• Derek ne put retenir un léger grognement de rage. Quel genre de pourriture était donc George pour trouver du plaisir à soumettre une femme à sa volonté ? Lui-même n’était vraiment pas un ange mais jamais, au grand jamais, il n’avait, par la force physique, contraint une de ses conquêtes à commettre des actes contre son goût. Il n’osait penser à ce qu’avait dû éprouver Meredith, cette petite fille encore innocente que la vision d’une image pornographique bouleversait profondément. Qu’avait-elle ressenti lorsque son agresseur l’avait obligée à lui faire une fellation, alors qu’elle était encore si réservée avec son amant ? Qu’elle ait pu être ainsi forcée révolta Derek. Il tenta de canaliser ses pensées sur autre chose mais n’y parvint pas. L’image, tellement réelle, de Meredith, en larmes, le visage meurtri, à genoux devant son ami d’enfance, en train de lui faire une fellation, s’imposa à lui. Il en frissonna de dégoût.

    Rassuré par le sommeil profond de sa compagne, il décida de se lever. Faire quelques pas à l’extérieur de la chambre, boire un soda, lire un peu, tout et n’importe quoi pour ne plus ruminer ces sombres pensées. Après, il pourrait revenir se coucher. Il ouvrit la porte en prenant garde de ne pas faire de bruit, et après avoir jeté un dernier coup d’œil en direction du lit, pour s’assurer que son départ n’avait pas perturbé Meredith, il sortit de la pièce. Il dévala rapidement les escaliers et se rendit immédiatement à la cuisine pour explorer le frigo. Il ouvrit une canette de Coca Zéro, qu’il vida en trois longues gorgées, puis mordit sans trop d’appétit dans un bout de tortilla froide qui finit dans la poubelle. Un verre d’eau à la main, il passa au living où il fut surpris de trouver Mark, allongé sur le divan, appuyant sur la télécommande de la télévision, pour découvrir les émissions nocturnes.

    Que des conneries ! jugea Mark avec un air critique, en voyant son ami arriver.

    Tu ne dors pas ? s’inquiéta Derek en s’asseyant dans un fauteuil.

    Pas plus que toi, répondit Mark en se redressant. Ce n’est pas vraiment la peine d’aller se coucher pour deux heures. Je serais encore plus crevé. J’irai me coucher tôt ce soir. Ça compensera.

    Où vous êtes allés tout à l’heure ? s’enquit Derek.

    Boire un verre. Mark éteignit la télévision. On est rentré il n’y a pas longtemps. Callie est déjà montée se coucher.

    Tu ne l’as pas suivie ? demanda Derek, un peu surpris.

    Mon vieux, Cal et moi, on a un principe, énonça Mark en buvant le fond de sa tasse de café. On ne dort pas ensemble si on ne baise pas. Et là… - il haussa légèrement les épaules - je ne me voyais pas pratiquer ce genre d’exercice avec Meredith dans la chambre d’à-côté. Derek adressa un sourire reconnaissant à son meilleur ami. Comment elle va ? interrogea ce dernier, la voix soudain plus grave.

    Pas terrible… Là, avec le Valium et la Vicodin, elle est assommée. Derek se laissa aller contre le dossier de son fauteuil en soupirant.

    C’est dingue, cette histoire ! commenta amèrement Mark. Le matin, on se lève, tout va bien et le soir… Joyeux anniversaire ! chantonna-t-il avec une intonation moqueuse. Une bonne volée de coups et des attouchements en guise de cadeau…

    Il n’y a pas eu que ça, murmura Derek, tellement bas que Mark ne le comprit pas.

    Qu’est-ce que tu dis ?

    Il n’y a pas eu que ça, répéta Derek, plus fort cette fois. Il regarda son ami dans les yeux. Elle m’a raconté… Ce salaud… ce salaud l’a…

    Mark fut stupéfait de voir les yeux de Derek s’embuer de larmes. Il le connaissait depuis l’enfance, il savait qu’il n’était pas de ceux qui s’émeuvent facilement. Il devina de quelle nature avaient été les aveux de Meredith. Putain ! s’exclama-t-il dans un souffle. Mais elle nous a dit que…

    Elle nous a dit qu’il ne l’avait pas violée. Elle a raison d’une certaine façon, concéda Derek en essuyant discrètement ses yeux. Mais il l’a obligée à… - il dut se forcer pour terminer sa phrase - lui faire une fellation.

    Le sale petit enculé ! grogna Mark en se levant d’un bond. Une fellation non consentie, c’est un viol ! Il y a pénétration ! Il alla derrière le bar et en revint avec deux whiskies généreusement servis. Tiens, tu en as bien besoin… et moi aussi, à un moindre degré. Il hocha la tête avec compassion. La pauvre petite ! Il vida la moitié de son verre.

    Elle est tellement innocente ! Derek prit son visage entre ses mains. Elle était vierge il y a encore quelques semaines et là… Il releva la tête avec des yeux éperdus. Ce que ce salopard lui a fait subir, elle ne l’avait jamais fait.

    Mark le regarda bizarrement. Avant toi, tu veux dire ?

    Non, même avec moi. Derek eut soudain l’image de Meredith embrassant timidement son sexe. Elle n’est pas très à l’aise avec ça. Elle a peur de mal faire, dit-il, attendri. Je n’ai pas voulu la brusquer, tu comprends ? Ce n’était pas urgent. Je pouvais bien attendre. Il but une gorgée de whisky avant de redéposer son verre sur la table.

    Oui, bien sûr, répondit Mark, qui avait bien du mal de cacher son étonnement. Depuis quand Derek Shepherd était-il délicat ? Depuis quand acceptait-il de se priver de certains plaisirs par égard pour une femme ? La réponse était claire, depuis que Meredith était entrée dans sa vie. Cela confirma les doutes que Mark nourrissait depuis quelque temps déjà. Son meilleur ami était en train de tomber amoureux mais cette perspective l’effrayait tellement qu’il préférait se voiler la face et jouer le détachement. Sauf que dernièrement, sous la pression des évènements, cette façade se fissurait de plus en plus.


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  • Mais le moment était mal choisi pour tenter de mettre Derek face à une réalité qu’il ne manquerait pas de trouver dérangeante. Mark choisit de rester terre-à-terre. Bon, eh bien, ça change tout, ça ! Il faut que Meredith porte plainte.

    Oui, j’y pensais justement. Derek fit une grimace. Je sens que ça ne va pas être évident à lui faire admettre.

    De toute façon, qu’elle le veuille ou non, nous, nous sommes tenus de prévenir la police, lui rappela Mark.

    Derek approuva d’un signe de tête. Oui, et puis, moi, je veux que l’autre se retrouve en taule.

    Avec un peu de chance, il subira là-bas ce qu’il a infligé à Meredith, rêva Mark soudain ragaillardi.

    Derek fit un petit sourire. Si ça peut te faire plaisir… Il poussa un gros soupir. Mais ça n’effacera pas ce qu’il a fait. Le traumatisme est là, et bien là. Il va falloir du temps pour qu’elle s’en remette.

    Raison de plus pour l’inciter à se porter partie civile. Etre reconnue comme victime, voir son agresseur puni, ça l’aidera à tourner la page, décréta Mark avec assurance.

    Je lui en parlerai aujourd’hui, promit Derek en se relevant. Tu comptes toujours passer à la boutique pour ranger un peu ? demanda-t-il avec un air quelque peu embarrassé.

    Mais oui, bien sûr. Je m’y suis engagé, tu peux compter dessus. J’ai déjà prévenu Callie. L’air malicieux de Mark le fit ressembler tout à coup à un gosse. Je lui ai dit qu’après le coup de balai, elle devrait cuire les pâtisseries et assurer le service, et que, moi, j’essaierais de venir la dépanner à midi pour tenir la caisse.

    Derek écarquilla les yeux. Elle y a cru ?

    Bien sûr ! clama Mark avec un regard triomphant. Je peux être très convaincant quand je le veux. Je ne sais pas pourquoi, elle n’a pas trop apprécié.

    Derek pouffa de rire. T’es vache avec elle.

    Elle adore ça ! certifia son ami. Enfin bref, ce matin, à l’heure d’ouverture, la boutique sera nickel et il y aura un panneau annonçant la fermeture provisoire pour raisons familiales. Les clients n’y verront que du feu.

    Un hurlement strident déchira la nuit. Derek se rua aussitôt dans l’escalier, Mark sur les talons. Il entra comme un fou dans la chambre pour y trouver le lit vide.

    Derek, ici, le prévint Mark qui, depuis le couloir, lui désignait la direction de la salle de bains.

    Derek se précipita et découvrit Meredith en pleurs devant le miroir. Elle se tourna vers lui avec un regard désespéré. Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

    Callie sortit, blafarde, de sa chambre. C’est Meredith qui a crié comme ça ?

    Mark haussa les épaules. Evidemment ! Qui veux-tu ? Ce n’est pas moi. Tu as de ces questions, toi ! fit-il remarquer assez injustement à son amie qui se renfrogna.

    Excuse-moi d’être un peu déboussolée, répliqua-t-elle. J’étais en plein sommeil, moi.

    Ben retournes-y ! grommela Mark, de fort mauvaise humeur.

    Prenant le parti de s’ignorer, ils se tournèrent vers Derek qui essayait de calmer son amie. Meredith, bébé… Ce n’est rien. Tu devrais retourner dans ta chambre et dormir.

    Comment je pourrais-je dormir après ça ? demanda une Meredith au bord de la crise de nerfs.

    C’est impressionnant, je le sais, mais ce n’est pas si grave que tu le crois, assura Derek en la prenant par les épaules pour l’écarter du miroir. Viens avec moi. Il voulut l’entraîner à l’extérieur de la pièce.

    Meredith se dégagea violemment et le fixa avec un regard furieux. C’est de ta faute, cria-t-elle. Derek blêmit. Tu m’as menti, insista-t-elle. Toi aussi, lança-t-elle à Mark qui observait la scène depuis le couloir. Vous m’avez tous menti.  

    Pourquoi tu dis ça, bébé ? Derek s’avança pour la prendre dans ses bras mais le regard assassin qu’elle lui jeta l’en dissuada.

    Tu m’avais promis de ne pas me quitter, lui rappela-t-elle. Mais quand je me suis réveillée, t’étais plus là. Ce fut comme si toute la hargne qui l’habitait s’évanouissait d’un seul coup pour laisser la place au chagrin. Elle se remit à pleurer.  

    Bébé ! s’exclama Derek, qui avait éprouvé en immense soulagement en comprenant qu’elle ne le rendait pas responsable des actes de George. Je suis simplement descendu pour boire quelque chose. Je n’ai été absent que le temps d’échanger quelques mots avec Mark.

    Tu m’avais dit que tu serais là, répéta obstinément Meredith. Mais tu n’y étais pas. J’ai cru que tu étais à la salle de bain alors, je suis venue et… Elle regarda à nouveau le reflet de son visage dans le miroir et sanglota de plus belle.


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  • Mais ce n’est pas la première fois que tu es dans la salle de bains, lui fit remarquer Derek que la réaction de la jeune fille laissait un peu perplexe. Et les autres fois, tu n’as rien dit.

    Mais parce que j’avais pas vu ! s’écria Meredith. J’avais autre chose en tête, je n’ai pas fait attention. Mais maintenant… Je suis défigurée et je vais devoir vivre avec ça toute ma vie, se lamenta-t-elle. Jamais je ne vais pouvoir oublier ce qu’il m’a fait. Elle s’adossa au mur. Je préfère mourir.

    Bébé, soupira Derek qui ne savait plus que dire pour la consoler.

    Agacé par l’attitude de Meredith qu’il jugeait un peu puérile, et constatant que Derek était totalement dépassé par les évènements, Mark décida de prendre les choses en mains, Bon, maintenant, ça suffit ! Il pénétra dans la salle de bains et repoussa son ami, pour prendre sa place face à Meredith qu’il saisit par les bras pour la faire asseoir sur le tabouret. Assieds-toi et écoute-moi. Sa détermination faiblit devant les beaux yeux inondés de larmes. Ecoute-moi petite, redit-il plus doucement, en se penchant vers elle, pour que leurs visages soient à la même hauteur. Je suis un grand chirurgien. Un des meilleurs de ce pays, et peut-être bien du monde. Ce n’est pas de la prétention, mais un simple constat. Je suis bon, très bon, excellent même ! Tu sais pourquoi ? Devant le ton autoritaire de Mark, Meredith osa à peine hocher la tête. Il plia ses bras, les mains vers le plafond. Tu vois ces mains ? Elles me parlent. Il sourit devant l’incompréhension affichée par Meredith. Oui, elles me parlent. Quand elles touchent une peau, qu’elles en découvrent la texture, la souplesse, quand elles effleurent une plaie, je sais ! C’est comme si je voyais à l’avance le résultat que je vais obtenir. Et je sais qu’il va être excellent avec toi.

    Tu dis n’importe quoi, bougonna la jeune fille avec une moue boudeuse.  

    Mark fronça les sourcils. Ce n’est pas n’importe quoi. Quand je t’ai dit que tu t’en sortirais sans dommages, ce n’était pas une promesse en l’air, mais une certitude. Il effleura d’un doigt les différentes plaies de son visage. J’ai fait de l’excellent travail.

    Meredith leva vers lui des yeux remplis d’espoir. Tu crois vraiment que je ne garderai aucune trace ? 

    Il secoua la tête avec une profonde et sincère satisfaction. Je ne crois pas, je sais !

    Mais toutes ces boursouflures et ces plaies toutes rouges ? souligna Meredith.

    C’est impressionnant mais ça va disparaître, affirma le plasticien. Si, je t’assure, insista-t-il devant l’air dubitatif de sa patiente. Tout partira, pas demain, bien sûr, ni même dans une semaine, mais un jour, pas si lointain, les traces des coups, les blessures physiques auront totalement disparu. Mais évidemment, si tu continues de pleurer comme une madeleine à chaque occasion, ça ne va pas aider ! ajouta-t-il sur un ton à nouveau plus sévère. C’est du sabotage, ça, Mademoiselle. Il se redressa pour prendre la trousse de soins. Je vais arranger tout ça mais si tu recommences, je m’occuperai de ton cas personnellement. Tu recevras une fessée dont tu te souviendras jusqu’à la fin de tes jours. Instinctivement, Meredith tourna la tête vers Derek pour chercher son appui. Il exprima son impuissance en levant les mains en l’air. Ouais, il ne pourra rien pour toi, ma cocotte, gouailla Mark. Allez, montre-moi ta frimousse que je répare les dégâts. Il prit un mouchoir en papier pour essuyer délicatement le visage mouillé de larmes de Meredith. Ensuite, il retira les strips pour les remplacer par des nouveaux, tout en faisant la morale à la jeune fille. Il ne faut pas que tu te focalises sur ton physique, Meredith. De ce côté-là, tout se passera bien, je te le promets. Concentre-toi plutôt sur ce qui est important. Et ce qui est important, c’est ton mental. Un bon mental va te permettre de ne pas t’enfermer dans la colère ou la honte ou que sais-je d’autre, et de reprendre confiance en toi et dans les autres aussi. C’est de cette façon que tu vas t’en sortir et c’est là-dessus que tu dois te concentrer. Il se retourna vers Derek qui était resté, silencieux, dans un coin de la pièce. Mais ça, ce n’est plus mon domaine mais celui du neuro. Il se releva et donna une bourrade amicale à son collègue. Tu devrais la ramener dans son lit, elle a besoin de se reposer maintenant.

    Derek s’approcha de Meredith qui venait de se lever du tabouret, et l’enlaça par la taille. Tu pourras te vanter de m’avoir fait peur. Quand je t’ai entendue crier, mon sang s’est glacé.

    Je suis désolée, chuchota-t-elle en posant sa tête contre l’épaule de son ami. J’ai été injuste envers toi alors que tu fais tout pour m’aider. Elle allait se remettre à pleurer mais l’index menaçant de Mark qui pointait vers elle l’arrêta juste à temps.

    Derek pencha la tête de façon à ce qu’elle touchât celle de la jeune fille. Ne te fais pas d’illusions, je prends note de tout. Je me vengerai un jour, conclut-il avec un petit rire.

    Meredith lui fit un petit sourire avant de se tourner vers Mark. Elle se haussa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue rendue piquante par un début de barbe. Merci beaucoup, chuchota-t-elle avant de suivre Derek.

    Dans le mouvement, sa poitrine avait légèrement frôlé le bras de Mark. Dieu sait pourquoi, il pensa au fait qu’elle était nue sous son pyjama et cela le troubla. Il en éprouva de la honte et resta maladroitement planté au milieu du couloir, à se dire qu’il valait peut-être mieux éviter de renouveler l’expérience. Il était le premier à reconnaître qu’il était un salaud mais, vis-à-vis de son ami, il était on ne peut plus loyal. Le fait de savoir que Derek commençait plus que probablement à nourrir des sentiments plus profonds envers Meredith lui interdisait désormais de penser à être autre chose que l’ami de cette dernière. Dommage, se dit-il.


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  • Il n’échappa pas à Callie que Mark suivait le couple du regard avec autant d’attendrissement que d’envie. Ces deux sentiments étaient tellement étrangers à la personnalité de Mark qu’elle ressentit une impression de malaise. Où était l’homme cynique qu’elle avait toujours connu ? Et que dire de Derek l’impitoyable qu’elle ne reconnaissait plus du tout dans ce nounours tendre et attentionné ?

    Mark remarqua qu’elle le dévisageait, appuyée contre le chambranle. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

    Rien, répondit-elle en se détournant pour repartir vers sa chambre, avant de se raviser. Vous me faites penser à des marshmallows.

    Mark plissa le front. Des marshmallows ? Comment ça ?

    Oui, tu sais, ces trucs roses tout mous, sirupeux à souhait, expliqua Callie avec un sourire moqueur.

    Je sais ce qu’est un marshmallow, je te remercie, persifla Mark. Mais je ne vois toujours pas le rapport avec Derek et moi.

    Cherche encore et tu trouveras, Monsieur le meilleur chirurgien du monde, riposta Callie.

    Au lieu de raconter des conneries, tu ferais mieux de te préparer, Madame la jalouse. Mark rentra à nouveau dans la salle de bains et ouvrit la porte de la cabine de douche. Il commença à se déshabiller.

    Quoi ? On doit déjà y aller maintenant ? Mais le jour vient à peine de se lever, s’écria Callie avec un air à la fois épouvanté et indigné.

    Mark ressortit torse nu dans le couloir. Hé ! On a du boulot qui nous attend. Tu ne te rends pas compte du bazar qu’il y a là-bas. Avec tout ce qu’il y a à ramasser, ranger, et nettoyer, on pourra s’estimer heureux si on n’arrive pas en retard pour les consultations.

    Callie souffla bruyamment. Ranger et nettoyer ! Si Mark n’avait pas eu une femme de ménage qui vienne tous les jours chez lui, il aurait vécu dans un véritable capharnaüm. Et le voilà qui était prêt à aller nettoyer chez les autres ! Callie repartit vers sa chambre, réalisant avec amertume que son monde était sur le point d’être bouleversé, parce que les deux hommes qui le composaient étaient en train de changer pour les beaux yeux d’une gamine de vingt ans.

    --------------

    A peine de retour dans la chambre, Meredith se jeta dans les bras de Derek. Je suis vraiment désolée. Je suis tellement injuste avec toi alors que tu fais tout ce que tu peux pour m’aider. C’est méchant de ma part.

    Quand vas-tu donc arrêter de t’excuser ? demanda-t-il en la prenant par les hanches. Je sais ce que tu traverses et que ce n’est pas facile.

    Meredith lui caressa la joue du bout des doigts. Peut-être, mais ce n’est pas une raison suffisante pour que je m’en prenne à toi qui as été si parfait.

    Ne t’en fais pas pour ça. Je ne m’offusque pas pour si peu. Derek lui tapota tendrement le bout du nez avec son index. Tu sais ce dont j’ai envie ? Elle hocha la tête. Me retrouver dans un lit bien chaud avec ma superbe petite amie dans les bras. Il la souleva pour la déposer avec précaution sur le matelas.

    Elle éclata d’un rire sans joie. Superbe ? Ou tu es aveugle, ou tu te moques de moi.

    Je suis très sérieux et j’ai une vue parfaite. Derek se coucha face à elle. Tu es très belle, Meredith, mais tu n’es pas que ça. Il lui caressa la figure du revers de la main. Tu as une belle âme aussi. Tu es une belle personne, dans tous les sens du terme.

    Meredith ricana. Ah ! La fameuse beauté intérieure ! Le super baratin que les hommes sortent aux moches pour ne pas les vexer !

    Derek feignit d’être indigné. Ah pas moi ! Je ne parle jamais aux moches.

    Pour la première fois, Meredith sourit vraiment. Elle se pelotonna contre lui en le regardant avec émotion. Je vais essayer de me sortir de là, vraiment, je te le promets. Elle bâilla. Je crois que les médicaments commencent à faire de l’effet. On dort ? proposa-t-elle à son amant qui acquiesça d’un petit signe de tête. J’espère que je vais réussir à dormir, ajouta-t-elle. Parce que si je veux remonter la pente, il faut que je sois bien reposée.

    C’était la première fois qu’elle évoquait la suite des évènements d’une façon positive et Derek fut heureux de voir que son côté combatif reprenait déjà le dessus. Bien sûr, il y aurait encore des phases de doute et de découragement, il en était parfaitement conscient, mais il ne doutait pas non plus qu’elle sortirait victorieuse de l’épreuve. Oui dormons, approuva-t-il en la serrant contre lui. Je suis crevé aussi. Il bécota délicatement ses lèvres. N’aie pas peur, je ne te quitte plus. Et si tu as besoin de quoi que ce soit… Il se tut en réalisant qu’elle somnolait déjà. C’est avec émotion qu’il la regarda s’enfoncer dans un sommeil profond.


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  • Cristina lisait un magazine sur le lit de la chambre d’hôtel, tandis qu’Izzie prenait une douche, quand son téléphone sonna. Elle s’empressa de prendre la communication en voyant clignoter sur l’écran le nom de la personne qui l’appelait. Bonjour Monsieur Baker. Vous allez bien ? Ça s’est bien passé hier ? s’enquit-elle.

    Justement, c’est pour ça que je vous appelle, répondit Jeff Baker. Mon livreur vient d’arriver et il m’a appris qu’il n’y avait personne pour recevoir la livraison. 

    Comment ça, personne ? s’écria Cristina. Vous êtes certain ?

    Ah c’est ce que mon livreur m’a dit, en tout cas, répliqua l’agriculteur. Et je n’ai aucune raison de ne pas le croire. Il a toujours été réglo.

    Je ne comprends pas, déclara Cristina. Vous êtes sûr qu’il a été à la bonne adresse ?

    Baker prit la feuille sur laquelle il avait noté les coordonnées de ses potentielles clientes. Sweet Dream, 10 Marina Boulevard, San Francisco, c’est bien ça ?

    C’est bien ça, confirma Cristina sur un ton morne.

    Ben voilà ! Quand Ben… c’est mon livreur, précisa Baker. Quand il est arrivé, votre boutique était fermée. Bon, pour être tout à fait honnête, il n’était pas vraiment à l’heure, à cause d’un contretemps lors de la précédente livraison, expliqua-t-il. Mais il n’était pas si en retard que ça. Il était là vers 22h30 et y avait plus personne.

    Je ne sais pas quoi vous dire, confessa Cristina. J’avais pris toutes les dispositions pour qu’il y ait quelqu’un. Je ne comprends pas ce qui s’est passé.

    Bon, on fait quoi maintenant ? dit Jeff Baker en regardant sa montre.  

    Si vous pouviez repasser, suggéra la jeune femme. Ce soir, c’est possible ?

    Ah ça, ma petite dame ! s’exclama l’homme. Tout est possible mais cette fois, faudra me dédommager. C’est que San Francisco, c’est pas la porte à côté et mon livreur, je dois le payer. Hier, on avait une livraison par chez vous, ça tombait bien, mais là, va falloir qu’on vienne spécialement pour vous.  

    Contrariée, Cristina pinça les lèvres. Oui, bien sûr, c’est normal, je comprends. Ecoutez, je vais contacter mes associés pour savoir ce qui s’est passé et pour m’arranger avec eux, et je vous recontacte après. D’accord ? Après que le producteur lui ait répondu de façon positive, elle jeta rageusement son téléphone sur le matelas. Fais chier !

    Izzie sortit de la salle de bains, vêtue d’un peignoir et les cheveux enroulés dans une serviette nouée en turban. Qu’est-ce qui se passe ?  

    Il se passe que ton cousin est un pauvre type sur lequel on ne peut pas compter, explosa Cristina. Et Meredith ne vaut pas mieux. Depuis qu’elle a découvert le sexe, elle ne pense plus qu’à ça. Folle de colère, elle se leva du lit et arpenta la chambre.

    Ça ne me dit toujours pas pourquoi tu es aussi énervée, insista Izzie en s’asseyant sur la chaise.

    Y avait personne à la boutique hier soir ! lui révéla Cristina. Meredith, George, aux abonnés absents tous les deux ! Le livreur a trouvé porte close.

    Izzie parut sincèrement étonnée. Comment ça se fait ? Pourtant, ils t’avaient promis d’être là.

    Eh bien, ils n’ont pas de parole, constata Cristina en venant se rasseoir sur le lit. Et maintenant, il va falloir qu’on paie pour recevoir la livraison, alors qu’on avait réussi à l’avoir gratuite.

    C’est dommage, mais ce n’est pas la mort, estima Izzie. On a quand même les moyens de payer.

    C’est pas la question ! riposta Cristina. C’est une question de principes ! Ils s’étaient engagés à être là et ils n’y étaient pas.

    Izzie se releva pour retourner dans la salle de bains. Je suis sûre qu’ils ont une bonne excuse.

    Une bonne excuse ? s’emporta Cristina. S’envoyer en l’air pour Meredith et une sortie entre potes pour George ? Tu m’excuseras mais je trouve ça un peu léger !

    Tu ne sais pas ce qui s’est passé, Cris, lança Izzie depuis l’autre pièce.

    Bah ! Je devine, rétorqua Cristina. Dr Folamour est apparu et Meredith a tout lâché, et George n’a pas voulu être le dindon de la farce, alors il s’est cassé. Ah mais ils vont m’entendre, je te le jure ! Elle reprit son téléphone et appela George. Elle tomba directement sur sa messagerie. Ouais, c’est moi, aboya-t-elle. Je crois que t’as quelque chose à me dire, espèce d’enfoiré. Alors, rappelle-moi vite sinon, ça va très mal se passer. J’en ai vraiment ras-le-cul de vos conneries. Elle raccrocha pour accéder à nouveau à sa liste de contacts, afin d’y trouver le numéro de Meredith. 


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