• La fin d’après-midi se passa dans une bonne ambiance. Après son petit discours, George avait raconté quelques blagues qui avaient achevé d’alléger l’atmosphère. Se sentant bien, Meredith avait pu servir quelques clients. Derek l’avait appelée pour prendre de ses nouvelles mais Cristina n’avait fait aucun commentaire. Cela avait conforté Meredith dans l’idée que des jours meilleurs l’attendaient. Cristina semblait avoir décidé de tolérer la relation de son amie avec le chirurgien. Quant à George, il paraissait avoir accepté le fait qu’ils ne seraient jamais que des amis. Meredith avait été agréablement surprise par ce qu’il avait dit. En fin de compte, elle avait eu raison. L’attitude du jeune homme était due au fait qu’il avait mal vécu son arrivée dans une grande ville et cela lui avait fait perdre ses repères. Elle se promit d’en parler à Derek ; il fallait qu’il sache que George était un gentil garçon qui n’était pas une menace pour elle.

    Ils avaient à peine fini de travailler que George se précipita dans la cuisine pour prendre une bouteille de champagne dans le frigo. Il revint dans la boutique en la brandissant à bout de bras. Aaaaaaaah ! s’écrièrent les filles en chœur.

    Enfin quelque chose d’intéressant ! ajouta Cristina.

    George s’empressa de faire sauter le bouchon pour remplir les coupes. Il en donna une à chacune de ses camarades et leva la sienne. A notre amitié retrouvée !

    Ils trinquèrent joyeusement et les plaisanteries fusèrent. Suivirent ensuite les anecdotes sur leurs débuts à San Francisco. Meredith se joignit aux rires de ses amis en sirotant son champagne. C’était vraiment bien de retrouver la complicité d’avant. Très vite, George ouvrit une deuxième bouteille. Meredith portait une coupe à ses lèvres quand une douleur aiguë lui vrilla l’estomac, lui faisant lâcher son verre. Le bruit que celui-ci fit en se fracassant sur le sol fit sursauter les jeunes gens. Ils se précipitèrent vers leur amie en la voyant pliée en deux, les deux mains posées sur le ventre.  

    Mer, qu’est-ce que tu as ? demanda Izzie d’une voix pleine d’angoisse.

    Je… je ne sais pas, répondit la jeune fille dans un souffle. Mon ventre... il me fait mal. Comme une crampe, mais en plus fort.

    Tu n’as peut-être pas assez mangé ? supposa Cristina en la faisant asseoir sur une chaise. George, dont le cœur battait à tout rompre – il se demandait si les thés et cafés améliorés dont il abreuvait généreusement son amie pouvaient être à l’origine de ses douleurs – courut jusqu’à la cuisine et en revint avec un muffin. Cristina le lui arracha des mains et s’agenouilla aux pieds de son amie. Tiens, mange un peu.

    Meredith ouvrit la bouche mais la perspective d’avaler quoi que ce soit lui donna la nausée. Elle détourna la tête. On devrait peut-être appeler Derek, suggéra Izzie qui tenait la main de la jeune fille.

    Mais non, c’est rien, assura Cristina sur un ton bourru. Ça va aller mieux tout de suite, vous allez voir.

    Mais non, ça ne va pas aller mieux, couina Izzie, paniquée. Regarde-la, elle est toute blanche. Tout à coup, le corps de Meredith s’affaissa sur la chaise. Cristinaaaaa, hurla Izzie. Elle s’est évanouie. Appelle Derek !

    Arrête de hurler comme ça, nom de dieu ! ordonna Cristina. George, aide-moi à l’allonger par terre. Les deux jeunes gens couchèrent Meredith sur le sol. Celle-ci rouvrit les yeux. Cristina poussa un soupir de soulagement. Putain, tu nous as fait une de ces peurs !

    Meredith lui agrippa la main en la regardant avec de grands yeux paniqués. J’a… j’arrive… plus… plus à… respir… rer !

    Livide de peur, Cristina prit le téléphone qui dépassait de la poche du jean de son amie. Je vais appeler Shepherd, annonça-t-elle avant de sortir de la boutique. Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver le numéro du chirurgien dans le répertoire. Réponds, allez, réponds, murmura-t-elle, au comble de l’angoisse.

    Ça va, bébé ?

    En entendant la voix suave de Derek, Cristina perdit le peu de sang-froid qui lui restait. C’est Meredith, elle a du mal à respirer, cria-t-elle. On ne sait pas ce qu’elle a. Il faut venir tout de suite.

    Derek comprit directement que Cristina ne pourrait pas lui donner plus d’explication. D’accord, je vais venir, lui dit-il. En attendant, surtout, ne la couchez pas. Vous m’entendez, ne la couchez pas ! Il faut qu’elle soit assise. Je suis là dans quelques minutes. Sans perdre plus de temps à lui donner des instructions qu’elle n’aurait pas su appliquer, il raccrocha. Il faut que j’aille à la boutique, annonça-t-il à Mark qui le regardait avec un air interrogateur. Apparemment, Meredith aurait des problèmes respiratoires.

    Comment ça, des problèmes respiratoires ? répéta Mark. Pourtant quand je l’ai ramenée, elle était tout à fait bien. Qu’est-ce qui s’est passé ?

    Aucune idée ! Derek saisit sa veste en cuir et l’enfila, en espérant que Cristina avait noirci le tableau sous l’effet de la panique.

    Voyant que son ami était blanc comme un linge, Mark décida de l’accompagner. Je viens avec toi. Les deux hommes se ruèrent en-dehors de la pièce. En passant dans le couloir, Mark s’empara d’un kit de réanimation. Ils coururent à en perdre haleine jusqu’au parking.


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  • Derek se laissa tomber sur Meredith et elle le garda prisonnier entre ses jambes. Seules leurs mains restèrent en action, se prodiguant mille et une caresses furtives sur le visage et dans les cheveux. Leurs souffles s’apaisèrent lentement, à l’unisson. Quand leur respiration fut redevenue normale, Derek s’allongea sur le flanc, à côté de sa compagne, et prit appui sur son bras pour la contempler. C’était bien ? demanda-t-il avec une voix peu assurée.

    Elle eut un petit rire moqueur. Pourquoi les hommes doivent-ils toujours être rassurés sur leurs performances ?

    Réponds-moi.

    Tu le sais bien, dit-elle à mi voix.

    Oui mais j’ai besoin que tu me le dises, insista-t-il. Aujourd’hui, j’ai besoin de mots, Meredith.

    Elle soupira légèrement avant de se tourner vers lui. Le sexe avec toi… ça n’a jamais été un problème. C’est toujours fantastique. Elle posa sa main sur le torse de son compagnon, à la hauteur du cœur. Mais ce n’est pas ça le plus important. Pas pour moi. Il prit un air offusqué qui la fit sourire. Pour toi non plus, je le sais, précisa-t-elle avant qu’il ait eu le temps de dire un mot. Ce que j’essaie de te dire… Elle planta son regard dans celui de Derek. Quand on fait l’amour… il n’y a pas de mots pour décrire ce que je ressens. Je  suis tellement bien. Je n’ai plus peur. Elle se pelotonna contre lui. Je ne veux plus qu’on se déchire. ça me fait trop mal.

    Il la serra dans ses bras. Je ne le veux plus non plus. J’en crève quand tu n’es pas là.

    Après quelques secondes, elle s’écarta légèrement de lui. Rose, commença-t-elle.

    Meredith, bougonna Derek en lui lançant un regard désapprobateur pour lui montrer qu’il n’appréciait pas qu’elle gâche un si beau moment en lui rappelant ce qu’il voulait oublier à tout prix.

    Ecoute-moi d’abord, le pria-t-elle. Rose, Addison, c’est terminé. Je tire un trait. Il s’est passé ce qui s’est passé mais je ne veux plus en parler. Et je ne veux plus que tu me parles de Finn ou de je ne sais qui, ajouta-t-elle en brandissant un index faussement menaçant. Je veux qu’on prenne un nouveau départ, un vrai nouveau départ cette fois. Derek lui sourit, à la fois tendre et espiègle, et elle lui sourit aussi. Oui, je sais, je suis naïve de croire qu’on peut totalement faire table rase du passé. Tu peux te moquer de moi mais je suis sûre que c’est possible.

    Je ne me moque pas de toi, assura-t-il. Je me dis que tu as beaucoup changé en peu de temps.

    Ça fait longtemps que je change, mais tu ne l’as pas vu, lui fit remarquer Meredith avec un soupçon de reproche dans la voix. Ce n’est peut-être pas aussi radical que tu le voudrais mais je change et je vais continuer. Je suis prête à faire de gros efforts pour te garder.

    Et moi, je te promets d’être moins impatient et de faire des efforts aussi, parce que la vie sans toi… Emu, Derek se serra contre elle pour l’embrasser.

    Le désir commençait à renaître entre eux lorsque la voix de Carolyn Shepherd leur parvint depuis le rez-de-chaussée. Houhou… Il y a quelqu’un ?… Derek… Meredith… Vous êtes là ?

    Derek regarda Meredith avec regret. Il vaut mieux que j’y aille. La jeune femme opina de la tête en soupirant. Le temps d’enfiler un pantalon et un tee-shirt, il était déjà dans l’escalier.

    En le voyant, Carolyn comprit qu’il sortait de son lit. Tu viens seulement de te réveiller ? demanda-t-elle, étonnée. Pourtant, tu n’es pas rentré si tard hier.

    Derek l’embrassa furtivement sur la joue en passant à côté d’elle. Je te fais un café ? proposa-t-il en continuant son chemin vers la cuisine, sans même attendre la réponse.

    Carolyn le retrouva qui se dandinait devant le percolateur, en sifflotant un petit air joyeux. Tout à coup, il esquissa un petit pas de danse suivi d’un tour sur lui-même, avant de se diriger vers l’armoire où étaient rangées les tasses. Ho ho  je vois ! s’exclama sa mère.

    Quoi donc ?

    Toi et Meredith, vous… Derek ne répondit pas mais se tourna vers elle avec un grand sourire. Carolyn se laissa tomber sur une chaise. Voilà qui explique ton air béat. Elle hocha lentement la tête. Derek, dit-elle avec un léger ton de remontrance.

    Il vint s’asseoir devant elle. Je sais ce que tu vas dire, maman, que je fais une erreur, que ce n’est pas la première fois que je tente ma chance avec elle, que j’ai tort de m’acharner. Peut-être que c’est vrai, admit-il. Mais c’est ce que je veux. Je sais que tu n’apprécies pas Meredith et j’en suis désolé mais il va falloir t’y faire parce qu’elle est la partie non négociable de ma vie.

    Carolyn posa sa main sur celle de son fils. Contrairement à ce que tu crois, Meredith m’a fait une très bonne impression. Je l’ai trouvée tout à fait charmante et il est évident qu’elle est amoureuse de toi. Mais je crains qu’elle ne puisse pas t’apporter tout ce que tu attends depuis si longtemps. Derek lui retira vivement sa main. Tu as certains rêves, Derek, poursuivit-elle sans se laisser démonter. Et tu ne seras pas heureux tant que tu ne les auras pas réalisés.

    Il se releva pour lui servir une tasse de café. Je les réaliserai avec Meredith, répliqua-t-il avec un air buté.

    Carolyn fit une moue dubitative. Tu en es sûr ? D’après ce que tes sœurs m’ont raconté, elle a une peur panique de l’engagement alors que toi… Elle remarqua que le regard de Derek se faisait plus dur. Ne te méprends pas, mon fils, je ne la juge pas. Elle a vécu des choses épouvantables dans sa vie, je le sais. Mais je sais aussi que ce n’est pas évident d’aimer une personne blessée par la vie. Tu devrais encore réfléchir. Il n’y a pas de honte à admettre que l’on s’est trompé, tu sais.

    Le fait que sa mère juge sa relation avec Meredith uniquement sur base des ragots colportés par ses sœurs énerva Derek au plus haut point. Mais je ne me suis pas trompé ! s’écria-t-il. Meredith a peur de s’engager, c’est vrai. Elle en a envie mais elle n’ose pas. Elle a peur d’être abandonnée parce que c’est ce qu’elle a déjà vécu. Avec son père, et avec moi, malheureusement. Je l’ai abandonnée quand Addison est revenue. Je lui ai menti, j’ai trahi sa confiance, mais elle, jamais, dit-il avec force. C’est moi qui n’ai pas été à la hauteur, maman, pas elle. Pas elle, répéta-t-il dans un souffle.


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  • Quand ils arrivèrent à la boutique, ils aperçurent Meredith livide, adossée contre un mur, respirant par à-coups, comme si elle cherchait à trouver l’air qui lui manquait. Izzie était accroupie à côté d’elle et lui tenait la main. Bon sang, elle est en détresse respiratoire ! dit discrètement Derek à Mark avant de rejoindre son amie. Il s’agenouilla devant elle. C’est bon, on est là, signala-t-il à Izzie en lui faisant signe de s’écarter. Il s’adressa ensuite à Meredith. Tout va bien. Je vais m’occuper de toi, détends-toi. Il desserra rapidement les vêtements de la jeune fille et plaça devant sa bouche le respirateur artificiel que Mark lui tendait. Il dut se faire violence pour faire abstraction des deux yeux effrayés qui le scrutaient et qui, s’il y prêtait attention, l’empêcheraient de faire correctement son travail. Il attrapa la trousse de réanimation et y prit une seringue. Il lut l’angoisse dans les yeux de Meredith et la rassura. N’aie pas peur. Souviens-toi, je fais très bien les piqûres. Mais le plus urgent est de t’aider à respirer, tu comprends ? Il lui fit une injection de dopamine pendant que Mark prenait son pouls.

    Fréquence cardiaque supérieure à 120, constata le chirurgien. Le médicament fit immédiatement effet et Meredith retrouva une respiration normale. Mark écouta de nouveau son cœur. 110. Elle redescend, annonça-t-il avec un soulagement évident.

    Expliquez-moi ce qui s’est passé, demanda Derek aux trois autres pendant qu’il allongeait délicatement Meredith sur le sol, avec l’aide de son ami. Celui-ci serra la main de la jeune fille et examina le bout de ses doigts tandis que Derek sortait une lampe torche pour examiner ses yeux. Pupilles légèrement dilatées, dit-il avec une inquiétude non dissimulée.

    Bordel mais qu’est-ce que vous lui avez fait ? demanda Mark sur un ton brusque. Quand je vous l’ai laissée tout à l’heure, elle allait bien. Après avoir fixé les trois jeunes gens qui restaient muets et immobiles, comme pétrifiés par la peur, ses yeux firent le tour de la pièce. Il remarqua les deux bouteilles de champagne vides sur une petite table. Regarde moi ça ! s’écria-t-il en désignant les vidanges.

    Derek se détourna, l’espace de quelques secondes, du visage de Meredith pour regarder dans la direction que lui indiquait son ami. En voyant les bouteilles vides, il ressentit une énorme colère. Si, malgré ce que Meredith lui avait promis, elle avait encore pris des benzodiazépines, l’effet des médicaments conjugué avec celui de l’alcool pouvait être dévastateur. Est-ce que quelqu’un va enfin se décider à me dire ce qui s’est passé, nom de dieu ? aboya-t-il rageusement.

    Pendant que Cristina lui racontait le déroulement des évènements, Mark, agenouillé aux côtés de Meredith, posa une main sur l’estomac de cette dernière en regardant sa montre. Fréquence respiratoire redevenue normale. Putain, tu nous as fait peur !

    Elle est revenue à elle immédiatement ? se renseigna Derek. Il prit de nouveau le pouls de Meredith à qui il sourit pour la rassurer.

    Oui, presque immédiatement, répondit Cristina.

    Elle a bu du champagne, elle aussi ? questionna Mark bien qu’il connaisse déjà la réponse. Izzie fit signe que oui. Combien ? se renseigna le chirurgien sur un ton sec.

    Izzie prit un air un peu apeuré. J’en sais rien, murmura-t-elle

    Derek s’emporta. Réfléchissez, bordel ! C’est important. Combien ?

    Deux, trois coupes au moins, intervint George. Tout dans l’attitude des médecins prouvait que l’état de Meredith restait préoccupant et il était vraiment dans ses petits souliers, autant parce qu’il avait peur pour la vie de son amie que parce qu’il craignait de voir son rôle révélé.

    Derek et Mark évitèrent de se regarder pour que leur inquiétude ne transparaisse pas trop devant les jeunes gens, et particulièrement devant Meredith. Pendant que Derek vérifiait les réflexes musculaires de cette dernière, Mark se pencha vers elle. Regarde-moi, lui ordonna-t-il. Elle leva vers lui de grands yeux où se lisait une peur sans nom. Ne t’inquiète pas. Il lui sourit. Tu as les deux meilleurs chirurgiens du pays à tes pieds, alors, il ne peut rien t’arriver. Il prit un air espiègle. Tu sais, si tu voulais tester nos compétences, tu aurais dû me demander de te poser des implants mammaires. Même si tu n’en as pas besoin, d’après ce que je vois, dit-il pour tenter de la détendre.

    Mark ! éructa Derek qui non seulement n’appréciait pas la plaisanterie de son ami mais en plus, trouvait le moment mal choisi pour ça.

    Mark fit un clin d’œil complice à Meredith. Il manque un peu d’humour pour le moment. Il vérifia rapidement les constantes de la jeune fille. Glasgow à 10, signala-t-il. Ce n’est pas trop mauvais.

    On l’emmène à la clinique, décréta Derek.

    Meredith souleva son masque. Non, je ne veux pas, protesta-t-elle. Sa respiration devint aussitôt saccadée.

    Derek lui remit immédiatement le masque en lui faisant les gros yeux. Je ne te laisse pas le choix, Meredith, déclara-t-il d’une voix autoritaire. Terrorisée, elle agrippa sa main en tentant de se redresser. Il la maintint au sol en la tenant par les épaules. Calme-toi. N’aie pas peur, ce n’est rien, rien du tout. Il lui parla tout bas, de sorte qu’il n’y ait qu’elle qui l’entende. Je ne peux pas te laisser comme ça, bébé, ce n’est pas possible. Je deviens fou à ne pas savoir ce que tu as. Ce matin, tu n’étais pas bien et là, la situation a empiré. Alors, ne me demande pas de ne rien faire, je ne peux pas. Fais-moi confiance. Je vais m’occuper de toi. D’accord ? Meredith opina faiblement de la tête. Un klaxon sonore retentit dans la rue. Derek se retourna et vit Mark debout, à côté de son Humer dont il avait ouvert la portière passager. Délicatement, il souleva Meredith dans ses bras et la porta jusqu’à la voiture.


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  • En poussant la porte de la chambre, Derek surprit Meredith nue, en train d’examiner attentivement dans le miroir, les légères cicatrices encore rosées qui parsemaient son visage. Elle suivait leur parcours du bout de l’index avec un air serein qui était contredit par les quelques larmes qui coulaient sur ses joues.

    Bientôt, elles ne seront plus qu’un mauvais souvenir, dit Derek avec douceur.

    Meredith essuya rapidement ses larmes avant de se tourner vers lui. Je ne sais pas, répondit-elle avec anxiété.

    Mark t’a assuré que tu ne garderais aucune cicatrice, lui rappela-t-il.

    Tu sais, s’il n’y avait que l’aspect esthétique, je pourrais m’y faire. Enfin, je crois. Mais ces marques – Meredith se tourna à nouveau vers le miroir - elles me rappellent ce qui s’est passé. Si elles devaient rester…

    Elles ne resteront pas, affirma Derek sur  un ton catégorique.

    Mais si elles restaient ? insista Meredith.

    Derek vint se mettre derrière elle. Tu oublieras, Meredith, lui promit-il. Avec le temps, tu oublieras. Je t’y aiderai et ce ne sont pas quelques cicatrices qui y changeront quoi que ce soir.

    Elle le regarda pleine d’espoir. Tu crois ?

    J’en suis certain. Derek prit un air faussement détaché. Tu devrais peut-être envisager de te faire aider. Pourquoi tu ne verrais pas un psychologue ? C’est ce qu’on conseille aux victimes d’agressions.

    Meredith haussa légèrement les épaules avec un air sceptique. Qu’est-ce que j’irais raconter à un psy ? J’ai été agressée, oui, mais je n’ai pas été violée.

    Derek posa ses mains sur les épaules de son amie. Il t’a battue et la position dans laquelle je vous ai trouvés ne me permet pas de douter de ses intentions. Tu as subi un réel traumatisme et tu aurais tort de le sous-estimer.

    Meredith sourit. Oui mais je vais bien maintenant, grâce à toi. Derek fit une moue. Elle porta la main à son épaule pour pouvoir lui serrer les doigts. Si, si, je te jure.

    Ouais ! marmonna-t-il avec un air dubitatif. Je n’oublie pas que je t’ai trouvée tapie au fond de ton placard il a seulement quelques jours.

    Mais depuis, tu m’as emmenée, nous avons traversé le pays, nous avons fait l’amour… et c’était vraiment très bien… comme avant. Meredith laissa aller sa tête contre le ventre de son ami.

    Il caressa ses cheveux. Vraiment très bien ?

    Oh ! Ne recommence pas, le gronda Meredith avec tendresse.

    Leurs reflets se sourirent dans le miroir. Derek se pencha vers elle et commença à mordiller tendrement le lobe de son oreille. J’étais justement en train de me dire que je recommencerais bien, chuchota-t-il.

    Meredith inclina la tête sur le côté pour offrir son cou aux baisers de son amant. Tu es insatiable, murmura-t-elle.

    Tu ne t’en es jamais plainte jusqu’à présent, lui fit remarquer Derek en la bécotant de l’oreille à la jointure de l’épaule.

    Meredith eut un petit rire espiègle. Oh mais je ne me plains pas.

    Tant mieux, parce que j’ai des projets. Derek la fit pivoter sur son siège afin qu’elle lui fasse face et déposa de tendres baisers sur ses lèvres. Il s’interrompit brièvement pour ôter son tee-shirt avant de l’embrasser à nouveau. Elle caressa son ventre et ses flancs. Très vite, le désir fit raidir le sexe de Derek. Tout en poursuivant son baiser, il abaissa son pantalon.

    Quand il se releva, le visage de Meredith se trouva au niveau de la verge turgescente de Derek. Immédiatement, la jeune femme vit une autre image se superposer à ce spectacle d’habitude réjouissant. Le pénis de son agresseur remplaça celui de son amant. Sans qu’elle pût y faire quoi que ce soit, l’angoisse monta en elle. Elle ferma les yeux pour essayer de chasser l’horrible souvenir mais n’y parvint pas. Elle tenta alors de se raisonner. Arrête, ne pense pas à ça. Ne pense pas à lui ! Il n’est pas là et tu le sais. Il est enfermé quelque part. Là, tu es avec l’homme que tu aimes et il t’aime aussi. Il ne te fera pas mal. Ça va bien se passer. Elle se força à ouvrir les yeux et comprit qu’elle n’avait pas réussi à se convaincre. Son agresseur la menaçait encore. Elle voulut reculer l’échéance. Laisse-moi prendre une douche d’abord.

    D’accord… Allons la prendre ensemble, dit Derek toujours en l’embrassant ça et là.

    Je préfèrerais y aller seule, insista Meredith avec un sourire crispé qu’il ne remarqua pas.

    S’il te plait… Derek descendit vers l’épaule de son amie avant de revenir dans le cou pour terminer sur la bouche.

    Tout à coup, Meredith eut l’impression de sentir l’haleine fétide du pervers. Dans un réflexe, elle serra les dents. Lorsque Derek essaya d’insinuer sa langue entre ses lèvres, elle le repoussa durement. Je ne veux pas… Je suis désolée. Je ne veux pas.


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  • Pendant que Derek remontait son pantalon, Meredith se leva de son siège à la hâte et passa à la salle de bains pour enfiler un peignoir. Ne m’en veux pas, dit-elle en revenant dans la chambre, mais ce n’est pas le bon moment.

    Je ne t’en veux pas, voyons, assura Derek. Tu as le droit de ne pas avoir envie de faire l’amour mais dis-le-moi franchement alors.

    J’avais envie, répliqua fébrilement Meredith. Enfin, je croyais que j’avais envie.

    Il s’est passé quelque chose ? demanda calmement Derek pour ne pas l’effaroucher.

    Rien du tout. Je vais bien, affirma Meredith en évitant de croiser son regard.

    Son attitude confirma à Derek qu’elle ne lui disait pas la vérité. Je veux seulement t’aider, Meredith, mais je n’y arriverai pas si tu n’y mets pas du tien. S’il y a quelque chose qui ne va pas, il faut que tu me le dises.

    Mal à l’aise et énervée par l’insistance de son compagnon, Meredith commença à ramasser les vêtements qui étaient éparpillés sur le sol. Mais je n’ai rien à dire. Tout va bien, je t’assure.

    Alors qu’elle passait à côté de Derek, il lui retira les vêtements qu’elle portait sur les bras et les jeta sur le lit, avant de prendre les mains de la jeune femme dans les siennes. J’essaie seulement de comprendre. On semblait sur la même longueur d’ondes et l’instant d’après… C’est moi ? J’ai fait quelque chose qui t’a déplu ou…

    Elle se dégagea brusquement. Tu n’y es pour rien. Arrête de toujours tout ramener à toi, Derek. Je sais que c’est difficile à croire mais tu n’es pas le centre du monde. Il la regarda interloqué. Il ne s’est rien passé. De toute façon, je ne veux pas en parler. Je vais bien, tout à fait bien. J’ai seulement besoin de repos. Je vais bien mais j’ai envie d’être un peu seule maintenant. Elle le poussa doucement mais fermement vers la porte. Alors, si tu veux bien… Il n’avait pas encore un pied dans le couloir qu’elle avait déjà refermé la porte. Devinant qu’il resterait dans le couloir à essayer d’entendre ce qu’elle faisait, elle courut jusqu’à la salle de bains et se laissa glisser le long du mur. Assise par terre, elle se mit à pleurer.

    N’entendant plus aucun bruit et comprenant qu’il lui serait inutile d’insister, Derek se résigna. Le cœur lourd, il alla dans le salon et se laissa tomber dans un fauteuil. Il s’en voulait d’avoir cru que, uniquement parce qu’il en avait envie, tout était redevenu comme avant. Il ne se pardonnait pas de s’être laissé aveugler par son orgueil de mâle, de n’avoir pensé qu’au plaisir, de ne pas avoir perçu le malaise de Meredith. Elle avait raison, il n’était pas le centre du monde.

    Son téléphone sonna et il fut surpris de la joie qu’il ressentit en lisant le prénom de Mark sur l’écran. Alors, vieux grigou, claironna son ami. Tu avais promis de me donner des nouvelles mais j’attends toujours.

    Derek posa ses pieds sur la table basse. Excuse-moi. Pas vraiment eu le temps.

    A Seattle, Mark fronça légèrement les sourcils. Ça va, toi ? Je dérange ? Tu as l’air bizarre. L’état de Meredith ne s’améliore pas ?

    Il y a des jours avec et des jours sans, répondit sobrement Derek.

    Et aujourd’hui est un jour sans, devina Mark.

    On va dire ça, soupira Derek. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais autant parler d’autre chose. Devine qui j’ai revu ? dit-il sur un ton léger.

    Un des quelconques ploucs que l’on fréquentait au lycée, supposa Mark, plein de mépris. Barry Morris ? John Atwood ?

    Jamie Lynn Cooper.

    Cette bêcheuse ! Mark éclata de rire. Elle vit toujours à Canaan ? N’est-ce pas elle qui voulait faire carrière à Hollywood ?

    Derek sourit. Mark ! Elle avait quinze ans. A cet âge-là on a tous des rêves un peu fous qu’on ne réalise pas.

    A quinze ans, je voulais déjà devenir chirurgien, et toi aussi, riposta Mark. On en rêvait et on a réussi. Tandis que, manifestement, Jamie Lynn… Je n’ai jamais aimé cette fille, ajouta-t-il sur un ton catégorique.

    Ce qui ne t’empêchait pas de vouloir coucher avec elle, lui rappela Derek, goguenard.

    Mark haussa les épaules. Et alors ? Si tu savais le nombre de filles avec qui j’ai couché alors que je n’éprouvais que mépris pour elles, tu en resterais bouche bée.

    Derek hocha lentement la tête. Je ne sais pas comment tu fais. Moi, je ne pourrais pas.

    Ouais. Tu devrais peut-être essayer de t’y mettre, lui conseilla Mark. Qu’est-ce que tu as à perdre ?

    Mon sens des valeurs, mon intégrité, la femme que j’aime, énuméra Derek.

    Pfft ! Décidément, nous ne parlons pas le même langage, constata Mark avec un regret sincère Et tu en es où avec la femme que tu aimes ? Tu avances ou tu as décidé d’abandonner et de remettre ça avec ton ex, Tweety ? C’est bien comme ça qu’elle t’appelait, non ? se moqua-t-il.

    Va te faire foutre ! s’écria Derek, un sourire dans la voix. Et en ce qui concerne Jamie Lynn, je t’informe qu’elle est mariée. Je sais que c’est un détail sans importance pour toi mais c’est quelque chose que, personnellement, je respecte.

    Mark fit une grimace. Ça, c’est vache. Mais bon, toi, tu as le droit de me faire ce genre de reproches, admit-il. Donc, si tu n’as pas l’intention de coucher avec Cooper, c’est donc que tu restes fixé sur Meredith. Si je peux donner mon avis, tu as tort, Derek. Je sais que tu l’aimes mais…

    Derek lui coupa la parole. Ecoute, Mark, je te remercie de te soucier de ce qui m’arrive mais ce n’est vraiment pas ce que je veux entendre pour le moment. Meredith apparut sur le seuil de la porte. Désolé mais je dois te laisser. Il coupa la communication sans laisser le temps à son ami de répondre.


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