• Tu sais ce que je vais faire ? Te tirer de force, comme Mark, menaça Derek. Puisque, apparemment, sa méthode fonctionne bien avec toi.

    Essaie ! répliqua Meredith, en sachant parfaitement qu’il ne ferait rien de tel dans un endroit public. Mark en aurait été capable, mais pas lui.

    Et je vais te bâillonner par la même occasion, persista-t-il. Il s’arrêta de marcher pour la prendre dans ses bras. Allez, fais pas ta mauvaise tête. Laisse-moi m’amuser un peu.

    Tu sais que je ne suis pas une poupée, n’est-ce pas ?

    Si, tu es ma Barbie, plaisanta Derek. Et moi, je suis ton Ken.

    Il pencha la tête sur le côté avec un air implorant et elle se sentit fondre. Qui aurait pu lui résister ? Certainement pas elle. Elle soupira. D’accord. Mais juste un ou deux trucs et pas trop cher

    D’accord. Derek lui adressa un sourire espiègle avant de commencer à chercher des tenues qui correspondaient à ses envies. Petit à petit, il sortit tantôt une robe, tantôt un pantalon, ou encore une jupe, un corsage ou un gilet. A chaque fois, il les mettait à côté de Meredith ou devant elle, en plissant légèrement les yeux comme s’il visualisait les tenues sur elle. Hmm… tout ça devrait t’aller comme un gant.

    Sachant qu’elle n’arriverait pas à le raisonner, Meredith ne fit plus aucune objection. Oh pour ça, je te fais confiance.

    Mais tout ce que j’ai pris te plait ? 

    Oui, oui, ça, je dois dire, tu as plutôt bon goût, concéda Meredith. Elle se montrait détachée mais en fait, elle était vraiment impressionnée. Si elle avait eu les moyens, elle aurait choisi exactement les mêmes vêtements que ceux qu’il avait sélectionnés pour elle.

    Oh que se passe-t-il ? Plus de critiques ? Plus de protestations ? nota Derek.

    Non. J’ai compris que quoi que je dise, tu n’en feras qu’à ta tête, alors j’abandonne, répondit la jeune fille.

    Ah enfin, une parole sensée ! se réjouit Derek. En riant, il fit signe à la vendeuse qui se tenait en retrait à quelques mètres derrière eux, d’approcher.

    Elle accourut pour le soulager de sa charge. Vous voulez essayer ? demanda-t-elle à Meredith.

    Je suppose qu’il vaut mieux, dit celle-ci. Elle regrettait maintenant d’avoir lâché la bride à son ami parce que ça allait lui faire passer un très long moment dans la cabine d’essayage. 

    La vendeuse perçut son manque d’enthousiasme. Vous savez, ce n’est pas obligatoire. S’il y a un problème, vous pourrez procéder à un échange dans les quinze jours, à condition d’avoir conservé le ticket de caisse.

    Très bien, on va faire ça, confirma Derek. Une fois la vendeuse repartie, il se mit derrière Meredith et posa les mains sur ses yeux pour qu’elle ne puisse pas voir où il l’emmenait. Et maintenant la surprise !

    Arrête ! On va encore se faire remarquer, le gronda-t-elle en essayant de retirer ses mains.

    Effectivement, ils étaient le point de mire des autres clients. Mais Derek n’en avait rien à faire. Il ne libéra Meredith qu’une fois devant le mannequin qui portait la robe de satin rose qu’elle avait repérée à son arrivée. En la voyant, elle se retourna d’un seul mouvement vers Derek. Il nota avec satisfaction que ses yeux brillaient de plaisir. J’ai cru comprendre qu’elle te plaisait.

    Elle garda pour elle que ce qui lui plaisait le plus, c’était de constater qu’il faisait tellement attention à elle qu’il était capable de remarquer des choses qu’elle n’exprimait même pas. Oui, elle me plait beaucoup. Mais tu m’as déjà offert tant de choses. Ce serait de la folie.

    Alors, soyons fous. Derek chercha la plus petite taille disponible et, une fois encore, mit la robe devant son amie. C’est ça qu’il te faut. Tu es tellement fine. Il l’embrassa dans le cou. La vendeuse attendit qu’il se redresse pour trottiner jusqu’à eux. Il lui remit la robe. Vous voulez bien la déposer avec le reste ? Nous avons encore un achat à faire.

    Elle avait à peine le dos tourné que Meredith fit la leçon à son amant. Certainement pas ! Plus d’achat ! J’ai tout ce qu’il me faut et toi, tu m’as déjà assez gâtée.

    Mais il ne s’agit pas de te gâter, assura Derek. Tu as vraiment besoin d’une veste de ski et d’une autre plus habillée aussi. Ou un manteau si tu préfères. Mais je veux que tu aies quelque chose d’élégant et de bien chaud.

    Meredith se serra contre lui. Mais tu me promets qu’après, tu arrêtes ? Plus de shopping ? Il promit.


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  • La veste de ski fut vite trouvée. Meredith la choisit classique, tout blanche, parce qu’elle se mariait bien avec les deux combinaisons de ski qu’elle avait prises. Pour le manteau, ce fut un peu plus compliqué. Rien ne lui plaisait jusqu’à ce qu’elle tombe sur un superbe manteau trois-quarts en alpaga bleu ciel, de la collection Max Mara. Ses yeux brillèrent d’envie.

     photo manteau bleu_zpsfpsn3ifn.jpg

    Derek la regarda tourner autour du manteau, le caresser du bout des doigts, et puis passer plus franchement la main sur le tissu pour en apprécier la douceur. Ce n’était pas compliqué de deviner qu’elle avait eu un coup de foudre. Il est bien, ce manteau, dit-il, l’air de rien.

    Tu trouves aussi ? demanda-t-elle dans un souffle, en se retournant vers lui avec un sourire extasié. En plus, il est réversible, mentionna-t-elle après avoir regardé l’étiquette. Cela lui permit également de voir le prix, sept cent quatre-vingt-cinq dollars. Elle avait envie d’avoir ce manteau mais avec tout ce que Derek lui avait déjà offert, elle ne se sentait pas le droit d’ajouter encore ça à la note. Par contre, elle pouvait très bien acheter le manteau elle-même. Avec ce que Cristina et Mark lui avaient donné, elle avait de quoi le payer. Elle décida donc de revenir seule, le lendemain.

    Derek fut surpris de la voir négliger subitement le manteau qu’elle semblait tant convoiter pour s’intéresser à une parka noire tout à fait quelconque. Eh bien, tu ne l’essaies pas ? Elle secoua la tête. Il fronça les sourcils. Pourquoi ? Le problème de Meredith, c’était qu’elle était incapable de mentir. Alors plutôt que de raconter n’importe quoi, elle se tut, essayant de se donner une contenance en caressant le col en fausse fourrure de la parka. En voyant son embarras manifeste, Derek eut un pressentiment et regarda l’étiquette du manteau, comprenant aussitôt la cause de ce revirement. Il soupira. Meredith, par pitié !

    Je t’en prie, ne te fâche pas ! l’implora-t-elle. Mais tu m’as offert tant de choses déjà, et ce manteau, il me plait, c’est vrai, et j’en ai très envie, mais je n’en ai pas vraiment besoin. C’est plus un caprice et je trouve que tu n’as pas à satisfaire ce caprice. J’ai l’argent, je peux le payer moi-même. Ce n’est pas un problème, je t’assure.

    Je n’en doute pas mais il n’est pas question que tu paies toi-même ce manteau. Derek retira le vêtement du cintre et le tendit à la jeune fille.

    Non, je ne veux pas, s’entêta-t-elle. Si tu tiens vraiment à m’acheter une veste, on va prendre cette parka. Elle coûte deux cent quatre-vingts dollars, ça, ça va. Le manteau, je reviendrai l’acheter demain.

    Deux cent quatre-vingts dollars pour cette horreur, c’est du vol ! riposta Derek. Alors, maintenant, on va arrêter de jouer. Tu vas essayer ce manteau, c’est moi qui te le dis ! Il la prit par le bras et passa celui-ci dans une manche. Et tu peux protester, je m’en fous. Tu sais bien que, moi, le scandale ne me fait pas peur. Quand elle eut enfilé le manteau, Derek la prit par les épaules et la conduisit devant un miroir sur pied. Alors, qu’est-ce que tu vas trouver maintenant ? Qu’il ne te va pas ?

    Si, il est parfait mais…

    Il ne la laissa pas continuer. Eh bien, voilà, on est d’accord. Il est à toi ! Un sourire victorieux sur les lèvres, il l’aida à enlever le manteau. Maintenant, on n’a plus qu’à aller à la caisse.

    En le suivant, Meredith tenta de calculer le montant des achats qu’ils avaient faits. En ne tenant compte que des vêtements de ski proprement dit, elle en était déjà à trois mille cinq cents dollars environ. C’était déjà beaucoup plus que le salaire mensuel de beaucoup d’Américains. Elle renonça à calculer le reste. Lorsqu’elle entendit l’employée du magasin annoncer à Derek qu’il devait sept mille cinq cent septante-trois dollars, elle émit involontairement un petit bruit avec sa gorge, une sorte de couinement que seul son amant entendit. Il se tourna vers elle avec un petit sourire tout en tendant sa carte de crédit à la vendeuse. Mal à l’aise, Meredith fit semblant de s’intéresser à un dépliant promotionnel qui était posé sur le comptoir. Elle se demandait ce que l’employée du magasin, ainsi que la vendeuse qui s’était occupée d’eux, pensait d’elle, une fille de vingt ans qui sortait avec un homme plus âgé qu’elle et manifestement très aisé financièrement. La voyaient-elles comme une fille vénale qui n’était avec lui que par intérêt ? Cette idée la révulsa. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle se consola en se disant que le principal, c’était que Derek soit convaincu du contraire. Elle attendit qu’ils se soient éloignés de la caisse pour le prendre dans ses bras. Mille fois merci. Tu es tellement gentil avec moi. Je ne sais pas comment te remercier.

    C’est très simple, profite de ce que je peux t’offrir, sans arrière-pensée, lui recommanda-t-il. Parce que moi, je n’en ai aucune. Je veux simplement que tu sois heureuse et si tu l’es, je le serai aussi. Cela émut tellement Meredith que ses yeux s’emplirent de larmes. Oh ben, qu’est-ce que tu me fais là ? dit Derek d’une voix un peu bourrue. Tu ne vas pas pleurer tout de même ? Il embrassa délicatement ses lèvres. Allez, viens, on rentre à la maison.

    Ils venaient de sortir du magasin quand Meredith baissa le regard vers les sacs pleins à craquer que Derek portait à bout de bras. Tu crois que tu vas savoir tout mettre dans le coffre de ta voiture ? s’inquiéta-t-elle.

    Il se mit à rire. J’espère, sinon on va avoir un problème.  


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  • Quand ils rentrèrent à la maison du parc, Meredith demanda à Derek de monter les sacs dans leur chambre. Elle voulait absolument tout ranger immédiatement dans le dressing, pour éviter que les vêtements se chiffonnent. Les yeux brillants d’excitation, elle les sortit un à un des sacs, les admirant encore une fois avant de couper les étiquettes et de les mettre dans la penderie. Adossé contre le mur, à l’entrée de la pièce, Derek la regardait faire avec le sentiment nouveau et très satisfaisant d’avoir accompli une bonne action. Elle semblait tellement heureuse et le regard qu’elle posait parfois sur lui, à la fois ému et émerveillé, était sa plus belle récompense. C’était tellement bien de la voir aussi détendue, et joyeuse, surtout après l’avoir vue aussi mal ces derniers jours. Il réalisa soudain que cela faisait une semaine que l’agression avait eu lieu, une semaine qu’il n’était pas rentré chez lui et alors qu’il aimait tellement la péniche, elle ne lui manquait pas plus que ça, parce que cette maison qu’il partageait avec Meredith était devenue son foyer.

    La sonnerie de son bipeur résonna. Derek grimaça en consultant son appareil. Il faut que je retourne à la clinique, annonça-t-il. Il fit une autre grimace pour exprimer son regret. Désolé mais je n’ai pas le choix. Il regarda Meredith qui était en train de frotter doucement sa joue sur l’alpaga de son manteau. Tu viens avec moi ou tu préfères rester ici ? lui proposa-t-il. Ça ne va pas durer longtemps mais si tu ne veux pas rester seule…

    Meredith hocha la tête. Non, non, vas-y. Je vais finir de ranger et puis, je me préparerai puisque tu veux aller manger à l’extérieur.

    Je te promets de revenir le plus vite possible. Derek l’embrassa sur le front avant de quitter la pièce.

    Après son départ, Meredith décida d’essayer tous les vêtements qu’il lui avait offerts. Robes, jupes, pantalons, corsages, elle se fit un défilé rien que pour elle. Tout lui allait parfaitement. En se regardant dans le miroir, elle découvrait une nouvelle personne, une jeune femme très féminine et classe, un peu sophistiquée même selon la tenue. Elle y voyait aussi la femme que Derek aimait qu’elle soit et elle était résolue à tout faire pour lui donner satisfaction. Cet homme était son avenir, le seul qu’elle aurait, elle le pressentait, et elle ferait tout pour lui plaire. Après un long passage dans la salle de bains, elle revint dans le dressing pour choisir sa tenue. Evidemment, elle chercha dans les vêtements que Derek lui avait achetés. Après quelques hésitations, son choix se porta finalement sur une courte robe-pull blanche qu’elle associa aux cuissardes. Un coup d’œil dans le miroir de la chambre lui indiqua qu’elle avait une allure folle. La femme qu’elle était en train de regarder avec une certaine béatitude n’avait vraiment plus rien à voir avec la jeune fille qui était arrivée à San Francisco.  

    Après avoir hésité à se maquiller les yeux, elle opta pour un look naturel, avec ses cheveux lâchés. Elle se regarda à nouveau et se trouva très belle. Fais attention à ne pas devenir narcissique et prétentieuse, ma fille ! dit-elle avec un petit sourire.

    Ensuite, elle descendit au rez-de-chaussée. Cela faisait au moins une heure et demie que Derek était parti et elle était impatiente qu’il revienne pour voir sa réaction. Chez Bloomingdale’s, elle avait vu la façon dont il l’avait regardée quand elle avait essayé les cuissardes. Ce n’était pas uniquement le regard d’un amateur de mode féminine, c’était le regard d’un homme qui désire une femme. C’était pour retrouver ce regard-là qu’elle avait choisi de mettre cette robe avec les cuissardes. Depuis quelques jours, Derek et elle commençaient à se retrouver physiquement. Grâce à lui, elle se réconciliait petit à petit avec la femme qu’elle était avant la tentative de viol, celle qui aimait faire l’amour, celle qui aimait s’abandonner à la jouissance. Elle était heureuse de connaitre à nouveau ce plaisir, mais cela ne lui suffisait pas. Elle voulait rendre ce plaisir à son amant et elle était bien décidée à aller de l’avant, à essayer de passer à l’étape supérieure, même si elle ne savait pas du tout si elle en serait capable. Son corps semblait prêt, son cerveau aussi apparemment, mais qu’en était-il de son subconscient ?

    Elle s’installa au salon et pour s’occuper, prit un magazine qu’elle feuilleta distraitement tout en guettant les bruits de l’extérieur. Quand elle entendit le moteur de la Porsche, elle jeta le magazine sur la table et courut dans le hall. Quelques secondes plus tard, la grille de la terrasse grinça et Meredith stressa. Et si Derek n’appréciait pas sa tenue ? Le regard qu’il posa sur elle en entrant la tranquillisa totalement. Elle y vit qu’il la trouvait belle et qu’il la désirait. Hé, susurra-t-elle en souriant. 

    Hé, répondit-il en la dévorant du regard. Seigneur, qu’elle paraissait jeune ! Et qu’elle était belle ! Que faisait-elle donc avec un homme comme lui ?

    Alors, comment tu me trouves ? Elle tourna sur elle-même.

    Tu es ravissante, murmura Derek en avançant vers elle. A cause de ce qu’elle avait subi une semaine plus tôt, il n’osa pas lui dire qu’il n’avait jamais rencontré une femme qui soit aussi sexy qu’elle.

    C’est grâce à toi.

    Il secoua la tête. Non, non. Moi, je n’ai fait que t’offrir quelques vêtements. C’est la façon dont tu les portes qui fait tout. Il lui prit le visage entre ses mains. Je vais devoir faire un gros effort pour être à ton niveau.

    Meredith renversa la tête en arrière et se mit à rire. Mais oui, bien sûr.

    Après l’avoir embrassée langoureusement, il l’enlaça pour l’emmener au salon. Tu as une envie particulière pour diner ? lui demanda-t-il. Elle fit signe que non. Tu aimes les fruits de mer ? lui demanda-t-il encore.

    Je n'en ai jamais mangé, répondit Meredith.

    Alors, il faut que tu essaies, déclara Derek. Je sais où on va aller diner. Le temps de prendre une douche et de me changer, et on y va. Trente minutes plus tard, il redescendit, vêtu d’un jean délavé, d’une chemise bleu roi et d’une veste bleu marine. Le regard brillant de Meredith lui indiqua qu’il avait fait le bon choix.


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