• Un quart d’heure plus tard, Meredith était installée dans une salle d’examen. Pour qu’elle ne reste pas seule pendant qu’il changerait de tenue, Derek pria Mark de rester avec elle. Celui-ci s’assit sur le bord du lit en la regardant sévèrement. Je vais t’épargner un sermon, jeune fille ! Derek va s’en charger dès son retour.

    Meredith crut que les médecins lui reprochaient d’avoir repris le travail trop tôt après son malaise. Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’ils la soupçonnaient d’avoir repris des benzodiazépines. C’est pas de ma faute, tout de même, grommela-t-elle. Estimant que ce n’était pas à lui de l’interroger, Mark n’insista pas.

    Dans son vestiaire, Derek retournait le problème dans sa tête pour essayer de comprendre. L’incertitude le rendait fou. Il voulait avoir confiance en Meredith, elle ne lui avait jamais menti jusqu’ici. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle l’avait peut-être dupé. Elle ne pouvait pas présenter tous ces symptômes sans qu’il y ait une raison, et la seule qui lui venait à l’esprit pour le moment était qu’elle avait, malgré la promesse faite, repris ces foutus somnifères. Il décida de faire une recherche de toxines. De cette façon, se dit-il, je saurai la vérité. Quand il revint dans la salle d’examen, la jeune fille semblait aller mieux et respirait maintenant sans aide. Après que Mark se fut éclipsé discrètement, Derek prit le matériel pour faire une prise de sang et vint s’asseoir à côté de Meredith. Il lui sourit pour l’encourager. Bon, alors, tu vas rester très calme, tu ne vas pas paniquer. Tu es déjà passée par là, n’est-ce pas ? Tu es une pro maintenant.

    Je suppose qu’il n’y a aucun moyen d’y échapper ? demanda-t-elle avec un certain fatalisme.

    Non, effectivement, répondit Derek en souriant plus largement. Après avoir garrotté le bras de sa patiente, il prit la bouteille de désinfectant et la renversa légèrement sur un bout de coton avec lequel il nettoya l’endroit où il comptait enfoncer l’aiguille. Il appuya avec son doigt sur le point de saignée. Quand il eut trouvé la veine, il y présenta la seringue. Il vit à l’expression de son amie qu’elle était inquiète. Regarde de l’autre côté, lui conseilla-t-il. Elle obéit avec une moue boudeuse. Il enfonça l’aiguille d’un geste si sûr et rapide que Meredith sentit à peine la piqure. Derek la félicita. C’est très bien, tu as été très courageuse. Je suis très fier de toi. Il la regarda avec tendresse. Tu m’as fait peur tout à l’heure, tu sais.

    J’ai eu peur aussi, reconnut Meredith. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. J’allais beaucoup mieux quand Mark m’a ramenée à la boutique. J’étais même en pleine forme. Avec les autres, on a discuté et on a mis les choses au point et George a décidé de déboucher le champagne pour fêter ça. Derek sentit son estomac se tordre à l’idée que George était une fois encore, d’une certaine façon, à l’origine des problèmes de Meredith. Mais cette fois-ci, l’affaire avait pris une autre tournure, on avait frôlé la catastrophe. Il se promit de faire en sorte que le jeune homme n’ait plus jamais envie d’approcher son amie d’enfance. J’ai bu une coupe de champagne, peut-être deux, poursuivit celle-ci. Je ne m’en souviens plus. Et puis, j’ai eu une douleur à l’estomac, comme une crampe. Derek fronça les sourcils. Et après, plus rien, dit Meredith. Quand j’ai ouvert les yeux, je n’arrivais plus à respirer. Elle leva de grands yeux angoissés vers Derek. Qu’est-ce que j’ai ? murmura-t-elle en lui saisissant la main.

    Je n’en sais encore rien mais ne t’inquiète pas, je vais trouver, affirma-t-il sur un ton rassurant. Une main dans la nuque de Meredith, il rapprocha doucement leurs visages et embrassa voluptueusement la jeune fille.

    C’est ainsi que Mark les trouva en entrant dans la salle d’examen. Ah mais ça va beaucoup mieux ! Ça fait plaisir à voir. Vous voulez que je reparte ?

    Derek se tourna vers lui en souriant. Non, reste. On doit encore s’occuper de Mademoiselle.

    Meredith regarda les deux hommes avec un air inquiet. Qu’est-ce que vous allez me faire ?

    Rien de grave, la tranquillisa Derek. Ne t’en fais donc pas. Il ouvrit la porte et fit signe à une infirmière de venir. Il lui remit les éprouvettes pleines de sang en exigeant d’en avoir les résultats au plus vite.

    Mark le désigna du pouce à Meredith. Le beau neurologue va te faire une démonstration de son talent.

    Cela n’apaisa pas la jeune fille. Qu’est-ce que ça veut dire ?

    Je vais te faire passer un examen neurologique, annonça Derek en refermant la porte de la salle.

    Pour un simple malaise ? s’étonna Meredith.

    Derek hocha la tête. On a dépassé le stade du simple malaise, là, Meredith. De toute façon, je ne veux plus courir aucun risque. La présence de Mark l’empêcha de dire qu’il s’en voulait de ce qui était arrivé, qu’il se reprochait de ne pas avoir insisté la première fois pour lui faire passer tous les examens, que s’il lui arrivait quelque chose, il s’en voudrait toute sa vie. Pour la première fois, il avait laissé ses sentiments empiéter sur son jugement de médecin et il était hors de question que cela se reproduise. Et de ton côté, tu n’as aucune crainte à avoir. Ces examens ne sont pas douloureux. Prends-les comme un jeu. D’accord ? Dans sa blouse blanche ouverte sur une sorte de pyjama bleu nuit, Meredith le trouvait différent, beaucoup plus impressionnant. Elle n’osa pas le contrarier et acquiesça sans conviction.


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  • Meredith fit quelques pas dans la pièce avant de s’arrêter. Tout à l’heure, quand j’ai dit que j’allais bien… j’ai menti, avoua-t-elle. Sans dire un mot, Derek tapota la place à côté de lui. Elle vint s’y installer. J’ai été injuste avec toi, je suis désolée.

    Explique-moi.

    Elle soupira. Il s’est bien passé quelque chose tout à l’heure mais tu n’es pas en cause. C’est même un peu comme si tu n’avais pas été là. Derek fronça les sourcils. A un moment, il est arrivé, il t’a remplacé, murmura-t-elle. Je l’ai vu. Je l’ai senti. J’ai essayé de le repousser mais je n’ai pas réussi.

    Mer… Désemparé, Derek ne put en dire plus.

    Elle se serra contre lui et posa la tête sur son épaule. Tu as raison, j’ai besoin d’aide. Je n’y arriverai pas toute seule. Et toi, tu ne peux pas m’aider, pas pour tout. Tout ça est trop lourd. ça va nous détruire.

    Derek lui prit la main. Je demanderai à Kathleen de nous renseigner une personne compétente, en attendant notre retour à Seattle.

    Meredith releva vivement la tête et le regarda avec un air désappointé. Oh ! Je pensais qu’elle pourrait s’occuper de moi. Nous avons eu un bon contact quand elle est venue te rendre visite à Seattle. Je crois que je pourrais m’entendre avec elle.

    J’en suis sûr mais ce ne serait pas approprié. Derek passa le revers de la main sur la joue de son amie. Dans une thérapie, tu dois te sentir libre de dire tout ce que tu veux et je ne suis pas certain que ce serait le cas si ma sœur était ta thérapeute. Meredith approuva d’un signe de tête. Et pour Kathleen, ça ne serait pas très confortable non plus, poursuivit Derek. Elle pourrait être mal à l’aise vis-à-vis de moi, parce qu’elle serait au courant de certaines choses et qu’elle ne pourrait pas me les répéter.

    Qu’’est-ce que je pourrais dire à ta sœur qui la mette mal à l’aise ? lui demanda Meredith, perplexe.

    Par exemple, que tu ne peux plus me supporter, répondit Derek. Ou bien que je suis nul au lit. Meredith lui donna un coup de coude en lui jetant un regard faussement courroucé. Il lui sourit. Il faut que tu trouves une personne avec qui tu te sentiras libre de dire n’importe quoi, conclut-il.

    Elle soupira. Et en attendant ?

    Derek la prit par les épaules. On va continuer comme maintenant, avancer pas à pas et se réjouir de toutes les victoires, même des plus petites.

    Et qu’est-ce qu’on fera avec les défaites ? s’enquit Meredith avec un air désabusé. Comme celle de ce matin. Si ça se reproduit…

    Derek ne laissa pas en dire plus. Nous y ferons face, tous les deux, pour autant que tu me dises ce qui se passe.

    Te dire ce qui se passe ? Meredith le regarda avec un air désespéré. Comment je pourrais te dire que quand je suis avec toi, c’est lui que je vois, que quand on fait l’amour, c’est lui que je sens sur moi ? Combien de temps tu supporterais ça, tu crois ?

    Les yeux de Derek se teintèrent d’une infinie tendresse. Tout le temps qu’il faudra. Pour toi, je pourrais même supporter bien plus que ça, tu peux me croire. Quand on est avec quelqu’un, c’est pour le meilleur et pour le pire, non ?

    Malheureusement, dans notre cas, le pire l’emporte sur le meilleur, constata Meredith avec un certain défaitisme.

    Je ne suis pas d’accord, répliqua Derek. On a eu de sacrés bons moments. Et on en aura encore. Quand on sera vieux, c’est de ces moments-là dont on se souviendra.

    Meredith se blottit dans ses bras. Tu crois qu’on sera encore ensemble quand on sera vieux ? Que tu vas tenir le coup aussi longtemps ?

    Elle leva la tête vers lui et il se pencha pour embrasser furtivement ses lèvres. Bien sûr… ou alors, je t’aurai tuée avant. Il lui sourit tendrement.

    Elle eut un petit rire. Merci de me prévenir. Elle bougea pour pouvoir poser sa tête sur les genoux de son ami, le visage tourné vers ce dernier. Tu ne m’as pas dit pourquoi ta mère était venue ce matin.

    Il éluda la question. Rien d’important… seulement voir si tout allait bien.

    Tu lui as dit pour nous ?

    Derek hocha la tête de gauche à droite. Je n’en ai pas eu besoin. Elle l’a deviné dès qu’elle m’a vu.

    Les yeux de la jeune femme brillèrent de curiosité. Et qu’est-ce qu’elle en pense ?

    Derek prit un air un peu blasé. Je n’en sais trop rien. Et franchement, cela m’est égal. J’ai passé l’âge de demander l’aval de ma mère en ce qui concerne mes petites amies, décréta-t-il.

    Meredith se rembrunit. ça signifie qu’elle n’approuve pas, n’est-ce pas ? Derek ne répondit pas. Elle ne m’aime pas, déduisit-elle de son manque de réaction

    C’est faux, protesta-t-il. Elle t’apprécie beaucoup.

    Meredith se redressa pour s’asseoir normalement. Mais ? Parce qu’il y a un mais, je le sais.

    Derek se tourna vers elle. Elle ne te connaît pas. Elle ne sait de toi que ce que lui ont dit mes sœurs. C’est normal qu’elle se pose des questions sur nous, argumenta-t-il. Je suis son unique fils. Elle est toujours inquiète pour moi. Rien de plus.

    Cette fois, ce fut Meredith qui hocha la tête. Je ne te crois pas. Il y autre chose, je le sens.

    Derek soupira. Ma mère est une femme d’une autre époque. Elle a du mal à comprendre qu’on s’aime et que, malgré cela, on ait autant de difficultés à être ensemble. Pour elle, cela signifie qu’on n’est sans doute pas fait l’un pour l’autre.

    Meredith le regarda intensément. Tu ne t’es jamais dit qu’elle avait peut-être raison ?

    Non, jamais, répondit-il sur un ton péremptoire. Et ne t’y mets pas, toi aussi. De la main, il lui donna un léger coup sur le bras. Tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement. Va plutôt te préparer. Je t’emmène faire un tour.


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  • Mark comprit que Meredith était toujours apeurée. Imagine-toi que tu es au jardin d’enfant, lui conseilla-t-il en actionnant le bouton pour mettre le lit en position allongée.

    Détends-toi, ajouta Derek. Il plaça le genou de Meredith et sa cheville en semi-flexion.

    Mark se posta au pied du lit. Alors, raconte-nous, le champagne, c’était pour quelle occasion ?

    Je l’ai déjà dit à Derek, c’était juste pour marquer le coup, parce qu’on a décidé de prendre un nouveau départ, répondit Meredith. Le regard interrogateur de Mark l’invita à en dire plus. Après que tu sois parti, Cristina m’a fait des remarques et je lui ai dit que j’en avais assez. Alors, George a dit qu’il fallait qu’on arrête de se disputer tout le temps, expliqua-t-elle. Pour lui, c’est parce qu’on a vécu beaucoup de choses et ça nous a déboussolés. Il a dit plein de chouettes trucs. C’est dommage que vous n’étiez pas là, vous auriez vu qu’il n’est pas aussi mauvais que ça. De chaque côté de la table, les chirurgiens se regardèrent. Leur opinion sur George était faite depuis belle lurette et plus rien ne pourrait les faire changer d’avis. S’il s’avérait que le jeune homme n’avait aucune responsabilité dans ce qui venait d’arriver à Meredith, il avait commis bien d’autres fautes qu’il n’était pas question d’effacer.

    Derek stimula, avec une pointe douce, la face plantaire externe du talon de Meredith vers ses orteils. Le gros orteil fléchit. Derek regarda Mark. Babinsky normal.

    Mark consigna le résultat sur une feuille. On passe aux signes de Mingazzini, Romberg et Barré.

    Couche-toi sur le ventre, s’il te plait, dit Derek. Quand Meredith fut installée, il lui fit fléchir les jambes à 45°. Tiens la position. Meredith n’y réussit pas. Retourne-toi sur le dos. Voilà. Tu fléchis tes jambes à 90°. C’est ça, comme ça, et tu refermes les yeux. Pour la deuxième fois, les jambes de Meredith se relâchèrent. Le front se Derek se barra d’un pli de contrariété.

    Mark tendit la main à Meredith pour l’aider à se lever. Tu vas rester debout. Pieds joints, s’il te plaît. Très bien. Tends les bras et écarte les doigts. La jeune fille s’exécuta. Ferme les yeux maintenant et garde tes bras tendus, indiqua Mark. Les deux hommes se regardèrent avec inquiétude quand ils virent les bras de Meredith tomber insensiblement. Tu peux abaisser les bras, maintenant, mais à part ça, garde la position, dit encore Mark. Meredith vacilla légèrement. Derek nota les résultats dans le dossier que Mark lui tendait. Tout tendait à prouver qu’il y avait eu abus de drogues. Bien qu’il ne pût encore se résoudre totalement à croire que Meredith lui avait menti, il sentit la colère monter en lui.

    Maintenant, on va examiner ta coordination, annonça Mark.

    Meredith souffla bruyamment. Pfft ! Sérieusement, ça rime à quoi, tout ça ? Je ne vois pas en quoi me faire faire ces exercices va vous aider à comprendre pourquoi j’ai eu du mal à respirer.

    Derek lui prit la main. Ces exercices nous permettent de vérifier ton tonus musculaire.

    Et c’est quoi, le rapport avec ce que j’ai eu ? se renseigna Meredith, l’air buté.

    Derek ne lui répondit pas franchement. Je t’ai dit que je te faisais passer un examen neuro complet, ça en fait partie. Je veux absolument déterminer la cause de ta détresse respiratoire. Tu n’es pas asthmatique ? demanda-t-il subitement. Meredith hocha la tête. Il n’y a pas d’antécédents dans ta famille ? insista-t-il en espérant qu’elle répondrait par l’affirmative. Il voulait encore croire qu’elle ne lui avait pas menti.

    Non, pas du tout. Elle regarda son amant avec un air de chien battu. C’est bientôt fini ?

    Derek se força à lui sourire. Presque. Il lui fit battre la mesure avec chaque pied, faire des rotations rapides avec les mains autour du poignet, mettre le talon droit sur le genou gauche et vice-versa, et enfin un doigt sur le nez. Voilà, c’est fini, déclara-t-il enfin. On doit te laisser, juste quelques minutes. Il fallait qu’il sorte immédiatement de cette pièce s’il ne voulait pas laisser sa rage exploser. Il fit signe à Mark de le suivre.

    Calme-toi, conseilla celui-ci, une fois qu’ils furent dans le couloir. Ça ne sert à rien de t’énerver.

    Mais enfin, tu as vu comme moi, s’emporta Derek avant de se reprendre, en voyant tous les regards se tourner vers eux. Perte de tonus musculaire, problèmes de coordination, pupilles dilatées, détresse respiratoire, énuméra-t-il d’une voix plus basse. Qu’est-ce qu’il te faut-il de plus ?

    Mark plissa le front. Donc, tu penses qu’elle a repris des benzo ?

    Derek lui lança un regard perçant. Ose me dire que tu mettrais ta main au feu qu’elle n’en a pas pris ! Mark fit une grimace. Ah tu vois ! Derek passa la main dans ses cheveux. Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est comment elle peut être encore dans cet état maintenant. Tu sais aussi bien que moi que les effets durent entre trois et douze heures. Imaginons qu’elle ait pris des médicaments hier soir, elle ne devrait plus en subir les effets.


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  • Une heure plus tard, le couple se promenait dans les rues de Canaan. Il y avait un magnifique soleil de printemps, l'air était doux, délicieusement tiède. Derek emmena d’abord son amie dans la rue principale et lui montra le pub où lui et ses amis avaient l’habitude de passer leurs soirées du week-end, avant d’aller au cinéma, lequel offrait un choix très limité de films puisqu’il ne disposait que de deux salles.

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    Ils allèrent ensuite dans la partie la plus ancienne de la petite ville où Meredith découvrit la gare si typique et l’église où, selon Derek, on jouait encore au bingo tous les vendredis soirs.

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    Meredith fut frappée par le caractère rustique qu’avait réussi à conserver la ville. Dis-moi, ça fait très "petite maison dans la prairie". J’ai du mal à t’imaginer dans ce cadre.

    Tu as raison, le temps semble s’être arrêté, admit Derek. Il regarda autour de lui avec un air pensif. Tu imagines le choc que j’ai eu quand je suis arrivé de New York. Mais finalement, j’ai aimé vivre ici. Mes amis, ma famille, la pêche… tout ce dont je pouvais avoir envie était là. Ils reprirent leur randonnée et Derek montra à sa compagne les endroits où il avait passé du temps, enfant, en expliquant ce qu’il y faisait. Elle l’écoutait, attentive, consciente du cadeau qu’il lui faisait. Parfois, il cessait de parler et la regardait dans les yeux pendant quelques secondes, disant alors bien plus de choses que par des mots. Puis la conversation reprenait naturellement avant qu’il s’arrête à nouveau, pour lui demander en riant s’il ne parlait pas trop. Et à chaque fois, elle le rassurait. Non, il n’était pas trop bavard. Oui, elle aimait l’écouter se raconter, elle aimait ça, vraiment, parce que cela lui permettait de découvrir une autre facette de lui.

    Leur promenade les amena dans la campagne, près d’une rivière. Tout était paisible avec, pour seuls bruits, l’eau qui s’écoule, le bourdonnement des insectes, le chant des oiseaux, et au loin, le ronronnement d'un moteur de tracteur.

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    C’est ici que je venais pêcher avec mon père, dit soudain Derek.

    Meredith perçut l’émotion dans sa voix. Tu ne m’as jamais parlé de lui, lui fit-elle remarquer avec une voix douce.

    Sans doute parce que je ne peux pas en dire grand-chose, confessa Derek avec du regret dans son intonation. Je n’ai pas vraiment eu le temps de bien le connaitre. Il avait cinq enfants, alors il a beaucoup travaillé pour qu’on ne manque de rien. Les seuls moments où je me suis réellement senti proche de lui, c’était ici, à Canaan. On venait rendre visite à la famille de ma mère et il m’emmenait à la pêche. Il regarda en direction de la rivière et Meredith devina qu’il se revoyait en compagnie de son père, une canne à pêche à la main. Il me parlait de la nature et des poissons, ajouta-t-il avec un petit sourire qui s’effaça rapidement. Il se tourna vers son amie et la regarda tristement. Et puis il est parti. J’étais encore un gamin. La façon dont ça s’est passé… ça a été un choc. On a mis du temps à se reconstruire. Ses yeux se perdirent au loin. Tu crois que tu auras le temps plus tard, que tu pourras enfin nouer des liens et finalement, non. Tu as laissé passer toutes tes chances.

    Meredith se mit devant lui et l’enlaça par la taille. C’est pour ça que tu veux que tout aille si vite dans ta vie ?

    Derek baissa la tête vers elle. Peut-être, oui. Il prit le visage de la jeune femme entre ses mains pour l’embrasser tendrement, tout en caressant ses tempes. Je t’aime. Je ne veux pas gaspiller une seconde du temps que nous avons à passer ensemble, tu comprends ? Elle fit signe que oui. Lentement, il fit glisser ses doigts dans sa nuque. J’ai envie de toi… ici… maintenant. Elle sourit. Tu n’en as pas envie, toi ? gémit-il, déjà le souffle court. Elle se laissa aller contre lui et ne bougea pas quand il passa la main sous son pull. L’agrafe du soutien-gorge sauta prestement sans qu’elle y trouve à redire. Tout en l’embrassant avec une douceur constante, il posa les mains sur ses seins et en titilla les pointes. Quand il quitta sa bouche, ce fut pour lui mordiller le menton, le cou ensuite.

    Meredith, les yeux fermés, la gorge renversée, la bouche entrouverte, caressa la peau nue de son amant, sous la chemise, avant de poser les mains sur la ceinture du pantalon qu’elle ouvrit avec timidité. Lui, il avait poursuivi sa course vers la poitrine de sa partenaire, en relevant son pull au maximum, pour prendre un sein en bouche, le sucer, l’aspirer, le pincer entre ses lèvres. Il s’interrompit pour la regarder au fond des yeux, cherchant à voir si elle ne désirait pas simplement lui faire plaisir. Pour toute réponse, elle se colla à lui et, tremblante, insinua la main sous son boxer. Elle hésita un peu avant de se décider enfin à prendre son membre gonflé entre ses doigts. Derek reprit possession de sa bouche en gémissant, tout en malaxant ses seins. Elle s’enhardit peu à peu et pressa sa verge dans ses doigts, la faisant coulisser, se hasardant même à en caresser le gland. Electrisé par ce contact, il la lâcha quelques instants pour retirer sa veste et lui enlever la sienne, qu’il jeta par terre. Il se laissa glisser au sol et l’entraîna avec lui. Fébrile, il ôta leurs pantalons.

     Il effleura délicatement la vulve de Meredith du bout des doigts. Il se sentit encouragé quand elle écarta les cuisses et il l’explora alors plus profondément, jouant avec son clitoris devenu dur. Elle se tordit un peu en gémissant de petits oui. Elle cria de délice quand il enfonça avec précaution deux doigts dans son intimité et quand il les fit tourner à l’entrée avant d’entamer un lent va-et-vient. Elle le supplia à mi-voix de ne pas arrêter puis subitement lui demanda de la prendre. Il se mit sur elle et elle se cambra à sa rencontre. Elle sentit sa verge contre sa vulve. Les yeux plongés dans les siens, il la pénétra doucement. Les mains crispées sur ses fesses, ses hanches se soulevant vers lui, elle l’amena au fond d’elle. Il ressortit d’elle pour mieux la reprendre, l’emplissant toute entière de son phallus tendu. Elle referma ses jambes autour de lui et, haletante, se donna à lui sans réserve. Il se redressa un peu sur ses bras, pour la regarder gémir de plaisir, la tête renversée en arrière, offrant son visage aux rayons du soleil. Il lui fit l’amour longtemps, se retirant totalement presque à chaque fois pour mieux replonger en elle, accélérant la cadence, pour ensuite la ralentir. Enfin, elle jouit, parcourue de spasmes violents, les ongles plantés dans ses épaules. Il jouit juste après elle dans un râle, avant d’enfouir son visage dans son cou. Ils restèrent ainsi, encore un bon moment, sous l’œil bienveillant de la nature.


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  • Ou alors, elle en a repris après hier soir, présuma Mark. Ce matin, par exemple. Quand tu es dépendant, tu as besoin de ta dose, peu importe l’heure.

    Derek acquiesça. C’est une éventualité.

    Mark caressa sa barbe. Moi, il y autre chose que je ne comprends pas. Elle a déjà eu des problèmes à cause de ces crasses. Tu l’as mise en garde. En plus, elle sort avec toi, un médecin, elle doit savoir qu’elle ne pourra pas te duper. Elle n’est pas débile tout de même.

    Derek haussa les épaules. Tu l’as dit toi-même, quand on est sous addiction, on ne réfléchit plus comme le commun des mortels. Plus rien ne compte que de satisfaire son manque.

    Mark posa une main sur l’épaule de son ami. Ecoute, on va arrêter de se poser des questions auxquelles on n’a pas les réponses. Ça ne sert à rien. On va attendre le résultat des analyses. D’ailleurs, je vais aller les chercher. On sera fixé. Derek le regarda s’éloigner avant de rentrer dans la salle.

    Meredith le dévisagea aussitôt de ses grands yeux où se lisait une profonde angoisse. Alors, tu as appris quelque chose avec tes examens ?

    Je préfère attendre les résultats, répondit Derek, plus froidement qu’il ne l’aurait voulu.

    Il y a quelque chose qui ne va pas ? s’enquit Meredith, étonnée de la soudaine réserve qu’il avait envers elle.

    Il s’assit près d’elle et prit une profonde inspiration. Maintenant que nous sommes seuls, tu peux peut-être me dire la vérité.

    Meredith le regarda avec un étonnement sincère. De quelle vérité tu me parles ?

    Derek la fixa dans les yeux. L’examen neurologique que tu as passé n’était pas vraiment concluant. Tout donne à penser que tu es sous l’influence de certaines substances. Si c’est le cas, j’aimerais autant en avoir la confirmation par toi plutôt que par un résultat de labo.

    Meredith se redressa et le foudroya du regard. Combien de fois je devrai te dire que je n’ai plus rien pris du tout ? lança-t-elle, indignée par les soupçons qu’il s’obstinait à avoir à son encontre.

    C’est impossible autrement ! répliqua Derek. Tout est contre toi, Meredith.

    Blessée qu’il persiste à la prendre pour une menteuse, elle éclata en sanglots, sans savoir ce qui l’emportait, de la colère ou de la tristesse. Je n’ai rien pris. Je n’ai rien pris du tout, répéta-t-elle, les yeux brillants de larmes. Je le jure.

    Derek bondit sur ses pieds. Tu mens ! fulmina-t-il. Et tu me prends pour un con par-dessus le marché ! Il se mit à faire les cent pas dans la pièce. Bordel, est-ce que tu te rends compte du risque que tu as couru aujourd’hui ? Quand je t’ai retrouvée à la boutique, tu étais en dépression respiratoire. Tu sais ce que ça signifie ? Ce n’est pas seulement une difficulté à respirer normalement, cela implique aussi une diminution du taux d’oxygène dans le sang, accompagnée d’une augmentation du taux de CO2. Ça peut déboucher sur un état de choc cardio-respiratoire. Ça peut être fatal, merde ! cria-t-il.

     

    Mark pénétra dans la pièce, des feuillets à la main. Arrête de hurler comme ça. On t’entend depuis l’autre bout de l’hôpital. Il tendit les papiers à son ami, avec un regard entendu.

    Derek eut un rictus en lisant les résultats. Ils ne faisaient que confirmer ses soupçons. Meredith était bien sous l’influence de benzodiazépines. Il relit une seconde fois, pour être bien sûr, sous l’œil compatissant de son ami. Meredith, le cœur battant, attendait que Derek lui dise qu’il s’était trompé, qu’elle n’avait pas pris ces fichus médicaments. D’un geste rageur, il jeta les feuilles sur une table. C’est bien ce que je pensais.

    Et alors ? fit Meredith d’une voix tremblante, en n’osant pas le regarder. 

    Et alors ? tonna Derek. Tu nous… tu m’as vraiment pris pour un con ! Meredith ouvrit la bouche pour se défendre mais il ne lui laissa pas le temps de parler. Les résultats que je viens de lire m’apportent la preuve qu’il y a des traces de benzodiazépines dans ton sang. Et quand je dis trace, je suis gentil, vu le taux d’intoxication.

    Mais ce n’est pas possible ! affirma Meredith en regardant les chirurgiens tour à tour. Je vous jure que je n’en ai plus pris depuis la dernière fois .Je ne comprends pas, insista-t-elle, totalement perdue. 

    Ecoute, Meredith, intervint Mark, je comprends que ce ne soit pas facile pour toi, mais continuer à nier, c’est un peu stupide, tu ne crois pas ?

    Stupide ? Imbécile, tu veux dire ! Tout est là ! cria Derek en tapant de la main sur les feuilles. Même un enfant de cinq ans comprendrait ce que ça ne sert à rien de s’entêter.


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