• Lorsqu’il fut certain de ne plus pouvoir être entendu des filles, Mark se pencha vers Meredith. Comment tu te sens ? demanda-t-il avec sollicitude.

    Elle lui sourit. ça va, ne t'en fais pas. Mais je suis contente que tu sois venu avec moi. Je ne crois pas que j'y serais arrivée toute seule.

    Et ça t'a apporté ce que tu attendais ?

    Meredith soupira. Je ne sais pas. J'ai senti que je devais le faire mais je ne sais pas si j'en attendais quelque chose de spécial. Tu sais, la plupart du temps, j'essaie de ne pas penser à ce qui s’est passé et j'y arrive pas trop mal. Sauf quand Derek et moi, on essaie de… Gênée, elle se tut.

    Mark eut l'air contrarié. Il ne devrait pas te mettre autant la pression avec ça.

    Meredith prit aussitôt la défense de son petit ami. Mais ce n'est pas du tout ce qu'il fait. C'est moi qui veux. J'ai envie de redevenir normale le plus vite possible.

    Mark la regarda avec un air un peu sévère. Arrête de dire des bêtises. Tu es parfaitement normale, compte tenu de ce qui t'est arrivé. Ce qui serait anormal, c'est que tu ne réagisses pas comme tu le fais. Alors, ne précipite pas les choses. Et cesse de t'en faire pour Derek. D'après ce que je vois, il gère bien la situation. Il m'épate même.

    Moi aussi, je l'avoue, dit Meredith avec une expression de ravissement. Au début, j'ai vraiment eu peur que notre relation en souffre mais j'ai l'impression au contraire qu'elle se renforce. Et ça me rassure parce que je vois qu'il n'est pas avec moi que pour le sexe.

    Elle releva la tête vers Mark pour avoir une confirmation, avec tellement d'espoir dans le regard qu'il ne put s'empêcher de sourire. Apparemment, se contenta-t-il de dire, fidèle à sa politique de discrétion quand il s'agissait des sentiments de son meilleur ami. Alors, tes retrouvailles avec tes copines ? Ça t’a fait quel effet. 

    Bizarre. En arrivant, j’étais partagée entre la peur et la rancune, lui confia Meredith. Mais maintenant… Elle passa son bras sous celui de Mark en se serrant contre lui. Tu vois, j’ai réalisé que je ne pouvais pas leur reprocher d’avoir été aussi aveugle que moi. Mais je leur en veux toujours de ne pas m’avoir fait confiance et ça, je crois que je vais avoir du mal d’oublier, même si c’est ce que je veux faire.

    Tu sais ce que j’en pense, lui dit simplement Mark.

    Oui, je sais, mais tu ne les connais pas comme moi, objecta Meredith. J'ai vécu toute ma vie avec elles, on a toujours été très proche. Et elles ne sont pas méchantes dans le fond.

    Hmm ! Pas convaincu, grogna Mark. Et la blonde m’a horripilé, à chouiner sans cesse.

    Meredith sourit. Mets-toi à sa place. C’était son cousin. Et non seulement elle l’a perdu mais en plus, elle a réalisé qu’il n’était pas du tout comme elle le croyait. C’est dur.

    Mark leva les yeux au ciel. Tu es trop gentille. Et la mégère, tu en penses quoi ?

    Elle s'en veut vraiment, ça, j'en suis sûre, déclara Meredith. Mais elle est terriblement autoritaire et j’ai découvert que parfois, elle a un portefeuille à la place du cœur.

    Tiens, à ce propos, je ne veux pas être indiscret mais combien elle t’a donné ? demanda Mark.

    Meredith s’arrêta de marcher pour prendre l’enveloppe qui était dans sa poche. Elle l’ouvrit et en sortit la fine liasse. Douze billets, annonça-t-elle après les avoir comptés. Woaw, six cents dollars !

    Eh bien, on dirait que tu viens d’avoir une augmentation, ironisa Mark.

    Oui, en effet. A mon avis, Cristina s’en veut. Ça doit être sa façon de demander pardon, supposa Meredith.

    Mark opina de la tête. Oui, sûrement. Cependant, il n’y croyait pas vraiment. Oui, la mégère s’en voulait probablement d’avoir joué un rôle dans ce qui était arrivé à Meredith, mais de là à lui donner une telle somme alors que d’habitude elle était plutôt du genre radin, il avait des doutes. Il pensait plutôt qu’elle s’était montrée aussi généreuse pour ne pas créer d’incident. Il y vit la preuve qu’elle avait quelque chose à cacher et se promit de découvrir ce que c’était. Il prit Meredith par les épaules et ils reprirent leur marche.

    Quand ils rentrèrent dans le bureau de Derek, Mark poussa la jeune fille vers le canapé. Maintenant, tu vas t'allonger et te reposer un peu.

    Me reposer ? Mais pourquoi ? protesta-t-elle vivement. Je ne suis pas fatiguée et j'ai du travail qui m'attend.

    Eh bien, il attendra ! décréta Mark. Tu viens de vivre un moment éprouvant, ne fais pas comme s’il ne s’était rien passé, lui conseilla-t-il en lui prenant la main. Alors, maintenant, installe-toi confortablement - il la fit asseoir et souleva ses jambes pour les faire reposer sur le canapé - et repose-toi. Moi, je vais aller prévenir Derek.

    C'est ridicule, marmonna Meredith. Vous allez encore en faire une affaire d'état.

    Absolument pas ! promit Mark. Je vais simplement le mettre au courant. Si je ne le fais pas et qu'il apprend qu’on est allé là-bas, il va me tuer. Alors, arrête de faire ta mauvaise tête et repose-toi. Il sortit après avoir déposé un baiser sur son front.

    Meredith se tourna sur le côté et réfléchit à sa visite à la boutique. Elle était fière d'y être retournée. Elle avait affronté ses peurs et surtout, elle avait pu exprimer ce qu'elle ressentait à ses amies. Maintenant, elle allait pouvoir reprendre sa vie en main jusqu'au jour, tout proche, elle l'espérait, où tout cela ne serait plus qu'un lointain mauvais souvenir.


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  • Mark se rendit au bloc opératoire où on lui indiqua que Derek était toujours en cours d’intervention. Il monta alors dans la galerie et regarda son ami qui était en train de se démener pour sauver la vie de son patient. Il avait beau être un habitué des salles d’opération et des procédures compliquées, il était toujours impressionné - même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde - par le talent de son ami, sa créativité et l'instinct qui lui permettait de toujours retomber sur ses pattes quand la situation semblait inextricable. Quand d'autres chirurgiens jetaient l'éponge, Derek mettait toutes ses forces et sa hargne dans la bagarre qu'il menait contre la fatalité que, par ailleurs, il arrivait souvent à contrecarrer. Et il a encore réussi, déduisit Mark des applaudissements qui éclatèrent lorsque Derek annonça à ses assistants qu'ils pouvaient recoudre le patient. Comme s’il avait deviné que son ami était là, Derek leva la tête vers la galerie avec un sourire triomphant. Les deux hommes échangèrent un regard complice. Mark savait exactement ce que Derek ressentait en ce moment, un sentiment fou de toute-puissance qui, dès que l'adrénaline serait retombée, ferait place à plus d'humilité car leur métier leur avait enseigné que s'ils pouvaient parfois remporter des batailles contre la mort, ils ne gagneraient jamais la guerre.

    Tu étais là depuis longtemps ? demanda Derek quand il retrouva Mark à la sortie de sa salle d'opération. C'était une putain d'intervention. J’ai ramé mais j'ai gagné !

    J’ai vu ça, oui, répondit Mark en souriant de l’enthousiasme manifesté par son collègue.

    Et vu que j'ai gagné, j'ai droit à une récompense, estima Derek avec un air guilleret. Je vais aller voir ma petite amie. Il prit la direction de l'ascenseur, son ami sur les talons.

    Mark nota le changement de vocable - on était passé en un rien de temps d'une relation libre à une petite amie - sans toutefois le faire remarquer. A ce propos, j'ai un truc à te dire.

    Derek cessa aussitôt de marcher. Ne me dis pas qu'il y a encore eu un problème !

    Non, non, le rassura Mark. Pas à proprement parler. Elle est allée à la boutique.

    Quoi ? s'exclama Derek, abasourdi. Mais pourquoi ? Les filles l'ont appelée ? Elle a repris le travail ? Pourtant, elle n'avait pas fini tes dossiers. Il s’est passé quelque chose ? Il regarda soudain son ami avec un air soupçonneux. Tu lui as fait des reproches ? Vous êtes disputés ?

    Laisse-moi parler au lieu de m’assaillir de questions sans me laisser le temps d’y répondre, ordonna Mark. Et au lieu de m’engueuler, tu devrais me remercier d’avoir été là au bon moment.

    Arrête de perdre du temps et dis-moi ce qui s'est passé, répliqua Derek, énervé. Les deux hommes repartirent vers les ascenseurs.

    En fait, je suis arrivé au moment où elle allait partir, expliqua Mark. Les filles lui avaient envoyé un texto. Elles voulaient lui parler de l'enterrement et aussi accorder leur version à la sienne, parce qu'apparemment elle n'a pas tout dit à sa mère. J'ai essayé de la dissuader, je lui ai dit de t'attendre mais elle a refusé. Elle voulait absolument y aller tout de suite. Et tu sais comment elle est. Quand elle a une idée dans la tête… Il suivit des yeux une infirmière qui passait, avant de revenir vers son ami. Alors, comme je ne voulais pas la laisser y aller toute seule, je l'ai accompagnée.

    Tu as bien fait, dit Derek bien qu’il soit un peu agacé que Mark ait toujours l'opportunité d'endosser le costume du chevalier protecteur de Meredith, même si c'était dû au hasard. Et comment ça s’est passé ?

    Pas trop mal, compte tenu des circonstances, répondit Mark. Elle a accusé le coup en arrivant, bien sûr. Elle a un peu revécu le truc. Il fit une grimace. Alors, forcément, elle a fait un malaise. Mais vraiment rien de grave, précisa-t-il en voyant le regard de Derek s’affoler. Après, elle a discuté avec ses copines, elles se sont mises d'accord sur ce qu'elles allaient raconter à leur famille et puis, Meredith leur a dit ce qu'elle avait sur le cœur par rapport à ce qui s'était passé avec le pervers.

    Et comment elles l’ont pris ? se renseigna Derek en maudissant l'intervention qui l’avait empêché d’être avec sa petite amie. Il ne doutait pas que Mark ait été un soutien efficace mais il aurait préféré être là.  

    Oh assez bien. Mark sourit avec un air attendri. Tu connais Meredith. Elle dit ce qu'elle pense, mais elle enrobe le tout avec des petits nœuds et des fleurs et à la fin, elle te fait la bise. Donc forcément, ça se passe bien. Et je dois dire que les filles se sont assez bien comportées avec elle-même si, d'un point de vue personnel, j'ai eu plusieurs fois envie de les baffer.

    Pourquoi ? 

    Je n’ai jamais vu plus connes que ça, chacune dans son genre. Mark s’enflamma quelque peu. Alors, déjà, tu as la bimbo qui n’a pas cessé de pleurnicher. En plus, elle demande à Meredith si elle va rester défigurée. Non mais tu imagines ! Je l’ai vite mouchée, tu peux me croire !

    Et Meredith, comment elle a réagi ? s'enquit Derek qui était pendu aux lèvres de son camarade.


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  • Très bien, étonnamment ! ça n'a pas eu l'air de la tracasser. Je crois que c’est moi que ça a le plus agacé. Quand je pense que je me suis un jour intéressé à cette fille ! bougonna Mark. Des connes, j’en ai déjà eu, mais des pareilles ! Il appuya sur le bouton de l’ascenseur.

    Derek ne put s’empêcher de sourire. Mark parlait comme s’il attachait une quelconque importance à l’intelligence de ses conquêtes. Et la mégère ? Qu’est-ce qu’elle a dit ?

    Mark leva les yeux au ciel. Ah elle ! C’est le summum ! D'abord, elle a essayé de nier sa responsabilité en insinuant que c'était de ta faute si elle avait demandé à George de surveiller Meredith, parce que tu essayais toujours de la détourner du droit chemin, et ce genre de conneries. Derek souffla avec un air méprisant. Et après, elle a essayé de convaincre Meredith de revenir travailler, poursuivit Mark. Oh évidemment, elle a bien emballé le paquet, soi-disant que c'était bénéfique pour le moral.

    Cette fille est vraiment… Derek eut une moue de dégoût. Les deux hommes entrèrent dans l’ascenseur.

    Mark acquiesça d'un signe de tête. Ouais mais à mon avis, elle n’est pas que ça. Ecoute, Derek, je ne veux pas avoir l’air de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais il y a quelque chose de louche là-bas. Derek le regarda avec un air interrogateur. Tu te souviens de ce que Meredith nous a dit quand je lui ai remis son acompte ? lui dit Mark. Que c’était plus que ce qu’elle gagnait en plusieurs semaines à la boutique. Derek hocha la tête. Eh bien, tout à l'heure, j'ai demandé à la mégère de lui donner de l'argent, pour la dédommager de ce qui lui était arrivé et aussi parce qu'elle avait droit à un retour sur son investissement, lui apprit Mark. Eh bien, curieusement, elle n'a pas râlé et plus bizarre encore, elle lui a donné une belle somme. Six cents dollars, comme ça, sans discuter. Meredith pense qu’elle se sent coupable et que c’est pour ça qu’elle a été généreuse mais, personnellement – il pinça les lèvres et secoua la tête – j’ai des doutes.

    Derek fronça les sourcils. Et ça veut dire quoi selon toi ? En sortant de l’ascenseur, il hâta le pas pour arriver plus rapidement à son bureau. Après ce qu’il venait d’apprendre, il n’aimait pas l’idée que Meredith soit seule.

    Je ne sais pas, avoua Mark, en calquant son pas sur celui de son ami. Ce n’est peut-être qu’une impression mais, quand j’ai parlé d’argent, la Cristina, je l'ai trouvée bizarre, comme quelqu’un qui n’a pas la conscience tranquille, tu vois ? Enfin, à ta place, je m’en inquiéterais.

    Tu crois qu’elle escroque ses copines ?

    Mark grimaça. Je ne sais pas, répéta-t-il. C’est peut-être un bien grand mot. Je ne veux pas accuser à tort. Mais je ne le sens pas, voilà ! Bon, je vais te laisser, annonça-t-il devant la porte du bureau. Vous avez sûrement plein de choses à vous dire.

    Derek remercia son ami d’un sourire avant d’entrer dans son bureau. Il trouva Meredith endormie sur le canapé. Elle était recroquevillée sur elle-même, les mains jointes sous le menton, mais elle semblait sereine, nota Derek avec soulagement. Prenant garde à ne pas la réveiller, il alla s’asseoir derrière son bureau et commença à rédiger le compte-rendu de son intervention.

    Un quart d'heure plus tard, Meredith ouvrit les yeux et aperçut Derek assis à son bureau. Concentré sur ce qu’il écrivait, il ne vit pas qu'elle était réveillée. Elle le trouva diablement sexy avec sa tenue de chirurgien qui laissait apercevoir quelques poils sur le haut de son torse. Elle eut soudainement envie d’y glisser les doigts. Hey, chuchota-t-elle en se redressant.

    Derek releva la tête et lui sourit tendrement. Tu as bien dormi ?

    Oui. Cette petite sieste m’a fait le plus grand bien.

    Il vint s’asseoir à côté d’elle et lui caressa les cheveux. Mark m’a dit que tu avais été à la boutique.

    Meredith rougit comme une collégienne prise en faute. Oui. C'était nécessaire. Je devais parler avec les filles. Et puis, j'avais besoin d'y retourner. C'est difficile à expliquer, mais j'en avais besoin.

    Je ne te fais aucun reproche, promit Derek. Et je comprends que tu aies voulu y retourner. Mais j’aurais préféré que tu attendes que je sois là pour le faire.

    J'ai reçu un texto de Cristina et je ne sais pas… Meredith posa sa main sur le bras de son amant. J'ai eu le sentiment que je devais y aller tout de suite. Mark est arrivé, alors il est venu avec moi. Mais sans lui, j’y aurais été quand même.

    J'ai cru comprendre que tu n'avais pas raconté ce qui t'était arrivé à ta mère. Je sais que c'est un peu tard pour m'en inquiéter, reconnut Derek avec un air contrit. Mais tu ne crois pas que ce serait mieux si elle était au courant de tout ?

    Oh non ! s'exclama Meredith avec un air légèrement effrayé. Tu ne connais pas ma mère. En temps ordinaire, elle panique pour un rien. Si elle apprenait ce qui s'est passé, elle voudrait que je rentre à Crestwood, et moi, je ne veux pas, et on se disputerait. Et après, elle aurait de la peine et surtout, elle aurait tout le temps peur pour moi. C'est pour éviter ça que je ne lui ai rien dit. Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal.


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  • C'était un argument que Derek comprenait parfaitement, puisqu'il l'avait amplement appliqué au début de leur relation. Il n'insista donc pas. Je comprends. Et avec tes copines, ça s'est passé comment ?

    Meredith se pelotonna contre lui. Honnêtement, mieux que ce que je pensais. Je leur ai dit ce que j'avais sur le cœur, on s'est expliqué. Cristina s'est même excusée. Je ne vais pas dire que tout est oublié mais je pense qu'on va pouvoir rester amies. Même si je suis consciente que ce ne sera plus jamais comme avant.

    C'est normal. Tu as vécu le genre d'évènement qui change les gens, jugea Derek. Qui les fait mûrir. Tu ne peux plus voir les choses de la même façon après ça.

    Je sais, chuchota Meredith. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle essuya furtivement celles qui menaçaient de couler sur ses jours. J'aurais aimé mûrir d'une autre façon.

    Derek eut le cœur serré de l’entendre dire ça. Ce n’était jamais gai de perdre ses illusions, si jeune. Lui-même en son temps… Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Tu sais ce qu’on va faire ? Elle secoua la tête. J’ai encore quelques rendez-vous mais après, on pourrait aller en ville pour faire du shopping, proposa-t-il ! Tu as dit que tu avais besoin de faire des achats pour nos vacances. Eh bien voilà, c’est l’occasion. Et après, on pourrait aller manger un bout dans un endroit sympa. Il se leva, débordant d’enthousiasme, et se dirigea vers son bureau pour consulter son agenda. Oui, à mon avis dans deux heures maximum, j'aurai terminé.

    La perspective de passer une bonne partie de l'après-midi avec lui fit naitre un grand sourire sur les lèvres de la jeune fille. Ooh ce serait génial ! Non seulement, ça va me changer les idées mais en plus je vais pouvoir m'offrir tout ce dont j'ai besoin. Parce que, attends, tu ne sais pas tout ! Toute joyeuse, elle sortit de sa poche l'enveloppe que lui avait remise Cristina et en sortit la liasse de billets. Derek revint s'asseoir à ses côtés. Regarde, Cristina m'a donné de l'argent.

    Elle a été généreuse, dirait-on, constata Derek sur un ton ironique.

    Oui, Mark a bien négocié pour moi, plaisanta Meredith. Il a dit que je méritais une belle indemnité pour les torts que j'avais subis dans l'exercice de mon travail. Elle pouffa de rire. Tu aurais vu la tête de Cristina ! Mais ça a marché. Elle m’a donné six cents dollars, se réjouit-elle en brandissant les billets qu'elle agita légèrement. Avec ça, je vais pouvoir acheter ce qu’il me faut et peut-être même un ou deux extras.  

    Derek lui prit l’enveloppe des mains et la referma avec soin, avant de la lui rendre. On va acheter tout ce qu'il te faut pour Aspen, et tous les extras que tu veux, mais certainement pas avec ça.

    Oh non, ne commence pas, grogna-t-elle.

    Bébé, on a déjà eu cette conversation une dizaine de fois et je n'ai pas du tout l'intention de remettre ça, l'avertit Derek. Tu m'as dit que tu étais venue ici pour travailler afin de mettre de l'argent de côté pour tes études. Cet argent est le fruit de ton travail, alors, garde-le pour la fac. Pour le reste, je suis là. Et de grâce, épargne-moi ton couplet féministe du "Je ne veux pas que tu m’entretiennes". Je te jure que je ne cherche pas à t'asservir. Elle ne put s'empêcher de sourire. Je suis simplement un homme qui a envie de faire des cadeaux à sa petite amie, poursuivit-il. Je sais que je ne suis pas un expert des relations de couple mais il me semble que ce n'est pas interdit. Il prit un air penaud. Si ? Que dit le Mouvement de Libération des Femmes à ce sujet ?

    Il dit que ce n'est pas interdit mais qu'il ne faudra pas exagérer, répondit Meredith avec un regard tendre pour son amant. Comment aurait-elle pu résister à cet air de chien battu ? Et à partir du moment où il les considérait comme un couple, elle ne pouvait rien lui refuser.

    On verra.

    C'est tout vu ! Je ne veux pas de dépenses extravagantes !

    Promis juré ! dit-il, la main levée comme s’il prêtait serment. Tu peux me faire confiance, juste ce qu’il faut, rien de superflu. Il garda pour lui que rien n'était superflu à partir du moment où il en avait envie. Il était décidé à la gâter, à lui offrir tout ce qu'elle n'avait jamais eu la possibilité de s'acheter, et aussi tout ce à quoi elle n'avait même jamais pensé. Il jeta un coup d’œil à l'horloge. Bon, maintenant qu'on s'est mis d'accord, je vais filer et expédier ces consultations et après, je reviens te chercher.

    Je serai dans le bureau de Mark, précisa Meredith. Je vais continuer ses tableaux.

    Tu es certaine ? Derek lui étreignit légèrement le genou. Tu ne crois pas que tu devrais te reposer un peu ?

    Elle se leva en même temps que lui. Oh non, j’en ai plus qu’assez de me reposer. J’ai envie de travailler maintenant. J’aime bien ce que je fais et en plus, ça fait passer le temps plus vite.

    D’accord. Un baiser, un sourire, un autre baiser, un dernier regard, et Derek s’enfuit de son bureau pour ne pas être tenté d’y rester. Quelques minutes plus tard, Meredith sortit à son tour. C’est d’un pas léger qu’elle se dirigea vers les ascenseurs. Certes, il était trop tôt pour penser avoir totalement surmonté son traumatisme mais pour la première fois depuis l’agression, elle avait de nouveau foi en son avenir.


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  • Trois heures plus tard, Derek stationnait sa Porsche dans le parking souterrain du centre commercial Westfield, sur Market Street. Prête à succomber à la fièvre acheteuse ? plaisanta-t-il en prenant la main de Meredith.  

    Oh là, on se calme ! s’exclama la jeune fille. Je vais prendre ce dont j’ai besoin mais je ne vais certainement pas dévaliser le magasin. Et toi non plus ! On va se montrer raisonnable et acheter le strict minimum.

    Derek se retint de sourire mais son air malicieux en dit long sur ses projets. Bien sûr ! Tu me connais. Je suis quelqu’un de tout à fait raisonnable. Il ne laissa pas à son amie le temps de répondre et sortit pour lui ouvrir la portière.

    Meredith ne se montra pas dupe. Je ne plaisante pas, Derek ! Je vais acheter une veste bien chaude, des bonnes chaussures et une combinaison de ski. Pour le reste, je trouverai bien ce qu’il faut dans ma garde-robe.

    Derek la prit par la main pour aller jusqu’aux ascenseurs. Très bien. Je note, une veste, des chaussures et une combinaison. Il compléta silencieusement la liste. Et aussi une autre veste, une autre combinaison, des pulls, des pantalons, un ou deux hauts bien sympas et tant qu’on y est, une tenue un peu habillée au cas où on sortirait.

    Où est-ce que tu m’emmènes ? se renseigna Meredith.

    Chez Bloomingdale’s, répondit Derek en se préparant à faire face à un flot de protestations.

    Cela ne rata pas. Bloomingdale’s ? Sérieusement, Derek ? T’as pas trouvé autre chose ? Au cas où tu l’aurais oublié, je n’ai pas beaucoup d’argent, lui rappela Meredith avec un air sévère.

    Mais moi, j’en ai, dit-il avec un petit sourire. Par chance pour lui, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur une cabine remplie de clients, ce qui empêcha Meredith de poursuivre la conversation.

    Quand ils débouchèrent dans le centre commercial, elle eut l’impression d’entrer dans un bâtiment historique, à cause de l’imposant dôme qui surplombait le hall central.

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    Ce dôme, les coupoles vitrées, les colonnes qui soutenaient les étages ouverts, la blancheur du décor, le sol qui semblait être recouvert de marbre, tout lui donna le sentiment qu’elle était dans une sorte de temple du luxe où elle n’avait pas du tout sa place. Cela ne l’empêcha pas de regarder dans tous les sens, pendant qu’ils étaient sur les escaliers mécaniques menant aux étages supérieurs. C’est avec un air ébahi qu’elle découvrit les nombreuses boutiques dont certains noms ne lui étaient pas inconnus, comme Abercrombie & Fitch, Burberry et Tiffany. Qu’est-ce que je fais ici ? pensa-t-elle. Elle se posa à nouveau la question en pénétrant chez Bloomingdale’s. C’était tellement grand et somptueux. Un peu perdue, elle suivit Derek tandis qu’il slalomait entre les rayons consacrés à la maroquinerie. Elle n’y connaissait pas grand-chose mais rien qu’en regardant les sacs exposés, elle savait qu’ils étaient hors de prix. Cela la stressa. Est-ce qu’il y avait dans ce magasin quelque chose qui soit à sa portée ? Son inquiétude s’accrut quand Derek et elle arrivèrent dans la partie du magasin où se trouvaient les vêtements pour femmes. A nouveau, malgré le peu d’intérêt qu’elle avait toujours manifesté pour la mode, le nom de certaines marques, Calvin Klein, Michael Kors, Oscar de la Renta, attira son attention. Elle se promit de résister de toutes ses forces à Derek s’il essayait de lui faire acheter une tenue trop onéreuse. Cependant, elle ne put s’empêcher de marquer un petit temps d’arrêt devant une robe longue en satin rose. Avec son décolleté plongeant, son effet drapé et son long jupon fendu, elle était magnifique.

     photo robe rose_zpsbvo2oapy.jpg

    Derek fut tenté de l’inviter à l’essayer même s’il savait déjà que cette robe lui irait parfaitement. Pourtant, il fit semblant de rien. Il savait que Meredith refuserait sa proposition, en argumentant qu’elle n’avait pas besoin d’une autre robe de soirée et surtout, que ça ne lui serait d’aucune utilité aux sports d’hiver. Il allait devoir ruser pour lui offrir cette robe qui semblait tant lui plaire. Il l’entraina un peu plus loin, cherchant du regard ce qui ressemblerait à des vêtements de sport. Ne les voyant pas, il fit signe à une vendeuse d’approcher. Après qu’elle l’eut renseigné, il se dirigea à grands pas vers le fond du magasin en tenant solidement Meredith par la main. Il ne s’arrêta qu’une fois arrivé au milieu des portants sur lesquels pendaient les combinaisons de ski. Nous y voilà ! se réjouit-il. Il se tourna vers Meredith. Eh bien, vas-y. Regarde si tu trouves quelque chose qui te plait.

    La jeune fille longea lentement les portants en écartant de temps en temps les vêtements pour mieux les voir. Elle finit par dépendre une combinaison noire avec des bandes latérales fuchsia. Celle-là est jolie, je trouve, murmura-t-elle. Dans un geste machinal, elle prit l’étiquette pour voir le prix. Neuf cent cinquante dollars ! s’exclama-t-elle, horrifiée. C’est de la folie ! Il est hors de question que je mette autant pour une seule tenue, même si elle est magnifique. Je vais chercher quelque chose de moins cher.

    Derek reprit la combinaison qu’elle avait remise en place. Tu devrais l’essayer.

    Pourquoi faire ? Je ne vais quand même pas la prendre vu son prix, certifia Meredith.

    Agacé, Derek fit claquer sa langue contre son palais tout en soufflant légèrement. Ça suffit, Meredith, ou tu vas me froisser. Il lui tendit la combinaison.


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