• Maintenant, assez parlé boulot ! décréta Derek. Tu vas t’accorder une pause. Il aida Meredith à se relever et la conduisit jusqu’au fauteuil de Mark dans lequel il s’assit, avant de la prendre sur ses genoux. Meredith lui passa les bras autour du cou et leurs lèvres se joignirent pour un baiser langoureux, tout en tendresse. La vibration du bipeur dans la poche du chirurgien mit rapidement fin à ce délicieux moment. Il faut que j’y aille, annonça Derek à regret.

    Je déteste ce truc, bougonna Meredith. ça sonne toujours au mauvais moment.

    Je sais. Mais la semaine prochaine, plus de bipeur. Je serai tout à toi, lui promit Derek. Ils échangèrent un regard complice avant de se lever. Ma prochaine intervention ne devrait pas être trop longue, prévint Derek. Je suppose que tu seras encore ici ?

    Meredith acquiesça d'un signe de tête. Oh oui. Je doute même d'avoir fini ce soir, alors…

    Derek baisa encore une fois ses lèvres. N'oublie pas de manger tout de même ! Tu fais comme je t'ai dit, tu appelles la cafétéria et tu leur dis que c'est pour moi. Ils t'apporteront ce que tu veux. Déjà monopolisée par son travail, elle opina distraitement de la tête. Avant de sortir, Derek la regarda une fois encore. Elle était en train de ramasser les dossiers pour les remettre sur la table. Il prononça son prénom et elle tourna la tête vers lui. Le regard qu'il avait à ce moment-là la fit frissonner. Tu sais, je donnerais n'importe quoi pour ne pas être obligé de m'en aller et pouvoir rester avec toi, lui avoua-t-il. Tu me manques trop quand on n'est pas ensemble. C'est horrible.

    Meredith fut touchée. Elle s'était faite à l'idée qu'il ne lui ferait jamais de déclaration d'amour au sens classique du terme mais cela lui était égal parce que parfois, comme à l'instant, il disait quelque chose qu'elle trouvait merveilleusement romantique et qui, pour elle, valait tous les je t'aime du monde. Elle aurait aimé pouvoir lui dire tout ce qu'elle ressentait pour lui mais son instinct lui souffla que ce n'était pas la chose à faire, pas encore du moins. Oui, c'est horrible pour moi aussi, se contenta-t-elle de répondre. C'est pour ça que je suis contente d'avoir du travail, parce que le temps passe plus vite.

    Derek soupira. Bon, j'y vais alors. Il entrouvrit la porte mais la referma directement. J’ai pas envie, gémit-il en regardant son amie avec un air de chien battu.

    Elle déposa ses dossiers sur la table pour courir jusqu'à lui. Il la prit dans ses bras. Tu dois y aller, lui dit-elle avec douceur. Tu as un patient qui compte sur toi. Et plus vite tu auras terminé, plus vite on se retrouvera. Et moi, j'ai encore beaucoup de choses à faire, insista-t-elle. Pourtant, il ne bougea pas. Derek, s'il te plait, l'implora-t-elle. Ce travail est important pour moi.

    Je sais. Il sortit enfin sur un dernier baiser. Tandis qu'il se dirigeait vers le bloc opératoire, il réalisa avec plaisir qu'il avait sans aucun doute encore beaucoup de choses à découvrir sur la jeune fille. Aujourd'hui, il s'était rendu compte à quel point elle pouvait être investie lorsque quelque chose lui tenait à cœur. Elle était ambitieuse, volontaire et déterminée, trois qualités qu’il appréciait particulièrement. Elle méritait mieux que de végéter dans un tea-room. Il se promit de remettre le sujet sur le tapis dès que l’occasion s’en présenterait.

    Lorsqu’une heure après, Mark revint dans son bureau, Meredith était assise derrière l'ordinateur, en train de pianoter à toute vitesse sur le clavier pour retranscrire ce que lui dictait la voix du chirurgien à travers le dictaphone. En voyant entrer son ami, elle arrêta l'appareil. Surpris de trouver sa table totalement vide, alors qu'elle était surchargée de dossiers quelques heures plus tôt, Mark avança au milieu de la pièce en regardant autour de lui. Ils sont où, mes dossiers ? demanda-t-il, vaguement inquiet.

    Meredith pointa le doigt vers un coin de la pièce où étaient entassées l'une sur l'autre quatre grande caisses. Là. Je les ai trouvées à côté de ton armoire, et comme il y a marqué "archives" dessus, j'ai supposé que c'était là-dedans qu'on t'avait amené les dossiers. Alors, je les ai tous remis dedans, comme ça, ton bureau est un peu plus en ordre.

    Mais… mais tu as déjà tout fini ? Incrédule, Mark ouvrit la caisse du dessus pour vérifier que Meredith ne lui faisait pas une blague.

    Quasiment fini, clama-t-elle fièrement. J'ai déjà interclassé tous les documents qui étaient dans les classeurs. Maintenant, je suis en train de retranscrire tes notes. Après, il ne me restera qu'à les imprimer et à les classer dans les dossiers. Après que tu les aies relues, évidemment.

    Et ça a été pour la retranscription ? se renseigna Mark.

    Oui. ça a été plus facile que ce que je croyais, reconnut Meredith. C'est surtout au niveau de l'orthographe des termes médicaux que j'ai eu des problèmes, mais j'ai fait des recherches sur Google et j'ai tout trouvé. Ah et je voulais te dire - elle le regarda avec un air un peu craintif qui lui fit redouter le pire - j'espère que tu ne seras pas fâché, mais j'ai changé quelque chose dans les dossiers.  

    Mark retira un dossier de la caisse et l'ouvrit. Ne voyant pas ce dont Meredith parlait, il la regarda avec un air interrogateur. Elle le rejoignit pour lui expliquer en quoi consistait son initiative. Petit à peu, la crainte fit place à la satisfaction et c'est avec conviction qu'elle fit valoir ses arguments. Mark sourit en voyant à quel point elle était fière de ce qu'elle avait fait. Rien que pour ça, il était ravi de lui avoir donné cette tâche. Et tant pis si elle avait fait des erreurs, bien qu’il doutât que ce fut le cas. Le principal, c’était que ce travail ait contribué à ce qu’elle se sente mieux. Il émit un léger sifflement admiratif. Ben dis donc, toi, quand tu t’y mets…


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  • Meredith fixa Mark avec de grands yeux pleins d’espoir. Alors, tu trouves vraiment que c’est bien ? J’avais peur d’avoir fait une bêtise. Derek m‘a dit que non, mais c’est Derek, il n’est peut-être pas très objectif quand il s’agit de moi. Et puis, ce ne sont pas ses dossiers.

    Sincèrement, ça me semble très bien, déclara Mark. Je t'avoue que je ne m'y étais jamais intéressé, mais comme tu me l'expliques, l'ancienne méthode était illogique. Tu as bien fait de changer. Et ce truc des couleurs, c’est bien, ça.

    Vraiment ?

    Oui, oui. Fallait y penser. T’as imaginé ça toute seule ? lui demanda-t-il, tout de même un peu dubitatif.

    Mais oui ! Pour interclasser les documents, j’ai d’abord dû comprendre comment c’était organisé, lui fit remarquer Meredith. Et quand j’ai compris, j’ai trouvé que ce n’était pas du tout pratique. Je me suis dit qu’avec les sous-chemises de couleur, ça le serait beaucoup plus.

    Mark posa une main sur son épaule. Et tu as eu tout à fait raison !

    Meredith poussa un soupir de soulagement. Ouf ! J'avais vraiment peur que ça te déplaise.

    Non, non, au contraire. Mark remit le dossier dans la caisse. En plus, tu as fait tout ça en un temps record. Je suis impressionné et pourtant, il m’en faut beaucoup.

    Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ? Parce qu'on est ami ?

    Ma petite, tu sauras que, dans l’exercice de mon métier, je n’ai pas d’ami, surtout pas parmi le petit personnel, affirma Mark sur le mode de la plaisanterie.

    Meredith le frappa légèrement sur le bras. Tu vas voir ce qu'il va te faire, le petit personnel, si tu continues comme ça ! Je pourrais très bien vider tous les dossiers par terre et tu devrais tout reclasser toi-même.

    Mais c'est qu'elle me menace ! Mark frôla l'épaule de la jeune fille avec son poing fermé, comme il avait l'habitude de le faire avec Derek. Merci, Mer. Tu m’as rendu un fier service.

    Elle se haussa sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue. C'est moi qui dois te dire merci. Grâce à toi, je n'ai pas vu la journée passer. Mais là, je n'ai pas tout à fait fini. Elle alla se rasseoir dans le fauteuil de Mark. J'ai encore deux notes à retranscrire et je voudrais bien avoir terminé avant que Derek vienne me chercher. Elle redémarra l'enregistrement et recommença à faire courir ses doigts sur le clavier.

    Mark l'observa pendant quelques secondes. Tu tapes vite, dis donc. Tu as suivi des cours ?

    Meredith hocha la tête avec un grand sourire. Pas du tout. Mais quand j'étais petite, j'ai beaucoup joué à la secrétaire avec la machine à écrire de ma mère. Et après, j'ai continué à l'utiliser pour mes études.

    Une machine à écrire ? s'étonna Mark. Tu n'avais pas d'ordinateur ?

    Oh non, on n'avait pas les moyens, lui confia Meredith. J'en ai eu un seulement à 18 ans, quand mon grand-père m'a offert mon portable pour mon anniversaire.

    Mark ne fit plus aucun commentaire. Bien sûr, il savait que la majorité des Américains n'avaient pas la chance d'avoir la même aisance financière que celle dans laquelle il baignait depuis sa plus tendre enfance. Néanmoins, ça lui était difficile d'imaginer qu'à l'époque actuelle, des jeunes gens soient encore forcés de grandir sans certaines choses qu'il jugeait élémentaires. Il passa de l'autre côté du bureau pour s'installer sur une chaise visiteur et à nouveau regarder Meredith tandis qu'elle travaillait. Il nota qu'elle était concentrée même si de temps en temps, elle tournait la tête vers lui pour lui lancer un regard plein de satisfaction lorsque, par exemple, elle avait trouvé sur Google l'orthographe correct d'un terme médical compliqué. A chaque fois, il lui répondit par un sourire destiné à l'encourager et surtout, à lui faire comprendre qu’il avait toute confiance en elle. Il se sentait bien et il aurait pu rester des heures à la regarder travailler.

    Malheureusement, comme le dit l’adage, toutes les bonnes choses ont une fin. Voilà, j’ai fini ! s’exclama Meredith en éteignant le dictaphone.

    Super ! s'écria Mark. Cependant, l’éclat de ses yeux contredisait son intonation réjouie.

    Tu vas peut-être trouver que je me la pète mais je suis plutôt fière de moi, admit Meredith.

    Mais tu as le droit de te la péter, estima le chirurgien. Tu as fait du très bon boulot et moi aussi, je suis très fier de toi. Il se leva à nouveau et vint la prendre dans ses bras pour lui donner une accolade. Tu es la meilleure, Mer.


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  • On forme une bonne équipe, plaisanta Meredith. Maintenant, j'imprime tout, comme ça, tu pourras relire pour voir si je n'ai pas fait trop d'erreurs. Et après, je pourrai les classer. Elle alla se poster devant l'imprimante.  

    Je vais les prendre avec moi pour les lire ce soir, promit Mark en regardant les feuilles de papier sortir de la machine. Dis-moi, comment tu te débrouilles en informatique ? s'enquit-il soudain. Faire des tableaux Excel, faire des graphiques, ce genre de choses ?

    ça va, je me débrouille. Pourquoi ?

    On nous a demandé de faire des statistiques et aussi d'évaluer notre personnel avec des tableaux de bord, et ce genre de conneries, lui apprit-il. Et je t'avoue que moi, ce genre de choses, c'est pas ma tasse de thé. Je n'ai pas le temps, je n'ai pas la patience et je n'ai pas le savoir-faire non plus, je dois être honnête. Je comptais sur ma secrétaire pour le faire mais vu qu'elle est absente, et comme ils commencent à me mettre la pression, ça m'arrangerait que tu me donnes un coup de main.  

    Meredith lui fit un sourire un peu embarrassé. Je pourrais essayer mais le problème, c'est que Derek m'a demandé de m'occuper de son classement après le tien, alors…

    Mark ouvrit de grands yeux étonnés. Mais quel classement ? Il n'a aucun retard, lui.

    Il a dit qu'il en aurait, murmura Meredith, de plus en plus mal à l'aise.

    Ouais, bref, il va créer du bordel pour te donner du travail, maugréa Mark, quelque peu furieux que son ami reprenne ses idées pour récupérer la jeune fille. Mais en fait, il n'a pas vraiment besoin de toi. Moi oui, insista-t-il. Il pencha la tête sur le côté avec des yeux de cocker, dans l’espoir de l’attendrir. Alors, tu ne peux pas me laisser tomber. Si tu ne me donnes pas un coup de main – il prit un air exagérément désespéré – je vais devoir le faire moi-même et ce sera mal fait. Ils vont virer tout le monde et ce sera de ta faute.

    Meredith sourit. Evidemment, tu n’exagères pas !

    A peine, prétendit Mark.

    D’accord, je veux bien essayer, dit finalement Meredith après avoir réfléchi quelques instants. Si elle s’organisait bien, elle pourrait probablement travailler pour les deux hommes en même temps.

    Yeah ! cria Mark. Il jeta ses bras en l’air, en signe de victoire.

    Avant de te réjouir, attends de voir ce que je vaux, lui suggéra la jeune fille.

    Pourquoi ? Tu ne t’en sens pas capable ? s’inquiéta-t-il. S’il se moquait totalement du travail en lui-même, il ne voulait pas saper le moral de son amie en lui confiant une tâche au-dessus de ses compétences, et qu’elle s’en voudrait de ne pas pouvoir mener à bien.

    Si, si. Meredith fit une petite grimace. Enfin, tout dépend de ce que tu attends de moi. Elle était touchée par la confiance qu’il lui témoignait mais cela l’angoissait aussi, parce qu’elle n’était pas certaine d’être à la hauteur.

    Mark se fit rassurant. Non mais ça, t’en fais pas. On a reçu des instructions où ils expliquent ce qu’ils veulent, comment ça doit être présenté. Attends, je te montre. Il s’assit derrière son ordinateur et appuya sur quelques touches. Voilà, c’est ça. Regarde à ton aise, et après, tu me dis si tu peux t’en occuper. Et si tu ne peux pas, ce n’est pas grave, assura-t-il. Il se releva et céda sa place à son amie qui prit aussitôt connaissance du document.

    Lorsque Derek entra dans le bureau de Mark, Meredith était toujours devant l'ordinateur, absorbée par la lecture des consignes du service des ressources humaines, que Mark, penché au-dessus de son épaule, découvrait lui aussi pour la première fois. Il releva la tête vers son ami qui lui fit signe de ne pas prévenir la jeune fille. Bouh ! lança Derek en surgissant derrière l'imposant écran d'ordinateur.

    Meredith se leva d'un bond en poussant un cri de joie et sans prendre garde à Mark qu'elle bouscula légèrement, contourna le bureau pour se jeter dans les bras de son amant qui la souleva en tournant sur lui-même. Ah ça fait plaisir un tel accueil ! Il la reposa par terre. Alors, comment va mon petit génie du classement ? Sans lui laisser le temps de répondre, il l'embrassa.

    Vous gênez pas pour moi, surtout, grogna Mark en voyant que le baiser se prolongeait.

    Mais c'est ce qu'on fait ! répliqua Derek. Meredith éclata d'un rire frais et joyeux. Mark remarqua avec un peu d'amertume qu'elle était transfigurée depuis que son amant l'avait rejointe.

    Ce dernier s'assit sur une chaise et prit Meredith sur ses genoux, en la tenant étroitement par la taille. Alors, que dis-tu de ton assistante ? demanda-t-il à Mark avec un grand clin d’œil.


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  • Ah ça, le moins qu’on puisse dire, c’est que je suis pleinement satisfait ! Mark s'installa dans son fauteuil et observa le couple qui échangeait des sourires pleins de tendresse. D’ailleurs, je viens de lui proposer un autre job. Elle va s'occuper de mes statistiques et aussi de l'évaluation du personnel, précisa-t-il pour répondre à l’interrogation contenue dans le haussement de sourcils de Derek.

    Qu'est-ce que tu entends par s'occuper ? s'enquit Derek avec un air suspicieux.

    En bien, créer des tableaux Excel, faire des graphiques, ce genre de choses, expliqua Mark.

    Tu sais que le service RH nous a déjà fourni tout ça, dit Derek, un rien condescendant.

    Mark se vexa. Je le sais aussi bien que toi. Mais ça ne vaut rien. Un chat n’y retrouverait pas ses jeunes. En tout cas, moi, je n'y comprends rien. Alors, je me disais que Mer… Il sollicita celle-ci du regard pour qu'elle leur donne son opinion.

    Elle se tourna vers Derek. Qu'est-ce que tu en penses ?

    Il lui retourna la question. C'est à toi qu'il faut demander ça. C'est toi qui vas le faire.

    Bon, je vais vous laisser discuter, annonça Mark en se levant. J’ai un truc à faire. Mais surtout, vous ne bougez pas avant mon retour. Il sortit de la pièce.

    Derek caressa la joue de son amie. Tu t’y connais en informatique ? Enfin, je veux dire, assez pour effectuer un tel boulot ? ça ne doit pas être si facile.

    Meredith fit une petite moue. Ce n'est pas si compliqué. Les statistiques, j'en ai fait à l'école. Quelques formules et le tour est joué. Pour l'évaluation du personnel, je dois juste créer des tableaux Excel. En plus, je peux me baser sur ceux qui existent déjà. En fait, je dois les simplifier pour que Mark les comprenne mieux. Concernant les données, ce sera à lui de les mettre, évidemment. Elle regarda Derek avec un peu d'inquiétude. Tu préfères que je refuse ? 

    Non, non pas du tout, s’empressa-t-il de la rassurer. Du moment que ça t'intéresse et que tu t'en sens capable, ça me va. C’est un peu comme si tu faisais partie du personnel de la clinique, maintenant, ajouta-t-il en la regardant tendrement. Nous sommes collègues.

    Hou la ! Vu la façon dont tu traites certains de tes collègues, je ne suis pas sûre de faire une affaire, plaisanta-t-elle. Il sourit. Mais je pense que je vais accepter quand même, poursuivit-elle. C'est assez intéressant comme travail, plus que le classement en tout cas. Je vais devoir faire fonctionner mes méninges. Parce qu'il faut que je crée quelque chose de super simple pour que Mark sache l'utiliser. C'est peut-être le meilleur chirurgien du monde - elle vit que Derek fronçait les sourcils - après toi, bien sûr - il opina de la tête en mimant un "ah" de soulagement avec ses lèvres, comme s’il était heureux qu’elle reconnaisse enfin son mérite - mais c'est loin d'être un as en informatique, j'ai l'impression.

    Tu as déjà pensé à tout, je vois, constata Derek, amusé.

    Meredith opina de la tête. Oui. J'ai déjà quelques idées. Et je sais comment je vais m'organiser demain. Je commencerai par m'occuper de tes dossiers.

    J’y compte bien, s'exclama Derek. C’est moi, ton amant. J’ai la priorité.

    Je crois qu'en ce qui concerne le travail, on est dans un ménage à trois, riposta Meredith, espiègle.

    Si ça se limite au travail, je veux bien, concéda Derek. Mais c'est tout.  

    Meredith lui passa la main dans les cheveux. Pour le reste, tu n'as vraiment rien à craindre.

    Il la couva d’un regard langoureux qui la fit rosir. Si je n’avais pas peur que Mark déboule… Il la poussa délicatement pour l’obliger à se lever et la fit se rasseoir à califourchon sur ses genoux. C’est bien dommage qu’il n’y ait pas de canapé ici. Il prit le visage de la jeune fille entre ses mains. Tu es heureuse ?

    Autant que ce soit possible, murmura Meredith. Derek rapprocha son visage de celui de son amie et y promena ses lèvres, effleurant chaque millimètre de sa peau, appuyant un peu plus ses baisers sur ses paupières qu’elle avait fermées à son approche, suivant l’arête de son nez, pour enfin atterrir sur sa bouche qu’il commença par lécher du bout de la langue, pour finalement l’ouvrir et la posséder totalement. Meredith sentit les frissons la parcourir. Elle glissa ses doigts dans la chevelure luxurieuse de son amant et c'est avec délectation qu'elle accueillit sa langue venue flirter avec la sienne.

    Lorsque Mark revint, il trouva ses amis qui s’embrassaient à perdre haleine. C’est ça que vous appelez discuter, vous ? s’écria-t-il, feignant d’être scandalisé par leur attitude. Y a des hôtels pour ça.

    Jaloux ! l’accusa Derek avec le sourire de celui qui a totalement confiance.


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  • Pfft ! De quoi ? protesta Mark, tout en pensant qu’effectivement il aurait donné beaucoup pour être celui que Meredith embrassait avec autant de passion. Bon alors, qu’est-ce que tu as décidé ? demanda-t-il en s’adressant à l’intéressée.

    Mais je te l'ai dit tout à l'heure, lui rappela-t-elle. Je vais le faire. Je vais essayer du moins. 

    Alors c’est dans la boîte ! clama Mark, heureux de ne pas avoir perdu sa nouvelle assistante. Tu es officiellement engagée, lança-t-il en boutade. Et comme tout travail mérite salaire, voilà… Il lui tendit une enveloppe.

    Qu'est-ce que c'est ?

    Ouvre, tu verras bien.

    Meredith ouvrit l'enveloppe et fut interloquée en découvrant les quatre cents dollars qu'elle contenait. C'est pour quoi ?

    Mark fit une mimique indiquant qu'il trouvait la réponse évidente. Ton salaire, tiens ! Tu as travaillé, tu as fait du très bon boulot. Je te paie. C'est normal.

    Meredith remit l'argent dans l'enveloppe qu'elle tendit à Mark. C'est très gentil mais je ne peux pas accepter. J'ai fait ce travail pour te faire plaisir, et aussi pour m'occuper, pour que ma journée passe plus vite. Pas pour avoir de l'argent.

    L'un n'empêche pas l'autre, fit remarquer Mark.

    Bébé, prends cet argent, intervint Derek. Mark a raison, tu l'as mérité.

    Non, non, je ne veux pas de son argent, s'obstina Meredith en déposant l'enveloppe sur le bureau.

    Si tu refuses uniquement parce que tu crois que c'est moi qui te paie, alors, tu peux reprendre l'enveloppe, déclara Mark. C'est la clinique qui te donne cet argent, pas moi. Je reviens du service du personnel, expliqua-t-il en voyant l'incompréhension s'inscrire que le visage de Meredith. Je leur ai dit que je t'avais engagée pour la semaine – il se rassit dans son fauteuil – que tu allais faire divers petits travaux de bureau. Pour Derek aussi. D'ailleurs, ils vont établir un contrat que tu devras aller signer demain. Il désigna du menton l’enveloppe qui gisait toujours sur la table. Considère ça comme une avance sur salaire. Tu recevras le solde à la fin de la semaine. Il fit une petite grimace de dépit. Bon, ce ne sera pas faramineux comme somme, tu t’en doutes. Mais c’est mieux que rien.

    Meredith se dit que, compte tenu du montant de l'avance, elle pouvait espérer percevoir une somme appréciable à la fin de la semaine. Sans doute plus appréciable que ce qu'elle touchait à la boutique pour un travail beaucoup moins intéressant, plus contraignant et plus stressant. Elle eut l'impression que pour la première fois de sa vie, elle était vraiment reconnue à sa juste valeur. Folle de joie, elle se tourna vers Derek avec un sourire béat. C'est super, hein ! Tout cet argent pour un peu de classement et des tableaux Excel !

    Mark la regarda se serrer contre Derek avec un petit pincement au cœur. C’était lui qui avait eu l’idée, c’était l’autre qui en retirait tout le bénéfice. Ce sera toujours la même chose et tu le sais, se dit-il. Alors, fais-toi une raison et passe à autre chose.

    Meredith quitta les genoux de Derek pour venir serrer Mark dans ses bras et l’embrasser sur la joue. Merci.

    Gêné par la présence de son ami, il se contenta de lui donner un léger baiser à la naissance des cheveux. Mais c’est rien, voyons. Juste une broutille. Je suis même un peu gêné. Ce n'est pas grand-chose, surtout compte tenu du travail que tu vas encore faire.

    Pas grand-chose ! s'écria Meredith. Mais c'est plus que ce que je gagnais par semaine à la boutique !

    Derek faillit s’étrangler de surprise. Pardon ?

    Sans indiscrétion, Mer, tu gagnais combien là-bas ? Sans compter les pourboires ? se renseigna Mark.

    ça dépendait de la recette qu'on faisait. Le premier mois, je n'avais eu que mille dollars. Mais le mois passé, j'ai touché mille deux cents dollars.

    Mark eut l'air atterré. Quant à Derek, il bondit de sa chaise. Et c’est pour cette misère que tu trimais comme une folle ? Il commença à faire les cent pas dans la pièce, en faisant de grands gestes avec les bras. L’esclavage a été aboli depuis longtemps, Meredith. Toi qui aimes les livres d’histoire, tu devrais le savoir ! Il vint se camper devant elle. En tout cas, moi, je le sais. Et crois-moi, je vais mettre les pieds dans le plat.

    Mark approuva immédiatement son meilleur ami. Il a raison, Mer. Ce n’est pas normal.

    Mal à l'aise, Meredith s'empressa de changer de sujet. Quoi qu'il en soit, maintenant, je vais pouvoir m'acheter des tenues pour aller skier.


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