• Meredith protesta avec véhémence. Derek ! C’est ridicule de dépenser autant d’argent pour un truc que je ne porterai qu’une semaine. Le regard de Derek se durcit et elle eut peur de l’avoir fâché. Embêtée, elle se mordilla les lèvres. La dernière chose qu’elle voulait, c’était se brouiller avec lui. Mais rien ne m’empêche de l’essayer, si tu y tiens vraiment, dit-elle timidement.

    Oui, j’y tiens, répondit Derek un peu sèchement. Il vit que la jeune fille avait peur de l’avoir contrarié et il se radoucit. Et puis, qui sait ? Tu vas peut-être prendre goût au ski et vouloir en refaire l’année prochaine. Alors, ton argument n’est pas valable. Il commença à fouiller distraitement les vêtements qui étaient sur le portant. Et tant qu’on y est, on va en choisir une autre parce que tu n’auras pas assez avec une seule combinaison.

    Stupéfaite, Meredith écarquilla les yeux. Quoi ?

    Derek sourit. Au cas où tu ne le saurais pas, la neige, ça mouille ! se moqua-t-il gentiment. Et quand on débute, on tombe souvent. Tu as besoin d’une autre tenue que tu utiliseras quand la première sera en train de sécher.

    Meredith fit rapidement le calcul dans sa tête. Environ mille dollars par combinaison, soit deux mille dollars pour faire du ski pendant cinq, six jours tout au plus. A condition qu’elle aime ça ! Et qu’elle soit douée pour glisser sur deux lattes de bois ! Sans parler du fait qu’elle avait besoin de bien d’autres choses que de deux combinaisons. A combien allait s’élever la facture ? La perspective d’un montant astronomique l’épouvanta. Je crois que je ferais mieux de renoncer au ski, dit-elle en regardant son amant avec une certaine appréhension.

    Derek agit comme s’il ne n’avait pas entendue. Tiens, regarde celle-ci. Il lui montra une combinaison d’un blanc immaculé avec des bandes de fausse fourrure bordant le capuchon et les poignets. Elle est superbe, je trouve.

    Derek, tu as entendu ce que j’ai dit ? demanda Meredith sur un ton légèrement exaspéré.

    Oui. Derek retira le cintre du portant et le fit tourner entre ses doigts pour voir la combinaison sous tous les angles. Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

    Meredith leva les yeux au ciel. Elle est belle, évidemment. Mais en blanc, comme ça, c’est hyper salissant. Je vais la mettre une fois et ce sera foutu.

    Derek haussa les épaules. Mais non, ce ne sera pas foutu. Il suffira de la donner au pressing.

    Meredith ricana. Mais oui, bien sûr, et tant qu’on y est, on devrait en prendre une troisième, pour quand la blanche sera au pressing et la noire en train de sécher.

    Derek se mit à rire. Ne me tente pas ! Il la poussa délicatement dans le dos, en tenant sur le bras les deux combinaisons dont elle ne voulait pas. Allez, avance, vilaine fille.

    Une vendeuse, qui les observait depuis un petit moment, s’approcha d’eux avec un grand sourire. Bonjour. Je peux vous aider ? Madame veut essayer ?

    Peut-être, si vous arrivez à la décider, répliqua Derek avec un air légèrement moqueur. Figurez-vous qu’elle n’en veut pas. Outrée qu’il la dénonce, à l’employée du magasin qui plus est, Meredith le fusilla du regard.

    La vendeuse parut étonnée. Oh vraiment ! Mais peut-être que Madame n’aime pas les modèles que vous avez choisis.

    Terriblement gênée, Meredith rougit. Non, ça n’a rien à voir. Ces combinaisons sont magnifiques.

    Alors, essayez-les, suggéra la vendeuse. Ça ne vous engage à rien. Elle fit signe au couple de la suivre. Vous avez beaucoup de chance, Madame. Elle se tourna vers Derek, avec un regard plein d’envie pour ce bel homme qui paraissait si généreux. Moi, j’aimerais bien que mon copain m’emmène faire du shopping et me choisisse d’aussi beaux vêtements.

    Ah tu vois ! s’exclama Derek, heureux du soutien que lui apportait cette femme.

    N’abuse pas, grommela Meredith en lui lançant un autre regard noir.

    Ils entrèrent dans la salle d’essayage et la vendeuse ouvrit la porte d’une cabine pour que Meredith puisse y entrer. Après lui avoir remis les deux combinaisons, elle referma la porte et s’éloigna de quelques pas pour laisser le couple discuter tranquillement si besoin était. Meredith commença à se déshabiller. Pour qui il me fait passer ? bougonna-t-elle. Et l’autre, là, comme si j’avais besoin de son avis ! Elle enfila la première combinaison. Sa hargne s’évanouit quand elle se vit dans le miroir. Il fallait bien reconnaitre que cette tenue lui allait comme un gant.

    N’oublie pas de venir te montrer, lui rappela Derek en s’asseyant sur un tabouret recouvert de cuir noir. Je veux voir comment ça te va.


    1 commentaire
  • Meredith sortit de la cabine avec mauvaise grâce mais la lueur qu’elle vit dans le regard de son amant mit instantanément fin à sa bouderie. Elle marcha lentement d’un bout à l’autre de la salle. La voir défiler ravit Derek. Même en vêtement de sport, elle était d’une élégance folle. Tourne un peu, la pria-t-il juste pour le plaisir de l’admirer encore. Il regretta soudain la présence de la vendeuse qui l’empêchait d’être totalement spontané. Tu aimes ? se borna-t-il à demander.

    Oui, bien sûr, j’aime beaucoup.

    Elle vous va vraiment très bien, commenta la vendeuse qui sentait que Meredith était hésitante.

    Cette dernière se pencha vers Derek. Mais c’est vraiment beaucoup trop cher, lui murmura-t-elle à l’oreille.

    Il ignora sa remarque. Je suis contente qu’elle te plaise. Nous allons la prendre, dit-il à la vendeuse. Maintenant, Madame va essayer l’autre.

    Meredith rentra dans la cabine non sans avoir décoché un énième regard furibond à son compagnon. Elle retira la combinaison noire pour essayer la blanche. Son regard tomba sur l’étiquette et elle faillit s’étrangler en découvrant le prix. Mille trois cent nonante-neuf dollars ? C’était inconcevable pour elle. Mais que faire ? Elle ne pouvait tout de même pas faire une scène à Derek devant la vendeuse et les autres clientes. Il ne restait plus qu’à espérer que la combinaison ne lui irait pas. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Quand elle sortit de la cabine, les yeux de Derek étincelèrent de fierté. Il résista à l’envie de clamer que cette superbe fille, qu’il trouvait bien plus belle que tous les top-models qui étaient en couverture des magazines, était à lui, rien qu’à lui. Une bouffée de désir monta en lui. Une semaine plus tôt, il aurait renvoyé la vendeuse et entraîné Meredith dans la cabine d’essayage. Là, il se contenta de lui sourire affectueusement. Tu es superbe.

    Lire autant d’admiration dans ses yeux radoucit la jeune fille. Tu trouves ? Elle tourna sur elle-même en se regardant dans un miroir avec un petit sourire. C’est vrai qu’elle est belle. Mais honnêtement, ce n’est pas raisonnable.

    Ce qui ne le serait pas, ce serait de ne pas la prendre, rétorqua Derek avec un petit sourire malicieux. C’est comme si cette combinaison avait été faite tout spécialement pour toi. Il s’adressa à la vendeuse. Nous prenons les deux. Il regarda son amie rentrer dans la cabine en pensant au plaisir qu’il éprouverait à lui enlever ces combinaisons, quand ils seraient à Aspen. Il espérait en tout cas en avoir l’occasion.

    Après s’être rhabillée, Meredith ressortit avec les deux combinaisons sur le bras. On n’a peut-être pas besoin de prendre les deux, chuchota-t-elle à son compagnon.

    Il la prit par la taille avant de la soulager des vêtements qu’elle portait et qu’il tendit à la vendeuse. Bébé, laisse-moi te faire plaisir et me faire plaisir aussi, lui dit-il à voix basse. J’aime te faire des cadeaux. Ça me rend heureux.

    A nouveau, il venait de trouver les mots pour que Meredith rende les armes. Elle lui sourit. Si ça te rend heureux, alors… Merci. Elle se haussa sur la pointe des pieds et, sans se soucier de la vendeuse, embrassa passionnément Derek.

    Ce dernier se tourna ensuite vers l’employée du magasin encore une fois. Vous pouvez vous charger des combinaisons pendant que nous continuons nos achats ?

    Certainement, Monsieur. La vendeuse débarrassa Meredith des combinaisons de ski et sortit de la salle d’essayage.

    Continuer nos achats ? dit Meredith avec un air inquiet. Quels achats ?

    Il te faut encore plein de choses pour Aspen, décréta Derek en lui prenant la main pour sortir de la salle. Alors, maintenant, direction… Il regarda autour de lui. Là-bas ! Il pointa le doigt vers l’arrière du magasin. Je crois qu’on va trouver tout ce qu’il nous faut.

    Tu exagères, se plaignit Meredith en le suivant. J’étais d’accord pour acheter des chaussures, une veste, et une combinaison de ski. Là, je t’ai déjà laissé m’en acheter deux. Alors …

    Derek lui coupa la parole. Alors, nous devons encore trouver les chaussures, la veste et tout ce qu’il faut porter en-dessous pour avoir bien chaud. Tu ne peux pas imaginer à quel point il fait froid à Aspen. 

    Meredith soupira. Tu as toujours réponse à tout.

    Heureux d’avoir réussi à vaincre ses dernières réticences – du moins, c’était ce qu’il croyait – Derek l’embrassa sur la tempe. Quelques mètres plus loin, il s’arrêta devant un rayon de vêtements créés par Michael Kors. Meredith sentit ses craintes se raviver en voyant le nom du créateur. Pourquoi son amoureux n’avait-il pas des goûts plus simples ? Elle l’observa alors qu’il passait rapidement en revue, avec un regard qui lui sembla critique, les pulls qui étaient devant lui. Il arrivait au bout d’un portant et elle pensait être sauvée quand il retira un cintre sur lequel pendait un ravissant pull à capuchon en laine cachemire d’un rose dragée des plus délicats. Regarde, c’est beau, ça, dit-il en le hissant en l’air, devant le visage de son amie.


    1 commentaire
  • Le premier geste de Meredith fut de retourner l’étiquette. Elle crut défaillir. Le prix était de mille trois cent trente-trois dollars. Ah ben, à ce prix-là, il peut être beau, grogna-t-elle. Il n’est pas question que je porte quelque chose d’aussi cher. Elle passa au portique voisin et commença à fouiller les vêtements, en prenant soin de vérifier le prix à chaque fois que quelque chose lui plaisait et sans pouvoir s’empêcher de faire des commentaires. Moche. Trop cher. Horrible. Trop cher. Non mais sérieux, huit cents dollars pour ça ? Honteux, maugréait-elle. Tout à coup, elle brandit un pull rouge. Voilà, celui-là, il fera l’affaire.

    Derek parut surpris. Tu le trouves beau ? Pour sa part, il le trouvait tout à fait banal.

    Meredith haussa les épaules. Oh tu sais, un pull, c’est un pull. Et celui-ci coûte nonante-six dollars. Je ne trouverai pas moins cher ici, apparemment.

    Mais on s’en fout du prix, répliqua Derek. Est-ce qu’il te plait au moins ?

    Oui, oui, il est très bien, dit Meredith sur un ton qui dénotait un peu de nervosité.

    Derek passa la main sur le lainage et grimaça. Ouais. Il est plus rêche et beaucoup moins chaud surtout. Il lui présenta à nouveau le pull rose. Franchement, celui-là est beaucoup plus…

    Elle l’interrompit avec fermeté. Derek, il n’y a pas moyen que je prenne un pull qui coûte aussi cher. Déjà, j’aurais trop peur de l’abimer. Et puis, ça me choque, c’est trop. Ce n’est pas moi. Et si jamais quand on sera à Aspen, je trouve que les miens ne sont pas assez chauds, je chercherai une petite boutique là-bas.

    Derek se retint de sourire. Elle était tellement naïve, s’indignant des prix pratiqués chez Bloomingdale’s et refusant qu’il dépense trop d’argent pour elle ; mais elle envisageait de faire du shopping à Aspen où tout était hors de prix. Cependant, il se garda bien de le lui dire. Cela allait lui permettre de la prendre à son propre jeu. Très bien. Tu n’as pas tort au fond. On pourra faire du shopping là-bas, ça nous occupera.

    Tout à fait. Heureuse d’avoir eu gain de cause, elle reprit ses recherches jusqu’à ce qu’elle trouve un pull bleu électrique en mohair. Ah celui-là, il est beau. Et il est en solde. Quatre-vingt-cinq dollars pour un mohair, c’est une affaire. Je le prends. Ensuite, elle choisit rapidement deux autres pulls, un vert pastel et un gris perle, en se basant principalement sur leur prix. Voilà, j’ai trouvé !

    Très bien ! Derek lui enleva les quatre pulls. Alors, maintenant tu as besoin d’une veste de ski et des bottes aussi. Il la prit par la main et fit quelques pas avant de d’arrêter devant un magnifique pull irlandais signé Ralph Lauren. Bébé, regarde ce pull. Il est splendide. Il lui jeta un regard suppliant. Tu ne veux pas te laisser tenter ?

    Non, merci. Meredith sourit en voyant sa mine de petit garçon désappointé. Tu es pire qu’une fille. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point tu étais accro au shopping.

    Derek eut un petit rire. Oh je te rassure, je ne le suis pas du tout. En tout cas, pas pour moi. Mais pour toi, j’aime ça, j’avoue. J’aime te faire des cadeaux. Il lui embrassa légèrement les lèvres. Et tu n’as encore rien vu, se dit-il en pensant avec délice aux folies auxquelles il se livrerait pour elle à Aspen.

    Et j’adore que tu me fasses des cadeaux, assura-t-elle en se serrant contre lui. Mais je ne veux pas que tu te ruines pour moi.

    Derek rit encore. Oh j’en suis loin. Ne t’en fais pas pour ça.

    Ils se promenaient dans les allées à la recherche d’un modèle de veste qui leur plairait quand Meredith aperçut une imposante table en bois sur laquelle étaient exposés des accessoires chauds. Ah il me faut un bonnet, s’écria-t-elle. J’en ai un mais il est usé.

    Eh bien, on va le remplacer, promit Derek en se dirigeant vers la table en question. Et il te faut aussi une paire de gants, un masque de ski et des lunettes de soleil, énuméra-t-il en lorgnant sur les présentoirs qui étaient juste à côté.

    Pendant qu’il regardait les différents modèles de lunettes, Meredith enfila un bonnet rouge vif au sommet duquel il y avait un long cordon qui se terminait par un gros pompon blanc. Elle secoua la tête pour faire tourner le pompon, ce qui la fit éclater de rire. Regarde ! C’est le bonnet de la fille du Père Noël.

    Derek fut frappé par la jeunesse qui se dégageait d’elle. En ce moment, elle était vraiment une petite fille, mais une petite fille très désirable. Il lui sourit avec malice. Mouais, il est pas mal. Il s’approcha de la table et farfouilla parmi tous les bonnets. Mais je préfère celui-ci. Il lui tendit un bonnet de couleur moutarde avec des petits pompons bruns disséminés sur toute la surface.

    Elle éclata de rire. Mon dieu que c’est moche ! Je le mets si toi, tu mets ça. Elle brandit ce qui ressemblait à un chapeau d’aviateur, lequel était bordé par une bande de fourrure de coyote.

    Derek recula aussitôt d’un pas. Pas question !

    Pourquoi pas ? C’est mignon comme tout. Et ça vaut deux cent soixante-cinq dollars tout de même, révéla Meredith après avoir regardé l’étiquette.


    1 commentaire
  • Derek n’en revint pas. Deux cent soixante-cinq dollars pour cette horreur ?

    Oui. Allez, mets-le ! Meredith avança vers lui en lui présentant le chapeau d’aviateur à hauteur de sa tête.

    A la fois contrarié et amusé, Derek secoua la tête. N’y pense même pas ! Je suis connu, moi, ici. Machinalement, il regarda autour de lui pour voir si personne ne les observait.

    Monsieur a peur de compromettre son image ? ironisa Meredith. Avant qu’il ait eu le temps de faire le moindre geste, elle lui enfonça le chapeau sur la tête en éclatant d’un rire triomphal. Ha ha, j’t’ai bien eu ! Elle remplaça son bonnet rouge par celui à pompons.

    Derek arracha immédiatement le couvre-chef de sa tête et se regarda dans un miroir. Il fut dépité de voir que ses cheveux étaient devenus électriques au contact du tissu. Franchement, Meredith, c’est pas marrant, grommela-t-il, la lippe boudeuse.

    La jeune fille riait tellement qu’elle se mit à hoqueter. Oh si, si, c’est très marrant.

    Derek se regarda à nouveau dans le miroir, avec ses cheveux en bataille, et regarda ensuite son amie qui riait aux larmes, avec l’horrible bonnet à pompons sur la tête. Tout à coup, il réalisa le ridicule de leur situation. Il partit lui aussi dans un fou rire incontrôlable, sans se soucier le moins du monde des gens qui se retournaient vers eux. Il ne se souvenait pas d’un seul moment dans sa vie où il avait ri autant et de si bon cœur. Quand il s’arrêta, il prit son amie dans les bras après lui avoir retiré son bonnet et colla leurs nez l’un contre l’autre. Tu es complètement folle, mais j’adore ça. Il noua ses mains dans le creux des reins de Meredith pour que leurs bassins se joignent. Maintenant que je me suis ridiculisé devant tout le monde avec cette horreur sur la tête, j’ai bien droit à une récompense, non ? Sans attendre la réponse, il prit sa bouche et, en toute impudeur, l’investit totalement avec sa langue conquérante.

    Sentant peser sur eux les regards que leur jetaient les clients, certains attendris, d’autres désapprobateurs, la jeune fille mit fin au baiser. Je crois que si on continue, ils vont nous jeter dehors, murmura-t-elle alors que leurs bouches se frôlaient encore. Elle le repoussa gentiment et remit les bonnets sur le présentoir avant d’en choisir un autre, beaucoup plus sobre, en laine rose pastel un peu scintillante, avec les gants et l’écharpe assortis. Voilà ! Ça, c’est fait.

    Ensuite, après l’avoir aidée à choisir de bonnes moufles pour le ski, Derek la tira vers un présentoir Dolce & Gabbana. Et maintenant, on passe aux lunettes de soleil !

    Est-ce que tu ne serais pas un peu snob ? lui demanda-t-elle sur un ton railleur.

    Il la regarda avec un air interloqué. Pas du tout. Pourquoi tu dis ça ?

    Parce que tu n’achètes que des trucs de marque, et même des marques de luxe, lui fit-elle remarquer.

    Il ne put cacher qu’il était un peu vexé. Ça n’a rien à voir avec du snobisme. C’est juste que la plupart du temps, les articles de marque sont d’une qualité supérieure. Il retira du présentoir une paire de lunettes dont les branches étaient incrustées de petits cristaux Swarovski qui formaient de délicates fleurs. En plus, tu ne trouveras rien d’aussi raffiné dans des modèles tout-venant.

    Oui, c’est très raffiné, reconnut Meredith. Trop. Ce genre de choses n’est pas pour moi. Moi, je préfère quelque chose de plus simple. Elle marcha jusqu’à un présentoir voisin qui exposait des modèles signés Tom Ford. Regarde celles-là. Elle lui montra une paire toute simple, des lunettes aviateur dont les verres étaient légèrement rosés avec un effet miroir. Ça, ça me convient mieux.

    Eh bien, essaie-les alors, l’encouragea Derek.

    Meredith posa les lunettes sur son nez avant de se regarder dans le miroir qui surplombait le présentoir. Oui, elles sont jolies, c’est sûr. Qu’est-ce que tu en penses ?

    Elles te vont très bien.

    Oui, je trouve aussi. Mais… Elle retira les lunettes et regarda son ami avec un air embarrassé. Elles coûtent quatre cent septante dollars. C’est horriblement cher pour quelque chose qui va rester dans un tiroir une fois qu’on sera rentré d’Aspen.

    Derek tiqua. Mais pourquoi ? Tu pourras les mettre à chaque fois qu’il y aura du soleil, ici ou quand nous partirons en week-end. Et comme c’est de la qualité, tu vas pouvoir les garder pendant des années, ajouta-t-il pour la faire fléchir. Allez, bébé, laisse-toi tenter. Elles te plaisent, je le vois. Par acquit de conscience, Meredith passa devant tous les présentoirs en essayant de repérer une paire de lunettes tout aussi jolie que son premier choix, mais moins chère. Elle en essaya quelques-unes mais malheureusement, aucune ne lui plut autant. Derek s’en rendit compte. Je me demande pourquoi tu t’obstines à essayer d’autres modèles puisque tu en as déjà trouvé un qui te plait.

    Parce que presque cinq cents dollars pour une paire de lunettes de soleil, je trouve ça exagéré, expliqua Meredith. Surtout avec tout ce que tu as déjà dépensé pour moi aujourd’hui.


    1 commentaire
  • Eh bien, justement, je n’en suis plus à cinq cents dollars près, rétorqua Derek avec un léger sourire. Si elles te plaisent vraiment, prends-les et n’en parlons plus.

    Meredith s’accrocha à son cou pour l’embrasser sur la joue. Merci, susurra-t-elle. Tu es l’homme le plus généreux que je connaisse.

    Il la regarda avec affection. Ça, ce n’est pas très difficile, vu que tu n’as connu aucun homme avant moi.

    Tu sais, il ne faut pas forcément coucher avec les gens pour les connaitre, répliqua-t-elle avec malice.

    Derek la serra contre lui. Pas faux. Alors, parle-moi un peu de ces hommes généreux avec qui tu n’as pas couché. Elle éclata de rire, ravie de sentir chez lui un brin de jalousie. Après avoir choisi un masque de ski, ils repartirent, enlacés, jusqu’au rayon des chaussures où l’œil de Derek fut d’emblée attiré par une superbe paire de cuissardes en daim velouté noir à talons hauts. Oui, c’est ça. C’est ça qu’il nous faut, murmura-t-il, admiratif.

    Meredith regarda les bottes avec un regard critique. Si je dois faire du ski avec ça, je vais me casser la figure, c’est sûr. Et ça ne fait pas vulgaire, ce genre de bottes ?

    Derek balaya ses objections d’un revers de la main. Pas du tout. Ça dépend comment tu les portes et avec quoi. Et pour les chaussures de ski, on verra à Aspen. Mais celles-ci… – il toucha les cuissardes pour apprécier la qualité du daim – celles-ci, tu pourras les mettre pour sortir ou… Peu importe, il te les faut ! Comprenant que cela ne servirait à rien de le contredire, Meredith chercha sa pointure dans le modèle et ensuite, s’assit sur un petit tabouret pour essayer les bottes, en s’efforçant de ne pas en voir le prix. Vu les tarifs pratiqués chez Bloomingdale’s et la qualité du produit, il valait sans doute mieux pour elle qu’elle reste dans l’ignorance. C’est avec un intérêt non dissimulé que Derek la regarda enfiler les cuissardes. Marche un peu pour que je voie quelle allure tu as. En soupirant, elle se leva pour déambuler devant lui, la démarche légèrement chaloupée. Il l’imagina aussitôt portant les mêmes bottes avec une mini-jupe ou mieux encore, totalement nue. Elles sont splendides. Tu les prends, ordonna-t-il en songeant avec délice au moment où, avec un peu de chance, il pourrait vivre son fantasme.

    Tu ne m’as même pas demandé si j’étais bien dedans, lui fit remarquer Meredith, amusée.

    Il fronça les sourcils. Pourquoi ? Elles te font mal ? Elle hocha la tête en souriant. Ah ouf ! s’exclama-t-il, soulagé. Quand je te disais qu’elles étaient faites pour toi !

    Meredith s’arrêta devant un miroir pour y admirer ses pieds. Ces cuissardes étaient tout simplement somptueuses. Il était indéniable que Derek avait un goût très sûr en matière de mode et un très bon instinct aussi, parce que tout ce qu’il lui avait choisi lui allait à merveille. Elle lui sauta à nouveau au cou. Merci beaucoup. Je les adore. Tu es trop gentil avec moi. Elle l’embrassa fougueusement.

    Elle avait à peine retiré les cuissardes que la vendeuse qui s’était occupé d’eux à leur arrivée et qui les suivait discrètement depuis lors– elle avait immédiatement flairé en Derek le client susceptible de dépenser beaucoup d’argent – les rejoignit avec un grand sourire. Désirez-vous que je porte vos achats à la caisse ? Elle tendit les bras vers Derek afin qu’il lui remette les articles qu’il portait.

    Il s’exécuta aussitôt. Très bonne idée ! Nous serons plus à l’aise pour poursuivre notre shopping.

    Le sourire de la vendeuse s’élargit tandis qu’elle prenait de l’autre main les bottes que Meredith lui tendait. Faites à votre aise. Et surtout, n’hésitez pas à me faire signe si vous avez besoin d’aide. Elle repartit rapidement.

    Je crois que tu t’es fait une nouvelle copine, constata Meredith avec ironie.

    Derek sourit. Les femmes vénales ne m’intéressent pas. Il la prit par la main et ils commencèrent à flâner entre les rayons.

    Après quelques minutes, Meredith remarqua que Derek regardait, l’air de rien, des vêtements qui n’avaient rien de sportif. Je ne crois pas que c’est ici que tu vas trouver ma veste de ski, persifla-t-elle.

    Il l’approuva d’un signe de tête. Ça, c’est certain. Mais on ne va pas faire que skier. On va sortir aussi, aller manger un restaurant, ou sortir en boite, pourquoi pas. Tu ne vas pas aller danser en combinaison de ski, je suppose, conclut-il sur un ton moqueur.

    Meredith lui décocha un regard sombre. Evidemment que non ! Mais j’ai déjà tout ce qu’il me faut pour ça. Alors, on ferait mieux d’aller directement au rayon des vestes.

    Derek souffla. Arrête de râler !

    Mais je ne râle pas ! protesta Meredith. Par contre, toi, tu exagères. J’ai accepté que tu m’achètes tout ce qu’il faut pour le ski mais pas que tu refasses toute ma garde-robe. Si je te laisse faire, tu vas acheter tout le magasin.  


    1 commentaire