• Derek lâcha la main de Meredith. Ils se sourirent, un peu mal à l’aise. Maintenant que le problème était réglé, ils ne trouvaient plus rien à se dire. Jusqu’à aujourd’hui, ils avaient été dans une relation de séduction et ce n’était pas facile, en quelques secondes, de passer à autre chose, d’autant plus que l’attirance qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre n’avait pas disparu. Au bout de quelques minutes d’un silence pesant, Derek sentit qu’il devenait urgent de trouver un sujet de conversation. Il désigna le plat de Meredith. Tu ne manges plus ?

    Elle hocha la tête en regardant ses cornets de crevettes encore à moitié pleins avec un air de désolation. Non, c’est très bon, mais c’est trop. Je t’avais dit que je n’arriverais pas à finir, lui rappela-t-elle.

    Tu ne prendras pas de dessert alors, présuma Derek.

    Oh ce n’est pas la même chose, protesta Meredith. J’ai toujours de la place pour un dessert. Derek se pencha en souriant vers une table voisine pour y prendre une carte qui y avait été oubliée et la tendit à Meredith. Il ne fallut à la jeune femme que quelques secondes pour trouver ce dont elle avait envie. Je vais prendre le sundae chocolate chip cookies. Ça a l’air trop bon. Et je veux beaucoup de crème Chantilly, j’adore ça.

    Moi aussi, j’adore ça mais pas en cuisine, pensa Derek. La simple évocation de la crème Chantilly avait fait naitre dans son esprit l’image d’une Meredith recouverte d’une montagne de crème fouettée qu’il léchait à petits coups de langue, jusqu’à ce que le corps de la jeune fille soit totalement dévoilé. Le chirurgien soupira. Cela n’arriverait jamais, malheureusement. Il fit signe au serveur de venir prendre la commande.

    Les yeux de Meredith brillèrent comme ceux d’une enfant lorsque John déposa le dessert devant elle. Elle ne perdit pas une seconde pour s’y attaquer, léchant délicatement mais avec application la cuiller à chaque bouchée, pour ne rien y laisser. Tout en buvant son café, Derek se perdit dans la contemplation de ce petit bout de langue rose qui se promenait sur le couvert avec un plaisir non dissimulé. L’érection qui était latente depuis le début du dîner se révéla dans toute sa splendeur, à tel point qu’il en eut presque mal. Il se demandait comment il allait pouvoir sortir du restaurant sans provoquer un scandale quand il remarqua sur sa gauche un homme qui observait Meredith avec des yeux exorbités. Derek espéra que l’indélicat tournerait le regard vers lui pour qu’il puisse lui faire sentir qu’il n’appréciait pas son comportement, mais l’homme resta absorbé dans sa contemplation. Lorsqu’il posa sa main sur son entrejambe, sans doute pour tenter de camoufler un début d’érection, Derek préféra intervenir. Tu devrais arrêter de jouer avec ta cuiller ! conseilla-t-il à Meredith sur un ton légèrement sarcastique.

    Elle releva un regard penaud vers lui. Je sais, ce n’est pas bien élevé de faire ça en public, ma mère me le dit toujours. Mais je ne peux pas m’en empêcher. En toute innocence, elle mit en bouche le bout de son index sur lequel il y avait un peu de crème Chantilly.

    Derek chassa aussitôt les idées grivoises qui lui venaient en tête. Ça n’a rien à voir avec les bonnes manières mais avec ce que cela suggère, indiqua-t-il à Meredith.

    Celle-ci plissa légèrement le front. Je ne comprends pas.

    Derek se pencha au-dessus de la table. Si tu regardes légèrement à ta droite, murmura-t-il, tu verras un homme d’une bonne quarantaine d’années qui ne te quitte pas des yeux.

    Meredith ne put s’empêcher d’arborer un air à la fois moqueur et satisfait. Et alors ? Tu es jaloux ?

    Derek sourit. Un peu mais là n’est pas la question. Si tu veux mon avis, ce type est en train d’imaginer tout autre chose qu’une cuiller dans ta bouche.

    Sans tenir compte de sa remarque, Meredith continua de lécher la cuiller. Ah bon ! Et il pense à quoi ?

    Derek fit une mimique qui exprimait un embarras qu’il ne ressentait pas du tout. A quelque chose de plus volumineux et de plus intime aussi, si tu vois ce que je veux dire. En voyant les sourcils de la jeune fille se froncer, il comprit qu’il devrait être bien plus clair. Une partie bien précise de son anatomie qui se situe dans son pantalon.

    Les joues rouge pourpre, Meredith lâcha la cuiller comme si celle-ci lui avait brûlé les doigts. Oh… oh mon Dieu ! s’écria-t-elle, horrifiée. Tu… tu veux… tu veux dire qu’il pense que j’ai son… en bouche ? Derek opina de la tête. Mais comment il… il peut penser à ça alors qu’il est en train de manger ? chuchota-t-elle, avec un air un peu dégouté.

    Derek s’esclaffa. Tu as vraiment encore beaucoup de choses à apprendre.

    Peut-être mais ce n’est pas toi qui me les apprendras ! répliqua Meredith, vexée qu’il se moque d’elle.

    Derek se renfrogna. Merci de me le rappeler ! Alors tu continues de te donner en spectacle ou bien on peut y aller ?

    Meredith repoussa son dessert. On peut y aller. Ce vieux dégoutant m’a coupé l’appétit.


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  • Un verre en appelant un autre, Alex et Derek furent assez rapidement complètement saouls. Peu habitué à consommer de l’alcool en grande quantité, Derek finit par se sentir mal. Il décida d’aller aux toilettes pour se passer de l’eau sur la figure. Le simple fait de descendre de son tabouret et de marcher lui fit tourner la tête. Il arriva juste à temps dans le local pour se pencher au-dessus du lavabo. La fraîcheur de l’endroit sembla accentuer son ébriété. Pris de nausées, il crut qu’il allait vomir. Il commença à perdre la juste perception des lieux et eut l’impression qu’il allait s’évanouir. Il ferma les yeux pour ne plus voir le robinet qui lui donnait le tournis en dansant devant lui. Il était encore plié en deux au-dessus du lave-mains, se retenant tant bien que mal au mur, quand il crut entendre du bruit derrière lui, une sorte de brouhaha diffus. Il voulut se retourner mais l’amorce du mouvement le fit tituber. Il sentit des mains se poser sur lui et comprit qu’on l’aidait à rester debout Mais il grogna lorsqu’on l’adossa à la paroi. Il entendit alors vaguement qu’on lui parlait mais ne comprit rien. Il éprouva seulement une sensation bizarre au niveau de son pantalon et, après quelques secondes, réalisa malgré son cerveau aviné qu’une main essayait de saisir son sexe. Il fit un effort pour ouvrir les yeux et entraperçut une silhouette féminine à ses pieds. En grommelant des mots totalement inintelligibles, il tenta de la repousser avec force, ce qui le déséquilibra et le fit tomber. Il entendit alors un grand bruit, comme une porte qui claque, suivi d’éclats de voix. Dans le même temps, il fut relevé énergiquement par de grandes mains solides qui le poussèrent devant l’évier, le plièrent en deux, au-dessus de celui-ci tout en l’aspergeant abondamment d’eau froide. Cela fut si soudain qu’il en eut le souffle coupé. Petit à petit, ses idées se clarifièrent. C’est à ce moment que la nausée revint, plus forte, et lui fit vomir ses tripes sur le carrelage.

    Quand son estomac se fut vidé, Derek se redressa. Il s’avisa alors de la présence de Mark qui le dévisageait d’un air inquiet.  Putain ! On n’a pas idée de se mettre dans un état pareil ! Encore une chance que je passais par-là,  sinon…

    Sors-moi de là, tu m’engueuleras après, l’interrompit Derek avec l’impression que sa tête allait exploser.

    Mark le fit passer par l’arrière du bar, pour lui éviter d’être l’objet de la curiosité des clients. Il l’adossa au mur, le temps d’aller chercher sa voiture. Quand il revint quelques minutes plus tard, il en sortit en courant et aida son ami grelottant à y monter. Il roula toutes vitres ouvertes en direction de la caravane, ce qui permit à Derek de reprendre un peu ses esprits. Après une longue douche, Derek se laissa tomber lourdement sur son lit, les deux mains en-dessous de la tête. Il ne put toutefois éviter l’interrogatoire en règle de son ami. Dis donc toi, tu ne crois pas que tu vas dormir avant de m’avoir expliqué pour quelle raison tu as pris la cuite de ta vie. Je ne t’avais jamais vu comme ça.

    Je n’ai rien programmé, se défendit Derek en se redressant. J’ai bu un verre avec Alex et c’est mal tombé.

    À mon avis, vous en aviez bu plus qu’un, persifla Mark. Quand je suis arrivé, Karev ronflait sur le comptoir.

    Merde ! Il est encore là-bas. 

    Sans doute. Mark réagit devant la moue désapprobatrice de Derek. Excuse-moi, mais ton cas m’a semblé plus grave.

    Derek leva les yeux au ciel. N’exagère pas. J’ai bu un coup de trop, c’est vrai, et j’ai vomi, mais ça arrive à tout le monde.

    Mark lui lança un regard narquois. Ah oui ? Et se faire tailler une pipe par une fille dans les toilettes, ça arrive à tout le monde aussi ? Parce que perso, je suis preneur…

    Qu’est-ce que tu racontes ? le gronda Derek. Ça n’a pas été jusque là, je l’ai repoussée.

    C’est ce qu’il m’a semblé, oui, fit Mark avec un air déconfit. Tu peux être con, quand tu veux ! Au lieu d’en profiter !

    Mais c’était qui la fille ? demanda Derek à qui cette histoire semblait encore irréelle.

    Ton admiratrice… Lexie Grey.

    Derek se releva d’un bond. Nom de dieu, la garce ! Enervé, il sortit de sa chambre, ouvrit violemment la porte de la caravane pour sortir sur la terrasse sur laquelle il tourna en rond quelques secondes avant de revenir.

    Mark l’accueillit avec un sourire un peu moqueur. A sa décharge, elle était aussi bourrée que toi. Il se leva à son tour pour aller jusqu’au frigo où il se prit une bière. Mais elle a de la suite dans les idées, c’est le moins qu’on puisse dire. Heureusement que je suis arrivé à temps !

    Il ne se serait rien passé même si tu n’avais pas été là, assura Derek. Elle ne m’aurait pas violé tout de même. Les deux hommes vinrent se rasseoir à la table en même temps. Mais dis-moi, comment ça se fait que tu étais là ?

    Je suis passé prendre un verre. Joe m’a dit que tu étais complètement bourré et que ça faisait un bout de temps que tu avais disparu dans les toilettes, expliqua Mark. J’ai pensé que tu avais peut-être besoin d’aide. Je suis entré, je t’ai vu à terre et Grey à genoux devant toi, ton machin dans la main. Comme je sais que c’est pas ton style de te donner en spectacle dans les toilettes d’un bar où tout l’hôpital défile, j’ai foutu la demoiselle à la porte. Mark abandonna son ton primesautier pour un ton plus sévère. Sérieusement, faut que tu fasses gaffe, Derek. Depuis que ça bat de l’aile avec Meredith, tu déconnes. Surtout, tu picoles trop. Ça ne te ressemble pas et surtout, ça ne va pas résoudre tes problèmes. Au contraire, ça risque de t’en attirer encore plus. Ce genre d’info circule vite et s’il t’arrive un pépin en salle d’op’, certains ne manqueront pas dire que c’est parce que tu étais peut-être saoul.

    Tu as raison. Je déconne, reconnut Derek, abattu Merde ! Si cette salope parle de ça…

    Je ne crois pas qu’elle s’y risquera. Je lui ai passé un de ces savons ! Puis, je lui ai dit que tu pourrais porter plainte pour viol. A cette idée, Mark éclata de rire. J’imagine la manchette du Seattle Times. "Un célèbre neurochirurgien du Seattle Grace Hospital se fait sucer contre son gré dans les toilettes du Emerald City Bar." T’imagines la tête de Webber ? s’esclaffa-t-il avant de boire une longue gorgée de bière.

    Derek le fusilla du regard. Ça n’a rien de drôle et en plus, ce n’est pas ce qui s’est passé. Accablé, il se tassa sur lui-même. Si jamais Meredith apprend ça, je suis mort.

    Ecoute, je suis sans doute le plus mal placé pour te donner des conseils sur la façon de gérer ta vie amoureuse et tu peux penser que ça ne me regarde pas. Mais malgré tout ce qui s’est passé entre nous, tu restes mon meilleur ami. Alors je vais te donner mon avis et tu en feras ce que tu veux. Mark guetta la réaction de Derek qui lui fit signe de poursuivre. Commence par te reprendre en main et évite l’alcool pour le moment. Tu es fatigué, nerveux, à fleur de peau. Tu n’es plus en état de faire la java.

    Je ne fais pas la java, Mark, répliqua Derek, avec un air désabusé. Je cherche seulement un moyen de supporter l’absence de Meredith qui m’est intolérable.

    Oui… l’absence… je sais ce que c’est. Mark avala sa salive et regarda dans le vide. Mais quand tu te réveilles le matin après avoir passé la nuit à te bourrer la gueule, la fille n’est pas revenue. Tu es toujours aussi désespérément seul. Il se racla la gorge avant de reprendre. En ce qui concerne Meredith, va lui parler. Mets les choses au point, vide ton sac. Force-la à t’expliquer ce qu’elle ressent. Vous vous aimez, Derek. Tu trouveras les arguments pour venir à bout de ses peurs. Toi, tu as toujours su parler aux femmes.

    Derek hocha lentement la tête. Oui, tu as raison… En tout cas, merci. Mark fit un geste de la main signifiant qu’il estimait ne pas avoir fait grand-chose. Tu peux encore me rendre un service ? demanda Derek. Mark acquiesça d’un signe de tête. Tu peux me conduire chez Meredith ?

    Mark se leva aussitôt. Pas de souci, mon vieux. Je joue au taximan ce soir.


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  • L’heure était plus que tardive lorsque Derek frappa vigoureusement à la porte de Meredith. Ce fut Cristina qui vint lui ouvrir. Il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit et entra dans la maison, se dirigeant immédiatement vers le salon où il trouva toute la bande réunie. Meredith se leva d’un bond. Derek ? Qu’est-ce qu’il y a ?

    Derek préféra d’abord s’adresser à George. Alex est en train de cuver chez Joe. Il a grand besoin d’aide. Prends la voiture et va le chercher. Il se tourna ensuite vers Izzie et Cristina. Je préférerais que vous l’accompagniez. Je dois parler à Meredith. Son ton péremptoire incita les jeunes gens à ne pas le contester. Ils furent dehors en deux temps trois mouvements, malgré les protestations de Meredith.

    Mais qu’est-ce qui te prend ? Je te demande de l’espace et tu me harcèles jusque chez moi ! De quel droit tu viens dans ma propre maison pour y faire ta loi ? Qui t’a permis de mettre mes amis à la porte ? Elle le regarda plus attentivement. En plus, tu as une tête à faire peur.

    C’est normal compte tenu de ce qui m’est arrivé, répliqua-t-il sèchement.

    Elle reprit sa place sur le canapé. Qu’est-ce que tu as ?

    Je me suis saoulé jusqu’à en perdre conscience, voila ce que j’ai ! éructa-t-il comme s’il était scandalisé qu’elle ne l’ait pas deviné.

    Je ne vois pas en quoi ça me concerne. Elle le défia du regard mais la rage mêlée de douleur qu’elle vit dans celui de son amant lui fit rapidement baisser les yeux. Et pourquoi tu as bu autant ? s’enquit-elle avec un détachement feint, tout en regardant ses ongles.

    Tu me demandes encore pourquoi ? La hargne de Derek s’évanouit pour faire place au désespoir. Parce que je suis malheureux comme les pierres. Il alla s’asseoir dans un fauteuil

    Meredith releva vivement la tête. Derek, arrête. Ne cherche pas à m’influencer ou quoi que ce soit…

    Ce n’est pas pour ça que je suis là. Il soupira profondément. J’ai une confession à te faire. Il s’est passé quelque chose ce soir. Il sentit qu’elle devenait méfiante, eut peur mais sut qu’il irait jusqu’au bout. Avec ta demi-sœur… Lexie.

    Elle sentit un poids s’abattre sur son cœur et pâlit. Tu as couché avec elle, c’est ça ? parvint-elle à articuler.

    Non, non… bien entendu, s’empressa-t-il de répondre. Elle a essayé… elle a voulu me faire… une fellation, marmonna-t-il enfin.

    Abasourdie, elle éprouva le besoin de répéter ce qu’il avait dit, comme pour se persuader qu’elle avait bien compris.  Une fellation… Ça ou coucher, ça ne fait pas une grande différence pour moi, cria-t-elle avec l’horrible sensation d’avoir été trahie.

    J’étais chez Joe… J’étais bourré, tenta-t-il de se justifier. Et…

    Tais-toi ! lui ordonna-t-elle, enragée. Je ne veux rien savoir de plus. Ça n’a plus d’importance.

    Il ne s’est rien passé de concret, insista-t-il, bien décidé à la convaincre de sa bonne foi. Je n’étais pas consentant. Elle m’a suivi dans les toilettes mais je l’ai repoussée.

    C’est ça ! ricana-t-elle. Tu espères sans doute que je vais croire cette fable ?

    Il planta son regard dans celui de la jeune femme en espérant qu’elle y verrait toute la sincérité dont il faisait preuve. Je te jure que c’est la vérité.

    Derek ! Ne me prends pas pour une conne, en plus.

    Pourtant c’est la vérité, répéta-t-il sans conviction, soudain lassé par cette bataille incessante qu’il devait livrer avec elle. Mark Sloan en a été le témoin.

    J’aurais dû me douter qu’il serait dans le coup, celui-là ! persifla-t-elle. S’il ne s’est rien passé, pourquoi m’en parler alors ?

    Parce que je n’ai pas de secret pour toi… Parce que je préfère que tu apprennes la vérité de ma bouche… Parce que tu risques d’entendre des horreurs… Il vit qu’elle avait des larmes plein les yeux. Meredith… Je ne cherche pas d’excuse mais - il passa la main dans ses cheveux - je suis épuisé. Je ne dors plus. J’ai perdu l’appétit et Mark a raison, je bois trop ces derniers temps. J’ai pété les plombs, c’est vrai, mais je t’en prie, crois-moi. Il n’y a rien entre cette fille et moi. Elle ne m’intéresse pas, martela-t-il.

    Comment veux-tu que je te croie ? Tu m’as déjà menti par le passé, lui rappela-t-elle avec des accents douloureux.

    Il secoua la tête. Je ne t’ai pas menti. Je t’ai caché l’existence d’Addison. La nuance est faible, j’en conviens Néanmoins elle est là. D’ailleurs, toi non plus, tu ne me dis pas tout.

    Le moment est mal choisi pour me faire la leçon ! s’indigna-t-elle.

    Ce n’est pas ce que je fais. Il prit sa tête dans ses mains.  Je n’en peux plus, je suis à bout… Ta froideur… tes silences… puis ta noyade, nos disputes, cette rupture… Lorsqu’il releva la tête, ses traits étaient empreints de la plus grande détresse. Tu me manques tellement.

    Tu ne peux pas me rendre responsable de ce qui t’arrive.

    Ce n’est pas ce que j’ai dit. Il ferma les yeux et poussa un profond soupir avant de se lever péniblement du fauteuil. Il se dirigea aussitôt vers la porte. A mi-chemin, il se retourna vers la jeune femme avec un regard désespéré. Meredith… je t’aime. Tu es tout pour moi. Mais je ne suis plus disposé à tout accepter. Tu veux que l’on se sépare ? Soit ! Je m’y plierai. Mais dans ces conditions, il n’y aura plus de retour en arrière, sois en sûre. Si tu ne crois plus en nous, je n’y croirai plus non plus. Il fit encore deux pas avant de s’arrêter à nouveau. Encore une chose, si c’est fini entre nous, il faut que tu m’expliques pourquoi. Pas de fausses excuses, pas de faux-fuyants… seulement la vérité vraie. J’en ai besoin pour me faire une raison, tu comprends ? Je ne veux plus vivre de faux espoirs. Il franchit la porte, sans voir que les larmes coulaient sur la figure de son amie.


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  • Quand ils sortirent du restaurant, la nuit était tombée mais il y avait toujours du monde. Après avoir fait le tour de la petite place sur laquelle était située le Bubba Gump et s’être arrêtés quelques secondes devant un carrousel vénitien, ils se mêlèrent aux gens qui déambulaient sur le Pier 39 au milieu des odeurs de grillades et de poissons, en faisant des haltes devant les boutiques de souvenirs et d’articles artisanaux.

    Leurs pas les menèrent sur le quai extérieur, devant les pontons sur lesquels étaient avachis quelques lions de mer.

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    Ils sont plus silencieux qu’en journée, fit remarquer Meredith avant de se tourner vers Derek. Comment ça se fait qu’il y a des lions de mer ici ? Dans une ville ?  

    Je ne sais pas, répondit Derek. Je sais simplement qu’ils ont débarqué à la suite d’un tremblement de terre et qu’ils sont restés. Peut-être parce qu’ici, ils n’ont aucune difficulté à trouver de la nourriture. 

    Oui, sûrement. C’est tout naturellement que Meredith noua ses doigts à ceux de Derek. Elle était tellement bien avec lui qu’elle ne voulait plus réfléchir mais seulement profiter du moment présent.

    Derek sentit son cœur se gonfler de joie et de reconnaissance. Elle lui avait pardonné, il ne l’avait pas perdue. Elle était là, avec lui, et elle lui tenait la main. Cet état d’euphorie retomba bien vite. A quoi joues-tu ? se fustigea-t-il. Tu viens de passer plus d’une heure à lui expliquer pourquoi tu ne voulais pas d’elle et te voilà ému comme un adolescent parce qu’elle se promène avec toi. Un ami, voilà ce que tu es pour elle, rien de plus. Et il est hors de question que ça change, tu m’entends ! Néanmoins, il ne lâcha pas la main de sa nouvelle amie.

    Ils recommencèrent à marcher en longeant le quai sur quelques mètres avant de revenir au centre de la jetée, près des boutiques. Ils passèrent de vitrine en vitrine jusqu’à ce que Meredith s’arrête devant celle d’un magasin de souvenirs et de cadeaux en tout genre. Cela allait des principales attractions de la ville en miniature, comme le Golden Gate ou le cable car, à la casquette avec le logo de l’équipe de football des 49ers de San Francisco, en passant par le mug ou le tee-shirt. Mais ce qui avait attiré l’attention de Meredith, c’était les animaux en peluche. Oh c’est trop beau, murmura-t-elle.

    Derek sourit en la voyant, les yeux brillants et la bouche légèrement entrouverte. Tu veux entrer ? lui proposa-t-il, attendri. Elle acquiesça avec enthousiasme.

    A l’intérieur, elle se comporta comme une petite fille, s’extasiant sur le moindre objet en poussant des petits cris de ravissement. Par contre, elle devint muette en arrivant devant le rayon des peluches. Les chiens, les chats, les ours, les girafes, les félins, les éléphants, tout était si mignon. Mais elle éprouva un véritable coup de foudre en découvrant un lion de mer en peluche. Bonjour, toi, lui dit-elle dans un chuchotement en lui caressant le museau.

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    Elle leva des yeux pleins d’émotion vers Derek. Merci, souffla-t-elle.

    Merci ? Pourquoi donc ? demanda Derek, étonné.

    Pour m’avoir amenée ici.

    Derek se sentit à nouveau attendri. Elle était tellement adorable, toute rose de plaisir, émerveillée devant ces objets que lui, il trouvait un peu ridicules. Une fois de plus, il pensa qu’elle était vraiment différente de toutes les femmes qu’il avait connues jusqu’alors. Elle était heureuse avec un diner dans un fast-food et une visite dans un bazar. Il eut soudain envie de lui faire encore plus plaisir. Il prit le lion de mer et le mit dans les bras de la jeune fille. Tiens, prends-le. Je te l’offre en symbole de notre amitié… quelque peu particulière, ajouta-t-il avec un sourire.

    Meredith regarda l’animal en peluche comme s’il s’agissait du plus beau des trésors. Elle se tourna ensuite vers Derek avec des yeux embués de larmes, ce qui le bouleversa. Merci, susurra-t-elle. C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait. Mue par une impulsion, elle se haussa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Derek. Ensuite, un peu gênée de ce qu’elle venait de faire, elle s’éloigna vers la caisse en serrant la peluche contre son cœur. Derek resta figé sur place. Il passa sa langue sur ses lèvres, comme s’il espérait y retrouver le goût du baiser de Meredith. Il avait pris une décision et il s’y tiendrait, bien entendu, mais ce ne serait pas facile. Il rejoignit la jeune fille pour payer le jouet.


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  • Le lendemain, Meredith arriva au Seattle Grace avec sa tête des mauvais jours. Elle pénétra dans les vestiaires sans dire un mot à ses amis qu’elle n’avait pas vus depuis la veille. Elle s’assit sur un banc et resta statique. Les autres l’épièrent aucun n’osa lui adresser la parole, sauf Alex. Ça va ?  

    Ferme-la !

    Cela suffit pour dissuader quiconque d’insister. Petit à petit, tous quittèrent la pièce en silence. Dernière à sortir, Cristina s’adressa presque timidement à son amie. Meredith, il est l’heure.

    La jeune femme fit un geste signifiant qu’elle allait venir mais ne bougea pas d’un pouce. Elle resta seule, à essayer d’imaginer à ce qui s’était passé la veille avec Lexie. Elle pensa à ce que Derek lui avait dit et eut envie de pleurer. Certes, elle était à l’origine de leur rupture mais c’était pour lui qu’elle avait pris cette décision, pour qu’il ait une chance d’être heureux puisqu’elle, elle était vouée au malheur. Elle savait bien qu’un jour viendrait où le chirurgien passerait à autre chose mais pas si vite et certainement pas avec sa demi-sœur ! Parce que oui, il avait peut-être bien repoussé Lexie dans ces toilettes, mais avant cela il avait tout de même commencé par l’emmener chez Joe. Et leur première rencontre l’avait marqué, au point qu’il avait ressenti le besoin d’en parler à sa petite amie. Alors, elle ne pouvait pas faire comme si tout cela n’avait aucune importance. En tout cas, jamais elle n’aurait pu imaginer que cela lui ferait aussi mal. Elle en était là de ses sombres pensées quand le bruit de la porte lui indiqua que quelqu’un entrait mais elle resta impassible. Elle vit du coin de l’œil Mark qui s’asseyait sur son banc, dans le sens inverse.

    Ça va ? demanda Mark d’une voix douce que peu de personnes pouvaient se vanter d’avoir entendue chez lui. Meredith resta immobile et muette. Il fit donc la réponse lui-même. Oui… pas très fort… bien sûr. Cette fois, elle lui décocha un regard froid. Il poursuivit sans se démonter. Ecoutez… je ne suis pas envoyé en mission. Derek ne sait pas que je suis là et il ne le saura jamais, sauf si vous le lui dites.

    Qu’est-ce que vous voulez ? aboya Meredith.

    Juste que vous soyez attentive à ce que je vais vous dire, répondit calmement Mark. Je ne cherche pas à lui sauver la mise. Vous êtes une femme et je sais que vous aurez du mal à lui trouver des excuses. Mais son seul tort a été de boire avec excès. Meredith voulut parler, il l’en empêcha d’un geste. Oui, je sais, ça n’excuse pas tout. Mais vous savez ce que c’est… un bar, une soirée entre hommes, les verres qui tournent… La main de Mark dessina de petits cercles dans les airs. Pour le reste… votre sœur. La grimace qu’il fit représenta la méfiance qu’il éprouvait à l’encontre de Lexie Grey. Elle me donne l’impression d’être une personne très déterminée qui ne recule devant rien. J’ai moi-même été témoin de ses manœuvres. Elle veut accrocher Derek à son tableau de chasse, elle ne s’en cache pas, et pour cela, elle semble prête à tout. Hier, il était dans un sale état et elle a voulu en profiter… Mais il ne s’est rien passé.

    Parce que vous êtes arrivé à temps ! objecta Meredith d’une voix cassée par le chagrin.

    Non, Meredith. C’est là que vous faites erreur, assura- Mark. Il était dans les vaps… complètement. Ce n’était pas de la comédie. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Néanmoins, il a trouvé la force de la repousser, avant que je n’arrive. Je vous jure que c’est vrai.

    Les yeux embués de larmes, Meredith se tourna vers lui. Peut-être mais…

    Il posa une main rassurante sur le bras de la jeune femme. Mais ce n’est pas simple à accepter, je m’en doute. Néanmoins, si vous me permettez de vous donner un conseil – il marqua une pause, le temps qu’elle acquiesce à sa demande - n’en faites pas une montagne. Si vous l’aimez vraiment, comme il vous aime, et croyez-moi, il est fou de vous, ne laissez pas cette peste s’immiscer entre vous. Son expression se teinta soudain d’espièglerie. Pas pour si peu… parce qu’entre nous, c’était vraiment très peu de choses, oui une toute, toute, toute petite chose, ajouta-t-il en montrant un minuscule espace entre son pouce et son index. Meredith le regarda sans comprendre son insistance. Derek était vraiment en très petite forme, si vous voyez ce que je veux dire, expliqua-t-il avec un grand sourire. Cette brave Lexie se serait esquintée pour rien, j’en ai peur. Meredith comprit enfin son allusion et ne put s’empêcher de sourire. Ah ! J’ai réussi à vous arracher un sourire, se réjouit Mark. C’est un exploit, non ? Après lui avoir fait un clin d’œil, il redevint sérieux. Encore une chose. Si vous ne voulez plus que Derek risque sa vertu dans les bars, parlez-lui. Je ne sais pas ce qui vous a motivée à rompre avec lui et ça ne me regarde pas. Mais lui, il devrait savoir. Ça lui permettra d’aplanir vos doutes ou alors de mieux accepter votre décision et de tirer un trait sur votre relation. A vous de voir ! Il se releva. Je vais vous laisser maintenant. Ça va aller ?

    Meredith fit signe que oui et le regarda marcher vers la porte. Elle comprenait mieux maintenant pourquoi cet homme qu’elle n’appréciait que peu jusque là était le meilleur ami de Derek. Elle l’interpella juste avant qu’il ne quitte la pièce. Mark… merci. Vous êtes un chic type, finalement. Il lui fit un second clin d’œil avant de sortir.


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