• Mark se renfrogna un peu plus. Ouais… Jusqu’à présent, j’étais persuadé qu’il n’y avait que les midinettes pour penser comme ça.

    Sans doute jusqu’à présent, tu n’étais jamais vraiment tombé amoureux, présuma Derek. Qu’en penses-tu ?

    Ho ho ! On se calme, Sigmund Freud ! Je ne suis pas venu ici pour me faire analyser, mais pour boire un verre en compagnie d’un ami, avertit Mark.. Sers m’en un autre plutôt. Derek s’exécuta. Les deux hommes se turent un long moment, les yeux perdus sur la ligne d’horizon, jusqu’à ce que Mark se décide à reprendre le fil de la conversation. Dis-moi… quand Addison est arrivée à Seattle et que vous avez décidé d’essayer à nouveau, tu étais toujours amoureux de Meredith, n’est-ce pas ?

    Derek eut un sourire où la tendresse se mêla à l’extase. Sans l’ombre d’un doute. Je l’ai aimée dès notre rencontre et je n’ai jamais cessé depuis.

    Tu en étais déjà conscient à l’époque ? s’enquit Mark.

    Derek fit une grimace. Au début, non, pas vraiment mais quand je l’ai quittée… j’ai eu tellement mal que j’ai compris ce que j’éprouvais vraiment pour elle.

    Alors pourquoi être retourné avec Addison ? demanda Mark, un tantinet agressif.

    Parce que nous étions mariés. Parce que nous avions prononcé des vœux. Parce qu’Addison me l’avait demandé, énonça calmement Derek.

    Oui, mais elle t’avait trompé, lui rappela Mark. Elle avait rompu ces fameux vœux. Tu aurais pu choisir de rester avec Meredith.

    Et refuser une seconde chance à Addison ? J’y ai pensé bien entendu, admit Derek. A son arrivée, j’y étais même tout à fait décidé mais… elle était ma femme. Nous avions juré de nous aimer pour le meilleur et pour le pire. Il sourit tristement. J’avais connu le meilleur alors je devais affronter le pire.

    Hum ! Je te reconnais bien là. Et tu n’as jamais pensé à – Mark se gratta la tête - comment dire… rester avec Addison et garder tout de même Meredith dans ta vie ?

    Derek regarda son ami sans vraiment le comprendre. C’est ce que j’ai fait. Meredith n’est jamais sortie de ma vie.

    Dans ta tête et ton cœur, non. Mais pour le reste ? insista Mark.

    Derek fronça à nouveau les sourcils. En faire ma maîtresse ? Mark opina de la tête. Derek ne cacha pas son indignation. Non ! Bien sûr que non ! Jamais de la vie !

    Mark ne cacha pas qu’il était un peu dubitatif. Allez, mon vieux. On sait tous les deux comment ça fonctionne. On aime une femme, donc on a envie d’être avec elle, on la désire, et peu importe le reste.

    Toi peut-être, moi, je ne pourrais pas, assura Derek. A partir du moment où j’avais décidé de sauver mon mariage, je me devais de respecter les règles du jeu, sinon ça n’avait aucun sens. De plus, je n’aime pas vivre dans le mensonge. Je ne pouvais pas non plus demander à Meredith de rester en backstage. Il regarda son ami en face. Elle vaut mieux que ça. Elle a toujours été bien plus qu’une simple liaison pour moi. Et de toute façon, elle n’aurait jamais accepté de faire ce genre de compromis.

    Je t’admire et je t’envie aussi, avoua Mark. Mais refuser le plaisir au nom de grands principes… j’en serais incapable. Non, ce n’est pas pour moi.

    Et où ça t’a mené ? riposta Derek avec un brin d’acrimonie. Notre amitié a été gâchée, tu as perdu la femme que tu aimais et tu te retrouves dans une ville que tu détestes, obligé d’écumer les bars pour te sentir moins seul.

    Mark hocha lentement la tête avec un air circonspect. Ouais… Tu as raison, comme toujours, mais j’avoue que je ne réfléchis jamais aux conséquences de mes actes avant de les commettre.

    Tu devrais peut-être y penser à l’avenir, conseilla Derek sur un ton paternaliste.

    Mark le regarda, perplexe. Hum ! Peut-être. Il but une gorgée de son verre. A propos de notre amitié… elle est gâchée, gâchée, ou bien il y a encore de l’espoir ?

    S’il n’y en avait aucun, tu ne serais pas ici à vider ma bouteille de whisky, bougonna Derek. Mais il est clair qu’il va me falloir du temps avant que je te demande de tenir compagnie à Meredith quand je suis absent. Il fit la moue. Je ne suis pas certain d’y arriver un jour, d’ailleurs.

    Tu pourrais pourtant… J’ai retenu la leçon… Et puis, elle ne voudrait pas de moi… Mark remplit son verre qui n’était pourtant pas vide et but l’alcool en une gorgée, comme pour se donner du courage. Je le sais, j’ai déjà essayé.


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  • Derek tint parole. Deux heures plus tard, il faisait irruption dans la chambre de Meredith et trouvait celle-ci qui l’attendait, assise sur le lit, les deux mains sagement posées sur les genoux. Elle sursauta quand elle vit qu’il poussait un fauteuil roulant. Ah non ! protesta-t-elle vivement. Pas encore ce truc !

    Inutile de ronchonner, tu connais la règle. Derek lui adressa un sourire à faire fondre tous les icebergs de la planète. Allez, en voiture, Mademoiselle.

    Quinze minutes plus tard, sa Porsche sortait du parking de la clinique et prenait la direction de Nob Hill. Comme à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, Meredith regarda Derek à la dérobée. Il était tellement beau, et tellement… tellement tout. Cet homme était vraiment tout ce qu’elle avait toujours rêvé, sans jamais croire qu’elle aurait la possibilité de vivre ce rêve et maintenant qu’elle avait cette possibilité, il était hors de question qu’elle la laisse échapper.

    Cela faisait un moment que l’homme en question sentait qu’il était l’objet de l’attention de la jeune fille. Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?

    Meredith tourna vivement la tête de l’autre côté. Rien du tout. Au fait, New York, tu ne m’as pas dit comment ça s’était passé.

    Derek fit une petite moue. Oh tu sais, un congrès de médecine, c’est toujours un peu la même chose. On écoute des conférences, on rencontre des confrères, on échange des points de vue.

    La déception se lut sur le visage de Meredith. Et c’est tout ? Tu n’as même pas visité la ville ?

    Ce n’est pas la première fois que j’y vais, tu sais, répondit Derek avec un petit sourire narquois.

    Evidemment, qu’est-ce que je suis bête ! pensa Meredith. Et alors, qu’est-ce que tu as fait après les conférences ? demanda-t-elle. Tu n’es pas allé diner avec des confrères ? Tu n’es pas sorti ?

    Oh non, je suis resté à l’hôtel, prétendit Derek. Ils n’étaient pas ensemble et il n’avait donc aucune raison de lui mentir mais il ne voyait pas comment justifier le fait qu’il se permettait de coucher avec d’autres femmes, alors qu’il lui refusait le droit de diner avec Mark. Lui avouer la vérité provoquerait certainement une dispute et il ne voulait plus se disputer avec elle. Il n’avait pas envie non plus qu’elle l’interroge sur les raisons de la possessivité qu’il manifestait envers elle, tout simplement parce qu’il n’avait pas la réponse et qu’il ne voulait pas y réfléchir. Tu sais, je t’ai appelée quand j’étais là-bas, lui apprit-il pour lui faire plaisir mais aussi parce qu’il se sentait coupable.

    Meredith le regarda avec un air étonné. Ah bon ? Mais quand ?

    Quand tu étais au restaurant avec Mark, indiqua Derek. C’est lui qui a décroché. Il m’a dit que tu étais aux toilettes. Mais quand j’ai demandé à te parler, il m’a raccroché au nez. Il ne te l’a pas dit ?

    Meredith hocha la tête. Non, il ne m’a rien dit. Elle essaya de ne pas montrer à quel point elle était heureuse de savoir qu’il avait pensé à elle quand il était à l’autre bout du pays, et qu’il avait ressenti le besoin de l’appeler. Cela prouvait qu’utiliser Mark pour le rendre jaloux était un bon moyen, à défaut d’être correct. Je me demande pourquoi Mark m’a caché que tu avais appelé, dit-elle.

    Derek ricana. Oh moi, je sais. Je t’ai prévenue, il est prêt à tout pour coucher avec toi. Meredith resta silencieuse. C’était tellement bizarre. Quelques mois plus tôt, elle était une jeune fille insignifiante que personne ne remarquait et maintenant, deux hommes – pas des garçons, des hommes, des vrais – se disputaient ses faveurs. Qui aurait cru qu’un jour, quelqu’un serait prêt à tout pour coucher avec elle ? Oui, c’était trop bizarre mais assez plaisant aussi.

    Derek gara sa voiture devant la maison de la jeune fille. Il s’empressa de sortir pour lui ouvrir la portière et l’aider à marcher jusqu’à sa porte. Meredith fouilla son sac pour trouver ses clefs et ouvrit la porte. Derek la suivit à l’intérieur et sentit l’irritation le gagner en voyant les camarades de la jeune fille affalés dans les fauteuils, en train de regarder la télévision en s’empiffrant de chips.

    Izzie se leva d’un bond pour serrer son amie dans ses bras. Oh Mer, j’suis trop contente que tu sois rentrée. Tu as l’air d’aller bien.

    Mais oui, qu’elle va bien ! s’exclama Cristina. Elle a même l’air en pleine forme. C’était juste un petit malaise, affirma-t-elle en ignorant le regard à la fois méprisant et furieux que lui lançait Derek.

    Ce dernier se tourna vers Meredith. Toi, au lit, directement, lui ordonna-t-il. Il faut que tu te reposes, ajouta-il sur un ton plus doux en voyant qu’elle était un peu choquée par la façon dont il lui avait parlé. Allez, allez, on ne rouspète pas. Il la poussa délicatement vers le hall d’entrée. Je viendrai te voir avant de partir.

    Je n’ai pas besoin qu’on vienne me border, ronchonna Meredith en commençant à grimper l’escalier. Je suis une grande fille.

    Derek la suivit des yeux en souriant jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Il revint ensuite dans le salon. Il faut qu’on parle, annonça-t-il aux trois jeunes.


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  • Derek ouvrit de grands yeux abasourdis autant qu’indignés. Hein ! Qu’est-ce que tu dis ? Tu as essayé de coucher avec ma petite amie ?

    Mark leva sa main ouverte. Du calme ! C’était il y a longtemps, précisa-t-il pour apaiser son camarade. Vous n’étiez plus ensemble, enfin, plus vraiment. Vous étiez dans votre période besoin d’espace.

    Derek ne décoléra pas pour autant. Je ne vois pas ce que ça change. Tu savais que je l’aimais malgré tout.

    Et comment l’aurais-je su ? protesta Mark. Tu refusais de m’adresser la parole. Tu me traitais comme un pestiféré.

    Tu ne manques pas de culot, toi, répliqua Derek à l’énormité qui venait d’être dite.

    Tu avais tes raisons, c’est vrai, concéda Mark. Mais moi aussi, j’avais des circonstances atténuantes.

    Derek ricana. J’aimerais bien savoir lesquelles.

    Mark se versa à nouveau une rasade de scotch. Ben justement, tu m’ignorais, malgré toutes mes tentatives de conciliation. Puis, tu m’avais repris Addison. Je t’en voulais, c’est vrai, j’ai voulu me venger.

    Derek s’énerva un tant soit peu. C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Je n’avais fait que récupérer ma femme.

    Alors que tu en aimais une autre, conclut rageusement Mark.

    C’est dingue, ça ! Tu es en train de me reprocher d’avoir essayé – Mark voulut l’interrompre mais Derek poursuivit sa tirade -  de réparer le mariage que tu avais foutu en l’air alors que le véritable problème vient du fait que tu t’intéresses toujours aux femmes qui me plaisent. Je me demande bien pourquoi d’ailleurs.

    Je ne te reproche rien du tout, répliqua énergiquement Mark. Et ce n’est pas tout de même pas ma faute si nous avons les mêmes goûts en matière de femmes…

    Ce n’est pas une raison, estima Derek. Quand est-ce que tu vas intégrer le concept "la femme d’un autre est intouchable" ?

    Mark sourit légèrement. Tu connais l’expression, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Il redevint sérieux et planta son regard dans celui de son ami. En tout cas, je ne toucherai plus à la tienne… ta femme, je veux dire… la nouvelle… sois-en sûr.

    J’aurais mis mes mains à couper que tu ne toucherais jamais à Addison, asséna Derek. Pourtant, tu l’as fait.

    Oui mais… Addison, c’était autre chose… J’étais vraiment mordu, murmura Mark, en se perdant dans la contemplation de son verre. Je ressentais quelque chose de fort pour elle et elle ressentait la même chose pour moi, quoiqu’elle ait pu te dire. Il leva un regard penaud vers son meilleur ami. Je suis désolé, Derek, tellement désolé, mais c’est la vérité.

    Et malgré cela, il a fallu que tu la trompes, lui fit remarquer Derek, sur un ton plus doux.

    Mark se renversa en arrière sur sa chaise. Que veux-tu ? Je n’ai jamais su résister à une paire de fesses… mais je le paie cher aujourd’hui. Il leva son verre, comme s’il voulait trinquer avec une personne invisible, avant de le porter à ses lèvres.

    Derek le regarda avec sévérité. Ça valait bien la peine de briser mon mariage pour en arriver là.

    Mark soupira. Derek, ne prends pas mal ce que je vais te dire mais je n’ai pas brisé votre mariage. C’est toi et Addison qui avez tout raté. Il feignit de ne pas remarquer l’expression scandalisée de son ami. J’ai profité de la situation, c’est vrai, mais votre mariage était déjà foutu. Si tu es honnête avec toi-même, tu reconnaîtras que j’ai raison.

    Et par la même occasion, je t’absoudrai de toutes tes fautes ? ricana Derek.

    Allez mec, admets-le. Mark fixa à nouveau son ami Si ton mariage avait eu encore vraiment un sens pour toi, si tu avais encore aimé – il insista sur ce dernier mot – Addison, ce soir-là, quand tu m’as trouvé dans ton lit en train de lui faire l’amour, tu ne te serais pas contenté de tourner les talons, tu m’aurais massacré… Tu ne l’as pas fait, Derek, rappela-t-il. Tu as refermé la porte et tu es parti sans un mot, c’est tout.

    Mets-toi à ma place. J’étais choqué… déçu… terriblement déçu. Derek qui, jusque là, avait à peine touché à son verre, fit cul sec. 

    Je sais. Mais la vraie question est, étais-tu déçu de découvrir que ta femme te trompait ou qu’elle te trompait avec ton meilleur ami ? s’acharna Mark, bien décidé à connaitre la vérité.


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  • Derek haussa légèrement les épaules. Les deux, voyons.

    J’entends bien mais…

    Derek secoua la tête. Ne me demande pas de hiérarchiser mes sentiments, Mark.

    Pourtant, je pense que ça t’ouvrirait les yeux. Qu’est-ce qui t’a fait le plus de mal ? insista Mark. Voir ta femme dans les bras d’un autre homme ou réaliser que j’avais abusé de ta confiance ? Derek ferma les yeux. Il revit la scène, lui rentrant dans sa maison de Central Park, plongée dans l’obscurité et le silence, ce qui était inhabituel à cette heure… Dès les premières secondes, cette sensation qui lui fait comprendre qu’il se passe quelque chose de particulier. L’angoisse qui monte. Découvrir, là, dans les escaliers, cette veste qu’il connaît si bien. La gorge qui se noue et le cœur qui se serre. Le pas qu’il ralentit parce qu’il sait déjà ce qu’il va trouver là-haut. La main sur la poignée de la porte qu’il tourne lentement, comme s’il voulait retarder le moment fatidique. Dans la pénombre, deviner deux corps qui se frottent l’un contre l’autre. Entendre les gémissements et les soupirs. Voir le visage d’Addison se tourner vers la lumière dans laquelle il reste figé de stupeur. L’entendre crier son prénom. Constater que c’est bien son meilleur ami, son frère, qui s’affale dans les bras de sa femme. Oui, c’était effectivement cela qui avait été le plus douloureux, Derek l’avait toujours su. Il rouvrit les yeux et constata que Mark le regardait avec un brin d’ironie. Je le savais, déclara ce dernier triomphant.

    Je n’ai rien dit, répliqua Derek.

    Mark le toisa avec un air un peu supérieur. Mon vieux, tu oublies que nous avons grandi ensemble. Tu n’as pas besoin de parler pour que je sache ce que tu penses.

    Eh bien, qu’est-ce que je pense alors ?

    Que c’est ma trahison, plus que celle de ta femme, qui t’a blessé, affirma Mark. Derek ne répondit pas. Je l’ai toujours su. C’est ce qui a rendu les choses si compliquées. Parce que Derek ne semblait pas convaincu, Mark décida de développer sa théorie. Quand tu nous as découverts, tu n’aimais déjà plus Addison, pas comme avant en tout cas. Par contre, moi, j’étais toujours ton meilleur ami.

    Qu’est-ce qui te fait croire que je n’aimais plus Addison ? demanda Derek, l’air intrigué.

    Mark sourit. Pour que tu aies une relation avec Meredith, quinze jours seulement après avoir quitté New-York, il fallait que tu ne sois plus amoureux de ta femme depuis un certain temps.

    En son for intérieur, Derek savait que son ami avait raison mais il ne voulait pas le reconnaitre à voix haute. Tu ne t’es jamais dit que mon amour pour elle s’était évanoui à la seconde même où j’ai reconnu ta veste dans mon escalier ?

    Ton amour avait disparu bien avant ça, ironisa Mark. Sinon, tu n’aurais pas évité ton épouse en passant le plus clair de ton temps à l’hôpital.

    Je ne l’évitais pas, voyons, protesta Derek. Mais mon métier me passionnait. Je voulais faire mes preuves, montrer de quoi j’étais capable. Je voulais faire ma place au soleil. J’étais ambitieux.

    Pourquoi ? Tu ne l’es plus ? railla Mark. Première nouvelle ! Derek haussa les épaules. Mark sourit. Tes arguments sont toujours d’actualité. Mais cette fois, tu t’arranges pour consacrer du temps à Meredith et tu n’envisages pas de demander à un ami de la distraire en ton absence. Or, c’est ce que tu as fait pour Addison, rappelle-toi.

    C’est vrai. Mais j’avais tellement confiance en toi ! Et vous vous ressemblez tellement pour certaines choses. Derek exprima son dédain par une grimace. Vous aimez la danse, le théâtre, le tennis, le golf et tout ce bazar mondain que je déteste tant. Ça m’arrangerait que tu me débarrasses de toutes ces corvées. Je n’ai jamais imaginé que j’introduisais le loup dans la bergerie.

    Je sais… Au début, je n’étais pas un loup, je le suis devenu sans m’en rendre compte, allégua Mark. La proximité a créé l’occasion et comme tu le sais, l’occasion fait le larron.

    Derek posa par terre la première bouteille de whisky qui était vide et ouvrit la deuxième, pour se servir. Je reconnais que j’ai ma part de responsabilité dans l’échec de mon mariage. J’ai négligé Addison. Elle s’est tournée vers quelqu’un d’autre, soit. Mais ça n’aurait pas dû être toi, conclut-il avec une certaine tristesse.

    Non, ça n’aurait pas dû. Mark se tourna vers son ami avec un sourire presque timide. Je suis content que nous ayons pu parler de tout ça. Il fallait éclaircir certains points si on voulait repartir d’un bon pied.

    Nous aurions déjà dû le faire à New-York, admit Derek.

    Mark secoua la tête. Tu n’étais pas prêt à m’entendre. Tu étais trop en colère. Il fallait te laisser le temps de prendre du recul.


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  • Tu aurais pu au moins me faire savoir que tu regrettais, dit Derek, un peu acerbe.

    C’est pas mon fort de faire des excuses, bougonna Mark.

    Ça n’a pourtant jamais tué personne, rétorqua son camarade.

    Ecoute, Derek… Légèrement embarrassé, Mark pinça les lèvres avant de prendre une grande inspiration. Je peux m’excuser d’avoir abusé de ton hospitalité, d’avoir trahi ta confiance, d’avoir bafoué notre amitié, mais jamais je ne m’excuserai pour Addison. Je ne peux pas, murmura—t-il, la gorge nouée par l’émotion. Il se reprit aussitôt. Je regrette ce que je t’ai fait, mais je ne regrette pas de l’avoir aimée. C’est la seule période de ma vie où je me suis senti heureux de vivre. Je ne peux pas m’excuser pour ça, désolé.

    Je n’ai plus besoin de tes excuses, répondit Derek. Plus maintenant. Tout ce qui s’est passé à New-York est derrière moi. Addison n’est plus un problème. Aimez-vous, détestez-vous, couchez ensemble ou pas, ça m’est égal désormais. Mais par contre, ne touche pas à Meredith, ordonna-t-il d’un ton péremptoire.

    T’inquiète pas pour ça, grogna Mark. Je te l’ai dit, je ne l’intéresse pas.

    Derek secoua vigoureusement la tête de droite à gauche. Non, non, Mark. Là, je ne te parle pas de ce que Meredith ressent, de ce qu’elle pourrait faire. Je te parle de toi ! Je veux que tu me promettes que jamais tu ne chercheras à la séduire comme tu l’as fait avec Addison.

    Mark haussa vaguement les épaules. Je te le promets d’autant plus volontiers que je n’ai jamais rien fait pour séduire Addison, assura-t-il. Ça s’est fait comme ça, je te le jure, nous n’avions rien prémédité, ni elle ni moi. Ce n’est qu’après que nous avons réalisé que nous éprouvions des sentiments depuis un certain temps, sans vouloir nous les avouer.

    Imperméable aux arguments de son ami, Derek réitéra ses exigences. Je te le répète, Mark. Ne tente rien avec Meredith. Je t’ai pardonné pour Addison, je ne serai plus aussi compréhensif à l’avenir. Et peu importe que tu me parles de sentiments ou de je ne sais quoi, prévint-il d’un ton menaçant. J’aime Meredith, je l’aime vraiment. Pour toi, ça veut dire qu’elle est intouchable. Et si jamais par hasard tu devais tomber amoureux d’elle, eh bien alors, va-t-en. Casse-toi en Afrique ou ailleurs, je m’en fous. Mais…

    Passablement énervé, Mark lui coupa vivement la parole. Derek, je ne sais pas en quelle langue je dois te le dire mais tu peux dormir sur tes deux oreilles. Je ne suis pas du tout intéressé par ta petite amie et réciproquement. Quant à en tomber amoureux… putain, j’espère bien que ça va s’arrêter, ces conneries, s’écria-t-il. Une fois, ça me suffit. Je ne veux plus tomber amoureux de qui que ce soit, jamais ! En voyant la mine catastrophée de Mark, Derek ne put s’empêcher d’éclater de rire. La tension disparut aussitôt. Soulagé, Mark imita son ami. Lorsque leur hilarité fut calmée, ils échangèrent un regard complice. Voilà qui nous éloigne singulièrement de Lexie, fit remarquer Mark. A ton avis, qu’est-ce que je dois faire avec elle ? 

    Derek eut une moue dubitative. Je n’en sais fichtre rien… Sans doute avoir une explication avec elle, lui dire en termes choisis que la nuit dernière était une erreur. L’éviter comme la peste ensuite.

    Tu as sûrement raison. Mark soupira profondément. Ah ! C’est triste que cette gamine n’ait pas plus de maturité pour se contenter de ce que je suis prêt à lui donne. Parce que, mon pote, dans un lit, c’est une tornade.

    Ça doit être la norme chez les filles Grey. Les deux hommes s’esclaffèrent bruyamment. Derek versa à nouveau deux verres de whisky. Trêve de plaisanteries, tu ferais bien de t’intéresser à une autre fille.

    Tu as un nom à me suggérer ? demanda Mark, goguenard.

    Je ne sais pas, moi. Un large sourire fendit le visage de Derek. Sidney Heron, par exemple.

    C’est ça. Fous-toi de moi, ronchonna le plasticien.

    Quoi ? fit Derek, en réprimant une envie de rire. C’est une gentille fille, elle est marrante, elle est optimiste, elle est sûrement très intéressante.

    Ouais… après une douzaine de verres, certainement. Soudain, les deux hommes entendirent un bruit venant de la caravane. Ils se retournèrent dans un même mouvement et virent apparaître Meredith, qui venait de se lever. Derek l’accueillit avec un grand sourire tandis que Mark la saluait d’un petit signe de la main. Elle lui sourit et vint ensuite se mettre derrière son amant. Elle se pencha vers lui et ceignit ses épaules avec ses bras. Il tourna sa tête légèrement vers elle et elle déposa un baiser sur ses lèvres. Ils se regardèrent en souriant, sans un mot, tout leur amour se communiquant par l’intermédiaire de leurs yeux. A les voir si amoureux, si heureux, Mark eut un petit pincement au cœur. Les voir ensemble le renvoyait à chaque fois au néant de sa vie amoureuse.


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