer. Je regrette vraiment la façon dont je me suis conduit avec toi. C’est ce que je fais d’habitude. Je couche avec une femme et puis, je prends la fuite, sans explication. Mais je n’aurais pas dû le faire avec toi. Tu mérites mieux que ça.

    L’autre jour, tu m’as dit qu’une fois que tu avais couché avec une femme, elle ne t’intéressait plus. C’est pour ça ? lui demanda timidement Meredith.

    Embarrassé, Derek passa la main dans ses cheveux. Mentir et lui faire plus mal encore ou lui dire la vérité et lui donner de l’espoir, tout en sachant que cela serait vain ? La première option lui sembla soudain impossible. Non, ce n’est pas ça, admit-il. Parce que si je dois être tout à fait honnête, tu m’intéresses encore. Mais ça ne change rien au fait que je ne peux pas te donner ce que tu attends de moi. Il vit qu’elle accusait durement le coup. Meredith, je suis…

    Elle lui coupa la parole. Ça va, ce n’est pas grave. Je m’en fiche.

    Derek sourit tristement. Ne dis pas ça, tu sais que ce n’est pas vrai. J’ai vu dans quel état tu étais ce matin et j’étais là quand tu as dit à Mark que tu prenais des médicaments. D’ailleurs, à ce propos, c’est quoi comme genre de pilule ?

    Contrariée qu’il ait déjà changé de sujet, Meredith haussa les épaules. C’est juste un calmant.

    Derek fronça les sourcils. Un calmant ? Lequel ? Du Valium ? Du Xanax ?

    Mal à l’aise, Meredith baissa la tête. Je ne sais plus.

    Derek flaira aussitôt quelque chose de louche. Ce calmant, c’est bien un médecin qui te l’a prescrit, n’est-ce pas ?

    Pour éviter les problèmes, Meredith aurait dû mentir et cela, elle en était incapable. Pas vraiment, murmura-t-elle en évitant de croiser le regard de Derek.

    Alors, c’est qui ? l’interrogea-t-il d’une voix froide.

    C’est George, confessa enfin Meredith.

    Toujours lui, décidément ! s’écria Derek. Il avait élevé la voix et les autres clients se retournèrent vers eux. Il baissa aussitôt le ton. Et depuis quand tu fais appel à ce connard pour te soigner ?

    S’il te plait, n’en fais pas un drame, l’implora Meredith. J’étais stressée, je n’arrivais pas à dormir, George m’a donné un de ses calmants, ça a marché, j’en ai pris pendant trois jours et c’est tout.

    Eh bien maintenant, tu vas me faire le plaisir d’arrêter ça tout de suite, ordonna Derek, au comble de l'énervement. Ce n’est pas parce qu’un médecin a prescrit des médicaments à ton abruti de colocataire qu’ils sont bons pour toi. Et puis, qui te dit qu’il ne les a pas eus dans un marché parallèle ? Tu es inconsciente, ma parole !

    Meredith leva les yeux au ciel. Oh Derek pitié ! Est-ce que tu ne veux pas cesser de te comporter comme mon médecin et te contenter d’être mon amant ? Elle avait l’intention de dire ami mais son subconscient, sans doute, avait été plus fort que sa volonté et lui avait fait dire ce qu’elle désirait vraiment. Elle eut une seconde d’hésitation mais décida finalement de ne pas rectifier son erreur, qui d’ailleurs n’en était pas une. Au point où elle en était, elle n’avait rien à perdre à jouer franc-jeu.


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  • Finn adopta un ton moqueur. Parce que tu nous as invités.

    Une fois encore, Meredith se maudit pour avoir pris cette initiative imbécile. Tu pouvais refuser ! répliqua-t-elle.

    Finn secoua la tête. Je ne sais pas… Il fallait que je te parle.

    Meredith ricana. Me parler ou te défouler ? De toute façon, tu as mal choisi ton moment. Ce n’est pas juste pour Colleen. Elle ne mérite pas ça. Elle lui lança un regard où perçait une pointe de regret. Tu n’aurais jamais fait ça avant. Tu as changé, c’est dommage.

    Oui, j’ai changé, admit Finn avec des accents douloureux dans la voix. Tu m’as changé.

    Oh je t’en prie ! s’exclama Meredith avec agacement. Nous sommes sortis ensemble à peine quelques semaines. Je veux bien admettre que je t’ai blessé et j’en suis vraiment désolée mais n’essaie pas de me faire croire que j’ai brisé ta vie ! De toute façon qu’est-ce que je devais faire ? l’invectiva-t-elle. Je n’étais pas amoureuse de toi. Pourtant, cela m’aurait bien arrangée de l’être et j’ai essayé, vraiment, mais je n’y suis pas arrivée.

    A cause de Derek, persifla Finn.

    Oui, bien sûr. Il est le seul. Il l’a toujours été, lui asséna Meredith sans ménagement, non par cruauté, mais pour que les choses soient bien claires. Je ne pouvais pas te laisser continuer à faire des projets pour nous.

    Alors pourquoi avoir joué ce jeu ? Parce qu’elle le regardait d’un air perplexe, Finn précisa sa pensée. Les rendez-vous.

    Meredith soupira. A ce moment-là, je ne savais pas, ou plutôt je savais mais je ne voulais pas l’admettre. Derek m’avait fait du mal. J’avais peur qu’il m’en fasse encore. Alors, j’ai essayé de l’oublier et je t’ai utilisé pour ça, reconnut-elle. Ce n’est pas à lui que tu dois en vouloir, Finn, mais à moi.

    Cela faisait des mois que Finn avait désigné Derek comme le principal artisan de son malheur. Dans son esprit, il était évident que, si Meredith l’avait quitté, c’était parce que le chirurgien avait manipulé son interne et avait abusé de sa naïveté. Il était décidé à en convaincre la jeune femme maintenant qu’il en avait l’occasion. Je lui en veux parce qu’il a été malhonnête. Il a couché avec toi alors que nous sortions ensemble et qu’il était marié.

    Meredith jeta les yeux au plafond. Tu ne parles que de lui, mais j’ai ma part de responsabilités aussi. J’étais avec toi et je savais qu’il était marié et pourtant, cela ne m’a pas arrêtée. Je suis aussi fautive que lui.Oui mais après, tu as hésité, lui rappela Finn. Tu m’as donné une chance. Et lui ne t’a pas laissé faire ton choix sereinement. Il t’a influencée.

    C’est faux, assura Meredith d’un ton las.

    Finn s’emporta. Non, c’est vrai. On avait un accord. Il en avait accepté les termes. Tu devais sortir avec nous deux pour savoir lequel de nous te convenait le mieux. Il avait rendez-vous avec toi le soir. Et moi, je devais te voir à midi, tu t’en souviens ? Il a saboté notre rendez-vous, poursuivit-il avec rage. Il t’a appâtée avec une opération.

    Meredith le regarda avec stupéfaction. Elle avait l’impression que leur relation avait eu lieu des siècles auparavant. Comment pouvait-il encore ressasser tout ce qui s’était passé à l’époque ? Il m’aimait, lui expliqua-t-elle néanmoins, en espérant qu’elle arriverait à lui faire entendre raison et à mettre fin à cette stupide discussion. Il était jaloux. Il me voulait et il a tout fait pour m’avoir. Tu n’as pas le droit de lui en vouloir pour ça.

    Il n’a pas été fair-play, éructa Finn.

    Tu ne l’es pas non plus, ce soir, s’écria Meredith. Vous étiez des concurrents. Il a gagné. Tu dois l’accepter.

    Une heure, juste une toute petite heure, geignit le vétérinaire. C’est tout ce que je demandais. Peut-être que si j’avais pu…

    Meredith lui coupa vivement la parole. Tu ne comprends donc pas ? Une heure, un jour, une année… Elle secoua la tête. Ça n’aurait rien changé, rien du tout. C’est lui que j’aimais. C’est lui que je voulais. Ça a toujours été lui.

    Le dégoût s’inscrivit sur les traits de Finn. Ça me dépasse… après ce qu’il t’a fait.

    Ce qu’il m’a fait… Si cela peut t’apaiser, sache que je le lui ai fait payer au centuple. Contrairement à ce que tu avais prédit, il ne m’a plus fait de mal. Moi, par contre, je lui en ai fait… beaucoup… La voix de la jeune femme s’enroua. Mais il est toujours resté à mes côtés. Il n’est jamais parti. Il ne m’a fait aucun reproche. Il n’a pas cherché à se venger. Il est simplement resté là. Meredith ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, Finn vit qu’ils brillaient d’émotion. Et je l’aime… pour ça… pour tout. Il me rend heureuse.

    Je n’ai jamais eu la moindre chance, n’est-ce pas ? murmura Finn.

    Non, effectivement. Meredith lui fit un sourire en guise d’excuse. Je suis désolée pour le mal que je t’ai fait. Mais que tu le veuilles ou non, que tu le comprennes ou non, j’aime Derek et rien ne changera ça.


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  • Derek et Colleen suivirent leurs compagnons des yeux jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans la cuisine. Ensuite, Derek se tourna vers son invitée et lui adressa un sourire quelque peu confus. Encore un peu de vin ? Du poulet ? lui proposa-t-il pour tenter de détourner son attention de ce qui était en train de se passer.

    Non, merci. Elle regarda l’assiette à laquelle elle n’avait pas touché. C’est vraiment très bon mais je n’ai plus faim… Alors, dites-moi, Derek, comment avez-vous déniché cette magnifique maison ? demanda-t-elle d’un air enjoué.

    L’espace d’une seconde, Derek se demanda si Colleen était la reine du self-control ou de la stupidité. Mais en surprenant le regard inquiet qu’elle lançait en direction de la cuisine, il comprit qu’encore une fois, elle cherchait simplement à sauver la face. Il eut pitié d’elle et décida de jouer le jeu. C’est mon meilleur ami qui me l’a recommandée. Il l’avait louée il y a quelques années et il avait été enchanté de son séjour. Quand il a appris que je voulais partir en vacances avec Meredith, il a pensé que ce serait l’endroit idéal.

    Colleen l’approuva d’un signe de tête. Il avait raison. C’est l’endroit idéal. Mais cela doit avoir un prix. Je n’ose pas vous demander lequel.

    Derek sourit. Croyez-moi. Vous ne voulez pas le savoir.

    Colleen eut un petit rire sans joie. Ça détruirait la magie de l’endroit ?

    Pour vous, peut-être un peu. Moi, je le trouve magique parce que j’y suis avec Meredith.

    Vous aimez beaucoup Meredith, énonça-t-elle avec une pointe d’envie dans la voix, parce qu’elle avait l’impression que personne ne l’avait jamais aimée comme Derek semblait aimer sa compagne. Ça se voit… Vous semblez prêt à tout pour elle.

    Le visage du chirurgien s’illumina. Oui, je l’aime… Voyez-vous, nous avons traversé beaucoup d’épreuves. Je pense que nous en sommes sortis grandis et plus forts. Je sais qu’elle est la femme de ma vie.

    Colleen approuva d’un signe de tête. L’un comme l’autre ne surent plus que dire. Mal à l’aise, ils se sourirent. Derek se mit à jouer avec son verre pendant que Colleen torturait sa serviette. Le silence se prolongea. Tout à coup, la jeune femme prit une profonde inspiration. Vous devez me prendre pour une idiote, n’est-ce pas ?

    Derek haussa les sourcils d’étonnement. Non, bien entendu. Pourquoi dites-vous ça ?

    Colleen posa sur lui un regard empreint de tristesse. Je suis là, assise à cette table, avec vous, à discuter de banalités comme si de rien n’était, alors que mon fiancé, l’homme qui dit m’aimer au point de vouloir vivre avec moi jusqu’à la fin de ses jours, est en train de parler en tête-à-tête avec la femme dont il est manifestement toujours très amoureux.

    Embêté, Derek baissa la tête. Puis, il la releva et, plantant ses yeux dans ceux de son invitée, lui saisit la main pour la réconforter. Vous êtes loin d’être stupide, Colleen. Vous êtes même très intelligente. Votre attitude tout au long de cette soirée l’a prouvé. 

    Merci. Vous n’avez pas été trop mal, vous non plus, dit-elle avec un petit sourire. Elle fit un geste vers la cuisine. Vous voulez bien m’expliquer ?

    Derek grimaça légèrement. Je crois que ce n’est pas à moi de le faire, mais à votre fiancé.

    Hum ! Mon fiancé… oui… sans doute… Colleen soupira avant de reposer sa serviette sur la table. De toute façon, cela me semble très clair… Vous, vous n’avez pas l’air inquiet.

    Derek hocha la tête. Je ne le suis pas. J’ai confiance en Meredith.

    Oui, la confiance, c’est essentiel dans un couple. C’est un sentiment que je n’éprouvais plus depuis mon ex-mari et que Finn m’avait rendu. Les yeux de Colleen s’embuèrent. Je suppose que, maintenant, je vais avoir à nouveau quelques difficultés avec ça.

    Derek maudit cet imbécile de Finn qui non seulement se conduisait si mal avec une femme aussi charmante mais qui, en plus – non, surtout ! – le laissait se débrouiller avec elle ! Colleen, je suis vraiment désolé. Si nous avions su… ne le prenez pas mal, vous n’êtes pas concernée par ce que je vais dire, mais nous ne vous aurions pas invités.

    Elle sourit. Et moi, je n’aurais pas accepté. Mais cela aurait été un tort. En épousant Finn, j’aurais fait une énorme erreur. Apparemment, il est libre, mais son cœur ne l’est pas. Elle haussa légèrement les épaules. Alors, il n’est pas bon pour moi. Et encore, s’il n’y avait que moi… Mais je dois penser à mon fils, vous comprenez. Jason a déjà beaucoup souffert de ce qui s’est passé avec son père. Je n’ai pas le droit de lui infliger encore ce genre de situation.

    Qu’allez-vous faire maintenant ? s’enquit Derek.

    Maintenant ? dit Colleen, la voix chargée de sanglots. Je vais prendre la voiture, rentrer à l’hôtel, faire mes bagages et aller à l’aéroport. Elle regarda machinalement sa montre. J’aimerais rentrer à Seattle le plus tôt possible.

    Et Finn ?

    J’espère que vous accepterez de lui appeler un taxi, répondit-elle simplement.

    Ça va aller ? demanda Derek, impressionné par le courage de la jeune femme.

    Oui, je crois que oui. Parce que Colleen ne supportait pas l’idée qu’il ait pitié d’elle, elle redressa fièrement la tête. Je suis forte, vous savez, plus que je n’en ai l’air. Ce n’est pas ça qui va m’abattre.

    Je n’en doute pas. Derek la regarda avec une admiration non feinte. Pour ce que ça vaut… vous êtes quelqu’un de bien, Colleen. Vous méritez de rencontrer un homme qui vous aime vraiment, qui soit bien pour vous. Ce n’est pas Finn.

    Les yeux de Colleen s’emplirent à nouveau de larmes. Je sais. Merci, Derek. Elle se leva. Vous voudrez bien dire au revoir à Meredith de ma part ? Dites-lui aussi que je ne lui en veux pas du tout. Ce n’est pas de sa faute. Elle trouva la force de sourire. Et n’oubliez pas, je vous attends dans ma boutique. Je vous ferai un prix d’ami.

    Derek fit le tour de la table et prit Colleen dans ses bras pour lui donner l’accolade. Je n’y manquerai pas, assura-t-il, tout en sachant qu’il n’en ferait rien.

    Elle ramassa son sac et se dirigea vers la sortie. Arrivée à la porte, elle se tourna vers Derek qui l’avait accompagnée. Je peux encore vous demander quelque chose ? Vous voulez bien retenir Finn un certain temps après mon départ ? Je sais que c’est beaucoup vous demander mais je voudrais avoir le temps de rentrer à l’hôtel et d’en repartir avant qu’il n’y revienne. Je n’ai pas envie de lui parler… De toute façon, nous n’avons plus rien à nous dire. Elle lui jeta un regard implorant. Vous voulez bien ?

    Je verrai ce que je peux faire, lui promit Derek.

    Merci. Vous êtes quelqu’un de bien, vous aussi. La voix de Colleen se cassa encore. Je comprends pourquoi Meredith vous a choisi.

    Derek posa sa main sur son épaule pour la lui serrer. Rentrez bien, Colleen, et prenez soin de vous et de Jason.


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  • Interloqué par sa franchise, Derek ne sut que répondre et, comme trop souvent ces derniers temps, il éluda rapidement le problème. Meredith, je comprends que tu ne te sois pas adressée à moi pour avoir ces calmants, mais de grâce, pas ce sale type ! Si tu as besoin de médicaments, va chez un vrai médecin, je t’en prie. Déçue par cette nouvelle dérobade. Meredith se mit à triturer sa serviette. L’atmosphère devint d’un seul coup plus lourde. Et ton téléphone, il fonctionne encore ? demanda-Derek pour relancer la conversation.

    Meredith le regarda avec un air perplexe. Bien sûr. Pourquoi voudrais-tu qu’il ne fonctionne plus ?

    Vu ce que ton grand ami George en a fait… Il l’a jeté dans une poubelle, précisa Derek devant le regard interrogateur de la jeune fille.

    Meredith ouvrit de grands yeux. Mais pourquoi ?

    Parce que j’avais refusé de le reprendre, lui apprit Derek. Tu sais, je suis conscient que tu as des raisons de m’en vouloir et je peux comprendre que tu aies voulu me le rendre mais charger ce type de le faire…

    Mais je ne l’ai chargé de rien du tout ! s’insurgea Meredith. C’est ce qu’il t’a dit ?

    Derek hocha la tête de haut en bas. Il m’a dit aussi que tu allais te débarrasser de la peluche que je t’ai offerte. C’est vrai ?

    Mais jamais de la vie ! protesta Meredith. Tu sais à quel point j’y tiens. Comment tu as pu le croire ?

    On peut faire beaucoup de choses sous l’effet de la colère, invoqua Derek comme justification.

    Oui, mais pas jeter mon lion de mer, répliqua Meredith, agacée qu’il ait pu penser qu’elle accordait aussi peu de valeur à ses cadeaux. Quant à George, je vais lui dire ma façon de penser. Il n’a pas à se mêler de mes affaires.

    Derek posa sa main sur celle de son amie. Tu ne vas rien lui dire du tout. Je ne sens pas ce type, il est trop bizarre.

    Le fait qu’il semble sincèrement inquiet pour elle fit que Meredith se radoucit. Tu exagères, le gronda-t-elle gentiment. Ce n’est pas un psychopathe tout de même. Derek fit une petite moue dubitative qui la fit rire. L’inquiétude qu’il ressentait pour elle, que ce soit à propos des médicaments ou de George, la confortait dans l’idée qu’il tenait à elle plus qu’il ne voulait le dire.

    Le cuistot, qui avait été quelque peu débordé, apporta enfin leur commande. Derek fut agréablement surpris autant par la présentation des sushi que par leur aspect. La première bouchée acheva de le convaincre. C’est délicieux, admit-il. Cet endroit gagne à être connu, tu as fait un bon choix.

    Je suis trop contente, s’écria Meredith, très fière d’avoir réussi à l’impressionner. Elle regarda les plats avec envie. Par quoi tu as dit que je devais commencer ?

    Par les rouleaux californiens. Derek en prit un entre le pouce et l’index et le lui tendit.

    Elle arrondit la bouche sur ses doigts et attrapa le sushi. Mmm, c’est trop bon. Lorsqu’elle passa le bout de sa langue sur ses lèvres, Derek sentit une chaleur bien connue monter en lui. Inconsciente du trouble qu’elle venait d’éveiller en lui, Meredith examinait les nagiri avec attention. Elle en prit un au flétan et le présenta devant la bouche de Derek. Goûte celui-là, tu me diras si c’est bon.  

    Les yeux plongés dans ceux de la jeune fille, il mordit dedans, faisant tomber quelques grains de riz sur lui. Tandis qu’il prenait en bouche le reste du sushi, Meredith passa une main sur sa chemise pour en retirer le riz. Le geste émoustilla un peu plus Derek. Il retint la main qui lui avait donné le sushi. Hé, attends, tu me voles un morceau. Il prit le pouce de Meredith et le lécha délicatement pour ramasser un grain de riz qui y était collé, avant de le prendre en bouche et le sucer avec sensualité. Cela mit le feu à son âme. Dès cet instant, il sut qu’il ne résisterait pas à la tentation si Meredith manifestait l’envie de passer la nuit avec lui.

    Le geste, très suggestif, avait fait rougir la jeune fille. Elle reprit son doigt. Alors, c’est bon ? demanda-t-elle en parlant du sushi.

    Oh oui, très bon, vraiment très bon, répondit Derek, ses yeux pétillants de malice indiquant qu’il pensait à tout autre chose.

    Meredith lui lança un regard qui se voulait désapprobateur. Tu ne peux jamais être sérieux ?

    Mais je suis très sérieux, affirma Derek. Tiens, goûte. Il prit un sushi identique à celui qu’il venait de manger et le présenta à sa compagne. Méfiante, elle le prit avec ses doigts avant de le mettre en bouche. Ah t’es pas marrante, déplora Derek en souriant. Il prit un maki au concombre et mordit dedans avec appétit. L’avantage de ce genre de restaurant, c’est que, quand on mange avec les doigts, on se fait beaucoup moins remarquer qu’à l’Auberge du Soleil.


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  • Après avoir salué Colleen une dernière fois d’un signe de la main, Derek referma la porte et se dirigea vers la cuisine. Il y arriva juste à temps pour entendre les derniers mots de Meredith. Je suis désolée, Finn, pour le mal que je t’ai fait. Mais que tu le veuilles ou non, que tu le comprennes ou non, j’aime Derek et rien ne changera ça.

    Il sourit. Elle l’aimait. Peu importe qu’elle le dise à un autre que lui. Elle le disait et cela semblait facile pour elle, c’était cela qui était important. Viendrait un temps où elle aurait la même facilité à le lui dire, il en était convaincu. Il entra dans la pièce. Alors qu’est-ce qui se passe ici ?

    Meredith se tourna vers lui, soulagée de constater qu’il était calme. Rien, rien du tout. En ce qui me concerne, tout est réglé… depuis longtemps.

    Derek regarda son rival. Et vous ? C’est réglé pour vous aussi ? lui demanda-t-il avec un flegme condescendant.

    Je n’ai pas le choix, je crois, persifla le vétérinaire.

    Effectivement.

    Le regard désabusé de Finn voyagea de Meredith à Derek. Vous savez ce qui me désole ? Cette histoire n’est pas morale.

    Derek s’adossa nonchalamment à une armoire. Que voulez-vous dire ?

    On m’a appris que le bien triomphait toujours du mal. Finn secoua la tête. Eh bien, ce n’est pas vrai.

    Meredith voulut intervenir mais Derek lui fit signe de n’en rien faire. Continuez, mon vieux, ça m’intéresse.

    J’ai toujours été quelqu’un de correct, poursuivit Finn. Avec les femmes, je veux dire … avec tout le monde en fait, mais surtout avec les femmes, précisa-t-il avec une certaine prétention. Je suis aux petits soins pour elle. Par exemple, je leur fais la cuisine. Je les écoute, je les comprends, enfin, j’essaie. Je suis gentil, patient, sincère, fidèle. Je m’inquiète de leurs attentes, de leurs désirs…

    Derek lui coupa la parole. Quand vous aurez terminé de chanter vos louanges, vous voudrez bien nous expliquer où vous  voulez en venir ?

    Je ne comprends pas ce que Meredith peut vous trouver. Finn ricana. Ou peut-être que je ne le comprends que trop bien. Il paraît que les femmes préfèrent les salauds. Elles rêvent du prince charmant mais choisissent souvent des salauds égoïstes, lâcha-t-il avec de la méchanceté au fond des yeux.

    Meredith fit un bond. De quel droit viens-tu nous insulter chez nous ?

    Je ne t’ai pas insultée, répliqua Finn.

    En insultant mon ami, tu m’insultes, moi aussi. Derek n’est pas un salaud ! plaida la jeune femme. Il est honnête et droit, au contraire. Tu ne le connais pas. Tu ne sais pas qui il est et ce qu’il a fait pour moi.

    Fin eut un rictus méprisant. Allons donc ! Il a abusé de toi.

    En quoi ai-je abusé d’elle ? demanda Derek, presque amusé par la mauvaise foi de Finn.

    Celui-ci le défia. Vous étiez son professeur. A ce titre, vous n’aviez pas le droit d’avoir une relation intime avec elle.

    Ce sont des principes d’un autre âge, estima Derek.

    Que du contraire ! s’exclama Finn avec morgue. De par votre fonction, vous aviez un ascendant sur elle. Vous le savez bien, il existe toujours une dépendance et une vulnérabilité particulière de la part de l’élève vis-à-vis de son professeur. C’était facile pour vous d’exercer une influence émotionnelle sur Meredith.

    Vous parlez comme si nous étions au lycée, déclara Derek que les arguments de Finn semblaient beaucoup amuser. Meredith n’est plus une adolescente et je ne suis pas un enseignant pervers. Nous sommes deux adultes consentants. Vous vous trompez de combat, Dandridge.

    Est-ce que tu deviens fou, Finn ? intervint Meredith, incrédule devant tant de bêtise. Derek n’a jamais abusé de la situation.

    Finn simula l’étonnement. Es-tu si naïve ? Non seulement il était ton professeur mais, pire que cela, il était marié. Il toisa Derek. Vous aviez juré fidélité à une autre femme et vous avez bafoué votre serment.

    Ça, ça ne vous regarde pas, riposta Derek.

    Vous avez entraîné Meredith dans une sordide liaison extraconjugale, insista le vétérinaire, bien décidé à avoir le dernier mot.


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