• Bouleversé par cet aveu, Derek enlaça Meredith et l’embrassa amoureusement, tout en l’entraînant avec lui sur le tapis de la tente. A tâtons, leurs mains se retrouvèrent et se serrèrent un instant, avant d’entamer leur exploration, celles de Meredith sur le torse et le dos de son amant, tandis que celles de Derek caressaient ses épaules, son dos, ses hanches et remontaient son tee-shirt pour le lui enlever. Grelottante, elle se serra contre lui, ses seins nus contre sa peau, son ventre contre le sien. Elle se hissa vers son visage qu’elle redécouvrit de ses lèvres, frôlant son front et l’arête de son nez, survolant sa joue, mordillant gentiment son oreille, suçotant son cou, avant de repartir lentement vers sa bouche, déposant de petits baisers sur son chemin.

    Derek se laissa faire, puis l’attira à lui et l’embrassa avec ardeur. Ses mains emprisonnèrent le cou de la jeune femme tandis que ses pouces cajolaient ses joues et que sa bouche savourait ses lèvres. Meredith ferma les yeux et lui rendit son baiser, laissant ses mains se perdre sur sa peau. L’une d’elles trouva sur son chemin le sexe en érection et décida, puisque de toute façon elle était perdue, de rester là pour le câliner. De son côté, Derek dirigea ses mains vers les hanches de sa partenaire. Il rencontra un obstacle, son pantalon, qu’il eut vite fait d’enlever. Il l'embrassa avec plus de fougue, mêlant sa langue à la sienne, puis descendit le long de son corps, lui écarta les cuisses et dévora de sa bouche avide la vulve déjà légèrement humide. Il aspira le clitoris de Meredith, lécha ses lèvres, pointa la langue à l'entrée de son vagin, avant de revenir sur son point sensible. Elle gémit et, agrippant ses cheveux, se laissa totalement aller pour jouir dans un cri de plaisir. Il remonta vers elle et saisit ses mains qu'il plaqua au-dessus de sa tête. Je t'aime… toi et uniquement toi ! grogna-t-il, avant d’écraser ses lèvres sur les siennes.

    Il voulut la pénétrer mais elle le repoussa. Lentement, elle saisit son phallus dressé, le caressa et avança la tête pour le prendre dans sa bouche. Une décharge électrique traversa Derek. Meredith remonta assez rapidement pour mieux plonger sur le torse de son amant. Ses doigts le frôlèrent, le palpèrent, le massèrent ; sa langue le goûta tandis que ses cheveux semblaient balayer les muscles superbement dessinés. Deux mains viriles se répandirent en caresses dans ses cheveux, avant de descendre le long de sa chute de reins pour trouver refuge sur les globes charnus de ses fesses. Derek passa ses mains pour être au contact de cette peau soyeuse qu'il ne se lassait pas de mignoter. Meredith empoigna son membre dressé et, tandis qu'elle le masturbait d'une main énergique, il glissa deux doigts en elle et commença un va-et-vient qui s'intensifia au fur et à mesure du contact. Elle n'eut plus froid du tout, elle était bien, elle se laissait envahir tout doucement par le désir que son amant faisait naître en elle. Tandis que ses doigts se mouvaient au plus profond d'elle, il posa son pouce sur son clitoris et se mit à le malmener amoureusement. Gémissements et torsions… le corps de Meredith ne fut plus qu’une ode au plaisir, une onde de volupté qui se déchaînait sans retenue pour le plus grand bonheur de son homme. Elle referma les jambes sur la main de ce dernier au moment où la fulgurance de la jouissance fit vibrer son corps. Derek passa une main dans la soie de ses cheveux blonds. S’abandonnant à ce câlin, elle s'apaisa et ses joues rougies de plaisir reprirent peu à peu leur carnation naturelle.

    Sa poitrine aux tétons durcis apparut à Derek dans toute sa splendeur. Il en fut ému, comme à chaque fois. Nul besoin de parler. Meredith sentit contre son bas-ventre la bosse qui semblait prendre encore plus d’ampleur. Elle désira ardemment prendre possession de ce membre qui palpitait pour elle. Sa main droite glissa sur cette verge bandée comme un arc. Très vite, sa langue vint s’y poser et remonta délicatement jusqu'aux bourses qu'elle caressa d'une main. Elle suça ensuite le gland avant que sa tête ne fasse des va-et-vient sur le phallus qui ne cessait de durcir et de grossir. Sa langue se fit inquisitrice. Aucune parcelle de chair ne fut négligée. Quand elle sentit que Derek n’allait plus résister à la douceur de ses lèvres, elle s’écarta et déposa un baiser sur sa bouche. Ensuite, elle se renversa et lui tendit les bras, l’attirant à elle tout en écartant ses cuisses. Il se plaça entre elles, se contentant dans un premier temps d’enserrer dans ses paumes les seins auxquels il prodigua mille caresses. Il passa le plat de la main sur le ventre de la jeune femme pour rejoindre le clitoris qu’il titilla avec douceur. Enfin, il la pénétra et ils ne firent plus qu'un. Derek commença à onduler très lentement. Jamais il n'avait été aussi tendre, se préoccupant du moindre désir de son amour, faisant monter la pression doucement. Leurs corps se lustraient, leurs langues tournoyaient ensemble, leurs chairs se frottaient l'une contre l'autre, les gémissements se faisaient écho. La fête des sens les happait, telle une spirale. Seule la nature était témoin et recueillait leurs soupirs.

    Meredith entoura la taille de Derek de ses jambes. Mon amour… j’aime te sentir en moi… si dur… Prends-moi à fond… Défonce-moi, le supplia-t-elle dans un murmure.

    Ses paroles plus lestes qu’à l’habitude firent perdre la tête à Derek. Sa respiration devint plus ample. Il ressortit totalement d’elle pour mieux plonger à nouveau. Une fois tout au fond d'elle, il étouffa un cri. Elle l’encouragea à recommencer et il ne résista pas à son appel. Prenant appui sur ses bras, il s’arc-bouta et s’enfonça en elle pour l’emplir totalement. Il fit comme elle le lui avait demandé. Il prit possession d’elle comme s’il avait voulu la transpercer. Et il le fit encore et encore, reculant à chaque fois ses propres limites, jusqu’à ce qu’il la sente se contracter autour de lui. Instant fragile qui prélude à l'extase finale… La semence de Derek se répandit dans l'antre chaud et humide de sa belle. Le plaisir les surprit en même temps, leur arrachant des cris à la fois de plaisir et de douleur. En se retirant d’elle, il frotta une dernière fois son sexe sur son clitoris. Elle tressaillit. Épuisé, il s'affala sur la poitrine de son amie qui l’enveloppa dans l'étau de ses bras. Derniers frémissements des corps… Un langoureux baiser vint sceller sur la bouche des amants de tendres promesses…

    Dans cette forêt, tout n'était toujours que douceur, calme et volupté. Mais, cet après-midi-là, la terre y avait tremblé.


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  • Derek regarda Meredith avec un air désapprobateur. Tu ne crois pas que tu aurais pu te dispenser de dire ça devant lui ? lui reprocha-t-il, dès que son ami eut franchi la porte. Ce qui se passe entre nous ne regarde personne, et certainement pas Mark !

    Ça, c’est l’hôpital qui se moque de la charité ! s’exclama Meredith. Qui est-ce qui lui a dit que j’étais vierge ?

    Derek parut subitement embêté. C’est moi, avoua-t-il. Il ne comprenait pas pourquoi je n’avais pas couché avec toi, alors… Mais je ne lui aurais rien dit si j’avais su que c’était un secret, avança-t-il pour sa défense.

    Ça n’en est pas un, rétorqua Meredith. Mais ça ne veut pas dire que j’ai envie que tout le monde soit au courant. C’est à moi de décider à qui le dire.

    Tu as raison, j’ai été indélicat, reconnut Derek. Mais pas plus que toi quand tu as raconté à tes copines que si je n’avais pas couché avec toi, c’était parce que j’étais impuissant !

    Mais je n’ai jamais dit ça ! protesta Meredith. Je leur ai juste dit que tu m’avais plantée en plein… enfin bref. Et Cristina en a déduit que tu avais eu une panne.

    Derek vint s’asseoir sur le lit, à la place que Mark avait libérée quelques minutes plus tôt. Je crois qu’on devrait arrêter de parler de ce qui se passe entre nous à notre entourage.

    Ça ne va pas être difficile, puisqu’il ne va plus rien se passer, lui fit remarquer Meredith avec un petit air pincé.

    Meredith, soupira Derek.

    Elle feignit d’être surprise par sa réaction. Quoi ? C’est bien ce que tu veux, non ? Il ne lui réagit pas, ce qui l’agaça prodigieusement. Mais ça m’arrange finalement, prétendit-elle. Diner avec Mark m’a permis de mieux le connaitre et finalement, je le trouve très, très sympathique. Et il est plutôt bel homme, ce qui ne gâche rien.

    Les intentions de Meredith étaient cousues de fil blanc et pourtant, Derek tomba directement dans le panneau. Si tu le trouves sympathique, c’est que tu ne le connais pas, crois-moi ! assura-t-il en se relevant d’un bond.

    Je le connais assez pour savoir qu’il me plait, soutint Meredith. En plus, on s’est découvert une passion commune.

    Exaspéré, Derek tordit sa bouche en un rictus rageur. Une passion commune ? Toi et Mark ? Il ricana. Tu aimes les femmes aussi ?

    Meredith souffla. Pfft ! C’est nul, ça. Tu sais, il ne pense pas qu’à ça, dit-elle, bien décidée à profiter de la moindre occasion pour chanter les louanges de Mark. Le rire forcé de Derek lui indiqua qu’elle avait fait mouche. Hier, on a surtout parlé de chevaux. On adore tous les deux monter et il m’a promis de me conduire un jour au haras de sa grand-mère, poursuivit-elle.

    Derek fut un peu rassuré d’apprendre que le principal sujet de conversation du diner avait été relativement anodin mais il fut très contrarié de réaliser que Meredith et Mark avaient de réelles affinités et qu’ils en étaient déjà à faire des projets ensemble. Cela lui déplut d’autant plus qu’il savait qu’il en serait exclu, pour la simple et bonne raison qu’il ne montait pas à cheval, parce qu’il détestait ces animaux. Avant de penser à monter sur un canasson, il va falloir te soigner, tempêta-t-il. J’ai fait le bilan de tes examens et de tes analyses et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas brillant.

    L’inquiétude gagna immédiatement Meredith. Qu’est-ce que j’ai ?

    Derek revint s’asseoir près d’elle. La bonne nouvelle, c’est que le scanner montre clairement que tu n’as aucune lésion cérébrale.

    Ça, Mark me l’avait déjà dit, clama Meredith. Il n’y a pas que toi qui es un bon médecin, tu sais. Elle eut du mal de cacher qu’elle exultait de voir le regard de Derek s’assombrir, preuve qu’il n’appréciait pas du tout l’entendre vanter les mérites de Mark.

    S’il était si bon que ça, il t’aurait fait une prise de sang, ce qui lui aurait permis de voir que tous tes paramètres sont au plus bas, riposta Derek. Et il aurait vu que tu souffres d’asthénie fonctionnelle passagère. Il vit au regard de la jeune fille qu’elle ne savait pas ce que c’était. Ça signifie que ton organisme est fortement affaibli, qu’il est dans un état de fatigue physique important.

    Tu ne peux pas parler comme tout le monde et dire que je suis fatiguée, tout simplement ? ronchonna Meredith.  

    Derek haussa légèrement le ton. Non, tu n’es pas fatiguée tout simplement. Tu es épuisée. Et ça fait de toi une candidate idéale pour la dépression !

    Meredith eut envie de lui crier que si elle devait avoir une dépression, ce ne serait pas à cause de sa fatigue, du travail ou de sa mauvaise alimentation, mais à cause de lui qui s’obstinait à nier l’évidence en vertu de pseudos grands principes moraux. Pourtant, elle s’en abstint parce qu’elle ne voulait pas donner l’impression de quémander son amour.


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  • Après cet agréable intermède, ils durent se résoudre à plier bagage. Meredith ne se montra guère plus adroite pour démonter la tente que pour la monter. Son air dépité fit rire Derek. Quand ils rassemblèrent le matériel de pêche, l’idée qu’il n’avait presque pas servi déclencha chez eux un fou rire.

    Quand ils eurent fini de charger la voiture, Derek ouvrit la portière à son amie. Avant d’entrer dans le 4x4, elle se retourna pour jeter un dernier coup d’œil à la forêt. Elle posa ensuite un regard embué de larmes sur son compagnon. Je n’oublierai jamais cet endroit. J’y ai passé les plus belles heures de ma vie.

    Il fut ému de la voir à nouveau si vulnérable. Meredith ! Tu parles comme si nous ne devions plus jamais y revenir. Personnellement, je suis tout à fait prêt à rééditer ce genre de week-end… de pêche, précisa-t-il avec un air moqueur.

    Meredith sourit aussi. Tu ne crois pas qu’on devrait acheter du poisson pour qu’Izzie ne se moque pas de nous ?

    Derek eut une moue dubitative. Un dimanche soir ? Peu d’espoir de trouver une poissonnerie ouverte… Et puis, je ne vais pas tricher juste pour faire bonne figure. Je n’ai pas à me justifier envers Izzie ni qui que ce soit d’autre. Et toi non plus, tu n’as pas à le faire, ajouta-t-il en fronçant les sourcils.

    Je sais. Meredith jeta encore un regard à la nature qu’ils s’apprêtaient à quitter. Tu me promets ? Nous reviendrons ici un jour ?

    Mais bien entendu, chaque week-end que nous aurons de libre, si tu le veux. Derek la dévisagea avec un peu d’inquiétude. Meredith, qu’est-ce que tu as ? J’ai l’impression que tu redoutes notre retour en ville.

    Oui, un peu, admit-elle. J’ai un peu peur de rentrer à Seattle, d’y retrouver mes fantômes.

    Il la prit dans ses bras et lui fit lever légèrement le menton pour l’obliger à le regarder. Meredith… chérie… tes fantômes ne sont pas liés à Seattle. Ils sont en toi. Ils te suivent où que tu ailles. Il caressa délicatement la joue de la jeune femme. Ils ont fait de toi la personne que tu es aujourd’hui et que j’aime plus que tout. Mais dis-toi que ces fantômes ne sont que des idées. Ils n’ont d’autre pouvoir que celui que tu veux leur donner. Tu peux les chasser quand tu veux. Il suffit que tu le décides.

    Tu crois ?

    Derek opina de la tête. J’en suis certain. Regarde ce que tu as fait ce week-end. Tu t’es rappelé tes moments les plus noirs. Tu m’as révélé tes pensées les plus intimes. Tes fantômes… Il lui sourit tendrement. Ils nous entourent depuis deux jours. Ça ne t’a pas empêché de profiter de notre séjour, de manger, de boire, de rire… de faire l’amour, dit-il avec un regard un peu coquin. Si tu l’as fait ici, tu peux le refaire n’importe où.

    C’est vrai. Meredith posa sa tête contre le torse de son amant. Ça m’a fait du bien de parler de ce que j’avais vécu, même si ce n’était pas évident. J’ai l’impression de m’être libérée, d’une certaine façon. Elle releva vers lui des yeux un rien craintifs. Mais j’ai peur que cette sensation s’arrête aussi brusquement qu’elle n’est venue.

    Non. Elle ne repartira pas, lui promit Derek avec conviction. Tu as entamé un voyage, un travail sur toi que plus rien n’interrompra. Évidemment, tu auras encore des moments de doute et de peur, mais ils te feront avancer, eux aussi… Et je suis là, moi. Je t’aiderai. Elle lui sourit. Il l’embrassa avant qu’elle ne monte en voiture. Quand il fut installé au volant, il se pencha vers elle pour échanger un nouveau baiser.

    Ils avaient à peine roulé quelques kilomètres que Meredith s’endormait. Derek la regarda, attendri. Dieu, qu’il aimait cette femme ! Elle avait mis le feu à son corps et à son âme. Il se sentait prêt à abattre des montagnes pour elle. Il se demanda comment il en était arrivé là, lui d’habitude si raisonnable. Bien sûr, il y avait leur entente sexuelle. Meredith était vraiment une experte, elle le rendait fou. Ils parvenaient à être en osmose l'un avec l'autre et leurs jeux amoureux s’amélioraient au fil du temps. Où qu’il aille, Derek avait toujours en mémoire l'odeur de cette peau qu'il savourait avec une application qui n'avait d'égale que son désir. Il revit le visage de son amie quand la volupté fondait sur elle. Pensée fugace mais fatale. Il se trouva aussitôt à l’étroit dans son pantalon. Il sourit. Oui, décidément, cette fille avait beaucoup de pouvoir sur lui et il adorait ça, mais il aimait aussi l’idée de lui appartenir, d’être lié à elle à tout jamais, de n’avoir de salut qu’à travers elle. Ils étaient des âmes sœurs, il en était convaincu. Quelqu’un lui avait dit un jour que les âmes sœurs sont très rarement mises en présence sur le plan physique et que, lorsque cela arrivait, il fallait l'accepter comme un don du ciel. En voyant Meredith pour la première fois, il avait su. L’intuition avait été si forte que son univers avait basculé. Il l’avait reconnue et, sans mot, sans explication, il avait su presque immédiatement pourquoi il était là. Aujourd’hui encore, l’amour et la sensation de reconnaissance intuitive étaient toujours là, aussi profonds, résistant aux doutes et aux difficultés de la vie. Derek se dit qu’il avait eu de la chance de rencontrer cette femme, son âme sœur, son amour incommensurable. Elle avait donné un sens à sa vie.


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  • Et qu’est-ce je dois faire ? demanda Meredith. Je ne vais pas devoir prendre des médicaments, j’espère.

    Tu peux l’éviter, si tu acceptes de prendre soin de toi, répondit Derek. Pour commencer, il va falloir mieux te nourrir. Des repas équilibrés et surtout réguliers. Et tu devras te reposer. Vraiment te reposer ! Ne rien faire pendant quelques jours, pas seulement quelques heures.

    Ça, ça va pas être possible ! avertit Meredith sur un ton catégorique. Je ne peux pas laisser les autres s’occuper de la boutique pendant que je me tourne les pouces.

    Mais nom de Dieu ! jura Derek en se mettant debout. Si tu pensais un peu à toi pour changer ! Meredith leva les yeux au ciel. Il pointa sur elle un regard plus que déterminé. Très bien. Puisque tu ne veux pas être raisonnable je vais te garder ici, le temps que tu ailles mieux.

    Mais tu n’as pas le droit, s’écria Meredith. Tu ne peux pas me retenir contre ma volonté. De toute façon, si tu ne me laisses pas sortir, je demanderai à Mark.

    Le fait qu’elle s’obstine à lui tenir tête, en dépit du bon sens, et qu’elle se réfère à Mark une fois encore horripila Derek. Tu ne gagneras pas à ce petit jeu-là, répliqua-t-il avec froideur. Mark est ce qu’il est mais c’est un excellent médecin et quand je lui aurai montré le résultat de tes analyses, il sera du même avis que moi. Dans sa colère, il ne réalisa pas qu’il venait de contredire totalement ce qu’il avait déclaré quelques minutes plus tôt. Et puis, ne te fais pas trop d’illusions, poursuivit-il. Il est peut-être prêt à beaucoup de choses pour coucher avec toi mais ça m’étonnerait qu’il aille jusqu’à s’opposer à moi. Au rayon fille à sauter, tu n’es pas la seule. Par contre, au rayon ami… S’il doit faire un choix entre nous, ce sera vite fait. Il la regarda avec des yeux où ne brillait plus aucune douceur, aucune tendresse. Alors qu’est-ce que tu décides ? Repos chez toi ou ici ? A moins que tu ne veuilles signer une décharge, auquel cas tout ce qui pourrait t’arriver ne me concernera plus.

    C’était la première fois qu’il était aussi dur avec Meredith, presque méchant, et elle sentit les larmes envahir ses yeux. Sans un mot, elle prit un mouchoir en papier dans la boite qui se trouvait sur sa table de chevet. En la voyant essuyer ses yeux, Derek s’en voulut d’avoir été aussi blessant et il voulut aller vers elle pour la consoler. Il s’arrêta net quand une infirmière entra dans la chambre, un plateau à la main. Je suis là pour la perfusion, Docteur,

    Derek lui fit signe de déposer le plateau sur la table. C’est bon, je vais m’en occuper.

    L’infirmière ne put réfréner un mouvement de surprise. Vous êtes certain, Docteur ? Je peux très bien… Derek la congédia d’un geste de la main.

    L’arrivée de l’infirmière, ou plutôt la raison de sa venue, avait fait oublier instantanément à Meredith le comportement que Derek venait d’avoir avec elle. Elle le regarda avec un air désespéré ? Une perfusion ? geignit-elle. Pour quoi faire ?

    Le médecin prit le plateau pour le déposer sur le lit de la jeune fille. C’est rien, dit-il sur un ton rassurant. C’est juste une perfusion de glucose pour te donner un coup de fouet.

    Meredith frémit en voyant la grosseur de l’aiguille qui trônait au milieu du plateau et qui lui paraissait énorme. La même peur irraisonnée s’empara d’elle. Je vais me reposer, je te promets, mais ne me fais pas cette perfusion, supplia-t-elle.

    Derek comprit au son de sa voix qu’elle était à nouveau complètement bouleversée. Il s’assit près d’elle et prit sa voix la plus douce pour tenter de l’apaiser. Est-ce que ça ne s’est pas bien passé pour la prise de sang ? Meredith fit signe que oui sans trop de conviction. Eh bien, la perfusion, ce sera pareil, tu verras, garantit Derek sur le même ton qu’il utilisait pour ses très jeunes patients. Alors, tu n’as aucune raison d’avoir peur.

    Mais tu as vu l’aiguille ? se lamenta Meredith, les yeux rivés sur la canule. Je vais avoir mal, c’est obligé.

    Derek saisit le menton de son amies pour l’obliger à quitter le plateau des yeux et à le regarder. Est-ce que tu crois que je pourrais te faire mal ?

    Tu l’as déjà fait, chuchota Meredith, la gorge serrée. Elle aurait tant voulu qu’il abandonne son attitude professionnelle pour la prendre dans ses bras et qu’il lui dise ce qu’elle avait envie d’entendre.

    Derek soupira. Je sais, mais ce n’était pas volontaire. Il caressa la joue de la jeune fille. Je ne suis pas très doué en relations humaines, et parfois je dis ou je fais des choses qui blessent les gens et ça m’est égal la plupart du temps, mais pas avec toi. Je ne veux pas te faire du mal, Meredith. Elle le regardait avec tant de confiance, et tant d’espoir aussi, comme elle l’avait fait à Cloverdale quand elle lui avait dit qu’elle voulait faire l’amour avec lui, qu’il en fut troublé. Il prit une grande inspiration pour chasser l’émotion qui commençait à l’étreindre. Tu as peut-être l’impression que je fais tous ces examens pour t’embêter, ou par sadisme, mais ce n’est pas le cas. Je veux juste être sûr que tu vas bien. Et cette perfusion, c’est pour que tu ailles mieux et que tu puisses rentrer chez toi plus rapidement.


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  • Quand Derek se gara devant la caravane, Meredith dormait encore. Il la contempla quelques minutes. Elle semblait si sereine. Qu’elle était belle ! Il éprouva des scrupules à la perspective de devoir la réveiller. Il savait que les émotions du week-end l’avaient anéantie. Il sortit du véhicule et vint ouvrir la portière passager. Il se pencha vers sa compagne et la souleva délicatement. Elle ouvrit un œil et passa ses bras autour du cou de son amant, avec un charmant sourire. Elle déposa la tête sur son épaule et se rendormit aussitôt. Il l’amena ainsi au mobil home et la déposa précautionneusement sur le lit avant de la recouvrir d’une couverture. Ensuite, il sortit et commença à décharger leurs bagages. Soudain son portable sonna. Il vit le nom de Mark s’afficher et décrocha. Alors, vous avez ramené Moby Dick ? claironna la voix de son ami, pleine d’ironie.

    Derek sourit. Non. Nous l’avons laissé nager en paix.

    Hum ! Je vois. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que la pêche n’a pas été votre préoccupation première, se moqua Mark. Vous avez sorti le matériel du coffre de la voiture au moins ? 

    Bien sûr ! répliqua Derek. Seulement, Meredith n’est pas très douée et, comme je ne voulais pas qu’elle se sente stupide, je n’ai pas insisté non plus.

    Ouais, j’en suis sûr, persifla Mark. J’espère que tu as quand même de quoi m’inviter à manger une fricassée.

    Derek n’aurait pas pu expliquer pourquoi mais il eut l’intuition que, malgré son ton léger, Mark n’avait pas le moral et qu’il n’avait pas envie de rester seul. Je veux bien t’inviter à manger à condition que tu passes d’abord par un traiteur chinois, riposta-t-il. Ou autre chose si tu préfères.

    Ah Derek, mon ami, tu as l’art de lancer tes invitations ! Mais je ne voudrais pas m’imposer, ajouta Mark, sans grande conviction.

    Ramène tes fesses, Sloan, ordonna Derek.

    Mark continua de se faire prier. Tu es sûr ? Meredith est là ? Elle est d’accord ? Ça ne la dérange pas ?

    Elle dort du sommeil du juste. Si elle se réveille d’ici que tu sois là, elle sera heureuse de te voir arriver avec le dîner, certifia Derek.

    Ne te vexe pas, mais je n’ai pas trop envie de passer la soirée à vous tenir la chandelle, bougonna Mark.

    Arrête de faire ta précieuse et rapplique en vitesse, gronda Derek. Mon frigo est tout ce qu’il y a de plus vide. J’ai besoin de toi pour ne pas crever de faim.

    D’accord, je m’incline. Le temps de faire la route, je suis là, promit Mark. Dis-moi, dans ta roulotte, tu as une bouteille de notre boisson préférée ou bien je dois prendre ça aussi ?

    Je dois en avoir, oui.

    Très bien… Par mesure de sécurité, j’apporterai tout de même mes propres provisions. Comme ça, si on a envie de se saouler…

    La dernière phrase de son ami, l’intention qu’elle contenait et la façon dont elle était dite confirmèrent à Derek que Mark n’allait pas bien. Mark… ça va ?

    Il y eut un blanc avant que l’intéressé se décide à répondre, la voix légèrement tendue. Disons que j’ai connu des jours meilleurs. Mais ça va… je fais aller.

    On pourra en parler si tu veux, suggéra Derek.

    Je pense que tu as eu ton compte de psychologie pour le week-end. Mark essaya de donner le change avec une plaisanterie. Et moi, je n’aime pas parler de moi à quelqu’un que je ne paie pas… T’en fais pas, Derek. J’ai un coup de blues, c’est tout. Rien de dramatique.

    Trois quarts d’heure plus tard, le véhicule de Mark se garait à côté de celui de Derek. A peine sorti de sa voiture, Mark leva la main droite qui tenait la bouteille d’alcool. Le scotch, cria-t-il. Il leva ensuite la main gauche. Le chinois… Par lequel on commence ? 

    Derek sourit. Commençons par un verre. On verra par la suite.

    Mark monta sur la terrasse et déposa les plats du traiteur ainsi que la bouteille sur la table. Et ta nana, toujours dans les bras de Morphée ? Derek fit signe que oui. Il prit les paquets qui contenaient la nourriture, rentra dans la caravane et en ressortit avec deux verres et sa propre bouteille de whisky déjà entamée. Votre week-end, ça s’est bien passé ? s’enquit Mark. Vous avez pu parler, vous expliquer… faire le point ?


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