• Derek regarda Meredith du coin de l’œil tandis qu’elle séchait ses larmes. Il sourit discrètement quand il la vit tapoter ses yeux et ses joues avec son mouchoir. Elle était mignonne avec sa bouche qui formait une petite moue. Il eut de nouveau envie de la prendre dans ses bras, plus pour la consoler cette fois, mais pour l’embrasser, ce qui était hors de question bien entendu. Il se contenta de ramasser du bout de son index une larme qui restait accrochée au coin de l’œil de la jeune fille. Et maintenant, si tu me racontais ce qui s’est passé ? demanda-t-il.

    La jeune fille hocha la tête. Rien d’important.

    Ça, j’en doute, répliqua Derek. Regarde-toi ! Tu trembles, tu pleures et ce matin, tu t’es même évanouie.

    Meredith le fusilla du regard. Et à qui la faute, ça ?

    Derek prit un air contrit. Je sais… et je regrette que tu aies appris cette histoire, et surtout que tu l’aies appris de cette façon. Mais ce n’est pas à cause de moi que tu as claqué la porte de ta maison et que tu as joué au foot avec une poubelle, lui rappela-t-il avec un peu d’humour, dans l’espoir de la dérider, ou au moins de la détendre.

    Mais Meredith resta sérieuse. Si tu veux savoir, on s’est encore disputé, lui avoua-t-elle. Et encore à cause de toi ! Pour eux, je fais une énorme bêtise en dinant avec toi ce soir. 

    Derek fit une petite grimace. Après ce que j’ai fait, je ne peux pas leur en vouloir de penser ça.

    Oh mais je ne leur en veux pas pour ça, affirma Meredith. Ils pensent ce qu’ils veulent, je m’en fiche ! Mais je refuse de me laisser insulter par…

    Derek lui coupa la parole avec un air fortement contrarié. Ils t’ont insultée ? Qu’est-ce qu’ils t’ont dit ?

    Que j’étais une salope qui voulait s’envoyer en l’air avec le premier venu, répondit Meredith sans se soucier de déformer quelque peu les propos de ses amis.   

    Les cons, grogna Derek. Je ne comprends que des gens qui se disent tes amis puissent ta traiter de cette façon. 

    Le pire, c’est George, lui confia Meredith. Il a tellement changé. 

    Derek fit une moue dubitative. Je ne sais pas… Je crois plutôt que c’est toi qui as changé et maintenant, tu le vois tel qu’il est vraiment. Un abruti jaloux, possessif et violent par-dessus le marché ! conclut-il avec un mépris évident. Meredith opina de la tête avec un air grave. Derek comprit qu’il ne s’était pas trompé dans sa description. Tu sais, s’il continue à t’embêter, tu n’as qu’un mot à dire et…

    Et je ne le dirai pas, riposta Meredith sur un ton catégorique. De toute façon, tu as perdu le droit de veiller sur moi, Derek.

    Interloqué, celui-ci se raidit un peu. Comme tu veux, dit-il simplement sans pouvoir cacher que les mots de la jeune fille l’avaient blessé. Il la trouvait un peu injuste parce que, même s’il s’était mal conduit avec elle, il l’avait toujours défendue quand elle s’était fait malmener par son camarade. Il redémarra la voiture.

    Meredith tourna la tête pour regarder par la vitre. Elle s’en voulait un peu de s’être montrée aussi sèche parce que, quels que soient les torts de Derek, il l’avait toujours protégée contre George et elle savait qu’il l’avait fait sans arrière-pensée, simplement parce qu’il ne supportait vraiment pas qu’un homme puisse maltraiter physiquement une femme. Elle savait aussi que l’offre qu’il venait de lui faire était sincère et qu’elle pourrait toujours compter sur lui au cas où George recommencerait à s’en prendre à elle. Mais cela n’était pas suffisant pour contrebalancer la colère qu’elle ressentait toujours à son égard, parce qu’en l’invitant au gala, il lui avait fait espérer des choses qui n’existeraient jamais. Elle estimait que cela lui donnait le droit de se montrer ingrate. Où est-ce qu’on va ? se renseigna-t-elle pour mettre fin au silence pesant qui commençait à s’installer entre eux.

    On pourrait aller à Fisherman’s Wharf, suggéra Derek comme si rien ne s’était passé. Il y a plein de petits restos là-bas et comme tu m’as dit que tu aimais cet endroit, j’ai pensé que ça pourrait être sympa.

    Meredith fut touchée qu’il se soit souvenu de ce qu’elle lui avait dit et surtout, qu’il en ait tenu compte. Il pouvait être si charmant quand il le voulait. Malheureusement, maintenant, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si ce n’était pas une manœuvre pou se faire pardonner. Merci, lui dit-elle sobrement.

    Ils arrivèrent enfin à Fisherman’s Wharf. Lorsque Derek eut garé sa Porsche, il se précipita pour ouvrir la portière de Meredith mais la jeune femme ne l’avait pas attendu pour sortir du véhicule. Ils se dirigèrent vers le Pier 39, sans se dire un mot, comme si le malaise qui était né dans la voiture n’arrivait pas à se dissiper. Ce fut Derek qui, le premier, rompit le silence. Alors, où veux-tu diner ?


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  • Le groupe se tourna vers la table qu’Izzie leur désignait discrètement. S’y trouvaient deux jeunes femmes en train de bavarder joyeusement avec trois garçons. Soudain, une des deux filles se mit à les dévisager avec curiosité. Cristina et Izzie se regardèrent d’un air entendu, non dénué d’embarras. Leurs grimaces ne purent empêcher Alex de mettre les pieds dans le plat. Comment ça se passe avec elle ? demanda-t-il en se tournant vers Meredith.

    Celle-ci ne cacha pas qu’elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait. De qui tu parles ?

    Ben, de ta demi-sœur ! Vous en êtes où ?

    Meredith fronça les sourcils. Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Alex.

    Le jeune homme se retourna vers les deux autres filles. Quoi ? Vous ne lui avez pas encore dit ? Cristina et Izzie secouèrent la tête pour dire non.

    Qu’est-ce qu’elles doivent me dire ? s’enquit Meredith avec un air soudain inquiet.

    Euh … oui… Cristina regarda sa camarade avec une certaine gêne. Comme tu avais d’autres trucs sur le feu, je n’ai pas voulu t’embêter avec ça… Mais la fille que tu vois là – elle pointa légèrement son menton vers la table en question – la brune qui nous regarde avec insistance, c’est ta demi-sœur… Lexie. Lexie Grey. Elle vient de commencer son internat ici.

    C’est une blague ? Devant les signes de dénégation de son amie, Meredith ferma les yeux quelques secondes. Il ne manquait plus que ça.

    Izzie tenta de tempérer. C’est pas un drame. Elle est peut être sympa. Laisse-lui une chance au moins. On devrait organiser un truc pour faire sa connaissance.

    Meredith repoussa sèchement son plateau. Sans moi. Bon, je vous laisse. Le travail m’appelle.

    Ce fut avec désolation que ses amis la regardèrent se lever. En sortant de la cafétéria, elle croisa Mark et Derek. Ce dernier lui adressa son sourire le plus charmeur mais elle passa devant lui sans un regard. Voilà ! soupira Derek à l’intention de son ami. Elle recommence. Elle souffle le chaud et le froid. Tout à l’heure, elle cherchait à me retenir, maintenant elle m’ignore.

    Tu aurais dû pousser ton avantage dans ce cabinet, je te l’ai dit, lui rappela Mark avec un air supérieur tout en inspectant d’un œil attentif les plats proposés dans le menu.

    Derek lui jeta un regard scandalisé. Ça ne m’intéresse pas de la sauter vite fait, entre deux portes. Je ne suis pas comme toi.

    Mark préféra ne pas relever cette dernière remarque. Bah ! Ne t’en fais pas, ce n’est pas toi qu’elle snobe, mais moi. Je crois qu’elle n’a pas apprécié notre conversation. Si je n’avais pas été là, elle se serait arrêtée pour te parler. Il finit par choisir un sandwich au poulet et d’un morceau de tarte.

    Faut dire que tu y es allé un peu fort, lui fit remarquer son compère qui se contenta d’un café et de quelques cookies. Je sais que tu veux me rendre service, Mark, mais s’il te plaît, ne t’en mêle plus.

    Néanmoins, grâce à moi, vous vous êtes retrouvés seuls et vous vous êtes parlé, insista Mark qui tenait à ce qu’on reconnaisse ses mérites. Tu as eu tort de ne pas profiter de l’occasion. Ça aurait été toujours ça de pris.

    Je ne cherche pas à profiter d’elle, s’emporta Derek en élevant un peu la voix. Je veux qu’elle admette que je suis l’homme de sa vie.

    Ils avaient à peine déposé leurs plateaux sur la table que Lexie venait se camper devant eux. Ignorant Mark, elle s’adressa directement à Derek. Bonjour Dr Shepherd.

    Ah bonjour, la salua l’intéressé avec un petit sourire aimable. Alors, comment se déroule votre début d’internat ?

    La brunette lui décocha un sourire radieux. On ne peut mieux. Tout le monde est très gentil avec moi… Qu’est-ce que vous faites à la fin de votre journée ? lui demanda-t-elle d’une voix suave, sans tenir compte du regard très ironique avec lequel Mark l’observait.

    Oh eh bien, je vais rentrer chez moi, je présume, ou aller boire un verre, répondit distraitement Derek qui regardait la porte de la cafétéria en espérant que Meredith allait revenir.

    Dans ce cas, on pourrait se retrouver chez Joe… et continuer ce que nous avons commencé.

    Derek fronça les sourcils. C’est-à-dire ?

    Vous savez bien… faire plus ample connaissance, minauda l’interne, très aguichante.

    Ce ne serait vraiment pas judicieux, répliqua sèchement le chirurgien. Vous êtes interne, je suis titulaire. Je pense que nous nous connaissons bien assez pour ce que nous avons à faire ensemble.

    Lexie ne se laissa pas décourager par cette rebuffade. D’après les rumeurs, vous ne dites pas ça à toutes les internes. Je ne désespère donc pas de vous faire changer d’avis. A bientôt… Derek, murmura-t-elle avant de rejoindre sa table.

    Mark se tourna vers son ami. Eh ben dis donc ! En voila une qui sait ce qu’elle veut. Qui est-ce ?

    Derek soupira. Lexie Grey, interne à Seattle Grace… la demi-sœur de Meredith, précisa-t-il.

    Mark éclata d’un rire franc. Décidément, tu plais beaucoup à la famille ! En tout cas, elle est au courant pour toi et sa frangine, ça ne fait aucun doute. Et tu l’intéresses vachement. Elle ne m’a même pas regardé, remarqua-t-il, un peu étonné. Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?

    Derek sourit. Rien. Ou plutôt… si je veux avoir un jour une chance de retrouver Meredith, la dernière chose à faire est de sortir avec sa sœur. En plus, elle me semble un peu toquée.

    Si tu veux mon avis, ça, chez les Grey, c’est génétique, conclut Mark avant de mordre dans son sandwich avec appétit. 


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  • Meredith regarda autour d’elle. Je ne sais pas. Je te l’ai déjà dit, je ne connais rien dans cette ville. Tu as une idée, toi ?

    Derek hocha la tête. Non, je ne suis jamais venu manger par ici.

    Meredith fit un petit sourire moqueur. Oh je vois ! Pas assez chic pour Monsieur !

    Derek sourit aussi, heureux de voir qu’elle semblait être revenue à de meilleurs sentiments. Non, pas assez diététique ! Mais je veux bien tenter le coup… pour toi.

    Meredith s’arrêta de marcher et se plaça devant lui. Avant de continuer, il faut qu’on établisse des règles. Ce soir, pas de regards langoureux, pas de petits sourires charmeurs, pas de compliments bidon. Pas de pour toi, pas de nous. Je ne le supporterais pas. Sa voix défaillit sous le coup de l’émotion. Derek fit un pas vers elle, elle recula aussitôt. Je suis là seulement pour t’écouter, Derek, lui rappela-t-elle sur un ton plus ferme. Et pour diner aussi.

    Compte tenu de ce que je t’ai fait, c’est plus que ce que je pouvais espérer, reconnut Derek.

    Meredith le regarda avec un air grave. Je trouve aussi. Elle se retourna pour examiner les restaurants qui se trouvaient à proximité. On pourrait peut-être marcher un peu pour voir ce qu’il y a, proposa-t-elle.

    Derek fit la moue. Tu sais ici, à mon avis, ils se valent tous. 

    On va bien voir. Ils se remirent à marcher. Moi, je me moque de l’endroit où on mange du moment qu’il y a des frites, déclara Meredith. J’en ai trop envie. Derek la regarda avec un petit sourire espiègle. Quoi ? s’écria-t-elle. J’adore les frites. A Crestwood, j’en mangeais au moins une fois par semaine.

    J’ai du mal à le croire en te voyant, répliqua Derek. Tu n’as pas le corps d’une mangeuse de frites. Tu es plutôt…

    Meredith lui coupa la parole tout en lui décochant un regard sévère. J’ai dit pas de compliments bidon ! De toute façon, ça ne marche plus, alors ne te fatigue pas.

    Hé, ce n’était pas bidon, protesta Derek. Et en tant qu’ami, je pense avoir le droit de te dire que tu as un corps magnifique.

    Les yeux pleins de tristesse, Meredith l’interrompit encore une fois. Mais tu n’es pas mon ami, Derek.

    J’espère le devenir, vraiment, assura-t-il en la regardant intensément.

    Meredith ne dit plus rien. Avait-t-elle envie d’être amie avec lui ? Il fallait pouvoir faire totalement confiance à ses amis et ce n’était pas le cas avec Derek. Et quand bien même, ce n’était pas ce genre de relation qu’elle avait envisagée avec lui. Pouvait-on se contenter d’amitié quand on avait rêvé de grand amour ?

    Au centre de la jetée, l’attention de Meredith fut attirée par un grand restaurant très illuminé. Elle le montra à Derek. Regarde là, le Bubba Gump Shrimp Company, tu connais ?

    Il hocha la tête de gauche à droite. Non mais vu le nom, je pense que la crevette doit être leur spécialité. Tu as envie d’aller manger là ? demanda-t-il à la jeune fille.

    Pourquoi pas ? répondit-elle. De toute façon, il va bien falloir qu’on se décide à un moment ou à un autre.

    Derek acquiesça d’un signe de tête. On y va alors ! Ils pénétrèrent dans l’établissement. Dans l’entrée, ils furent surpris de découvrir des vitrines dans lesquelles il y avait des tee-shirts portant des inscriptions telles que "Cours “Forrest, cours" ou “N’est stupide que la stupidité”. Le patron doit être fan du film, déduisit Derek.

    Oh moi aussi, j’adore ce film, s’écria Meredith. Je pleure à chaque fois que je le vois. Derek sourit. Ils entrèrent dans la salle de restaurant et constatèrent que son aspect rappelait l'intérieur d'un bateau de pêche. Sur les murs, il y avait des photos tirées des scènes du film ainsi que des plaques en métal de couleur différente, reprenant les répliques les plus célèbres du héros principal. C’est vraiment trop sympa comme resto, se réjouit Meredith.

    Derek poussa un grognement. Ce n’était pas du tout le genre d’endroit qu’il avait l’habitude de fréquenter et ce qu’il venait d’apercevoir sur le plateau d’un des serveurs ne le tentait pas outre mesure. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il serait sorti et il aurait cherché un autre restaurant. Mais Meredith semblait tellement heureuse qu’il n’eut pas le cœur de la décevoir. Oui, trop sympa, approuva-t-il. Une jeune femme se présenta à eux pour les mener jusqu’à leur table. Derek tiqua en voyant que les tables étaient en bois et qu’ils allaient devoir s’asseoir sur de simples chaises de cuisine dont l’assise était recouverte de vinyle. Putain, qu’est-ce que cette gamine ne m’aura pas fait faire ! pensa-t-il en prenant place en face de Meredith.


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  • Meredith sortait de la chambre d’un patient quand elle tomba nez à nez avec Lexie. Elle resta interdite, ne sachant si elle devait la saluer ou faire comme si elle ne savait rien. C’est Lexie qui prit les devants. Ah tiens… Meredith. Elle sourit en voyant l’air méfiant de cette dernière. Vous savez qui je suis, n’est-ce pas ?

    Oui. Je viens de l’apprendre, reconnut Meredith. Vous êtes Lexie, ma demi-sœur.

    Lexie s’adossa nonchalamment contre le mur, en y appuyant son pied. Moi aussi, il n’y a que quelques jours que je suis au courant. Le décès de ma mère a un petit peu précipité les choses et obligé mon père à nous révéler votre existence. Avant, il n’avait pas jugé utile de nous dire qu’il avait une autre fille… même si je doute qu’il vous ait jamais considérée comme telle, persifla la jeune femme.

    Meredith pâlit sous l’affront. Je vois.

    Lexie prit un air faussement désolé. Je ne veux pas vous paraître désagréable mais comprenez que je me pose des questions. Quand un père ment à sa famille pendant plus de vingt ans…

    Meredith lui coupa vivement la parole. Votre mère était au courant ! Depuis le début de leur relation. Elle me l’a dit.

    C’est pour ça que vous l’avez tuée ? demanda Lexie en se postant devant elle avec un regard mauvais.

    Meredith eut un petit sursaut. Pardon ?

    Elle ne vous a pas acceptée, asséna Lexie. Elle a tout fait pour éloigner mon père de vous, ce qui vous a obligé à vivre en vase clos avec votre folle de mère. 

    Ne parlez pas comme ça de ma mère, s’énerva Meredith, ni de la vôtre. Susan n’était pas comme ça. Et je ne l’ai pas tuée. Elle est morte d’une septicémie. Il y a eu des complications lors de l’opération. C’est rare mais ça arrive.

    Le ton de Lexie se fit plus accusateur encore. Opération que vous aviez chaudement recommandée à mon père alors qu’il était contre… et qui n’était sans doute pas nécessaire pour traiter un simple hoquet. Mais vous vouliez vous faire valoir aux yeux de papa, n’est-ce pas, pour qu’il ait au moins de l’admiration pour vous, puisqu’il était incapable d’éprouver de l’amour.

    Ça suffit. Je ne veux plus vous écouter. Meredith voulut s’en aller mais Lexie la retint par le poignet qu’elle serra fortement.

    La vérité vous fait donc si peur, Meredith ?

    Meredith se dégagea violemment. Nous sommes peut-être apparentées mais nous n’avons pas d’obligation de nous fréquenter en dehors de cet hôpital. Nous n’avons pas à avoir des conversations d’ordre privé.

    Lexie ricana. Oh rassurez-vous, nous ne deviendrons pas les sœurs de l’année ni même des amies. Nous nous bornerons à de simples relations professionnelles. Et… - la jeune femme fit deux pas en arrière - je ne suis pas stupide… je suis consciente que vous pourriez me créer des problèmes. Je ne mettrai pas mon année d’internat en péril pour vous mener la vie dure. Je ne veux pas compromettre ma carrière. Je vous promets qu’il n’y aura aucun problème entre nous si vous ne marchez pas sur mes plates-bandes.

    Vous êtes interne, je suis résidente, nous n’avons pas les mêmes plates-bandes, répliqua Meredith avec sécheresse.

    Je ne parlais pas du domaine médical. Lexie pointa un index hostile en direction de sa sœur. N’empiétez pas sur mon territoire et tout se passera bien.

    Vous voulez parler de votre père ? demanda Meredith, les sourcils froncés. Je n’ai plus de contact avec lui. Je ne suis pas une menace pour vous.

    Oh mais je ne pensais pas à mon père. Mais alors là, pas du tout ! Lexie tourna les talons et s’en alla, sans plus d’explication. Médusée, Meredith la regarda s’éloigner. Elle ne voyait absolument pas ce dont cette peste parlait.


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  • Un jeune homme qui souriait de toutes ses dents surgit devant leur table. Bonsoir, je m’appelle John et c’est moi qui vais m’occuper de vous. Il leur tendit deux grandes cartes illustrées par des photos de plats en débitant son laïus à toute vitesse. Alors, voilà les menus. Notre spécialité, c’est le Shrimpers Heaven, quatre différentes sortes de crevettes, noix de coco, Tempura, Chilly et frites à l’ancienne, servies avec une portion de frites.   

    Excellent pour les artères, grommela Derek entre ses dents.

    Mais nous avons plein d’autres plats, poursuivit John. Alors, je vais vous laisser choisir à votre aise. En attendant, vous désirez une boisson ?

    Une bière pour moi, répondit Derek. Et pour mademoiselle… Il regarda Meredith qui consultait déjà son menu. Et toi ?

    Elle releva la tête vers John. Un grand coca, s’il vous plait.

    Coca light ? demanda le serveur.

    Non, non, normal, dit Meredith avec un grand sourire. John s’éloigna tandis qu’elle se replongeait dans l’étude de la carte.

    Derek observa les tables voisines sans cacher son dégoût. Non mais tu as vu les cochonneries que les gens avalent ! Après, on s’étonne que plus de 30% des Américains souffrent d’obésité.

    Par pitié, Derek, lança Meredith par-dessus son menu en se retenant de rire devant la mine revêche du chirurgien.

    Ben quoi ! s’exclama-t-il. Tu veux savoir combien devront se faire opérer du cœur dans quelques années, parce que leurs artères seront complètement bouchées ?

    Meredith leva les yeux au ciel. Oh ce n’est pas pour une fois de temps en temps !

    Vu le gabarit de certaines personnes ici, ça doit être plus souvent qu’une fois de temps en temps, ironisa Derek.

    Meredith le regarda avec sévérité. Tu sais, la plupart des gens n’ont pas les moyens de fréquenter les mêmes établissements que toi. Alors, quand ils ont envie d’aller au restaurant, ils viennent dans des endroits comme celui-ci. Je sais bien que ce qu’on y sert n’est pas très bon pour la santé, mais tout le monde a le droit de s’amuser et on le fait là où on le peut, conclut-elle avec une certaine amertume

    Derek réalisa qu’il l’avait blessée. Elle n’avait vraisemblablement jamais connu que des restaurants comme celui-ci et elle avait pris les commentaires qu’il avait faits pour une critique de ses origines modestes et de son mode de vie. Bien sûr, Meredith, je n’ai jamais dit le contraire. Je pense simplement que même dans des restaurants comme celui-ci, on peut choisir quelque chose de plus sain que des fritures.

    Oui, sauf que c’est vachement bon, les fritures ! répliqua Meredith. 

    John arriva à point nommé pour mettre fin à leur chamaillerie. Vous avez déjà choisi ?

    Eh bien, moi, je vais prendre votre spécialité, clama Meredith avec un regard de défi en direction de Derek. Amusé, il sourit.

    Et pour monsieur ? se renseigna le serveur.

    Euh… Derek consulta rapidement le menu. Pour moi, une salade Caesar.

    Avec poulet grillé ou crevettes cajun ? proposa John tout en prenant note de la commande sur son carnet.

    Non, la classique, ce sera très bien, précisa Derek. John reprit leurs menus et repartit vers la cuisine. Derek remarqua alors le petit sourire moqueur qui étirait les lèvres de Meredith. Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? fit-il.

    Une salade, ici ? Sérieux ? Elle pouffa de rire.

    Moi, au moins, je ne risque pas l’infarctus ! riposta Derek avec des yeux rieurs. Il était heureux de voir que Meredith s’était détendue et qu’ils étaient encore capables de plaisanter. Si cela continuait comme ça, peut-être qu’avec un peu de chance, elle arriverait à relativiser cette histoire de pari et qu’ils n’auraient même pas besoin d’en discuter.

    John revint avec leurs boissons. Il déposa un énorme verre rempli de soda devant Meredith. Et voilà le coca… et la bière pour monsieur. Je reviens avec vos plats.

    Meredith prit son verre et en but une gorgée. Tu ne me parles pas de mon futur diabète ? dit-elle à Derek sur un ton ironique.

    Non, à condition que tu ne me parles pas de mon futur alcoolisme, rétorqua-t-il en soulevant sa pinte d’un demi-litre de bière. Ils trinquèrent en riant.  


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