• Derek stationna son véhicule devant la maison de Meredith. Dans un même mouvement de la tête, ils regardèrent la bâtisse où ne brillait aucune lumière. Après quelques secondes, Meredith se tourna vers son compagnon. Voilà.

    Voilà, dit-il avec un petit sourire triste. Nous y sommes… Tu crois qu’ils sont là ?

    Je ne pense pas. Meredith jeta un coup d’œil à sa montre. A cette heure-ci, ils doivent être encore au Seattle Grace.

    Sûrement, oui. Derek détourna les yeux et regarda devant lui, dans le vague.

    Au cours de cette dernière journée de voyage, Meredith avait senti un malaise s’installer entre eux. Derek s’était peu à peu renfermé sur-lui-même. Il redoutait ce retour, elle en était consciente, mais elle ne savait plus que dire pour le rassurer. De toute façon, à chaque fois qu’elle avait voulu aborder le sujet, il l’avait fait taire. Bon… je vais y aller, annonça-t-elle.

    Derek ouvrit sa portière. Je vais t’aider pour les bagages.

    Oh non, ce n’est pas la peine, assura Meredith. Ce n’est qu’un sac. Derek sortit néanmoins de la voiture pour tirer le sac du coffre. Elle le rejoignit. Je vais directement faire une lessive. Il hocha la tête sans dire un mot. Le sac à la main, elle fit deux pas vers la maison puis revint vers lui. Derek, est-ce que j’ai raison ?

    De faire une lessive ? demanda-t-il, tout en sachant que ce n’était pas de ça dont elle parlait.

    Meredith haussa les épaules. Ne sois pas stupide. Est-ce que ma décision est la bonne ?

    C’est ta décision, Meredith, répondit simplement Derek. Si elle te convient, alors, c’est la bonne. Il faut seulement que tu sois sûre de ne pas avoir de regret.

    Très bien, dit-elle un peu déçue par cette réponse. Elle aurait aimé qu’il lui donne un avis plus tranché. Bon… ben… je vais y aller alors.

    Le cœur lourd, Derek la regarda faire quelques pas en direction de la maison avant de l’appeler. Meredith… Elle se tourna vers lui. Tu as besoin d’aide ? lança-t-il.

    Elle secoua la tête. Non, ça va aller. Elle lui fit un signe de la main et se dirigea vers sa maison. N’oublie pas de faire de la place dans tes armoires, lui cria-t-elle alors qu’il allait remonter dans son véhicule. Je débarque ce soir avec mes affaires.

    Pour la première fois, Derek sourit. C’est comme si c’était déjà fait. Meredith lui décocha un tel regard qu’il eut aussitôt envie de la rejoindre et de lui faire l’amour à l’endroit même où elle était. Et peu importe le voisinage ! Mais, plus sagement, il se contenta de lui renvoyer un regard débordant de passion. Il se dépêcha de s’asseoir au volant, avant d’être tenté de réaliser son fantasme, et démarra en trombe.

    Le sourire aux lèvres, Meredith ouvrit sa porte. Le silence qui régnait dans la demeure lui confirma que tous les habitants étaient absents. Elle en fut presque soulagée. Cela allait lui permettre de réfléchir à ce qu’elle allait dire à ses amis. Elle passa d’abord par la buanderie où elle vida une partie de son sac dans le lave-linge. Pendant qu’elle ajoutait le détergent et l’adoucissant, une idée la frappa de plein fouet. Si elle se dépêchait de faire ses paquets, peut-être aurait-elle la chance de repartir avant le retour de ses colocataires. Après tout, ils ignoraient totalement qu’elle était revenue. Cela lui laisserait du temps pour penser à la façon dont elle allait leur annoncer la nouvelle. Après avoir fait un détour par la cave pour y prendre d’autres sacs, elle grimpa, fébrile, au premier étage. Elle sourit en entrant dans sa chambre où tout respirait la propreté et le rangement. Merci, Izzie, pensa-t-elle. Sans plus s’appesantir, elle se dirigea vers sa penderie qu’elle vida pour en jeter tout le contenu sur le lit. Elle commença à emplir ses bagages. Elle en avait déjà rempli deux lorsqu’elle entendit la porte de l’entrée se fermer en claquant. Elle sortit de sa chambre et se pencha au-dessus de la rampe d’escalier. Izzie ? Cristina ? C’est vous ? Je suis rentrée. Elle entendit une cavalcade et vit surgir Cristina, les yeux ébahis.

    Cette dernière la bombarda de questions. Tu es rentrée ? Ça alors ! Quand ? Ça fait longtemps que tu es là ? Pourquoi tu n’as pas prévenu ? Et ça va ?

    Meredith sourit, heureuse de retrouver son amie telle qu’elle l’avait quittée. Je suis là depuis une heure à peu près. Et oui, ça va… Ça va mieux… Ça va même très bien.

    Les yeux de Cristina brillèrent d’une satisfaction intense. Alors, ça veut dire que tu vas recommencer à travailler ? Tu vas aller voir le chef ? Demain ?

    Meredith fit une petite moue. Oui, sans doute… ou après-demain, je ne sais pas encore. Je n’en suis plus à un jour près maintenant.

    Ouais, dit Cristina, un peu étonnée que son amie ne montre pas plus d’enthousiasme à la perspective de reprendre son travail. Et McDreamy ? Qu’est-ce que tu en as fait ?

    Il m’a déposée et il est rentré chez lui, lui apprit Meredith en essayant déjà de trouver.

    Hum ! C’est mieux comme ça, décréta Cristina, en essayant de ne pas trop montrer sa satisfaction. Izzie était persuadée que vous alliez remettre ça, mais moi pas. Tu n’es pas aussi stupide tout de même !

    A ce propos, commença Meredith. Elle se tut en voyant que Cristina venait de remarquer les sacs au pied du lit.

    Tu repars ? Cristina leva des yeux pleins de soupçons sur son amie. Encore des vacances ? Qu’est-ce qui se passe, Meredith, bon sang ?

    Rien de grave. Meredith prit une profonde inspiration. J’emménage chez Derek.


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  • Derek ? s’exclama Cristina. Tu emménages chez lui ? Donc, ça veut dire que vous êtes de nouveau ensemble. Meredith acquiesça d’un signe de tête. Izzie avait raison, conclut Cristina avec un certain dépit.   

    Oui, répondit sobrement Meredith en recommençant à jeter ses vêtements dans un troisième sac.

    Quand tu dis que tu emménages chez lui, tu veux dire que tu vas vivre dans sa caravane ? se renseigna Cristina dont la perplexité se lisait sur le visage.

    Meredith n’eut pas le temps de lui répondre. Izzie lui sauta dans les bras en hurlant. Merediiiiiiith ! Tu es revenue ! Oh c’est trop bien ! Pourquoi tu ne nous as pas prévenues ? Elle est revenue, Cristina !

    Ouais… et elle repart, bougonna cette dernière. Elle va rejoindre son clown dans sa roulotte.

    Cristina ! Meredith fusilla son amie du regard. J’emménage chez Derek ce soir, précisa-t-elle à l’intention d’Izzie.

    Le regard incrédule de celle-ci se promena de l’une à l’autre de ses amies, avant de tomber sur les sacs qui jonchaient le sol. Oh ! Oui, je vois… Mince, alors !

    Ecoutez, les filles, je sais que c’est soudain comme décision et que vous n’y comprenez pas grand-chose mais c’est ce que je veux. Meredith ignora le ricanement de Cristina. J’ai vraiment envie de vivre avec Derek. Je suis bien avec lui. J’ai besoin de lui.

    Cristina secoua la tête avec une expression de pitié. Izzie se laissa tomber lourdement sur le lit. Je savais que vous alliez vous remettre ensemble. Vous vous aimez, c’est évident. Alors, que vous vouliez vivre ensemble, ça ne m’étonne pas vraiment. Mais à la caravane ? C’est tout petit, Meredith. Tu t’en rends compte ?

    Eh bien, elle n’est pas tout à fait débile, je suppose, intervint Cristina. Quoique ces derniers temps, il y a de quoi avoir des doutes.

    Meredith préféra ne pas répondre à cette nouvelle attaque et passa à la salle de bains. Izzie haussa le ton pour qu’elle l’entende. Comment vous allez vivre à deux là-dedans ? C’est minuscule, il n’y a aucun confort… Pas de salle de bains !

    Il y a une douche, cria Meredith depuis l’autre pièce.

    Izzie ne parut guère convaincue par l’argument. Et la télévision ? Je parie qu’il n’y a pas de télévision, là-bas. Vous allez les occuper comment, vos soirées ? Cristina la regarda comme si elle était démente.

    Le rire joyeux de Meredith résonna. Ne t’en fais pas pour nous, Izzie. Nous ne sommes pas très télévision de toute façon.

    Et pour manger ? L’horreur se lut sur les traits de la jolie blonde. Comment vous allez faire pour vous nourrir ? Tu es nulle en cuisine et lui, à part faire cuire une truite sur un feu de bois, il ne doit pas être très doué. Mon Dieu ! Vous allez mourir de faim.

    T’inquiète ! Cristina prit un air mauvais. Shepherd pourra toujours demander à une infirmière si elle ne veut pas lui mijoter de bons petits plats. Meredith aura les restes, elle a l’habitude. Tiens… pourquoi il ne demanderait pas à Rose ?

    Izzie n’eut pas le temps de réagir que Meredith surgissait dans la pièce, les yeux brillants de colère. Ça, c’est dégueulasse !

    Peut-être mais c’est vrai ! se défendit Cristina.

    Non, c’est faux, protesta Meredith. C’est fini avec Rose.

    Cristina haussa les épaules. Oh ! Rose ou Addison ou je ne sais qui… Peu importe le prénom, il y en aura une, promit-elle. Il y en a toujours une. Au moindre incident entre vous, il se trouve un lot de consolation. Et toi, tu fonces droit dans le panneau et tu cours te jeter dans ses bras. Et à chaque fois, il obtient quelque chose de plus. Elle prit un ton plein d’ironie. Cette fois-ci, il a fait fort. Il a réussi à te convaincre de le rejoindre dans sa maison ambulante. La prochaine étape, ce sera quoi ? Le mariage ?

    C’est amusant, ça, de la part d’une fille qui, il y a quelques mois, suppliait son fiancé de la conduire à l’autel ! riposta Meredith, verte de rage.

    Ça suffit ! cria Izzie en se mettant debout. Arrêtez, vous deux. Vous êtes ridicules. Cristina, c’est moche de parler de Rose, fit-elle remarquer à sa camarade avec un regard désapprobateur. On sait très bien qu’elle n’a pas compté pour Derek et en plus, il ne s’est presque rien passé entre eux, alors ça ne sert à rien de mettre ça sur le tapis. Elle se tourna vers son autre amie. Quant à toi, Meredith, ce n’est pas mieux d’évoquer Burke et ce mariage raté. Elle mit ses mains sur ses hanches. Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes les meilleures amies du monde et vous vous déchirez pour des bêtises.

    C’est elle qui a commencé, répliqua Meredith avec une moue d’enfant contrariée.

    Après tout, si elle veut faire des conneries, ça la regarde, rétorqua Cristina. Mais qu’elle ne vienne pas se plaindre après !

    Assez ! ordonna Izzie, le regard sévère. Vous m’énervez et quand je m’énerve, je fais des gâteaux que je me sens obligée de manger et alors, je grossis. Et je ne veux pas grossir ! Si je deviens grosse, Alex ne voudra plus de moi et je veux garder Alex, donc, je ne dois pas faire de gâteaux. Elle reprit son souffle. Bon… Meredith, que tu veuilles vivre avec Derek, nous – elle insista fortement sur le pronom en jetant un regard sans équivoque à Cristina qui haussa les épaules – nous trouvons ça tout à fait normal et nous le comprenons. Mais pourquoi à la caravane ? Pourquoi pas ici ? C’est ta maison. C’est chez toi.

    Parce qu’ici, c’est impossible pour nous d’avoir de l’intimité, expliqua Meredith. Une vraie intimité, je veux dire. Nous devons apprendre à nous connaître en tant que couple et, avec vous autour, ce n’est pas possible.

    On dérange Monsieur ? demanda Cristina avec ironie. Tu veux qu’on dégage le plancher ?

    Non. Il n’a jamais été question de ça, répondit sèchement Meredith. C’est moi qui dégage. Vous restez ici, rien ne change pour vous. Izzie ne cacha pas son soulagement. Il ne s’agit que de moi, poursuivit Meredith. Elle reprit un ton plus doux. Ecoutez… je ne vous demande pas de comprendre ma décision mais, simplement, de l’accepter. J’aime Derek. Je l’aime et j’ai besoin de lui. Je me sens bien quand il est là. Je n’ai plus peur… plus autant. L’émotion lui serra la gorge. Je veux être heureuse, tout simplement, et je sais que je peux l’être avec lui. Je veux ma part de bonheur. J’y ai droit, moi aussi. Alors, je vous en prie, ne m’en empêchez pas. Laissez-moi partir, supplia-t-elle, des larmes dans les yeux.

    Mais bien entendu qu’on va te laisser partir ! assura Izzie en faisant les gros yeux à Cristina, pour lui faire comprendre qu’il était plus que temps de mettre fin aux hostilités. Et tu seras heureuse, j’en suis sûre. Derek t’aime comme un fou. Vivre ensemble, ça va résoudre tous les problèmes que vous avez eus jusqu’à présent.

    Et en amener d’autres, grommela Cristina. Elle soupira en croisant le regard implorant de Meredith. Bon, si c’est ce que tu veux… Elle examina brièvement les vêtements amoncelés sur le lit et se pencha ensuite pour ramasser un sac vide. Si tu ne veux pas débarquer à la roulotte en pleine nuit, il serait temps de t’y mettre, pour les bagages. A trois, ça ne devrait pas prendre trop de temps.


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  • Dans la caravane, Derek faisait les cent pas, ce qui revient à dire qu’il tournait en rond entre la banquette du coin salon et l’entrée de la chambre. Il se rongeait les sangs. Voilà plus de deux heures qu’il avait déposé Meredith devant sa maison et depuis, aucune nouvelle. Deux heures, c’était largement suffisant pour jeter quelques vêtements dans un sac et traverser la ville. Alors, pourquoi n’était-elle pas encore là ? Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait peut-être changé d’avis, que ses amis avaient réussi à la convaincre qu’elle allait faire une erreur. Il se demanda comment réagir si c’était le cas. Faire contre mauvaise fortune bon cœur ? Pas évident, voire impossible. Ils avaient été trop loin dans leur relation pour se contenter maintenant de demi-mesures. Rompre encore une fois ? Oui, sans doute. Et cette fois, définitivement… à condition de partir à l’autre bout du pays, et mieux même, à l’autre bout du monde. Derek eut un flash où il se vit membre de M.S.F., mourant de faim en Somalie ou slalomant entre les balles tirées par un sniper irakien. Il secoua la tête pour en chasser ces images stupides. Il n’en était pas encore là. Néanmoins, il avait conscience que, si rupture il y avait encore, il lui faudrait, sans en arriver à de tels extrêmes, mettre de la distance entre lui et Seattle. Ne plus voir Meredith pour ne plus se laisser tenter, pour espérer pouvoir, un jour, l’oublier.

    Son cœur fit un bond quand il entendit le moteur d’une voiture. Il jaillit hors du mobil home et fut atrocement déçu d’apercevoir, en contrebas, Mark Sloan s’extirper de sa décapotable. Alors, on est de retour au pays ? claironna son ami. C’est sympa de prévenir !

    Désolé, bougonna Derek. Pas eu le temps.

    Ouais. Comme t’as pas eu le temps de m’appeler de Canaan pour me donner des nouvelles, riposta Mark. Les deux hommes échangèrent une franche poignée de mains.

    C’est vrai, j’avais promis, reconnut Derek. Mais je n’ai pas eu une minute à moi. Meredith avait besoin de moi. Je me suis consacré à elle à 100%.

    Mark donna une tape amicale sur l’épaule de son ami. Ça, tu n’as pas besoin de le dire. Enfin, le principal, c’est que le résultat soit positif. Elle a tout à fait récupéré, paraît-il.

    Qui te l’a dit ? demanda Derek, aussitôt en alerte.

    Karev… Il a reçu un message de sa copine pour lui annoncer le retour au bercail de leur proprio, expliqua Mark. J’en ai déduit que toi aussi, tu étais rentré. Donc, je suis venu. Il prit un air bourru. Bon, tu vas te décider à m’offrir une bière et à me raconter comment ça s’est passé, ou bien je dois te supplier ?

    Derek l’invita à entrer, après avoir jeté un dernier coup d’œil au dehors, dans l’espoir de voir arriver la vieille voiture bleue de Meredith. Et Karev, il n’a rien dit d’autre ?

    Mark fit une petite moue. Non. Pourquoi ? Il était censé dire quoi ?

    Derek se renfrogna un peu plus. Euh… rien, rien du tout.

    Mark haussa une épaule tout en faisant un sourire un peu condescendant. Ben, voilà pourquoi il n’a rien dit de plus. Il lança un regard en coin vers son camarade. Et toi ? T’as rien à me dire ?

    Derek secoua la tête de droite à gauche. Ça va… je suis un  peu crevé. La route…

    Tu te fous de moi, là ? s’exclama Mark, le sourcil froncé. Je ne suis pas venu jusqu’ici et je n’ai pas salopé mes chaussures à 400 dollars dans ton terrain boueux pour que tu me parles de ton voyage. Malgré la tension qui pesait sur lui, Derek sourit. Bon, tu racontes, oui ou merde ? s’impatienta Mark. Toi et Meredith, c’est reparti comme en 40 ?

    On est ensemble, oui, répondit sobrement Derek.

    Et pour de bon cette fois ? s’enquit Mark en laissant poindre une certaine ironie dans son intonation.

    Oui, oui… enfin, je crois. Derek jeta un coup d’œil par la fenêtre. Non, non, tout va bien. Elle va bien… On est bien.

    Tant mieux ! s’écria Mark. Parce que franchement, vos gamineries, ça commence à devenir lassant. Et à part ça… Canaan, ta mère, tes sœurs ? Quoi de neuf ?

    Derek prit deux bières dans le frigo. Canaan n’a pas changé depuis notre départ, ou presque. Mark eut une moue de dégoût. Derek lui tendit une bouteille. Ma mère refuse qu’on prononce ton nom – Mark fit une grimace – mais elle prie pour ton salut. Mes sœurs t’embrassent. 

    Mark haussa les sourcils avec un air désabusé. Hmm ! Je vais juste me souvenir du dernier truc, tes sœurs… Et Jamie Lynn ?

    Une fieffée garce ! se récria Derek. Et encore je suis poli !

    Mark écarquilla les yeux d’étonnement. Oh ! Quel revirement ! La dernière fois où je t’ai eu en ligne, tu me vantais ses mérites et maintenant tu donnes l’impression de vouloir vomir de dégoût. Qu’est-ce qui s’est passé ?

    Elle a raconté sa version de notre histoire à Meredith, lui apprit Derek. Je te passe les détails scabreux. Ajoute à cela que Nancy a mis en évidence toutes les qualités de mon ex-femme et tu comprendras pourquoi ces deux pestes ont bien failli tout foutre en l’air.

    Bah, tu as bien dit failli, lui fit remarquer Mark. C’est donc qu’elles n’y sont pas parvenues. Ne te mets pas martel en tête avec ça.

    Ouais, dit Derek sans conviction en regardant pour la vingtième fois par la fenêtre. Et ici, quoi de neuf ?


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  • Mark prit un air blasé. Pas grand-chose. Webber et sa femme ont entamé une procédure de divorce. Callie Torres aussi. O’Malley se mord les doigts à chaque fois qu’il croise Stevens. Mark se lança dans une description très imagée de la vie quotidienne au Seattle Grace depuis le départ de son ami. Il remarqua rapidement que celui-ci l’écoutait à peine, qu’il ne tenait pas en place, trouvant le moindre prétexte pour se lever et passer son nez à la porte pour voir à l’extérieur. Il décida de tirer les choses au clair. Oh ! Tu m’écoutes là ? cria-t-il avec une voix de stentor.

    Derek sursauta. Qu’est-ce qui te prend de hurler comme ça ? Je ne suis pas sourd.

    Je hurle parce que j’ai la désagréable impression de parler dans le vide, riposta Mark.

    Pas du tout, protesta Derek. Je t’écoute. Richard et Adèle divorcent. C’est moche mais on s’en doutait. George et Callie, ben, le contraire aurait été étonnant. Tu vois, j’ai tout entendu.

    Je vois. Mark regarda ses ongles avec un air détaché. Mais tu as zappé le passage où je te disais que Rose – ta Rose -  est revenue au Seattle Grace et qu’elle a réussi à se faire engager comme infirmière de bloc.

    Derek devint blême. Tu déconnes là ?

    Mark feignit de ne pas l’avoir entendu. Elle est sympa, cette fille, quand on la connaît bien. En plus, elle n’est pas moche. Je pense que je vais me la faire. On devrait organiser un dîner à quatre un de ces soirs. Qu’en dis-tu ? Il vit les traits décomposés de son camarade et eut pitié. Bien sûr que je déconne. Elle est partie et bien partie.

    T’es malade ? éructa Derek. Qu’est-ce qui te prend de raconter des bobards pareils ? Je n’ai franchement pas besoin de ça en ce moment.

    Si tu me disais franchement ce qui se passe ? 

    Derek se remit debout et recommença à tourner en rond. Il ne se passe rien.

    Mark ricana. Tu parles ! Si c’est vrai, alors pourquoi tu tournes comme un lion en cage depuis mon arrivée ? Si tu n’as pas regardé vingt fois par cette maudite fenêtre, tu ne l’as pas fait une fois. Tu attends quelqu’un, c’est évident. Qui ? Meredith ? Derek fit signe que oui. Et c’est ça qui te met dans cet état ? s’étonna Mark. Mais tu viens de passer trois semaines avec elle et vous vous êtes quittés il y a quelques heures seulement. Et tu ne tiens déjà plus le coup ? Ben, mon pauvre vieux, ton cas est bien plus grave que je ne le pensais.

    Ce n’est pas ça, répondit Derek avec agacement. Elle devrait être ici depuis un certain temps déjà et… je m’inquiète, c’est tout.

    Tu as peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose ? Un accident ? Eh bien, appelle-la alors, suggéra Mark, qui était surpris de voir à quel point son camarade était devenu protecteur. Tu seras rassuré et tu pourras arrêter de me donner le tournis.

    Non, je ne l’appellerai pas ! asséna avec force Derek.

    Cette réaction confirma à Mark que la perspective d’un accident de la route n’était pas ce qui inquiétait son ami. C’est bien ce que je pensais. Il y a autre chose. Raconte.

    Derek soupira en se rasseyant à la table. Meredith et moi, on a décidé de vivre ensemble, pour de bon. Elle m’a promis qu’elle s’installait ici, ce soir. Je l’ai déposée chez elle il y a presque trois heures, pour qu’elle prenne ses affaires et aussi qu’elle prévienne ses amis et depuis, je n’ai plus de nouvelles.

    Mark haussa légèrement les épaules. Bah, tu sais comment sont les filles. Le temps de décider de ce qu’elles doivent prendre, de papoter avec les copines… Là où on met dix minutes, il leur faut des heures.

    Ces arguments ne convainquirent pas Derek. Tu as peut-être raison. Ou bien il y a autre chose…

    Pourquoi n’es-tu pas resté avec elle ?

    Elle préférait être seule pour informer les autres. Tu la connais. Elle était censée venir directement après mais… Abattu, Derek baissa la tête.

    Mark compléta la phrase de son ami. Mais elle n’est toujours pas là et tu as peur qu’elle ait changé d’avis.

    Oui… non… ah je n’en sais rien, s’écria Derek. Elle avait peur tout à l’heure. Elle a voulu que je la rassure mais je n’ai rien dit. Quel con !

    Le truc de vivre ensemble, ça vient de toi, je suppose ? persifla Mark. Comme je te connais, tu as dû faire le forcing pour qu’elle accepte.

    Derek secoua la tête. Non, pas cette fois.

    Mark ne put se retenir de faire une petite moue dubitative. Pas cette fois peut-être, mais elle sait que c’est ce que tu veux. Elle sait que, si elle ne veut plus te perdre, elle doit en passer par là.

    Non, pas cette fois, je te dis ! protesta vivement Derek. J’étais prêt à attendre, surtout après ce qu’elle venait de vivre. J’aurais attendu, insista-t-il en voyant l’air moqueur de Mark. C’est elle qui l’a voulu. Elle en a vraiment envie, elle me l’a assuré. Mais si ses amis ne sont pas d’accord, si Cristina trouve les mots…


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  • Si c’est le cas, qu’est-ce que tu feras ? se renseigna Mark.

    Derek passa une main dans ses cheveux. Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. J’ai oublié comment vivre sans elle, avoua-t-il avec une intonation douloureuse. Je ne suis pas sûr d’encore y arriver.

    Mark regarda son ami avec commisération. Putain, si c’est ça, être amoureux, Dieu m’en préserve, pensa-t-il. Aussitôt, l’image d’Addison s’imposa à lui. Il se maudit d’être aussi faible et se leva pour prendre une autre bière dans le frigo. Si c’est comme ça, dit-il à haute voix, si tu tiens tellement à cette fille, tu sauras la convaincre. Si Yang a su trouver les mots, tu en trouveras d’autres. Ça prendra un peu plus de temps, c’est tout. Pas bien grave. De toute façon, qu’est-ce que tu as comme autre choix ?

    Partir, murmura Derek.

    Mark plissa légèrement son front. Partir ? Tu veux dire, retourner à New York ?

    Derek hocha lentement la tête de droite à gauche. Non, quitter le pays, changer de continent.

    Pour aller où ? demanda Mark, abasourdi.

    Je ne sais pas. L’Asie, l’Afrique, dit Derek sur un ton désabusé. Ils ont besoin de médecins là-bas. Peu m’importe pourvu que ce soit loin.

    Tu veux devenir un putain de médecin sans frontières ou une connerie de ce genre ? Mark éclata d’un rire sonore à faire trembler les minces parois de la caravane. Ah bon sang ! Vous me ferez toujours rire, toi et ton idéalisme. Aller jouer les crève-la-faim au bout du monde pour oublier une fille ! Il rit à nouveau bruyamment avant de lancer un regard sévère à son ami. Le pire, c’est que tu en serais capable. Réveille-toi, Derek ! Il y a d’autres moyens moins radicaux. Sautes-en une autre, ce sera moins compliqué. Et plus marrant à me raconter.

    Ce serait plus simple, oui, admit Derek. Encore faut-il y parvenir.

    Mark jeta les yeux au ciel devant ce qu’il estimait être de la mauvaise foi. Et comment tu as fait pour oublier Addison ? Tu as été dans un bar et tu as levé la première venue. Tu aimais encore ta femme à ce moment-là. Ça ne t’a pas empêché de bander pour une autre. T’as qu’à renouveler l’expérience.

    La bouche de Derek se tordit en un rictus. Ouais… sauf qu’il y a un hic. Je n’arrive plus à bander pour une autre. Alors, je fais quoi ?

    Mark regarda son ami avec stupeur. Hé ho ! C’est toi qui déconnes maintenant ?

    A ton avis, pour quelle raison, je me suis enfui comme un voleur de chez Rose ? répliqua Derek, le regard morne.

    Mark resta bouche bée. Pour de vrai ? Merde alors ! Il secoua la tête avec un air catastrophé. Tu me l’avais dit à l’époque mais je ne t’avais pas cru. Enfin, je me suis dit que t’avais pas vraiment eu envie, quoi. T’as vraiment pas pu ? insista-t-il, comme si cette éventualité était inimaginable.

    Rien de rien, confirma Derek.

    Mark grimaça. Ouais mais elle, Rose, qu’est-ce qu’elle a fait pour… ? Parce que peut-être que…

    Derek leva les yeux au ciel. Mark ! C’est pas ça le problème. Peu importe ce qu’elle a fait ou pas fait, je suis resté de marbre. Aucun désir. Et ça aurait été la même chose avec n’importe quelle femme, sauf Meredith. Je suis ensorcelé, mon vieux.

    T’es con ! grogna Mark. Les sorts, ça n’existent pas. Un moteur se fit entendre. Mark sourit. On va le savoir directement. Voilà justement ta sorcière.

    Il n’avait pas encore fini sa phrase que Derek sortait de la caravane comme un diable jaillit hors d’une boite, juste à temps pour voir Meredith lui sourire au travers du pare-brise. Il se précipita à sa rencontre. Elle était à peine hors du véhicule qu’il prit son visage entre les mains. Tu es là ! Tu es là ! Tu es enfin là !

    Elle se serra contre lui. Mais oui. Où veux-tu que je sois ?

    Je t’attends depuis si longtemps. Il déposa un baiser sur ses lèvres.

    J’ai fait le plus vite possible, pourtant, mais tu sais, le temps de prendre mes affaires, se justifia-t-elle. Et j’ai un peu parlé avec Izzie et Cristina tout de même. Ah et aussi, avant de venir, je me suis arrêtée au traiteur italien. Tu ne voudrais pas qu’on meure de faim tout de même ? Derek rit et enfouit son visage dans la chevelure de son amie. Meredith aperçut Mark qui venait vers eux. Oh Mark ! Vous êtes là ? Je suis contente de vous voir.

    Mark la salua d’un petit hochement de tête. Bonsoir Meredith. Heureux de vous voir aussi. Vous semblez en pleine forme. ça me fait plaisir.

    Merci. Meredith se détacha de Derek pour donner une longue accolade à Mark. C’est gentil d’être venu tenir compagnie à votre ami.


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