• Dieu merci, Saint Brian est parti ! s'écria Derek avec autant d'ironie que d'amertume.

    Pourquoi tu dis ça ? lança Meredith sur un ton légèrement agressif.

    Parce qu'il m'a saoulé avec ses bons conseils et ses leçons de morale, répondit Derek.

    Et ça justifie que tu aies été aussi odieux avec lui ? répliqua la jeune fille.

    Je n’ai pas été odieux, protesta Derek. Mais je ne suis pas là… - il fit une grimace censée représenter Meredith en admiration devant Brian - aaahhh… bouche bée devant lui, à boire toutes ses paroles.

    Je ne suis absolument pas bouchée bée devant lui, se défendit Meredith. Et je ne bois pas ses paroles. C'est juste que j'ai apprécié de parler musique avec quelqu'un qui aime plus ou moins la même chose que moi.

    Et qui dit que je n'aime pas les mêmes chanteurs que toi ? Pourquoi tu ne m’as jamais dit que tu étais fan de Britney Spears ? demanda Derek avec une moue boudeuse.

    Parce que tu ne me l'as jamais demandé, tiens ! rétorqua Meredith. Et aussi parce que l'occasion ne s'est pas présentée. J'avais douze ans quand elle a commencé à chanter. Mes goûts ont quelque peu évolué depuis. Et de toute façon, je n'ai jamais pensé que c'était ton genre musical.

    Derek se vexa d'emblée. Pourquoi ? Je suis trop vieux pour ça, sans doute !

    Meredith leva les yeux au ciel. Personne ne dit ça. Mais sois honnête, tu en connais beaucoup des hommes qui sont fans de Britney ? Surtout à ton âge. Moi pas. Alors, n'essaie pas de me faire croire que tu aimes ses chansons. 

    Non, pas vraiment, admit Derek du bout des lèvres.

    Bon, eh bien, alors, pourquoi tu me fais cette scène ridicule ?

    Assis dans son fauteuil, Mark avait suivi la conversation comme s'il assistait à une pièce de théâtre. Un véritable vaudeville ! Je crois que ça s’appelle la jalousie, expliqua-t-il, hilare, à l’attention de Meredith.

    Celle-ci prit un air ahuri. Jalousie ? Vis-à-vis de Brian ? Parce que j'ai discuté pendant un quart d'heure de musique avec lui ? C'est ridicule ! Derek lui lança un regard noir. Ce n'est pas parce qu'on a les mêmes goûts musicaux qu'on va sortir ensemble, poursuivit-elle. En plus, il est avec Callie et il a plutôt l'air de tenir beaucoup à elle.

    Mark eut l'air sceptique. Oui, enfin, ne te fais pas trop d’illusions. Ça ne va pas se terminer par un mariage, leur histoire. Une fois qu’il aura eu ce qu’il voulait… Je ne suis pas convaincu qu’on le reverra demain, ce brave Brian.

    Je n'ai jamais dit qu'ils allaient se marier, objecta Meredith. Mais ça ne m'étonnerait pas du tout que ça continue entre eux. Ils ont l'air bien ensemble. Et je ne le connais pas mais il me donne l'impression de ne pas être intéressé que par le sexe. L'argument fit ricaner les deux hommes, mais elle choisit de les ignorer. Dans tous les cas, je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas marcher entre eux.

    Peut-être parce qu’il a une vingtaine d'années et qu’elle, elle en a trente-trois, avança Derek, moqueur.

    Oui, comme nous, lui fit remarquer sa petite amie.

    Il fronça les sourcils. Comment ça ?

    Meredith haussa les siens, ce qui fit plisser légèrement son front. Ben oui, j'ai vingt-et-un ans et toi, trente-cinq. Je dirais même que la différence d'âge est plus grande entre nous qu'entre eux.

    Derek hocha la tête avec un air supérieur. Rien à voir ! 

    Meredith se mit à rire. Comment ça, rien à voir ? Ben si, justement. Ou alors, tu considères que c'est différent pour eux parce que dans leur cas, c'est Callie la plus âgée ?

    Mark vint à la rescousse de son ami. Il faut avouer que ça change sacrément la donne.

    Meredith parut interloquée. Ah bon ! En quoi ?

    Eh bien, tout simplement, parce que d'un point de vue physique, une femme vieillit beaucoup plus vite qu'un homme. A trente-trois ans, évidemment, il n’est pas encore question de ça mais dans quinze ans… Inconscient des foudres qu’il allait déchaîner, Mark commença à développer sa théorie. Sauf pépin de santé, un homme de cinquante ans est encore dans la force de l'âge et sa libido est intacte, tandis qu'une femme… La ménopause est là et…

    Meredith lui coupa la parole. Et tu es un fameux macho ! Tu veux qu'on parle du nombre d'hommes de cinquante ans qui prennent déjà du Viagra ? A part la reproduction, je crois que de nos jours, la femme de cinquante ans peut être autant dans le coup qu'un homme. Elle se tourna vers Derek. Pour des hommes qui se disent modernes, vous avez vraiment des idées d'un autre temps.

    Il était hors de question pour Derek de reconnaitre qu'il avait tort. De toute façon, la question ne se posera même pas. Je te parie ce que tu veux que, demain, Brian aura disparu de nos vies et tant mieux ! Il m’a pompé l’air avec sa morale à deux balles.


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  • Oui, enfin, il faut tout de même admettre qu’il n’a pas dit que des conneries, estima Mark.

    Derek le fusilla du regard. Ah oui ? J'aimerais bien savoir en quoi.

    Mark désigna Meredith du menton. Ben, au sujet de ses études, par exemple. Il regarda la jeune fille franchement dans les yeux. C’est toi qui as dit n'importe quoi, une fois de plus. Devinant que les deux hommes allaient encore lui faire la leçon, elle reprit place dans le canapé en soufflant fortement, pour indiquer son exaspération.

    Ah ça, c'est vrai ! s'exclama Derek en se tournant vers elle. Ce manque de confiance en toi ! On en a déjà parlé des dizaines fois mais quoi qu'on te dise, tu restes toujours bloquée sur cette idée que tu n'y arriveras pas. C'est terriblement agaçant.

    Mark vit que Meredith allait répondre et l’en empêcha en intervenant précipitamment. D’ailleurs, je trouve qu'on en a déjà beaucoup trop parlé. Il est temps d’agir maintenant.

    Et qu'est-ce que tu entends par agir ? s'enquit Meredith, méfiante.

    Prendre ta vie en main, dit Mark. Discuter, réfléchir, c'est bien, mais à un moment, il faut se lancer. Et j'ai quelque chose qui va t'y aider. Sans laisser à la jeune fille le temps d'encore réagir, il se leva et se dirigea vers le palier. Je n'avais pas prévu de te l'offrir tout de suite mais vu ce que je viens d'entendre, je pense qu'il vaut mieux ne plus attendre. Tu as besoin d'un coup de pied au cul et je vais te le donner.

    Sur la défensive, Meredith se raidit imperceptiblement. Quel genre de coup de pied ?

    Le meilleur qui soit. Tu vas voir. Mark sortit du salon et dévala l'escalier pour se rendre dans sa chambre.

    Derek pensa à ce que son ami lui avait dit un peu plus tôt, au sujet de sa crainte que son cadeau ne passe inaperçu si lui était dans les parages. Il se leva à son tour. Eh bien, pendant ce temps-là, je vais aller faire des courses. On n'a presque plus de whisky.

    Meredith le regarda comme s'il était insensé. Tu rigoles ! Vous n'avez bu qu'un verre chacun. Et de toute façon, Callie a dit qu'elle en avait acheté aussi.

    Ah oui, c'est vrai. Oh mais je trouverais bien quelque chose d'autre à acheter. Du vin par exemple. Il se pencha vers elle pour l'embrasser.

    De plus en plus suspicieuse, elle s'inclina légèrement en arrière pour l'éviter. Pourquoi ai-je l’impression d’être l’objet d’une conspiration ?

    Il lui tapota le bout du nez avec l'index. Je ne serai pas long.

    Elle le retint par la main. Dis-moi ce qui se passe.

    Je ne vois pas de quoi tu parles. Il déposa un baiser furtif sur ses lèvres et prit la fuite avant qu’elle essaie d’en savoir plus. Il n’était pas certain de pouvoir résister à ses tentatives de charme.

    Evidemment, elle le suivit. Et moi, je suis sûre que tu vois très bien. N'essaie pas de me faire croire que Mark a préparé quelque chose sans t'en parler. Surtout si ça me concerne. Je parie même qu'il t'a demandé ton avis avant.

    Absolument pas ! assura Derek en enfilant ses boots.  

    Allez, dis-moi ce que c'est, le supplia Meredith.

    Il va le faire, dit Derek en lui désignant Mark qui venait d'apparaitre à la porte du couloir qui menait aux chambres. Moi, je file. Il quitta la maison sur un dernier baiser à son amie.

    Où est-ce qu'il va ? se renseigna Mark, surpris.

    Faire des courses, parait-il, répondit Meredith. Mais je crois plutôt qu'il veut nous laisser seuls pour le fameux coup de pied au cul. Tu vas enfin te décider à me dire ce que c'est.

    C'est dingue, vous les femmes, vous ne savez pas attendre, persifla Mark qui portait un grand sac à bout de bras. Il remonta l'escalier avec sa camarade sur les talons.

    Si tu ne faisais pas tant de mystères, je ne serais pas comme ça, certifia-t-elle.

    Chaque chose en son temps, jeune fille. Mark déposa son sac sur la table de salle à manger avant de faire asseoir Meredith sur une chaise. Il prit place devant elle. Alors, voilà ! Tu viens d'avoir ton vingt-et-unième anniversaire et…

    Elle l'interrompit aussitôt. C'est quelque chose dont je n'ai pas envie de me souvenir et tu sais pourquoi.

    Bien sûr que je le sais ! s'écria-t-il. Il t'est arrivé une des pires choses qui puissent arriver mais tu ne dois pas laisser cette horreur occulter tout le reste. Vingt-et-un ans, c'est un bel âge. Tu ne t'en rends pas compte, mais en-dehors de ce que tu as subi, c'est un moment formidable de ta vie. Tu entres dans l'âge adulte mais il te reste encore cette insouciance de la jeunesse pour te permettre de croire que tout est possible.


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  • Mark prit la main de Meredith avant de poursuivre. Je ne sais pas comment notre relation va évoluer, si Derek et toi allez rester ensemble, vous marier, avoir des enfants, ou si vous allez finir par vous séparer, et si moi, je vais rester dans ta vie mais quoi qu'il arrive, je veux que plus tard, quand tu seras une vieille dame toute fripée - elle sourit - et que tu penseras à tes vingt-et-un ans, tu te dises, oui, c'est vrai, un pauvre type m'a agressée mais il n'a pas réussi à foutre ma vie en l'air. Et à côté de ce terrible moment, il y en a eu tellement d'autres qui étaient vraiment incroyables. Et il y avait Mark, c'était mon ami et il croyait en moi. Il était convaincu que j'étais capable de réaliser de grandes choses. La voix de Mark s'étrangla un peu sous l'effet de l'émotion et il toussota pour la ramener à la normale. Je comprends tes réticences, Mer. Je comprends tes doutes et tes peurs. Je comprends tout ça mais je ne veux pas que ça te freine. Contrairement à ce que tu crois, le plus grand problème, ce n'est pas l'argent. Pour ça, on trouvera toujours des solutions, je t'assure. La seule chose qui compte vraiment, ce sont tes rêves et je veux que tu les réalises. Pour ça, il faut que tu oses te lancer dans le grand bain et je vais t'aider à le faire. Il souleva le sac qui était à ses pieds et le déposa sur la table. C'est pour toi. C'est mon cadeau d'anniversaire.

    Meredith ouvrit timidement le sac et découvrit plusieurs paquets emballés dans un sobre papier bleu foncé, et au-dessus de ces paquets, une enveloppe qui portait son nom. Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.

    Ben, ouvre. N'aie pas peur, ce n'est pas de l'anthrax, plaisanta Mark.

    Meredith décacheta précautionneusement l'enveloppe et en retira plusieurs feuillets. Elle déplia le premier et découvrit, dactylographiée en plein milieu de la feuille et en énormes caractères majuscules, la mention "Bon pour une visite de l'Université de Berkeley". En bas de la feuille, il y avait un nom et un numéro de téléphone. Elle releva les yeux vers Mark et lui sourit. Tu m'as organisé une visite de Berkeley ?

    Il opina de la tête. Oui. Tu n'as qu'à téléphoner à cette personne - il pointa le doigt vers la feuille de papier - et elle te fera visiter le campus à la date qui te convient. Ça ne veut pas dire que tu devras obligatoirement faire tes études à Berkeley mais ça te donnera une idée de ce qu'est la vie à l'université, comment c'est organisé et tout ça. Mais regarde, il y a encore d'autres surprises.

    Meredith replia soigneusement la feuille qu'elle tenait en main avant de prendre la deuxième. Il y était écrit, avec la même typographie que sur le premier feuillet, "Bon pour un entretien amical et sans aucune pression avec les professeurs de la faculté de psychologie", et juste en-dessous, en caractères plus petits, "Pour poser sans crainte toutes les questions qui te torturent l'esprit". Sous le texte, il y avait un dessin représentant une piscine avec un plongeoir au bout duquel se tenait une jeune femme aux longs cheveux blonds, vêtue d’un bikini rouge, qui était penchée en avant pour regarder l’eau. De part et d’autre de ce personnage dans lequel Meredith n’eut aucun mal à se reconnaitre, il y avait une bulle de dialogue dans laquelle il était écrit "Il est temps que tu sautes". Le sourire de Meredith s’élargit. Subtil, le message ! ironisa-t-elle.

    Pas trop, non, reconnut Mark en souriant lui aussi. Mais il a le mérite d’être clair.

    Et c’est toi qui as fait le dessin ? lui demanda Meredith avec curiosité.

    Penses-tu ! Je suis nul en dessin, avoua-t-il. C’est un de mes infirmiers qui a fait ça. Il est assez doué.

    Je vois ça. Meredith déposa la feuille sur la table pour regarder le reste du contenu de l’enveloppe. Sa bouche s’arrondit quand elle vit qu’il s’agissait d’un formulaire portant le titre de "Scholastic Assessment Test". Tu m’as inscrite au SAT, c’est ça ? 

    Eh bien, je l'aurais fait si j'avais eu tous les renseignements qu'ils demandent. Comme je ne les avais pas, j'ai simplement pris les documents pour que tu les remplisses. Mark posa la main sur celle de Meredith. Crois-en mon expérience, il n’y a que le premier pas qui coûte. Une fois que tu auras passé le test et que tu l’auras réussi…

    Si je le réussis, objecta Meredith.

    Mark leva les yeux au ciel. Mais tu vas réussir. Tu es une fille brillante. Ton seul problème, c'est que tu n'as pas assez confiance en toi.

    La jeune fille reporta son attention sur le contenu du sac. Et il y a quoi dans ces paquets ?

    Ben, ouvre.

    Elle défit les emballages et en retira des manuels de mathématiques, biologie, chimie et physique. Oh tu as pensé à tout, je vois.

    Mark sourit. Videmment ! Qu’est-ce que tu crois ?

    Meredith reposa le livre qu'elle tenait en main pour se blottir dans ses bras de son ami. Il l'étreignit avec force. Merci, murmura-t-elle. Tu es le meilleur ami que j'ai jamais eu. Je t'aime vraiment beaucoup. Mark sentit une boule d’émotion lui bloquer la gorge. Incapable de répondre quoi que ce soit, il se contenta de tapoter sa main dans le dos de la jeune fille. Elle releva la tête pour l'embrasser sur la joue au moment où il abaissait la sienne pour faire de même. Leurs lèvres se rencontrèrent. Meredith s'écarta aussitôt, donnant à ce baiser inopiné un caractère furtif que Mark allait regretter jusqu'à la fin de ses jours. Oh pardon, dit-elle, confuse. Je suis désolée.


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  • Mais non, t'excuse pas, répondit Mark, un peu triste de constater qu’elle n’était en rien bouleversée comme lui l’était par leur rapprochement fugace. Il la regarda feuilleter ses manuels, lui souriant à chaque fois qu’elle tournait la tête vers lui avec un air ravi. Le bonheur de Meredith était sa plus belle récompense, et sa réussite serait la sienne, car elle réussirait, il n’en doutait pas un instant. Jamais il n’avait cru en personne comme il croyait en elle. Et pourtant, il avait été son premier détracteur, il devait bien l’admettre et il en était encore honteux. Lui qui se targuait d’être si malin, comment avait-il fait pour ne pas se rendre compte, dès leur première rencontre, qu’elle était merveilleuse ? Il avait été abusé par les apparences, ne voyant pas la beauté qui se cachait derrière les vêtements informes. Quel imbécile ! Et surtout, pourquoi ne s’était-il pas rendu seul à la boutique, le jour où Alex leur avait parlé des nouveaux propriétaires ? Qui sait, s’il n’avait pas été aussi aveugle, vaniteux et stupide, cela aurait pu être lui, le petit ami de Meredith, et non Derek.

    Celui-ci justement passa le nez à la porte. Je peux entrer ?

    Le visage de Meredith s'illumina. Viens vite voir le cadeau que Mark m'a offert.

    Derek s’approcha en souriant. Un cadeau ! Mais qu’est-ce que ça peut bien être ?

    C'est ça ! Prends-moi pour une idiote, répliqua la jeune fille. Comme si tu n'étais pas au courant !

    Je l'ai été dix minutes avant toi, lui apprit Derek. En-dehors de ça, il ne m'avait rien dit. Il a tout comploté tout seul dans son coin.

    Je ne voulais pas risquer qu'il me pique mon idée, blagua Mark en faisant un clin d'œil à la jeune fille.

    Ton excellente idée, rectifia celle-ci. Mais maintenant, j'ai la pression. Et plus aucune excuse pour ne pas y aller, même si ça ne résout pas tous les problèmes.

    Chaque chose en son temps ! clama Mark. Va visiter le campus, discute avec les profs et réussis le SAT. On verra le reste après.

    Derek alla déposer sur le bar les deux bouteilles de vin qu'il avait achetées. En tout cas, tu as mis la barre très haut. Je vais devoir me creuser la tête pour trouver un cadeau qui soit au moins aussi intéressant que le tien.

    Perds pas ton temps, mec ! Je suis le meilleur. Mark esquissa une petite danse pour célébrer sa suprématie.

    Ses amis le regardèrent faire en souriant avant que Meredith ne s'adresse à son amant. De toute façon, tu m'as déjà fait suffisamment de cadeaux. Bloomingdale's, Aspen, c'est déjà bien assez.

    Déclarer forfait ? Et que Mark remporte la palme du plus beau cadeau sans que je ne fasse rien ? Derek secoua énergiquement la tête. Hors de question !

    Meredith soupira. Tu es désespérant. Elle prit les manuels et les emmena au salon, où elle s'installa confortablement dans le canapé pour les feuilleter attentivement.

    Bon, quand est-ce qu'ils vont le livrer, ce repas ? lança Derek en la suivant du regard. Je commence à avoir sérieusement la dalle, moi !

    Mark consulta sa montre. Il est 18h25. Ils sont encore dans les temps.

    Je leur laisse encore un quart d'heure. Après, on les rappelle, décréta Derek. Il rejoignit son amie qui, les sourcils froncés, était plongée dans le manuel d'algèbre. Pourquoi cet air soucieux ? s'enquit-il en s'asseyant à ses côtés.

    Elle referma le livre en le claquant. Parce que je me rends compte que je suis folle de vouloir faire la psychologie.

    Mark se rapprocha de ses amis. Pourquoi ?

    Parce que c'est une matière pour laquelle je vais devoir passer un SAT en sciences et que je suis nulle là-dedans, justement, expliqua la jeune fille avec un air découragé. Et là, les maths, je ne me souviens plus de rien. Les théorèmes, les équations et tout ça, je ne sais même plus ce que c'est.

    C’est à ça que servent les manuels, Mer, déclara Mark. A te rafraîchir la mémoire.

    Rafraichir la mémoire ne suffira pas, déplora Meredith. Va falloir que je réapprenne tout depuis le début. Et ce sera sûrement la même chose pour les sciences. J'vais galérer !

    Derek lui enleva le livre des mains pour prendre celles-ci dans les siennes. Tu oublies quelque chose, bébé. C'est que tu ne seras pas toute seule dans cette galère. On va t'aider, promit-il. Il se trouve que les maths et les sciences, c’est notre domaine.

    Ouais, il paraît qu’on n’est pas trop mauvais, renchérit Mark. Il posa la main sur l'épaule de Meredith. Tu penses bien qu’on ne va pas te laisser tomber tout de même.

    Et vous croyez que ça suffira ?

    Bien sûr que ça suffira ! s’exclama Mark, plein d’assurance. Avec nos trois cerveaux réunis, on va conquérir le monde !

    Meredith se mit à rire. Je me contenterai de l'université.


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  • La sonnette de l’entrée retentit. Ah il était temps ! s’écria Derek. Encore un peu et j’allais mourir d’inanition. Il s’empressa de descendre pour prendre livraison du diner.

    Meredith en profita pour exprimer encore une fois sa gratitude à Mark. Encore merci pour ton cadeau. La visite du campus, la rencontre avec les profs, les manuels et tout ça… Tu ne te rends pas compte à quel point ça compte pour moi, ni à quel point ça me touche. Si, si, je t’assure, ajouta-t-elle alors que Mark haussait les épaules pour lui faire comprendre qu’il estimait ne pas avoir fait grand-chose. Tout ce que tu fais pour moi, ce soutien que tu m’apportes, toujours, en toutes circonstances, c’est plus que tout ce que mes amis n’ont jamais fait pour moi. 

    Eux, ils sont cons ! décréta Mark. Parce qu’il faut être sacrément con pour ne pas se rendre compte que c’est une chance de te connaître. Oublie-les, c’est un conseil que je te donne.

    Derek réapparut avec les sacs du traiteur. Mark et Meredith eurent leurs narines agréablement flattées par les arômes qui s’en échappaient, ce qui leur fit réaliser qu’ils avaient terriblement faim, eux aussi. Il ne leur fallut que quelques minutes pour dresser la table et ouvrir les plats. Ils firent un sort au menu que Mark avait commandé – tempuras, yakitoris, ramen, gyozas et poulet braisé aux légumes* – tout en faisant des projets d’avenir pour Meredith, certains plus ambitieux que d’autres, Mark allant même jusqu’à rêver qu’elle devienne un jour la plus jeune directrice de la très renommée faculté de psychologie d’Harvard. La jeune fille crut bon de lui rappeler que son ambition était plus de venir en aide à des enfants que de faire une brillante carrière.

    Après le dîner, ils retournèrent au salon. A peine assis, Mark fit mine de tendre l’oreille. Tiens c’est bizarre, on n’a pas encore entendu les deux autres gueuler.

    Oh tu ne les entendras pas. Ce n’est pas le genre de Brian, assura Meredith.

    Derek haussa un sourcil. Qu’est-ce que tu en sais ? Tu l’as vu pendant dix minutes. C’est un peu court pour prétendre connaitre quelqu’un.

    Tu peux parler ! Il t’a fallu moins de temps que ça pour condamner Donnie, répliqua Meredith.

    Mais tu remarqueras que la suite des évènements m’a donné raison, riposta Derek.

    Oui, oui, sur ce coup-là, tu avais raison, concéda Meredith. Donnie est un pauvre type sans scrupules qui n’est intéressé que par le sexe. Mais Brian n’est pas comme ça.

    Mark s’esclaffa. Ah parce que tu crois que lui, le sexe ne l’intéresse pas ? A ton avis, qu’est-ce qu’il est en train de faire avec Callie ? Des puzzles ? Derek ricana.

    Meredith leva les yeux au ciel. Bien sûr que non ! Mais on peut aimer le sexe sans se sentir obligé de crier pour tout le quartier quand on fait l’amour, et je pense que Brian est comme ça. En tout cas, il m’a donné l’impression d’être discret et respectueux.

    Ou alors, il est tellement nul au pieu qu’il n’y a pas de quoi crier ! laissa tomber froidement Mark.

    Derek approuva d’un signe de tête. C’est sûrement ça !

    Ça ne m’aurait pas étonnée que tu sois d’accord avec ton pote, grommela Meredith.

    Bon, on ne va pas passer la soirée à parler des mérites, réels ou non, de Brian, s’emporta Derek parce qu’il n’appréciait pas l’obstination que mettait sa petite amie à prendre la défense du jeune homme. Dans la foulée, il donna une tape sur le sommet du crâne de Mark qui, le regard tourné vers le palier, semblait attendre l’écho des bruits qui monteraient du rez-de-chaussée. Ni à guetter les cris que pourrait pousser Callie. D’accord ?

    D’accord, maugréa Mark en se frottant la tête. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Si vous avez envie de sortir, on peut aller au Belly Up.

    Meredith plissa le nez pour montrer son manque d’intérêt pour cette proposition. Faites ce que vous voulez mais moi, ça ne me tente pas du tout. Je préfère rester ici.

    Quand je pense que tu n’as que vingt-et-un ans ! se moqua Mark. La jeune fille lui tira la langue. On s’fait une soirée télé alors ? proposa-t-il sans enthousiasme.

    Tout dépend de ce qu’il y a. Derek prit le magazine, vraisemblablement acheté par Callie, qui était sur la table et le feuilleta pour trouver les programmes télévisés du jour. Alors… sur ABC, "Le Bachelor".

    Ah non, pas ça ! Je déteste cette émission, déclara Meredith. Ces filles qui acceptent qu’un type qu’elles ne connaissent même pas les essaie les unes après les autres, sous prétexte qu’il veut trouver la femme de sa vie, ça me dégoute.

    Et lui alors ! Devoir faire une émission de télé pour se trouver une gonzesse, quel pauvre type ! commenta Mark avec mépris.

    Oh tu sais, il y en a bien qui vont dans les peep shows pour ça, persifla Meredith. Derek sourit.

    Mark lança un regard noir à son amie. C’est pour moi que tu dis ça ? Elle adressa un grand sourire, ce qui énerva un peu plus le chirurgien. Mais j’vais pas dans les peep shows, nom de dieu ! cria-t-il. Combien de fois je devrai te le dire ?

     

    *yakitori : petite brochette, traditionnellement de poulet, de la taille d’une bouchée et cuite sur le grill.

    tempura : assortiment de petits beignets (poisson, crustacés, porc, légumes…)

    ramen : nouilles dans un bouillon à base de viande ou de poisson, avec légumes et tranches de porc

    gyoza : ravioli farci avec de la viande de porc et des légumes


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