• En rentrant chez lui, Mark était tellement fatigué qu’il n’avait même pas pris la peine de passer par la salle de bains et qu’il s’était jeté tout habillé sur son lit. Il était directement tombé comme une masse dans un sommeil profond, au point qu’il n’entendit pas son téléphone portable sonner à deux reprises. Ce n’est que lorsque la sonnerie de son téléphone fixe retentit qu’il réagit. Il se redressa péniblement en marmonnant des insultes à l’abruti qui osait le déranger. Il décrocha, bien décidé à le lui faire payer. Allo, grogna-t-il. Les sanglots qui lui répondirent lui indiquèrent immédiatement l’identité de son interlocutrice. Meredith ? ânonna-t-il, surpris qu’elle l’appelle chez lui. Comme il ne se souvenait pas lui avoir donné ce numéro, il supposa que c’était Derek qui l’avait fait.

    Il est parti ! cria la jeune fille.

    Qui ? demanda Mark, toujours désarçonné par son appel.

    Derek, répondit-elle avant de se mettre à sangloter.

    Derek ? répéta Mark, déconcerté. Où il est parti ?

    Je ne sais pas du tout, se lamenta Meredith.

    Mark était maintenant tout à fait réveillé et il commençait à comprendre ce qu’elle lui disait. Vous vous êtes engueulés ? Il prit son téléphone portable sur la table de nuit pour consulter ses messages. Il n’y en avait aucun qui émanait de son meilleur ami.

    Non… pas vraiment, murmura Meredith en reniflant. Un tout petit peu.

    Tu as essayé de l’appeler ? s’enquit Mark alors qu’il essayait lui-même de joindre son ami.

    Evidemment mais je tombe directement sur sa messagerie, geignit Meredith. Il a sûrement éteint son téléphone pour que je ne puisse pas l’appeler. Cette idée lui parut insoutenable et elle se remit à pleurer. 

    Mark venait de constater par lui-même qu’elle disait vrai. Plutôt que de laisser un message à Derek, il raccrocha, surtout pour ne pas accroitre la peur de la jeune fille en lui révélant que pour lui aussi, son ami était aux abonnés absents. Calme-toi. Ça ne sert à rien de te mettre dans des états pareils, lui fit-il remarquer.

    Je ne sais pas quoi faire, Mark, gémit-elle. Et puis, j’ai peur toute seule dans cette grande maison.

    C’est bon, j’ai compris, se dit-il en se levant. Ecoute, Mer, je vais venir, annonça-t-il à son amie. Il sortit de la chambre et dévala l’escalier qui menait à son immense salle de séjour. Je serai là dans quelques minutes. En attendant, tu ne bouges pas, tu m’as compris. Tout en parlant, il enfila ses chaussures et chercha du regard sa veste.

    D’accord.

    Je serai là dans très peu de temps, promit Mark encore une fois. Tu ne fais pas de bêtises en m’attendant. OK ?

    Inquiète, Meredith regarda autour d’elle, comme si la maison était devenue son ennemie.

    Mark sentit son angoisse et tenta de la rassurer. T’en fais pas. Je suis sûr qu’il n’y a rien du tout. Vous êtes un peu frittés, mais ça n’est pas dramatique. Il est juste parti faire un tour, parce qu’il avait besoin d’un peu d’espace. Si ça se trouve, il a déjà fait demi-tour et on va arriver à la maison en même temps.

    Mais non, hoqueta Meredith en sanglotant de plus belle. Il est parti et il ne reviendra pas. Il en a marre de moi et de mes humeurs.

    Mais bien sûr que si, il va revenir. Quelle idée vas-tu encore te mettre dans la tête ? Mark se garda de lui donner son avis sur le comportement de son ami. Peu importait ce qui c’était passé, compte tenu des circonstances, Derek n’avait pas le droit d’agir de la sorte. Bon, maintenant, tu vas te calmer. J’arrive.

    Tu le jure, tu viens, hein ? supplia Meredith.

    Mais puisque je te le dis ! Dans dix petites minutes, je suis là. Mark mit fin à la communication. Le temps de saisir sa veste, il sortait de chez lui. En attendant l’ascenseur, il rappela Derek. A nouveau, il tomba sur sa boite vocale mais cette fois, il lui laissa un message. Ouais, c’est moi. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais t’as foutu un sacré boxon. Meredith vient de m’appeler, elle est vraiment paniquée. Alors, je me fous complètement de savoir qui a fait quoi et qui a raison, mais tu vas me faire le plaisir de l’appeler, pour la rassurer. Et après, tu rappliques tes fesses à toute vitesse parce que je commence sérieusement à en avoir marre de réparer tes conneries. Je suis chirurgien, moi, pas assistant social ! Il appuya sur la touche de fin d’appel d’un geste rageur et prit l’ascenseur.

    Ça lui demanda moins de cinq minutes pour parcourir les trois rues qui séparaient son immeuble de la maison. Meredith, cria-t-il en pénétrant dans la demeure. Il n’obtint aucune réponse, ce qui l’effraya. Meredith, répéta-t-il d’une voix plus forte en se dirigeant vers la cuisine, priant le ciel pour que la jeune fille n’ait pas fait n’importe quoi.


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  • Pour essayer de tromper son angoisse, Meredith était montée se changer. Après avoir revêtu une chemise qui appartenait à Derek – c’était la seule façon dont elle pouvait encore être avec lui – elle s’apprêtait à enfiler un pantalon de jogging quand elle entendit Mark l’appeler. Elle laissa tomber le vêtement par terre et se précipita dans l’escalier. Mark, je suis là, cria-t-elle en dévalant les marches. Mark, qui était en train de traverser le living, revint dans le hall au moment où elle y arrivait. Elle se jeta sur lui en pleurant. Il n’est pas revenu, lui apprit-elle, tremblante de peur. Il n’a pas appelé non plus et je n’arrive toujours pas à le joindre. Il m’en veut, c’est sûr.

    Mark referma les bras sur elle et lui tapota délicatement le dos. Mais c’est rien, ça. Il la prit par les épaules pour l’amener au salon. Il boude dans un coin mais, quand il se sera calmé, il reviendra et à ce moment-là, vous pourrez vous expliquer calmement. Et après ça, vous reprendrez les choses où elles en étaient, comme s’il ne s’était jamais rien passé.

    Les yeux débordant de larmes, Meredith secoua la tête. Non, il ne reviendra pas. Il en a marre de moi et de mes problèmes.

    Mais non ! Qui pourrait en avoir marre de toi ? Mark la poussa délicatement pour qu’elle s’asseye dans le canapé. C’est à ce moment-là seulement qu’il réalisa qu’elle ne portait qu’une chemise. Nom de dieu, marmonna-t-il en découvrant ses cuisses couvertes de zébrures. Il n’avait fait que les entrevoir à la clinique, mais maintenant qu’il les voyait vraiment et de près, il était surpris par l’étendue des hématomes. Il se laissa tomber lourdement à côté de la jeune fille. Nom de dieu, répéta-t-il, abasourdi, les yeux fixés sur ses jambes. Il les releva enfin vers elle. Je n’avais pas réalisé à quel point ce salaud… Meredith ne réagit pas. Sans réfléchir, il posa la main sur sa jambe. C’est con de ma part, parce que j’avais vu à la clinique… Il passa la paume sur la cuisse de sa camarade. Tu as mal ?

    Meredith haussa les épaules. Un peu, parfois. Mais je m’en fous. Je me fous de tout maintenant. Si Derek ne revient pas, ma vie est foutue, se lamenta-t-elle. J’ai déjà perdu mes amis et mon travail… Perdu dans ses pensées, Mark n’entendit plus ce qu’elle disait. La douceur de sa peau, la fermeté de sa cuisse, la forme parfaite de ses jambes fuselées, tous les éléments étaient réunis pour le transporter dans un autre monde. Tandis que sa main faisait des allées retours sur la cuisse meurtrie, il se dit que la jeune fille était parfaite, tout simplement. Si la situation avait été différente, il aurait… Des tas d’images lui vinrent en tête. Oh oui, si la situation avait été différente, il aurait révélé maints et maints plaisirs à Meredith. Mais la situation étant ce qu’elle était, il ne se passerait jamais rien entre eux, malheureusement. Lentement, son regard remonta pour s’arrêter quelques secondes sur la poitrine délicieusement arrondie, que la chemise entrouverte lui permettait d’apercevoir. Il releva encore un peu la tête jusqu’à ce que ses yeux rencontrent ceux, éperdus de détresse, de Meredith. Derek, disait-elle avec une voix pitoyable.

    Mark ne put se retenir de soupirer. Derek ! Oui, Derek, le seul sujet qui intéressait la jeune fille. Et l’autre abruti qui était dieu sait où, alors qu’il avait un tel trésor dans sa vie. Bon alors, tu me racontes ce qui s’est passé ? demanda-t-il en retirant sa main de la cuisse de Meredith.

    Eh bien, après que tu sois parti, on a décidé d’aller à la police, lui expliqua cette dernière. J’ai dû raconter tout en détail et puis, là, ils m’ont annoncé que George était mort. Et puis…

    Stupéfait par ce qu’elle venait de lui dire, comme si c’était quelque chose de tout à fait banal d’ailleurs, Mark lui coupa la parole. Attends, attends, qu’est-ce que tu viens de dire ?

    Qu’on est allé à la police et…

    Il l’interrompit encore. Non, pas ça ! George est mort ? Cet enfoiré est mort ? redit-il, abasourdi.

    Oui mais on s’en fout de ça ! s’exclama Meredith.

    Moi pas ! répliqua Mark. Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment il est mort, ce con ? 

    Meredith souffla légèrement. Il a fait une overdose. Ils l’ont trouvé dans un squat, il avait une aiguille dans le bras, expliqua-t-elle sans émotion. De l’héroïne, d’après ce qu’ils m’ont dit. Il parait qu’il dealait un peu. Enfin bref… Elle leva les yeux au ciel avec un air un peu blasé.

    Et comment tu le vis ? se renseigna Mark.

    C’est triste pour lui et sa famille, dit Meredith assez froidement. Mais personnellement, ça m’est égal. Et je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines à me parler de ça, ajouta-t-elle sur un ton sec. La seule chose qui m’intéresse, c’est Derek qui est parti. C’est pour ça que je t’ai appelé. Si j’avais su…

    Ne t’en fais donc pas pour Derek, rétorqua Mark. Il va revenir, je te l’ai dit. Donc, la mort de George te laisse froide, insista-t-il. Un peu étonnant, ça, quand même.

    Après ce qu’il m’a fait, tu ne voudrais quand même pas que je pleure pour lui ? aboya la jeune fille.

    Non, bien sûr, mais… Mark la dévisagea attentivement. Mais de là à dire que ça ne te fait rien… 


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  • C’est le cas pourtant, affirma Meredith.

    Mark fit une moue quelque peu dubitative. Admettons. Alors, raconte-moi. Qu’est-ce qui s’est passé avec Derek ? Qu’est-ce que tu as fait pour qu’il décide de foutre le camp ?

    Mais rien ! protesta Meredith. C’est lui qui a commencé. On est allé au commissariat, j’ai fait ma déposition, j’ai appris que George était mort et quand on est rentré, il a voulu que je fasse la cuisine, dit-elle. Sceptique, Mark haussa un sourcil. Réalisant qu’elle exagérait, Meredith baissa le regard, ne pouvant soutenir celui, inquisiteur, de son ami. Et puis, il a proposé d’aller au cinéma.

    Je vois. Un vrai bourreau, se moqua Mark.

    Ce n’est pas ce que j’ai dit, grommela Meredith, contrariée qu’il ne prenne pas son parti. Mais il sait que je ne veux pas voir des gens pour le moment et il n’arrête pas de me proposer de sortir. Il ne tient pas du tout compte de ce que je ressens.

    Ouais. Bon ! Mark se leva en claquant ses mains l’une contre l’autre. Résumons la situation. Tu vas à la police porter plainte. Là, tu apprends que ton agresseur qui est aussi ton ami d’enfance est mort et après ça, tu t’engueules avec Derek pour des conneries. Oui, des conneries, insista-t-il en voyant l’air outré de la jeune fille.

    Non, c’est faux, s’insurgea-t-elle. Ce ne sont pas des conneries et de toute façon, ça n’a rien à voir avec le reste.

    Tu me permettras d’en douter !

    Qu’est-ce que tu insinues ? lança Meredith, énervée. Que j’ai fait exprès de me disputer avec Derek à cause de la mort de George ?

    Faire exprès, non, concéda Mark. Mais je pense que ça a un rapport. Meredith haussa les épaules avec un air excédé. Au lieu de te braquer, réfléchis un petit peu, lui conseilla Mark. Réfléchis et essaie de te souvenir de ce que tu as ressenti quand tu as appris la mort de George.

    Mais je n’en sais rien, cria Meredith. Je n’ai rien ressenti, je n’en avais rien à faire. Vous vouliez que je porte plainte, je l’ai fait. C’était censé me faire sentir mieux, ce n’est pas le cas, ajouta-t-elle avec de la hargne. J’ai fait ma déposition et après, ils m’ont appris que ma plainte était inutile, parce que celui qui m’avait fait ça était mort. Il ne sera pas puni.

    Et ça te met en colère, supposa Mark.

    Evidemment que ça me met en colère ! s’écria Meredith. J’ai passé une heure à raconter dans les moindres détails ce qui m’était arrivé mais ça ne va servir à rien. Je ne voulais pas y aller mais Derek a insisté et je l’ai écouté, comme d’habitude. Il m’a obligée à m’humilier pour rien. Elle se rendit compte de ce qu’elle venait de dire et de ce que ça impliquait. Oh mon dieu ! dit-elle en mettant une main devant sa bouche. Je lui en veux !

    Eh bien, voilà ! s’exclama fièrement Mark.

    Mais c’est ridicule ! s’indigna Meredith. Je n’ai pas le droit de lui en vouloir. Il ne savait pas que George était mort.

    Oui, ça, c’est ce que tu es capable de déduire quand tu raisonnes, souligna Mark. Mais quand tu es sous le coup des émotions, c’est autre chose.

    Meredith prit un air catastrophé. Alors, j’ai perdu Derek à cause de mes émotions foireuses ?

    Mais tu ne l’as pas perdu, voyons ! la rassura Mark sur un ton paternel. Encore que… Il la regarda sévèrement. S’il revient et qu’il te voit dans cette tenue, il risque de repartir aussi sec.

    J’allais mettre un pantalon de jogging quand tu es arrivé, bougonna Meredith.

    De mieux en mieux ! ironisa Mark. Et à part trainer en pyjama en plein après-midi, tu comptes faire quoi ? Te saouler jusqu’à tomber par terre ? Te goinfrer de nourriture et la vomir ensuite ? Passer le reste de ta vie à pleurer sur ton sort ?

    Meredith le fusilla du regard. Je ne pleure pas sur mon sort. Et je fais tout ce que je peux pour surmonter ce qui m’est arrivé. Je veux m’en sortir. Mais ça n’est pas si simple que ça. Et maintenant que Derek est parti…

    Arrête avec ça ! Il va revenir, maugréa Mark. Il se campa devant Meredith. Tu veux vraiment t’en sortir ? Eh bien, prouve-le alors ! Bouge-toi. Montre-moi que tu veux réellement tirer un trait sur tout ça.

    Et comment je fais ? demanda-t-elle, perplexe.

    Tu vas commencer par aller passer une tenue un peu plus décente que celle-là, ordonna Mark avec autorité. Décente mais sympa quand même. Le genre de tenue qu’on met pour une p’tite soirée entre amis. Meredith le regarda avec un air suspicieux. On sort ! lui annonça-t-il.


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  • On va chercher Derek ? dit Meredith, pleine d’espoir.

    Les lèvres de Mark s’avancèrent en une moue incrédule. Le chercher où ? Il peut être n’importe où. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

    Déçue, Meredith se renfrogna. Où tu veux aller, alors ?

    Quelque part, répondit Mark avec un sourire narquois.

    Ha ha ! Très malin ! ironisa Meredith. Et qu’est-ce qu’on va faire dans ce quelque part ?

    Mark fit mine de se fâcher. Oh mais qu’est-ce que c’est que toutes ces questions ? Il agita rapidement sa main dans les airs. Allez, hop hop hop, on se lève et on va se préparer. On n’a pas toute la vie devant nous, non plus.

    Non, je ne bougerai pas d’ici, garantit Meredith avec un air buté. Tout à l’heure, j’ai refusé de sortir avec Derek, ce n’est pas pour sortir avec toi maintenant.

    Ça, c’est ce qu’on va voir ! Mark n’avait pas encore terminé sa phrase qu’il soulevait la jeune fille dans ses bras et l’emportait vers l’escalier.

    Perchée sur son épaule, elle lui donna de petits coups dans le dos durant toute l’ascension. Lâche-moi ! cria-t-elle. Tout de suite ! Je ne plaisante pas. Tu n’as pas le droit. Dépose-moi immédiatement.

    Tes désirs sont des ordres, prétendit-il en la déposant sur le palier du dernier étage. Il pointa l’index vers l’ancienne chambre de sa mère. Je te donne cinq minutes pour te changer. Pas une de plus ! Si tu n’obéis pas, c’est moi qui vais t’habiller et je ne crois pas que tu vas aimer ça.  

    Meredith le défia du regard. Tu n’oserais pas !

    Mark émit un petit rire. Tu crois ? Il s’était interdit de faire certaines choses avec elle mais le problème, c’était qu’il aimait braver les interdits et il n’était pas homme à résister longtemps à ses envies. Ne joue pas à ça avec moi, Mer. Ce n’est pas toi qui gagnerais.

    Elle sentit qu’il avait raison ; elle n’était pas de taille à se mesurer à lui. Tu vois, en ce moment, je te déteste vraiment, dit-elle avec hargne en rentrant dans la chambre.

    Mark haussa les épaules. Pas grave, assura-t-il avec d’autant plus d’aplomb qu’il savait qu’elle n’en pensait pas un mot. J’ai l’habitude qu’on ne m’aime pas et je le vis très bien. Active-toi maintenant.

    Meredith repoussa légèrement la porte de sa chambre. Est-ce que je peux au moins savoir où on va ? dit-elle en se dirigeant vers le dressing.  

    Tu verras bien, répliqua Mark. Quelques secondes plus tard, il aperçut la jeune femme qui revenait en tenant à la main un pull qu’il reconnut comme étant celui de Derek. Et t’es priée de t’habiller comme une gonzesse !

    Meredith lui lança un regard noir par l’entrebâillement de la porte. T’as pas l’impression d’abuser, là ?

    Pas du tout ! Il rentra dans la pièce. Allez, va remettre ce pull et trouve-moi autre chose.

    Meredith jeta le vêtement sur le lit et mit les deux mains sur ses hanches. Non mais j’hallucine ! Je n’ai même plus droit à un peu d’intimité.

    Arrête de râler ! lui recommanda Mark. Plus vite tu feras ce que je te dis, plus vite je te foutrai la paix. Elle repartit dans le dressing et en revint presque immédiatement avec une longue robe en jersey gris souris. Mark secoua la tête. Hors de question que je m’affiche avec toi comme ça ! Tu me rappelles la vieille bonne femme que ma mère avait engagée pour faire mon éducation religieuse.

    J’ai l’impression qu’elle a dépensé son argent pour rien, persifla Meredith.

    Ne cherche pas à détourner la conversation ! Et dépêche-toi de te trouver des fringues convenables ou je m’en mêle, menaça Mark en faisant un pas dans sa direction.

    Meredith eut à nouveau l’impression qu’il était capable de mettre sa menace à exécution. Elle fit donc suivre à sa robe le même chemin que le pull. Tu me saoules vraiment, Mark, et je ne plaisante pas, fulmina-t-elle en retournant une fois encore dans le dressing. Elle réapparut en brandissant un jean court et un haut rose corail. Et ça, ça plait à monsieur ou pas ?

    Mark fit un grand sourire. Eh ben voilà ! Tu vois, quand tu veux ! Bon, je te laisse maintenant, mais grouille-toi. Il sortit de la chambre pour patienter sur le palier, où il se mit à tourner en rond. En passant devant la porte entrouverte, il jeta machinalement un coup d’œil à l’intérieur de la chambre et s’arrêta net, comme hypnotisé par la vision de la jeune fille, penchée vers l’avant, lui offrant ainsi le spectacle de ses fesses rebondies délicieusement moulées dans un tanga de dentelle blanche, pleinement épanouies de par la position adoptée. Magnifique, se dit-il avant de se fustiger. Non, tu n’as pas le droit de penser à elle de cette façon. C’est encore une enfant, et puis c’est ton amie, et surtout, c’est la nana de ton meilleur ami. Il détourna le regard et alla s’adosser contre le mur.


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  • Cependant, malgré la force de son sens de l’amitié, Mark ne put faire barrage à l’image qui s’imposa violemment à lui. Il se vit pousser la porte de la chambre et marcher vers Meredith qui le regardait venir à elle, les yeux brillants de désir. C’est elle-même qui retirait précipitamment sa chemise, tandis qu’il abaissait son pantalon pour lui dévoiler sa verge tendue, devant laquelle elle poussait des cris d’admiration. C’est encore elle qui l’amenait vers le lit sur lequel elle s’asseyait, lui présentant sa poitrine pour qu’il se masturbe entre ses seins qu’elle tenait serrés l’un contre l’autre. C’est toujours elle qui, n’y tenant plus, se mettait à quatre pattes, lui proposant ses fesses ouvertes entre lesquelles il frayait un chemin à son pénis à l’amplitude encore jamais atteinte. Il la possédait sauvagement, lui assénant de profonds coups de butoir, prenant un plaisir supplémentaire à regarder son sexe aller et venir en elle, au rythme des encouragements qu’elle lui prodiguait, rapidement suivis de cris de bonheur. Leur jouissance était proche lorsqu’il fut tiré de son rêve éveillé par la voix de l’objet de son désir.

    Derek n’a toujours pas rappelé ? demandait-elle d’une petite voix incertaine.

    Derek ! Ce seul nom suffit à faire disparaître le début d’érection de Mark. Il se secoua et fit quelques pas pour récupérer la totale maîtrise de lui-même. Euh… Non, toujours pas, répondit-il en prenant néanmoins son téléphone pour vérifier qu’il n’avait pas reçu de messages.

    La jeune fille le rejoignit. Ça fait longtemps qu’il est parti maintenant, lui fit-elle remarquer. Il doit être vraiment fâché.

    C’est possible, oui. Mark la regarda avec un semblant de désapprobation. Mais s’il est fâché, c’est que tu as poussé le bouchon un peu trop loin. Alors, tu n’as qu’à t’en prendre à toi-même.

    Meredith soupira. Je sais. C’est vrai que j’ai été dure avec lui. Il voulait juste me distraire mais moi… J’étais mal et je me suis défoulée sur lui, parce qu’il était là tout simplement. Mais il ne méritait pas ça.

    Ouais. Mark grimaça légèrement. Et comme il n’est pas du genre à tendre l’autre joue…

    Meredith sentit sa gorge se nouer. Il ne reviendra pas, n’est-ce pas ? Tout est fini et c’est de ma faute.

    Mark hocha la tête avec un air sévère. Je t’ai déjà dit que je ne parlerais pas à sa place, Mer.

    Mais tu es son meilleur ami et tu le connais mieux que personne. Alors, dis-moi au moins ce que tu en penses, le supplia Meredith.

    A la voir si misérable, Mark eut pitié. Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement quand il est parti ?

    Qu’il allait prendre l’air sinon il allait péter un plomb et ça allait mal se terminer, lui apprit-elle

    Il haussa un peu les sourcils. C’est tout ? Elle acquiesça. Il fit une petite moue. Alors, je ne comprends pas pourquoi tu paniques. Quand on veut rompre, on ne dit pas qu’on va prendre l’air… enfin, je crois. Il fit une mimique éloquente. Mais, bon, je n’ai pas vraiment l’habitude de rompre, alors…

    De ce que j’en sais, Derek non plus, souligna Meredith avec un air sombre. Il part sans donner d’explications.

    Justement, il t’en a donné une d’explication. Et en plus, il te dit qu’il va faire un tour pour que ça ne se termine pas mal, lui rappela Mark avant de lui faire un grand sourire, accompagné d’un clin d’œil. Ça veut tout dire, non ?

    Je l’espère, murmura-t-elle, vaguement rassurée. Elle poussa un autre long soupir. Tu me donnes encore quelques minutes pour que je finisse de me préparer ? Elle rentra dans la chambre sans attendre la réponse.

    Ça ne voulait pas mettre un pied dehors et maintenant, ça met des plombes à se préparer, ronchonna Mark. Je t’attends en bas, annonça-t-il d’une voix forte pour qu’elle l’entende. Et ne traîne pas. On ne va pas au bal du gouverneur, non plus. Il arrivait à peine au bas des escaliers que son téléphone vibrait dans sa poche. V’là l’autre ! murmura-t-il en découvrant le prénom de Derek sur son écran. Ah tout de même ! s’exclama-t-il en prenant la communication. Monsieur daigne enfin donner de ses nouvelles.

    Désolé, répondit Derek, d’une voix lasse. Mon téléphone était éteint et je ne l’avais pas remarqué. Je viens d’entendre ton message.

    Où est-ce que tu es ?

    Quelque part du côté de Tiburon.

    Mark leva les yeux au ciel. Bon sang, mais qu’est-ce que tu fous là-bas ?


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