• CHAPITRE 143

    Derek haussa légèrement les épaules. Les deux, voyons.

    J’entends bien mais…

    Derek secoua la tête. Ne me demande pas de hiérarchiser mes sentiments, Mark.

    Pourtant, je pense que ça t’ouvrirait les yeux. Qu’est-ce qui t’a fait le plus de mal ? insista Mark. Voir ta femme dans les bras d’un autre homme ou réaliser que j’avais abusé de ta confiance ? Derek ferma les yeux. Il revit la scène, lui rentrant dans sa maison de Central Park, plongée dans l’obscurité et le silence, ce qui était inhabituel à cette heure… Dès les premières secondes, cette sensation qui lui fait comprendre qu’il se passe quelque chose de particulier. L’angoisse qui monte. Découvrir, là, dans les escaliers, cette veste qu’il connaît si bien. La gorge qui se noue et le cœur qui se serre. Le pas qu’il ralentit parce qu’il sait déjà ce qu’il va trouver là-haut. La main sur la poignée de la porte qu’il tourne lentement, comme s’il voulait retarder le moment fatidique. Dans la pénombre, deviner deux corps qui se frottent l’un contre l’autre. Entendre les gémissements et les soupirs. Voir le visage d’Addison se tourner vers la lumière dans laquelle il reste figé de stupeur. L’entendre crier son prénom. Constater que c’est bien son meilleur ami, son frère, qui s’affale dans les bras de sa femme. Oui, c’était effectivement cela qui avait été le plus douloureux, Derek l’avait toujours su. Il rouvrit les yeux et constata que Mark le regardait avec un brin d’ironie. Je le savais, déclara ce dernier triomphant.

    Je n’ai rien dit, répliqua Derek.

    Mark le toisa avec un air un peu supérieur. Mon vieux, tu oublies que nous avons grandi ensemble. Tu n’as pas besoin de parler pour que je sache ce que tu penses.

    Eh bien, qu’est-ce que je pense alors ?

    Que c’est ma trahison, plus que celle de ta femme, qui t’a blessé, affirma Mark. Derek ne répondit pas. Je l’ai toujours su. C’est ce qui a rendu les choses si compliquées. Parce que Derek ne semblait pas convaincu, Mark décida de développer sa théorie. Quand tu nous as découverts, tu n’aimais déjà plus Addison, pas comme avant en tout cas. Par contre, moi, j’étais toujours ton meilleur ami.

    Qu’est-ce qui te fait croire que je n’aimais plus Addison ? demanda Derek, l’air intrigué.

    Mark sourit. Pour que tu aies une relation avec Meredith, quinze jours seulement après avoir quitté New-York, il fallait que tu ne sois plus amoureux de ta femme depuis un certain temps.

    En son for intérieur, Derek savait que son ami avait raison mais il ne voulait pas le reconnaitre à voix haute. Tu ne t’es jamais dit que mon amour pour elle s’était évanoui à la seconde même où j’ai reconnu ta veste dans mon escalier ?

    Ton amour avait disparu bien avant ça, ironisa Mark. Sinon, tu n’aurais pas évité ton épouse en passant le plus clair de ton temps à l’hôpital.

    Je ne l’évitais pas, voyons, protesta Derek. Mais mon métier me passionnait. Je voulais faire mes preuves, montrer de quoi j’étais capable. Je voulais faire ma place au soleil. J’étais ambitieux.

    Pourquoi ? Tu ne l’es plus ? railla Mark. Première nouvelle ! Derek haussa les épaules. Mark sourit. Tes arguments sont toujours d’actualité. Mais cette fois, tu t’arranges pour consacrer du temps à Meredith et tu n’envisages pas de demander à un ami de la distraire en ton absence. Or, c’est ce que tu as fait pour Addison, rappelle-toi.

    C’est vrai. Mais j’avais tellement confiance en toi ! Et vous vous ressemblez tellement pour certaines choses. Derek exprima son dédain par une grimace. Vous aimez la danse, le théâtre, le tennis, le golf et tout ce bazar mondain que je déteste tant. Ça m’arrangerait que tu me débarrasses de toutes ces corvées. Je n’ai jamais imaginé que j’introduisais le loup dans la bergerie.

    Je sais… Au début, je n’étais pas un loup, je le suis devenu sans m’en rendre compte, allégua Mark. La proximité a créé l’occasion et comme tu le sais, l’occasion fait le larron.

    Derek posa par terre la première bouteille de whisky qui était vide et ouvrit la deuxième, pour se servir. Je reconnais que j’ai ma part de responsabilité dans l’échec de mon mariage. J’ai négligé Addison. Elle s’est tournée vers quelqu’un d’autre, soit. Mais ça n’aurait pas dû être toi, conclut-il avec une certaine tristesse.

    Non, ça n’aurait pas dû. Mark se tourna vers son ami avec un sourire presque timide. Je suis content que nous ayons pu parler de tout ça. Il fallait éclaircir certains points si on voulait repartir d’un bon pied.

    Nous aurions déjà dû le faire à New-York, admit Derek.

    Mark secoua la tête. Tu n’étais pas prêt à m’entendre. Tu étais trop en colère. Il fallait te laisser le temps de prendre du recul.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Lundi 25 Mai 2015 à 19:55

    Bonsoir à tous, la douleur que Derek a dû ressentir en les découvrant tous les deux cry

    C'est bien que Derek et Mark aient eu enfin cette discussion tous les deux même si ça n'a pas été évident en particulier pour le neurochirurgien de se remémorer tout cela frown mais c'était nécessaire parce que comme le dit le chirurgien plasticien ça leur permettra de repartir du bon pied maintenant  yes

    D'ailleurs à présent que ce dernier a mis les choses au clair avec son meilleur ami ce serait bien qu'il en fasse de même avec Addison... sarcastic

    Bonne soirée à tous.

    2
    sammy
    Lundi 25 Mai 2015 à 21:40

    Cette discussion leur a fait du bien à tous les deux !!! Leur amitié n'en sera que plus forte .

    3
    valerie
    Lundi 25 Mai 2015 à 23:27

    Belle et franche discussion....le whisky aidant sans doute un peu. ^^

     

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