• Compte sur moi. Derek avait à peine terminé sa phrase qu’il enfonçait l’aiguille dans la veine.

    Surprise, Meredith poussa un petit cri. Furieuse d’avoir été dupée, elle se tourna vers le chirurgien. C’est ça que tu appelles compter sur toi ?  

    Il plaça une éprouvette et retira le garrot. Mais oui, affirma-t-il en riant. J’ai rempli mon rôle. J’ai fait la piqûre sans que tu aies mal. Car tu n’as pas eu mal, n’est-ce pas ? Meredith préféra ne pas répondre plutôt que de lui donner raison. Il remplaça la première éprouvette par une autre. Meredith pâlit quand elle vit son sang couler. Ça va ? lui demanda Derek. Elle fit signe que non. A ta place, je regarderai encore un peu de l’autre côté, lui conseilla Derek. J’ai presque terminé. Ce serait stupide de t’évanouir maintenant. Je devrais te faire une autre piqûre pour te remettre sur pied et on n’en finirait pas.

    Elle le fusilla du regard. C’est vraiment ton passe-temps favori de te moquer de moi.

    Derek prit un air innocent. Moi ? Jamais de la vie ! Tu me connais, ajouta-t-il, un brin sarcastique. Il retira doucement l’aiguille et prit un petit morceau d’ouate pour éponger la goutte de sang qui perlait sur la peau de la jeune fille. Tiens, appuie bien dessus pendant quelques secondes. Il fixa l’ouate avec un sparadrap. Voilà ! Il regarda Meredith avec un air moqueur. Comme tu as été très courageuse, tu vas avoir droit à un bonbon. Il se leva pour aller mettre les prélèvements dans un sachet en plastique.

    Oh c’est malin, ça ! s’exclama Meredith en levant les yeux en l’air avec un air excédé. J’en ai vraiment marre que tu me traites comme si j’étais une gamine. Sauf quand ta libido te travaille, ajouta-t-elle perfidement.

    Derek préféra ignorer la vanne qu’elle venait de lui lancer. Il devinait sur quel terrain elle voulait l’emmener mais il était hors de question qu’il la suive. Si tu ne t’étais pas conduite comme une gamine, tu ne serais pas ici, se contenta-t-il de dire. Il évita de justesse l’oreiller qu’elle lui jeta à la tête mais il réussit à l’attraper avant qu’il ne tombe par terre. Il vint le remettre derrière elle avant de se rasseoir sur le lit. On fait la paix ?

    Meredith avança les lèvres en une moue boudeuse. Tu peux rêver !

    Tu es dure avec moi, constata Derek. Je viens de te faire la prise de sang la plus réussie que tu auras jamais. Ça mérite un peu de compréhension, non ? Meredith se retint de sourire et haussa les épaules. Je n’aime pas que tu sois fâchée contre moi, dit-il d’une voix douce, en lui prenant la main. Ils échangèrent un regard terrible où se mêlaient toute la tendresse et tout le désir qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Troublée, Meredith frissonna si fort que Derek le sentit. Il lui lâcha la main pour remonter la blouse qui était toujours abaissée sur ses épaules. Il ne faudrait pas que tu aies froid, murmura-t-il tendrement.

    Ça n’a rien à voir avec le froid, chuchota Meredith en baissant timidement le regard.

    Derek fit celui qui ne comprenait pas et se redressa en adoptant une attitude plus professionnelle. Bon, maintenant, raconte-moi ce qui s’est passé hier.

    Déçue par son comportement – parce qu’il refusait d’assumer ses sentiments, il la repoussait une fois de plus – Meredith prit un ton glacial. Hier, j’ai diné avec Mark et c’était tellement sympa que j’ai bien l’intention de recommencer. Et plus si affinités !

    Un tic nerveux fit palpiter la paupière droite de Derek. Je ne te parle pas de ça, répliqua ce dernier plus sèchement qu’il ne le voulait. Ce qui m’intéresse, c’est ton malaise, pas ce que tu as mangé ni les fadaises que Mark a pu débiter.

    Moi, je l’ai trouvé très intéressant, insista Meredith.

    Meredith, tonna Derek. Parle-moi de ton malaise !

    Hier matin, je n’étais pas bien. J’étais fatiguée, j’avais froid, et j’avais aussi des fourmillements dans les mains, récita Meredith sur un ton monocorde.

    Et malgré tout, tu es allée travailler, comme si de rien n’était, lui reprocha Derek. C’est de la folie ! Tu aurais pu m’appeler au moins.

    Meredith fit une moue boudeuse. Pour quoi faire ? Tu serais revenu de New York ? Non, n’est-ce pas ?

    Et comment ça se fait que je suis là, à ton avis ? rétorqua Derek. Bien sûr que je serais revenu !

    Je n’avais aucune raison de t’appeler, prétendit Meredith. J’avais prévu de diner avec Mark.

    Mark qui, malgré ton état de faiblesse évident, n’a même pas été assez sensé pour te dire de rester chez toi, lui fit remarquer Derek.

    Il m’a emmenée dans ce merveilleux restaurant, poursuivit Meredith comme s’il n’avait rien dit.


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  • Si… Denny Duquette et Dylan, répondit Meredith.

    Derek plissa le front. Dylan ?

    Dylan Young, le chef des démineurs qui a explosé avec la bombe qu’il évacuait… le code noir, précisa Meredith. Derek fit un signe de tête pour montrer qu’il savait de qui il s’agissait. Puis il y a eu Liz Fallon, l’infirmière de bloc de ma mère, reprit Meredith. Et Bonnie. Elle, tu la connais, c’était ta patiente.

    Bonnie ? Derek réfléchit quelques secondes. Ce nom me dit quelque chose, en effet.

    L’accident de train, lui rappela Meredith. Bonnie Crasnoff et Tom Maynard… Ils avaient été transpercés par la même barre métallique. Lui, vous avez pu le sauver.

    Oui, je me souviens. Bonnie, répéta Derek avec attendrissement. Elle m’avait demandé de parler à son fiancé. Il secoua la tête comme s’il chassait des images de sa mémoire. A ton avis, pourquoi as-tu rencontré ces personnes dans ce qui ressemblait à la mort ?

    Elles m’ont dit que c’était moi qui les avais appelées, lui confia Meredith.

    Donc ça veut dire qu’elles étaient assez importantes pour toi pour que tu y penses dans un moment pareil, déduisit Derek. Son amie ne réagit pas. Pourquoi elles, Meredith ?

    Elle médita quelques instants avant de lui répondre. J’imagine que la mort de Denny m’a marquée parce qu’Izzie était impliquée. Il m’était devenu proche à travers elle. Dylan… il m’a sauvé la vie et je l’ai vu mourir. Ses restes m’ont éclaboussée. Je suppose que ça m’a traumatisée. Derek posa une main sur son bras pour lui montrer qu’il la soutenait. Quant à l’infirmière Fallon, elle a été la première personne avec qui j’ai pu parler de la maladie de ma mère, poursuivit Meredith. Je me suis confiée à elle. Elle allait mourir… je savais qu’elle garderait mon secret.

    Et Bonnie ? Pourquoi elle ? Tu ne la connaissais pas, souligna Derek. Si je me souviens bien, c’est à peine si tu as travaillé sur son cas.

    Bonnie… Bonnie, c’était moi, dit Meredith dans un murmure.

    Comment ça ?

    Je me suis identifiée à elle. Bonnie, c’était… - elle soupira - celle que l’on sacrifiait pour que quelqu’un d’autre puisse vivre… Comme toi, tu venais de me sacrifier pour que ton mariage puisse continuer d’exister.

    Derek fut ému par sa détresse encore palpable. Je t’ai fait souffrir, n’est-ce pas, en prenant cette décision ?

    Meredith tourna la tête vers lui et il fut bouleversé par son regard larmoyant. Plus que je ne pourrai jamais le dire. 

    Une fois encore, Derek éprouva le besoin de lui expliquer ce qui l’avait motivé à l’époque. A ce moment-là, j’étais persuadé d’agir pour le mieux. J’étais marié, ça signifiait quelque chose de fort pour moi. J’avais prononcé des vœux. J’avais pris un engagement. Et puis, je respectais Addison. Elle était ma femme, mon amie. Je l’aimais… pas de la même façon que toi, concéda-t-il, mais je l’aimais. Je la connaissais depuis si longtemps. J’ai cru que je pourrais sauver ce mariage mais, en fait, il est mort à la seconde même où je t’ai rencontrée. Je ne l’ai pas compris immédiatement. Il prit la figure de son amie entre ses mains. Te quitter a été la pire erreur de ma vie.

    Une profonde lassitude se lut sur le visage de Meredith que ce retour sur son passé éreintait. Je sais tout ça. Ce n’est pas pour autant que ça a été facile à vivre. Ça m’a vraiment ébranlée.

    Ça ne se reproduira plus jamais, Meredith. Je veux que tu en sois sûre. Derek essuya quelques larmes qui coulaient sur le visage de la jeune femme et embrasse délicatement ses lèvres avant de continuer. Si je comprends bien, c’est au cours de cette expérience que Denny t’a parlé de moi. Meredith opina de la tête. Et les autres, que t’ont-ils dit ? demanda Derek.

    Ils voulaient savoir ce qui s’était passé à Elliott Bay, si je m’étais noyée volontairement, si je voulais vivre ou mourir. Meredith parla de plus en plus bas jusqu’à ce que la fin de sa phrase soit dite dans un murmure. Ils m’ont dit que je devais faire un choix... Ils m’ont aidé à le faire.


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  • Tu m’étonnes ! ironisa Derek. Il voulait juste t’en mettre plein la vue pour t’amener tout droit dans son lit. Enervé, il se leva une fois encore et se mit à faire les cent pas.

    Meredith ricana. Il n’est pas ton ami pour rien.

    Cette fois, c’est Derek qui ignora son attaque. Est-ce que tu avais bu ? lui demanda-t-il vivement, parce qu’il ne supportait plus de l’entendre vanter les mérites de Mark.

    Absolument pas, certifia Meredith. A moins que tu ne considères que trois coupes de champagne, c’est excessif.

    Quand on n’a pas l’habitude, oui ! s’emporta Derek. Mark n’aurait pas dû te faire boire autant. C’est de l’inconscience, ni plus ni moins.

    Dis donc toi, t’as quand même un sacré culot, s’indigna Meredith. Au gala, c’est bien toi qui m’as fait boire du champagne et du vin et c’était plus que trois verres.

    Au gala, j’étais là, argumenta Derek, d’une totale mauvaise foi. Avec moi, il ne pouvait rien t’arriver.

    Meredith éclata d’un rire forcé. Rien, à part être filmée à mon insu en train de faire l’amour.

    L’air courroucé, Derek vint se camper devant son lit. Tu ne vas tout de même pas ramener ça sur le tapis ? Il me semblait qu’on avait convenu de ne plus en parler. Alors, ce n’est plus la peine d’y revenir.

    Alors, ce n’est plus la peine non plus de revenir sur le fait que je me sois évanouie hier, objecta Meredith.

    Je suis désolé, Meredith, mais mon expérience m’a appris qu’on s’évanouit rarement sans raison. Et cette raison, je vais la trouver. Derek décrocha le téléphone mural et convoqua une infirmière. Ensuite, il rouvrit le dossier de Meredith et consigna ses observations. Pour marquer sa désapprobation, la jeune fille s’allongea sur le côté en lui tournant le dos. Lorsque l’infirmière arriva, Derek la pria de porter les échantillons de sang au laboratoire et d’exiger les résultats dans les plus brefs délais. Il revint ensuite près de Meredith et passa la main sur sa chevelure. Maintenant, je vais aller voir tes clichés à l’imagerie. Profites-en pour te reposer un peu. Je reviens le plus vite possible. Il se pencha vers elle pour déposer un léger baiser, sur son front, à la bordure de ses cheveux. Bien que n’ayant pas envie de lui donner satisfaction, elle ferma les paupières car elle se sentait épuisée.

    Derek sortit de la chambre sur la pointe des pieds. En se dirigeant vers la salle de scanner, il aperçut un infirmier qui lisait le journal. Il l’apostropha sèchement. Hé, toi, là, puisque tu sembles n’avoir rien à faire, tu vas me rendre service. L’infirmier se précipita à sa rencontre. Tu vas aller sur le Pier 39. Là-bas, il y a un magasin genre boutique de souvenirs. Ça se trouve à peu près au centre de la jetée.

    Je crois que je vois, dit prudemment le jeune homme.

    Sinon, tu chercheras, répliqua Derek. Je veux que tu me ramènes un lion de mer en peluche. Brun, environ vingt-cinq centimètres. Il coûte à peu près trente dollars, précisa-t-il. Il regarda l’infirmier avec un air sévère. Attention, il me faut celui-là et pas un autre. En cas de doute, tu m’appelles. Tu as de l’argent sur toi ? Le jeune homme acquiesça d’un signe de tête. Très bien, je te rembourserai à ton retour, promit Derek. Allez, file maintenant. Ravi de s’en tirer à si bon compte, l’infirmier s’éloigna d’un bon pas. Et ne traîne pas en route. C’est urgent, lui cria Derek. Le jeune homme se mit à courir.

    De son côté, le chirurgien se rendit dans la salle de scanner. Il rechercha les résultats de Meredith dans la banque de données et les afficha sur l’écran. Il examina scrupuleusement les clichés pour finalement constater, à son plus grand soulagement, qu’effectivement Meredith ne présentait aucun dommage cérébral, ni fracture, ni hématome, ni œdème. Par contre, lorsque l’infirmière lui apporta, une heure plus tard, les résultats des examens sanguins, il fronça les sourcils en les découvrant. En sortant de la salle pour aller rejoindre sa patiente, il croisa l’infirmier qui revenait avec la peluche. Après avoir échangé quelques mots avec lui, Derek prit le chemin de son bureau avec le jouet en main.

    Il arrivait devant sa porte lorsqu’il entendit la voix moqueuse de Callie derrière lui. Tu collectionnes les animaux en peluche maintenant ? Ou bien tu vas bientôt être papa et je ne suis pas au courant ?

    Derek se retourna en souriant. Ça, pas de danger ! Et ce n’est pas pour moi non plus, c’est un cadeau. Il pénétra dans son bureau.

    Callie le suivit. Un cadeau ? Pour qui, si ce n’est pas indiscret ? demanda-t-elle même si elle se doutait déjà de l’identité de l’heureuse élue.

    Pour Meredith, révéla Derek avec un air attendri. Je lui ai offert le même, il y a quelque temps, expliqua-t-il, mais elle l’a perdu. Comme elle l’aimait beaucoup, je le remplace. Il mit la peluche dans une armoire qu’il ferma à clé.


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  • Ainsi Derek avait vu juste. Meredith avait hésité à lui revenir. Voila pourquoi jusqu’à présent elle n’avait pas été encline à lui relater son étrange expérience. Il tenta tant bien que mal de masquer son désarroi mais ne put s’empêcher de poser la question qui lui tenait à cœur. Ce choix était-il si dur ? Excuse-moi d’en revenir toujours au même point mais… j’étais là, Meredith. J’étais revenu vers toi, je t’avais dit que je t’aimais. Est-ce que ça ne suffisait pas ?

    Elle baissa la tête qu’elle tint entre ses mains. Tout à coup, elle la releva pour lui faire face, le visage ruisselant de pleurs. Je voulais seulement que ça s’arrête, confessa-t-elle entre deux sanglots. Cette souffrance… elle est là depuis toujours et parfois, elle est si forte… Je voulais qu’elle disparaisse, c’est tout. Tous ces malheurs, ces coups durs, les uns après les autres. Elle saisit la main que Derek lui tendait et la serra fortement. Je sais que j’aurais pu te parler, que j’aurais dû le faire, mais ça aurait été tout remuer, me faire du mal encore. J’étais si lasse. Et là-bas, c’était si calme, je jouais avec Doc, je ne pensais à rien… Tout me semblait si facile. Le choix paraissait tellement simple.

    Pourtant au bord des larmes, Derek ne laissa pas tomber. Ce sont eux, dans l’au-delà, qui t’ont convaincue de revenir à la vie ?

    Non, hoqueta Meredith. Quand je leur ai dit que je voulais partir, ils m’ont dit que je m’étais décidée trop tard. Je les ai suppliés mais ils répétaient que j’avais laissé passer ma chance. C’est ma mère qui m’a aidée à m’en aller. Elle a pris ma place pour me permettre de vivre, Derek.

    Cette dernière révélation stupéfia le chirurgien. Quoi ? Tu as revu ta mère pendant ton E.M.I. ? Meredith acquiesça d’un signe de tête. C’est donc pour cela que tu étais au courant de son décès avant même que je t’en parle ? questionna Derek. Meredith hocha à nouveau la tête, un peu étonnée qu’il ne montre aucun signe de scepticisme ou d’incrédulité. J’avais tellement peur de te l’annoncer, reconnut-il. Après ce que tu venais de traverser… J’étais avec elle quand elle est partie, j’ai tout fait pour la sauver… Je ne voulais pas qu’elle s’en aille alors que tu n’étais pas là.

    Parce que Derek faisait preuve de la plus grande attention et qu’il ne montrait aucun signe de doute, ni ne manifestait la moindre ironie, Meredith décida de lui donner tous les détails de son ultime rencontre avec sa mère. Elle est venue me rejoindre. Elle m’a dit que je n’avais rien à faire là, que je n’avais pas fini ce que j’avais à accomplir sur terre. Elle prit un mouchoir dans son sac et essuya rapidement ses yeux et ses joues. Il a fallu qu’elle meure pour me dire enfin ce que j’avais toujours voulu entendre, que j’étais tout, sauf une personne ordinaire. Je crois qu’elle était fière de moi.

    Derek vit au regard de la jeune femme qu’elle attendait son approbation. J’en suis sûr, affirma-t-il sans se forcer, parce qu’il était intimement convaincu qu’Ellis aimait sa fille même si elle n’avait jamais été capable de le lui montrer. Je suis heureux que tu aies pu lui faire tes adieux, quel que soit l’endroit où vous vous êtes rencontrées. Il la regarda avec appréhension. Une question lui brûlait les lèvres mais il redoutait la réponse. Il se décida pourtant. Si ta mère n’était pas venue prendre ta place, si elle ne t’avait pas obligée à revenir, tu serais restée là-bas ?

    Non. J’avais pris ma décision avant qu’elle n’arrive, répondit Meredith sans l’ombre d’une hésitation.

    Pour quelle raison ?

    La jeune femme sourit tendrement. Selon toi ? Qu’est-ce qui aurait pu me décider à revenir me confronter encore à ma misérable existence, si ce n’est la perspective de te retrouver ?

    Je n’avais pas su te retenir avant, lui fit remarquer Derek. Pourquoi à ce moment-là ?

    Quand Denny m’a parlé de toi… Meredith vit que son amant était surpris. Je sais, dit comme ça, ça semble fou mais je te jure que j’ai vraiment vécu cette expérience comme je te la raconte. Denny m’a dit à quel point tu étais exceptionnel et comme j’avais de la chance de t’avoir. Il m’a rappelé comme tu aimais la vie, et comme tu croyais en l’amour vrai et aux âmes sœurs. Pour la première fois depuis longtemps, Derek sourit. Il m’a dit que tu m’attendais et que, si je ne revenais pas, tu perdrais tout ça. L’émotion submergea à nouveau Meredith et elle se remit à pleurer. Tu ne serais plus le même.

    Il avait raison. Si tu étais morte, ça m’aurait détruit, assura Derek avec une voix cassée.

    Mais je ne suis pas revenue que pour toi, Derek, répliqua Meredith avec fougue. Enfin, je veux dire… pas pour te faire plaisir. Je suis revenue pour moi aussi. Denny m’a expliqué que les gens comme lui, les fantômes ou je ne sais pas comment il faut les appeler, il leur arrive de se retrouver avec les gens qu’ils ont connus et aimés quand ils étaient vivants. Ils sont au même endroit, ils peuvent les sentir de temps en temps, les entendre parfois aussi, mais c’est tout. Et ça… et ça…  - elle sembla étouffer tellement elle sanglotait – ce n’était pas possible. Je t’aime trop. Te sentir parfois, ça n’était pas assez.


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  • Callie ne put s’empêcher de ressentir une certaine jalousie. Depuis l’époque où elle avait rencontré Derek – elle entamait son internat, il était déjà dans sa deuxième année de résidence - leur amitié était indéfectible. Ils avaient vécu beaucoup de choses, partagé tant de moments bons comme mauvais. Non seulement ils étaient amis mais amants et pourtant, jamais, non jamais, durant toutes ces années, Derek ne lui avait offert le moindre cadeau. Mais voilà qu’apparait une gamine d’à peine vingt ans et il se transforme en Père Noël, se dit-elle, amère.

    Inconscient de l’envie qu’il avait suscitée en elle, Derek se tourna vers elle avec le sourire espiègle qui la faisait tant craquer. Je veux lui faire la surprise, alors ne lui dis rien, l’implora-t-il. Et ne dis rien à Mark non plus. Surtout pas à lui ! Il s’empresserait d’aller le lui répéter. Il passa à côté d’elle et lui donna un baiser sonore sur la joue avant de la prendre par les épaules pour la faire sortir du bureau. Toi au moins, je peux compter sur toi. Ce n’est qu’en fermant la porte qu’il se rendit compte que Callie restait muette. Ça va ? Tu as l’air bizarre.

    Non, non, ça va, dit-elle, le cœur gros. Ces derniers temps, plein de petites choses se passaient qui lui faisaient réaliser que sa relation avec Derek n’était sans doute pas aussi forte, pas aussi profonde que ce qu’elle croyait.

    Derek ne fut pas dupe. C’est Mark qui te fait des misères ? s’enquit-il.

    Callie sourit vaillamment pour donner le change. Mais non, voyons. Qu’est-ce que tu imagines encore ?

    Tu me le dirais si c’était le cas ? insista-t-il.

    Mais oui ! Quel sale gosse tu fais ! le rabroua-telle avec tendresse. Allez, file, va rejoindre ta patiente préférée.

    Derek ne se fit pas prier. On se voit plus tard, lança-t-il en s’éloignant. Il se dépêcha de parcourir les couloirs qui menaient à la chambre de Meredith. Lorsqu’il poussa la porte, il fut extrêmement contrarié de découvrir que Mark était là, assis sur le lit, en train de déguster de la tarte avec Meredith. Mais ce qui dérangea le plus Derek, c’était cette nouvelle, et ô combien évidente, complicité entre eux. 

    En entendant le bruit qu’il faisait en entrant, les deux compères se tournèrent vers lui. Mark tendit dans sa direction le morceau de tarte dans lequel il venait de mordre. Tu en veux ?

    C’est la tarte à la pomme et aux noix de pécan d’Izzie, indiqua Meredith. Mark est allé la chercher pour moi à la boutique.

    Je trouve que l’endroit est plutôt mal choisi pour organiser un goûter, fit remarquer Derek sur un ton acide. Tu pourrais essayer d’être un peu professionnel de temps en temps, ajouta-t-il à l’intention de Mark.

    Et toi, tu pourrais essayer d’enlever le balai que tu as dans le cul et décompresser un peu, répliqua celui-ci. Meredith ne put s’empêcher de pouffer de rire, ce qui lui valut un clin d’œil de la part de l’auteur de la plaisanterie douteuse.

    Derek fusilla celui-ci du regard. Il n’appréciait pas l’attitude trop familière que Mark avait avec Meredith, qui lui donnait l’impression qu’en son absence il s’était passé plus de choses qu’on avait bien voulu le lui dire, mais il appréciait encore moins d’être tourné en ridicule devant la jeune fille. Je décompresserai quand ma patiente ira mieux, riposta-t-il, la voix pleine d’une colère contenue.

    Notre patiente – Mark se plut à insister sur l’adjectif possessif – ira mieux quand elle aura retrouvé des forces. Et pour ça, il faut qu’elle mange. Voilà pourquoi je lui ai apporté cette tarte. Tu vois, moi aussi, à ma manière, je contribue à son bien-être.

    Mal à l’aise parce qu’elle était d’une certaine façon à l’origine de cette passe d’armes, Meredith décida d’intervenir. Calmez-vous, tous les deux. Elle fit signe à Derek de venir s’asseoir près d’elle, du côté du lit opposé à celui où Mark se trouvait. Viens ici et mange un bout de tarte avec nous. Elle est super bonne, tu verras.

    Merci mais je n’ai pas faim, répondit Derek qui serait mort d’inanition plutôt que de manger la tarte apportée par Mark. Il se tourna vers celui-ci. Je te remercie pour ton étroite collaboration, persifla-t-il. Mais je vais me passer de tes services maintenant. Tu peux retourner à ton passe-temps favori. Mark, qui le connaissait bien, attendit en souriant l’estocade finale. Sauter sur tout ce qui bouge, ajouta Derek, considérant que tous les coups étaient permis pour dévaloriser son ami aux yeux de Meredith.

    Ça vous fait au moins un point commun, laissa tomber celle-ci sans vraiment réfléchir à ce qu’elle disait. Le sourire de Mark s’élargit un peu plus tandis que Derek la regardait avec un air interloqué. Ben oui, toi aussi, tu sautes sur tout ce qui bouge, précisa la jeune fille. Enfin, presque tout. Pas moi. Sans doute que je ne bouge pas assez, conclut-elle avec un brin de perfidie.

    Mark éclata d’un rire tonitruant. Toi, tu commences vraiment à me plaire ! lui dit-il en se levant. Bon, je vais laisser le Dr Pisse-Vinaigre s’occuper de toi. A plus, ma belle. Je repasserai te voir. Il sortit de la chambre en sifflotant.


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