• Meredith se tourna vers son petit ami. Tu ne trouves pas ça bizarre, toi, ce rendez-vous avec Callie qu'il vient subitement de se rappeler ? Derek la regarda avec un air interrogateur. Moi, je pense qu'il s'est vexé à cause des remarques que tu lui as faites et que c'est pour ça qu'il ne veut pas rester.

    Eh bien, si c'est le cas, ça m'est complètement égal, asséna Derek. Moi, il m'a vexé en me traitant comme si j'étais incapable de soigner une brûlure. On est quitte !

    Oh tu aurais quand même pu être un peu plus aimable avec lui, estima Meredith.

    Et lui alors ? s’exclama Derek, indigné. Tu as vu comme il s’est comporté avec moi ? J’ai eu l’impression d’être à nouveau un interne.

    Oui, je sais, mais… Meredith haussa légèrement les épaules. C’est sûr qu’il en a trop fait mais c’est parce qu’il se sentait coupable. Ça partait d’un bon sentiment. Tu aurais dû laisser courir.

    Bien sûr, ça va encore être de ma faute, bougonna Derek. Meredith sourit. Mais moi, tout ce que je sais, poursuivit Derek, c’est que s’il n’avait pas débarqué avec son maudit plateau, tu ne te serais pas brûlée. Maintenant à cause de ça, c’est foutu pour le ski et je ne parle même pas de notre petite sieste.

    Meredith posa la tête sur son épaule. Je sais mais si tu veux aller skier avec Mark et Callie, vas-y. C’est pas un problème. J’t’en voudrai pas.

    Tu es folle. C’est hors de question ! assura Derek. J’en ai rien à faire de skier. Ce que je veux, c’est rester avec toi, même si on ne fait rien de spécial. Il la serra contre lui. J’aime bien être avec toi. On pourrait rester ici, comme ça, toute la journée, à ne rien faire. Seulement à discuter et à s’embrasser.

    C’est très tentant mais… Elle s’interrompit et le regarda avec un air suppliant. T’avais dit qu’on irait en ville pour essayer de voir des stars.

    C’est vrai, reconnut Derek. Alors, on va y aller. Ravi à l’idée de passer toute la journée en tête-à-tête avec elle, il prit le toast qu’elle avait abandonné un peu plus tôt et mordit dedans avant de le lui rendre. Elle éclata de rire. Une merveilleuse journée s’annonçait et elle était décidée à profiter de la moindre seconde.

    ------------------

    Lorsque Mark rentra dans la cuisine, Callie remarqua immédiatement qu’il n’avait pas le moral. Alors, tu t’es fait jeter ? Les amoureux ne voulaient pas être dérangés ?

    Il haussa les épaules en faisant la moue. Pas du tout ! Meri m’avait invité à prendre le petit-déjeuner avec eux mais à cause de moi, elle s’est brûlée avec du café, je l’ai soignée et… Il coupa court. Qu’est-ce que tu as prévu aujourd’hui ?

    Je vais skier. Pourquoi ?  

    Je peux venir avec toi ?

    Oui, bien sûr. Elle le regarda avec étonnement. Ça ne va pas ? Tu as l’air bizarre.

    Pourquoi ? Parce que j’ai proposé d’aller skier avec toi ? ironisa-t-il.

    Non, mais… Qu’est-ce qui s’est passé en bas ? demanda Callie d’une voix douce. Quand tu préparais ton petit-déjeuner, tu étais tout joyeux et là, on dirait que tu portes tout le malheur du monde sur les épaules.

    Mark baissa la tête. Je me suis pris la tête avec Derek, prétendit-il. Il n’avait pas envie de lui dire la vérité, de lui parler de ce qu’il était en train de découvrir à propos de ses sentiments naissants envers Meredith. Et comment expliquer, sans parler de l’impression qu’il trahissait la confiance de son meilleur ami, que son cœur battait plus fort à chaque fois que la jeune fille apparaissait et que l’entendre envisager des câlins avec Derek l’avait déprimé ? 

    Pourquoi ?

    Il a fait des projets pour la journée et je n’en fais pas partie, expliqua Mark. Cette fois, ce n’était pas un mensonge même si ce n’était pas la vraie raison de son humeur.

    Callie lui posa une main sur l’épaule. Mark, il faut que tu te fasses une raison. Derek est avec elle maintenant et, même si ça me fait mal de le reconnaître, c’est sérieux, leur histoire. Elle soupira. Il ne va pas la quitter de sitôt.

    Je sais, répondit Mark d’une voix sourde.

    Alors, forcément, il va prendre ses distances, être moins disponible. Callie eut un sourire triste. Il restera notre ami, bien sûr, mais ce ne sera plus la même chose. C’est la vie.

    Vie de merde ! marmonna Mark.

    Mais je suis là, moi, lui rappela Callie en lui donnant un coup de coude. Je ne suis pas prête de me caser. Va falloir que tu me supportes encore longtemps.

    Tu parles d’une bonne nouvelle ! répliqua-t-il en lui rendant son coup de coude. Bon, alors, on va skier ou on continue à démoraliser ici ?

    On va skier, s’exclama Callie, heureuse d’avoir récupéré au moins un de ses camarades de virée. Et avec un peu de chance, on va trouver quelqu’un à se mettre sous la dent.

    Ah si Brian a une sœur jumelle, je ne dis pas non, se força à plaisanter Mark. Mais le cœur n’y était vraiment pas et il savait déjà que personne n’arriverait à supplanter Meredith dans son esprit. 


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  • Quarante minutes plus tard, Derek et Meredith étaient en ville. Tendrement enlacés, ils déambulèrent dans les rues, s’arrêtant régulièrement pour admirer les façades de certaines maisons typiques, pour regarder les vitrines des boutiques ou encore pour attendre la sortie éventuelle d’une star quelconque devant les hôtels de luxe. Après une bonne heure, comme ils n’en avaient encore croisé aucune, ils décidèrent d’aller noyer leur déception dans un chocolat chaud au Paradise Bakery. Meredith était en train de déballer le petit muffin qui accompagnait la boisson lorsqu’elle vit entrer Kevin Costner. Ravie de l’aubaine – il faisait partie des rares acteurs cinquantenaires qu’elle trouvait super sexy – elle ne le quitta pas des yeux pendant qu’il passait sa commande. Lorsqu’il fit demi-tour pour regagner la sortie, il repéra immédiatement cette jolie jeune fille blonde qui le fixait du regard avec un sourire béat. Il lui fit un clin d’œil et rit légèrement en la voyant rougir, ce qui amusa beaucoup Derek. Elle était à peine remise de ses émotions qu’elle aperçut Antonio Banderas et Melanie Griffith qui passaient bras dessus, bras dessous, devant le commerce. Excitée, elle agrippa le bras de son petit ami pour attirer son attention sur le couple avant de l’embrasser fougueusement pour le remercier. Il fut enchanté d’avoir pu lui faire plaisir à si bon compte.

    A midi, ils prirent un léger encas dans un restaurant qui offrait une vue imprenable sur les pistes. Ils regardèrent pendant un long moment les skieurs glisser sur la neige, en s’extasiant sur les acrobaties que réalisaient certains ou en se moquant gentiment des chutes que faisaient les moins doués. Ensuite, ils continuèrent leur promenade en flânant dans la rue commerçante où Meredith dût insister pour que Derek ne l’entraîne pas encore dans une séance de shopping effrénée. Le soleil commençait à se coucher à l’horizon quand ils décidèrent de rentrer pour se préparer à leur aise avant d’aller au restaurant.

    Derek venait de mettre sa clé dans la serrure de la maison quand ils entendirent une voix les héler. En se retournant, ils aperçurent à quelques mètres Callie qui agitait la main en leur direction, tandis que Mark la suivait, un sac d’épicerie dans les bras. Hou hou ! Attendez-nous ! cria-t-elle en hâtant le pas. Alors, vous avez passé une bonne journée ? leur demanda-t-elle quand elle les eut rejoints.

    Derek s'effaça pour laisser entrer les femmes. Super bonne ! Allez, raconte, tu en meurs d’envie, dit-il en riant à Meredith. Il se tourna vers la porte par laquelle Mark venait d’entrer, lui aussi. Ils se serrèrent la main, faisant ainsi table rase de leurs chamailleries du matin.

    Pendant que le groupe se rendait à la cuisine, Meredith relata sa brève expérience avec Kevin Costner et l'excitation qu'elle avait ressentie en le voyant en vrai, d'autant plus qu'il lui avait souri. Il a l'air super sympa, et simple en plus. Je ne m'attendais pas à voir une star comme lui faire ses courses lui-même, conclut-elle. Et vous ? Vous avez fait quoi ? se renseigna-t-elle en s'adressant plus particulièrement à Mark qui, à sa grande surprise, n'avait fait aucun commentaire sur sa rencontre. Elle fut encore plus étonnée de le voir fuir son regard.

    C'est Callie qui répondit à la question. On a skié. La neige était géniale. On a vraiment passé un bon moment, dit-elle en se tournant vers Mark pour chercher son approbation. Il ne réagit pas parce qu'il était déjà occupé à ranger les courses dans le frigo.

    Demain, on vous accompagnera, promit Derek. Il prit Meredith par la taille et déposa un baiser sur ses cheveux. On n'irait pas se préparer ? J’aimerais autant ne pas aller manger trop tard. Elle opina de la tête.

    Mark releva la tête du sac qu’il était en train de vider. Vous dinez dehors ?

    Oui, on va au Cache Cache Bistro, annonça Derek.

    Meredith leva la tête vers lui avec un regard amoureux. Il veut me faire découvrir la cuisine française.

    Tu vas aimer, je crois, dit simplement Mark. Les voir ainsi était un crève-cœur pour lui. Mais le pire était qu'il ne comprenait pas pourquoi. Comment était-ce possible que d'une semaine à l'autre, d'un jour à l'autre presque, ce qui lui était indifférent avant le perturbe autant maintenant ? Pourquoi les voir ensemble, alors qu'ils n'étaient pas plus attentionnés l'un envers l'autre qu'ils ne l'étaient avant, était devenu aussi difficile ?

    L'esprit de Meredith était tout aussi tourmenté, mais pas pour les mêmes raisons. Le matin même, elle avait quitté un Mark volubile, enthousiaste et aux petits soins et elle se retrouvait maintenant en face d'un homme taciturne et qui, de toute évidence, évitait de croiser son regard. Elle se demanda ce qu'elle avait fait pour mériter ça. Avait-elle dit quelque chose qui l'avait contrarié ? Ou bien s'en voulait-il toujours pour la brûlure au point de ne plus oser la regarder en face ? Ou alors, il s'était passé quelque chose avec Callie. Elle le regarda fixement en espérant obtenir un sourire, un clin d'œil, une grimace, une réaction quelle qu'elle soit. En vain.

    Mark referma la porte du frigidaire. Bon, excusez-moi, mais je vais vous laisser. Il faut que j’aille me préparer, moi aussi.

    Callie parut stupéfaite. Quoi ? Tu t'en vas ?

    Mark acquiesça d'un signe de tête. Oui, j'ai envie de sortir ce soir. Boire un verre et puis, je ne sais pas. Il fit un geste vague de la main. Je verrai bien. Dépitée qu'il ne l'invite pas à se joindre à lui, Callie se renfrogna.

    Mark passait devant Derek lorsque celui-ci lui donna une tape amicale dans le dos. T’as bien raison ! On n’a qu’une vie. Il prit Meredith par la main. Viens, bébé. On descend avec lui. Bonne soirée, Cal. Ils sortirent tous les trois de la cuisine sans voir que Callie, déprimée autant par l’abandon de ses amis que par la perspective de passer la soirée, seule au chalet, se laissait tomber lourdement sur une chaise, les yeux pleins de larmes.


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  • Mark descendit l’escalier, les yeux rivés sur les marches, pour ne pas voir le couple qui se tenait par la main, juste devant lui. Il avait beau se sermonner, se traiter de tous les noms, il ne pouvait pas s’enlever toutes ces idées de la tête et cela commençait à lui faire peur. Jusqu’à présent, il avait aimé sa vie telle qu’elle était, son métier, son amitié avec Derek, son célibat, les filles qu’il sautait les unes après les autres. Mais désormais, tout cela avait moins de saveur parce qu’une gamine s’était insinuée dans sa tête. Il allait y mettre bon ordre et pas plus tard que tout de suite. Bonne soirée, les amoureux, se força-t-il à dire sur un ton enjoué, en arrivant devant sa chambre.

    Et pour ma brûlure ? Il ne faut rien faire ? se renseigna Meredith.

    Ah oui, ta brûlure, dit Mark sans expression particulière. Il s’adressa à son ami. Il faut peut-être remettre de la crème et dans tous les cas, changer le pansement.

    Eh bien, tu n’as qu’à t’en occuper. Après tout, c’est toi, le spécialiste, persifla Derek avec un sourire légèrement moqueur.

    Comment refuser sans que cela paraisse suspect, d’autant plus que, comme son ami se plaisait à le lui rappeler, il avait lourdement insisté le matin même sur son irremplaçable degré d’expertise ? D’accord. Mais d’abord, j’aimerais bien prendre une douche si ça ne vous dérange pas. 

    Non, pas de problèmes, répondit Meredith. On doit en prendre une nous aussi, de toute façon.

    Très bien. Le premier qui a fini rejoint l’autre, déclara Mark sans la regarder. A tout de suite. Il entra dans sa chambre et s’adossa contre la porte à peine refermée, en soufflant. Lui qui, la veille encore, cherchait toutes les occasions d’être avec la jeune fille redoutait maintenant de se retrouver seul avec elle. Tout ça à cause de ce sentiment idiot qui le submergeait, parce que c’était bien de sentiment qu’il s’agissait, il n’en était plus à se voiler la face. Comment ce qui n'était encore, quelques jours auparavant, qu'un simple fantasme s'était-il transformé en quelque chose d'aussi réel, d'aussi fort ? Était-ce la proximité qu’il avait avec Meredith depuis qu’ils étaient à Aspen qui lui avait ouvert les yeux sur ce qu'il ne soupçonnait même pas deux jours plus tôt ? N’ayant pas de réponse à ces questions, il se dirigea, le pas lourd, vers la salle de bains.

    Après avoir pris sa douche et passé de longues minutes dans le dressing à choisir sa tenue, c’est vêtue d’une jupe longue en laine noire, d’un pull rouge vif au décolleté en V et de ses cuissardes que Meredith frappa à la porte de la chambre de Mark. Comme elle n’obtenait aucune réponse, elle se rendit à l’étage et trouva son ami à la cuisine, attablé devant un verre de whisky. Voilà, je suis là, dit-elle.

    Moi aussi, répondit Mark en essayant de maitriser les battements désordonnés de son cœur. Dieu, qu'elle était belle ! Il se fit violence pour ne pas montrer à quel point il était troublé.

    Elle prit place sur la chaise à côté de lui. Derek a déjà enlevé le bandage, mentionna-t-elle parce qu’elle ne savait que dire d’autre, tant le malaise était perceptible. Comme je devais prendre ma douche… Et il m'a dit que ce n'était pas grave si le pansement était mouillé.

    Non, ce n'est rien. Mark lui remonta délicatement la manche de son pull jusqu'au coude.

    Je crois que ça va. En tout cas, je n’ai pas eu mal de toute la journée, précisa-t-elle.

    C'est déjà bon signe. Mark souleva précautionneusement le pansement pour découvrir la peau sur laquelle subsistaient encore quelques traces de crème. Je vais désinfecter pour retirer l’excédent de Biafine. Ça me permettra de voir l’évolution de la brûlure, et ensuite, je remettrai de la crème si nécessaire.

    Cette attitude très professionnelle, presque froide, qui ne correspondait pas du tout au comportement qu'il avait habituellement avec elle, acheva de convaincre Meredith qu'il y avait un problème. Mais lequel ? Et alors, ta journée avec Callie ? Ça s'est bien passé ? demanda-t-elle dans le but de tâter le terrain.

    Oui, très bien. Mark prit une compresse et, après l’avoir imbibée de désinfectant, la frotta délicatement sur la peau de sa patiente.

    Qu'est-ce que vous avez fait, si ce n'est pas indiscret ? insista celle-ci, bien décidée à découvrir la raison pour laquelle son ami lui témoignait autant de froideur.

    On a skié, on a mangé un bout et on a refait du ski, se borna-t-il à répondre, le regard fixé sur la brûlure. Je ne te fais pas mal ?

    Non, pas du tout, le rassura Meredith. Je te l'ai déjà dit, tu es toujours très délicat quand tu t'occupes de moi. Mark serra les dents. Il aurait tant aimé être pour elle autre chose que le gentil médecin qui la soignait si bien. De délicatesse, il en était capable dans bien d’autres domaines qu’il lui était interdit d'aborder avec elle. Donc, ma brûlure, ça va mieux ? s’enquit-elle.

    Il opina de la tête. Oui, on dirait. Les ampoules se sont déjà résorbées et les rougeurs ne sont pas importantes, analysa-t-il froidement. Je vais remettre de la pommade, par acquit de conscience, mais tout est en bonne voie. Il ouvrit le tube de Biafine et appliqua la crème en une fine couche.


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  • Oh tu en mets beaucoup moins que ce matin, constata Meredith.

    Oui. Comme je te l'ai dit, j'en mets plus par prudence que par réelle nécessité, lui expliqua Mark en évitant toujours de croiser son regard. Ce soir, quand vous rentrerez, Derek pourra retirer le pansement. Avant de retirer le reste, pensa-t-il. Parce que c'est ce qui va se passer, je le sais, je le sens, et tu ne peux même pas imaginer à quel point ça m'emmerde.

    Résolue à briser la glace qui qui s'était installée entre eux, Meredith tenta une nouvelle approche. Il parait qu’au restaurant où on va ce soir, c'est de la cuisine française. Tu y connais quelque chose, toi ? Parce que, moi… Elle fit une petite moue pour exprimer son ignorance.

    Mark secoua la tête. Je ne sais pas. Tu n’auras qu’à demander à Derek.

    C'en fut trop. Meredith explosa. Non, c'est à toi que je le demande ! Qu'est-ce que tu as à la fin ? Tu me parles à peine, tu ne me regardes pas. Tu me traites comme si j’étais une étrangère.

    Mais non, tu te fais des idées, assura Mark, mal à l'aise, en fixant le nouveau pansement. Comment avait-il pu penser qu'elle ne remarquerait pas son changement d’attitude et qu'elle ne le questionnerait pas à ce sujet ? Ne sachant que dire, il alla se laver les mains dans l'évier de la cuisine.

    Qu'il lui tourne le dos alors qu'elle lui demandait des explications désarçonna Meredith. S'il agissait ainsi, c'est donc qu'elle avait fait quelque chose de vraiment grave. Elle le rejoignit et se mit derrière lui. Mark ? chuchota-t-elle. Avant qu'elle ne lui parle, il avait senti sa présence et s'était raidi, serrant les poings en-dessous du jet d'eau, luttant de toutes ses forces, au nom de l’amitié indéfectible qu’il éprouvait pour l’homme qui se trouvait juste à l'étage en-dessous, pour ne pas se retourner et la prendre dans ses bras, l'embrasser et lui dire qu'elle était en train de le rendre fou. Si j'ai fait quelque chose de mal, je te demande pardon, poursuivit-elle d'une voix étranglée. Je ne sais pas ce que c'est mais quoi que ce soit, je te promets que je ne l'ai pas fait exprès, alors, je t'en prie, ne sois pas fâché contre moi. Je ne le supporte pas. C'est trop dur. Tu es le seul ami qui me reste. J'ai besoin de toi.

    Bouleversé par cet aveu, il se retourna et la prit dans ses bras. Il s’en voulait d’avoir agi de façon à ce qu’elle se sente coupable alors que les seuls fautifs, c’était lui et ses états d’âme imbéciles. Elle ne l’aimerait jamais, du moins pas comme il le voulait, et lui, il n’aurait probablement jamais le droit de l’aimer ouvertement, deux faits auxquels il devait se résoudre immédiatement et qu’il devait accepter s’il ne voulait pas perdre son amitié et celle de Derek en plus. Qu’est-ce que tu encore allé imaginer ? murmura-t-il tendrement. Tu n’as rien fait, Mer, rien du tout. Et je ne suis pas fâché contre toi. Comment je pourrais l’être ? Je suis ton ami et rien ne changera ça. Tu ne dois jamais en douter.

    Soulagée, Meredith posa la tête contre son torse avant de relever vers lui un regard plein de tendresse. Alors, si tu ne m’en veux pas – elle lui caressa la joue – qu’est-ce que tu as ? Je vois bien que ça ne va pas.

    Il retint sa main en posant la sienne dessus pendant quelques secondes. C’est rien. Callie m’a pris la tête avec des conneries, alors on s’est un peu engueulé, prétendit-il.

    Et c’est tout ?

    Oui, oui, je t’assure. Je suis juste encore un petit peu énervé. Il appliqua le dernier sparadrap sur la compresse. Voilà ! Tu es parée pour la soirée. Pour donner le change, il prit un ton faussement gai. Donc, vous allez diner au Cache Cache Bistro et tu veux des conseils ?

    Heureuse de n’être pour rien dans l’humeur maussade de son ami, Meredith lui adressa un grand sourire avant de rabaisser la manche de son pull. Oui. Ça m’évitera de mettre deux heures pour choisir ce que je vais manger.

    Oui, ce serait mieux. Alors, ce qui n’est pas mauvais chez eux – Mark commença à ranger son matériel – à condition qu’ils n’aient pas changé leur carte, ce sont les escargots à la Bourguignonne.

    Surprise, Meredith eut un petit mouvement de recul. Des escargots ? Ça se mange, ça ?

    Son ignorance fit sourire Mark. En France, oui, avec une sauce au beurre et à l’ail. C’est très bon mais pour apprécier, il faut réussir à oublier la bestiole à cornes qui bave, évidemment.

    Meredith eut l’air dégouté. Oui mais ça, je n’y arriverai pas. Alors, j’espère qu’ils ont autre chose.

    Oui, t’en fais pas. Ils ont du foie gras, et il est excellent, certifia Mark. Comme plat, je te recommande leur agneau. Ils l’accompagnent d’un gratin de pommes de terre, c’est délicieux. 

    Ça, ça me tente plus, déclara Meredith avec un air gourmand. Et comme dessert ? 

    Oh pour ça, tu es plus calée que moi mais… – pour la première fois, le sourire de Mark se fit coquin – si tu veux mon avis, évite les glaces.


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